science-fiction

Publié le 26 Septembre 2017

POISON IVY - CIRCLE OF LIFE AND DEATH d'Amy Chu

Voici un récit (en six parties) consacré à une des trois principales super vilaines (les deux autres étant Harley Quinn et Catwoman évidemment…qui font d’ailleurs de la figuration dans cette histoire) de l’univers Batman.

Désirant s’éloigner de sa compagne Harley Quinn, Poison Ivy reprend son identité de Pamela Isley et son métier de chercheuse pour les jardins botaniques de Gotham. Ses travaux visent notamment à la création d’hybrides entre l’Homme et le végétal, des êtres dont la longévité seraient exceptionnelles. Elle donne ainsi naissance à deux bébé, Rose et Noisette, qu’elle élève loin des humains. Malheureusement divers scientifiques de son équipe se mettent à décéder de manière violente et Ivy devient rapidement la principale suspecte. Avec l'aide d'Harley, de Catwoman et du défenseur de la Sève Alec Holland (alias Swamp Thing), la belle Ivy essaie de découvrir la vérité sur ces crimes.

CIRCLE OF LIFE AND DEATH constitue, dans l’ensemble, une bonne surprise. En donnant la vedette à Ivy (débarrassée de l’omniprésente Harley qui a droit, néanmoins, à quelques apparitions toujours bien cadrées pour accentuer son côté sexy), le récit confère une réelle profondeur à cette anti-héroïne souvent cantonnée à un rôle de belle plante, voire de potiche. La transition du personnage, amorcée depuis quelques années, est plaisante, Ivy n’étant plus une super vilaine à moitié folle (et à moitié nympho) mais davantage une éco terroriste vaguement justicière à la morale élastique. Ici, elle s’essaie à la maternité et rencontre un certain Darshan Bapna, sorte de punk pacifiste vegan avec lequel elle entretient une relation platonique (faudrait pas rendre jalouse Harley, ça pourrait mal se terminer !).

POISON IVY - CIRCLE OF LIFE AND DEATH d'Amy Chu

L’intrigue, elle, adopte le ton d’une enquête avec des meurtres et un coupable inattendu révélé durant le dernier chapitre, ponctué d’apparitions de divers super vilains et d’un argument science-fictionnel déjanté (la recherche de l’immortalité par l’hybridation de l’Homme et de la plante). La série se réfère d’ailleurs ouvertement à Scooby-Doo dans son mélange de murder mystery à l’ancienne et de folie douce.

Le récit s’avère donc plaisant quoique tout ne soit pas pleinement réussi pour autant : le personnage de Darshan se montre envahissant, comme si Amy Chu ne parvenait pas à laisser l’intrigue pesait sur les charmantes épaules d’Ivy. Le côté papa de substitution pour les « enfants plantes » se montre de son côté trop expédié pour fonctionner. Dommage car, avec un minimum de développement, cette partie aurait pu être intéressante, de même que les relations compliquées entre les humains et les filles plantes, lesquelles se limitent à une échauffourée en discothèque.

POISON IVY - CIRCLE OF LIFE AND DEATH d'Amy Chu

Bien que sympathique et original, le scénario se montre parfois peu crédible : comment le passé de l’empoisonneuse peut-il ne pas resurgir après qu’elle se soit débarrassée d’un collègue trop entreprenant ? On passera sur ce manque de vraisemblance pour apprécier une histoire globalement bien menée et éloignée des clichés super-héroïques coutumiers.

Sans être indispensable, CIRCLE OF LIFE AND DEATH permet de passer un bon moment. De plus, pour la publication française, Urban soigne le produit : deux pages d’introduction sur le personnage, quelques paragraphes à chaque épisode pour éclairer le novice et une courte histoire (datée de 1988) bonus revenant sur les origines secrètes de Poison Ivy qui bénéficie du talent narratif de Neil Gaiman. Le tout à un prix défiant toute concurrence, surtout celle de Panini. Une bonne affaire pour les admirateurs de la vénéneuse Ivy.

L'édition française chez Urban

L'édition française chez Urban

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Whodunit, #science-fiction, #Comic Book, #DC, #Superhéros, #Batman, #Neil Gaiman

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Publié le 20 Septembre 2017

SECRET INVASION de Brian M. Bendis et Francis Yu

Après l’excellence de HOUSE OF M et CIVIL WAR, deux crossovers parfaitement réussis et dont la richesse autorise plusieurs (re)lectures, l’annonce de SECRET INVASION laissait augurer le meilleur pour la Maison des Idées.

Le concept de base, en effet, se révélait passionnant et intriguant : depuis plusieurs années d’importants héros et alliés (Elektra, le majordome Jarvis, etc.) de la Terre ont été remplacés par des extra-terrestres protéiformes, les Skrulls. Brian Michael Bendis a lancé des pistes à ce sujet depuis plusieurs années au sein de série comme New Avengers et, avec son dessinateur et complice habituel, Leinil Yu, il explore enfin les conséquences de cette lente invasion. 

L’intrigue semblait donc taillée pour une atmosphère de paranoïa grandissante (illustrée par les taglines en partie mensongère comme « who do you trust ? »), de conflit larvé, voire d’infiltration à grande échelle. On pouvait exploiter les répercussions de cette invasion sur la population, voire éclore des mouvements de résistance ou de collaboration puisque les Skrulls promettent un avenir pas forcément sombre aux humains.  Forcément, certains se laissent tenter et les accueillent même à bras ouvert…Des développements intéressants…sauf que la scène dure quelques cases, noyées dans un torrent de bastons inoffensives. Car, à la progression narrative, Marvel préfère le rouleau compresseur des combats et seul Le Fauve suggère un instant « d’arrêter de se frapper pour réfléchir ». Une modération vite balayée, à l’image de ce court moment de réflexion interrompu par un Wolverine qui déclare « on s’en tape ». Ce qui résume malheureusement ce que le lecteur pense d’une SECRET INVASION plus pataude que passionnante. Pourtant, le début de l’histoire promettait beaucoup, entre science-fiction à l’ancienne (Bendis affirmait vouloir rendre hommage aux classiques séries B d’invasion des fifties) et blockbusters d’action plus actuels. Les premières planches donnent ainsi l’impression d’une catastrophe planétaire imminente avec des scènes marquantes comme l’autopsie d’un Skrull ayant pris l’apparence d’Elektra ou le crash récurent d’un héliporteur du Shield.

Elektra était un Skrull!

Elektra était un Skrull!

De l’efficace rondement mené. Mais la suite…ben justement elle ne suit pas. Ayant grillé toutes ses cartouches dans les premières pages, Bendis meuble ensuite par des surprises pas franchement crédibles, des incohérences, de la bagarre sans enjeu, sans émotion, sans…rien ! Des super-méchants protéiformes aux pouvoirs quasi illimités contre les gros vendeurs de la Maison Marvel (Spider Man, Iron Man, Wolverine, etc.) et une conclusion bâclée qui voit s’écrouler en quelques minutes le plan patiemment élaboré par les extra-terrestres. Là on frôle dangereusement le foutage de gueule intégral. Et ce ne sont pas les dessins, corrects mais sans inspiration, qui relèvent le niveau.

L’event offre néanmoins quelques passages sympathiques, comme cette référence lointaine, issue d’un légendaire album des Fantastic Four, à la transformation des premiers Skrulls débarqués sur terre en vaches. Quelques passages, dans un esprit blockbusters pop-corn et régressifs, fonctionnent également, ce qui permet d’arriver au bout de ce comic aussi raté que répétitif.

Baston!!!!!!!!

Baston!!!!!!!!

Si SECRET INVASION se résume à une série de combats sans grande originalité là où il aurait fallu, au contraire, une terreur paranoïaque dans l’esprit (toutes proportions gardées) de L’INVASION DES PROFANATEURS ou THE THING, le dénouement, vite expédié, conduit cependant à un nouveau statu quo intéressant. Ainsi Iron Man, désavoué, se voit destitué de son poste et remplacé par Norman Osborn qui accède à un pouvoir quasi absolu et convoque aussitôt sa cour, composée de Fatalis, Hood, Loki, Emma Frost et Namor. Le tout annonce le prochain event, la prochaine ère Marvel, Dark Reign qui (spoilers !) ne tiendra pas les promesses de cette introduction intrigante.

Le titre s’étant bien vendu (250 000 exemplaires du N°1 ce qui, à notre époque, constitue un beau chiffre) en dépit de critiques souvent mitigées voire hostiles, Marvel a – logiquement - poursuivi dans sa folie du crossover et de l’event tout azimut, aboutissant à l’inextricable situation actuelle dans laquelle toutes les séries sont en état de « crossover permanent » au mépris de tout réel investissement narratif.
 

Bref, SECRET INVASION c’était (déjà) la fin d’un bref renouveau / âge d’or qualitatif de Marvel au début du XXIème siècle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Marvel Comics

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Publié le 15 Septembre 2017

ANNIHILATION CONQUEST (tomes 1 & 2) de Dan Abnett et Andy Lanning

Vu le succès mérité du crossover cosmique ANNIHILATION, Dan Abnett et Andy Lanning proposent une saga similaire, ANNIHILATION CONQUEST, publiée en 2007. Aux côtés de la mini-série principale, Marvel a forcément publié de séries annexes. Les deux tomes français (originellement édités en version « deluxe » puis repris dans le format plus abordable du « select ») comprennent donc (dans le tome 1) « Annihilation Conquest Prologue », les quatre numéros de « Annihilation Conquest : Star Lord », les quatre épisodes de « Annihilation Conquest : Quasar » et les numéros 4 et 5 de « Nova » auxquels s’ajoutent (dans le tome 2) les quatre chapitres consacrés à « Spectre », deux épisodes supplémentaires de « Nova » et la mini-série « Annihilation Conquest » en elle-même (et en six parties). Ouf, un menu copieux pour de longues heures de lecture !

Cette fois, le Phalanx menace la galaxie, aidé par les Chevaliers de l’Espace « convertis » au mal. L’Empire Kree est menacé et différents héros (notamment Quasar, Star Lord et Ronan l’accusateur, à présents bien connus) se liguent pour juguler cette nouvelle invasion.

Au fil des pages, le lecteur découvre des personnages peu connus dont certains sont amenés à un bel avenir, notamment cinématographique, comme l’arbre vivant Groot et le raton laveur mutant Rocket Ragoon, membres fondateurs des nouveaux Gardiens de la Galaxie.

On retrouve également Phila-Vell, fille du décédé Captain Marvel qui a repris le flambeau, le costume et le nom de papa. Elle fait équipe avec sa compagne, Moondragon, laquelle devient finalement un authentique dragon, transformant le récit en une sorte d’heroic-fantasy futuriste pas désagréable auquel s’ajoute une histoire d’amour homosexuelle (encore assez peu courante dans les comics Marvel de l’époque).

ANNIHILATION CONQUEST (tomes 1 & 2) de Dan Abnett et Andy Lanning

Le nouveau venu Spectre, un mutant Kree avide de venger son père, complique la donne et tous les personnages principaux, auxquels s’ajoutent les revenants (Adam Warlock, le Super Skrull, Gamora, Captain Universe, Blaastar, etc.) se rassemblent pour affronter le Phalanx mené par le toujours charismatique et impitoyable Ultron. Les victimes du Phalanx sont, pour leur part, contaminées par une sorte de virus qui les intègre à l’entité collective tout en gardant un minimum de libre-arbitre. Bref, ils sont assimilés par des parasites cosmiques assez proches des célèbres Borg de « Star Trek » (on note les évidentes similitudes entre cette saga Marvel et « Star Trek Premier Contact »).

Dans l’ensemble ANNIHILATION CONQUEST s’avère un honnête divertissement malgré sa longueur (600 pages bien tassées) et ses longueurs. Le grand nombre de protagonistes rend parfois le tout un brin confus et la publication en volume laisse de côté certaines séries annexes, d’où des ellipses agaçantes. Cependant, elles ne sont pas vraiment problématiques, la saga restant, dans ses grandes lignes, globalement accessibles avec un minimum de connaissances de l’univers cosmique de la Maison des Idées. Bien sûr, Panini reste fidèle à ses habitudes en proposant, au niveau éditorial, le strict minimum : aucune contextualisation du récit, aucun texte explicatif et pour une unique bonus quelques couvertures reproduites en fin de volume. N’est pas Urban qui veut.

On peut chipoter en arguant (avec raison) qu’ANNIHILATION CONQUEST constitue, finalement, une simple redite moins inspirée d’ANNIHILATION (aucune des séries n’arrivent à égaler celles de ce titre phare du renouveau Marvel) mais, à tout prendre, on passe malgré tout un agréable moment avec cette vaste épopée alliant space-opéra, fantasy, science-fiction et super héros.

ANNIHILATION CONQUEST (tomes 1 & 2) de Dan Abnett et Andy Lanning

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics

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Publié le 12 Septembre 2017

LES VAISSEAUX DE LA LIBERTE de Christophe Lambert

Dernier tome de la trilogie que Christophe Lambert consacre à l’univers d’Arkhadie, LES VAISSEAUX DE LA LIBERTE constitue un final épique à souhait à ce vaste space opéra.

Nous retrouvons nos héros, le contrebandier Lohn Kossayan, le moine guerrier David Cunkel et le soldat Dogmaël peu après leur évasion du terrible Bagne de Mephisto (cf. tome précédent). La Reine Blanche, de son côté, souhaite emmener son peuple vers la terre promise, loin de la domination des Hommes Lézards Pyrhusiens. Pour cela, il faut passer par un tunnel spatial, à travers le portail de l’Ekluse. Mais ce-dernier se trouve sous la domination des cruels Entropistes.

Destiné à un public adolescent mais pouvant s’apprécier des adultes, LES VAISSEAUX DE LA LIBERTE constitue un hommage enamouré à la saga STAR WARS dont Lambert est un grand fan. Mais on peut également y voir une version actualisée des romans de space-opera ou de fantasy de l’Age d’Or, ceux-là même auxquels se référait George Lucas lors de la mise en place de son univers.

LES VAISSEAUX DE LA LIBERTE dévoile ainsi une mythologie riche et un bestiaire développé qui renvoie à des sagas littéraires fameuses élaborées par les Grands Anciens de la science-fiction littéraire. Citons le cycle du FULGUR de E.E. « Doc » Smith, l’excellent LES ROIS DES ETOILES d’Edmond Hamilton (également auteur du CAPITAINE FUTURE) ou la saga martienne de JOHN CARTER signée Edgar Rice Burroughs. A cela s’ajoute les bandes dessinées à la Flash Gordon et l’heroic-fantasy d’antan pour un cocktail très divertissant.

Moine guerrier, méchants hommes lézards, gentils félins humanoïdes (les chats de Tyndalos en référence discrète à Lovecraft), reine en détresse, pirate de l’espace, etc. Ils sont venus, ils sont tous là pour une conclusion riche en action, le roman accélérant encore le rythme (déjà soutenu) des deux précédents pour un tome qui ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler. Et comme Lambert possède un solide métier, il use de chapitres courts et enlevés qui alternent les actes des différents protagonistes jusqu’à la spectaculaire bataille finale.

Le style est vif, les phrases souvent courtes et l’écriture très visuelle confère un côté immédiatement cinématographique à ce space opéra grandiose qui n’attend plus que le metteur en scène capable de le porter à l’écran pour la plus grande joie des petits et des grands.

Alors, bien sûr, LES VAISSEAUX DE LA LIBERTE n’est sans doute pas le plus original des Christophe Lambert et, parfois, le clin d’œil envers l’Empire se montre un peu trop appuyé. La trilogie d’Arkhadie dans son ensemble peut paraitre trop proche de STAR WARS pour susciter un enthousiasme débordant. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais l’art de l’auteur à concocter un récit sans temps morts permet d’oublier ce bémol et la lecture de ce troisième tome se révèle délectable. Alors ne chipotons pas et ne boudons pas notre plaisir, embarquons avec nos valeureux héros sur ces VAISSEAUX DE LA LIBERTE fort estimables.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #science-fiction, #Jeunesse, #Christophe Lambert

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Publié le 29 Août 2017

LA PLANETE DES SINGES de Pierre Boulle

Classique incontournable de la science-fiction, le film « La planète des singes » (version 1968) eut droit à quatre séquelles variablement inspirées (« Les évadés de la planète des singes » et « La conquête de la planète des singes », de franches réussites, méritent la redécouverte), deux séries télévisées oubliées, un remake dispensable (pourtant signé Tim Burton) et un formidable reboot sous forme de préquelle (« La planète des singes : les origines ») lui-même suivi de deux suites de qualité.

En dépit de ce riche univers cinématographique, il est intéressant de se replonger dans le texte fondateur écrit par Pierre Boulle en 1963. Quoiqu’il ait écrit plus de vingt romans, Boulle reste à jamais associé à deux réussites, « La planète des singes » et « Le Pont de la Rivière Kwai », d’ailleurs en partie éclipsées par leur formidables adaptations pour le grand écran.

Si « La planète des singes » de 1968 reprent la structure du roman (et que la version de Tim Burton – cette fois située sur une planète lointaine et non la Terre - s’y montre également relativement fidèle), le livre s’en distingue par son ton plus porté sur la satire socio-politique saupoudrée de considérations philosophiques. Dans un registre plus purement science-fictionnelle Boulle fut d’ailleurs précédé par LE REGNE DU GORILLE, de L. Sprague de Camp à la thématique similaire, à savoir l’accession des primates au rang d’espèce dominante après la fin de la civilisation humaine.

L’histoire, pour sa part, est (dans ses grandes lignes) connue :

En l’an 2500, trois astronautes se dirigent vers une planète susceptible d’abriter la vie, Soror, située à deux années de la Terre dans le système de Betelgeuse. Parmi eux, le journaliste Ulysse Mérou se montre le plus enthousiaste, persuadé que ce voyage donnera lieu à un reportage sensationnel et ce même si la relativité le fera revenir sur Terre plusieurs siècles après son départ. Cependant, le journaliste est capturé et emprisonné par des singes parlants. Sur Soror, en effet, l’évolution fut différente : alors que l’humanité a stagné, les primates ont dominé le monde. Ceux-ci se répartissent en trois classes (avec peu d’exception) : les gorilles adeptes de l’autorité, de la force et de la chasse ; les orangs outans, des traditionnalistes qui incarnent la science officielle souvent obtuse et, enfin, les chimpanzés, l’élite intellectuelle lettrée avide de recherches. L’intrusion d’un Homme doué de raisons remets en cause toutes leurs certitudes. Deux chimpanzés, Zira et Cornelius, acceptent le récit d’Ulysse Mérou tandis que les orang outans, engoncés dans leurs préjugés, le considèrent comme un usurpateur.

Moins porté sur l’action que le long-métrage, LA PLANETE DES SINGES se déroule sur une planète semblable à la Terre (sans l’être, donc n’attendez pas la statue de la liberté pourtant présente sur certaines éditions du roman) et se montre fort descriptif. Le récit est, en effet, rédigé sous la forme d’un manuscrit placé dans une bouteille et lancé dans l’espace par le narrateur, Ulysse Mérou, qui découvre le monde des singes. Il y rencontre Zira et Cornelius, deux chimpanzés progressistes et bien disposés à son égard. Au terme d’un procès, Ulysse prouve qu’il possède une conscience et n’est pas un simple animal.

Le roman se divise en trois parties : dans la première le héros se confronte à ce monde hostile, dans la deuxième il parvient à s’y faire reconnaitre comme doué de raison, dans la troisième il découvre, en compagnie de Cornelius, l’existence d’une civilisation humaine antérieure à celle des singes. Au fur et à mesure du roman, la différence avec sa version cinématographique progresse quoique l’on retrouve certains éléments communs (la poupée qui prouve l’existence d’une civilisation humaine antérieure à celle des singes).

Pour aller plus loin dans la découverte de la saga cinématographique, l'excellent Mad Movies Hors Série sur le sujet.

Pour aller plus loin dans la découverte de la saga cinématographique, l'excellent Mad Movies Hors Série sur le sujet.

Contrairement aux diverses adaptations cinématographiques, les primates vivent dans de grandes cités, conduisent des voitures, se déplacent en avion. Ils ont même lancé un satellite artificiel occupé par…un homme bien évidemment. Leur degré de maitrise technologique correspond, grosso modo, à celui des humains à l’aube des sixties, période où fut écrit ce roman. Si les films optèrent pour une civilisation plus archaïque c’est essentiellement pour des raisons de budget et, également, pour éviter le ridicule de singes dansant dans des boites de nuit ou jouant au golf. Car Boulle se montre moins soucieux de science-fiction que de satire. Lorsqu’il brocarde les primates, il vise surtout les humains et leurs travers, notamment leur manière de se considérer comme l’immuable stade ultime de l’évolution, la perfection incarnée. L’écrivain mélange, avec un certain bonheur et sans lourdeur, la science-fiction au conte initiatique et philosophique. Cette vision déformée de la Terre lui permet ainsi de traiter de la démocratie, de la répartition par caste, de l’intolérance, etc. Il s’intéresse également à l’expérimentation animale et transpose à l’homme la fameuse expérience de conditionnement de Pavlov. L’auteur évoque aussi les théories d’Einstein sur la relativité en expliquant que les astronautes, après avoir effectué un voyage de quatre ans, reviendront sur une terre où plusieurs siècles se sont écoulés. L’humour pointe son museau à plusieurs reprises : ainsi lorsque le héros décide finalement d’embrasser Zira celle-ci s’y refuse et lui rétorque « désolé mais tu es vraiment trop affreux ».

Tout cela est plutôt réussi et bien pensé, avec un style recherché mais sans excès. Le rythme se montre lui-aussi soutenu et la fin, qui se devine (reprise en partie par la version Tim Burton), n’en est pas moins efficace et humoristique (sans rivaliser avec celle du film de 1968). Boule n’aimait guère, parait-il, le dénouement du long-métrage et pourtant force est d’admettre son élégance, balayant les invraisemblances (comment une civilisation pourrait-elle à ce point ressembler à celle de la Terre) et aboutissant, en une simple image, à la compréhension du spectateur. Le roman, pour sa part, explique brièvement comment les singes ont réussi la conquête de la planète, de manière assez pacifique : les hommes leur ont, peu à peu, délégué les tâches quotidiennes avant de s’enfermer dans une indolence résignée, y compris le jour où les primates ont cessé d’obéir pour se comporter en dictateurs.

En dépit de son côté parfois bavard et linéaire, LA PLANETE DES SINGES constitue donc un roman plaisant à redécouvrir pour les amateurs de science-fiction satirique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction

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Publié le 28 Août 2017

OBSESSIONS de Christophe Bier

Afin de célébrer les 20 ans de l’émission Mauvais Genre (diffusée sur France Culture), l’indispensable Christophe Bier compile 132 chroniques enregistrées entre septembre 2003 et juin 2016.

Grand connaisseur du cinéma populaire, auteur d’un monumental DICTIONNAIRE DES LONGS MÉTRAGES FRANÇAIS PORNOGRAPHIQUES ET ÉROTIQUES, admirateur de comédiens typés (comme Daniel Emilfork), passionné par les nains, collaborateur sur de nombreux fanzines et magazines (dont, jadis, Mad Movies), réalisateur d’un documentaire sur Eurociné et acteur pour des cinéastes aussi divers que Jean-Pierre Mocky, Norbert Moutier, John B. Root ou Ovidie (il tient le rôle principal, celui d’un sexologue distingué, dans l’excellent « Pulsion »), Bier, en touche à tout enthousiaste, nous propose ici un véritable catalogue du « mauvais genre ».

OBSESSIONS de Christophe Bier

Que recouvre cette expression ? Difficile à dire. Disons simplement que tout ce qui n’a généralement pas droit de citer à la radio ou à la télévision, tout ce qui est ignoré du grand public et méprisé par l’intelligentsia (quoique cela soit, heureusement, en train d’évoluer) intéresse ce fin connaisseur. En empruntant les chemins de traverse de la culture « mainstream », Bier ne se cantonne pas dans un domaine mais, au contraire, brosse un large panorama du « mauvais goût » assumé. Avec, cependant, quelques points de repère, quelques jalons placés sur cet itinéraire insolite: la censure, l’érotisme (sans véritable distinction entre le soft et le hard), le fétichisme, la provocation, les freaks, les destins tragiques et les personnalités oubliées. Beaucoup de chroniques, forcément, prennent la forme d’un hommage, épitaphe gravée à la mémoire de seconds rôles disparus des écrans, de starlettes du X, de troisième couteau à la gueule immédiatement reconnaissable, de cinéastes besogneux négligés par la théorie des auteurs. Avec les années qui s’écoulent et la standardisation culturelle imposée disparaissent peu à peu, inéluctablement, les artisans ayant œuvrés dans le péplum fauché, le western spaghetti, le mondo movie crapoteux, l’érotisme bizarre, l’horreur excessive, l’exploitation non politiquement correcte, etc.

OBSESSIONS de Christophe Bier

Littérature, bande dessinée, peintures, films, expositions, etc. Bier brasse tout un pan de la sous-culture (quel vilain mot !) de ces cent dernières années : il s’intéresse aussi bien aux serials réputés « perdus » qu’à Alain Payet, chantre du hard crad français, à Mickey Hargitay, bodybuilder sadique du délirant « Vierges pour le bourreau », qu’à des bandes d’explotation comme « Super Nichons contre mafia ». Pour ne citer qu’une poignée d’exemples, la démarche de Bier étant de refuser le consensuel académisme des César pour leur préférer « l’imaginaire délirant » de l’horreur sanglante et de la pornographie.

Et, sur papier, notre érudit redécouvre les trésors du roman noir, du fumetti, invitant le curieux à fouiller les vide-greniers afin d’y dénicher du Erich von Götha, un livre de cul publié chez Media 1000 (« le cloaque de l’édition ») ou même à relire un BRIGADE MONDAINE, ces pseudo polars bardés de scènes chaudes aux titres ronflants et aux couvertures suggestives que l’on trouvait, voici une vingtaine d’années, dans les supermarchés et les relais d’autoroute. Avant qu’ils soient remplacés par des mamie porn consternants ou un énième Marc Levy.

OBSESSIONS de Christophe Bier

C’est la grande force de ces OBSESSIONS : le lecteur pourra piocher dans ces pages ce qui l’intéresse et, peut-être, poursuivre son exploration des recoins insalubres des cinémas de quartier ou des bibliothèques, se mettre à la recherche de « Drôles de zèbres », la comédie désolante de Guy Lux ("dans ce délire accablant mais frénétique, Sim se travestit bien sûr en Baronne de la Tronche en Biais, se balance à une liane et croise Coluche, Patrick Topaloff, Michel Leeb, Claude François et les Clodettes, Léon Zitrone, un nonce apostolique et un singe qui parle"), ou de « la doctoresse à des gros seins », mètre étalon (hum) de la démesure porno d’Alain Payet ("les physiques les plus variés dessinent les contours d’un univers baroque, entre Fellini et Mocky, peuplé de nains, de vieillards lubriques, de transsexuelles, de fat mamas comme celles de Miss Gélatine et ses copines"). Heureusement, certains films sortent aujourd’hui des limbes grâce au travail de passionnés comme Ecstasy of Films, Le Chat qui fume ou Bach Films, petits éditeurs dvd auxquels Bier rend également hommage.

A ces obsessions, sommes toutes attendues, on en ajoutera d’autres, plus curieuses, comme cet ode au magicien gaffeur Garcimore ou les références gay de la mythique série télévisée « Les Mystères de l’Ouest ».

Sans ordre (on devine que l’auteur lui préfère le chaos) autre que chronologique, ces 132 chroniques constituent une mine d’informations à dévorer !

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Publié le 25 Août 2017

L'ARBRE A SALIVE de Brian Aldiss

Brian Aldiss (1925 – 2017) nous a quitté ce 19 août, au lendemain de son anniversaire, à l’âge respectable de 92 ans. Sa carrière, fort riche, débute au milieu des années ’50. Il livre rapidement deux classiques, CROISIERES SANS ESCALES (qui renouvelle le thème des arches stellaires) et LE MONDE VERT pour lequel il obtient le Prix Hugo. Par la suite il va s’amuser à revisiter des thématiques classiques via divers pastiches (FRANKENSTEIN DELIVRE, adapté de manière potable à l’écran par Roger Corman, L’AUTRE ILE DU DOCTEUR MOREAU, DRACULA DELIVRE) et livrer une gigantesque trilogie de « planet opera » avec HELLICONIA. A l’origine de l’histoire (LES SUPERTOYS DURENT TOUT L’ÉTÉ) ayant abouti au superbe « Artificial Intelligence » de Steven Spielberg, bardé de prix (six British Science-Fiction, trois Hugo, deux Nébula, un Locus,…), ce « Grand Maitre » a aussi rédigé de nombreuses nouvelles et novella, dont L’ARBRE A SALIVE.

Longue d’environ 70 pages, cette novella fut d’abord publiée en revue (dans Fiction) puis rééditée dans la collection « double étoile » qui rassemblait, à chaque fois, deux romans courts. Une bonne initiative tant ces novellas, pourtant fort prisées des écrivains de science-fiction (L’ARBRE A SALIVE obtient d’ailleurs le Nébula) échappent, par leur format intermédiaire, à une publication classique.

Pour célébrer le centième anniversaire de la mort d’H.G. Wells, Brian Aldiss livre un récit inspiré par ses œuvres (LA GUERRE DES MONDES, LA NOURRITURE DES DIEUX) transformé en véritable histoire horrifique qui rappelle également Lovecraft et en particulier LA COULEUR TOMBEE DU CIEL.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle. Gregory Rolles, amoureux d’une jeune fille de ferme prénommée Nancy, est un riche oisif qui se cherche un but dans l’existence, se rêve scientifique, correspond avec le renommé H.G.Wells et imagine des lendemains qui chantent où domineraient l’utopie socialiste (quelle horreur ! :-) ). Après la chute d’un astéroïde, il constate une croissance anormale des animaux et végétaux d’une ferme toute proche. Le goût des aliments se modifie également, comme si ceux-ci étaient peu à peu adapté à des palais différents. N’y aurait-il pas, au fond de l’étang, des créatures amphibies et invisibles, venues d’un autre monde pour se repaitre des humains ?

Voici un récit haletant et rondement mené qui privilégie l’action et le suspense mais ne néglige pas les considérations philosophiques et la réflexion. On peut ainsi se demander, avec le narrateur, si des visiteurs venus d’un autre monde seront des savants éclairés et bienveillants ou, au contraire, de terribles conquérants ne se souciant pas davantage du bien-être des humains que nous des bœufs destinés à l’abattoir.

Même sans être familier de l’œuvre de Wells, on peut apprécier cet hommage à ce Grand Ancien de la science-fiction et s’amuser d’une structure très lovecraftienne d’un récit se terminant par une confrontation attendue entre l’Homme et les Etrangers. Et, fidèle à la tradition, Aldiss achève ce court roman par une mise en garde implicite que l’on pourrait résumer par « watch the skies ».

Au final, une très plaisante lecture.

L'édition française "double étoile"

L'édition française "double étoile"

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #science-fiction, #Lovecraft

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Publié le 11 Août 2017

ANNIHILATION (Au commencement + Les Hérauts de Galactus) de Keith Giffen

Grand crossover ayant relancé le versant « cosmique » (bien mal en point) de Marvel au cours de l’année 2006, ANNIHILATION a été (plusieurs fois) republié par Panini en deux gros volumes bien épais. L’événement débute en effet par un prologue centré sur Drax le Destructeur avant de se prolonger par quatre mini-séries de quatre épisodes chacune consacrées aux principaux personnages du récit (Nova, Silver Surfer, Ronan l’accusateur et le Super Skrull). La saga principale, « Annihilation », se découpe ensuite en six épisodes, ce qui nous donne une intrigue épique et riche :

Annihilus envoie, depuis la Zone Négative, une armée de vaisseaux de combats surnommé la Vague d’Annihilation. De nombreuses planètes sont dévastées, notamment Xandar, berceau de la force de maintien de l’ordre galactique du Nova Corps. Ces « flics de l’espace » sont anéantis, laissant pour seuls survivants le terrien Richard Rider accompagné de Drax le Destructeur et la jeune terrienne combative Cammi. Après cette entrée en matière prometteuse, la saga se consacre à ses quatre principaux protagonistes.

Nous commençons avec Nova, alias Richard Rider, dernier survivant du corps spatial Nova Corps, qui reçoit dans son esprit toute la puissance cosmique et les souvenirs des Xandariens avant de devenir Nova Prime. Avec l’aide de Drax et Cammi, Richard parcourt l’espace, bientôt rejoint par Quasar, et défend ceux qui fuient devant la Vague d’Annihilation. Voici une grande aventure épique, un space opera au scénario intéressant et aux dessins très réussis. Bref, du tout bon pour entamer la série.

La suite, consacrée au Silver Surfer, s’avère tout aussi efficace et suit les aventures de notre magnifique héros (graphiquement, le Surfer a toujours été une réussite exceptionnelle d’une grande pureté et il est ici superbement mis en valeur) associés à d’autres anciens hérauts de Galactus comme Firelord. Nous assistons également à la mort d’Air-Walker et à la capture de Terrax et de Morg. Le Surfer va devoir retrouver son ancien statut afin de protéger le Dévoreur de Mondes, remplaçant même Stardust tandis que Firelord mène le combat contre la Vague d’Annhilation. Pendant ce temps Thanos, le Titan fou, s’allie avec Annihilus. Encore une belle réussite pour ce grand affrontement spatial plein d’énergie mais également de passages plus intimistes efficaces. Le tout est servi par un dessin de grande qualité qui rend la lecture de cette mini -série très attrayante.

La suite (qui conclut le premier recueil) présente Ronan l’Accusateur, un personnage assez peu connu (du moins à l’époque puisqu’il fait aujourd’hui partie du Marvel Cinematographic Universe et apparait dans « Les Gardiens de la Galaxie »). Ces quatre épisodes sont en-deçà du reste de la saga, que ce soit au niveau du scénario (un peu confus) et du dessin (avec un rendu pas très plaisant entre le cartoon et le manga). Si ce n’est pas désagréable, on éprouve quelques peines à s’intéresser au sort de Ronan, à son tour accusé à tort et en fuite afin d’échapper aux Krees. Il compte sur Tana Nile pour prouver son innocence mais celle-ci meurt dans un combat contre la Vague d’Annihilation…Ronan doit alors sauver l’empire Kree sans pouvoir prouver son innocence.

 

ANNIHILATION (Au commencement + Les Hérauts de Galactus) de Keith Giffen

Le second recueil s’ouvre sur la mini-série consacrée au Super-Skrull, personnage assez travaillé et joliment caractérisé. Jadis transformé par les savants de l’empire Skrull afin d’acquérir les pouvoirs combinés des Fantastiques, le fameux héros Kl’rt, alias le Super-Skrull, tente de sauver son fils, lequel vit sur une planète menacée par la Vague d’Annihilation. Aidé par un gamin Skrull, R’Kin, le Super-Skrull tente de neutraliser un immense vaisseau capable d’anéantir des planètes entières… Si les dessins, une fois encore d’inspiration cartoons et pas toujours très soignés, gâchent le plaisir de lecture, cette intrigue donnant, pour une fois, la vedette à un super-vilain se révèle bien écrite et riche en rebondissements dont certains franchement inattendus. En plaçant en tête d’affiche du récit un criminel galactique comme le Super-Skrull, la série évite le manichéisme et peut proposer des passages plus violents et cruels que de coutume, notamment lorsque notre « héros », trahi, se venge. De la belle ouvrage avant d’entamer le plat de résistance, à savoir les six chapitres de la mini-série « Annihilation » proprement dite.

Nous sommes 205 jours après le début des hostilités et Richard Rider mène la résistance contre la Vague d’Annihilation en rassemblant ses forces composées de Peter Quill, l’ancien Star-Lord des Gardiens de la Galaxie, Drax, Ronan et Gamora, aidé par les anciens hérauts de Galactus à savoir Firelord, Red Shift, et Stardust. Annihilus, après avoir capturé Galactus et le Surfer, se lance sur la piste des autres hérauts du Dévoreur de Monde afin de s’emparer du Pouvoir cosmique. Le reste de l’histoire va montrer les différents jeux d’alliances entre les forces en présence et fera intervenir de nombreux personnages comme Moondragon et Phyla-Vell. Une belle mini-série, au souffle épique indéniable, que retranscrit un découpage très cinématographique et en version scope puisque les planches sont souvent constituées de cinq cases horizontales, lesquelles donnent l’ampleur nécessaire à un récit entrecoupé de pleines pages effectives, notamment lors des nombreuses mises à mort.

Pour conclure cet important event, le second volume se termine avec la mini-série Les Hérauts de Galactus, intéressante pour connaitre la destinée de ces personnages mais dans l’ensemble assez anecdotique.

ANNIHILATION (Au commencement + Les Hérauts de Galactus) de Keith Giffen

Pour les amateurs de grande saga cosmique avec des super-héros aux pouvoirs incommensurables dont les actes entrainent, forcément, des destructions gigantesques (on parle ici de systèmes planétaires entiers anéantis), ANNIHILATION demeure, dix ans après sa sortie, la manière idéale d’aborder le versant spatial de l’univers Marvel. La réussite, commerciale et critique, de la série entraina une séquelle (ANNIHILATION CONQUEST), une nouvelle saga consacrée à Nova et une incarnation modernisée des Gardiens de la Galaxie sur laquelle se base les long-métrages cinéma.

Une belle réussite en dépit de ses scories (des intrigues secondaires évidemment inégales, un dessin pas toujours approprié et, fatalement, quelques longueurs puisque le récit approche, dans sa globalité, les 600 pages).

ANNIHILATION (Au commencement + Les Hérauts de Galactus) de Keith Giffen

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Marvel Comics, #science-fiction

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Publié le 2 Août 2017

TITANIC 2012 de Christophe Lambert

Publié à la fin du XXème siècle puis réédité en 2012 (l’auteur s’en amuse d’ailleurs : d’anticipatif le roman devient le récit d’une Histoire parallèle avant que le temps ne le transforme inévitablement en uchronie), TITANIC 2012 constitue un récit très divertissant inspiré (surprise ?) par la tragédie du Titanic. Cette dernière a nourri bien des œuvres de fiction : en littérature citons l’excellent policier de John Dickson Carr, LE NAUFRAGE DU TITANIC et le « blockbuster » de Clive Cussler RENFLOUEZ LE TITANIC (malheureusement très médiocrement adapté à l’écran). Profitons de cette chronique pour signaler également LES MEURTRES DU TITANIC de Max Allan Collins donnant la vedette à Jacques Futrelle, écrivain américain créateur d’un émule de Sherlock Holmes surnommé « La machine à penser » menant l’enquête sur le Titanic, navire sur lequel Futrelle trouva réellement la mort. Au cinéma, la superproduction de James Cameron et le plus ancien mais minutieux « Atlantique Latitude 41° » de Roy Ward Baker demeurent les longs-métrages de référence.

De son côté, Christophe Lambert imagine un complexe hôtelier construit au fond des eaux, Le Cœur de l’Océan, projet mégalomane du milliardaire Murray Hamilton. Celui-ci a, en partie, restauré l’épave du Titanic et, pour le centenaire du naufrage, convie de nombreux invités dont quelques célébrités comme Leonardo DiCaprio, Stephen King et Stirling Silliphant, âgé de 109 ans et dernier survivant du désastre. Les mesures de sécurité sont, normalement, parfaites et doivent empêcher tout problème lors de l’inauguration. Seule l’océanographe Katherine Wells ne partage pas l’enthousiasme général et soupçonne les responsables de la sécurité d’avoir quelque peu rogné sur le budget, ce qui pourrait entrainer de terribles conséquences lors du passage prochain d’un puissant cyclone. Elle tente de convaincre un agent d’assurance, Paul Lomat, du danger. Mais un tueur à gages est envoyé sur leurs traces. Tout ce petit monde se retrouve au Cœur de l’océan pour la grande soirée d’inauguration…

Ce bon thriller maritime reprend le schéma éprouvé du « cinéma catastrophe » des années ’70 (« L’aventure du Poséidon » vient immédiatement à l’esprit) en débutant par une rapide présentation des protagonistes suivi de leurs vaines tentatives pour éviter le désastre. Le dernier tiers du roman, consacré à la catastrophe proprement dite, accélère le rythme déjà soutenu (une alternance de chapitres courts fort efficaces) jusqu’au final quelque peu inattendu (on eut aimé le voir plus développé) et la confrontation entre les « bons » et les « méchants ». Si le récit est forcément prévisible (une fois encore l’auteur en est pleinement conscient et s’en amuse : pourquoi allez voir un film comme « Titanic » dont tout le monde connait la fin ?), il évite l’écueil de la linéarité en multipliant les points de vue et les personnages. Ces derniers sont intéressants quoique les héros (l’océanographe et l’agent d’assurance auquel on ajoutera le fils du concepteur du complexe aquatique) se révèlent moins intéressants que le tueur à gage fatigué engagé pour les supprimer et tenté par l’accomplissement d’une bonne action susceptible d’effacer sa lourde ardoise. Enfin, le personnage de Silliphant, dernier survivant de la catastrophe pressentant un nouvel accident mais acceptant de participer à cette « mascarade » pour aider son petit-fils, s’avère, lui-aussi, joliment brossé. Là encore on eut apprécié davantage de développement mais cela aurait peut-être nuit à l’implacable avancée d’une intrigue qui ne laisse guère au lecteur le temps de souffler.

De manière ludique, Christophe Lambert ajoute à son roman quelques clins d’œil à destination des initiés. Ainsi un groupe musical se nomme IG 88 and the Assassination Droids et deux de ses membres, cinéphiles avertis, discutent des mérites respectifs de « Meteor » et « Tremblement de terre » ou de l’implication réelle d’Irwin Allen dans la réussite de « La Tour infernale ». L’auteur énonce également les trois principales règles pour survivre à une catastrophe, la plus importante étant évidemment de rester près du chien (à défaut un chat ou, éventuellement, un enfant peuvent s’y substituer) puisqu’il est bien connu que les canidés s’en sortent toujours. Le romancier nomme également l’unique survivant du Titanic Stirling Silliphant en référence au célèbre scénariste responsable de quelques classiques comme « La tour infernale », « L’aventure du Poséidon » ou « L’inévitable catastrophe ». Dans le même esprit le milliardaire entêté ayant bâti le Cœur de l’Océan se nomme Murray Hamilton, tout comme l’acteur qui joue le maire obstiné refusant la fermeture des plages des « Dents de la mer ». De petits clins d’œil sympathiques qui rendent très divertissant ce bouquin rondement mené sur 250 pages bien tassées auxquels Christophe Lambert ajoute quelques notes, références et pistes de réflexion pour son public, jeune et moins jeune.

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Publié le 31 Juillet 2017

TERREUR DELIQUESCENTE de Harry Adam Knight

 

Harry Adam Knight était le pseudonyme de l’auteur australien John Brosnan (1947 – 2005) surtout connu pour son roman CARNOSAUR adapté au cinéma pour une trilogie horrifique à petit budget largement inspirée de « Jurassic Park » (notons cependant que le roman précédait de six ans celui de Michael Crichton). Prolifique, Brosnan écrivit également divers novelisations, des comics, de nombreux bouquins sur le cinéma (JAMES BOND IN THE CINEMA, THE STORY OF SPECIAL EFFECTS IN THE CINEMA, etc.).

Mais, chez nous, Brosnan fut surtout un auteur régulier de la collection Gore : on lui doit le sympathique VRILLES ! (publié sous le pseudo de Simon Ian Chiller tout comme LES PARASITES DE LA HAINE fut édité chez Maniac), le plaisant BRASIERS HUMAINS (sous le nom de James Blackstone) et L’IMMONDE INVASION (sous l’alias Harry Adam Knight). Bref, Brosnan fut un des romancier non francophones les mieux représenté par la collection aux côtés de Richard Laymon ou Shaun Hutson. Il faut d’ailleurs signaler que ces écrits, tous construits sur le thème d’une « immonde invasion » (hum !) semblaient tailler pour la collection par leur format restreint et leur nombreux passages horrifiques ou sexy.

Associé à l’auteur de fanzine anglais Leroy Kettle, Brosnan livre avec TERREUR DELIQUESCENTE (« slimer » en version originale, laquelle compte 156 pages, on peut donc supposer que la traduction fut, pour une fois, fidèle) une pure série B qui mélange concepts science-fictionnels, angoisse paranoïaque et horreur sanglante. Les mauvaises langues diront (avec raison) que le résultat ressemble beaucoup à un remake à peine déguisé de « The Thing » assorti de quelques scènes érotiques indissociables de la collection. « C’est pas faux » comme disait l’autre mais le bouquin s’avère cependant très plaisant.

L’originalité vient des protagonistes : trois couples de retour du Maroc où ils ont trafiqué de l’herbe (et également, pour l’un d’eux, de l’héroïne). Après le naufrage de leur bateau, nos survivants dérivent jusqu’à atteindre une station de forage pétrolière perdue en pleine mer du Nord. Sur place, les naufragés ne découvrent que des vêtements épars, la plateforme semblant déserte. Rapidement, ils se rendent compte que des scientifiques s’y livraient à diverses expériences sur les mutations. Et le produit de l’une d’elle, une sorte de monstre polymorphe créé à partir d’un grand requin blanc (!) erre à présent à la recherche de nourriture…

La caractérisation des personnages reste rudimentaire mais ne sombre pas dans la caricature : avec un drogué violent et obsédé sexuel en guise de principal protagoniste le roman évite la facilité et ne présente pas un héros traditionnel, fort et sûr de lui. A force de se serrer les coudes, l’un des couples réussira cependant à vaincre la créature en utilisant une méthode originale et bien trouvée. Toutefois, pour respecter la tradition, TERREUR DELIQUESCENTE s’achève sur une fin semi-ouverte. Elle laisse entendre que le monstre n’est pas vraiment mort et que, par conséquent, la menace peut ressurgir à tout moment. Habilement, les romanciers développent une atmosphère d’angoisse et de suspicion, chacun craignant que ses amis ne soient plus eux-mêmes mais de simples « marionnettes humaines » contrôlées par la créature mutante. Là encore, ils s’inspirent ouvertement de « The Thing » et « Alien » mais les déambulations de nos naufragés dans les couloirs désertés de la station offrent aux lecteurs réceptifs leur lot de frisson.

Dans l’ensemble et malgré quelques facilités dans la construction (assez linéaire et prévisible) du récit, TERREUR DELIQUESCENTE constitue un bon roman d’horreur. Simple, efficace et bien rythmé, avec suffisamment de passages horrifiques et sexy pour contenter les inconditionnels de la collection sans rebuter les lecteurs davantage friands d’épouvante classique que de boucheries pures, le tout donne une bonne lecture dans laquelle on peut même replonger sans déplaisir pour un second tour de piste.

Le livre fut, par la suite, adapté (certains disent massacré) au cinéma sous le titre « Protheus » par Bob Keen.

TERREUR DELIQUESCENTE de Harry Adam Knight

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Horreur, #Fantastique, #Gore

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