science-fiction

Publié le 11 Février 2020

100% STAR WARS - TOME 8: MUTINERIE SUR MON CALA de Kieron Gillen

Contient Star Wars (2015) #44-49.

Et revoici la princesse Leia qui, au nom de l’Alliance, part demander aux Mom Calamari de lui fournir une nouvelle flotte de combat capable de vaincre l’Empire. Or, la planète à déjà subi le poing impérial (comme vu précédemment dans la série DARK VADOR) et le régent Urtyas refuse de rejoindre la rébellion. Pour sauver la situation, Leia décide de remettre sur le trône le roi déchu Lee-Char, retenu prisonnier depuis une vingtaine d’années.

Continuation de la vaste fresque de Kieron Gillen entamée avec le tome précédent (LES CENDRES DE JEDHA) et prolongement des événements de « Rogue One » (qui semble inspiré les scénaristes de BD par son ton sombre et son côté course désespérée contre des méchants bien trop puissants).

L’ensemble se suit donc plaisamment mais souffre de défauts évidents. On peut également considérer que cette interprétation très « la fin justifie les moyens » de Leia n’est pas flatteuse puisque la princesse n’hésite pas à déposséder un dirigeant pour en remettre un sur le trône afin qu’il serve davantage ses intérêts et ce aux risques de voir une planète entière mise en danger, voire détruite, par l’Empire.

Une intrigue un peu longuette, de belles scènes d’action, des passages réussis, d’autres moins convaincants, quelques notes d’humour, des références (obligées ?) à l’univers cinématographiques avec des ponts tendus vers « Rogue One » et même « Solo ». Sympathique mais sans être transcendant.

Le dessin de Larroca est fidèle à lui-même : très réussi sur les décors et les vaisseaux, globalement raté sur les visages qui, la plupart du temps, sont maladroitement décalqués.

Ce huitième tome s’inscrit dans la droite ligne des précédents : un divertissement plutôt plaisant mais rien qui donne vraiment envie de dire « ouah ». On ajoute un côté finalement anecdotique dans l’esprit des préhistoriques BD « Star Wars » Marvel des années 70/80 : des péripéties certes agréables mais tellement engoncées dans une période figée (« A New Hope » à « L’empire contre-attaque ») qu’aucune véritable surprise n’est possible.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Comic Book, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

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Publié le 10 Février 2020

TERRE ERRANTE de Liu Cixin

Né en 1963, Liu Cixin est considéré comme une des étoiles montantes de la SF bien qu’il écrive depuis longtemps (son premier roman, CHINE 2185 est sorti en 1989 !). Révélé en occident par sa trilogie débutée par LE PROBLEME A TROIS CORPS (Prix Hugo 2015), poursuivie par LA FORET SOMBRE et terminée avec LA MORT IMMORTELLE (prix Locus), son œuvre antérieure se voit aujourd’hui redécouverte.

Bonne manière de se familiariser avec l’auteur, le roman court (environ 80 pages) TERRE ERRANTE mélange science-fiction apocalyptique et hard-science. L’expansion du soleil s’accélère, menaçant d’anéantir toutes les planètes du système solaire d’ici quatre siècles. Mais l’Humanité ne se résout pas à cette disparition programmée. Deux projets rivaux sont donc envisagés : emmener les Hommes explorer l’univers à bord d’arches stellaires ou transformer la Terre elle-même en vaisseau. Cette dernière option étant retenue il faut à présent mener à bien ce titanesque chantier afin d’envoyer la planète vers Proxima du Centaure au terme d’un voyage de deux mille ans.

L’auteur ne lésine pas sur les scènes spectaculaires et la démesure (rappelant certains romans d’Arthur C. Clarke) en nous montrant l’arrêt de la rotation terrestre, les brusques changements de température, les tsunamis aux vagues gigantesques, les torrents de magma qui détruisent les villes refuges souterraines, la traversée de la dévastatrice ceinture d’astéroïde,…Du véritable blockbuster littéraire où tout parait « bigger than life ». Liu Cixin envisage aussi (très – trop – brièvement) les changements psychologiques induits par la situation : la disparition des religions (peu crédible), la fin des passions amoureuses (on pourrait penser qu’elles seraient, au contraire, exacerbées), la crainte du Soleil, etc. La complète soumission populaire apparait (à nos yeux) comme très symptomatique du régime chinois et la situation parait, dans l’ensemble, acceptée. On peut penser que les comportements humains seraient beaucoup moins rationnels dans pareille situation, suscitant l’apparition de sectes bizarres et d’explosion de violence gratuite. En terme de psychologie apocalyptique on peut préférer l’excellent DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE ou le très réussi et méconnu film « Seeking a friend for the end of the world ».

Toutefois, malgré ces bémols, TERRE ERRANTE reste une novella très efficace et réussie qui parvient, par un habile habillage hard-science (heureusement pas trop pesant) à crédibiliser une histoire qui parait totalement fantaisiste. Car, Liu Cixin, malgré des personnages sans émotion et un discours politique volontiers dictatorial, déverse en une centaine de pages un flot de « sense of wonder » rafraichissant qui convoque des images dantesques de planète s’arrachant à l’attraction solaire pour s’élancer dans l’espace. Vers l’infini et au-delà !

Adapté au cinéma en 2019, TERRE ERRANTE souffre de défauts évidents mais les compense par un véritable appel au merveilleux scientifique retrouvant, redisons le, la magie des Asimov, des Clarke et des autres enchanteurs de la SF. Et, au final, la balance penche largement vers le positif !

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Publié le 3 Février 2020

BINTI de Nnedi Okorafor

BINTI, une novella de science-fiction plutôt destinée aux jeunes adultes, fut lauréate des prestigieux prix Hugo et Nebula. L’autrice, d’origine Nigérienne, nous avertit qu’elle traite des « social issues” et notamment des “racial and gender inequality”. Elle s’est également fait connaitre pour son opposition à l’attribution d’un prix basé sur une représentation de Lovecraft (le World Fantasy) et sa demande pour qu’il soit remplacé par une autre statuette basée cette fois sur Octavia Butler. Du pain béni pour les « social justice warriors » et autres hystériques 2.0. Bref, en ouvrant BINTI, on commence à craindre le pensum politiquement correct si prisé des prix en science-fiction récents mais, au final, le court roman de Nnedi Okorafor s’avère plutôt plaisant.

Génie des mathématiques, Binti est la première femme issue du peuple Himba à accéder à l’université intergalactique Oomza Uni. A l’intérieur d’un vaisseau spatial, Binti fait connaissance des autres passagers. Malheureusement, le transporteur est arraisonné par une race extraterrestre, les Méduses, et toutes les personnes à bord sont massacrées, à l’exception de Binti elle-même. Binti se réfugie dans sa cabine puis commence à communiquer avec les Méduses par l’entremise de son « Edan », un artefact trouvé dans le désert.

Avec ce petit roman, Nnedi Okorafor s’éloigne radicalement de la hard-science actuellement en vogue pour un récit à l’ancienne, sorte de space-opéra confiné doublé du thème classique de la rencontre avec « l’autre ». Le tout additionné d’un parfum de « récit d’apprentissage ». La postface nous révèle que cette histoire a été inspirée à l’écrivaine par sa fille de 11 ans et dont l’univers ne semble ici qu’esquisser (on rencontre plusieurs ethnies, des objets bizarres comme les astrolables ou les Edan, le peuple extraterrestre des Méduses, etc.). Les prochains récits dans le même univers (BINTI 2 : HOME et BINTI : THE NIGHT MASQUERADE) développeront probablement une partie de ce vaste monde.

Sans être un chef d’œuvre (les deux récompenses récoltées laissent quand même songeurs et mettent probablement les attentes beaucoup trop haut), BINTI s’impose comme un court roman divertissant, de lecture aisée (y compris en anglais), marqué (mais sans excès) par les racines africaines de l’autrice, plein de bons sentiments et de naïveté mais quelque part agréable en ces temps de SF marquée par la sinistrose dystopique généralisée. Nous avons même droit à un happy end pacifique façon « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, même ceux que l’on considérait comme des ennemis. Pas indispensable mais pas déplaisant.

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Publié le 29 Janvier 2020

STAR WARS: L'ULTIME COMMANDEMENT (LA CROISADE NOIRE DU JEDI FOU 3) de Timothy Zahn

Et voici le dernier volet de la célèbre « Croisade noire du Jedi fou », le livre événement qui lança l’univers étendu de Star Wars et qui demeure, pour bien des fans, la meilleure œuvre littéraire basée sur la saga de George Lucas.

Après L’HERITIER DE L’EMPIRE et LA BATAILLE DES JEDI, voici donc L’ULTIME COMMANDEMENT dans lequel on retrouve le Grand Amiral Thrawn aux commandes de la flotte Katana, prêt à lancer le dernier assaut contre les forces de la Nouvelle République. De leur côté Luke et Leia doivent détruire les usines de clones impériaux sur Wayland et combattre le Jedi fou Joruus C'baoth.

Célébré par les fans, L’ULTIME COMMANDEMENT constitue pour beaucoup la culmination du “Star Wars” post trilogie…oui à l’époque – le début des années 90 - on parlait de trilogie et nul n’imaginait que l’univers serait enrichi (ou pas, pas de polémique) d’une dizaine de films supplémentaires, de séries télés, etc. Bref, la saga était canonique, c’était la véritable suite des aventures de Luke, Leia, Han et les autres et le lecteur frustré de ne plus les voir au cinéma (« Le retour du Jedi » datait déjà de dix ans !) se délectaient de nouveaux personnages comme l’ambigüe Mara Jade, le contrebandier Talon Karrde, le dément Joruus C'baoth et le redoutable mais finalement honorable Thrawn, sorte de Rommell de l’espace qui insiste sur son éloignement du fou furieux que fut Dark Vador.

Vu le nombre de critiques positives, voire dithyrambique, on se permettra quelques petites réserves : le roman, comme les précédents, alterne adroitement action à grand spectacle et scènes intimistes, manigances tordues et stratégie militaire, mais souffre parfois d’un rythme en dent de scie. Parfois l’histoire semble patiner ou se perdre dans les détails, parfois les choses s’emballent et la résolution finale, par exemple, parait expédiée avec un goût de « tout ça pour ça » quelque peu regrettable.

L’écriture, très professionnelle, manque aussi un peu de souffle épique en dépit de l’accumulation de batailles spatiales colossales. Néanmoins, L’ULTIME COMMANDEMENT reste dans le haut du panier des romans adaptés de licence connue. Pour les fans de « Star Wars », la trilogie du Jedi Fou demeure un incontournable qui offre une continuation très travaillée (on mesure l’écart entre les personnages complexes proposés ici et les protagonistes tout lisses de la troisième trilogie cinématographique) aux aventures de Luke et ses amis. Bref, des bémols mais un réel plaisir de lecture et une bonne dose de nostalgie sont au programme de ce grand space opéra.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

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Publié le 10 Janvier 2020

ROSEE DE FEU de Xavier Mauméjean

Etrange roman que ce ROSEE DE FEU, écrit par un Mauméjean féru d’histoire. Le romancier s’attaque ici à la guerre du pacifique et décrit les défaites successives des Japonais après leurs premières victoires, notamment à Pearl Harbour. Les Nippons ont alors recours aux kamikazes, ces fameux pilotes lancés dans des missions suicides pour tenter de couler les navires américains.

Xavier Mauméjean aurait pu tirer de cette fascinante histoire un roman historique « de guerre » traditionnel sur le sens du sacrificie mais il a choisi une approche différente. Le romancier livre, en effet, une étrange uchronie et remplace les avions japonais par des dragons. Ce sera, étrangement, le seul élément fantasy introduit dans l’histoire (ou l’Histoire), d’ailleurs assez peu développé quoique l’auteur s’attarde sur le lien qui unit les créatures à leur pilote, un peu à la manière de la BALLADE DE PERN. On aurait aimé davantage de divergence entre cette Histoire et la notre suite à la présence des dragons mais, dans l’ensemble, il n’y a pas d’altérations majeures.

Au-delà de cet aspect fantastique, beaucoup de faits historiques sont donc présents et peu (ou pas) romancés, certains connus, d’autres nettement moins. Le livre revient ainsi sur l’anecdote du soldat ne sachant pas que la guerre est terminée depuis des décennies. Mauméjean décrit aussi le massacre de Nankin (immortalisé au cinéma dans « City of life and death » mais aussi dans le très déviant « Black Sun »), les exactions de la fameuse Unité 731 (vue dans les films d’exploitations « Men behind the sun »), la création des kamikazes, etc. Les grandes figures historiques de l’époque répondent également présentes à côté de personnages fictifs, ROSEE DE FEU suivant les points de vue de trois protagonistes principaux : un jeune soldat idéaliste qui découvre la guerre dans toute sa violence, son jeune frère, resté au pays et plein d’admiration pour lui et, enfin, un gradé qui lance le projet kamikaze. Ils représentent, comme nous le dit l’auteur dans la postface, les trois éléments (terre, air, feu), rejoints par le quatrième (l’eau) à la toute fin du roman, en signe d’harmonie retrouvée.

L’inclusion des éléments fantasy dans ROSEE DE FEU produit, au final, une impression étrange. D’un côté le lecteur peut les trouver superflus. De l’autre, il peut aussi avouer que sans la présence de dragons sur la magnifique couverture il serait passé à côté d’un roman historique instructif et réussi. A découvrir en sachant à quoi s’attendre…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #science-fiction, #Uchronie

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Publié le 9 Janvier 2020

ACADIE de Dave Hutchinson

Dave Hutchinson, né en 1960, a déjà quatre recueils de nouvelles et plusieurs romans (dont la tétralogie « Fractured Europe ») sous le coude mais ACADIE, nommé au Locus, est son premier texte publié en français. Comme tous les titres de la collection « Une heure lumière » il s’agit d’un roman court (compter environ 80 minutes de lectures).

Depuis cinq siècles la légendaire et apparemment immortelle généticienne Isabel Potter a quitté la Terre et continue ses travaux sur une Colonie située dans un lointain système solaire. Mais les Terriens, rancuniers, continuent de traquer Potter et envoient des sondes explorer l’espace pour la retrouver. Or, une de ses sondes vient de pénétrer dans le système de la Colonie, ce qui nécessite l’intervention de John Wayne Farrady, dit Duke, président essentiellement honorifique.

Voici une novella fort bien ficelé qui embarque le lecteur dans un monde très convaincant, une sorte d’utopie futuriste hippie peuplée, notamment, de personnages de STAR TREK ou du SEIGNEUR DES ANNEAUX et ce par un mélange bien dosé de manipulations génétiques et de technologies. Bref, une ambiance quelque peu cyberpunk pour un planet / space opera qui ne néglige pas d’injecter une bonne dose de sense of wonder dans son univers hard-science.

Hutchinson déroule son intrigue à cent à l’heure et sans temps morts là où beaucoup d’auteurs auraient allongé la sauce sur un épais roman. Le lecteur doit donc s’accrocher pour assimiler tout cet univers fort bien construit et une narration habile avec des flashbacks bien amenés. Bref, c’est un court roman parfaitement réussi qui conduit à un twist vertigineux à la Philip K. Dick, cerise sur le gâteau d’une œuvre magistrale à découvrir toutes affaires cessantes.

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Publié le 1 Janvier 2020

LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson

Ce recueil paru au Belial en 2010 (puis réédité au Livre de Poche deux ans plus tard) rassemble neufs récits non inédits (mais souvent remaniés et retraduits) qui composent un véritable « best of » science-fictionnel de Poul Anderson, notamment inventeur de la célèbre Patrouille du temps. Des récits souvent primés, voire multiprimés et qui sont, pour la plupart, relativement longs pour des nouvelles jusqu’à atteindre ce que les Américains désignent comme des romans courts ou des novellas. Anderson fut d’ailleurs récompensé à sept reprises par un Hugo (six des titres récompensés sont inclus dans ce recueil) et trois fois par le Nebula, sans oublier un Locus. Lauréat de ce triplé parfait « La reine de l’air et des ténèbres » est évidement reprise ici et constitue peut-être le chef d’œuvre de son auteur.

L’anthologie débute avec « Sam Hall » dans lequel un employé modèle du système informatique d’un univers futuriste totalitaire introduit, presque par jeu, un bug dans la machine en créant de toutes pièces un révolutionnaire mystérieux nommé Sam Hall. Un nom puisé dans une vieille chanson populaire  anglaise. A force manipulations, Sam Hall acquiert une sorte de pseudo-existence : tous les crimes sont imputés à ce criminel insaisissable et les membres d’un réseau de résistance clandestin se l’approprient pour signer leurs méfaits. Quoique la technologie ait évolué, la nouvelle qui date de 1953 (et fait écho à la Guerre de Corée et au Maccarthysme) reste étonnamment moderne plus de soixante ans après sa rédaction et son sujet (manipulations gouvernementales, falsification de l’information, oubli numérique, etc.) demeure toujours d’actualité. Un classique de la dystopie.

Le court roman « Jupiter et les centaures », précédemment publié dans la collection « Etoile Double» aux côtés d’une novella de Sheckley  décrit la manière d’explorer Jupiter en utilisant des avatars (la référence à un « classique » récent de la SF cinématographique n’est point innocente tant les intrigues sont similaires).

« Long cours » valu à son auteur un de ses nombreux prix Hugo: un récit d’exploration maritime dans un monde dans lequel on se souvient encore, mais à peine, de la Terre, planète-mère. Le capitaine d’un navire découvre un astronef en partance menaçant, par sa seule existence, le futur de ce monde. Comment réagir ? De la SF intelligente et efficace.

Autre gros morceau, « Pas de trêve avec les rois », obtient lui aussi le Hugo : cette longue nouvelle (90 pages) précédemment publiée en français dans l’anthologie HISTOIRES DE GUERRES FUTURES raconte un affrontement entre deux camps, façon Guerre de Sécession, dont l’un bénéficie d’un appui extraterrestre.

Récit de vengeance très efficace tempéré par la découverte des rites étranges d’une planète étrangère (dont du cannibalisme rituel), l’excellent « le partage de la chair » n’a pas volé son prix Hugo et demeure un des meilleurs récits d’Anderson.

Mi sérieux, mi humoristique, en tout cas toujours sarcastique (pour ne pas dire grinçant), « Destins en chaîne » projette son héros, Bailey, dans une série de réalités alternatives dans lesquelles il se débat jusqu’à la mort. Dans l’un de ces univers parallèle, la simple expression artistique peut vous conduire en prison, dans un autre l’Etat a consacré les inadaptés de tous poils au point qu’ils peuvent revendiquer ce statut et vivre une existence oisive. Mais les simulateurs se multiplient, se prétendant eux aussi malades mentaux afin de bénéficier de l’Etat providence. Les homosexuels ayant déjà réussi à obtenir cette reconnaissance, les Noirs envisagent de s’associer aux Juifs souffrant de discrimination tandis que les prophètes de religion folklorique prêchent à tout va…et pas question d’y trouver à redire car ces religieux risqueraient, sinon, des dégâts psychiques irréparables. Une plongée pas toujours très politiquement correcte (et c’est tant mieux) dans une poignée de sociétés utopiques (ou dystopiques selon les sensibilités) qui se termine dans un monde post-apocalyptique d’apparence paradisiaque après l’anéantissement, par une épidémie, de 95% de l’Humanité. Un excellent texte peut-être encore davantage actuel aujourd’hui qu’à l’époque de sa rédaction.

Autre novella illustre, « La reine de l’air et des ténèbres » a récolté le plus prestigieux des triplets de la SF : Hugo, Nebula et Locus. Nous sommes sur Roland, une planète lointaine colonisée par l’Homme. Un seul détective y exerce, Eric Sherrinford, contacté par une mère afin de retrouver son enfant enlevé par ce qui pourrait être des représentants du Vieux Peuple. Mais Sherrinford refuse d’accorder foi à ces anciennes superstitions celtiques…Une œuvre très efficace, sorte de transposition science-fictionnelle des légendes jadis contées par Arthur Machen.

Plus court, « Le chant du barde » obtint également le Hugo et le Nebula, finissant à la troisième place du Locus. Inspiré par les nouveautés science-fictionnelles lancées par Harlan Ellison, Anderson décrit un monde sous la domination d’un ordinateur omniscient, SUM, lequel enregistre les vies de tous les Humains et leur promet la résurrection un jour prochain. Mais un harpiste se confronte à l’avatar humain de SUM, la Reine Noire et cesse de croire en ses promesses. Une nouvelle dans laquelle Anderson démontre son originalité tout en s’inspirant de nombreux mythes antérieurs et en truffant son texte de citations littéraires. Très réussi.

Le recueil se termine par le court roman « Le jeu de Saturne », sorte de critique assez virulente des jeux de rôles et autres psychodrames auquel je n’ai personnellement pas accroché. Ce n’est pas grave, le reste était très bien.

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Publié le 5 Décembre 2019

PAX AMERICANA de Roland C. Wagner

Les auteurs de SF avaient quand même parfois le nez creux… En 2005, le trop tôt disparu Roland C. Wagner imaginait déjà très bien les conséquences possibles du Réchauffement et de la disparition des ressources.

XXIème siècle…le pétrole n’est plus qu’un souvenir pour beaucoup. Les USA (rebaptisés Zu’ssa) se sont accaparé les derniers stocks afin d’alimenter leur armée chargée d’imposer la Pax Americana au reste du monde. Violemment privés de leurs réserves, l’Europe a dû se tourner, contrainte et forcée, vers les énergies renouvelables. Bien sûr, la transition a entrainé des changements drastiques : fini la voiture individuelle, bonjour l’ordinateur à pédales. Les USA, de leur côté, ont continué d’épuiser les dernières ressources à la manière d’un ogre insatiable. Aujourd’hui le pays fonce droit dans le mur au point que le Président des USA s’apprête à renouer les relations avec le Vieux Continent. Mais la rumeur d’un attentat à son encontre enfle…

Roland C. Wagner propose ici une anticipation crédible avec d’un côté une Europe retournée à l'avant pétrole et des USA qui épuisent le peu de ressources restantes en guerroyant à tout va. Ils gardent ainsi la maitrise des énergies fossiles au point de s’être illusionné : pensant ces dernières inépuisables voilà le grand pays rattrapé par la réalité.

Mi satire, mi politique fiction, cette anticipation parfois grave et parfois amusante n’oublie pas de raconter une histoire et évite les excès loufoques (mais rapidement lassant) de LA SAISON DE LA SORCIERE du même Wagner. L’écrivain brosse quelques jolis portraits, dont un président européen aussi gentleman qu’insatiable sexuellement. Le tout donne une novella bien ficelé qui n’oublie pas l’humour pour parler de choses sinistres car comme le disait Didier Super « On va tous crever, on va tous crever,
Y'a la fin du monde qui nous guette et nous on fait la fête!”.

Sympathique et finalement optimiste donc recommandé même si le bouquin aurait mérité quelques dizaines de pages supplémentaires pour développer un univers à peine effleuré.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #anticipation, #science-fiction, #Humour

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Publié le 13 Novembre 2019

HISTOIRES DE MIRAGES

Ce recueil de nouvelles vient enrichir la fameuse « grande anthologie de la science-fiction » qui, mine de rien, a permis d’accéder à une foule de textes incontournables. Quatorze titres accompagnés d’une préface de Gérard Klein et d’un bien pratique dictionnaire des auteurs. Comme toujours, la sélection est forcément inégale mais la plupart des récits sont intéressants…sans les détailler tous, pointons en quelques-uns particulièrement réussis.

« Souvenirs garantis, prix raisonnable » de Philip K. Dick, un court texte mis en lumière par l’excellent film de Paul Vehroeven (« Total Recall ») dans lequel on retrouve certaines obsessions de Dick, notamment sa paranoïa non dénuée d’un humour grinçant (« à partir de maintenant tout ce que vous pensez pourra être utilisé contre vous »). Banal employé, Douglas Quail rêve de visiter Mars, ce que ses modestes revenus lui interdisent. Heureusement, le futur lui permet de réaliser ce désir en passant par une entreprise spécialisée dans l’implantation de faux souvenirs, Rekal. Le patron, McClane, lui explique que Rekal peut lui offrir le souvenir de deux semaines de voyage assortis d’une poignée d’accessoires (photos, etc.) lui « prouvant » la réalité de son voyage sur la Planète Rouge. Bien sûr, Quail oubliera également avoir sollicité les services de Rekal. Mais, au cours du traitement, McClane découvre que Quail a réellement été sur Mars en tant qu’agent secret travaillant pour les mystérieux et tout puissant Interplan…

La suite de la nouvelle dévie du scénario retenu pour le film mais garde la même interrogation de base : Quail est-il un espion ou tout cela fait-il partie d’une implantation de souvenirs réalisés par Rekal ? Au final, Quail sauve le monde (la Terre dans la nouvelle, Mars dans « Total Recall »)…à moins qu’il ne s’agisse d’un fantasme infantile ? Un classique et une superbe réussite de Dick.

Citons aussi « Je vois un homme assis dans un fauteuil, et le fauteuil lui mord la jambe” d’Ellison et Schekley. Les deux trublions de la science-fiction s’associent pour ce texte déjanté dont la dernière ligne constitue une explication logique (hum !) de son titre farfelu. Après une Troisième Guerre Mondiale dévastatrice l’Humanité s’est réfugiée dans des villes souterraines mais, heureusement, la surpopulation a été vaincue grâce à un étrange plancton mutant, surnommé « La Vase », recueillie au fond des océans radioactifs et transformé en nourriture providentielle. Joe Paretti, le héros, reçoit une forte « indemnité de danger » pour le récolter mais, malheureusement, chope une maladie inconnue, dite « d’Ashton », aux symptômes incertains et variables. La situation échappe rapidement à son contrôle tandis que les objets inanimés prennent vie sur son passage. Paretti décide de passer ses derniers jours dans une sorte de paradis de la perversion, un Las Vegas démentiel dans lequel des attrapes-touristes injectent aux demandeurs toutes les aberrations sexuelles envisageables.

Toutes les nouvelles d’Harlan Ellison n’ont pas bien vieilli, certaines ayant manifestement été écrites dans le (seul ?) but de choquer le lecteur de science-fiction « de papy ». Outre son titre imparable, celle-ci, écrite en collaboration avec Sheckley, a étonnamment bien traversé les années. Datée de janvier 1968, elle synthétise les craintes de l’époque (guerre mondiale, surpopulation, pollution, mutations) et aussi les envolées libertaires sixties (usage des drogues généralisé, sexualité débridée,…) en un tout harmonieux, entre satire sociale et SF décalée. Superbe !

Dans les autres réussites citons le court roman (120 pages) « le façonneur » de Roger Zelazny et le plaisant « un affreux pressentiment » de Kuttner & Moore sur le thème classique du « je rêve que je suis éveillé ou je suis éveillé réellement ? ».

Les autres nouvelles, sans doute moins marquantes (c’est évidemment subjectif) n’en reste pas moins plaisante et cette anthologie mérite donc, comme toutes les autres de cette prestigieuse collection, la lecture.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 5 Novembre 2019

LE MYSTERIEUX Dr XHATAN d'Henri Vernes

Ce personnage haut en couleurs (hum !) de Xhatan était apparu dans le précédent OPERATION WOLF à la tête d’étranges canidés « truqués ». On le retrouve régnant en despote dans une contrée perdue de Haute Birmanie avec l’aide de divers gadgets dont une étrange lumière verte mortelle qu’il manipule à sa guise. Bien évidemment notre mégalomane super vilain (pléonasme) va trouver sur sa route Bob et Bill qui, capturés, vont feindre de rejoindre les rangs du tyran.

Souvenir ému de Bob Morane, relecture toujours plaisante des années plus tard, il y a peu à ajouter à ce petit roman qui mélange adroitement aventures et science-fiction à la manière d’un serial d’antan. Super vilain, inventions maléfiques, poursuites, captures et évasions,…Sans oublier un Xathan assez bête pour penser pouvoir convertir Bob et Bill à ses plans de domination mondiale.

Rien de novateur mais Henri Vernes cuisine habilement ce récit divertissant à souhait qui s’inscrit sans nul doute parmi les classiques de Bob Morane.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Jeunesse, #science-fiction

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