science-fiction

Publié le 9 Mars 2018

LES OCEANS DU CIEL de Kurt Steiner

André Ruellan (1922 – 2016) alias Kurt Steiner fut un pilier incontournable du Fleuve Noir et un grand romancier populaire qui oeuvra énormément pour les collections Anticipation et Angoisse, sans oublier un dernier tour de piste chez Gore avec GRAND GUIGNOL 36 – 88. On lui doit aussi plusieurs scénarios pour Alan Jessua (« les chiens », « Paradis pour tous »), Jean-Pierre Mocky (« Divine enfant », etc.) et même…Pierre Richard (« Le distrait »). Steiner s’illustra souvent dans le registre du space opera, comme en témoigne ces OCEANS DU CIEL plutôt agréables à parcourir.

A la suite d’une banale querelle, Tiphaine, commandant corsaire, se retrouve à lutter contre le tueur professionnel Roland 42. Les autorités acceptent de fermer les yeux à conditions que les belligérants partent en mission pour évaluer la situation entre Arcturus et Denébola et découvrir pourquoi les vaisseaux spatiaux de la République Stellaire disparaissent dans ce secteur particulier de la galaxie. La mission de Tiphaine le mène jusqu’à la mystérieuse planète Eralbée et ses redoutables araignées tueuses…

« Ils nous voulaient vivants et ne savaient pas que nous les voulions morts » ! Les terriens défendent chèrement leur peau dans ce récit épique (pourtant condensé sur 150 pages) qui rappellent les meilleures histoires de pirates d’antan. Sauf que ces corsaires d’un genre nouveau parcourent à présent non plus les sept mers mais bien les immensités glacées de l’espace, ces vastes océans du ciel, où se rencontrent des extraterrestres étranges combattus à coups d’armes hautement sophistiquées.

Voici du bon space opéra à l’ancienne (mais encore tout à fait lisible aujourd’hui) qui privilégie l’action échevelée (peut-être un peu trop, l’auteur a le souci de créer un ensemble cohérent mais dans lequel il n’est pas toujours aisé de se retrouver), les rencontres avec des formes de vie (souvent hostiles) étonnantes et les idées originales, comme ces belles extraterrestres qui se reproduisent en…toussant. Steiner laisse peu de place à la psychologie ou aux palabres et le rythme, élevé, permet de ne pas s’ennuyer quoiqu’on n’échappe pas à certains clichés comme cette supériorité des Terriens, lesquels résolvent tous les problèmes et empêchent un conflit galactique. Ce sont les plus beaux, les plus forts, les plus malins,…et à la fin la belle princesse extraterrestre tombe même dans les bras virils du héros. Ne soyons pas trop sévères, ces clichés se retrouvaient chez les plus grands (Hamilton, Vance,…) ou dans les séries télé comme « Star Trek ». A vrai dire on est même assez proche de « Star Wars » qui ne sortira, pourtant, que dix ans après la rédaction de ce roman dans lequel on assiste également à quelques morceaux de bravoure comme un affrontement entre les Terriens et des araignées directement inspirés par STARSHIP TROOPERS. Si la seconde partie du roman se montre moins convaincante que les débuts (l’auteur, pressé par le temps et la pagination devant avancer un peu trop rapidement vers sa conclusion un brin expédiée), LES OCEANS DU CIEL reste un très honnête space opera à la française.

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Publié le 7 Mars 2018

LES MURAILLES DE L’ANGOISSE de Don Seabury (Richard D. Nolane) et Terence Corman

 

Deuxième tome pour l’éphémère collection « Apocalypse » de Media1000, éditeur spécialisé dans le porno tenté, à la fin des années ’80, par une plongée dans l’horreur bien saignante dans la lignée de « Gore » ou « Maniac ». Derrière cette série en six tomes se cachent Richard D. Nolane (alias Don Seabury) et divers auteurs (Pierre Bénichou, Michel Pagel, Honaker, etc.) qui proposent des récits assez basiques, proches de la saga LE SURVIVANT éditée chez Gérard DeVilliers, à savoir du post nuke plein d’action et de gore vomitif, le tout dans une ambiance de western post nucléaire ultra brutal. L’érotisme, par contre, se montre assez restreint, les auteurs se contentant de saupoudrer d’une pincée de sensualité leurs histoires avant tout basées sur la barbaque.

Ici, nous suivons une troupe de survivants, menés par Cynthia Parker, décidé à enquêter sur l’enclave protégée de Las Vegas, laquelle se trouve en manque d’eau. Norton, le super agent au service (de ce qui reste) du monde libre, est envoyé retrouver une Cynthia disparue tandis que les mutants cannibales assiègent les rescapés.

« Apocalypse » s’est de la vraie bonne (hum !) littérature de gare (et de gore) qui ne fait jamais dans la dentelle fine mais se contente de balancer la purée à un lecteur avide d’ultra violence sanglante. En 150 pages, les écrivains, chapeautés par Richard D. Nolane (du moins pour les quatre premiers tomes), accumulent les scènes plaisantes pour l’amateur : tortures, viols, massacres en tout genre, étripages dégueulasses, cannibalisme, etc. Bref, ça défouraille sévèrement, à coup de descriptions répugnantes (sans aller jusqu’à l’ignominie d’un Necrorian chez Gore) et de scènes d’action rentre-dedans.

Ce deuxième tome, un poil moins trash que le premier, se situe dans une Las Vegas futuriste, ceinte de hautes murailles derrière lesquelles se sont retranché une poignée de nantis qui, faute de télévision, se repaissent de spectacles sanglants : écartèlement en place publique, lapidation,…Dehors règnent les mutants cannibales au corps dévoré par les radiations tandis qu’un savant fou effectue des expériences de clonages délirantes. Bref, du pur « post nuke » à l’italienne mâtiné d’une ambiance à la « Zombie » (ou plus encore au postérieur « Land of the dead ») avec des personnages très schématiques : le maire qui désire coute que coute garder le pouvoir, l’agent Norton qui se fiche de tout sauf de son fils, le grand méchant qui souhaite détruire le peu de civilisation subsistant sur la terre.

A réserver aux amateurs de littérature populaire sanguinolente, « Apocalypse » flatte joyeusement les bas instincts du lecteur et permet de passer un bon moment à condition de savoir à quoi s’en tenir. On en reprendrait même volontiers une petite louche (d’hémoglobine) et, heureusement, il reste quatre tomes à s’enfiler.

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Publié le 2 Mars 2018

ACTION COMICS REBIRTH VOLUME 1: PATH OF DOOM

Action comics retrouve, lui aussi, sa numérotation originelle à l’occasion du rebirth, la Distinguée concurrence ayant manifestement un N°1000 à célébrer en ligne de mire. Avec le N°957 débute un arc plaisant et riche en surprise, quoique certains passages soient manifestement forcés et peu convaincants. Ainsi, Lex Luthor, après la mort de Superslip, décide d’assumer l’héritage du Kryptonien et se fabrique une nouvelle armure qui lui donne d’immense pouvoir. Après avoir récupéré la cape du défunt, Super Lex commence à agir en véritable héros. Cependant, méfiant, le Superman d’un monde parallèle, caché sur terre en compagnie de son épouse, Lois Lane, et de son fils, Jonathan, se persuade que Luthor magouille quelque chose. Aussitôt Superman se rase la barbiche et s’en va bastonner Super Lex sans la moindre raison. Heureusement, ou malheureusement, débarque un nouvel adversaire tout-puissant, l’invincible Doomsday, qui obligent les deux adversaires à se réconcilier. Mais un autre personnage surgit également et remet en question les certitudes de tout ce petit monde : Clark Kent, bien vivant et apparemment dénué de super pouvoirs !

ACTION COMICS REBIRTH VOLUME 1: PATH OF DOOM

Contrairement au médiocre rebirth de la JUSTICE LEAGUE, ces épisodes prouvent qu’il est possible de proposer un récit intéressant essentiellement basé sur des affrontements homériques. Car, entre les séquences de destructions massives, les auteurs n’oublient pas de raconter une histoire, de mettre en avant les relations entre les différents protagonistes et d’offrir suffisamment de questions pour donner au lecteur l’envie de découvrir la suite du récit.

Si certains passages « baston d’abord, discutons plus tard » paraissent n’exister que pour maintenir le quota (élevé) d’action, le tout fonctionne agréablement et se suit avec un réel plaisir. Au final, ce comics réussit la synthèse parfaite entre la modernité et un côté old school assumé.

Pour l’instant Action Comics s’impose comme une des meilleures surprises de la période rebirth. Nous sommes impatients de lire les prochains développements afin d’obtenir les réponses aux nombreuses questions laissées en suspens par ce premier arc aussi divertissant qu’intriguant.

Contenu : Action Comics #957-962 (disponibles en français dans les mensuels Justice League Rebirth)

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #DC, #Superman

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Publié le 1 Mars 2018

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge
COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

Vernor Vinge a déjà reçu deux fois le prix Hugo pour ses monumentaux space opéra UN FEU SUR L’ABIME et AUX TREFONDS DU CIEL. En 2004, il obtient à nouveau la récompense enviée du meilleur roman mais, cette fois, dans la catégorie du « roman court ». COOKIE MONSTER, en une centaine de pages, s’avère donc une belle manière de découvrir cet auteur phare de la science-fiction contemporaine.

Nous suivons la vie, pas toujours folichonne, de Dixie Mae, laquelle vient d’être engagée au service-client de la plus grosse compagnie de nouvelles technologies de la Silicon Valley, Lotsa Tech. Cependant, rapidement, elle reçoit un courriel agressif contenant de nombreux détails intimes qu’elle seule peut, en théorie, connaitre. En compagnie de son collègue Victor, la jeune femme part à la recherche de l’auteur du mystérieux message et découvre une réalité incroyable.

Récit hard science mâtiné de cyber punk (ou vice-versa), COOKIE MONSTER s’avère étonnamment abordable et digeste en dépit des thématiques scientifiques ardues abordées. Revisitant les contes de fées (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et LE MAGICIEN D’OZ en particulier) en les plongeant dans un bain de technologies, d’anticipation et d’intelligence artificielle, Vinge offre un tableau très crédible et prophétique d’un futur déshumanisé qui semble, plus que jamais, terriblement proche.

L’auteur jongle ainsi avec divers concepts et ouvre des perspectives philosophiques certes classiques (un amusant dialogue – à coup de référence à des textes science-fictionnels antérieurs plus ou moins célèbres - démontre d’ailleurs que l’idée n’est pas neuve) mais toujours pertinentes qui visent, au final, à définir l’humain.

La question éternelle du cyberpunk (y a-t-il un ghost in the machine ?) sous-tend ce texte à la fois rythmé, divertissant et profond qui rappelle à la fois l’excellent roman SIMULACRON 3 et la trilogie « The Matrix », pour ne citer que deux références bien connues des amateurs. Mais Vinge aborde aussi les thèses transhumaniques ou se réfère à la théorie de Moore (laquelle postule un doublement de la puissance des ordinateurs tous les 18 mois) qui conduisent certains à penser que, dans moins de 20 ans, l’intelligence artificielle aura définitivement pris le pas sur l’Homme.

En dire davantage ruinerait une partie des surprises proposées par ce récit court mais diablement intelligent et ponctué de diverses révélations jusqu’à une fin à la fois ouverte et vertigineuse. Ajoutons que Vinge donne plus de profondeur à son intrigue et de consistance à ses personnages en 100 pages que certains romanciers en plusieurs centaines. Bref, COOKIE MONSTER est hautement conseillé pour deux heures de grande science-fiction ! Un prix Hugo (pour une fois !) incontestablement mérité.

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

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Publié le 23 Février 2018

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Ce recueil comprend deux arcs assez courts liés entre eux puisque le premier a des conséquences sur le second. La première histoire, assez rapidement expédiée sur deux numéros, concerne l’infestation de la Ligue de Justice par la peur. La Ligue finit par maitriser la menace avec l’aide de la nouvelle Green Lantern, Jessica. On reparle aussi de leurs précédents adversaires, les Semblables, dont les attaques ont laissé des traces. Au final, beaucoup de blessés mais un seul décès (peu crédible évidemment). Or, peu après, les membres de la Ligue sont attaqués par une sorte de virus informatique. Lorsqu’il apparait que le mari de la défunte est un hacker de génie ce-dernier devient, forcément, le principal suspect. Mais est-ce bien lui le coupable ?

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Voici donc deux arcs assez classiques : si le premier se montre peu passionnant le second s’avère plus intéressant avec cette menace mystérieuse qui s’en prend à la Ligue. Bien sûr le suspect, rapidement identifié, n’est pas coupable, il voulait seulement jouer les Robin des Bois en prenant un peu d’argent à Luthor et Wayne pour aider les victimes des destructions causées par la Ligue. Le twist se voit d’ailleurs à des kilomètres. La dernière partie se limite à un gros affrontement entre la Ligue et une armée de super vilains appâtés par la perspective d’obtenir la fortune combinée de Luthor et Wayne.

Rien de bien neuf surtout que les méchants en question manquent d’ampleur : à part Amazo nous avons droit aux seconds couteaux (Verglas ressemble à un ersatz de Captain Cold) ou à de la figuration (L’Epouvantail peut effrayer à Gotham mais contre la Ligue il ne fait clairement pas le poids. Et en parlant de poids Giganta ne sert toujours clairement à rien) mais le tout se laisse cependant lire avec plaisir si on accepte le postulat « blockbuster » d’un récit que l’on eut aimé un peu plus profond et travaillé. En effet, la confrontation des membres de la Ligue avec leurs peurs cachées puis le retournement de leurs armes suite à l’infestation informatique (avec une attaque des systèmes de sécurités de la batcave) pouvait donner lieu à un récit plus intéressant que la simple « grosse baston ». Mais le scénariste, empêtré dans ses travers (le « toujours plus »), ne peut se permettre de passer trop de temps sur l’intrigue proprement dite puisqu’il doit fournir son quota de « destruction porn » (la moitié de la pagination abuse du pif paf) illustrées de manière correcte par les différents dessinateurs même si on remarque un manque de précision dans les décors et personnages d’arrière-plan souvent à peine esquissés.

Les fondamentaux sont néanmoins de la partie (Batman et Superslip s’empoignent…quelle originalité !), quelques notations s’avèrent sympathiques (l’incapacité de Flash à s’adapter à un monde qu’il juge trop lent, les doutes de Jessica) mais les maladresses sont présentes (la conclusion des deux arcs est bien trop rapide) et certains dialogues sonnent vraiment faux (Aquaman qui s’exclame en plein combat devant un Simon dépassé par son anneau « ce ne serait pas arrivé à Hal Jordan » bonjour la camaraderie !) mais la présentation des personnages humains reste correcte. La famille endeuillée, par exemple, est crédible avant l’arrivée d’un délire à base de hacking et de virus informatique surpuissant.

 

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Tout ça ne vole pas bien haut mais, au final, cette deuxième salve pour la Justice Leage renaissance demeure un bon « blockbuster » super héroïque qui assure sa mission de divertissement explosif. Il ne faut pas en attendre davantage sous peine d’être déçu.

 

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Publié le 22 Février 2018

L'ARME DE NULLE PART (LES LOUPS DES ETOILES TOME 1) d'Edmond Hamilton

Les Loups des Etoiles sont de terribles pirates de l’espace craints dans toute la galaxie. Morgan Chane, le seul Loup d’origine terrienne, a été élevé sur leur monde, Varna. Cependant il se voit contraint de les fuir après avoir tué un de ses « camarades ». Dès lors, Chane, traqué, vivra de nombreuses aventures en compagnie de mercenaires terriens pris dans un conflit galactique.

Archétype du space-opéra, les trois volumes des « Loups des Etoiles » ont été écrits par un des grands créateurs du genre, Edmond Hamilton (1904 – 1977), dont les premiers récits publiés datent de 1926 et qui a livré la quintessence de l’aventure spatiale échevelée avec l’excellent LES ROIS DES ETOILES dès 1949. On lui doit également une quinzaine de bouquins mettant en scène le fameux Capitaine Future (alias Flam) et de nombreux épisodes de « Batman », « Superman », « La légion des super héros » mais c’est une autre histoire.

Avec cette saga, rédigée à la fin des sixties, Hamilton ouvre clairement la voie à STAR WARS en proposant des baroudeurs de l’espace en butte à différentes menaces dont un gigantesque vaisseau et de nombreux extra-terrestres originaux. Alors, évidemment, la technologie est déjà en partie dépassée (ces « ordinateurs cliquetants » et ces « rapports imprimés »), les rebondissements sont relativement attendus mais, dans l’ensemble, le lecteur passe un bon moment avec cette ARME DE NULLE PART. La brièveté du roman constitue d’ailleurs un bon point : 200 pages bien tassées divisées en une vingtaine de courts chapitres. L’écriture est sans fioriture mais le style très correct, très professionnel. Hamilton avait, à l’époque, atteint sa maturité littéraire et on sent clairement son métier, forgé par des dizaines de romans

De leur côté les personnages sont sympathiques, brossés de manière rudimentaire mais avec quelques intéressantes réflexions qui leur donnent une réelle humanité. Ce sont certes des héros dans la grande tradition du pulp mais ils s’avèrent plus faillibles et mieux dessinés que de coutume.

Un peu daté, quelque peu linéaire, L’ARME DE NULLE PART demeure un honnête space-opéra à l’ancienne qui se lit avec plaisir en une soirée. A l’heure des pavés de centaines de pages parfois pas beaucoup plus originaux ou intéressants l’œuvre d’Hamilton se redécouvre avec intérêt au point que l’on ne tardera pas trop à embrayer sur le deuxième volet de la trilogie.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Golden Age, #Space Opera

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Publié le 20 Février 2018

STAR WARS - DOCTOR APHRA TOME 1 de Kieron Gillen et Kevin Walker

Personnage secondaire découverte dans le comics DARK VADOR, le docteur Aphra s’est rapidement imposée comme la nouvelle venue la plus sympathique du nouvel univers étendu. Sorte de croisement entre Indiana Jones et Han Solo au féminin, la belle archéologue n’hésite jamais à tromper son monde ou à trahir ses amis pour assurer son profit. Vu sa popularité, rien d’étonnant à ce que la demoiselle ait droit à sa série personnelle suite à la conclusion de DARK VADOR.

Alors que le seigneur noir la croit morte, Aphra peut voler (dans les deux sens du terme) de ses propres ailes. Notre archéologue de charmes, escortées d’un redoutable wookie, Krsssantan le Noir, et de deux droïdes meurtriers, Triple Zero et BT, vit donc des aventures diverses un peu à l’écart de l’Empire et de la Rébellion. Déchue de son doctorat en archéologie après la découverte de sa tricherie aux examens, la jeune femme se voit dans l’impossibilité de refourguer les antiquités qu’elle a dérobé. Une catastrophe pour notre voleuse. Heureusement, elle est contactée par son père à la recherche de l’Ordu Aspectu, des Jedi dissidents en quête de l’immortalité. Papa veut retrouver leur forteresse cachée et Aphra va l’escorter sur une lune insignifiante où l’Empire installe ses forces afin de fondre sur les rebelles.

A cette intrigue pleine de rebondissements, le récit ajoute quelques clins d’oeils amusants. Ainsi Aphra et son papa se retrouvent sur une lune sans aucun intérêt sur laquelle les Impériaux se sont installés. Il s’agit évidemment de Yavin IV. Peu après le paternel s’étonne de la réalité de l’Etoile Noire : pour lui il ne peut s’agir que d’un canular : « on parle un jour d’une machine capable de détruire une planète et le lendemain elle est détruite ». En effet, ça ne parait pas très sérieux.

STAR WARS - DOCTOR APHRA TOME 1 de Kieron Gillen et Kevin Walker

Ce premier tome alterne l’intimiste, le fun (le récit d’un même événement raconté de manière très « peace and love » par le paternel puis par Aphra elle-même de façon bien plus brutale), le décalé (avec les commentaires toujours aussi ironiques de Triple Zero, droïde psychopathe obsédé par la torture qui constitue la version démoniaque de l’affable C3PO) et l’action pure. Nous avons ainsi droit à une poignée de bastons efficaces, notamment, à mi-parcours (dans l’épisode 3) un combat inégal entre le chasseur de primes Wookie et les forces impériales complètement dépassées par la sauvagerie de leur adversaire.

De leur côté, les dessins sont, dans l’ensemble, réussis et détaillés, à l’exception de quelques cases privées de véritables arrière-plans et qui, dès lors, paraissent un peu vides. Un petit bémol pour une série sinon fort plaisante à suivre.

Hommage humoristique à deux personnages phares campés par Harrison Ford, ce croisement féminin (et lesbien) entre Han Solo et le Docteur Jones se révèle un petit bol de fraicheur dans l’univers étendu, d’autant qu’en s’éloignant des principaux protagonistes de la saga le scénariste possède les coudées franches pour proposer des récits surprenants et plus innovants que dans les séries phares (STAR WARS et DARK VADOR). Une belle réussite dont on attend la suite avec impatience.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Marvel Comics, #Space Opera, #Star Wars

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Publié le 16 Février 2018

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

La Zone X. Un endroit mystérieux, isolé des gens et du monde. Une expédition y est envoyée, revenant en parlant d’une sorte de paradis. Une seconde est envoyée. Tous ses membres se suicident. Une troisième est envoyée. Tous ses membres s’entretuent. Puis encore une autre. Tous ses membres meurent d’un cancer foudroyant.

Une douzième expédition se rend vers la Zone X. Elle se compose de quatre femmes dont nous ne connaitrons jamais les noms. Une anthropologue, une mathématicienne, une psychologue et une biologiste qui se chargent de raconter ce qu’elles vont découvrir au cœur de cette Zone X.

ANNIHILATION a reçu de nombreux prix et a été adapté en film. Beaucoup de lecteurs l’ont aimé, certains le considèrent déjà comme un petit classique de la science-fiction. Ou plutôt de la « weird fiction » comme ils aiment à le définir, à savoir un mélange de science-fiction, de fantastique, de drame psychologique et d’horreur lovecraftienne. Pourtant c’est un roman extrêmement pénible à lire. En dépit de son nombre de pages réduit le livre tombe littéralement des mains à intervalles réguliers. Sa narration à la première personne ne le rend pas toujours très digeste, ce qu’accentuent une écriture quelconque et des digressions parfois laborieuses ponctuées de réflexions philosophico existentielles pouet pouet du plus mauvais effet.

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

Durant tout son déroulement il est difficile de s’attacher aux personnages, caractérisés de manière (volontairement) schématique et restreints à leur seule fonction (biologiste, psychologue, etc.). Si le mystère fonctionne et donne l’envie de poursuivre la lecture pour en apprendre davantage l’ensemble manque d’émotions pour passionner.

Le dernier tiers s’avère encore plus ennuyeux et parait tourner en rond. La seule motivation du lecteur est alors d’en finir, de savoir ce qu’est cette Zone X. Peine perdue : il est difficile de comprendre où l’auteur veut en venir. On pourrait dire « à rien » puisque la fin, ouverte, ne résout rien. Ce manque de véritable conclusion s’explique (après tout il s’agit du premier tome d’une trilogie – mon dieu…une trilogie !!!) mais laisse une impression désagréable de « tout ça pour ça ».

En dépit de son originalité réelle (on ne peut la nier) et des nombreux prix récoltés (Nebula et Shirley Jackson Award), ANNIHILIATION n’est donc pas, c’est le moins que l’on puisse dire, pleinement convaincant. Cryptique, atmosphérique, intriguant,…mais surtout, osons le dire, incroyablement emmerdant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #science-fiction, #Horreur, #Prix Nebula

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Publié le 12 Février 2018

LES DESERTEURS TEMPORELS de Robert Silverberg

Ecrit en 1967 voici un plaisant roman de science-fiction qui aborde, par la bande, la thématique du voyage dans le temps et des paradoxes temporels.

Nous suivons les pas de Joe Quellen, secrétaire criminel de septième classe (ce qui n’est pas si mal, il peut posséder un appartement d’une pièce) vivant sur la Terre ultra surpeuplée de 2490 dirigée par un invisible Gouvernement Suprême. Quellen, grâce à la téléportation, se réfugie régulièrement en Afrique, dans une zone paradisiaque normalement réservée aux plus hautes instances (la deuxième classe). Cette infraction l’oblige à payer une somme rondelette à un de ses collègues, apprenti maitre chanteur. A cette époque se déroule également un curieux phénomène : des individus, désespérés, « sautent » dans le temps et deviennent des « déserteurs temporels », se réfugiant cinq siècles auparavant. Le fait a été enregistré et il n’est pas question de s’y opposer tant les risques sont grands de détruire le continuum. Après tout le chef suprême de la Terre est peut-être lui-même un lointain descendant d’un de ses « sauteurs ». Pourtant Quellen enquête sur l’étrange organisation clandestine dirigée par un certain Lanoy qui se charge d’expédier dans le passé ses concitoyens. Que fera t’il une fois Lanoy identifié ?

En 190 pages, Silverberg démontre son talent pour offrir un récit rythmé qui brosse un tableau plausible d’un futur possible : la société y est totalement hiérarchisée, chacun appartient à une classe spécifique et le monde, incroyablement surpeuplé en dépit de mesures drastiques, est devenu pour beaucoup quasiment invivable. D’où le succès d’une organisation secrète qui se propose, contre rémunération, d’envoyer se perdre dans le temps les personnes les plus désespérées.

Si beaucoup de détails ont vieillis dans le décorum (la technologie imaginée pour le XXVème siècle parait déjà en grande partie obsolète aujourd’hui), le futur décrit n’en reste pas moins intéressant avec cette planète victime d’une surpopulation effarante et ses habitants répartis dans des classes sociales rigides. Silverberg imagine également des échappatoires possibles offertes aux humains trop cadenassés : religions bizarres, rites érotiques particuliers (des cérémonies de vomissements rituels qui préludent aux orgies), usages des drogues généralisées dans « les palais de l’illusion », prostitution institutionnalisée, etc. Tout semble prévu pour éviter que la bouilloire ne déborde, l’Etat se souciant de proposer des soupapes de sécurité afin d’éviter la révolte.

L’écrivain brosse de beaux portraits, caractérisant avec efficacité mais simplicité son principal protagoniste, un employé administratif de seconde zone tenté par une rébellion mineure (la possession d’un petit jardin africain) qui va lui causer bien du souci durant son enquête sur les « déserteurs temporels ». Les personnages secondaires, eux aussi, sont intéressants, comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de pondre des pavés de 1000 pages pour rédiger un roman à la fois intelligent et divertissant.

Proche dans ses thématiques d’autres romans de l’écrivain comme LES DEPORTES DU CAMBRIEN ou LES TEMPS PARALLELES (ce dernier proposé dans le même recueil « Time Opera »), LES DESERTEURS TEMPORELS constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers d’un des géants de la science-fiction américaine.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Dystopie

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Publié le 7 Février 2018

L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress
L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress

Dans un futur proche, la recherche en génétique permet l’amélioration des humains et, dès la conception, certains parents choisissent de modifier leurs enfants pour créer des « mutants » supérieurs. Bien sûr, le coût en est si élevé que peu de parents peuvent se le permettre. Le milliardaire Roger Camden y a recourt pour une intervention encore très rare et controversée, la suppression du sommeil. Son épouse accouche donc de Leisha, une Non Dormeuse, mais également d’une jumelle n’ayant pas subi la manipulation génétique, Alice. Disposant de huit heures supplémentaires par jour pour étudier et travailler, Leisha, comme toutes les Non Dormeurs, apprend et progresse plus vite qu’Alice et que tous les enfants Dormeurs. Il apparait également que les Non Dormeurs possèdent une longévité bien plus élevée que celle des humains normaux. Bientôt, l’émerveillement laisse place à la peur et à la haine devant cette minorité à qui tout réussi…

Vainqueur du prix Hugo du meilleur roman court (ou « novella »), ce récit s’intéresse évidemment au lien qui unit les deux sœurs si proches et si différentes, l’une avançant dans l’existence plus rapidement que l’autre. L’écrivain ponctue aussi son texte de considérations sociologiques et philosophiques illustrées, par exemple, par la problématique des « mendiants en Espagne » : si on est prêt à donner un dollar à un mendiant ou même à cinq il devient impossible de donner un dollar à cent mendiants. Et dans ce cas, qu’est ce qui les empêche de prendre de force ce qui leur est « dû ». Mais n’y a-t-il vraiment que des mendiants en Espagne ?

Subtilement, Nancy Kress, déjà remarquée par son excellente « Trilogie des probabilités » suit un chemin déjà emprunté (notamment dans les comics X Men) et décrit les vexations, le rejet puis la violence subis par les Non Dormeurs que les humains ordinaires considèrent comme privilégiés puisqu’ils disposent d’un « tiers temps » de vie supplémentaire.

L’univers très riche développé par Nancy Kress fut ensuite étendu par le roman BEGGARS IN SPAIN (incluant L’UNE REVE ET L’AUTRE PAS ainsi que trois autre novellas) puis par deux autres romans, BEGGARS AND CHOOSERS et BEGGARS RIDE qui forment la « Beggars trilogy » dite « Sleepless », tous inédits en français.

L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress
L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Prix Hugo, #Prix Nebula, #Roman court (Novella)

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