anticipation

Publié le 7 Août 2018

REMAKE de Connie Willis

Dans un futur proche, à Hollywood, une jeune femme, Alis, rêve de participer à des comédies musicales, à danser et faire des claquettes. Mais les temps ont changés et Hollywood ne produit plus de nouveautés depuis longtemps. On se contente de remakes infographiques. On prend des vieux films, on les digitalise, on les traficote,…Les stars d’antan sont de plus en plus starifiées, Marylin Monroe tourne plein de « nouveaux » films et y donne la réplique à Chaplin, Tom Cruise ou River Phoenix. A condition bien sûr que les avocats des défunts parviennent à s’entendre.

Tom est un de ses spécialistes du remake. Il accepte aussi un boulot bien payé qui consiste à nettoyer toutes ces vieilleries de leur contenus offensants. On coupe les scènes où l’on voit des gens fumer, prendre de la drogue, boire de l’alcool. La pression des groupes de vertu est si forte…Un jour, en visionnant un Fred Astaire datant de 1949, Tom tombe sur Alis. Impossible ? Peut-être pas…

De cette love story classique entre une apprentie actrice et un « censeur virtuel », Connie Willis tire une œuvre très originale et pétrie de références cinématographiques. L’opposition entre la vie dépravée des protagonistes (toujours vautrés dans le sexe, la drogue et l’alcool) et leur boulot de censure (la moindre allusion à ces substances doit être éliminées des films) parait quelque peu excessive mais, au final, l’actualité récente dans le domaine du politiquement correct confère à ce REMAKE (écrit en 1994) une portée prophétique indéniable.

Stars d’antan digitalisée, acteurs virtuels, programmes informatiques, logiciel de montages, effets spéciaux et, bien sûr, copyright (bonjour le pognon !) permettent toutes les innovations et la sortie de nouveaux films qui ne sont, en réalité, que des remakes / relectures modifiés d’anciennes productions complètement oubliées et que plus personne ne regarde. Hollywood applique simplement au média cinéma le principe du sampling musical au point de créer des « œuvres originales » à partir d’éléments épars, collant le visage de la maitresse d’un producteur en vogue sur une comédienne de jadis ou faisant se rencontrer les idoles d’antan pour la plus grande joie des touristes qui viennent ensuite visiter l’usine à rêves.

Lauréate du Locus (dans la catégorie « roman court »), Willis prouve avec cette histoire à la pagination restreinte (200 pages) qu’elle peut livrer de grandes réussites sans s’appesantir sur des centaines de pages (défaut principal de ses titres les plus connus comme SANS PARLER DU CHIEN ou LE GRAND LIVRE).

Une excellente lecture (nominé pour le Hugo) qui combine tous les éléments de la bonne science-fiction : univers spéculatif à la fois différent et très proche du notre, humour, références, intrigue intelligente et conclusion donnant volontiers une coloration merveilleuse (dans le sens du sense of wonder anglo saxon) à une dystopie cyberpunk de haut vol. Chaudement recommandé !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Cyberpunk, #Roman court (novella)

Repost0

Publié le 5 Juillet 2018

2010 - ODYSSEE 2 d'Arthur C. Clarke

Avec cette suite tardive (près de vingt ans se sont écoulés) au roman (et surtout au film puisque l’auteur se base – étonnamment - sur ce-dernier et non pas sur sa version littéraire légèrement différente et surtout fort occultée), Arthur C. Clarke nous ramène dans les étoiles pour un nouveau contact avec les extra-terrestres.

En 2010, le docteur Heywood Floyd, à bord du vaisseau spatial russe Leonov, file vers Jupiter dans le but de rejoindre le Discovery afin de remettre en état l’ordinateur Hal 9000, responsable de l’échec de la mission précédente. Floyd et ses collègues doivent également étudier un immense artefact alien, réplique gigantesque du fameux monolithe noir découvert sur la lune neuf ans auparavant. Mais un événement cosmique d’une ampleur sans précédent s’apprête à avoir lieu…

Plus classique, plus linéaire et conforme aux attentes des lecteurs férus d’explorations spatiales que le précédent volet, 2010 ODYSSEE 2 se montre également – et logiquement – plus explicatif sur les événements décrits. Au risque, parfois, de se montrer ennuyeux, notamment lors du très descriptif chapitre consacré au retour de l’enfant des étoiles Dave Bowman. Clarke reprend également des théories classiques (celle, par exemple, des « Ingénieurs » venus ensemencer la Terre, idée reprise ensuite dans le film « Prometheus ») et les développe avec une certaine lourdeur.

Le premier roman apparaissait déjà plus explicatif que sa version cinématographique aussi n’était-il sans doute pas nécessaire d’en reprendre de longs passages et d’y ajouter encore une nouvelle couche d’éclaircissements. Le lecteur est ainsi pris par la main, comme si Clarke craignait de le désorienter…étrange tant la lecture de 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE rendait déjà limpide les passages les plus abscons du film de Kubrick. Bref, cette deuxième odyssée n’apporte finalement pas grand-chose à la mythologie établie par Clarke. Toutefois, le tout se lit sans ennui : reste, heureusement, de jolies scènes qui plongent le lecteur dans l’immensité spatiale et lui offrent l’émerveillement souhaité. Reste aussi un final intéressant où l’humanité – minuscule en regard de l’immensité de l’univers – se confronte à une puissance si étrangère qu’elle apparait forcément comme divine et omnipotente.

Une adaptation cinématographique très réussie et sous-estimée (car sans cesse comparée au Kubrick) vit le jour en 1984, ajoutant un élément important de tension, à savoir la menace d’une guerre nucléaire mondiale entre la Russie et les Etats-Unis. Par contre, les tentatives chinoises pour prendre de vitesse les deux super puissances en envoyant vers la planète géante leur propre vaisseau seront, elles, élaguées. De plus, le long-métrage supprimera les problèmes conjugaux d’Heywood et sa rupture avec son épouse restée sur Terre, rendant l’ensemble plus tendu tout en proposant, en outre, de fabuleuses scènes spatiales aux effets spéciaux encore magnifiques après plus de trois décennies. Bref, le scénario de 2001 se reproduit avec cette séquelle : un roman honnête et plaisant transcendé par son adaptation pour les salles obscures.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 23 Mai 2018

PETIT FRERE de Christophe Lambert

Dans ce roman pour les adolescents (mais qui peut s’apprécier à tout âge), Christophe Lambert mélange deux thèmes très actuels, les sectes et les possibilités (et dangers) du clonage, qu’il avait déjà abordé dans le très réussi CLONE CONNEXION.

Le point de départ ? Le décès d’un jeune garçon de dix ans, David. Ses parents, Andrew et Geena Martin, inconsolables, donnent leur accord à une expérience de clonage révolutionnaire très couteuse et proscrite par la loi. Le couple et leur fille adolescente, Kimberley, partent donc s’installer dans une étrange communauté, Nouvelle Arkham, où va « naitre » un clone de leur fils décédé, un second David dont la personnalité diffère du premier.

Misant sur des personnages joliment brossés et un récit alerte, sans temps mort, le romancier nous offre une belle réussite de la science-fiction spéculative. Il injecte une réelle profondeur à son intrigue sans toutefois verser dans le prêchi-prêcha, dégraissant au maximum afin de ne jamais ennuyer le lecteur. Les plus curieux pourront toutefois trouver quelques pistes de réflexion supplémentaire grâce aux intéressantes notes reléguées à la fin de de l’ouvrage. Les mécanismes d’endoctrinement, l’apprentissage du clone, les liens avec l’actualité (et les déclarations des raeliens concertant le clonage des disparus) contribuent à rendre l’ensemble extrêmement plaisant.

On trouve également dans ce roman l’un ou l’autre clins d’oeils, notamment aux « théories » de Lovecraft matérialisées par la dénomination référentielle de cette communauté sectaire : la nouvelle Arkham.

Faisant légèrement penser au chef d’œuvre « Artificial Intelligence » de Spielberg, ce court roman remplit parfaitement son but de divertissement intelligent, bien écrit et suffisamment rythmé pour tenir en haleine jusqu’aux toutes dernières lignes. Une nouvelle réussite pour Lambert !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Jeunesse, #Christophe Lambert

Repost0

Publié le 4 Mai 2018

2001 ODYSSEE DE L'ESPACE de Arthur C. Clarke

Pour le grand public, 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE reste sans doute le plus célèbre roman d’Arthur C. Clarke. Rappelons que Stanley Kubrick souhaitait réaliser un grand film de science-fiction épique et qu’il finit par puiser sa source d’inspiration dans une nouvelle de Clarke, publiée en 1951, « La sentinelle ». A partir de cette base Clarke et Kubrick rédigent un scénario dont l’écrivain tire parallèlement un roman édité peu après la sortie du long-métrage.

Le récit se veut plausible et réaliste quoique l’auteur prévienne dès l’introduction : « il s’agit d’une fiction et la vérité sera bien plus étrange ». Le roman, assez court (188 pages) se divise en six chapitres de longueur à peu près égale. Nous commençons notre voyage aux temps préhistoriques, durant « la nuit ancestrale », où un homme-singe, Guetteur de Lune, entre en contact avec un monolithe transparent qui lui envoie d’étranges images mentales : la frustration apparait dans l’esprit de Guetteur de Lune qui décide d’utiliser des outils pour affronter un léopard puis le chef d’une tribu rivale. L’Homme a appris à maitriser son environnement : il « était maître du monde et il n’était pas sûr de ce qu’il devait faire. Mais il lui viendrait bien une idée ».

Nous allons ensuite rencontrer le Dr Heywood Floyd en route pour la base lunaire Clavius, placée en quarantaine suite à une probable épidémie. En réalité, cette mise au secret est justifiée par une découverte au centre du cratère Tycho dénommé AMT 1 (pour Anomalie Magnétique de Tycho N°1) : un monolithe noir parallélépipédique dont les dimensions obéissent très exactement au rapport 1 / 4 / 9 (le carré des 3 premiers nombres premiers). L’Homme vient de découvrir la preuve de l’existence d’une vie extraterrestre et l’objet lance un flux d’énergie en direction des étoiles.

Toutes les analyses, toutes les tentatives pour déterminer l'origine ou la nature de cet « objet » se sont révélées infructueuses. Aucune des hypothèses faites à son sujet n’est totalement satisfaisante. C’est un mystère total. Mais des certitudes existent : le monolithe n’est pas d’origine humaine et il a été enfoui il y a trois millions d’années. Lorsque Floyd se rend sur place pour le voir de ses propres yeux, il ne peut rien conclure d’autre.

Quelques temps plus tard un voyage spatial « entre les planètes » est organisé : la vie routinière de David Bowman et Frank Poole est perturbée par la rébellion de l’ordinateur de bord Carl 9000, normalement incapable de la moindre erreur. Après avoir « accidentellement » tué Poole et les trois membres de l’équipage encore en hibernation, l’ordinateur est déconnecté par Bowman. Celui-ci continuera son voyage vers Saturne et franchira la « Porte des Etoiles » pour aboutir à un autre monde en ne laissant à la Terre, en guise d’ultime message, qu’un mystérieux « Oh ! Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles ! »

Si le roman et le film sont similaires (il existe de menues différences mais celles-ci sont insignifiantes sur le déroulement du récit), le livre se montre plus explicatif que sa version cinématographique, offrant quelques réponses supplémentaires à ceux qui trouvaient la réalisation de Kubrick trop absconse. Toutefois, 2001 (le livre) se montre un peu trop descriptif pour que l’ennui ne pointe pas à l’une ou l’autre reprise, surtout lorsqu’on a vu (et revu) son adaptation cinématographique. Il constitue cependant un honnête complément au long métrage dont il éclaire certaines zones d’ombre pour les plus cartésiens. Mais, d’un point de vue purement littéraire, nous sommes loin des plus grandes réussites de Clarke et de l’émerveillement suscité par ses classiques comme, par exemple, RENDEZ VOUS AVEC RAMA. A découvrir néanmoins pour les amateurs de science-fiction qui voudront prolonger le voyage avec ses trois suites qualitativement supérieures.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Arthur C. Clarke

Repost0

Publié le 27 Mars 2018

RENDEZ-VOUS AVEC MEDUSE d'Arthur C. Clarke

Cette novella d’Artur C. Clarke, originellement publiée dans Playboy, remporta en 1972 le Nebula Award. Bien plus tard, en 2016, Alastair Reynolds et Stephen Baxter lui donnèrent une suite, sous forme de roman, avec THE MEDUSA CHRONICLES.

Howard Falcon est le capitaine d’un nouveau dirigeable expérimental, le Queen Elizabeth IV, qui, tel le Hindenburg un siècle et demi plus tôt, s’écrase lors de son vol d’essai au-dessus du Grand Canyon. Falcon, grièvement blessé, demande, quelques années plus tard, à explorer l’atmosphère de Jupiter. L’expédition découvre ainsi l’existence d’étranges formes de vie, des sortes de raies-mantas et une gigantesque créature ressemblant à une méduse.

Clarke joue ici la carte du mystère et de l’étrangeté : comment aborder l’atmosphère jovienne qui semble, par essence, impossible à explorer de manière conventionnelle ? Le romancier plonge le lecteur dans les nuages chargés de gaz, au cœur des tempêtes électriques, et le guide vers la découverte d’une forme de vie radicalement différente, tout comme il le fera plus tard dans son classique RENDEZ VOUS AVEC RAMA.

Certains passages de la nouvelle annonce aussi les différentes séquelles données par Clarke à son fameux 2001 et, en particulier, l’excellent 2010 écrit une dizaine d’années après ce RENDEZ VOUS AVEC MEDUSE.

Le récit mélange avec un certain bonheur hard science (Clarke décrit avec soin l’équipement nécessaire à ce voyage vers Jupiter) et sense of wonder (les extra-terrestres sont très originaux) tout en y ajoutant quelques touches plus spéculatives sur le devenir de l’homme lors d’une conclusion surprenante empreinte de questionnement un brin philosophique.

Récompensée par le Nebula, voici donc un court roman (également connu sous le titre FACE A FACE AVEC MEDUSE) de belle tenue qui se lit avec beaucoup de plaisir et d’émerveillement. Une réussite supplémentaire pour celui qui fut, sans contestation possible, un des plus grands auteurs de science-fiction du XXème siècle.  

 

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 9 Mars 2018

LES OCEANS DU CIEL de Kurt Steiner

André Ruellan (1922 – 2016) alias Kurt Steiner fut un pilier incontournable du Fleuve Noir et un grand romancier populaire qui oeuvra énormément pour les collections Anticipation et Angoisse, sans oublier un dernier tour de piste chez Gore avec GRAND GUIGNOL 36 – 88. On lui doit aussi plusieurs scénarios pour Alan Jessua (« les chiens », « Paradis pour tous »), Jean-Pierre Mocky (« Divine enfant », etc.) et même…Pierre Richard (« Le distrait »). Steiner s’illustra souvent dans le registre du space opera, comme en témoigne ces OCEANS DU CIEL plutôt agréables à parcourir.

A la suite d’une banale querelle, Tiphaine, commandant corsaire, se retrouve à lutter contre le tueur professionnel Roland 42. Les autorités acceptent de fermer les yeux à conditions que les belligérants partent en mission pour évaluer la situation entre Arcturus et Denébola et découvrir pourquoi les vaisseaux spatiaux de la République Stellaire disparaissent dans ce secteur particulier de la galaxie. La mission de Tiphaine le mène jusqu’à la mystérieuse planète Eralbée et ses redoutables araignées tueuses…

« Ils nous voulaient vivants et ne savaient pas que nous les voulions morts » ! Les terriens défendent chèrement leur peau dans ce récit épique (pourtant condensé sur 150 pages) qui rappellent les meilleures histoires de pirates d’antan. Sauf que ces corsaires d’un genre nouveau parcourent à présent non plus les sept mers mais bien les immensités glacées de l’espace, ces vastes océans du ciel, où se rencontrent des extraterrestres étranges combattus à coups d’armes hautement sophistiquées.

Voici du bon space opéra à l’ancienne (mais encore tout à fait lisible aujourd’hui) qui privilégie l’action échevelée (peut-être un peu trop, l’auteur a le souci de créer un ensemble cohérent mais dans lequel il n’est pas toujours aisé de se retrouver), les rencontres avec des formes de vie (souvent hostiles) étonnantes et les idées originales, comme ces belles extraterrestres qui se reproduisent en…toussant. Steiner laisse peu de place à la psychologie ou aux palabres et le rythme, élevé, permet de ne pas s’ennuyer quoiqu’on n’échappe pas à certains clichés comme cette supériorité des Terriens, lesquels résolvent tous les problèmes et empêchent un conflit galactique. Ce sont les plus beaux, les plus forts, les plus malins,…et à la fin la belle princesse extraterrestre tombe même dans les bras virils du héros. Ne soyons pas trop sévères, ces clichés se retrouvaient chez les plus grands (Hamilton, Vance,…) ou dans les séries télé comme « Star Trek ». A vrai dire on est même assez proche de « Star Wars » qui ne sortira, pourtant, que dix ans après la rédaction de ce roman dans lequel on assiste également à quelques morceaux de bravoure comme un affrontement entre les Terriens et des araignées directement inspirés par STARSHIP TROOPERS. Si la seconde partie du roman se montre moins convaincante que les débuts (l’auteur, pressé par le temps et la pagination devant avancer un peu trop rapidement vers sa conclusion un brin expédiée), LES OCEANS DU CIEL reste un très honnête space opera à la française.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 7 Mars 2018

LES MURAILLES DE L’ANGOISSE de Don Seabury (Richard D. Nolane) et Terence Corman

 

Deuxième tome pour l’éphémère collection « Apocalypse » de Media1000, éditeur spécialisé dans le porno tenté, à la fin des années ’80, par une plongée dans l’horreur bien saignante dans la lignée de « Gore » ou « Maniac ». Derrière cette série en six tomes se cachent Richard D. Nolane (alias Don Seabury) et divers auteurs (Pierre Bénichou, Michel Pagel, Honaker, etc.) qui proposent des récits assez basiques, proches de la saga LE SURVIVANT éditée chez Gérard DeVilliers, à savoir du post nuke plein d’action et de gore vomitif, le tout dans une ambiance de western post nucléaire ultra brutal. L’érotisme, par contre, se montre assez restreint, les auteurs se contentant de saupoudrer d’une pincée de sensualité leurs histoires avant tout basées sur la barbaque.

Ici, nous suivons une troupe de survivants, menés par Cynthia Parker, décidé à enquêter sur l’enclave protégée de Las Vegas, laquelle se trouve en manque d’eau. Norton, le super agent au service (de ce qui reste) du monde libre, est envoyé retrouver une Cynthia disparue tandis que les mutants cannibales assiègent les rescapés.

« Apocalypse » s’est de la vraie bonne (hum !) littérature de gare (et de gore) qui ne fait jamais dans la dentelle fine mais se contente de balancer la purée à un lecteur avide d’ultra violence sanglante. En 150 pages, les écrivains, chapeautés par Richard D. Nolane (du moins pour les quatre premiers tomes), accumulent les scènes plaisantes pour l’amateur : tortures, viols, massacres en tout genre, étripages dégueulasses, cannibalisme, etc. Bref, ça défouraille sévèrement, à coup de descriptions répugnantes (sans aller jusqu’à l’ignominie d’un Necrorian chez Gore) et de scènes d’action rentre-dedans.

Ce deuxième tome, un poil moins trash que le premier, se situe dans une Las Vegas futuriste, ceinte de hautes murailles derrière lesquelles se sont retranché une poignée de nantis qui, faute de télévision, se repaissent de spectacles sanglants : écartèlement en place publique, lapidation,…Dehors règnent les mutants cannibales au corps dévoré par les radiations tandis qu’un savant fou effectue des expériences de clonages délirantes. Bref, du pur « post nuke » à l’italienne mâtiné d’une ambiance à la « Zombie » (ou plus encore au postérieur « Land of the dead ») avec des personnages très schématiques : le maire qui désire coute que coute garder le pouvoir, l’agent Norton qui se fiche de tout sauf de son fils, le grand méchant qui souhaite détruire le peu de civilisation subsistant sur la terre.

A réserver aux amateurs de littérature populaire sanguinolente, « Apocalypse » flatte joyeusement les bas instincts du lecteur et permet de passer un bon moment à condition de savoir à quoi s’en tenir. On en reprendrait même volontiers une petite louche (d’hémoglobine) et, heureusement, il reste quatre tomes à s’enfiler.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 1 Mars 2018

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge
COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

Vernor Vinge a déjà reçu deux fois le prix Hugo pour ses monumentaux space opéra UN FEU SUR L’ABIME et AUX TREFONDS DU CIEL. En 2004, il obtient à nouveau la récompense enviée du meilleur roman mais, cette fois, dans la catégorie du « roman court ». COOKIE MONSTER, en une centaine de pages, s’avère donc une belle manière de découvrir cet auteur phare de la science-fiction contemporaine.

Nous suivons la vie, pas toujours folichonne, de Dixie Mae, laquelle vient d’être engagée au service-client de la plus grosse compagnie de nouvelles technologies de la Silicon Valley, Lotsa Tech. Cependant, rapidement, elle reçoit un courriel agressif contenant de nombreux détails intimes qu’elle seule peut, en théorie, connaitre. En compagnie de son collègue Victor, la jeune femme part à la recherche de l’auteur du mystérieux message et découvre une réalité incroyable.

Récit hard science mâtiné de cyber punk (ou vice-versa), COOKIE MONSTER s’avère étonnamment abordable et digeste en dépit des thématiques scientifiques ardues abordées. Revisitant les contes de fées (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et LE MAGICIEN D’OZ en particulier) en les plongeant dans un bain de technologies, d’anticipation et d’intelligence artificielle, Vinge offre un tableau très crédible et prophétique d’un futur déshumanisé qui semble, plus que jamais, terriblement proche.

L’auteur jongle ainsi avec divers concepts et ouvre des perspectives philosophiques certes classiques (un amusant dialogue – à coup de référence à des textes science-fictionnels antérieurs plus ou moins célèbres - démontre d’ailleurs que l’idée n’est pas neuve) mais toujours pertinentes qui visent, au final, à définir l’humain.

La question éternelle du cyberpunk (y a-t-il un ghost in the machine ?) sous-tend ce texte à la fois rythmé, divertissant et profond qui rappelle à la fois l’excellent roman SIMULACRON 3 et la trilogie « The Matrix », pour ne citer que deux références bien connues des amateurs. Mais Vinge aborde aussi les thèses transhumaniques ou se réfère à la théorie de Moore (laquelle postule un doublement de la puissance des ordinateurs tous les 18 mois) qui conduisent certains à penser que, dans moins de 20 ans, l’intelligence artificielle aura définitivement pris le pas sur l’Homme.

En dire davantage ruinerait une partie des surprises proposées par ce récit court mais diablement intelligent et ponctué de diverses révélations jusqu’à une fin à la fois ouverte et vertigineuse. Ajoutons que Vinge donne plus de profondeur à son intrigue et de consistance à ses personnages en 100 pages que certains romanciers en plusieurs centaines. Bref, COOKIE MONSTER est hautement conseillé pour deux heures de grande science-fiction ! Un prix Hugo (pour une fois !) incontestablement mérité.

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 12 Février 2018

LES DESERTEURS TEMPORELS de Robert Silverberg

Ecrit en 1967 voici un plaisant roman de science-fiction qui aborde, par la bande, la thématique du voyage dans le temps et des paradoxes temporels.

Nous suivons les pas de Joe Quellen, secrétaire criminel de septième classe (ce qui n’est pas si mal, il peut posséder un appartement d’une pièce) vivant sur la Terre ultra surpeuplée de 2490 dirigée par un invisible Gouvernement Suprême. Quellen, grâce à la téléportation, se réfugie régulièrement en Afrique, dans une zone paradisiaque normalement réservée aux plus hautes instances (la deuxième classe). Cette infraction l’oblige à payer une somme rondelette à un de ses collègues, apprenti maitre chanteur. A cette époque se déroule également un curieux phénomène : des individus, désespérés, « sautent » dans le temps et deviennent des « déserteurs temporels », se réfugiant cinq siècles auparavant. Le fait a été enregistré et il n’est pas question de s’y opposer tant les risques sont grands de détruire le continuum. Après tout le chef suprême de la Terre est peut-être lui-même un lointain descendant d’un de ses « sauteurs ». Pourtant Quellen enquête sur l’étrange organisation clandestine dirigée par un certain Lanoy qui se charge d’expédier dans le passé ses concitoyens. Que fera t’il une fois Lanoy identifié ?

En 190 pages, Silverberg démontre son talent pour offrir un récit rythmé qui brosse un tableau plausible d’un futur possible : la société y est totalement hiérarchisée, chacun appartient à une classe spécifique et le monde, incroyablement surpeuplé en dépit de mesures drastiques, est devenu pour beaucoup quasiment invivable. D’où le succès d’une organisation secrète qui se propose, contre rémunération, d’envoyer se perdre dans le temps les personnes les plus désespérées.

Si beaucoup de détails ont vieillis dans le décorum (la technologie imaginée pour le XXVème siècle parait déjà en grande partie obsolète aujourd’hui), le futur décrit n’en reste pas moins intéressant avec cette planète victime d’une surpopulation effarante et ses habitants répartis dans des classes sociales rigides. Silverberg imagine également des échappatoires possibles offertes aux humains trop cadenassés : religions bizarres, rites érotiques particuliers (des cérémonies de vomissements rituels qui préludent aux orgies), usages des drogues généralisées dans « les palais de l’illusion », prostitution institutionnalisée, etc. Tout semble prévu pour éviter que la bouilloire ne déborde, l’Etat se souciant de proposer des soupapes de sécurité afin d’éviter la révolte.

L’écrivain brosse de beaux portraits, caractérisant avec efficacité mais simplicité son principal protagoniste, un employé administratif de seconde zone tenté par une rébellion mineure (la possession d’un petit jardin africain) qui va lui causer bien du souci durant son enquête sur les « déserteurs temporels ». Les personnages secondaires, eux aussi, sont intéressants, comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de pondre des pavés de 1000 pages pour rédiger un roman à la fois intelligent et divertissant.

Proche dans ses thématiques d’autres romans de l’écrivain comme LES DEPORTES DU CAMBRIEN ou LES TEMPS PARALLELES (ce dernier proposé dans le même recueil « Time Opera »), LES DESERTEURS TEMPORELS constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers d’un des géants de la science-fiction américaine.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Dystopie

Repost0

Publié le 5 Février 2018

LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE de John Scalzi
LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE de John Scalzi

Ce premier tome d’une saga à succès nous présente John Perry. Agé de 75 ans, récemment veuf, Perry n’a plus que quelques années à vivre, dans la solitude et les douleurs du grand âge. A moins qu’il se décide à intégrer les Forces de Défenses Coloniales, une armée spatiale chargée de protéger l’expansion humaine à travers la galaxie. Dans ce cas il subira un mystérieux traitement visant à la rajeunir et, après un entrainement éprouvant, pourra s’engager pour dix ans afin de « tuer tout ce qui n’est pas humain ». Perry accepte et se lance, avec d’autres personnes de son âge, surnommées le club des vieux cons, dans une guerre sans merci contre toutes les espèces extraterrestres qui menacent les Hommes. Il a huit chances sur dix de ne pas atteindre la fin de son service militaire mais, haut les cœurs, avec un corps (vert !) tout neuf et bien plus performant, ainsi qu’un ordinateur « amicerveau » bien utile, Perry part combattre les aliens. « Etoiles, garde à vous ! »

Finaliste du Hugo (Scalzi aurait mérité de l’obtenir pour ce livre et non pour sa piteuse parodie de STAR TREK, le désolant RED SHIRTS), ce space opéra militariste s’inscrit clairement dans la tradition du classique STARSHIP TROOPERS de Robert Heinlein. D’autres commentaires l’ont également rapproché d’un autre chef d’œuvre du genre, LA GUERRE ETERNELLE de Joe Haldemann. Il existe pires références.

L’intrigue se déroule sans accrocs, de manière linéaire, en prenant le soin de caractériser adroitement les différents personnages et en particulier le héros, John Perry. Le lecteur ne sait pas vraiment les raisons de ces guerres incessantes, de cette absurde poussée en avant dans le cosmos pour conquérir de nouveaux territoires mais cela correspond également à l’état d’esprit de John Perry, embarqué presque malgré lui dans ce conflit sans fin. L’auteur ne détaille guère les extra-terrestres mais même les plus mignons peuvent se révéler dangereux alors dans le doute le conseil est de tuer tout ce qui n’est pas humain.

Si la première partie, plus mystérieuse, reste la plus réussie la seconde fonctionne toutefois de belle manière en énumérant les phases d’entrainement et les batailles que livre Perry et ses « nouveaux vieux amis ». Bien sûr, nous restons dans la classique camaraderie militaire (« je me bats pour ma compagnie et mon escadron. Je veillais sur eux et eux viellaient sur moi. C'était aller au combat ou les laisser mourir. ») et Scalzi n’évite pas une certaine redondance. Toutefois, il réussit cependant à enrichir son univers par d’intéressantes trouvailles, notamment en imaginant des « brigades fantômes », unités d’élite créées à partir des morts (n’en disons pas plus pour ne pas spoiler), ce qui amène un surcroit d’intérêt et d’émotion lorsque Perry retrouve, en quelque sorte, son épouse décédée.

LE VIEIL HOMME EST LA GUERRE est donc un bon space opéra, imprégné de camaraderie, de rage et de combats homériques contre d’innombrables extra-terrestres tous plus agressifs les uns que les autres.

Un roman guerrier, à déconseiller aux pacifistes (« Voici mon fusil. Il y en a bien d'autres comme lui mais, celui-ci, c'est le mien. Je dois le maîtriser comme je maîtrise ma vie. Mon fusil sans moi ne sert à rien. Je dois tirer droit, plus droit que l'ennemi qui cherche à me tuer. Il faut que je le tue avant qu'il ne me tue. Et c'est ce que je ferai. ») mais à conseiller à tous les amateurs de science-fiction rentre-dedans. A la fin de ce roman qui se lit extrêmement vite et avec un plaisir constant (du vrai bon « page turner ») le lecteur n’a qu’une envie, enchaîner directement sur le deuxième tome, LES BRIGADES FANTOMES.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Space Opera

Repost0