anticipation

Publié le 21 Février 2020

VOYAGE - TOME 1 de Stephen Baxter

Quoique divisé en deux tomes pour des questions de longueur, VOYAGE raconte une histoire unique : à la fin du tome 1 il faudra donc impérativement poursuivre la lecture avec le tome 2. Voici donc un très gros pavé de près de 900 pages dans son édition de poche !

VOYAGE inaugure la « trilogie de la NASA » et célèbre les astronautes décidés à explorer, quel que soit le prix à payer, « l’espace, frontière de l’infini ». La science-fiction y est donc minimale une fois le principe de base établi : JFK a réchappé à sa (tentative) d’assassinat à Dallas et les USA n’ont pas abandonné leurs projets de conquête spatiale. Le vol vers Mars, envisagé dès les années ‘60 par la Nasa, n’a pas été mis de côté par Nixon, contrairement aux sondes spatiales inhabitées et à la navette réutilisable.

Nous allons donc suivre la grande aventure de ces héros qui partent vers la planète rouge la tête remplie de la prose de Wells, Clarke, Bradbury, Heinlein et les autres. Baxter choisit deux trames pour illustrer son propos : la première s’intéresse à la réalisation proprement dite du projet avec les magouilles politiques (on parle par exemple de la « marre aux requins de la politique de la Nasa »), les jeux d’influence et de pouvoir, la sélection des astronautes puis leur entrainement, etc. Sans oublier les aspects économiques et le souhait de ménager l’électeur pour qui tout ça ne sert pas à grand-chose, excepté à planter un drapeau sur un tas de poussière à des millions de kilomètres.

La seconde ligne narrative prend place à bord de la fusée Arès ave le quotidien des astronautes finalement choisis pour ce voyage de deux ans (avec seulement un petit mois sur la planète rouge…mais ce premier tome ne nous permet pas encore de nous y poser).

VOYAGE pourrait sans doute donner lieu à une bonne série TV tant Baxter en reprend les éléments clés (avant que ceux-ci ne deviennent la norme scénaristique) : vaste intrigue générale et multitude de petites sous-intrigues, plus personnelles, avec le parcours des différents protagonistes.

Beaucoup de personnages sont ainsi conviés à l’aventure : astronautes, responsables de projet, scientifiques, ingénieurs, etc. On s’y perd parfois et certains passages, très techniques (mais parfaitement abordables contrairement à d’autres romans hard-science où interviennent des notions très pointues), peuvent ennuyer un brin par leur jargon et leur précision maniaque sur chaque détail du projet, accompagnés de nécessaires mais parfois lourdes notes de bas de page.  

L’auteur de focalise davantage sur ces trois astronautes : Phil Stone, Ralph Gershon et Natalie York. Avec quelques classiques de la narration pour compenser le côté très froid et documentaire du récit : les relations extraconjugales et les hésitations sentimentales de son héroïne, Natalie York, géologue décidé coute que coute à poser le pied sur Mars même si elle doit, pour cela, sacrifier dix ans de sa vie. On comprend aussi les difficultés quotidiennes de la vie d’un astronaute : chaque petits gestes devient une bataille à mener (prendre sa douche, manger, aller aux toilettes, dormir,…). Ca ne donne pas franchement envie de s’embarquer et Baxter, bien qu’épaté par l’entreprise titanesque décrite, semble questionner la futilité d’un tel vol habité. Il faut attendre près de 400 pages pour que la tension monte d’un cran avec les défaillances d’une capsule Apollo N. Le roman prend alors, durant quelques dizaines de pages, les allures d’un récit catastrophe à la « Apollo 13 » (ou aux « Naufragés de l’espace » pour les plus vieux)

Linéaire dans son déroulement (en dépit des deux époques envisagées), VOYAGE convie le sense of wonder pour une expédition réaliste qui pourrait constituer la suite du grand film « L’étoffe des héros ». On peut cependant estimer que le roman aurait gagné à se voir élaguer d’une bonne centaine de pages pour le rendre plus digeste.

En dépit d’évidentes longueurs et de scènes un brin fastidieuses (un défaut aggravé par le côté technique des descriptions, associé à un style d’écriture purement fonctionnel), ce premier tome s’avère suffisamment intéressant pour donner envie de poursuivre le voyage. Peut-être pas vers l’infini et au-delà mais au moins jusqu’aux montagnes martiennes…et au tome 2.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #anticipation, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 18 Février 2020

AXIOMATIQUE de Greg Egan

Voici un copieux recueil pour l’un des fers de lance de la SF « hard science » actuelle, Greg Egan. Précédemment publié dans une version française très tronquée composée de seulement quatre nouvelles (ouch !), AXIOMATIQUE a été republié intégralement en 2006. Ces 17 récits offrent donc un bon panorama de l’œuvre d’Egan et constituent la première partie d’une « intégrale raisonnée » de ces nouvelles, poursuivie avec RADIEUX et OCEANIQUE.

Nous détaillons ici ces textes, au minimum intéressants et pertinents par leur questionnement, souvent très bons voire excellents.

« L'Assassin infini » suit un tueur parcourant les univers parallèles pour supprimer des drogués dont les expériences “psychédéliques” menacent le continuum lui-même. Un bon récit, complexe mais pas trop ardu, pour débuter en douceur

« Lumière des événements » constitue un des meilleurs textes de ce recueil, basé sur un postulat vertigineux et très hard science. En résumé, une découverte astronomique permet d’envoyer des messages dans le passé. Un homme sait donc qu’il va rencontrer sa future épouse à telle date, un autre qu’il se fera casser le bras en se rendant à un mariage, etc. Mais que reste-t’il du libre arbitre dans ces conditions ? Et n’est-on pas tenté de faire mentir le futur lorsqu’un événement particulièrement déplaisant survient ? De la grande SF spéculative, aux questionnements riches, un excellent texte ciselé en une vingtaine de pages et fourmillant de plus d’idées que bien des pavés 30 fois plus long !

Encore de la bonne SF d’idées, « Eugène » est un exemple d’anticipation (très) proche au sujet d’un couple ayant gagné à la loterie et décidé à s’offrir l’enfant parfait grâce aux manipulations génétiques.

« La Caresse » traite d’un art dévoyé mis au service d’un individu tellement riche qu’il oublie toute morale pour créer des créations artistiques littéralement chimériques, autrement dit de merveilleuses / horribles créatures mi-homme mi-animal en hommage à différents artistes d’antan. Et notamment au Belge Fernand Khnopff et ses “Caresses”. Etrange !

Greg Egan se fait ensuite humaniste avec l’histoire de deux « Sœurs de sang » atteintes d’une maladie potentiellement mortelle. L’une se croit à l’agonie aux Etats-Unis mais finit par entrer en rémission, l’autre décède en Afrique. En filigrane, Egan s’interroge sur les méthodes de l’industrie pharmaceutique et les fameux tests en double aveugle médicament / placebo.

Très réputée, « Axiomatique » questionne les choix d’un homme pour qui la vie humaine a toujours été sacrée. Cet axiome peut cependant être neutralisée dans cette société future à l’aide d’implant permettant de remodeler, pour un temps, certaines caractéristiques personnelles. Certains choisissent ainsi de s’injecter une croyance religieuse ou une perversion sexuelle inédite. Le narrateur, pour sa part, va s’en servir afin d’ôter ses hésitations à se venger du meurtrier de sa femme, abattue stupidement dans un braquage.

On poursuit avec « Le coffre-fort », un texte réussi au sujet d’un homme ayant le pouvoir (qui s’apparente à une sorte de malédiction), d’occuper le corps d’autrui et de changer de « peau » chaque jour. Comment rester un individu, un être unique, lorsque sa vie se voit ainsi morcelée ?

Passons sur « Le point de vue du plafond » et son expérience de décorporation qui, paradoxalement, manque sans doute d’un point de vue (hum !) et ressemble à un exercice de style à vrai dire hermétique. Le point faible du recueil.

Autre sujet de questionnement abordé par « L’enlèvement » :ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, une réflexion classique mais toujours pertinente de la littérature d’anticipation. Si on crée un « scan » d’un individu celui-ci va t’il accéder à l’immortalité ou n’est ce qu’une vulgaire copie ? Et si des criminels s’en emparent et menacent de torturer cette copie peut-on objecter qu’il s’agit simplement d’une simulation sans réelle existence ? Egan invite à la réflexion au travers d’un texte à la fois abordable et exigeant dans ses concepts philosophiques et psychologiques.

Des questions similaires sous-tendent « En apprenant à être moi » au sujet du cristal Ndoli, un ingénieux dispositif qui réplique les pensées de son porteur et prend le relais lorsque ce-dernier vieillit, lui permettant d’accéder à l’immortalité via le « basculement ». Mais qui est vraiment l’humain dans ce cas ? L’original ou sa copie cristalline ?

Les manipulations génétiques sont au cœur de « Les douves », un texte qui, sur fond de racisme et de réfugiés climatiques, traite de la création, par les élites dominantes, d’une humanité alternative ayant bidouillé son code ADN afin d’être insensible aux maladies.

La thématique très cyberpunk de l’implant (l’Homme est-il encore Homme lorsque ses pensées sont altérées, pour son bien, par un implant ?) transforme le classique face à face entre un tueur à gages et sa victime désignée en science-fiction philosophique dans « La marche ». Sans vraiment convaincre bien que le récit se lise sans déplaisir.

Le thème de l’homme (masculin donc) qui veut enfanter lui-même joue les tire-larmes avec « P’tit mignon ». L’histoire d’un bébé conçu sur commande mais condamné à vivre seulement quatre ans et considéré, par son papa, comme un simple jouet ou, au mieux, un animal de compagnie.

Dans « Vers les ténèbres » les reliquats ratés d’une ingénierie temporelle venu du futur se manifestent sous forme de grands trous de vers qui, tels des trous noirs, empêchent quiconque de s’en échapper. La seule solution pour leur survivre consiste à courir vers leur cœur, un havre permettant de résister à la brusque disparition de ces gouffres temporels. Des sauveteurs spécialisés sont chargés de guider le plus de captifs possibles vers la sécurité…Une nouvelle assez folle basée sur des théories quantiques et utilisant également les probabilités pour rassurer (sans y parvenir, l’humain est ainsi !) ces sauveteurs plongeant dans les ténèbres.

Autre nouvelle à peine prophétique, « Un amour approprié » (précédemment titré « Baby Brain ») questionne ce qui est possible (lorsque la technique est disponible) et ce qui est souhaitable (avec bien sur les questions éthiques sous-jacentes) lorsqu’une femme se voit obligée par les assurances « d’enfanter » le cerveau de son mari accidenté placé dans son utérus dans l’attente d’un corps de substitution.

Plus classique mais non moins glaçant « La morale et le virologue » suit un biologiste décidé à créer une sorte de super sida capable de tuer sélectivement les homosexuels et les adultères. Le final montre bien la folie religieuse poussée dans ses derniers retranchements.

Retour du fameux cristal Ndoli avec « Plus près de toi » qui démontre qu’en matière amoureuse et sexuelle mieux vaut garder une part de mystère. Intéressant mais attendu.

Enfin « Orbite instable dans la sphère des illusions » décrit l’avènement des attracteurs, lesquels vous convertissent instantanément à une religion, une croyance ou à un mode de vie. Pour les « athées » du futur la seule solution est de vivre littéralement en marge des zones géographiquement contaminées… Pas le meilleur récit du recueil mais des interrogations pertinentes.

En dépit de trois ou quatre textes moins réussis ou plus mineurs, AXIOMATIQUE est un véritable condensé de science-fiction spéculative, intelligente et passionnante, une anthologie monstrueuse qui prend place aux côtés de LA TOUR DE BABYLONE de Ted Chiang, JARDINS DE POUSSIERE de Ken Liu, QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d’Asimov, PERSISTANCE DE LA VISION de John Varley, AUX CONFINS DE L’ETRANGE de Connie Willis, LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson et quelques « best of » de Dick au panthéon des recueils incontournables !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Recueil de nouvelles, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 10 Février 2020

TERRE ERRANTE de Liu Cixin

Né en 1963, Liu Cixin est considéré comme une des étoiles montantes de la SF bien qu’il écrive depuis longtemps (son premier roman, CHINE 2185 est sorti en 1989 !). Révélé en occident par sa trilogie débutée par LE PROBLEME A TROIS CORPS (Prix Hugo 2015), poursuivie par LA FORET SOMBRE et terminée avec LA MORT IMMORTELLE (prix Locus), son œuvre antérieure se voit aujourd’hui redécouverte.

Bonne manière de se familiariser avec l’auteur, le roman court (environ 80 pages) TERRE ERRANTE mélange science-fiction apocalyptique et hard-science. L’expansion du soleil s’accélère, menaçant d’anéantir toutes les planètes du système solaire d’ici quatre siècles. Mais l’Humanité ne se résout pas à cette disparition programmée. Deux projets rivaux sont donc envisagés : emmener les Hommes explorer l’univers à bord d’arches stellaires ou transformer la Terre elle-même en vaisseau. Cette dernière option étant retenue il faut à présent mener à bien ce titanesque chantier afin d’envoyer la planète vers Proxima du Centaure au terme d’un voyage de deux mille ans.

L’auteur ne lésine pas sur les scènes spectaculaires et la démesure (rappelant certains romans d’Arthur C. Clarke) en nous montrant l’arrêt de la rotation terrestre, les brusques changements de température, les tsunamis aux vagues gigantesques, les torrents de magma qui détruisent les villes refuges souterraines, la traversée de la dévastatrice ceinture d’astéroïde,…Du véritable blockbuster littéraire où tout parait « bigger than life ». Liu Cixin envisage aussi (très – trop – brièvement) les changements psychologiques induits par la situation : la disparition des religions (peu crédible), la fin des passions amoureuses (on pourrait penser qu’elles seraient, au contraire, exacerbées), la crainte du Soleil, etc. La complète soumission populaire apparait (à nos yeux) comme très symptomatique du régime chinois et la situation parait, dans l’ensemble, acceptée. On peut penser que les comportements humains seraient beaucoup moins rationnels dans pareille situation, suscitant l’apparition de sectes bizarres et d’explosion de violence gratuite. En terme de psychologie apocalyptique on peut préférer l’excellent DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE ou le très réussi et méconnu film « Seeking a friend for the end of the world ».

Toutefois, malgré ces bémols, TERRE ERRANTE reste une novella très efficace et réussie qui parvient, par un habile habillage hard-science (heureusement pas trop pesant) à crédibiliser une histoire qui parait totalement fantaisiste. Car, Liu Cixin, malgré des personnages sans émotion et un discours politique volontiers dictatorial, déverse en une centaine de pages un flot de « sense of wonder » rafraichissant qui convoque des images dantesques de planète s’arrachant à l’attraction solaire pour s’élancer dans l’espace. Vers l’infini et au-delà !

Adapté au cinéma en 2019, TERRE ERRANTE souffre de défauts évidents mais les compense par un véritable appel au merveilleux scientifique retrouvant, redisons le, la magie des Asimov, des Clarke et des autres enchanteurs de la SF. Et, au final, la balance penche largement vers le positif !

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Publié le 9 Janvier 2020

ACADIE de Dave Hutchinson

Dave Hutchinson, né en 1960, a déjà quatre recueils de nouvelles et plusieurs romans (dont la tétralogie « Fractured Europe ») sous le coude mais ACADIE, nommé au Locus, est son premier texte publié en français. Comme tous les titres de la collection « Une heure lumière » il s’agit d’un roman court (compter environ 80 minutes de lectures).

Depuis cinq siècles la légendaire et apparemment immortelle généticienne Isabel Potter a quitté la Terre et continue ses travaux sur une Colonie située dans un lointain système solaire. Mais les Terriens, rancuniers, continuent de traquer Potter et envoient des sondes explorer l’espace pour la retrouver. Or, une de ses sondes vient de pénétrer dans le système de la Colonie, ce qui nécessite l’intervention de John Wayne Farrady, dit Duke, président essentiellement honorifique.

Voici une novella fort bien ficelé qui embarque le lecteur dans un monde très convaincant, une sorte d’utopie futuriste hippie peuplée, notamment, de personnages de STAR TREK ou du SEIGNEUR DES ANNEAUX et ce par un mélange bien dosé de manipulations génétiques et de technologies. Bref, une ambiance quelque peu cyberpunk pour un planet / space opera qui ne néglige pas d’injecter une bonne dose de sense of wonder dans son univers hard-science.

Hutchinson déroule son intrigue à cent à l’heure et sans temps morts là où beaucoup d’auteurs auraient allongé la sauce sur un épais roman. Le lecteur doit donc s’accrocher pour assimiler tout cet univers fort bien construit et une narration habile avec des flashbacks bien amenés. Bref, c’est un court roman parfaitement réussi qui conduit à un twist vertigineux à la Philip K. Dick, cerise sur le gâteau d’une œuvre magistrale à découvrir toutes affaires cessantes.

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Publié le 1 Janvier 2020

LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson

Ce recueil paru au Belial en 2010 (puis réédité au Livre de Poche deux ans plus tard) rassemble neufs récits non inédits (mais souvent remaniés et retraduits) qui composent un véritable « best of » science-fictionnel de Poul Anderson, notamment inventeur de la célèbre Patrouille du temps. Des récits souvent primés, voire multiprimés et qui sont, pour la plupart, relativement longs pour des nouvelles jusqu’à atteindre ce que les Américains désignent comme des romans courts ou des novellas. Anderson fut d’ailleurs récompensé à sept reprises par un Hugo (six des titres récompensés sont inclus dans ce recueil) et trois fois par le Nebula, sans oublier un Locus. Lauréat de ce triplé parfait « La reine de l’air et des ténèbres » est évidement reprise ici et constitue peut-être le chef d’œuvre de son auteur.

L’anthologie débute avec « Sam Hall » dans lequel un employé modèle du système informatique d’un univers futuriste totalitaire introduit, presque par jeu, un bug dans la machine en créant de toutes pièces un révolutionnaire mystérieux nommé Sam Hall. Un nom puisé dans une vieille chanson populaire  anglaise. A force manipulations, Sam Hall acquiert une sorte de pseudo-existence : tous les crimes sont imputés à ce criminel insaisissable et les membres d’un réseau de résistance clandestin se l’approprient pour signer leurs méfaits. Quoique la technologie ait évolué, la nouvelle qui date de 1953 (et fait écho à la Guerre de Corée et au Maccarthysme) reste étonnamment moderne plus de soixante ans après sa rédaction et son sujet (manipulations gouvernementales, falsification de l’information, oubli numérique, etc.) demeure toujours d’actualité. Un classique de la dystopie.

Le court roman « Jupiter et les centaures », précédemment publié dans la collection « Etoile Double» aux côtés d’une novella de Sheckley  décrit la manière d’explorer Jupiter en utilisant des avatars (la référence à un « classique » récent de la SF cinématographique n’est point innocente tant les intrigues sont similaires).

« Long cours » valu à son auteur un de ses nombreux prix Hugo: un récit d’exploration maritime dans un monde dans lequel on se souvient encore, mais à peine, de la Terre, planète-mère. Le capitaine d’un navire découvre un astronef en partance menaçant, par sa seule existence, le futur de ce monde. Comment réagir ? De la SF intelligente et efficace.

Autre gros morceau, « Pas de trêve avec les rois », obtient lui aussi le Hugo : cette longue nouvelle (90 pages) précédemment publiée en français dans l’anthologie HISTOIRES DE GUERRES FUTURES raconte un affrontement entre deux camps, façon Guerre de Sécession, dont l’un bénéficie d’un appui extraterrestre.

Récit de vengeance très efficace tempéré par la découverte des rites étranges d’une planète étrangère (dont du cannibalisme rituel), l’excellent « le partage de la chair » n’a pas volé son prix Hugo et demeure un des meilleurs récits d’Anderson.

Mi sérieux, mi humoristique, en tout cas toujours sarcastique (pour ne pas dire grinçant), « Destins en chaîne » projette son héros, Bailey, dans une série de réalités alternatives dans lesquelles il se débat jusqu’à la mort. Dans l’un de ces univers parallèle, la simple expression artistique peut vous conduire en prison, dans un autre l’Etat a consacré les inadaptés de tous poils au point qu’ils peuvent revendiquer ce statut et vivre une existence oisive. Mais les simulateurs se multiplient, se prétendant eux aussi malades mentaux afin de bénéficier de l’Etat providence. Les homosexuels ayant déjà réussi à obtenir cette reconnaissance, les Noirs envisagent de s’associer aux Juifs souffrant de discrimination tandis que les prophètes de religion folklorique prêchent à tout va…et pas question d’y trouver à redire car ces religieux risqueraient, sinon, des dégâts psychiques irréparables. Une plongée pas toujours très politiquement correcte (et c’est tant mieux) dans une poignée de sociétés utopiques (ou dystopiques selon les sensibilités) qui se termine dans un monde post-apocalyptique d’apparence paradisiaque après l’anéantissement, par une épidémie, de 95% de l’Humanité. Un excellent texte peut-être encore davantage actuel aujourd’hui qu’à l’époque de sa rédaction.

Autre novella illustre, « La reine de l’air et des ténèbres » a récolté le plus prestigieux des triplets de la SF : Hugo, Nebula et Locus. Nous sommes sur Roland, une planète lointaine colonisée par l’Homme. Un seul détective y exerce, Eric Sherrinford, contacté par une mère afin de retrouver son enfant enlevé par ce qui pourrait être des représentants du Vieux Peuple. Mais Sherrinford refuse d’accorder foi à ces anciennes superstitions celtiques…Une œuvre très efficace, sorte de transposition science-fictionnelle des légendes jadis contées par Arthur Machen.

Plus court, « Le chant du barde » obtint également le Hugo et le Nebula, finissant à la troisième place du Locus. Inspiré par les nouveautés science-fictionnelles lancées par Harlan Ellison, Anderson décrit un monde sous la domination d’un ordinateur omniscient, SUM, lequel enregistre les vies de tous les Humains et leur promet la résurrection un jour prochain. Mais un harpiste se confronte à l’avatar humain de SUM, la Reine Noire et cesse de croire en ses promesses. Une nouvelle dans laquelle Anderson démontre son originalité tout en s’inspirant de nombreux mythes antérieurs et en truffant son texte de citations littéraires. Très réussi.

Le recueil se termine par le court roman « Le jeu de Saturne », sorte de critique assez virulente des jeux de rôles et autres psychodrames auquel je n’ai personnellement pas accroché. Ce n’est pas grave, le reste était très bien.

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Publié le 5 Décembre 2019

PAX AMERICANA de Roland C. Wagner

Les auteurs de SF avaient quand même parfois le nez creux… En 2005, le trop tôt disparu Roland C. Wagner imaginait déjà très bien les conséquences possibles du Réchauffement et de la disparition des ressources.

XXIème siècle…le pétrole n’est plus qu’un souvenir pour beaucoup. Les USA (rebaptisés Zu’ssa) se sont accaparé les derniers stocks afin d’alimenter leur armée chargée d’imposer la Pax Americana au reste du monde. Violemment privés de leurs réserves, l’Europe a dû se tourner, contrainte et forcée, vers les énergies renouvelables. Bien sûr, la transition a entrainé des changements drastiques : fini la voiture individuelle, bonjour l’ordinateur à pédales. Les USA, de leur côté, ont continué d’épuiser les dernières ressources à la manière d’un ogre insatiable. Aujourd’hui le pays fonce droit dans le mur au point que le Président des USA s’apprête à renouer les relations avec le Vieux Continent. Mais la rumeur d’un attentat à son encontre enfle…

Roland C. Wagner propose ici une anticipation crédible avec d’un côté une Europe retournée à l'avant pétrole et des USA qui épuisent le peu de ressources restantes en guerroyant à tout va. Ils gardent ainsi la maitrise des énergies fossiles au point de s’être illusionné : pensant ces dernières inépuisables voilà le grand pays rattrapé par la réalité.

Mi satire, mi politique fiction, cette anticipation parfois grave et parfois amusante n’oublie pas de raconter une histoire et évite les excès loufoques (mais rapidement lassant) de LA SAISON DE LA SORCIERE du même Wagner. L’écrivain brosse quelques jolis portraits, dont un président européen aussi gentleman qu’insatiable sexuellement. Le tout donne une novella bien ficelé qui n’oublie pas l’humour pour parler de choses sinistres car comme le disait Didier Super « On va tous crever, on va tous crever,
Y'a la fin du monde qui nous guette et nous on fait la fête!”.

Sympathique et finalement optimiste donc recommandé même si le bouquin aurait mérité quelques dizaines de pages supplémentaires pour développer un univers à peine effleuré.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #anticipation, #science-fiction, #Humour

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Publié le 14 Octobre 2019

GUERILLA de Laurent Obertone

Entre roman catastrophe, thriller d’action, faux reportage, satire politico-sociale et anticipation, GUERILLA est le roman idéal pour hérisser la clique de Médiapart et consort. Bref, un bon coup de pied au cul du politiquement correct. Le bouquin débute par une intervention policière à la Courneuve. Tombé dans une embuscade, trois policiers sont pris à partie par une dizaine de « jeunes ». L’un des flics est tué, un autre riposte et utilise son arme pour se défendre alors que les politichiens appellent à ne surtout « pas faire de vague ». Notre gardien de la paix abat six des « jeunes ». Aussitôt, les événements se précipitent et le chaos se propage, relayé par des appels dans les quartiers à tuer les Français. Et la guerre civile ethnico-religieuse commence.

De part sa construction, GUERILLA rappelle les premiers romans de James Herbert sauf que l’auteur se passe de rats et d’autres êtres surnaturels pour s’intéresser à des nuisibles plus dangereux, de jeunes banlieusards assoiffés de sang. Et pourtant, en dépit du chaos, les « fragiles » s’attachent aux « sacro-saintes valeurs de la République » pour excuser l’inexcusable. Obertone présente ainsi une série de personnages tellement englués dans leur « très bien vivre ensemble » qu’ils refusent de nommer l’ennemi, y compris face aux hordes barbares venant mettre Paris à feu et à sang. Pour la « blogueuse féministe » (pléonasme) le coupable ne peut être que le « patriarcat colonialiste ». Le Black Block abruti (pléonasme encore) s’en prend aux « flics fachos ». Et la militante gauchiste aux cheveux verts (re pléonasme) englobe carrément tout ce « pays de merde » pour expliquer les exactions des voyous.

Au milieu de la grande déroute chacun cherche à tirer son épingle du jeu : le président se sent prêt à tous les compromis pour acheter la paix sociale, les médias jettent de l’huile sur le feu mais ne veulent surtout pas « faire le jeu de l’extrême droite » et le leader musulman, jusque là modéré de façade, propose à la France de payer un impôt pour continuer à exister.

Le roman, non dénué d’humour, se veut plausible sans chercher le réalisme à tout prix, il est aussi volontiers outranciers Son écriture se montre simple, trahissant le passé d’Obertone, journaliste bien connu qui narre les faits de façon souvent détachée, détaillant l’embrasement généralisé de la France durant trois jours. Sur le même thème, le SOUMISSION de Houellebeck parait plus probable mais les deux romans racontent la défaite de l’Occident et le triomphe de l’islamisme. Obertone jongle aussi avec une sorte de « novlange » à la Orwell puisque les clandestins sont devenus des « itinérants » et les terroristes des « déséquilibrés ». Et puis « surtout pas d’amalgame ! », refrain braillé par toute la clique politique alors que le pays s’effondre.

Sur trois jours, l’auteur reprend les conventions de différents genres littéraires. Dans la première partie on est en plein « roman de zombies » sauf que les morts vivants laissent la place aux barbares décérébrés armés de barre de fer. Ensuite, on arrive sur les terres du gros bouquin d’action : un avion, abattu par un missile terroriste, se crashe sur la capitale, les militaires musulmans prennent fait et cause pour les insurgés et Marseille se transforme en champ de bataille avec combats de chars dans les rues, des villages entiers sont massacrés, trente-cinq milles parisiennes violées,…Bref des centaines de milliers de barbus attaquent et Chuck Norris n’est pas là pour contre-attaquer, le seul héros étant un militant identitaire qui profite du chaos pour faire un peu de ménage, Punisher style. Enfin, la dernière partie du roman donne dans le post-apo et annonce une séquelle à la Mad Max.

Au final, GUERILLA constitue une lecture très plaisante qui plaira évidemment aux amateurs de littérature réactionnaire à la droite de la droite. Les autres se pinceront le nez d’un air dégoutté, tant pis pour eux.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #anticipation

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Publié le 21 Août 2019

GUIDE DES GENRES ET SOUS GENRES DE L’IMAGINAIRE d'Apophis

Ce guide, disponible gratuitement en ebook, constitue la version remaniée de treize articles parus sur le blog d’Apophis. Le bonhomme s’est donc lancé dans un projet un peu fou : créer une taxonomie des littératures de l’imaginaire cohérente et érudite en environ 200 pages. Pari un peu fou car selon les pays les définitions varient…et les spécialistes éprouvent également les pires difficultés à s’accorder. Mais ce n’est pas grave car l’important est de permettre aux lecteurs débutants d’avoir un panorama des littératures de l’imaginaire.

Tout d’abord, Apophis distingue science-fiction, fantastique et fantasy en utilisant la « parabole du chat » pour expliquer clairement aux néophytes ce que sont ces genres majeurs de l’imaginaire. Jusque là tout est simple et abordable par tous.

La suite se montre plus pointue et s’adresse davantage aux connaisseurs ou à ceux qui souhaitent élargir leur horizon. On explore ainsi les différentes branches de la fantasy (high, heroic, grim,…), de la SF (militaire, anticipation, space opera, etc.). On aborde aussi les récents développements de la Fantasy qui viennent (enfin !) mettre un peu de nouveauté dans un genre dominé par le médiéval fantastique d’inspiration européenne en situant leur intrigue dans des époques différentes (renaissance par exemple) ou dans des contrées peu communes (Afrique, Inde,…réelle ou fantasmée voire imaginaire).

Les innombrables dérivés du « punk » littéraire sont évidemment couverts : l’ancêtre cyberpunk, le très riche et populaire steampunk, les émergeants biopunk, nanopunk, solarpunk, etc.

A chaque fois Apophis aborde le sous-genre en donnant ses principales caractéristiques : sciences dures vs sciences molles, complexité des personnages, richesses de l’écriture, ancrage spatio temporel, etc.

Tout cela donne parfois l’impression de vouloir couper les cheveux en quatre (ce n’est pas la faute de l’auteur mais bien des romanciers eux-mêmes souvent contents de catégoriser leur œuvre dans un nouveau sous-genre dont ils seraient l’unique représentant…comme le superbe EMPIRE ELECTRIQUE qui se définit comme « Voltapunk ») mais les listes de lecture proposées s’avèrent bien pratiques. D’une part elles aident à situer un sous-genre en proposant des titres connus et, d’autres part, elles offrent une multitude de pistes de lecture pour ceuw qui souhaitent approfondir la « fantasy à mousquets inspirées des TROIS MOUSQUETAIRES » ou « la science-fiction de terre mourante ».

En résumé un guide pratique, complet, ludique et gratuit…Que demander de plus ?

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Publié le 4 Juillet 2019

DEFAILLANCES SYSTEMES (JOURNAL D'UN ASSASYNTH TOME 1) de Martha Wells

Voici une novella de science-fiction multi primée, premier volume d’une saga, par une auteur oeuvrant habituellement dans la Fantasy.

Un androïde de sécurité de genre indéterminé (on n’échappe pas au ridicule « iel », heureusement utilisé avec parcimonie… toutefois lire cette stupidité d’écriture inclusive donne déjà envie de refermer le livre) se révolte et nous suivons ses aventures, racontées à la première personne, entre visionnage de séries télévisées et missions de sécurité. Bref, une intrigue classique, pour ne pas dire simple que Martha Wells saupoudre de considérations sur l’éveil à la conscience de son / sa « robot tueur » (en réalité la chose est en partie composée de matériel biologique cloné et se définit elle-même du bien trouvé « AssaSynth »). Après avoir accédé à 35 000 heures de divertissement humain sous forme de musique, séries, livres, films, etc., notre AssaSynth accède à « l’humanité » et entretient dès lors des rapports ambigus avec les humains.

L’ensemble a plu et a récolté une tripotée de prix (Hugo, Nebula, Locus) dans la catégorie du « roman court ». Pourtant, rien de tout cela ne s’avère franchement original. BLADE RUNNER (le livre et plus encore le film), l’excellent DES LARMES SOUS LA PLUIE (inspiré du précédent), les animés « Ghost in the Shell », le récent LE RGEARD de Ken Liu, voire l’émouvant classique L’HOMME BICENTENAIRE d’Asimov (et d’autres récits sur les robots) et bien d’autres ont abordés ces thématiques tout aussi finement, voire de manière bien plus intéressante.

Que reste t’il à apprécier dans ce court roman? Certainement pas l’univers, très classique avec son mélange de politique fiction à tendance sociale typique du (post ?) cyberpunk : compagnies toutes puissantes, hybrides de robots et d’humains, etc. Les contraintes de pagination empêchent l’auteur de développer ce monde pour se focaliser sur l’intrigue proprement dite. Cette dernière reprend le modèle du thriller d’action / polar hard boiled / espionnage typique d’une littérature de l’imaginaire post William Gibson. Le style, lui, n’a rien de remarquable, ni en bien ni en mal, il s’avère tout à fait correct et permet une lecture rapide : en effet, en dépit d’un récit pas franchement passionnant, ces 150 pages sans aspérité se lisent sans trop d’ennui. On peut cependant reprocher le ton froid, voire plat, utilisé par Martha Wells mais celui-ci s’explique par la narration effectuée par un être artificiel.

En résumé, DEFAILLANCES SYSTEMES m’a semblé banal et, sans être désagréable, ce roman court ne propose rien de suffisamment original ou mémorable pour s’élever au-dessus d’une honnête moyenne. La dernière partie, pourtant plus axée sur l’action, m’a même semblé pénible. Bref, j’avais hâte d’en terminer, ce qui, pour un bouquin aussi court, se montre problématique.

Dès lors la pluie de prix récoltés outre Atlantique laisse rêveur. A moins d’estimer qu’un personnage principal « gender fluid » sous la plume d’une écrivaine soit suffisamment dans l’air du temps « politiquement correct » pour avoir convaincu un large public.

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Publié le 25 Juin 2019

HELSTRID de Christian Leourier

HELSTRID signe le retour d’un vétéran de la SF française, Christian Leourier, accueilli dans la prestigieuse collection « Une heure lumière » qui rassemble les meilleures novellas (autrement dit les « courts romans ») de l’imaginaire. A l’heure des gros pavés de milliers de pages il est agréable de pouvoir découvrir ces textes à la pagination nettement plus raisonnable (entre 90 et 150 pages) mais souvent tout aussi intéressants et maîtrisés que les interminables sagas. HELSTRID, planet opéra façon survival spatial en témoigne à nouveau.

Direction donc la planète Helstrid et ses conditions climatiques plus qu’inhospitalières : vent très violents, atmosphère irrespirable, température glaciale,…Mais l’Homme est décidé à exploiter ses ressources et des prospecteurs y partent donc et aboutissent sur Helstrid au terme d’un long voyage en hibernation. Une manière commode, pour certains, de laisser leur passé derrière eux à l’image de Vic qui tente de surmonter un chagrin d’amour. Le jeune homme se retrouve ainsi dans une sorte de camion d’exploitation supervisé par l’Intelligence Artificielle Anne-Marie. Hélas, sur le chemin du retour, le voyage normalement sans histoire devient une véritable lutte pour la survie en milieu hostile.

Leourier a débuté avec LES MONTAGNES DU SOLEIL, édité chez Robert Laffont en 1972, déjà un « planet opera » tout comme ce HELSTRID, roman d’aventures spatiales teinté de hard science ou, du moins, scientifiquement plus rigoureux que la plupart des romans de ce style. L’intrigue, assez simple, laisse la part belle à l’aventures proprement dite (et à la manière dont le héros va tenter de survivre dans un environnement très hostile) tout en proposant des réflexions sur la mortalité, le travail de deuil (un voyage de 25 ans en hibernation est ici envisage comme le meilleur moyen d’oublier un chagrin d’amour) et les rapports entre l’Homme et l’Intelligence Artificielle.

Par son cadre, ce court roman fait parfois penser au film « Seul sur Mars » ou à la série télévisée « Lost In Space » (dans son incarnation de 2018) en jouant sur l’ingéniosité humaine pour se sortir d’une situation apparemment sans espoir. Une jolie réussite qui offre ce qu’on attend de cette collection : deux petites heures (ou une seule pour les lecteurs allant à la vitesse de la lumière) de divertissement intelligent.

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