Mr MERCEDES de Stephen King

Publié le 26 Juillet 2017

Mr MERCEDES de Stephen King

 

L’Amérique des années 2010…un pays en pleine crise. Des centaines de chômeurs désespérés se pressent devant les portes du City Center pour arriver les premiers à l’ouverture de la grande foire de l’emploi qui leur permettra, peut-être, de décrocher un job. Certains poireautent durant toute la nuit. Lorsque pointe l’aube, un type surgit dans une Mercedes grise. Il fonce dans la foule, fait huit morts et bien davantage de blessés. Pas de mobile si ce n’est l’envie de tuer. Pas d’indice. Pas de piste. Le tueur, surnommé Mr Mercedes, ne sera jamais appréhendé. Il se nomme en réalité Brady Hartsfield, un jeune passionné d’informatique cumulant deux emplois : réparateur dans un magasin d’électronique durement touché par la crise et vendeur de glaces dans sa petite camionnette. Très pratique pour espionner les gens car, franchement, qui se soucie du marchand de glace ? Brady vit toujours chez sa mère, une alcoolique avec laquelle il entretient une relation trouble, pour ne pas dire incestueuse. Plus jeune il s’est déjà débarrassé de son petit frère handicapé. La tuerie du City Center a suffi à canaliser sa rage et il ne compte pas récidiver. Du moins cherche-t-il à s’en convaincre. 

Bill Hodges, de son côté, est un officier de police récemment retraité qui songe au suicide en se gavant de télévision. Il a la satisfaction du devoir accompli même si, forcément, il a dû quitter la police en laissant quelques affaires en suspens. Comme celle du tueur à la Mercedes, par exemple.

Spoiler:

Jaloux des honneurs reçus par l’ancien flic, Brady vient le narguer, d’abord par lettre puis en lui donnant rendez-vous sur un réseau social privé, le Parapluie bleu de Debbie. Après avoir demandé conseil à un de ses rares amis, le jeune Noir Jerome Robinson qui s’y connait en nouvelles technologies, Bill accepte le défi de Mr Mercedes. Il remet ainsi en cause la thèse officielle concernant Olivia Trelawney, propriétaire de la Mercedes ayant servi au massacre. Rongée par la culpabilité, Olivia s’était suicidée après avoir entendu les voix de ses victimes mais Bill découvre qu’elle a été poussée à se donner la mort par le sadique

Ragaillardi par son enquête, Bill décide de traquer Mr Mercedes. De son côté, Brady veut se faire exploser durant un concert du boys band ‘Round here auquel assisteront la mère et la sœur de Jerome Robinson.

Mr MERCEDES de Stephen King

Récompensé par le Edgar Award décerné par les « Mystery Writers of America », MR MERCEDES a été décrit par Stephen King comme son premier « hard boiled detective novel ». On y retrouve, en effet, le personnage classique de l’ancien flic : actif durant sa carrière, honoré lors de sa pension, il se retrouve une fois à la retraite désœuvré et incapable de trouver un sens à sa vie. Affalé devant la télé, son révolver à portée de la main pour en finir le jour où il ne pourra plus supporter son existence, il va replonger et devenir un « tonton », autrement dit un ancien policier qui, retiré du service actif, continue à poursuivre les criminels. Aidé par son jeune ami Jérome, spécialiste de l’informatique, le vieux flic se lance sur les traces d’un maniaque adepte du meurtre de masse.

Durant 670 pages, Stephen King, de manière très efficace, alterne les points de vue des deux antagonistes : il passe de l’officier Hodges au redoutable Mr Mercedes en une suite de chapitres très courts qui confèrent un rythme haletant au roman en dépit de sa longueur et de quelques digressions typiques du romancier. En conteur hors pair possédant un incroyable métier (MR MERCEDES constitue son 62ème roman !), le King brosse un portrait psychologique très vraisemblable du héros et de son adversaire. Tous deux s’émancipent rapidement des clichés pour devenir parfaitement crédibles, de même que les personnages secondaires, du jeune Noir très intelligent qui s’amuse à parler « p’tit nègre » à la quadragénaire névrosée trouvant dans cette traque manière à échapper à sa mère dominatrice. Si les rebondissements ne sont pas très nombreux, certains sont réellement surprenants et le suspense, lui, est constant jusqu’à un troisième acte mené tambour battant, véritable course contre la montre visant à stopper le dingue muni d’une ceinture d’explosif en plein concert d’un boys band à minettes.

Et puis, bien sûr, Stephen King n’a rien perdu de son talent d’écrivain et sa prose, quoique certains continuent à la dénigrer, possède une force évocatrice indéniable tant le bonhomme a le sens de la formule impeccable, de la métaphore percutante et de la citation bien trouvée. En dépit du caractère réaliste, brutal et terriblement contemporain du récit (débuté peu avant les attentats de Boston), MR MERCEDES garde pourtant un côté optimiste réjouissant accentué par quelques références aux œuvres antérieures de King et de nombreuses touches d’humour.

Une éclatante réussite.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Thriller, #Stephen King

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