LES OUBLIES DE L'AMAS de Floriane Soulas
Publié le 3 Novembre 2021
Il est toujours délicat d’avouer qu’un roman récoltant une majorité de critiques favorables s’est révélé décevant mais, malheureusement, c’est le cas avec LES OUBLIES DE L’AMAS.
Le livre est annoncé comme un space-opéra et, de prime d’abord, le décor parait original et prometteur. Nous sommes au XXVIIème siècle et l’Humanité a colonisé le système solaire, s’établissant sur chaque planète à l’exception de Jupiter restée inaccessible. Certains, pourtant, veulent encore percer le mystère de la planète géante, notamment Pavel, un pilote très doué. Mais celui-ci a disparu dans ses tentatives. Sa sœur jumelle, Kat, part à sa recherche et commence ses recherches sur l’Amas, une sorte de cimetière spatial constitué d’un amas (ben oui) d’épaves diverses proches de Jupiter.
Un cadre original donc, qui laisse espérer un roman d’anticipation intéressant. Hélas, premier problème, le lecteur n’est pas vraiment dépaysé et le « sense of wonder » si cher à la science-fiction d’antan se montre absent. Quoique situé sept siècles dans le futur, la technologie parait trop familière, trop terre à terre pour nous plonger dans l’émerveillement. Vu la vitesse des progrès accomplis ces dernières années, s’aventurer dans cet avenir devrait être déstabilisant voire effrayant. Ce n’est pas le cas ici. Bien sûr, nous avons les colonies du système solaire, des mutants, des plantes extraterrestres, etc. Mais l’ensemble demeure trop classique : excepté la colonisation planétaire qui justifie le bond lointain dans le futur le reste du roman aurait pu se dérouler à une époque beaucoup plus proche, à un siècle de distance voire moins. L’intrigue, elle aussi, parait patiner et avance de manière assez erratique : de longs passages bavards puis quelques coups d’accélérateur, notamment lors d’une course hyper secrète (mais à laquelle participe l’héroïne), quelque part entre « Star Wars » et « Death Race ».
Surtout, le bouquin est long. Oui c’est classique aujourd’hui, dans la SF ou plus généralement « l’imaginaire » il semble qu’il faille toujours accoucher d’un pavé pour gagner sa crédibilité. A l’heure où beaucoup se plaignent de n’avoir plus le temps de lire, les auteurs aiment proposer des briques. Lorsqu’on se souvient des classiques d’Isaac Asimov, Heinlein ou Clarke qui décrivaient en 250 pages des univers entiers, difficile d’accepter de passer plus de 600 pages sur cet amas (et un peu sur Jupiter… mais seulement lors des derniers chapitres) et, au final, d’en connaitre si peu sur le monde évoqué. Question de générations peut-être. L’important était sans doute l’aventure humaine me rétorquera sans doute l’autrice. Peut-être. Mais la Kat en question n’est pas assez intéressante pour porter, à elle seule, ce gros livre.
Bref, le roman m’est souvent tombé des mains mais, vu les commentaires laudateurs qu’il reçoit d’autres apprécieront davantage, sans aucun doute.