CHINOISERIES POUR OSS 117 de Jean Bruce

Publié le 10 Décembre 2020

CHINOISERIES POUR OSS 117 de Jean Bruce

Jean Bruce a régné sur l’espionnage « à la française » avec 88 romans écrit entre 1949 (avec ICI OSS 117) et 1963. Par la suite c’est son épouse puis ses enfants qui se chargèrent de faire perdurer OSS 117 jusqu’au début des années ’90 (jusqu’à OSS 117 PREND LE LARGE en 1992). Plus de quarante ans de succès, 265 romans et 75 millions d’exemplaires vendus. Alors évidemment nous sommes dans le pur bouquin de gare mais, dans le genre, l’ensemble possède son charme. Tout d’abord par le contexte : dans CHINOISERIES POUR 0SS 117 nous visitons Macao et Hong Kong au milieu des années ’50 avec ses zones de non-droits abandonnées par la Chine ou l’Angleterre, ses prostituées opérant sur des sampans, ses criminels minables qui s’imaginent rois du (tout petit bout de) monde, ses chefs de gangs voulant être califes à la place du calife et pactisant une fois à gauche (la Chine), une fois à droite (l’Occident) pour garder leurs misérables prérogatives. Bref, voilà un roman qui, par la grâce des soixante ans écoulés, s’est paré d’un charme certain au niveau de l’ambiance historique bien rendue et imprégnée, forcément, des fumées d’opiums et des parfums des dames légères. L’intrigue, comme souvent, reste excessivement simple dans ses grandes lignes mais bien compliquées dans les détails. Trahisons, agent double, agent triple, on s’y perd un peu et, à vrai dire, ce n’est guère important, c’est juste le bal des barbouzes entre les communistes et les Américains pour un petit bout de territoire stratégiquement important.

Alors, comme tous les autres de la série, le roman rappelle évidemment la parodie « Le Magnifique » avec Bebel mais c’est plutôt positif à condition que le lecteur s’amuse des excès de cette littérature de pur divertissement. Hubert Bonnissoeur a même droit à être comparé à un fauve à la manière de Bob Saint Clare. Pour les plus jeunes ce sera sans doute les versions humoristiques de l’agent secret, campé par Jean Dujardin, qui viendront à l’esprit. Car tout cela n’est pas toujours franchement crédible et les coïncidences s’accumulent pour permettre à notre espion de se sortir d’un panier de crabes en plein cœur de l’enfer du jeu. Clichés touristiques, violences, érotisme (frileux, époque oblige), rebondissements,…Jean Bruce assure cependant un réel plaisir de lecture avec son style très simple mais pas trop relâché pour autant. Disons qu’il possède une certaine efficacité, un sens du rythme et du rebondissement que n’ont pas toujours les besogneux de l’espionnage ou du polar. CHINOISERIES POUR OSS 117 emporte donc l’adhésion et se lit en une soirée tout comme on visionne un film d’espionnite des sixties : sans être dupe de la qualité réelle du produit proposé mais néanmoins avec plaisir et sans ennui. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Roman de gare

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