LA CHASSE de Bernard Minier

Publié le 20 Juin 2023

LA CHASSE de Bernard Minier

Fin octobre 2020. Samuel Patty vient d’être assassiné. Manu 1er va annoncer le reconfinement. Trump croit encore qu’il peut gagner les élections. Et une jeune racaille de banlieue est flingué par des adeptes de la chasse à l’homme. Heureusement Servaz est mis sur l’affaire et la résout en deux temps trois mouvements…Mais en blablatant beaucoup.

La France de Minier n’est pas très plaisante, entre racailles fouteurs de merde, petits dealers qui gagnent des fortunes dans les cités, islamistes toujours plus agressifs, squatteurs impossibles à déloger et profs aveuglés par le vivre-ensemble, la repentance et le gauchisme satisfait. Flic c’est vraiment un boulot de merde, plus personne ne veut le faire. Ceux qui s’accrochent se font ridiculiser par des gamins ayant déjà 50 arrestations au cul que des juges s’empressent de relâcher, convaincus par leur avocat qu’en fait ils ont juste eu la malchance de naitre au mauvais endroit. Bon, tout ça alourdit quand même pas mal l’intrigue de digressions sociopolitiques lourdingues que les personnages, même secondaires, aiment déclamer de manière littéraire (parfois un peu trop pour la crédibilité générale). Le commandant nous interroge le chef d’un squat et hop, un discours sur l’indigénisme, le colonialisme, etc. Il part discuter avec la prof de la victime et celle-ci nous explique l’islamisme qui progresse dans les lycées et les salles de sports. Minier ancre son récit dans le réel, instaure un climat en zappant d’une chaine d’infos à une autre, d’autant que nous sommes en période électorale américaine et à quelques jours de l’annonce d’un reconfinement, ce qui permet en plus de parler masques (« symbole d’une société muselée ») et hygiène à de nombreuses reprises.

En poche le bouquin pèse 500 pages. On enlèverait les passages anti-masques / anti-confinement on retomberait à 400. Mais si on supprimait toutes les considérations socio-politiques Minier aurait bien du mal à dépasser les 200 pages tant l’intrigue se révèle fine comme du papier clope. Les coupables sont connus immédiatement, leurs motivations évidentes et le suspense quasiment inexistant. Minier donne l’impression de réécrire la novelisation de « Chasse à l’homme » avec Van Damme combiné à « Magnum Force » et d’y ajouter 300 pages sociopolitiques pour « élever » le sujet.

Bon, c’est courant dans le polar / thriller de digresser. Mais ici le lecteur a parfois l’impression que la véritable digression c’est l’enquête proprement dite et que la seule chose qui intéresse Minier c’est de blablater sur l’état de la société. En effet, le gros du bouquin se compose de ces réflexions sur le monde qui « s’ensauvageone » et ne « va pas bien ». Les personnages, en plus, ne sont pas très intéressants, exceptés les anciens militaires qui reprennent la justice en main mais bien sûr Minier ne prend pas leur parti. Et le final, quelque peu expédié, laisse une impression de « tout ça pour ça ». Et surtout l’ensemble, après un début efficace, se montre bien ennuyeux.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller

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