CAPTAIN AMERICA EPIC COLLECTION : JUSTICE IS SERVED de Mark Gruenwald
Publié le 26 Mars 2021
Voici les épisodes 318 à 332 de la série « Captain America », accompagné d’un Annual en compagnie de Wolverine et d’épisodes divers (Amazing Spider Man 278, plusieurs Marvel Fanfare, un récapitulatif de la situation) qui se situent juste à la suite de la précédente collection « Epic », SOCIETY OF SERPENTS, et sont liés à la croisade de Scourge.
Ce super justicier créé par Mark Gruenwald s’inscrit dans la tradition du Punisher ou du Foolkiller (Cap’ rend d’ailleurs visite à ce dernier) dans sa manière d’éradiquer les super-vilains en les abattant d’une balle explosive avant de déclarer « Justice is served ». Ses victimes ne sont, évidemment, pas des poids lourds de la Maison des Idées, la plupart étant même des ringards finis dont Gruenwald était content de se débarrasser. Excepté Melter et Titania (c’est dire !), la plupart n’évoqueront pas grand-chose au lecteur : Basilisk, Human Fly, Enforcer, Miracle Man, etc. Afin de parachever le nettoyage par le vide, le Scourge, déguisé en barman, s’invite au célèbre « Bar sans nom » où se réunissent les super-vilains et en abat 18 en une seule fois. Captain America, aidé par le Water Wizard, imagine alors un plan audacieux : il prétend que Mirage a survécu au carnage et prend sa place pour tendre un piège à Scourge.
Cette longue saga fonctionne agréablement et la collection inclut même un épisode de Spiderman dans lequel ce-dernier défend Flash Thompson (alors accusé d’être le Super Bouffon) contre Scourge. Le récit se dirige classiquement vers une opposition des valeurs entre un Cap’ décidé à ne pas tuer ses adversaires et un Scourge reprenant les arguments du Punisher : avec lui pas de risque de voir les criminels revenir commettre de nouveaux méfaits après six mois de prison. Scourge se définit non pas comme un juge et un jury mais simplement comme un exécuteur. Notons qu’il déroge à son propre code en voulant tuer Flash Thompson avant que celui-ci n’ait été condamné par la justice officielle, laissant entendre, tout comme la fin du récit, qu’il existe plusieurs justiciers costumés surnommés Scourge.
Dans ce même volume, une autre longue saga concerne le criminel anti patriotique Flag Smasher dont l’organisation (Ultimatum) prend plusieurs personnes en otages. Devant le risque d’un massacre, Cap’ sera forcé d’abattre un des terroristes ce qui aura de lourdes conséquences. L’intrigue évolue au fil des épisodes avec l’apparition d’un nouveau justicier, Super Patriot, décidé à prendre la place d’un Cap jugé obsolète. Par la suite la légitimité des actes de Cap’ sera encore mise en question au travers d’une série d’épisodes dans lesquels il fait équipe avec Nomad, affronte le fantôme de Crane Rouge dans une maison hantée ou reçoit l’aide d’un catcheur « augmenté » pour combattre un criminel ayant doté divers individus de super-pouvoirs. Le tout se termine par l’affrontement final attendu entre Cap’ et Super Patriot alors que l’identité secrète de la Sentinelle de la Liberté menace d’être divulguée.
Le lecteur retrouvera le classicisme des comics de cette époque, avec leurs bons et leurs mauvais côtés : des histoires relativement simples, pouvant se lire quasiment indépendamment de toute continuité, des récits plus matures qu’au cours des précédentes décennies mais encore essentiellement tournés vers le divertissement et des planches construites à la manière franco-belge, avant la folie des pleines pages. On regrette surtout le caractère redondant des phylactères qui, souvent, expliquent lourdement ce que le lecteur comprend simplement en regardant les images. Même si le scénariste tente d’élever le sujet avec les conséquences des actes de Cap’ et des réflexions plus sociales et politiques, le tout manque de vraies implications et les nombreuses invraisemblances ou réactions aberrantes des personnages abaissent l’entreprise au simple (mais plaisant) divertissement. Les dessins, eux, sont très corrects et dynamiques sans être particulièrement marquants.
Reprenant « un an dans la vie de Cap », cette copieuse anthologie (le temps de lecture est au moins le triple des comics actuels) reste, dans l’ensemble, très sympathique et agréable. Si certains épisodes sont faibles, d’autres fonctionnent très bien et, au final, l’impression est largement positive. Une bonne manière de se familiariser avec un personnage populaire mais encore méconnu pour les lecteurs européens (à condition de comprendre l’anglais, évidemment).