Publié le 5 Février 2020

LA CINQUIEME SORCIERE de Graham Masterton

Avec ce roman, Masterton ne se renouvelle guère mais plonge avec délice dans un fantastique très bis qui rappelle ses premières œuvres comme LA MAISON DE CHAIR ou LE JOUR J DU JUGEMENT. Autrement dit, le romancier jette la subtilité pour se vautrer dans son cocktail coutumier de magie noire et de démonologie agrémentée de nombreuses scènes d’horreur à grand spectacle et d’une dose d’érotisme. Dire que nous sommes loin des plus belles (et nombreuses) réussites de l’auteur (LE PORTRAIT DU MAL, TENGU, LE MIROIR DE SATAN, DEMENCES, etc.) tient donc de l’euphémisme et confirme la mauvaise passe de Masterton confirmée avec les décevants WENDIGO et PEUR AVEUGLE. Il n’est donc pas étonnant que Masterton ne fut ensuite plus traduit en France pendant une dizaine d’années (jusqu’à GHOST VIRUS).

Dans LA CINQUIEME SORCIERE, le lecteur retrouvera les recettes habituelles, notamment une scène liminaire spectaculaire et sanglante, un héros classique (veuf, rongé par la culpabilité et titillé du slip par une jeune femme qui se révèle – surprise – une sorcière et donc la seule ligne de défense contre les forces du mal comme on dit à Poudlard), un partenaire destiné à connaitre un sort tragique, des visions opportunes permettant de faire avancer l’intrigue, une présence fantômatique, des références à des mythes et croyances (l’enochian, langue des anges « découverte » par l’occultiste John Dee) et beaucoup de passages poussant très loin la suspension d’incrédulité. Car l’horreur, ici, se veut « bigger than life » et Masterton ne lésine pas sur la boucherie, décrivant par exemple l’extermination d’une centaine de policiers d’élite par des créatures maléfiques. Toutefois, en dépit des excès gore, Masterton ne cherche plus à choquer comme il pouvait le faire du temps de RITUEL DE CHAIR et le roman verse surtout dans un Grand Guignol inoffensif.

Tout cela s’avère divertissant mais, hélas, terriblement prévisible dans son déroulement (aucune surprise, même le twist final se devine à des kilomètres), fort linéaire et parfois même répétitif (les combats contre chaque sorcière dans les derniers chapitres), sans oublier une tendance de l’auteur à recycler des idées antérieures (la cécité surnaturelle rappelle PEUR AVEUGLE, le héros parait calqué sur bien des protagonistes déjà croisés chez Masterton, l’intrigue mixe les saga MANITOU et le côté fantastique spectaculaire des Jim Rook). Le tout traine également en longueur (près de 400 pages pour une intrigue assez légère)

Sans la moindre subtilité mais avec un métier suffisant pour passer un (relatif) bon moment, LA CINQUIEME SORCIERE apparait comme un Masterton très moyen, une sorte de « splatter » littéraire distrayant mais très oubliable. On peut s’en contenter en se disant que le contrat est globalement rempli ou se désoler qu’un auteur de ce calibre puisse proposer un bouquin finalement tout juste passable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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Publié le 3 Février 2020

BINTI de Nnedi Okorafor

BINTI, une novella de science-fiction plutôt destinée aux jeunes adultes, fut lauréate des prestigieux prix Hugo et Nebula. L’autrice, d’origine Nigérienne, nous avertit qu’elle traite des « social issues” et notamment des “racial and gender inequality”. Elle s’est également fait connaitre pour son opposition à l’attribution d’un prix basé sur une représentation de Lovecraft (le World Fantasy) et sa demande pour qu’il soit remplacé par une autre statuette basée cette fois sur Octavia Butler. Du pain béni pour les « social justice warriors » et autres hystériques 2.0. Bref, en ouvrant BINTI, on commence à craindre le pensum politiquement correct si prisé des prix en science-fiction récents mais, au final, le court roman de Nnedi Okorafor s’avère plutôt plaisant.

Génie des mathématiques, Binti est la première femme issue du peuple Himba à accéder à l’université intergalactique Oomza Uni. A l’intérieur d’un vaisseau spatial, Binti fait connaissance des autres passagers. Malheureusement, le transporteur est arraisonné par une race extraterrestre, les Méduses, et toutes les personnes à bord sont massacrées, à l’exception de Binti elle-même. Binti se réfugie dans sa cabine puis commence à communiquer avec les Méduses par l’entremise de son « Edan », un artefact trouvé dans le désert.

Avec ce petit roman, Nnedi Okorafor s’éloigne radicalement de la hard-science actuellement en vogue pour un récit à l’ancienne, sorte de space-opéra confiné doublé du thème classique de la rencontre avec « l’autre ». Le tout additionné d’un parfum de « récit d’apprentissage ». La postface nous révèle que cette histoire a été inspirée à l’écrivaine par sa fille de 11 ans et dont l’univers ne semble ici qu’esquisser (on rencontre plusieurs ethnies, des objets bizarres comme les astrolables ou les Edan, le peuple extraterrestre des Méduses, etc.). Les prochains récits dans le même univers (BINTI 2 : HOME et BINTI : THE NIGHT MASQUERADE) développeront probablement une partie de ce vaste monde.

Sans être un chef d’œuvre (les deux récompenses récoltées laissent quand même songeurs et mettent probablement les attentes beaucoup trop haut), BINTI s’impose comme un court roman divertissant, de lecture aisée (y compris en anglais), marqué (mais sans excès) par les racines africaines de l’autrice, plein de bons sentiments et de naïveté mais quelque part agréable en ces temps de SF marquée par la sinistrose dystopique généralisée. Nous avons même droit à un happy end pacifique façon « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, même ceux que l’on considérait comme des ennemis. Pas indispensable mais pas déplaisant.

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Publié le 31 Janvier 2020

UNE POIGNEE DE SEIGLE d'Agatha Christie

Dans la villa du pavillon des Ifs, Mr Fortescue meurt empoisonné par son thé. L’inspecteur Neele découvre que le poison utilisé est la taxine, tiré des ifs. En outre le corps est retrouvé avec une mystérieuse poignée de seigle dans sa poche. Les soupçons se portent forcément sur l’épouse, beaucoup plus jeune, de Fortescue et Neele est déjà prêt à conclure l’affaire lorsque la jeune femme meurt empoisonnée à son tour, suivie par une domestique, Gladys. Miss Marple débarque pour venger la mort de cette domestique (issue de son village) et démêler le sac de nœuds…

Ecrit au début des années ’50, ce roman n’a pas la complexité et l’ingéniosité de ceux des années 30 mais n’en demeure pas moins un très réussi whodunit qui utilise, une fois de plus, une comptine enfantine pour rythmer les différents meurtres. Comptine utilisée ici de manière plus intéressante que dans d’autres livres de la romancière puisque la chansonnette (ou nursery rhyme) sert véritablement d’inspiration au criminel. Le plan du meurtrier, complexe, nécessite évidemment un peu de chance et de culot pour fonctionner, poussant quelque peu la crédibilité de l’ensemble, mais n’en reste pas moins bien élaboré. En dépit du grand nombre de fausses pistes, Christie joue franc-jeu ce qui permet au lecteur de deviner une grande partie de la solution aux trois quarts du roman. C’est loin d’être négatif puisque cela permet, au contraire, d’apprécier la méticulosité de la construction. Toutefois, il reste quelques zones d’ombre pour le lecteur, ce qui lui permet d’apprécier la démonstration finale d’une Marple toujours sagace. A noter que la vieille détective se montre peu présente : elle intervient tardivement et assez peu mais découvre évidemment les indices cruciaux menant à la solution.

Si le roman n’accède pas au podium des meilleurs Christie, il reste un whodunit fort rythmé, bien écrit, aux dialogues vifs et aux rebondissements nombreux qui le place dans le peloton de tête des Marple. Un très plaisant divertissement emballé en plus ou moins 200 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 30 Janvier 2020

LA BALLADE DE BLACK TOM de Victor LaValle

Victor LaValle, déjà plusieurs fois primé (Shirley Jackson, Locus), se voit ici pour la première fois traduit en français, l’engouement actuel démesuré pour Lovecraft ne devant pas y être étranger. L’auteur, afro-américain, dédie en effet son récit à HPL « avec mes sentiments contradictoires ». Son court roman constitue une sorte de relecture de « Horreur à Red Hook », un texte assez médiocre de Lovecraft dont on retient surtout le côté autobiographique (l’écrivain vivait dans ce quartier à l’époque) et le racisme quasiment délirant.

Victor LaValle va donc s’inspirer de cette nouvelle pour plonger son héros, un musicien raté de Harlem, Charles Thomas Tesser, surnommé Black Tom, dans l’univers des Grands Anciens. Nous sommes dans les années 20 et notre Black Tom égrène les quelques mêmes accords de guitare (les seuls qu’il connaisse) lorsqu’il croise la route d’un énergumène, le vieux Blanc Robert Suydam qui souhaite l’engager pour animer une soirée dans sa demeure…A partir de là tout dérape.

Le texte étant court, nous n’allons pas trop le détailler, ce qui enlèverait au lecteur le plaisir de la découverte. Il s’agit d’un mélange de chronique sociale sur l’entre-deux Guerres aux Etats-Unis, avec tous les problèmes d’argent qui se posent à la population (et en particulier aux Noirs), et de fantastique. Victor LaValle possède une écriture travaillée, précise et ciselée, et il l’utilise pour créer une ambiance effrayante tout en remettant la nouvelle originale de Lovecraft en perspective. Il dénonce la virulence attaque raciste lancée par Lovecraft sans charger inutilement la bête, refusant le simple pamphlet pour une approche plus subtile. Il reprend ainsi certaines idées de l’écrivain de Providence afin de s’en distancer ou de les démonter mais sans que cela transforme son roman en simple exercice. En effet, il use également à bon escient de la mythologie lovecraftienne pour offrir une intrigue réussie qui se tient parfaitement, proposant donc deux niveaux de lecture : une critique littéraire et une novella fantastique de qualité.

Dans la masse immense des pastiches « tentaculaires » sortis ces dernières années, LA BALLADE DE BLACK TOM constitue, à coup sûr, une belle réussite, un texte efficace et (relativement) original. Primé par le British Fantasy et le Prix Shirley Jackson, voici une découverte à faire pour les amateurs de HPL…et les autres. On aimerait à présent découvrir les romans de LaValle afin de vérifier qu’il sache tenir la distance sur le format long…Editeurs, à vous de jouer !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Lovecraft, #Roman court (novella)

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Publié le 29 Janvier 2020

STAR WARS: L'ULTIME COMMANDEMENT (LA CROISADE NOIRE DU JEDI FOU 3) de Timothy Zahn

Et voici le dernier volet de la célèbre « Croisade noire du Jedi fou », le livre événement qui lança l’univers étendu de Star Wars et qui demeure, pour bien des fans, la meilleure œuvre littéraire basée sur la saga de George Lucas.

Après L’HERITIER DE L’EMPIRE et LA BATAILLE DES JEDI, voici donc L’ULTIME COMMANDEMENT dans lequel on retrouve le Grand Amiral Thrawn aux commandes de la flotte Katana, prêt à lancer le dernier assaut contre les forces de la Nouvelle République. De leur côté Luke et Leia doivent détruire les usines de clones impériaux sur Wayland et combattre le Jedi fou Joruus C'baoth.

Célébré par les fans, L’ULTIME COMMANDEMENT constitue pour beaucoup la culmination du “Star Wars” post trilogie…oui à l’époque – le début des années 90 - on parlait de trilogie et nul n’imaginait que l’univers serait enrichi (ou pas, pas de polémique) d’une dizaine de films supplémentaires, de séries télés, etc. Bref, la saga était canonique, c’était la véritable suite des aventures de Luke, Leia, Han et les autres et le lecteur frustré de ne plus les voir au cinéma (« Le retour du Jedi » datait déjà de dix ans !) se délectaient de nouveaux personnages comme l’ambigüe Mara Jade, le contrebandier Talon Karrde, le dément Joruus C'baoth et le redoutable mais finalement honorable Thrawn, sorte de Rommell de l’espace qui insiste sur son éloignement du fou furieux que fut Dark Vador.

Vu le nombre de critiques positives, voire dithyrambique, on se permettra quelques petites réserves : le roman, comme les précédents, alterne adroitement action à grand spectacle et scènes intimistes, manigances tordues et stratégie militaire, mais souffre parfois d’un rythme en dent de scie. Parfois l’histoire semble patiner ou se perdre dans les détails, parfois les choses s’emballent et la résolution finale, par exemple, parait expédiée avec un goût de « tout ça pour ça » quelque peu regrettable.

L’écriture, très professionnelle, manque aussi un peu de souffle épique en dépit de l’accumulation de batailles spatiales colossales. Néanmoins, L’ULTIME COMMANDEMENT reste dans le haut du panier des romans adaptés de licence connue. Pour les fans de « Star Wars », la trilogie du Jedi Fou demeure un incontournable qui offre une continuation très travaillée (on mesure l’écart entre les personnages complexes proposés ici et les protagonistes tout lisses de la troisième trilogie cinématographique) aux aventures de Luke et ses amis. Bref, des bémols mais un réel plaisir de lecture et une bonne dose de nostalgie sont au programme de ce grand space opéra.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

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Publié le 28 Janvier 2020

LA CHUTE DE GONDOLIN de J.R.R. Tolkien et Christopher Tolkien

Dernier des Trois Grands Contes du Premier Age de la Terre du Milieu, LA CHUTE DE GONDOLIN constitue également l’ultime « grand travail d’exhumation » entrepris par Christopher Tolkien. Une entreprise titanesque débutée à l’orée des seventies, à la mort de J.R.R. Tolkien. Dans la préface, Christopher Tolkien prévient que ce sera également son dernier livre : publié en aout 2018 puis traduit en avril 2019 peu avant le décès de Christopher à l’âge respectable de 95 ans, le 16 janvier 2020.

Au commencement était donc le SILMARILLION, vaste entreprise laissée inachevée par J.R.R. Tolkien mais terminée et publiée par Christopher Tolkien aidé de l’écrivain de fantasy Guy Gavriel Kay. Des versions plus complètes des histoires proposées figureront ensuite dans divers recueils comme LE LIVRE DES CONTES PERDUS ou la monumentale HISTOIRE DE LA TERRE DU MILIEU.

Cependant, cette version de LA CHUTE DE GONDOLIN se veut la plus complète. Elle repart du texte originel de J.R.R. Tolkien rédigé durant la Guerre des Tranchées, en 1916. Elle retrace la chute de la grande cité elfique de Gondolin, détruite par les troupes de Melkor (ensuite rebaptisé Morgoth), notamment composées de dragons et de Balrogs. On croise durant le siège des personnages connus des fans comme Galdor, Glorfindel (qui périt sous les coups d’un Balrog) et Legolas avant de suivre la destinée des survivants de cette attaque.

L’édition de 2018 reprend ce texte de 1917 (qui constitue un court roman complet issu du LIVRE DES CONTES PERDUS), diverses versions condensées et une « version finale » du début des années ’50 laissée inachevée (dans laquelle nous n’assistons pas à la Chute de Gondolin elle-même). Outre l’intrigue principale, certes difficile d’accès mais instructive (et réservée aux fans complétistes de la Terre du Milieu vu la profusion de termes proposés…heureusement un lexique figure à la fin de l’ouvrage), le livre propose de nombreuses notes qui détaillent l’évolution de cette histoire, considérée comme le fondement de l’univers fictionnel de Tolkien et sur laquelle l’écrivain est revenu durant 35 ans. Sans jamais aboutir à une histoire réellement achevée comme s’en lamente d’ailleurs Christopher.

Avec les différents remaniements, l’histoire mis plus de cent ans à parvenir à sa (relative) maturation, depuis le conte initial de 1917 jusque cette édition ultime de 2018. Un travail d’archéologie littéraire impressionnant et, comme certains bonus plus intéressants que le film qu’ils accompagnent, les notes de Christopher Tolkien sur le travail de création paternel s’avèrent souvent plus passionnantes que le conte proprement dit. Ce-dernier constitue cependant une incontournable source de renseignements pour les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX et pouvoir lire les différentes versions du texte à la suite s’avère très enrichissant, le lecteur pourrait craindre la redondance, voir l’ennui mais, au contraire, il se plonge de plus en plus profondément dans cette forteresse elfique assiégée par Morgoth et apprend à mieux connaitre les intervenants. Quoiqu’il n’existe pas de version définitive, les différents textes brossent finalement un ensemble cohérent et globalement achevé de ce récit.

Bien sûr, LA CHUTE DE GONDOLIN n’est pas un livre « pour tout le monde », nous sommes loin de la Fantasy « easy reading » ou d’une fresque épique comme LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, c’est un conte, une légende des temps oubliés de la Terre du Milieu surtout destiné aux convaincus et aux amateurs de Tolkien qui pourront tout lire (c’est conseillé) ou picorer dans les textes et autres notes éclairantes. Les moins acharnés, par contre, se tourneront plus volontiers vers LE HOBBIT ou LE SILMARILLION pour s’initier aux Terres du Milieu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Fantasy, #Recueil de nouvelles

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Publié le 24 Janvier 2020

CALLING CTHULHU - ANTHOLOGIE VOLUME I

Cette anthologie forcément lovecraftienne démarre par un texte de Thomas Lecomte, « la toile », dont l’idée n’est pas mauvaise mais qui souffre d’un certain amateurisme. Bref, pas la meilleure façon d’entamer un recueil de nouvelles…On craint le syndrome de la fan fiction tentaculaire vite torchée et du recueil de nouvelles avec du poulpe gluant à toutes les pages (et il en existe beaucoup)…Heureusement la suite s’avère nettement plus intéressante.

« Le trou » de Jean-Jacques Jouannais constitue ainsi un bel exercice de fantastique insidieux sur un thème classique : un « trou » dans le sol à l’influence maléfique, thème abordé notamment dans le roman BRECHE VERS L’ENFER de Kate Koja…mais la nouvelle de Jouannais se montre, en une trentaine de pages, plus réussie que l’interminable bouquin de Koja.

Suivent deux textes plus courts sympathiques sans être transcendants (« portraits macabres » et « Shiloh ») puis le très réussi « L’affaire Philippe Lardamour » de Fabien Lyraud, certes classique mais rondement mené et qui se lit avec plaisir.

On repart pour deux nouvelles courtes, encore une fois classiques mais correctes (« Visite guidée de R’lyeh » et « les masques de Kahnuggah ») avant un excellent « Tibériade » de Nicolas Page au sujet d’un archéologue israélien parti plonger dans les eaux du lac Tibériade en 2013…et qui y retrouve son ancienne petite amie qui l’a quitté trois ans plus tôt pour explorer le Crater Lake…Sans doute le texte le plus maitrisé et réussi de cette anthologie, un mélange de mystère vertigineux et de fantastique cosmique du meilleur tonneau.

La suite reste de haut niveau avec un original « Cthulhu le déchu » qui apporte un peu de fraicheur au mythe et les très efficace et gentiment déjanté « La bonne étoile » de Mathieu Dugas dans lequel trois cambrioleurs bras cassés supporter du FC Lens s’introduisent dans une demeure pour y dérober un artefact magique.

Sans être incontournable, CALLING CTHULHU s’avère une anthologie d’un bon niveau général qui saura contenter les inconditionnels de l’univers lovecraftien.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 23 Janvier 2020

CINEMA D'EVENTREUR de Richard Laymon

Publié chez Gore dans une version raccourcie (des 230 pages du texte originel n’en subsiste que 150 comme toujours) voici une histoire assez peu crédible sur un cinéma où sont projeté des courts métrages d’horreur très (trop) réalistes. Bien sûr, il s’agit de snuff movies et lorsque Brit reconnait une de ses amies dans un des programmes proposés, elle décide de mener l’enquête.

A première vue, CINEMA D’EVENTREUR semble prometteur, mélangeant le côté « entertainer » fou des films « Wizard of gore » ou « Incredible torture show » aux clichés du slasher sous la loupe des rumeurs de snuff movies ayant couru à la fin des années ’70 (notamment avec le piètre film « Snuff »). Malheureusement, si l’idée n’est pas mauvaise, son exécution s’avère franchement médiocre et le bouquin (peut-être une conséquence de l’édition tronquée…admettons) parait décousu et d’un intérêt limité. Même dans une édition de 150 pages bien aérées, il semble en outre longuet tant tout cela peine à susciter autre chose qu’un ennui poli. Même le gore pour lequel l’écrivain est réputé parait finalement timide et sans inspiration.

Pas la peine d’en rajouter ou d’en écrire davantage, Richard Laymon a complètement foiré son coup avec ce roman raté.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Roman de gare

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Publié le 22 Janvier 2020

SAFARI SANS RETOUR d'Elspeth Huxley

Inconnue chez nous, Elspeth Huxley vécu en Afrique entre 1912 et 1925, un cadre qui fournira la matière nécessaire à la plupart de ses œuvres, notamment la série consacrée au superintendant Vachell. Seul le second des quatre policiers écrit par Elspeth Huxley (Aldous Huxley, auteur du MEILLEUR DES MONDES, étant son cousin par alliance) sera traduit au Masque sous le titre de SAFARI SANS RETOUR.

Milieu des années ’30, en Afrique, Lady Lucy Barandale participe, avec son Chanel N°5 et ses bijoux, a un safari en compagnie de son mari, Lord Barandale, un fanatique de photographie et sa fille Cara. Cette dernière, fiancée au très palot (et peut-être gay) Sir Gordon Catchpole, multiplie les aventures, notamment avec le chauffeur de l’expédition. Une bonne, l’aviatrice Chris Davis et le légendaire chasseur de gros gibier Danny de Mare complètent le safari. Lorsque les pierres précieuses de Lady Lucy disparaissent, le superintendant Vachell décide d’enquêter incognito en prenant la place laissée vacante par l’assistant de Danny de Mare, Luke Englebrecht, renvoyé pour avoir couché avec cette chaudasse de Cara. Mais Vachell doit rapidement faire face à une situation plus dramatique lorsque lady Lucy est découverte assassinée…

Voici un très plaisant whodunit à l’ancienne qui se distingue par son environnement particulier, celui d’un safari africain. Les personnages, bien typés, sont présentés avec efficacité et, une fois le meurtre accompli, les suspects ne manquent pas. Les aspects plus dangereux du safari ne sont pas éludés avec quelques fauves et autres animaux sauvages venant rendre l’enquête plus palpitante. On note également des dialogues bien ciselés, très naturels et pourtant bien écrits, qui n’oublient pas un certain humour acide et satirique bienvenu.

Pour les amateurs de whodunit « golden age », à la fois classique (par son intrigue) et innovant par son cadre, SAFARI SANS RETOUR s’impose comme une belle réussite en outre bouclée en seulement 158 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 21 Janvier 2020

CASINO ROYALE de Ian Fleming

Dans ce premier volet de la saga James Bond, le lecteur fait connaissance avec le moins secret des agents secrets, lequel est envoyé dans une petite ville française pour affronter Le Chiffre. Celui-ci a perdu d’importantes sommes d’argent et compte sur le casino de Royale-les-Eaux pour se refaire une santé aux tables de baccara. Comme Le Chiffre est lié à l’Union soviétique et alimente les caisses du parti communiste français, Bond est chargé de le plumer au jeu ce qui mettrait une bonne petite claque aux cocos.  

Nous sommes ici au début des années ’50, en pleine guerre froide qui n’attend qu’une occasion pour se réchauffer. Le contexte est donc très différent de celui de la récente version cinématographique avec Daniel Craig (laquelle reprend cependant une partie des péripéties du roman et se montre plus fidèles que bien d’autres long-métrages « Bond »), plus proche des origines de la saga cinéma, nous sommes dans une époque similaire à celle de « Bons baisers de Russie ».

L’intrigue, simple, se limite pratiquement à cette confrontation entre deux adversaires aux nerfs d’acier, le Chiffre, menacé de mort par l’organisation SMERSH (« Mort aux espions », qui deviendra dans les films le SPECTRE), et James Bond. L’occasion de mieux connaitre l’agent secret, bon vivant amateur de vin, de cocktails (dont le fameux et délicieux Vesper), de nourriture de luxe (caviar), de cigarette (avec un tabac composé spécialement pour lui), d’hôtel de grande classe et, bien sûr, de femmes fatales. Car Bond va rencontrer Vesper et nouer une rapide et brulante passion qui, forcément, finira mal. Bien qu’il semble jeune, Bond parait déjà revenu de tout dans ce premier roman, ce qui explique son cynisme et son côté presque « usé » par les manipulations politiques et les intrigues du monde moderne. Il parait bien seul dans ce monde en dépit de l’aide reçue par René Mathis, l’espion français, et surtout par son copain Felix Leiter de la CIA que l’on retrouvera dans plusieurs romans ultérieurs.

Roman relativement court (230 pages) divisé en nombreux courts chapitres, CASINO ROYALE bénéficie d’un style bien rêche, d’une efficacité exemplaire (que l’on pourrait rapprocher de celui de Mickey Spillane) et d’un tempo nerveux. Une bonne entrée en matière dans l’univers bondien.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #James Bond, #Espionnage, #Thriller

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