Publié le 14 Février 2018

MARVEL DELUXE - SIEGE de Brian M. Bendis & Olivier Coipel

Dans la première décennie du XXIème siècle, les « events » Marvel se succèdent, avec de franches réussites (HOUSE OF M, CIVIL WAR), des ratés (SECRET INVASION) et des titres globalement satisfaisant (DARK REIGN). Le problème est qu’à force d’événements successifs, le statu quoi s’en trouve fortement perturbé alors que, parallèlement, la Maison des Idées envahit les salles obscures. Un retour à un « âge des héros » s’impose, bref l’éditeur souhaite repartir sur de bonnes bases et à nouveau promouvoir les versions classiques de ses principaux personnages, ceux qui s’apprêtent à triompher dans leur version cinématographique. Pour cela, il importe de faire table rase des quatre ou cinq années précédentes au cours desquelles Norman Osborn s’est imposé comme l’homme le plus puissant de la terre. Il est, en effet, à la tête du H.A.M.M.E.R. (qui a succédé au Shield) et bénéficie de l’appui de Sentry, l’équivalent d’un dieu en termes de puissance pure. Norman dirige également sa propre version des Avengers, composés de super vilains camouflés, notamment Venom (alias Spiderman), Bullseye (qui campe Œil de Faucon) ou Daken incarnant Wolverine.

Que faire pour changer la donne ? Attaquer Asgard. Un plan  quelque peu hasardeux derrière lequel se cache, une fois de plus, Loki, le malicieux dieu du mensonge. Osborn va donc monter de toutes pièces un incident diplomatique impliquant Volstagg. Ce-dernier, attaqué par les hommes de main de Hood, libère sa puissance dans un stade et fait des centaines de victimes, un drame national qui renvoie directement à la catastrophe ayant conduit à la Civil War. Considérant cela comme une agression envers les Etats-Unis, Osborn déclare la guerre à Asgard.

MARVEL DELUXE - SIEGE de Brian M. Bendis & Olivier Coipel

Avec son sous-texte politique évident et plutôt critique faisant écho aux guerres récentes (inventons un prétexte, laissons l’ennemi réagir et lançons la politique d’invasion), SIEGE reste un honnête « event » condensé sur seulement quatre numéros, ce qui évite le délitement habituel de la bonne idée de base dans des pages et des pages de blablas inutiles.

L’intrigue, serrée, se voit donc bouclée en moins de 100 pages et reste plaisante à suivre, quoique tout cela s’apparente surtout à une manière plus ou moins habile de conclure les storyline en cours pour relancer la machine. Les events Marvel se rapprochent d’ailleurs de plus en plus des shows pay per view du catch : indispensables pour comprendre la situation actuelle mais finalement sans grandes conséquences, les jeux d’alliances étant destinés à être repensés rapidement. Ici, la période « Dark reign » (thématiquement intéressante) se voit donc effacée sans qu’il ne reste de grandes conséquences : Tony Stark revient, les super héros sont à nouveau appréciés, la loi de registration ayant conduit à la Civil War abrogée,… Bref on repart cinq ou six ans en arrière comme si de rien n’était. Reste que cette histoire simpliste se trouve bien servie par le dessin efficace d’Olivier Coipel, ce qui permet de la lire sans déplaisir.

De plus le deluxe propose son lot de tie-ins plus ou moins intéressants : on commence avec les prémisses de l’intrigue principales (« The Cabal ») et on enchaine avec des numéros consacrés à Captain America, Loki, les Young Avengers, les Secret Warriors et Spiderman avant un épilogue voulu émouvant mais sans  grand intérêt sur Sentry. Rien de vraiment passionnant mais rien de déshonorant non plus, excepté le combat foireux de Captain America et Bucky contre le ringard Razorfist.

Pour une fois, Panini fait preuve d’une certaine cohérence dans sa présentation et offre quelques bonus comme des couvertures ou des croquis, ce qui donne à l’ensemble un côté « bel objet » pas désagréable. A l’image de ce récit sans surprise mais divertissant.

MARVEL DELUXE - SIEGE de Brian M. Bendis & Olivier Coipel

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Publié le 12 Février 2018

LES DESERTEURS TEMPORELS de Robert Silverberg

Ecrit en 1967 voici un plaisant roman de science-fiction qui aborde, par la bande, la thématique du voyage dans le temps et des paradoxes temporels.

Nous suivons les pas de Joe Quellen, secrétaire criminel de septième classe (ce qui n’est pas si mal, il peut posséder un appartement d’une pièce) vivant sur la Terre ultra surpeuplée de 2490 dirigée par un invisible Gouvernement Suprême. Quellen, grâce à la téléportation, se réfugie régulièrement en Afrique, dans une zone paradisiaque normalement réservée aux plus hautes instances (la deuxième classe). Cette infraction l’oblige à payer une somme rondelette à un de ses collègues, apprenti maitre chanteur. A cette époque se déroule également un curieux phénomène : des individus, désespérés, « sautent » dans le temps et deviennent des « déserteurs temporels », se réfugiant cinq siècles auparavant. Le fait a été enregistré et il n’est pas question de s’y opposer tant les risques sont grands de détruire le continuum. Après tout le chef suprême de la Terre est peut-être lui-même un lointain descendant d’un de ses « sauteurs ». Pourtant Quellen enquête sur l’étrange organisation clandestine dirigée par un certain Lanoy qui se charge d’expédier dans le passé ses concitoyens. Que fera t’il une fois Lanoy identifié ?

En 190 pages, Silverberg démontre son talent pour offrir un récit rythmé qui brosse un tableau plausible d’un futur possible : la société y est totalement hiérarchisée, chacun appartient à une classe spécifique et le monde, incroyablement surpeuplé en dépit de mesures drastiques, est devenu pour beaucoup quasiment invivable. D’où le succès d’une organisation secrète qui se propose, contre rémunération, d’envoyer se perdre dans le temps les personnes les plus désespérées.

Si beaucoup de détails ont vieillis dans le décorum (la technologie imaginée pour le XXVème siècle parait déjà en grande partie obsolète aujourd’hui), le futur décrit n’en reste pas moins intéressant avec cette planète victime d’une surpopulation effarante et ses habitants répartis dans des classes sociales rigides. Silverberg imagine également des échappatoires possibles offertes aux humains trop cadenassés : religions bizarres, rites érotiques particuliers (des cérémonies de vomissements rituels qui préludent aux orgies), usages des drogues généralisées dans « les palais de l’illusion », prostitution institutionnalisée, etc. Tout semble prévu pour éviter que la bouilloire ne déborde, l’Etat se souciant de proposer des soupapes de sécurité afin d’éviter la révolte.

L’écrivain brosse de beaux portraits, caractérisant avec efficacité mais simplicité son principal protagoniste, un employé administratif de seconde zone tenté par une rébellion mineure (la possession d’un petit jardin africain) qui va lui causer bien du souci durant son enquête sur les « déserteurs temporels ». Les personnages secondaires, eux aussi, sont intéressants, comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de pondre des pavés de 1000 pages pour rédiger un roman à la fois intelligent et divertissant.

Proche dans ses thématiques d’autres romans de l’écrivain comme LES DEPORTES DU CAMBRIEN ou LES TEMPS PARALLELES (ce dernier proposé dans le même recueil « Time Opera »), LES DESERTEURS TEMPORELS constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers d’un des géants de la science-fiction américaine.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Dystopie

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Publié le 9 Février 2018

LES INDISCRETIONS D'HERCULE POIROT d'Agatha Christie

Le riche Richard Abernethie meurt subitement d’une crise cardiaque. Ses parents se réunissent pour la lecture du testament et tout se passe très correctement à l’exception d’une remarque étrange de la fantasque Tante Cora qui déclare « Il a été assassiné, n’est-ce pas ? ». Nul ne prend ses dires très au sérieux mais le lendemain la tantine est découverte tuée à coups de hachette. Difficile, cette fois, de prétendre qu’il s’agit d’une mort accidentelle, ce qui relance la thèse de l’assassinat de Richard. A Hercule Poirot, convoqué par l’avoué et ami du défunt Mr Entwhistle, de démêler cette affaire.

Comme tous les Christie post Seconde Guerre Mondiale, LES INDISCRETIONS D’HERCULE POIROT agrémente l’intrigue policière de considérations plus sociales. L’auteur décrit ici un « vieux monde » à l’agonie, celui de ses premiers livres, avec ses riches familles, ses demeures majestueuses et ses domestiques serviables. Mais les temps changent : la maison familiale, Enderby, va être vendue, les biens du patriarche décédé disséminés entre ses héritiers tandis que les jeunes s’insurgent devant « l’exploitation » imposée au personnel domestique ou prennent le parti des criminels, envisagés comme des figures romantiques. Ces personnes de bonne famille vont jusqu’à se disputer pour savoir à qui reviendra la table en malachite du défunt. « Le temps des belles maisons était révolu », se désole ces anciens riches à présents fauchés comme les blés. Le progrès est passé par là, « la faute au gouvernement travailliste, à ces hypocrites de crypto socialistes ». Jadis prospères, nos aristocrates désargentés éprouvent même quelques difficultés à dissimuler à quel point le décès du patriarche survient à point nommé, permettant de renflouer des caisses en ayant bien besoin.

Absent durant la première partie du roman, le Belge à moustaches débarque caché sous un pseudonyme et prétendant – horreur – appartenir à une organisation désireuse d’acheter la propriété pour la transformer en hébergement pour réfugiés. Il use d’un anglais approximatif qui lui permet de fureter un peu partout sans que les suspects se méfient. De toutes manières ces petits jeunes ne le connaissent pas :

« C’est drôle que je n’aie encore jamais entendu parler de vous. 

- Ce n’est pas drôle, répondit Poirot avec sévérité. C’est lamentable ! Hélas ! l’éducation n’est plus ce qu’elle était. »

L’intrigue progresse de manière classique, avec l’interrogatoire des suspects, la tentative de meurtre de la dame de compagnie, les révélations successives et, bien sûr, la confrontation finale durant laquelle Poirot dévoile la clé du mystère.

Dans l’ensemble, un bon cru.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Agatha Christie

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Publié le 7 Février 2018

L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress
L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress

Dans un futur proche, la recherche en génétique permet l’amélioration des humains et, dès la conception, certains parents choisissent de modifier leurs enfants pour créer des « mutants » supérieurs. Bien sûr, le coût en est si élevé que peu de parents peuvent se le permettre. Le milliardaire Roger Camden y a recourt pour une intervention encore très rare et controversée, la suppression du sommeil. Son épouse accouche donc de Leisha, une Non Dormeuse, mais également d’une jumelle n’ayant pas subi la manipulation génétique, Alice. Disposant de huit heures supplémentaires par jour pour étudier et travailler, Leisha, comme toutes les Non Dormeurs, apprend et progresse plus vite qu’Alice et que tous les enfants Dormeurs. Il apparait également que les Non Dormeurs possèdent une longévité bien plus élevée que celle des humains normaux. Bientôt, l’émerveillement laisse place à la peur et à la haine devant cette minorité à qui tout réussi…

Vainqueur du prix Hugo du meilleur roman court (ou « novella »), ce récit s’intéresse évidemment au lien qui unit les deux sœurs si proches et si différentes, l’une avançant dans l’existence plus rapidement que l’autre. L’écrivain ponctue aussi son texte de considérations sociologiques et philosophiques illustrées, par exemple, par la problématique des « mendiants en Espagne » : si on est prêt à donner un dollar à un mendiant ou même à cinq il devient impossible de donner un dollar à cent mendiants. Et dans ce cas, qu’est ce qui les empêche de prendre de force ce qui leur est « dû ». Mais n’y a-t-il vraiment que des mendiants en Espagne ?

Subtilement, Nancy Kress, déjà remarquée par son excellente « Trilogie des probabilités » suit un chemin déjà emprunté (notamment dans les comics X Men) et décrit les vexations, le rejet puis la violence subis par les Non Dormeurs que les humains ordinaires considèrent comme privilégiés puisqu’ils disposent d’un « tiers temps » de vie supplémentaire.

L’univers très riche développé par Nancy Kress fut ensuite étendu par le roman BEGGARS IN SPAIN (incluant L’UNE REVE ET L’AUTRE PAS ainsi que trois autre novellas) puis par deux autres romans, BEGGARS AND CHOOSERS et BEGGARS RIDE qui forment la « Beggars trilogy » dite « Sleepless », tous inédits en français.

L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress
L'UNE RÊVE ET L'AUTRE PAS de Nancy Kress

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Prix Hugo, #Prix Nebula, #Roman court (Novella)

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Publié le 5 Février 2018

LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE de John Scalzi
LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE de John Scalzi

Ce premier tome d’une saga à succès nous présente John Perry. Agé de 75 ans, récemment veuf, Perry n’a plus que quelques années à vivre, dans la solitude et les douleurs du grand âge. A moins qu’il se décide à intégrer les Forces de Défenses Coloniales, une armée spatiale chargée de protéger l’expansion humaine à travers la galaxie. Dans ce cas il subira un mystérieux traitement visant à la rajeunir et, après un entrainement éprouvant, pourra s’engager pour dix ans afin de « tuer tout ce qui n’est pas humain ». Perry accepte et se lance, avec d’autres personnes de son âge, surnommées le club des vieux cons, dans une guerre sans merci contre toutes les espèces extraterrestres qui menacent les Hommes. Il a huit chances sur dix de ne pas atteindre la fin de son service militaire mais, haut les cœurs, avec un corps (vert !) tout neuf et bien plus performant, ainsi qu’un ordinateur « amicerveau » bien utile, Perry part combattre les aliens. « Etoiles, garde à vous ! »

Finaliste du Hugo (Scalzi aurait mérité de l’obtenir pour ce livre et non pour sa piteuse parodie de STAR TREK, le désolant RED SHIRTS), ce space opéra militariste s’inscrit clairement dans la tradition du classique STARSHIP TROOPERS de Robert Heinlein. D’autres commentaires l’ont également rapproché d’un autre chef d’œuvre du genre, LA GUERRE ETERNELLE de Joe Haldemann. Il existe pires références.

L’intrigue se déroule sans accrocs, de manière linéaire, en prenant le soin de caractériser adroitement les différents personnages et en particulier le héros, John Perry. Le lecteur ne sait pas vraiment les raisons de ces guerres incessantes, de cette absurde poussée en avant dans le cosmos pour conquérir de nouveaux territoires mais cela correspond également à l’état d’esprit de John Perry, embarqué presque malgré lui dans ce conflit sans fin. L’auteur ne détaille guère les extra-terrestres mais même les plus mignons peuvent se révéler dangereux alors dans le doute le conseil est de tuer tout ce qui n’est pas humain.

Si la première partie, plus mystérieuse, reste la plus réussie la seconde fonctionne toutefois de belle manière en énumérant les phases d’entrainement et les batailles que livre Perry et ses « nouveaux vieux amis ». Bien sûr, nous restons dans la classique camaraderie militaire (« je me bats pour ma compagnie et mon escadron. Je veillais sur eux et eux viellaient sur moi. C'était aller au combat ou les laisser mourir. ») et Scalzi n’évite pas une certaine redondance. Toutefois, il réussit cependant à enrichir son univers par d’intéressantes trouvailles, notamment en imaginant des « brigades fantômes », unités d’élite créées à partir des morts (n’en disons pas plus pour ne pas spoiler), ce qui amène un surcroit d’intérêt et d’émotion lorsque Perry retrouve, en quelque sorte, son épouse décédée.

LE VIEIL HOMME EST LA GUERRE est donc un bon space opéra, imprégné de camaraderie, de rage et de combats homériques contre d’innombrables extra-terrestres tous plus agressifs les uns que les autres.

Un roman guerrier, à déconseiller aux pacifistes (« Voici mon fusil. Il y en a bien d'autres comme lui mais, celui-ci, c'est le mien. Je dois le maîtriser comme je maîtrise ma vie. Mon fusil sans moi ne sert à rien. Je dois tirer droit, plus droit que l'ennemi qui cherche à me tuer. Il faut que je le tue avant qu'il ne me tue. Et c'est ce que je ferai. ») mais à conseiller à tous les amateurs de science-fiction rentre-dedans. A la fin de ce roman qui se lit extrêmement vite et avec un plaisir constant (du vrai bon « page turner ») le lecteur n’a qu’une envie, enchaîner directement sur le deuxième tome, LES BRIGADES FANTOMES.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Space Opera

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Publié le 2 Février 2018

LE RETOUR DES DAMNES de Mario Pinzauti (Harry Small)

Née en 1959 et achevée en 1981, les RACCONTI DI DRACULA constituent une vaste collection de romans d’horreur « pulp » italiens peu connus du public francophone. Tout juste a-t-on eu droit, dans les sixties, à douze traductions (parait-il bâclées) sous le titre LES AVENTURES DE DRACULA. Spécialiste du bis et de la littérature populaire, Patryck Ficini a décidé, pour le compte de Sueurs Froides via Hantik Books, de traduire avec respect ce petit bouquin.

Ecrit en 1973 par Harry Small (pseudonyme de Mario Pinzauti, décédé en 2010) en six jours (2 pour l’intrigue, quatre pour la rédaction proprement dite) LE RETOUR DES DAMNES s’intéresse au cas de la célèbre Erzébeth Bathory, personnage historique ayant pris l’habitude, pour préserver sa jeunesse, de se baigner dans du sang de vierges. La Hammer en a livré une version réussie sous le titre COMTESSE DRACULA et, plus récemment, Julie Delpy nous a offert le splendide LA COMTESSE sur le même thème. Ici, le « présent » et le passé se mêlent adroitement jusqu’à une conclusion quelque peu attendue mais efficace d’où le happy end est absent.

Joliment présenté par Sin’Art dans une belle édition agrémentée d’illustrations sobres et évocatrices, LE RETOUR DES DAMNES s’étale sur environ 120 pages, divisé en seize courts chapitres, et suit le journaliste américain Jezorlavy Istok dans un périple surnaturel. Décidé à rédiger un reportage sur le sataniste Sat Astar, grand maître autrichien d’une branche de la Rose-Croix, Istok tombe sous le charme vénéneux de Lamia, la secrétaire très particulière d’Astar. Par la suite, le reporter va vivre messes noires et autres orgies qui le ramènent également quelques siècles plus tôt, aux temps de la comtesse sanglante Bathory. Il découvre ainsi sa précédente incarnation, alors qu’on le surnommait « Tête de Fer » et qu’il assistait Bathory dans ses rites impies.

Prolifique écrivain (des dizaines de « séries B » littéraires) mais aussi cinéaste (AVEC RINGO ARRIVE LE TEMPS DU MASSACRE ou WHITE EMMANUELLE, BLACK EMMANUELLE) Mario Pinzauti mène adroitement sa barque et offre un pur roman de gare horrifico- érotique. Sans perdre son temps en palabres ou descriptions inutiles, l’auteur préfére avancer, de manière très linéaire (principal défaut que l’on pourrait lui reprocher) dans son récit aussi simple qu’efficace, ponctué à intervalle (très) réguliers de scènes sexy, sadiques ou sanglantes. Voire les trois à la fois. « A l’origine de tant d’atrocités il y avait l’indicible perversion sexuelle de la comtesse » nous dit l’auteur qui aurait pu être publié par une collection telle « Angoisse » ou même « Gore ».

Concis, rythmé, d’une lecture facile et plaisante, LE RETOUR DES DAMNES ne prétend pas s’inscrire dans la « grande littérature » et, comme le souligne la postface de Patryck Ficini, ne peut rivaliser avec les œuvres de Lovecraft ou Robert Howard.  Mario Pinzauti se situe davantage dans la lignée des seconds couteaux de l’épouvante en reprenant des thématiques classiques mais en donnant au lecteur ce qu’il est venu chercher : deux heures d’évasion au royaume de l’horreur païenne, des orgies sataniques et du fantastique rétro. Bref, ce court récit qui puise dans l’attirail du gothique pour mieux le pervertir par le sexe et le sang constitue une jolie découverte, limitée à 60 exemplaires et destinée aux fans. Espérons que le succès soit au rendez-vous et encourage l’éditeur à poursuivre avec d’autres traductions de cette collection des RACCONTI DI DRACULA.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare, #Gore, #Erotique

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Publié le 1 Février 2018

BLACK HAMMER TOME 1 - ORIGINES SECRETES de Jeff Lemire & Dean Ormston
BLACK HAMMER TOME 1 - ORIGINES SECRETES de Jeff Lemire & Dean Ormston

Lorsque Jeff Lemire imagine BLACK HAMMER, voici une dizaine d’années, il ne pense pas pouvoir un jour illustrer de « véritables » comics super héroïques, autrement dit l’auteur se désespère de travailler pour Marvel ou DC. Plutôt que se lamenter sur son sort, Lemire décide de créer ses propres personnages, un peu à la manière du WATCHMEN d’Alan Moore, pour livrer sa vision, à la fois personnelle et référentielle du monde des encapés. Comme la naïveté initiale des récits n’est plus (tout à fait) de mise en ce XXIème siècle adepte de la déconstruction des mythes et du « méta », Lemire dépoussière la bande dessinée super-héroïque en la rendant plus mâture et en abordant certaines thématiques jadis taboues (notamment liées à la sexualité de ses héros). Mais l’auteur assume également ses clins d’oeils et références, lesquels vont de l’Age d’or (les Marvel « guerriers », la Justice Society of America, etc.) à La créature du Marais en passant par la science-fiction rétro (un robot décalque le Robbie de « Planète Interdite ») et une sorcière tirée des TALES FROM THE CRYPT

BLACK HAMMER TOME 1 - ORIGINES SECRETES de Jeff Lemire & Dean Ormston

Après une ultime bataille au cours de laquelle ils ont sauvés la ville de Spiral City du terrible Anti Dieu, une poignée de combattants aux supers pouvoirs se retrouvent piégés dans une réalité alternative, au cœur d’une bourgade toute droit sortie d’un tableau d’Americana. Nous y retrouvons Abraham Slam (inspiré par Captain America et le Widcat de la Distinguée Concurrence), boxeur ayant mis ses talents au service du monde libre et du mode de vie américain. A ses côtés, Gail, jeune fille ayant reçu des pouvoirs divins par un grand sorcier (un hommage à Shazam / Captain Marvel) mais éternellement coincée dans son corps juvénile. En dépit de ses désirs très féminins, Gail doit aller à l’école pour ne pas éveiller la méfiance des locaux. De son côté, Barbalien, alias Mark Marz, guerrier métamorphe martien calqué sur le Martian Manhunter dissimule à la fois sa nature extra-terrestre et son homosexualité. Madame Dragonfly, la sorcière au lourd fardeau, garde une étrange cabane du mystère tandis que l’ombre de Black Hammer, supposé décédé, plane sur cette famille dysfonctionnelle. Enfin, nous découvrons le Colonel Weird, prototype du soldat de l’espace à la Adam Strange cher aux space opéra du temps des pulps.

BLACK HAMMER TOME 1 - ORIGINES SECRETES de Jeff Lemire & Dean Ormston

Très joliment illustré par un Dean Ormston sachant, lui aussi, capturer l’essence de la bande dessinée américaine de l’âge d’or, BLACK HAMMER constitue une belle déclaration d’amour aux comics qui prouve qu’un auteur talentueux peut encore renouveler le genre, en apparence sclérosé, de la saga d’encapés. Loin de l’action trépidante et des pleines pages de « pif paf kaboom », l’important réside ici dans la psychologie des personnages et leur évolution, leur histoire, souvent tragique, étant ponctué de flashbacks les resituant dans leurs époques respectives précédant la grande « Crisis » les ayant catapultés dans ce bled perdu des Etats-Unis.

Bref, Lemire signe véritablement une réussite totale appelée à devenir, on l’espère, à son tour une référence. A condition que la suite (attendue pour 2018) soit aussi réussie, nul doute que BLACK HAMMER aura sa place dans toute BDthèque qui se respecte et saura plaire à la fois aux inconditionnels des super-héros comme aux réfractaires au genre.

Comme d’habitude, l’édition Urban se montre en outre excessivement soignée avec de nombreux bonus intéressants (fiche de personnage, notes diverses, couvertures originales) pour un prix modique (proposé à 15 euros, le prix de lancement était de 10 euros !) : un sans-faute à tous les niveaux

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #science-fiction, #Superhéros, #Marvel Comics, #DC

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Publié le 30 Janvier 2018

KIRA B - ONDE DE CHOC SUR L'OREGON de Steven Belly

Dans le trois centième (!!!) tome publié en France de l’Exécuteur, LE RESEAU PHENIX, Mack Bolan, l’éternel Guerrier, se découvrait une probable descendance, Kira, supposée être sa fille perdue de vue et tombée aux mains d’infâmes réseaux pédophiles.

Notre jeune punkette gothique, pirate informatique sexy tatouée, percée et bisexuelle (forcément) revient se venger dans ses premières aventures en solo, papa ne faisant ici qu’une lointaine figuration en dispensant ses conseils et en aidant, de loin, la demoiselle. Car Kira Bolan, après avoir émasculé un de ses violeurs, se lance dans un nouveau blitz, décidée à exterminer un réseau de trafic d’êtres humains opérant dans les profondeurs insoupçonnées du Dark Web. Se faisant passer pour l’agent spécial d’un prince arabe nanti d’un imposant harem, Kira infiltre l’organisation Witch, spécialisée dans la prostitution et les snuff movie dans le but, bien évidemment, de la démanteler à la manière de papa…

Si Kira B se conforme aux attentes du lecteur (masculin) du roman de gare, elle reste néanmoins un personnage intéressant, fan de rock & roll, de films d’horreur (« Massacre à la tronçonneuse » est son préféré) et de séries télé, bien qu’elle ignore à quoi peut se référer son paternel en parlant de « K2000 », lui préférant la plus contemporaine « Walking Dead ».

On sent l’auteur féru de références et soucieux d’apporter un peu de sang neuf à la saga de L’EXECUTEUR en y injectant davantage d’humour et une forte dose d’érotisme, jusqu’ici quasiment absent des aventures de Mack Bolan. Avec Kira, le charme est là et l’auteur ne se prive pas d’une poignée de scènes chaudes entre filles et même d’une relation hétérosexuelle en mode cyber sexe. L’originalité n’est donc pas vraiment au rendez-vous (Kira ressemble à un décalque de l’héroïne revancharde de la saga MILLENIUM) mais le récit se révèle cependant efficace. L’intrigue braconne un peu sur les terres du techno thrillers avec son jargon technique et ses innovations technologiques sans toutefois risquer de perdre le lecteur, l’essentiel étant, comme toujours, l’action pétaradante et violente, saupoudrée d’un certain sadisme et d’un côté glauque qui rendent KIRA B, toutes proportions gardées, plus sérieuse que L’EXECUTEUR.

Vu la monstrueuse inhumanité de l’organisation Witch (qui dresse dès l’enfance ses prostituées afin de les amener à supporter les tortures infligées par les riches clients recourant à ses services), Kira, adoubée par Mack Bolan, ne peut que réagir de manière radicale en exterminant toutes ces ordures.

Pour les amateurs de L’EXECUTEUR tenté par une intrigue plus « moderne » et un nouveau personnage attachant et sexy, ONDES DE CHOC SUR L’OREGON reste un bon moment de lecture et un plaisant roman de gare : un peu d’humour, une louche d’érotisme, une bonne dose de violences, du sadisme,…que demander de plus pour passer un bon moment ? Dommage cependant que la conclusion soit expédiée en 3 pages...

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller, #Roman de gare, #Gérard de Villiers, #Exécuteur

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Publié le 26 Janvier 2018

VERSION ORIGINALE de Bill Ballinger

Roman noir typique des années ’50 avec son détective amateur et sa femme fatale, VERSION ORIGINALE se distingue par l’originalité de sa construction : il alterne, en effet, la narration à la première personne de l’enquêteur (durant les années ’50) avec le récit des aventures de sa vamp situées une dizaine d’années auparavant.

Le narrateur, Danny April, est donc décidé à relancer une affaire de recouvrement de dettes. Après l’avoir rachetée, il parvient rapidement à la redresser mais tombe également sur une pile de vieux dossiers. Poussé par la curiosité, April découvre l’existence d’une jeune femme, Krassy, mystérieusement disparue depuis une dizaine d’années. De plus en plus obsédé par cette Krassy, notre détective amateur tente de la retrouver et de dresser le portrait (qui s’évapore comme la fumée, d’où le titre original plus évocateur de « Portrait in smoke ») de la demoiselle.

Ce détective improvisé se construit, peu à peu, une image de la jeune fille qu’il imagine victime des événements et marquée par l’existence. En réalité, Krassy constitue un des plus beaux exemples de séduisante salope que nous ait offert le roman noir. Experte manipulatrice, elle débute sa « carrière » en embobinant son premier copain, une petite frappe minable, pour qu’il truque un concours de beauté local. Elle remporte ainsi l’élection et les nombreux prix associé. Elle réussit même à obtenir, en échange de ses faveurs, une rallonge en dollars de la part du père de son petit ami. Ce-dernier prend d’ailleurs très mal la trahison paternelle. Par la suite, Krassy change plusieurs fois de nom et grimpe les échelons de la réussite sociale en payant de sa personne et en utilisant son incroyable beauté pour embobiner les hommes rencontrés.

Le récit se poursuit en proposant un double tableau de Krassy et de Danny April lesquels finissent, bien sûr, par voir leurs chemins se croiser pour le meilleur et pour le pire. L’intrigue, habilement construite, abouti à une conclusion certes légèrement attendue mais fort bien amenée. Un dernier chapitre dans la pure tradition du polar de cette époque.

Avec son intrigue rondement menée, son rythme soutenu et ses deux intrigues parallèles qui relancent régulièrement l’intérêt du lecteur, VERSION ORIGINALE constitue une vraie bonne surprise du roman noir. Un petit classique à découvrir impérativement, un whisky à la main, pour les amateurs du genre.

Egalement disponible dans l'omnibus "Polars années 50 - tome 1"

Egalement disponible dans l'omnibus "Polars années 50 - tome 1"

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Polar, #Roman noir

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Publié le 25 Janvier 2018

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Après le succès d’ALIAS JESSICA JONES, Bendis revient à son personnage fétiche pour une nouvelle série d’aventures plus intimistes que pétaradantes. Si Jessica reste sympathique, sa grossesse la change et la rend beaucoup plus dépendante de son compagnon, Luke Cage (ex Power Man), ce qui modifie radicalement l’orientation de la série. Le ton y est également beaucoup plus léger, une conséquence de l’abandon du label « Max » qui permettait davantage de liberté au niveau des dialogues, de la violence et de la nudité. Certains n’ont d’ailleurs guère apprécié ces changements et THE PULSE a essuyé son lot de critiques, parfois virulentes. Disons-le tout net, cela semble injustifié : certes Bendis ne retrouve pas l’excellence d’ALIAS JESSICA JONES (la série super-héroïque pour ceux qui n’aime pas les séries super-héroïques !) mais THE PULSE demeure un vrai bon moment de lecture et se situe largement au-dessus du tout venant de chez Marvel.

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Cette fois, Jessica partage la vedette avec le plus célèbre journaliste du Daily Bugle, Ben Urich (l’homme qui connait l’identité de Daredevil mais refuse de la dévoiler au désespoir de l’irascible J.J.J). Confronté à des ventes qui s’écroulent (« c’est terrible, les gens ne lisent plus, nous sommes la première génération à avoir perdu l’habitude de lire le journal le matin »), le boss du Bugle doit réagir et lance un supplément, « The Pulse », consacré aux super-héros. Urich et Jessica Jones vont s’en charger. L’anti héroïne détective devient donc journaliste, ce qui permet de relancer la machine. Une bonne idée, sauf pour les réfractaires à l’évolution du personnage.

Dans le premier arc, « Thin Air », Jessica enquête sur la mort mystérieuse d’une de ses collègues du Bugle et découvre l’implication de Norman Osborn, alias le Bouffon Vert. Spidey effectue sa petite apparition réglementaire et l’intrigue annonce la suite de l’univers Marvel avec la prise de pouvoir d’Osborn durant le Dark Reign.

Ensuite, un tie-in de la saga « Secret War » envoie la jeune femme à la recherche de Luke, blessé et kidnappé. Iron Fist et l’Hydra seront, eux aussi, de la partie.

« Fear », la dernière histoire, plus intimiste, se consacre à l’accouchement de Jessica, à ses craintes, etc.

Un tie-in correct à HOUSE OF M dans lequel on retrouve Hawkeye et un annual dispensable consacré au mariage de notre couple complètent le sommaire.

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Les intrigues sont plaisantes, les personnages attachants et, dans l’ensemble, THE PULSE reste fort agréable quoique cet « ajout » soit en-deçà d’ALIAS JESSICA JONES (devenu un véritable classique de la bande dessinée super-héroïque des années 2000 et une des meilleures livraisons de la Maison des Idées).

Les différentes histoires peuvent également moins facilement s’apprécier de manière indépendante : on sent Bendis tisser sa toile afin d’entremêler les récits appelés à consolider l’univers Marvel du XXIème siècle : il faut au lecteur une certaine connaissance de celui-ci pour apprécier les scénarios proposés, en relation avec HOUSE OF M, SECRET WAR, DARK REIGN, NEW AVENVERS, etc.

Pour beaucoup, THE PULSE fut une déception mais celle-ci doit être relativisée : si ce n’est pas un incontournable comme ALIAS JESSICA JONES cela reste un comic bien écrit, bien dessiné et très plaisant proposé, en outre, dans une édition correcte et à un prix tout doux (17 euros pour 360 pages !). Bref, pas de quoi s’en priver pour les amateurs de ce personnage des plus intéressants.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics

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