Publié le 29 Juin 2019

LE GUIDE LOVECRAFT de Christopher Thill

Comme tous les bouquins de cette collection, ce GUIDE s’impose rapidement comme un incontournable pour les novices mais aussi pour ceux qui connaissent bien le sujet et désirent en apprendre davantage. Seuls les « encyclopédies vivantes » n’y apprendront pas grand-chose mais même eux pourraient se laisser séduire par une présentation sympathique qui, en deux cent pages, cerne agréablement l’univers de HPL. Le livre n’ayant pas l’ambition de l’exhaustivité (« il ne se veut pas un ouvrage d’érudition approfondi et complet » nous apprend la préface) inutile de relever l’absence de tel livre, de tel épigone de HPL, de tel film ou de tel obscur disque inspiré par Cthulhu. Toutefois, LE GUIDE LOVECRAFT réussit son pari d’aborder toutes les thématiques associées à Lovecraft : on commence par une courte (mais suffisante) biographie d’une dizaine de pages (évidemment nous sommes loin d’une somme comme le récent JE SUIS PROVIDENCE mais le grand public en apprendra suffisamment quitte à se tourner ensuite vers des biographies plus fouillées) accompagnée d’une quinzaine de pages supplémentaires revenant sur les diverses idées reçues ayant fait de l’écrivain un (au choix) reclus initié mystique raciste dépressif excentrique. Ce qu’il n’était pas, du moins pas autant que certains l’ont ensuite prétendu au point de forger à Lovecraft une véritable « légende noire » qui s’accordait (un peu trop) bien avec ses écrits.

Le point central du GUIDE reste toutefois l’œuvre elle-même, qui occupe plus de 120 pages : les différents genres abordés (essais, nouvelles, lettres, poèmes,…), un chapitre sur les « 20 textes à lire » qui ne se veut pas un best of mais plutôt un panorama diversifié des thèmes abordés par l’écrivain, allant de la fantasy inspirée par Lord Dunsany à l’horreur à la Edgar Poe en passant par la science-fiction, l’humour, la poésie, le gore de RE-ANIMATOR et, au final, les « Grands Textes consacrés aux Grands Anciens ».

Le GUIDE y ajoute dix suggestions de lecture supplémentaires comme par exemple son LIVRE DE RAISON (catalogue d’idées à exploiter et de conseils pour les écrivains novices), son essai EPOUVANTE ET SURNATUREL EN LITTÉRATURE, son cycle poétique FUNGI DE YUGGOTH et, enfin, quatre « collaborations » qui assurèrent son maigre salaire à un Lovecraft chargé de réviser les textes de ses collègues. Chaque notice (en moyenne de deux pages) précise le moment de rédaction du texte, l’édition la plus célèbre et la plus récente, résume l’intrigue, apporte un éclairage court mais pertinent et se termine par quelques pistes de lecture supplémentaire. Là encore, les incollables auraient aimés que le GUIDE aille plus loin mais la majorité y puisera de quoi découvrir Lovecraft.

Le GUIDE analyse ensuite les clichés « lovecraftiens », ceux que l’on retrouve effectivement dans les textes et d’autres qui, souvent, ne s’y trouvent pas mais ont été assimilés comme tels par le lecteur,  souvent sur base d’écrits apocryphes plus ou moins légitimes. D’ailleurs, les successeurs de HPL sont ensuite envisagés, que ce soit le « premier cercle » (Clark Asthon Smith, Robert Bloch, Lin Carter,…), le « second » (Brian Lumley, Ramsey Campbell,…) et les plus modernes (Kij Johnson, Karim Berrouka). Un univers en expansion.

Le chapitre suivant quitte les livres pour brosser un tableau certes schématique mais intéressant des influences d’HPL dans les films, la musique, les jeux de rôles, etc. Là encore, les pistes proposées sont suffisamment nombreuses pour susciter l’envie du lecteur d’en explorer une partie.

Enfin, avant une courte conclusion, LE GUIDE nous offre un amusant lexique lovecraftien qui nous permettra de pouvoir replacer (via une définition et une citation) quelques mots aussi peu usités que polypeux, atavique, cacodémoniaque, fongoïde, Georgien, gibbeux, imposte, non euclidien, etc. Original et bien pensé.

Bref, ce GUIDE LOVECRAFT constitue un résumé instructif et très plaisant qui donne envie de lire ou de relire HPL. En ce sens il a parfaitement réussi sa mission.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 28 Juin 2019

ALTERNATIVE ROCK (collectif)

Ce recueil de cinq nouvelles constitue une version actualisée du précédent ROCK & ROLL ALTITUDE. Trois récits sont communs mais ALTERNATIVE ROCK en ajoute deux autres, signés Stephen Baxter et Ian R. McLeod. Ce qui rend le voyage plus cohérent thématiquement puisqu’il débute et se termine avec les Fab Four.

Stephen Baxter, avec le « 12ème album » quitte la hard science pour la spéculation uchronique : dans un univers parallèle les Beatles ne se sont pas séparés après « let it be » mais ont proposé un douzième album que deux fans de musique écoutent religieusement dans un gigantesque transatlantique qui, lui non plus, n’a pas connu un sort sinistre. Une vingtaine de pages érudites, amusantes et référentielles.

On poursuit avec « en tournée » du trio Jack M. Dann, Gardner Dozois et Michael Swanwick originellement parue dans Penthouse en 1981. On y découvre une étrange ville ayant organisé un concert dans lequel se succèdent Elvis, Buddy Holly et Janis Joplin. Un thème proche du futur « Un groupe d’enfer » de Stephen King.

« Elvis le rouge » constitue une autre uchronie signée Walter Jon Williams au sujet d’un célèbre chanteur qui refuse d’intégrer l’armée, fuit en Europe, se fait oublier, devient l’idole de la nouvelle génération (Beatles, Stones,…) et finit par adhérer au Parti avant de devenir militant gauchiste et de rencontrer Luther King à Memphis. Un texte très réussi jusqu’à sa conclusion un peu attendue mais cependant efficace.

Le célèbre « Un chanteur mort » de Michael Moorcock fut déjà maintes fois publié : dans Rock&Folk, dans le LIVRE D’OR consacré à l’écrivain, dans l’anthologie GALAXIES INTERIEURES et dans le recueil DEJEUNER D’AFFAIRE AVEC L’ANTECHRIST. Le chanteur mort en question c’est le messianique Jimi Hendrix témoin de la mort de l’utopie flower power dans un récit intéressant mais que l’on eut aimé voir davantage développé.

Enfin, Ian R. McLeod propose « Snodgrass » au sujet d’un John Lennon quincagénaire et aigri ayant quitté les Beatles après un désaccord avec leur producteur qui refusent qu’ils enregistrent « Love me do ». Stuart Sutcliffe, pour sa part, n’a pas quitté le groupe (et n’est pas mort) et, trente ans après leurs premiers succès, les Beatles (groupe célèbre mais loin d’être incontournable « c’est pas les Stones ») continuent à attirer les foules avec leur « greatest hits tour ». L’occasion pour un John Lennon chômeur et sans avenir d’aller assister à leur concert. Un récit agréable, plutôt bien imaginé, avec forcément pas mal de références musicales, mais qui se termine un peu en queue de poisson.

Homogène en qualité (toutes les nouvelles sont bonnes même si aucune ne se révèlent exceptionnelles) et en longueurs (une trentaine de pages environ, excepté celle de Ian R. McLeod deux fois plus longue) et agrémentées de notes explicatives et instructives, voici cinq récits d’uchronie rock & roll savoureux à déguster sans modération.

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

Repost0

Publié le 27 Juin 2019

LE VOL DU DRAGON d'Anne McCaffrey

Premier roman publié (en 1968 !) dans la très longue saga de Pern, LE VOL DU DRAGON s’apparente à un fix-up de quatre novellas, certaines précédemment publiées en revue: « La Quête du Weyr », « Le Vol du Dragon », « Poussières » et « Le Froid Interstitie » qui établissent l’univers de Pern. Un début en fanfare puisque « La Quête du Weyr » obtint le Hugo du meilleur roman court tandis que « Le Vol du Dragon » gagnait pour sa part le Nebula l’année suivante.

Le monde de Pern est défini comme de la « science-fantasy » néologisme assez barbare de prime abord mais finalement parlant puisque nous sommes dans un univers proche du médiéval fantastique à ceci près que la magie y est remplacée par la science, laquelle a permis de créer, par mutations, des êtres fantastiques. Capables de cracher du feu, de se téléporter et liés télépathiquement à leur maitre humain ces monstres fabuleux sont surnommés, par analogie avec les créatures légendaires, des dragons.

Dans « La Quête du Weyr » un chevalier-dragon recherche une jeune femme afin de la recruter pour devenir une dame du Weyr, télépathiquement liée à une reine dragon nouvellement née. Lessa sera ainsi désignée pour ce rôle et, par la suite, nous suivrons sa vie avec son dragon, Ramoth, et divers combats contre les menaçants Fils qui menace régulièrement Pern.

Par la suite on apprendra comment les dragons peuvent également voyager dans le temps afin de réorganiser les Weyrs et de permettre la défense efficace de Pern face à la menace des Fils. Cette révélation rapproche encore la saga de la science-fiction et change agréablement du pur contexte médiéval de nombreux romans de Fantasy. Et nous verrons quelques combats épiques entre les chevaliers dragons et leurs ennemis, là encore une demande de John W. Campbell qui avait suggéré le voyage temporel.

Ecrit voici cinquante ans, LE VOL DU DRAGON n’a guère vieilli : une héroïne forte et active, des créatures légendaires, un mélange de politique, d’intrigues de cours et de romance (qui deviendra la norme absolue d’une large part de la production Fantasy), une alternance de l’intimiste et du spectaculaire bien gérée,…Bref une grande réussite et un classique incontournable dans son genre. A lire ou à relire.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 26 Juin 2019

FUTURS A BASCULE présenté par Isaac Asimov

Les anthologies ASIMOV PRESENTE rassemble des nouvelles « présentées » par Asimov, en réalité issus de la prestigieuse revue Asimov's Science Fiction (en activité depuis 1977). Ici, nous avons droit à cinq textes, deux nouvelles courtes, deux nouvelles longues et un court roman signé Lucius Shepard.

On entame avec le primé « La révolution des casses noisettes», vainqueur du Prix Asimov et du Hugo, une longue nouvelle (plus de 50 pages) humoristiques et inventives, très plaisante, signée Janet Kagan (1946 – 2008) dont il s’agit malheureusement de l’unique œuvre disponible en français (excepté un roman « Star trek » paru jadis au Fleuve Noir). Une révolution non violente franchement agréable à lire.

Un très bon début pour ce recueil qui embraie avec un texte de Tim Sullivan, « Atlas à 8 heures du mat’ » au sujet de la boucle temporelle qui emporte, chaque jour, le narrateur. Encore un auteur très peu traduit (3 nouvelles traduites chez nous) pour un court texte d’ambiance plutôt intéressant. Richard Paul Russo n’a pas non plus été beaucoup traduit : un texte dans Fiction, un autre dans Bifrost et deux romans (dont le très réputé LA NUIT DES FOUS). Il nous propose ici « Vas-y fonce », un récit de voyage dans des mondes parallèles là aussi assez agréable.

On poursuit avec « Temps mort » et ses abracadabrantes théories sur le voyage temporel assorties de romance (on pense parfois à la très chouette rom-com science-fictionnel « About time »). Le récit fonctionne de belle manière mais peut apparaitre un peu confus au lecteur. Le début semble ainsi un peu long à se mettre en place (voire laborieux) et il faut attendre les dernières pages pour que la construction narrative de Willis se déploie réellement.

Toutefois, la grande réussite de ce recueil reste le formidable « Bernarcle Bill le Spatial » de Lucius Shepard, situé sur une station spatiale loin d’une terre effondrée et dévastée où nous allons, entre autre, rencontrer le simple d’esprit Bernacle Bill et un agent de la sécurité qui tente de le protéger alors que s’installe une secte religieuse dangereuse. Un court roman (une centaine de pages) très efficace récompensé par une kirielle de prix (Asimov, Hugo, Nebula, etc.)

Le texte de Willis fut ensuite repris dans son recueil AUX CONFINS DE L’ETRANGE tandis que celui de Shepard était notamment inclus dans le recueil SOUS DES CIEUX ETRANGERS.

En résumé :

« La révolution des casses noisettes » = 4 étoiles

« Atlas à 8 heures du mat’ », « Vas-y fonce »,  « Temps mort » = 3 étoiles

Bernarcle Bill le Spatial = 5 étoiles

Au final, une anthologie de qualité très agréable à découvrir même si on eut aimé une présentation un peu plus soignée, comme une préface et une petite présentation des différents textes et auteurs choisis. On se consolera avec la qualité des cinq nouvelles proposées.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 25 Juin 2019

HELSTRID de Christian Leourier

HELSTRID signe le retour d’un vétéran de la SF française, Christian Leourier, accueilli dans la prestigieuse collection « Une heure lumière » qui rassemble les meilleures novellas (autrement dit les « courts romans ») de l’imaginaire. A l’heure des gros pavés de milliers de pages il est agréable de pouvoir découvrir ces textes à la pagination nettement plus raisonnable (entre 90 et 150 pages) mais souvent tout aussi intéressants et maîtrisés que les interminables sagas. HELSTRID, planet opéra façon survival spatial en témoigne à nouveau.

Direction donc la planète Helstrid et ses conditions climatiques plus qu’inhospitalières : vent très violents, atmosphère irrespirable, température glaciale,…Mais l’Homme est décidé à exploiter ses ressources et des prospecteurs y partent donc et aboutissent sur Helstrid au terme d’un long voyage en hibernation. Une manière commode, pour certains, de laisser leur passé derrière eux à l’image de Vic qui tente de surmonter un chagrin d’amour. Le jeune homme se retrouve ainsi dans une sorte de camion d’exploitation supervisé par l’Intelligence Artificielle Anne-Marie. Hélas, sur le chemin du retour, le voyage normalement sans histoire devient une véritable lutte pour la survie en milieu hostile.

Leourier a débuté avec LES MONTAGNES DU SOLEIL, édité chez Robert Laffont en 1972, déjà un « planet opera » tout comme ce HELSTRID, roman d’aventures spatiales teinté de hard science ou, du moins, scientifiquement plus rigoureux que la plupart des romans de ce style. L’intrigue, assez simple, laisse la part belle à l’aventures proprement dite (et à la manière dont le héros va tenter de survivre dans un environnement très hostile) tout en proposant des réflexions sur la mortalité, le travail de deuil (un voyage de 25 ans en hibernation est ici envisage comme le meilleur moyen d’oublier un chagrin d’amour) et les rapports entre l’Homme et l’Intelligence Artificielle.

Par son cadre, ce court roman fait parfois penser au film « Seul sur Mars » ou à la série télévisée « Lost In Space » (dans son incarnation de 2018) en jouant sur l’ingéniosité humaine pour se sortir d’une situation apparemment sans espoir. Une jolie réussite qui offre ce qu’on attend de cette collection : deux petites heures (ou une seule pour les lecteurs allant à la vitesse de la lumière) de divertissement intelligent.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 21 Juin 2019

CE QUE DISENT LES MORTS de Philip K. Dick

Datée de 1967, cette longue nouvelle se base sur un postulat original très ingénieux (et typiquement Dickien) : la semi-vie. Autrement dit la prolongation de l’existence par une sorte d’hibernation permettant de ramener, pour un court moment, les défunts à la vie pendant des années. Enfin, tant que les héritiers paient les frais de cet « entretien ». Le riche Louis Sarapis, ancien businessman, vit ainsi une pseudo existence et continue à influencer son entourage qui aurait bien aimé en être débarrassé. Surtout que Louis prend des décisions surprenantes, souhaitent que sa fille droguée lui succède et que son ami Gam soit élu président. Or, de manière incompréhensible, Louis peut à présent utiliser tous les canaux de communication pour imposer ses vues : à la télé, au téléphone, partout, tout le temps, le monde entend sa voix. Mais doit-on toujours écouter ce que disent les morts ?

Si l’évolution politique et technologique peut sembler datée (télégramme, Union soviétique,…), les thématiques restent intéressantes et pertinentes. Dick les développera d’ailleurs peu après dans son chef d’œuvre, UBIK, dont cette novella apparait comme un brouillon plutôt réussi. L’écriture se montre efficace, l’univers (excepté les notes surannées déjà mentionnées) crédible et les personnages originaux. On aurait toutefois aimé que l’auteur creuse davantage leur personnalité mais, dans les limites d’un texte relativement court (une centaine de pages), l’ensemble tient la route. Finalement, le principal regret réside dans un final un peu trop explicatif et rationaliste qui revisite l’intrigue sous l’angle d’un complot certes en phase avec les théories conspirationnistes chères à Dick mais ici moins convaincant que les hypothèses précédemment évoquées dans le récit.

Malgré ce bémol, une très plaisante manière d’occuper une heure de son temps et de découvrir un auteur majeur de la science-fiction.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #science-fiction, #Philip K. Dick

Repost0

Publié le 20 Juin 2019

HPL / CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C. Wagner

Ce petit recueil comprend deux textes de Roland C. Wagner. Le premier, « HPL », se veut la biographie fictive et uchronique de Lovecraft, lequel vient de décéder à l’âge respectable de 101 ans. Wagner nous dresse donc un résumé de la carrière et de la vie de cet HPL (1890-1991), ses romans les plus célèbres, ses revirement politiques, etc. En une petite trentaine de pages (auquel s’ajoute la version traduite en anglais), Wagner réussit son pari d’offrir au reclus un hommage facétieux, distancié mais respectueux récompensé par le prix Rosny Ainé de la meilleure nouvelle en 1997.

On enchaine avec une novella jadis éditée chez Les Trois Souhaits (et précédemment dans le recueil FUTURS ANTERIEURS), « celui qui bâve et qui glougloute », un texte purement steampunk débridé avec toutes les caractéristiques du genre : univers foisonnant, aspect fun, intertextualité assumée, etc. On y croise Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kit Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. L’intrigue ? Les Indiens reçoivent l’aide inattendue de créatures venues d’ailleurs dans leur lutte contre les Visages Pâles. Du coup ça défouraille dans l’Ouest et on y cherche le Necronomicon (à ne lire que défoncé à l’opium sous peine de perdre la raison) pour contrer cette invasion déjantée. On s’amuse beaucoup durant ces 90 pages menées tambour battant (et on aurait aimé que Wagner développe cet univers sur un roman entier…hélas ce n’est plus possible aujourd’hui).

Bref, voici deux hommages semi parodiques réjouissants à lire d’une traite et compléter par une courte interview d’époque avec l’auteur qui explique sa démarche. Recommandé.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 19 Juin 2019

L'HOMME VARIABLE de Philip K. Dick

Ce recueil spécifiquement français (l’édition américaine comprend des nouvelles supplémentaires) rassemble trois longues nouvelles ou romans courts. Nous débutons avec « L’homme variable », proche des thèmes développés par Van Vogt. L’intrigue débute au cœur d’une guerre larvée entre les Terriens et les Centauriens. Des ordinateurs calculent quasi en temps réel les chances de voir l’un des deux camps remportés le conflit. Mais un homme ramené accidentellement du passé introduit une variable imprévisible dans les calculs. Un thème assez fascinant mais pas très crédible dans lequel on retrouve bien les manières de Van Vogt dont Dick semble s’inspirer avec cet humain ordinaire qui change sans le vouloir l’avenir de l’humanité. Un peu long, pas très vraisemblable mais plaisant et plutôt convaincant dans sa construction jusqu’au dénouement final réussi.

« Seconde variété », pour sa part, s’avère très efficace en dépit d’un dénouement linéaire et d’un twist prévisible. Mais, encore une fois, les prémices sont excellentes : après une guerre totale entre la Russie et les Etats-Unis apparaissent des robots meurtriers à l’apparence anodine, soldat blessé ou gamin avec son nounours, qui massacrent les derniers survivants. Nous sommes en pleine SF parano cette fois typiquement dickienne pour un récit très prenant adapté avec plus de bonne volonté que de moyen dans le très sympathique « Planète hurlante »

Enfin, « Rapport minoritaire » est sans doute le plus connu de trois récits grâce à l’excellente adaptation signée par Spielberg. Encore une fois, du grand Dick, du pur Dick avec cette agence chargée, grâce aux prédictions de trois mutants télépathes, de prévenir les crimes avant qu’ils soient commis. Mais un jour Anderton, le préfet de cette police « pré crime », reçoit un rapport l’avertissant qu’il va assassiner un certain Kaplan. Anderton, persuadé d’être victime d’un complot, s’enfuit…

Un texte un peu daté mais plaisant et deux incontestables réussites, bref un recueil incontournable.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 14 Juin 2019

OPERATION CAY (CHUTE LIBRE) - LA SAGA VORKOSIGAN TOME 1 de Lois McMaster Bujold

Deux cents ans avant la naissance de Mike Vorkosigan, Leo Graf, ingénieur au service de la toute puissante GalacTech, est envoyé dans une station spatiale orbitant autour de la planète Rodeo. Sur place, Leo découvre l’existence de mutants créé par la génétique, les quaddies, qui, privés de leurs jambes, possèdent quatre bras et sont adaptés à l’absence de gravité. Pour GalacTech il s’agit de biens matériels sans valeur mais Leo comprend que les quaddies forment une nouvelle race appelé à un grand avenir. Hélas, une nouvelle technologie antigravité les rend rapidement obsolète et GalacTech les condamne à l’oubli et à une mort prochaine. Refusant ce destin, Leo décide de s’emparer de la station spatiale avec l’aide de quelques humains prenant faits et causes pour les quaddies afin de fonder une colonie libre.

Rattaché à la saga Vorkosigan dont il constitue le premier volet, OPERATION CAY (rebaptisé ensuite CHUTE LIBRE dans l'INTEGRALE VORKOSIGAN) peut parfaitement se lire indépendamment. Il sert en quelque sorte de très lointain prologue au dix-septième volume (!) de la série, IMMUNITE DIPLOMATIQUE, qui nous apprendra ce que sont devenus les quaddies après deux siècles de libre colonie.

Récompensé par un Nebula, nommé au Hugo (Lois McMaster Bujold se rattrapera puisque LES MONTAGNES DU DEUIL, MIKE VORKOSIGAN et BARRAYAR l’obtiendront ensuite, sans compter PALLADIN DES AMES et la série CHALION), voici un roman court et rythmé qui se lit et même se dévore en dépit d’un certain manque d’action dans sa première partie, certes bavarde mais néanmoins plaisante. La deuxième moitié du livre, plus énergique, multiplie les péripéties en suivant les tentatives de Leo pour sauver les quaddies d’une mort annoncée.

OPERATION CAY constitue, au final, un divertissement des plus sympathique et plus intelligent qu’on ne le croit de prime abord. L’auteure aborde les thématiques de tolérance, de mutations et de manipulations génétiques de manière simple mais pas simpliste, frôlant parfois la caricature et le manichéisme mais en offrant une lecture toujours agréable et bien menée. De son côté le style s’avère efficace, professionnel, sans aspérité et les touches d’humour disséminées dans le récit le rendent très plaisant. Parfois, McMaster Bujold la joue émotion, romance et eau-de-rose sans sombrer dans la mièvrerie. Une bonne surprise tout à fait recommandable aux amateurs de Mike Vorkosigan et…même aux autres !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Nebula, #Space Opera, #science-fiction

Repost0

Publié le 13 Juin 2019

X MEN INTEGRALE 1980 de Chris Claremont

Ce volume reprend les numéros 129 à 140 des X Men et, par conséquent, contient le plus célèbre récit des enfants de l’atome, la saga du Phoenix Noir, fréquemment éditée et rééditée. L’intrigue poursuit et développe les éléments mis en place l’année précédente avec les machinations de Jason Wyndarge pour amener Jean Grey à rejoindre le Club des Damnés. Après avoir défait Proteus, les X men repèrent, via Cerebro, deux nouveaux mutants : il s’agit de la très jeune Kitty Pride et le chanteuse disco Dazzler. Deux équipes de X-Men sont envoyées pour tenter de les recruter pour le compte de Xavier. Wolverine, Tornade et Colossus prennent contact avec Kitty mais sont capturés par Emma Frost, alias La Reine Blanche, tandis que Phoenix, Cyclope et Diablo sont attaqués, dans la discothèque où se produit Dazzler, par des soldats en armure au service du Club des Damnés. Par la suite la personnalité de Jean Grey se voit submergée par l’entité du Phénix et détruit une planète entière, la conduisant à passer en jugement sous l’autorité de l’impératrice Shi’ar. Les X-Men vont exiger un duel avec la garde impériale pour la vie de Jean…Mais cette dernière, coupable d’un génocide cosmique, désire-t’elle être sauvée ?

Que dire de plus sur cette saga légendaire, laquelle continue encore, après 40 ans, a trusté les premières places des listes des « meilleurs épisodes des X-Men » ? Et même des « meilleurs comics » tout court. Ainsi, lors du 75ème anniversaire de la Maison des Idées, lorsque les fans eurent à voter pour choisir leurs 75 histoires préférées parmi les milliers publiées la saga du Phénix Noir termina cinquième !

 

X MEN INTEGRALE 1980 de Chris Claremont

Epique, dramatique, enlevée (en dépit d’une mise en place un brin longuette), magnifiée par des dessins très efficaces et quelques cases anthologiques, la saga n’a pas volé ses nombreuses louanges. Dommage que les innombrables résurrections ultérieures de Jean Grey ternissent aujourd’hui la réussite de ce monument du comics US. Alors bien sûr il y a la naïveté de l’ensemble (qui fera sourire les cyniques lecteurs d’aujourd’hui), les couleurs façon bad trip aux champi et les descriptions pesantes qui envahissent chaque case. C’est l’époque qui voulait ça. On fera avec ces défauts pour savourer l’intrigue en elle-même, mémorable et toujours pertinente.

L’épisode rétrospectif sur Cyclope (« Elegy ») complète cette intégrale et laisse la porte ouverte à un nouveau départ avec l’arrivée de Kitty Pride dans l’école du Professeur Xavier. Enfin on termine l’année avec deux épisodes corrects dans lesquels une partie des X-Men et de la Division Alpha partent combattre le redoutable Wendigo (précédemment rencontré par Wolverine). L’annual, voyant les mutants partir en enfer pour sauver Tornade et Nightcrawler avec l’aide du Docteur Strange s’avère, lui, aussi, une belle réussite.


En résumé une intégrale complètement indispensable par la seule présence de l’arc consacré à Phoenix même si le reste ne démérite pas non plus.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Marvel Comics, #science-fiction, #Space Opera, #X-Men

Repost0