Publié le 28 Février 2021

LE JEU de Richard Laymon

Richard Laymon est un des grands noms de l’horreur américaine, tendance brutale et sans concessions. Né en 1947 et décédé en 2001, il fut un des piliers du splatterpunk et eut les honneurs d’être traduit à 6 reprises dans la collection « Gore ». Mais sa production pléthorique reste encore à défricher, d’autant qu’il a usé de nombreux pseudonymes : Carl Laymon, Richard Kelly, Lee Davis Willoughby, Carla Laymon,…Loué par Stephen King pour ses talents de « page turner », préfacé par Dean Koontz, LE JEU constitue un roman qui s’apparente, dans ses deux premiers tiers, à un « simple » thriller avant de plonger plus frontalement dans l’horreur pure. Réussite ou ratage ? Difficile de trancher, le plaisir de lecture s’avère réel mais les défauts sont, eux-aussi, nombreux.

L’intrigue se base sur le fameux postulat « que seriez-vous prêt à faire pour de l’argent ? ». L’héroïne, Jane Kerry, vit tranquillement sa petite existence de bibliothécaire célibataire un peu rondelette dans son bled de Donnerville. Un soir elle trouve une lettre avec un indice mystérieux qui la conduit à chercher un livre dans lequel elle découvre une enveloppe. A l’intérieur, 100 dollars, une nouvelle énigme et une signature en deux lettres : MJ, le maitre du jeu. Jane accepte cette proposition et reçoit 2OO dollars de récompense. Ainsi qu’une devinette à résoudre. Le jeu a commencé et le maitre n’acceptera pas de l’arrêter avant sa conclusion…

Le roman se place résolument dans la position de Jane, on se trouve même dans sa tête et on suit ses pensées, ses hésitations, ses doutes,…C’est la force du bouquin mais également sa faiblesse. Parfois c’est prenant, parfois pas du tout. De longs passages auraient gagnés à recevoir les conseils d’un bon éditeur. En clair des scènes entières se trainent, sont inintéressantes et ne font aucunement avancer l’intrigue, au point qu’on finit par les parcourir en diagonale. Il faut également admettre que l’héroïne agit souvent en dépit du bon sens et que ses réactions donnent souvent envie de se taper la tête dans le mur tant certaines apparaissent d’une absolue stupidité. Il n’y a pas vraiment de remise en question en dépit des ruminations mentales de l’héroïne, pas vraiment de « j’en reste là » (ou ça ne dure que quelque pages), juste l’appât irrésistible du gain. La suspension d’incrédulité s’avère de rigueur, d’autant que l’omniscience du « maitre du jeu » ne sera pas vraiment expliquée. Le lecteur s’attend même à un twist pour expliquer sa capacité à observer l’héroïne, à la traquer et à la retrouver où qu’elle aille. Mais non, pas vraiment d’explications. Il parait avoir des moyens illimités, tant pour surveiller sa proie que pour lui donner des milliers de dollars. Comment ? Pourquoi ? Pour le simple plaisir de la cruauté et de la manipulation…Un peu facile Mr Laymon !

Autre point risible : Jane passe de bibliothécaire rondelette (son poids constitue une vraie obsession alors qu’elle parait juste un peu enveloppée et que tout le monde s’accorde à la trouver séduisante) à fille athlétique, mince, combattive et en pleine forme. A défaut d’avoir sa bite et son couteau elle a son ventre plat, ses gros nichons et son cran d’arrêt ! Au final elle rendrait coup pour coup à Rambo ! Or toute l’intrigue se déroule en quinze jours, cette transformation est donc totalement ridicule et le climax final, précipité, n’aide pas. Le style de Laymon n’est pas, non plus, franchement travaillé. Le genre ne nécessite pas de se montrer un styliste confirmé ou de retravailler chaque phrase durant des jours mais l’auteur n’a jamais eu la réputation de soigner sa littérature et, ici, encore on note pas mal de passages disons…relâchés.

Pourtant, le bouquin reste dans l’ensemble plaisant : malgré ses longueurs évidentes (une bonne centaine de pages auraient pu passer à la trappe sans soucis !) le côté page turner fonctionne et le lecteur a envie de connaitre la suite et, surtout, le fin mot de l’histoire (quitte à être déçu par le final). L’auteur parsème aussi son récit de scènes de sexe, le jeu semblant avoir une influence des plus stimulantes sur la libido de l’héroïne. Enfin, le dernier tiers s’emballe et verse plus gratuitement dans l’horreur bien sanglante avec toutes les scènes attendues pour divertir le lecteur friand de splatterpunk : victimes démembrées, tortures, autocannibalisme, viols, etc. Enfin du fun ! Laymon s’affranchit à ce moment du peu de vraisemblance que le roman gardait pour plonger dans la série B littéraire à la manière des films de torture porn. Ce n’est plus du thriller, c’est alors de l’horreur pure et dure et, avouons-le, tout ça se montre plus divertissant que la première partie un poil longuette. Bilan mitigé donc mais, à condition d’accepter ses faiblesses, de survoler certains chapitres sans intérêt et d’apprécier la cassure du dernier tiers qui ne se soucie quasiment plus de crédibilité, l’ensemble offre un bon moment.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Thriller, #splatterpunk

Repost0

Publié le 26 Février 2021

LA LEGION DES SUPER HEROS: THE GREAT DARKNESS SAGA (La saga des ténèbres) de Keith Giffen

La Légion des Super Héros reste une équipe assez mal connue en Europe mais populaire aux USA. Ils officient au XXXème siècle dans un monde où l’Humanité a rejoint les Planètes Unies et où de nombreuses races extra-terrestres coexistent en paix. Comme tout ne peut être parfait il reste une équipe de combattants d’élite aux superpouvoirs regroupés sous l’appellation globale de la Légion. Des personnages créés à la fin des fifties (et on le sent !) qui, pour la plupart, ne diront rien au lecteur européen d’aujourd’hui (heureusement Urban a prévu un lexique explicatif des différents légionnaires). Ils sont, avouons-le, caractérisés de manière très rudimentaires et ne se distinguent les uns des autres que grâce à leurs costumes bien colorés. Difficile, dès lors, de véritablement s’attache à ces Star By, Sun Boy, Saturn Girl, Timber Wolf, Chameleon, Blok, Lighting Lad, etc. etc. etc. Seul Brainiac 5 possède une identité plus travaillée mais le lecteur néophyte pourra se raccrocher à la présence de Superboy et Supergirl, transporté à travers les siècles pour prêter main forte à la Légion. Une des surprises de la saga résidait également dans la divulgation de l’identité du grand méchant…le temps ayant passé, le suspense n’est plus de mise (quoique pour la majorité des gens ça reste mystérieux) et la couverture annonce l’antagoniste, le terrible Darkseid.

Cet épais volume (plus de 250 pages) rassemble donc la saga principale ainsi que quelques épisodes antérieurs et postérieurs à ce long récit. Si, à sa sortie, le tout fut encensé comme un modèle de narration et d’intelligence dans le comics, THE GREAT DARKNESS SAGA s’apparente quand même à un space-opéra suranné, où tous les aliens se comprennent, où les voyages dans l’espace ne prennent que quelques heures, etc. Ce n’est pas désagréable de se replonger dans cette ambiance à la Edmond Hamilton ou Jack Williamson (d’ailleurs auteur de LA LEGION DE L’ESPACE) mais la SF a (heureusement !) fait quelques progrès depuis lors. L’histoire, en effet, n’est guère originale : Darkseid s’est fait oublier pendant un millénaire, il absorbe les pouvoirs de divers personnages et se lance à la conquête de la galaxie. Divers légionnaires tombent devant ses séides (mais aucun ne meurt bien sûr) et la Légion rassemble longuement ses forces pour, au final, triompher.

LA LEGION DES SUPER HEROS: THE GREAT DARKNESS SAGA (La saga des ténèbres) de Keith Giffen

Difficile d’imaginer plus linéaire et plus daté que cette histoire dans laquelle des dizaines de héros apparaissent mais sans marquer durablement le lecteur. Seul Brainiac intéresse, les autres se querellent pour des motifs futiles (« je veux être le chef de la Légion », « non ce sera moi », « messieurs ce sera plutôt moi », « je refuse d’être sous tes ordres »,…blablabla) et se désolent de n’être pas à la hauteur. Pourtant, en quelques cases, et avec l’appui de Superboy et sa cousine, Darkseid sera finalement vaincu.

Malgré tous ces bémols, l’avis n’est pas totalement négatif pour autant, au contraire on passe un (relatif) bon moment : les dessins sont plaisants, l’histoire a un côté feuilletonnesque pas désagréable et, en dépit des longueurs, le lecteur attend de connaitre la suite de ce grand récit épique. Les deux derniers chapitres, qui sont consacrés aux événements survenus après la défaite de Darkseid sont bizarrement les plus réussis, ceux qui ont le moins souffert du passage du temps et où on a l’impression, enfin, que les héros agissent en hommes en n’ont pas en gamin se querellant dans le bac à sable.

THE GREAT DARKNESS SAGA doit surtout s’apprécier pour ce qu’il est : une capsule temporelle pour les curieux de l’univers DC du début des années ’80, un oeuvrette nostalgique qui, à la manière des films de l’époque, demande une certaine indulgence pour être estimée. Mais, dans l’ensemble, ce gros comics reste appréciable…néanmoins s’il s’agit de la meilleure histoire de la Légion on n’est pas trop pressé de lire les pires.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #DC, #Fantastique, #Space Opera, #science-fiction

Repost0

Publié le 25 Février 2021

FILS UNIQUE de Jack Ketchum

Jack Ketchum fut un spécialiste du roman d’horreur réaliste, la plupart de ses livres s’inspirant, de près ou de loin, de faits réels. Dans FILS UNIQUE il reprend fidèlement une authentique affaire criminelle, la postface nous apprenant qu’il s’est uniquement permis des altérations mineures (léger changement des noms et des lieux et, sans doute pour des questions de clarté, omission des autres membres de la fratrie). Mais le romancier relate fidèlement les faits ayant conduit Sherry Moore Nance en prison puisqu’elle fut condamnée, au final, à la prison à vie pour avoir abattu son mari violent. Aujourd’hui, elle purge toujours sa peine et cette injustice flagrante a poussé Ketchum à écrire ce livre, lequel s’apparente parfois à une charge virulent contre un système corrompu, des juges déconnectés de la réalité et une ordure d’avocat (pléonasme !) de l’accusation. FILS UNIQUE se base donc sur un documentaire visionné, quasiment par hasard, par l’auteur au sujet de femmes poussées à bout ayant été jusqu’au meurtre. Il relate l’histoire d’une femme, Lydia Dance, ayant épousé un type apparemment bien sous tous rapports, qu’elle soupçonne rapidement d’abuser de leur fils unique. Elle se lance dans un procès difficile pour faire éclater la vérité et se heurte à un système judiciaire pourri qui préfère défendre à tout prix l’accusé que la victime.

Ketchum souhaite provoquer l’indignation, voire la révolte du lecteur, il le plonge dans la fange, dans les sévices subis par le petit garçon et l’injustice vécue par la mère, les personnages sont réduits à leur statut de victime et de violeur / harceleur. En parallèle, un récit de serial killer (le mari, probablement) permet à l’auteur des descriptions additionnelles de viols, de tortures et de meurtres. Ketchum n’a jamais fait dans la dentelle et il livre ici un roman coup de poing et brutal à souhait, sans toutefois verser dans le craspec de ses « Gore ».

Dans les dernières lignes de la postface, Ketchum se demande cependant si la véritable Sherry Moore Nance a été 100% honnête dans ses déclarations et il avoue que certains éléments récents le chiffonnent mais que cela ne change pas fondamentalement les raisons pour lesquelles il a tenu à écrire ce livre, à savoir dénoncer un système inique.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #Histoire vraie

Repost0

Publié le 21 Février 2021

SANCTIONS! de Talion

Sous le pseudonyme de Talion se dissimule (très peu) une personnalité bien connue du cinéma et de la littérature « bis » ayant débuté par le fanzine Videotopsie avant de livrer quelques livres de référence comme GORE AUTOPSIE D’UNE COLLECTION ou BRUNO MATTEI – ITINERAIRES BIS. Le bonhomme, que l’on sait férocement critique envers le climat de politiquement correct actuel et de « bien pensance » généralisé a donc tiré profit de son expérience personnelle dans le milieu scolaire (sur lequel il a, également, beaucoup de – mauvaises – choses à dire) pour livrer son premier récit de fiction. Nous suivons ainsi un couple d’enseignants totalement frappés qui ont décidé d’infliger quelques sévères sanctions à une poignée d’élèves récalcitrants et autres petites frappes de cité. Inutile de dire que le lecteur va se délecter à lire les tortures sexuelles innommables (mais pas indescriptibles puisque Talion ne nous épargne aucun détails) vécues par nos adolescents.

Premier bouquin de cette nouvelle collection Karnage (qui succède à Gore et aux plus confidentiels Maniac, Apocalypse ou encore Trash), il était logique de confier ce démarrage à un admirateur inconditionnel de « Gore » et Talion s’est permis toutes les outrances. Le romancier propose un roman pour adultes avertis, au contenu très explicite, qui mélange horreur, gore et pornographie. Il synthétise ainsi les différents sillons jadis labourés par les principaux pourvoyeurs français du gore : le côté sexe et sang (ou BLOOD SEX) de Charles Necrorian, l’aspect plus social véhiculé par Corsélien (on note une référence au chef d’œuvre de ce-dernier, LE BRUIT CRISSANT DU RASOIR SUR LES OS) et une touche d’humour noir rappelant les bouquins plus légers et référentiels d’Eric Vertueil (LES HORREURS DE SOPHIE, SANG FRAIS POUR LE TROYEN, etc.).

En 150 pages bien tassées, Talion dispense un véritable cauchemar de sang et multiplie les meurtres, les mutilations et autres supplices. Sans oublier une suite de scènes carrément pornos qui ne lésinent pas sur le sado-masochisme, l’urologie, la scatologie, etc. Bref, ça charcle, c’est parfois franchement dégueulasse (mais c’est voulu), c’est complètement extrême et traversé de quelques clins d’œil à divers « classiques » du cinéma bis italien (comme le signale un protagoniste on parle beaucoup d’holocauste et de cannibales) comme « Pulsions cannibales », « Holocauste Nazi », « Blue Holocaust », « Cannibal Holocaust », « Porno Holocaust », etc.

Avec ce titre, la collection Karnage débute très fort et on se demande comment les successeurs de Talion pourront faire mieux (ou pire). Pour les nostalgiques de la littérature « de gare » et « de gore » des années ’80, SANCTIONS ! fait figure d’incontournable. Par contre pour ceux qui pensent que l’horreur se limite à Stephen King ou l’érotisme à CINQUANTE NUANCES DE GREY, le choc risque d’être violent ! Un des bouquins les plus « jusqu’au boutiste » publié depuis longtemps, sorte de rencontre entre un AMERICAN PSYCHO et les 120 JOURS DE SODOME qui se déroulerait sur un lit souillé de merde, de foutre et de sang.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Karnage, #Splatterpunk

Repost0

Publié le 19 Février 2021

LES ENFANTS DU DIABLE de Don A. Seabury et Terence Corman

Troisième tome de la saga initiée par l’éditeur Media 1000 dans sa collection Apocalypse avec, derrière le pseudo collectif de Don A. Seabury et Terence Corman une poignée d’auteurs bien connus de l’imaginaire francophone : Michel Pagel, Michel Honaker et Richard D. Nolane en guise de réviseur pour ce troisième tome (et auteur complet du premier).

Sorti en septembre 1987, LES ENFANTS DU DIABLE se conforme à ce qu’on attend de cette collection populaire qui s’inspire à la fois des romans post-apocalyptiques pulp (comme la collection du SURVIVANT chez Gérard De Villiers) et du gore alors vendeur via la série dédiée chez Gore. L’intrigue n’innove pas vraiment et se contente de reprendre les aventures de Russ Norton, aventurier baroudeur n’ayant plus rien à perdre mais accomplissant des missions suicides dans le but de sauver son fils dont la maladie nécessite des soins couteux. Car l’humanité s’est effondrée, l’apocalypse a eu lieu et les régions dévastées sont, à présent, hantées par des sortes de mutants. Dans ce monde à la « Mad Max » la seule règle est la survie du plus apte et surtout du plus fort. Russ Norton, héros pur et dur qui rappelle un peu le Snake de « New York 1997 » se charge donc de rétablir un minimum de justice en affrontant sans relâche le terrible Terminateur.

Une pincée d’érotisme, beaucoup de violences sanglantes, quelques descriptions peu ragoutantes (arrachage de zigounette à coups de dents), un climat digne des meilleurs (ou des pires) films post-nuke italiens, entre « Les Nouveaux Barbares » et « Les Exterminateurs de l’an 3000 », LES ENFANTS DU DIABLE n’a pas de prétentions littéraires mais cherche simplement à divertir son lecteur pendant 2 ou 3 heures. Pari gagné pour ce bouquin plaisant et rondement mené.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 16 Février 2021

LA SEPTIEME ETOILE (Les Chroniques pourpres tome 2) d'Alexandre Malagoli

Sans être très subtil ni original, SORCELAME constituait un divertissement de fantasy « young adult » plutôt plaisant. La suite reprend où le premier tome s’achevait mais sans parvenir à susciter le même enthousiasme (relatif). Nous sommes dans une intrigue balisée, très « old school » et jeu de rôle, avec sa petite compagnie de héros (l’élu d’une prophétie, un Troll, un magicien, une princesse,…) en route vers la ville de tous les vices, non pas Las Vegas mais bien Farnesa où chacun doit accomplir une tâche bien précise. A cela s’ajoute le classique réveil de la grande sorcière maléfique, les manipulations politiques, la révolte du camp du « bien » républicain contre les Rois, les chefs religieux mal intentionnés, l’épée magique, etc. Nous avons même quelques protagonistes tout droits tirés d’un antique « livre dont vous êtes le héros » à la manière des Templiers du Chaos ! Ne manque que les jets de dés !

L’ensemble avance donc de manière très linéaire, en laissant quelques interrogations en suspens pour maintenir l’intérêt (avec surtout un mystère sur l’identité de l’élu ici dénommé Ost-Hedan), au gré des pérégrinations des personnages qui se posent l’une ou l’autre questions vaguement philosophiques que l’on pourrait résumer par « La fin justifie-t’elle les moyens » ? » ou « tuer les méchants c’est pas vraiment mal, non ? ». Rendez-vous à l’examen de philo, vous avez deux heures.

Bref, LA SEPTIEME ETOILE peine à intéresser le lecteur même si on reste objectivement dans la « moyenne ». Le style est classique, pour ne pas dire facile, le vocabulaire pas toujours recherché (le monde est à peine esquissé), les dialogues sans grand intérêt, les péripéties attendues,…beaucoup de bémols mais le roman est, heureusement, court et raisonnablement rythmé. Un public adolescent peu exigeant et féru de jeux de rôle pourra probablement y trouver son compte mais, pour la majorité des lecteurs, l’ensemble risque d’être peu engageant. Bien évidemment, ne chargeons pas trop la mule, « il y a pire » et le roman se lit sans vrai déplaisir. Hélas, ce qui pouvait passer à une époque où le genre devait de contenter de quelques parutions par an et que l’amateur désespérait d’obtenir sa ration de High Fantasy parait anachronique aujourd’hui. Alors que le nombre effarant de sorties dans le domaine de la « grosse Fantasy épique avec prophéties et combats qui plaisent aux ados », ne cesse d’augmenter se contenter d’un bouquin juste « moyen » est-il raisonnable ? Surtout qu’il faudrait, pour connaitre la fin de l’histoire, se farcir encore un tome et qu’à l’issue de ce deuxième volet rien ne motive vraiment à poursuivre la saga…On en restera donc là pour ces « Chroniques pourpres » bien décevantes.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse

Repost0

Publié le 14 Février 2021

LES MEMOIRES DE L'HOMME ELEPHANT de Xavier Mauméjean

Pour son premier roman, Xavier Mauméjean nous propose de découvrir les mémoires (fictives) de John Merrick, plus connu dans l’inconscient collectif comme Elephant Man. Merrick a quitté l’univers des fêtes foraines où il était exhibé en tant que « monstre » pour mener une existence éloignée de la populace sous la surveillance du docteur Treves. Il vit ainsi dans l’hopital de Whitechapel et exerce les fonctions de « détective consultant ». Tout comme Sherlock Holmes il pourrait rédiger une monographie sur les cendres de cigares et n’a besoin que de son esprit affuté pour démasquer les criminels retors qui hantent Londres à la fin du XIXème siècle. Durant la dernière année de vie de Merrick, ce-dernier va ainsi résoudre quatre affaires criminelles, une par saison, tandis que sa personnalité semble se dissoudre pour laisser place à une entité plus puissante, la divinité Ganesha autrement dit le Dieu Elephant. Voici qui ajoute un côté fantastique, réel ou fantasmé, et une trame plus universelle dans un récit sinon proche des standards du « détective en fauteuil ».

Le récit alterne donc des passages d’une lecture aisée, proches du policier « classique », avec d’autres beaucoup, plus complexes et exigeants, qui n’hésitent pas à se montrer philosophiques ou poétiques. Le roman comprend aussi de nombreuses références historiques ou cinéphiliques (certaines évidentes comme cet accident de grossesse ayant causé la difformité du héros qui provient directement du film de David Lynch...et qui en réalité est issue de la véritable biographie de Merrick! ) et d’autres plus littéraires ou religieuses, en particuliers avec la mythologie liée à Ganesha.

Le roman demande par conséquent une certaine attention, nous ne sommes pas dans le « easy reading », il y a des notions historiques, politiques, etc. qui exigent du lecteur une réelle implication. Le style se montre, lui-aussi, de haut niveau, avec des phrases travaillées, un vocabulaire précis et parfois peu usité,…Mauméjean a toujours démontré ses talents formels et, dès ce premier roman, il s’impose comme un styliste doué qui propose une œuvre policée et de grande qualité.

Bien sûr, le livre peut, pour certains, avoir les défauts de ses qualités : ceux qui en attendent un simple décalque de Sherlock Holmes avec John Merrick pour héros (ou un texte proche du steampunk pour simplifier) risquent d’être décontenancés par les digressions de l’auteur ou parfois perdus dans les méandres de sa pensée. Mais, en dépit de passages ardus, LES MEMOIRES DE L’HOMME ELEPHANT reste un roman réussi, convaincant, qui embrasse plusieurs genres : le policier, le fantastique, l’histoire, l’essai « philosophique » et théologique même…bref, une lecture intelligente mais cependant divertissante et suffisamment marquante pour mériter l’investissement nécessaire à sa bonne compréhension. Recommandé.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Historique, #Policier

Repost0

Publié le 10 Février 2021

JAMES BOND: SCORPIUS de John Gardner

Une secte de fanatiques, les Doux, qui ne le sont pas du tout (doux !), que du contraire. Un grand gourou cinglé, le Père Valentine. Un méchant mystérieux, Vladimir Scorpius. Des terroristes qui se font exploser un peu partout pour détruire le mode de vie occidental. Voilà les nouveaux ennemis de James Bond !

John Gardner a livré un paquet de romans consacrés à Bond et celui-ci démontre une certaine originalité : l’intrigue dévie quelque peu de la « norme » des aventures de 007…une qualité et un défaut car, pendant une grande partie du bouquin, SCORPIUS ne ressemble pas vraiment à ce qu’on attend d’un Bond (littéraire ou cinématographique). Cependant, les derniers chapitres retrouvent la voie toute tracée de l’affrontement entre l’espion et le grand méchant mégalomane tout heureux d’exposer son plan. Si les thématiques sont plus « modernes » (terrorisme aveugle, dérives sectaires et religieuses,…), l’ensemble n’est pourtant pas pleinement convaincant et le rythme laisse souvent à désirer.

En dépit du ton sérieux (davantage que dans les autres Bond de Gardner), l’auteur ajoute quelques pincées d’humour et au moins un clin d’œil évident à Sean Connery, « l’acteur préféré de Bond ». Des initiatives louables mais qui ne parviennent pas vraiment à compenser une intrigue finalement prévisible et un manque regrettable de scènes d’action marquantes.

Notons également que la traduction est médiocre avec des tournures de phrases souvent bien lourdes et une impression d’amateurisme assez prégnante, davantage dans la lignée d’une traduction de fan trouvée sur le net (comme celle de KILLING ZONE par exemple) que d’un bouquin édité. Cela gâche la lecture, la rendant même parfois pénible, et n’aide guère à se faire une juste opinion d’un roman que, dans l’attente d’une version plus soignée et révisée, on qualifiera de peu palpitant. A réserver aux complétistes du Bond littéraire…Les autres passeront leur chemin sans regret.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #James Bond, #Espionnage

Repost0

Publié le 7 Février 2021

SAS CONTRE CIA de Gérard De Villiers

Publié en 1965, le deuxième roman mettant en scène Son Altesse Sérénissime le Prince Malko Linge se déroule en Iran alors que le Chah est toujours au pouvoir mais que les forces révolutionnaires fomentent un attentat à son encontre. L’Iran des sixties plait davantage à Malko que celui qu’il visitera ultérieurement au cours de ses aventures : musique, danse, vodka, caviar et jolies filles.

La CIA a été avertie par le KGB d’un futur coup d’état en vue de placer à la tête de l’Iran le général Kadjar. Schalberg, chef de la CIA dans le pays, soutient les révolutionnaires. Mais si le coup d’état réussi, les forces soviétiques envahiront le pays. Malko Linge a donc mission d’empêcher la révolution. Il débarque incognito en Iran avec dix millions de dollars, somme nécessaire à corrompre qui de droit. Mais l’argent se voit confisqué par la police au service de Schalberg et Malko doit recourir à l’aide de deux Belges traficotant dans le pays, Jean Derieux et Van der Staern. Ce-dernier est tué lors d’une reconnaissance au cours de laquelle Malko obtient la preuve de l’implication de Schalberg dans les manigances de Kadjar. SAS devra encore naviguer entre les factions rivales, les Russes, les mollah et les politiciens corrompus pour tenter de sauver le Chah.

Tout comme le précédent, SAS A ISTAMBUL, cette aventure de Malko tranche avec ce que le personnage deviendra par la suite. Nous sommes ici dans un espionnage beaucoup plus feutré, davantage porté sur la politique et les manigances de l’ombre. L’action est donc réduite (seul les derniers chapitres avec leur course-poursuite aérienne pour détruire une bombe volante relève du genre), l’érotisme quasi absent (Malko flirte mais ne coucher pas),…L’essentiel réside dans les jeux d’influences entre personnages souvent peu recommandables qui tentent de tirer leur épingle d’un jeu de dupe : trafiquant belge, agent double, fonctionnaire corrompu, général sadique se rêvant roi à la place du Chah, jeune fille amorale qui vont de l’un à l’autre par intérêt,…Le petit monde des barbouzes se trouve joliment dépeint, dans un Iran encore paradisiaque mais déjà menacé par l’extrémisme religieux : entre deux maux (communisme et islamisme) il faut choisir le moindre et Malko aura bien du mal à s’en dépêtrer, tout comme il aura du mal à choisir entre une belle Iranienne et une hôtesse de l’air suédoise.

En définitive, SAS CONTE CIA constitue un bon roman d’espionnage, beaucoup plus sérieux que les suivants qui verseront de plus en plus dans l’aventure kilométrique et l’érotisme envahissant. Conseillé pour découvrir un des personnages les plus emblématiques de la littérature de gare.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Roman de gare

Repost0

Publié le 5 Février 2021

LA NUIT DES VERS VORACES de John Halkin

Né en 1927, John Halkin a livré une poignée de romans horrifiques, dont sa « Slither trilogy » (composée de ce LA NUIT DES VERS VORACES et des inédits SLIME et SQUELSH) au milieu des années ’80.

Le roman se rapproche fortement de ce que proposait James Herbert à ses débuts (avec sa saga des RATS) ou Guy N. Smith (le grand spécialiste de l’agression animale avec NIGHT OF THE CRABS, BATS OUT OF HELL, MANHEATER, etc.). On peut également effectuer un rapprochement certain avec le plaisant film « La nuit des vers géants » : titre très proche, intrigue relativement similaire en tout cas dans son principe. Bref, Halkin ne cherche pas à innover. Ni à surenchérir dans l’ignoble. Publié chez Gore il aurait pu aboutir chez Terreur ou J’ai lu Epouvante bien que le ton très « série B » de ce roman le destinait naturellement à la collection Gore, tout comme l’intrigue ramassée, le déroulement linéaire, les quelques passages gentiment sexy et les séquences sanglantes mais sans excès. Nous sommes vraiment dans l’horreur tranquille, pas de quoi attraper des hauts le cœur comme chez Necrorian ou se sentir mal à l’aise comme chez Ketchum. Nous suivons classiquement un technicien de télévision, Matt Parker, qui, au cours d’un reportage dans les égouts, se fait attaquer et mutiler par de redoutables vers agressifs. Devenu obsédé par ses créatures il va même jusqu’à en faire élevage pour les transformer en peau destinés à confectionner des sacs pour les ladies londoniennes.

Le personnage principal, qui occupe la quasi-totalité des scènes, s’avère classique et typique de l’horreur 80’s. Il est arriviste, veut faire carrière mais se lamente de vivoter. Une histoire d’adultère traditionnelle et l’amour à reconquérir de sa jeune fille qui le méprise tiennent lieu de caractérisation. Dans les clichés d’époque on notera également la détermination sans faille de notre héros qui réussira, tout seul et quasiment avec uniquement sa bite et son couteau, à stopper une invasion animale d’ampleur nationale tandis que les autorités se contentent de ne pas intervenir et de de constater les dégâts (citoyens dévorés à la pelle !).

Le tout constitue, au final, un roman enlevé, parfois saugrenu (toute l’histoire de l’élevage des vers laisse perplexe mais offre indéniablement une touche de folie à un titre sinon convenu), avec suffisamment de passages mordants et d’attaques sanguinaires pour satisfaire le lecteur. Ce n’est pas aussi efficace que LES RATS de Herbert ni aussi crade que LA MORT VISQUEUSE de Shaun Hutson mais, dans la masse des nombreux bouquins du genre publié chez Gore, ce modeste NUIT DES VERS VORACES ne démérite pas.

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman de gare

Repost0