james bond

Publié le 4 Avril 2024

JAMES BOND: NOBODY LIVES FOREVER de John Gardner

Et voici une nouvelle confrontation entre Tamil Rahani et James Bond. Le premier, intronisé nouveau chef du SPECTRE en remplacement de Blofeld (depuis l’opus précédent, UNE QUESTION D’HONNEUR), n’a plus que quelques mois à vivre à la suite d’un combat contre le second. Bref, Rahani veut la peau de 007 : il met littéralement sa tête à prix et la somme est telle que tous les tueurs de la planète coursent notre Bond, lequel doit, en plus, sauver sa logeuse, May, et Moneypenny, prises en otages par les méchants.

Voici donc notre très peu secret agent poursuivi par le Smersh, l’Union Corse, la Mafia, etc. En chemin, car James reste James, notre dragueur tombe (par hasard) sur deux superbes jeunes femmes qui décident, pour ses beaux yeux, de demeurer à ses côtés malgré les risques encourus. Bon, le lecteur trouve ça immédiatement très louche mais pas Bond (très confiant dans son charme irrésistible). Le retournement final n’en est donc pas un.

Reprenons : le bel espion et ses deux greluches sont en route pour détruire, une fois de plus, le SPECTRE. Heureusement, tous les méchants à leur poursuite se tirent dans les pattes, ce qui permet à Bond de survivre à des dizaines d’adversaires voulant le tuer. Mieux que John Wick !

Comme dans la plupart de ses bouquins, John Gardner fait du James Bond comme d’autres du Coplan ou du OSS 117. Ce n’est pas péjoratif, juste une constatation. Il a eu de la chance qu’on lui propose une « relance » plus prestigieuse que celle des deux autres agents secrets précités. Mais ses intrigues restent standards, pas vraiment palpitantes et trop banales pour réellement convaincre. Un mélange d’éléments tirés des films, des romans de Fleming et de la littérature de gare des années ’80.

Le respect du personnage est donc assez secondaire, l’essentiel étant de donner quelques fondamentaux aux lecteurs. Donc Bond tombe les filles, boit comme un trou (mais reste sobre), possède quelques gadgets (aujourd’hui bien vieillots) et se montre insupportable à force de manger les plats les plus chers et de boire les alcools les plus couteux, les seuls qui conviennent à son palais délicat. Le tout se rapproche davantage des films (période Roger Moore) que des romans originaux et l’ensemble verse régulièrement dans le ridicule. Que dire du méchant qui prend évidemment tout son temps pour conduire James à la guillotine (oui, oui, une vraie façon révolution française) ?

Mais le plus grand moment reste l’incroyable combat entre Bond et une…chauve-souris enragée placée dans sa douche ! Même Bigard, le Bebel du « Magnifique » et Jean Dujardin n’auraient pas osé et cela rend la scène drôle et mémorable. Débile aussi c’est vrai mais, à tout prendre, mieux vaut un peu de folie pour remonter la pente d’un scénario vraiment peu inspiré et banal. Si le roman avait comporté davantage de passages de ce genre on se serait sans doute plus amusé. Là, on se contentera d’un récit balisé dont une des seules réelles qualités réside dans son rythme soutenu, assuré par une pagination réduite à 192 pages.  

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #James Bond, #Espionnage, #Action, #Aventures

Repost0

Publié le 19 Septembre 2023

YOUNG BOND: OPERATION SILVERFIN de Charles Higson

La Jeunesse de James Bond (ou Young Bond) est une entreprise littéraire lancée en 2005 pour raconter la vie du plus célèbre et moins secret des agents britanniques. Charlie Higson écrira cinq romans (et une novella, « A Man hard to kill ») avant de passer le flambeau à Steve Cole pour quatre livres supplémentaires (dont seul le premier a été traduit).

OPERATION SILVERFIN nous ramène en 1933, alors que James Bond a 13 ans et vient d’intégrer Eton à la suite de la mort de ses parents dans un accident d’alpinisme. Dans le prestigieux collège il doit lutter contre un Américain, George Helleborne, le fils d’un riche marchand d’armes prêt à tout pour triompher, quitte à tricher lors des épreuves sportives. En vacances en Ecosse auprès de sa tante et de son oncle, condamné à brève échéance par un cancer, Bond se lie d’amitié avec Kelly, un gamin qui tente d’élucider la disparition mystérieuse de son cousin. Les deux adolescents, aidés par une jeune fille de la région, vont enquêter dans le château où vit Lord Helleborne, le père de George, décidé à créer des super-soldats pour la prochaine guerre mondiale. Une opération baptisée Silverfin.

OPERATION SILVERFIN propose son lot de clins d’œil et références aux futures aventures de Bond et permet de savoir où il a reçu sa fameuse cicatrice. Le roman, dans son ensemble, fonctionne agréablement. La personnalité de Bond émerge peu à peu, au début il est un gamin quelque peu craintif, à la fin il tient tête aux petites frappes de son collège. Il faut dire qu’il aura vécu des expériences éprouvantes, rencontrer des anguilles mutantes très agressives et eut une longue discussion avec son oncle qui fut agent secret durant la première Guerre Mondiale.

Ce premier tome s’avère plaisant, entre les films consacrés à 007 (le côté plus rugueux des romans de Fleming est quelque peu laissé de côté) et la série de livres Alex Rider d’Anthony Horowitz (qui sera choisi quelques années plus tard pour reprendre les romans « adultes » de Bond).

Dans OPERATION SILVERFIN le lecteur trouvera donc de l’action, un peu d’humour et un côté british dans la partie centrale située en Ecosse avec ses paysages, ses châteaux et ses mystères. On pouvait espérer un bouquin plus marquant avec davantage de prise de risques mais le divertissement demeure sympathique en dépit d’une intrigue quelque peu balisée et prévisible.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Espionnage, #James Bond, #Young Bond, #Jeunesse, #Young Adults

Repost0

Publié le 10 Février 2021

JAMES BOND: SCORPIUS de John Gardner

Une secte de fanatiques, les Doux, qui ne le sont pas du tout (doux !), que du contraire. Un grand gourou cinglé, le Père Valentine. Un méchant mystérieux, Vladimir Scorpius. Des terroristes qui se font exploser un peu partout pour détruire le mode de vie occidental. Voilà les nouveaux ennemis de James Bond !

John Gardner a livré un paquet de romans consacrés à Bond et celui-ci démontre une certaine originalité : l’intrigue dévie quelque peu de la « norme » des aventures de 007…une qualité et un défaut car, pendant une grande partie du bouquin, SCORPIUS ne ressemble pas vraiment à ce qu’on attend d’un Bond (littéraire ou cinématographique). Cependant, les derniers chapitres retrouvent la voie toute tracée de l’affrontement entre l’espion et le grand méchant mégalomane tout heureux d’exposer son plan. Si les thématiques sont plus « modernes » (terrorisme aveugle, dérives sectaires et religieuses,…), l’ensemble n’est pourtant pas pleinement convaincant et le rythme laisse souvent à désirer.

En dépit du ton sérieux (davantage que dans les autres Bond de Gardner), l’auteur ajoute quelques pincées d’humour et au moins un clin d’œil évident à Sean Connery, « l’acteur préféré de Bond ». Des initiatives louables mais qui ne parviennent pas vraiment à compenser une intrigue finalement prévisible et un manque regrettable de scènes d’action marquantes.

Notons également que la traduction est médiocre avec des tournures de phrases souvent bien lourdes et une impression d’amateurisme assez prégnante, davantage dans la lignée d’une traduction de fan trouvée sur le net (comme celle de KILLING ZONE par exemple) que d’un bouquin édité. Cela gâche la lecture, la rendant même parfois pénible, et n’aide guère à se faire une juste opinion d’un roman que, dans l’attente d’une version plus soignée et révisée, on qualifiera de peu palpitant. A réserver aux complétistes du Bond littéraire…Les autres passeront leur chemin sans regret.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #James Bond, #Espionnage

Repost0

Publié le 27 Avril 2020

JAMES BOND: MISSION PARTICULIERE de John Gardner

Pour son deuxième « James Bond », John Gardner ressuscite un des plus célèbres ennemis de 007 : Blofeld, toujours à la tête de l’organisation secrète Spectre visant, cette fois, à s’emparer des codes du programme de défense spatiale américain.

Gardner livre ici un pur roman de gare (ce qui n’est pas péjoratif mais quelque peu décevant pour un Bond) en reprenant le personnage sous sa forme plus cinématographique que littéraire. Tombeur séducteur, Bond endosse l’identité d’un expert en gravures rares afin d’infiltrer le quartier général d’un méchant mégalomane…Bien sûr Bond est aussitôt démasqué mais continue de converser en gentleman avec le criminel qui, de son côté, tente de le tuer à plusieurs reprises. Fourmis mangeuses d’homme, course de voiture,…Bond échappe à toutes les manigances du vilain qui aime également donner ses victimes à manger à ses pythons géants. Pour conquérir le Norad, les méchants élaborent d’ailleurs un plan complètement folklorique visant à transformer (par la drogue !) Bond en général destiné à s’infiltrer dans la base puis à trahir ses alliés américains… eux-mêmes sous l’emprise d’un psychotrope répandu par de la crème glacée ! Difficile d’en dire plus ou d’expliquer de manière plus claire ce stratagème aberrant mais, au final, plutôt amusant. Là encore nous sommes totalement dans le bis outrancier, entre les épisodes les plus déjantés des « Agents très spéciaux » et les romans d’espionnage de gare qui pullulaient dans les années ’70 façon Coplan, OSS 117 et autres.

Au cours de son enquête, Bond (qui, bien évidemment, n’a pas vieilli alors qu’il devrait approche des soixante ans bien sonnés !) fait équipe avec Sandra, la fille de son ami Felix Leiter (dont personne n’avait eu connaissance jusque-là). Sandra ne rêve évidemment que d’une chose : mettre l’agent secret dans son lit mais Bond s’y refuse par égard pour Felix, trouvant l’épouse du méchant plus à son goût. Bref, nous sommes en plein soap et les révélations finales peu crédibles, sans oublier la lettre de Leiter autorisant Bond à traiter sa fille comme bon lui semble, rapproche encore une fois toute l’histoire du plus pur roman de gare.

Evidemment, MISSION PARTICULIERE a le cul entre deux chaises, comme la plupart des romans post-Fleming, en essayant de combiner le Bond originel des bouquins et sa déclinaison des grands écrans, beaucoup plus aseptisée et codifiée : en gros, l’agent pas du tout secret (tout le monde semble le connaitre) boit comme un trou et drague tout ce qui bouge, confiant dans sa voiture ultra sophistiquée et sa valise bourrée de gadgets pour se tirer de toutes les situations dangereuses.

Le roman se termine par un « twist » qui réussit à être à la fois hautement prévisible et complètement improbable avant que le méchant (dont nous tairons l’identité même si elle semble évidente) ne périsse de manière bien horrible et excessive. Encore une fois, Gardner patauge dans le bis mais ce n’est pas désagréable, surtout que le roman est court et relativement rythmé par ses nombreux courts chapitres.

Nous sommes très loin de Fleming mais, pour les amateurs d’espionite rythmée et déjantée, avec méchant mégalomane décidé à conquérir le monde et demoiselle trop sexy pour être honnête, la lecture de MISSION PARTICULIERE reste plaisante et fun. Sans plus ni moins.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond, #Thriller

Repost0

Publié le 10 Mars 2020

VIVRE ET LAISSER MOURIR de Ian Fleming

Deuxième roman de la saga littéraire, VIVRE ET LAISSER MOURIR confronte le moins secret des agents secrets à un méchant mégalomane, Mr BIG, qui ambitionne carrément de devenir le premier grand criminel Noir en utilisant, notamment, les croyances vaudous pour asseoir sa domination. Porté à l’écran au début des 70’s, lors de la relance de la série cinématographique avec Roger Moore (en lieu et place de Sean Connery), le bouquin a été (comme l’ensemble de la saga littéraire d’ailleurs) fortement modifié et édulcoré, transformant un récit très brutal et sombre en une comédie légère et insignifiante (mais pas désagréable pour autant).

L’aventure passe ici par diverses villes américaines puis embraie vers la Jamaïque pour une chasse au trésor englouti du capitaine Morgan, le fameux pirate. Mais Mr Big n’apprécie guère que Bond et son ami Felix Leiter viennent mettre leur nez dans ses affaires. Le premier s’en tire relativement sans dommage, le second est en partie dévoré par un requin (cette sous-intrigue inspira, bien plus tard, le film « Permis de tuer »). D’autres passages volontiers cruels et sadiques jalonnent cette intrigue bien menée où planent (comme dans le film mais avec davantage de réalisme) l’ombre du Vaudou. Evidemment, et tout comme dans le précédent CASINO ROYALE, une romance débute entre Bond et une virginale prophétesse, sorte d’astrologue au service de Mr Big qui finit par trahir son patron.

Aujourd’hui chargé d’une patine plaisante (les romans témoignent ainsi d’une époque révolue et des premières années de l’après Seconde Guerre Mondiale), quelque peu désuet mais finalement divertissant, VIVRE ET LAISSER MOURIR s’impose comme un très bon roman qui, en 280 pages, mélange espionnage, thriller, aventure et même une touche de mystère teinté de surnaturel. Du tout bon !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #James Bond

Repost0

Publié le 21 Janvier 2020

CASINO ROYALE de Ian Fleming

Dans ce premier volet de la saga James Bond, le lecteur fait connaissance avec le moins secret des agents secrets, lequel est envoyé dans une petite ville française pour affronter Le Chiffre. Celui-ci a perdu d’importantes sommes d’argent et compte sur le casino de Royale-les-Eaux pour se refaire une santé aux tables de baccara. Comme Le Chiffre est lié à l’Union soviétique et alimente les caisses du parti communiste français, Bond est chargé de le plumer au jeu ce qui mettrait une bonne petite claque aux cocos.  

Nous sommes ici au début des années ’50, en pleine guerre froide qui n’attend qu’une occasion pour se réchauffer. Le contexte est donc très différent de celui de la récente version cinématographique avec Daniel Craig (laquelle reprend cependant une partie des péripéties du roman et se montre plus fidèles que bien d’autres long-métrages « Bond »), plus proche des origines de la saga cinéma, nous sommes dans une époque similaire à celle de « Bons baisers de Russie ».

L’intrigue, simple, se limite pratiquement à cette confrontation entre deux adversaires aux nerfs d’acier, le Chiffre, menacé de mort par l’organisation SMERSH (« Mort aux espions », qui deviendra dans les films le SPECTRE), et James Bond. L’occasion de mieux connaitre l’agent secret, bon vivant amateur de vin, de cocktails (dont le fameux et délicieux Vesper), de nourriture de luxe (caviar), de cigarette (avec un tabac composé spécialement pour lui), d’hôtel de grande classe et, bien sûr, de femmes fatales. Car Bond va rencontrer Vesper et nouer une rapide et brulante passion qui, forcément, finira mal. Bien qu’il semble jeune, Bond parait déjà revenu de tout dans ce premier roman, ce qui explique son cynisme et son côté presque « usé » par les manipulations politiques et les intrigues du monde moderne. Il parait bien seul dans ce monde en dépit de l’aide reçue par René Mathis, l’espion français, et surtout par son copain Felix Leiter de la CIA que l’on retrouvera dans plusieurs romans ultérieurs.

Roman relativement court (230 pages) divisé en nombreux courts chapitres, CASINO ROYALE bénéficie d’un style bien rêche, d’une efficacité exemplaire (que l’on pourrait rapprocher de celui de Mickey Spillane) et d’un tempo nerveux. Une bonne entrée en matière dans l’univers bondien.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #James Bond, #Espionnage, #Thriller

Repost0

Publié le 13 Décembre 2019

MEILLEURS VOEUX DE LA JAMAÏQUE de Ian Fleming

Recueil de trois nouvelles consacrées à James Bond publié à titre posthume en 1966, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE débute avec « Octopussy » (traduite, vu le jeu de mot intraduisible de l’original, par « Meilleur vœux de la Jamaïque »). James Bond y rend visite au Major Dexter Smythe, retiré à la Jamaïque depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Gros buveur, gros fumeur, passionné par les poissons mais n’ayant plus guère le goût de vivre, Smythe vit de sa fortune. En réalité celle-ci provient de deux lingots d’or nazi dérobé à la fin de la guerre après avoir abattu son guide, Hannes Oberhauser. Smythe les a fait fructifier en s’appuyant sur la pègre chinoise locale. Or, le cadavre d’Oberhauser vient d’être retrouvé. Et il était instructeur de ski et ami de Bond…

Une nouvelle très bien ficelée ou le style brut de Fleming fait merveille pour illustrer la célèbre maxime sur la vengeance, ici un plat qui se mange très froid pour Bond…et encore vivant pour la pieuvre qui donne son titre original à la nouvelle ayant servi de base, lointaine, pour certains passages du film « Octopussy ».

« The Property of a lady », la deuxième nouvelle du recueil, fut, elle aussi, remaniée pour s’intégrer au film « Octopussy ». Il s’agit d’un récit d’espionnage au sujet d’un Œuf de Fabergé servant de payement à une espionne russe. Un texte plaisant, avec la coolitude nécessaire, qui se déroule essentiellement lors d’une vente aux enchères devant permettre à Bon d’identifier ses adversaires.

« Bons Baisers de Berlin (The Living Daylight) » servit, pour sa part, de pitch à « Tuer n’est pas jouer » et constitue un jeu du chat et de la souris entre Bond et un sniper russe, le tout assorti d’un flirt à distance entre l’agent anglais et une musicienne berlinoise. Quelque peu prévisible mais fort bien mené.

Au total, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE rassemble trois récits efficaces qui se sont aujourd’hui parés d’une patine agréable. En effet (et forcément) les politiques-fictions d’actualité à l’époque de la sortie du bouquin sont aujourd’hui devenu des textes historiques au sujet d’une période à la fois très proche et déjà lointaine, celle de la guerre froide, de Berlin divisée, des chassés-croisés d’espions, etc.

Très divertissant !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Recueil de nouvelles, #James Bond

Repost0

Publié le 15 Novembre 2019

JAMES BOND: BROKENCLAW de John Gardner

L’écrivain britannique John Gardner se fait connaitre dans la seconde moitié des sixties avec sa série parodique du LIQUIDATEUR puis reprend le personnage de Moriarty dans trois romans (seul le premier fut traduit). Au début des années ’80, Gardner accepte de succéder à Ian Flemming pour relancer les aventures de James Bond avec le plaisant PERMIS RENOUVELLE. Prolifique, Gardner en écrira quatorze au total (seize si on y ajoute les novélisations de PERMIS DE TUER et GOLDENEYE) au rythme d’un par an mais seul sept seront traduits.

BROKENCLAW poursuit la saga de manière assez standard et tente, comme les autres « continuations » de combiner le héros littéraire et le héros cinématographique (lesquels sont, on le sait, relativement éloignés) en un tout harmonieux. John Gardner essaie aussi de prendre en marche le train du thriller technologico-politique à la Tom Clancy mais sans parvenir à convaincre. L’intrigue, tout d’abord, reste légère et peine à se mettre en place : il faudra au lecteur une solide dose de bonne volonté pour passer le premier tiers, aussi confus que languissant, voyant Bond rencontrer sa nouvelle alliée chinoise, Chi-Chi, afin de contrecarrer les plans du nouveau grand méchant, Brokenclaw. Comme toujours la demoiselle souhaite être traitée à l’égale des hommes mais lorsque le danger menace elle se précipite dans les bras virils de Bond. Rien de neuf.

Les romans Bond post-Flemming écrits par Gardner obéissent tous à une formule similaire (assez calquée sur le septième art au point de ressembler à des scénarios abandonnés plus qu’à des bouquins). Parfois cela fonctionne, parfois cela parait simplement plat et sans vie, avec un Bond ressemblant finalement si peu à Bond que l’on pourrait l’échanger contre SAS ou OSS117 sans guère modifier l’intrigue. Ici, le tout ressemble à un ersatz de GOLDFINGER avec son grand méchant voulant provoquer un écroulement généralisé du système monétaire. En gros…parce que tout ça n’est pas franchement limpide et on peine un peu à voir les motivations des différents protagonistes.

BROKENCLAW constitue donc un Bond « Canada Dry » qui a la couleur de Flemming, parfois le goût de Flemming mais qui ne possède décidément pas la qualité brute des meilleurs Flemming. On sauve cependant les derniers chapitres où, pour prouver leur virilité, Bond et Brokenclaw se lancent dans la version « coutumes tribales indiennes » du concours de bite façon « Un homme nommé cheval ». Suspendus par des crochets, condamnés à courir les jambes lacérées et à s’affronter au tir à l’arc, nos deux mâles plongent, et le bouquin avec eux, dans l’exploitation façon série B. Pas très crédible mais, au moins, cela sort le lecteur de sa torpeur.

Reconnaissons toutefois que le bouquin n’est pas trop ennuyeux…à condition de passer outre une traduction abominable et une présentation désastreuse de l’éditeur Lefrancq. Comment a-t-on pu passer un tel nombre de coquilles, de fautes de frappes, d’expressions traduites littéralement (et donc ne voulant rien dire), de phrases dont les mots semblent avoir été mélangés, de grammaire approximative et de néologismes comme « ils voyèrent »

De quoi couler n’importe quel roman, on se croirait presque devant une traduction pirate de THE KILLING ZONE des années 2000. Avec cette édition consternante, BROKENCLAW perd au moins un point et il faut beaucoup d’abnégation pour le lire jusqu’au bout. A quand une traduction révisée ?

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond

Repost0

Publié le 13 Avril 2018

PERMIS RENOUVELE de John Gardner

Après la mort de Ian Fleming et le succès des films tirés de ses œuvres, l’envie de prolonger la carrière de James Bond semblait légitime. Ainsi, en 1968, fut écrit l’efficace COLONEL SUN qui ne rencontra pas le succès escompté. Il fallut attendre 1981 (et encore dix ans de plus pour la traduction) pour voir débarquer cette nouvelle aventure du moins secret des agents de sa majesté. Les temps ayant changés, la section « double zéro » a été dissoute et Bond a quelques cheveux blancs. M le charge cependant d’une nouvelle mission : enquêter sur les rapports entre le terroriste international Franco et le physicien nucléaire Anton Murik. Bien sûr, les services secrets craignent une alliance entre les deux qui pourraient mener à la construction d’armes atomiques. Bond se voit dès lors charger d’infiltrer l’entourage de Murik en se faisant passer pour un mercenaire. Après une habile prise de contact, 007 débarque dans le château écossais de Murki, Laird de Murcaldy, et rencontre sa maitresse, l’entreprenante Mary Jane Maskhin, sa séduisante pupille, Lavander « Lala » Peacock, et son homme à tout faire, le colosse Caber.

Avec PERMIS RENOUVELE, John Gardner prend la succession de Fleming pour quatorze romans (auxquels s’ajoutent deux novelizations) dont huit furent traduits en français. Par la suite Raymond Benson poursuivit la saga, avant de se voir remplacé par Jeffery Deaver, Sebastian Faulks, William Boyd, Anthony Horowitz, etc.

La position de Gardner n’était pas spécialement enviable : continuer l’œuvre de Fleming (dont les derniers écrits dataient de plus de 15 ans) tout en intégrant l’univers cinématographique de Bond, nettement plus « parlant » pour les lecteurs des années ’80. Son Bond constitue donc, logiquement, un compromis entre la version littéraire et son avatar des grands écrans. Une nouvelle Q, version féminine (Qute ou Qcote en français), offre à l’agent ses inévitables gadgets, et le scénario reprend les grandes lignes des longs-métrages période Roger Moore, à savoir l’infiltration de Bond dans le repaire d’un savant génial qui menace le monde de la destruction nucléaire. Cependant le bonhomme agit ainsi pour démontrer les dangers de l’énergie atomique, ce qui lui confère une certaine ambiguïté malheureusement peu creusée par Gardner qui se contente d’en faire un grand méchant mégalomane archétypal. Les autres personnages se révèlent encore plus schématiques : Caber est une brute stupide, Mary Jane une « vieille peau » qui tente de séduire un Bond évidemment plus intéressé par la potiche Lala au corps forcément « merveilleux ». Comme dans tous les films, le méchant explique longuement son plan à Bond (alors que ce-dernier est soi-disant un simple mercenaire). 007 n’agit pas de manière beaucoup plus intelligente puisqu’il tente de s’évader, échoue à prévenir les autorités (eh oui pas de portable en cette époque reculée) et se retrouve dans la salle de torture de Murik. Du déjà vu et revu, tout comme le final modérément spectaculaire au cours duquel Bond stoppe avec une facilité déconcertante le plan machiavélique du génie du mal.

En apparence, le bilan apparait donc fort négatif mais, en réalité, cette lecture n’est pas désagréable. En dépit de nombreuses longueurs, le roman garde un bon rythme et maintient l’intérêt par ses nombreux rebondissements. Pour les inconditionnels de James Bond, PERMIS RENOUVELE possède donc suffisamment d’attrait pour se lire sans déplaisir quoiqu’il ne dépasse pas véritablement la moyenne des « romans de gare » d’espionnage qui pullulaient au cours des années 70 et 80. Rien de déshonorant mais rien de vraiment mémorable non plus.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller, #Espionnage, #James Bond

Repost0