Publié le 31 Octobre 2019

LE CAUCHEMAR D'INNSMOUTH de Howard Phillips Lovecraft

Ce recueil reprend six nouvelles de Lovecraft, toutes intéressantes même si on réservera le qualificatif de chef d’œuvre à la première d’entre elles, celle qui donne d’ailleurs son titre à ce livre.

Sans doute un des récits les plus connus de Lovecraft, cette novella (terminée en 1931) constitue une continuation de la très courte « Dagon » écrite douze ans auparavant. Le narrateur, Robert Olmstead, se rend en Nouvelle-Angleterre pour en découvrir l’Histoire. En dépit des avertissements, il échoue dans le petit village côtier d’Innsmouth où il est accueilli de manière hostile par les habitants à l’étrange apparence batracienne. Olmstead finit par apprendre, de la bouche du vieil ivrogne Zadok Allen, que la population s’adonne au culte d’un dieu aquatique, Dagon, et n’hésite pas, en échange de richesses, à s’accoupler à des êtres venus des profondeurs.

Sorte de synthèse de l’horreur tentaculaire, cosmique et aquatique de Lovecraft, ce récit riche et efficace démarre de manière posée pour ensuite s’enfoncer dans l’indicible au fur et à mesure des rencontres du principal protagoniste avec les abominations nichées dans ce paisible (en apparence) village côtier. Souvent mentionné, que ce soit par Lovecraft lui-même ou par ses continuateurs, Innsmouth s’est imposé comme un lieu essentiel de son univers aux côtés d’Arkham. 70 pages denses et passionnantes (tout juste peut-on trouver le parler « alcoolisé » de Zadok Allen un brin pesant) à lire ou relire dont Stuart Gordon tira l’excellent DAGON, sans doute le long-métrage le plus représentatif de l’univers lovecraftien.

Les autres nouvelles sont également célèbres : « La maison de la sorcière » (adaptée pour la série télévisée Master of Horror mais également sous les titres LA MAISON ENSORCELEE en 1968, HORREUR A VOLONTE en 1970 et plus récemment THE SHUNNED HOUSE en 2003), le très macabre « Air Froid » dans l’esprit des (ultérieurs) « Tales from the crypt » (porté à l’écran dans l’anthologie NECRONOMICON et précédemment dans la série télévisée « Night Gallery »), le très court « L’indicible » (dont J-P Oulette tira le sympathique mais très bis THE UNNAMABLE en 1988).

Le recueil se termine avec l’excellent « Le Monstre sur le seuil ». Au final : une belle réussite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Lovecraft

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Publié le 30 Octobre 2019

RAI INTEGRALE de Matt Kindt

Changement de décor et d’époque pour l’univers Vaillant avec RAI…Exit le monde actuel et les super slips pour un environnement ultra futuriste et technologique d’inspiration Cyberpunk.

Bien que l’on retrouve certains éléments issus de l’univers Vaillant (La Géomancienne, le Guerrier Eternel), RAI s’impose comme un titre pouvant parfaitement se lire indépendamment. Nous sommes dans une histoire cyberpunk relativement classique (la révolte d’un « servant » contre une intelligence artificielle toute puissante) mais bien menée et servie par des dessins de très haute qualité. En 4001, le Japon s’est élevé, au sens propre, au-dessus d’une terre dévastée, irradiée et polluée. Bienvenue dans ce Néo-Japon dirigé par le Père, intelligence artificielle toute puissante, et protégé par Rai, techno-justicier chargé de résoudre une affaire de meurtre. Or, au Neo-Japon, le crime a normalement disparu.

La plongée de Vaillant dans la science-fiction donne lieu à une jolie réussite en termes de création d’univers avec un bel effort accordé à rendre crédible ce Japon futuriste. Malheureusement, l’intrigue elle-même parait parfois un brin confuse et les protagonistes ne sont pas toujours caractérisés aussi bien qu’ils le mériteraient, rendant la lecture un peu superficielle.

RAI INTEGRALE de Matt Kindt

On apprécie le design futuriste, on admire les dessins parfaitement adaptés au projet mais on reste un peu en retrait devant ce roman graphique sinon épique et impressionnant, traversé de l’une ou l’autre fulgurance, qui évoque vaguement « Matrix », « Blade Runner » ou les classiques littéraires d’Asimov et consort. Nous sommes donc loin d’un échec, au contraire RAI s’avère plutôt réussi et agréable avec de belles scènes d’action et des passages plus intimistes efficaces mais on ne peut s’empêcher de penser que ces prémices auraient pu donner une œuvre encore plus définitive. Une certaine confusion, l’impression de regarder de « belles planches » plutôt qu’un récit totalement maitrisé atténue la réussite de ce RAI qui mélange toutefois la science-fiction d’inspiration cyberpunk, les références nippones, un côté polar noir et quelques éléments super-héroïques avec une certaine dextérité et de manière plutôt intelligente dans ses réflexions sur l’avenir de l’humanité et la mainmise de l’intelligence artificielle. Au risque de se répéter on marche à nouveau dans les territoires de « Blade Runner » et « Matrix » pour cette manière de synthétiser les références populaires tout en les sublimant.

Malgré quelques quelque bémols, RAI demeure un comic book hautement satisfaisant et une lecture, dans l’ensemble, fort plaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Cyberpunk, #science-fiction, #Valliant Comics

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Publié le 29 Octobre 2019

MEURTRE A L'ANGLAISE de Cyril Hare

Cyril Hare (1950 – 1957) a écrit en 1951 ce roman policier (volontairement) très classique qui s’apparente à un pastiche distancé des grands whodunit de l’Age d’or.

Comme les maitres du roman d’énigme, Hare convoque une série de protagonistes très typés pour un réveillon de Noël placé sous le signe du meurtre. Seul un écrivain britannique pouvait, en effet, proposer un tel nombre de personnages inconciliables et les réunir dans une même demeure à l’invitation du patriarche agonisant qui tient, pour son dernier Noël, à rassembler la famille autour de son lit de mort. Nous avons donc le professeur Wenceslaus Bottwink, expert de la constitution anglaise mais étranger et juif ce qui le rend suspect auprès des autres invités. Lord Warbeck qui garde la chambre pour raison de santé et ne passera pas l’hiver. Son fidèle majordome Briggs amateur de porto et très attaché aux convenances. Sir Julius, homme politique fort à gauche et Robert, homme politique fort à droite accessoirement membre actif de la ligue fasciste anglaise. Et enfin Madame Carstairs et Lady Camilla un peu perdues dans ce monde masculin. Lorsqu’on porte le traditionnel toast de Noël le très éméché Robert s’effondre. Non pas ivre mort mais bien mort tout court. Les invités doivent dès lors imaginer l’impossible : un Anglais aurait commis un meurtre ! Heureusement un policier, dépêché dans la propriété pour protéger Sir Julius, se trouve déjà présent pour mener l’enquête alors que les conditions météo obligent toute la maisonnée à rester enfermée.

MEURTRE A L’ANGLAISE constitue un roman relativement court (220 pages) à l’image de nombreux whodunit de l’Age d’or. Sa construction s’avère d’ailleurs identique : une présentation des personnages dans la première moitié, un crime à mi-parcours et ensuite l’enquête. Comme le temps (et la Seconde Guerre Mondiale) a passé, l’auteur s’intéresse aux changements sociétaux avec ces nobles quasi ruinés qui se désolent de devoir abandonner leurs propriétés familiales mais y restent attachés, tout comme ces domestiques peut-être encore plus engoncés dans les traditions que leur « maître ».

Auteur de nombreux romans d’énigme (dont peu furent traduits), Cyril Hare propose ici un divertissement ludique qui frôle le pastiche en égrenant les conventions du genre. Les dialogues sont souvent savoureux et les interventions, mi-ironiques mi-traditionnalistes, du majordome toujours pertinentes et amusantes. La clé de l’énigme réside dans une obscure loi anglaise ce qui explique le côté définitivement « so british » des crimes…car, comme dans tout bon whodunit, l’assassin va récidiver et, par là même, diminuer le nombre de suspects.

Du très plaisant policier qui donne envie de lire davantage de romans de cet auteur méconnu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 25 Octobre 2019

SPIDERMAN: SPIDERVERSE de Dan Slott, Olivier Coipel et Giuseppe Camuncoli,

Après l’excellent SPIDER ISLAND voici un nouveau « event » de qualité consacré à Spiderman qui, d’ailleurs, servira de base au formidable film d’animation SPIDERMAN NEW GENERATION (« Into the Spider Verse » en version originale).

Après une introduction consacrée au Superior Spider Man (autrement dit Octopus dans le corps de Parker à cette époque), nous entrons dans le vif de sujet avec une patrouille nocturne de Spiderman et Silk, alias Cindy Moon. Cette dernière est une création récente, une jeune fille mordue par la même araignée que Peter et disposant de pouvoirs quelque peu différents. Longtemps prisonnière d’un bunker censé la protéger de Morlun le chasseur « d’araignées », Silk a pris depuis peu son indépendance. Mais soudain surgit une foultitude de héros venus de dimensions parallèles : Mayday Parker (la fille de Peter venue d’un futur alternatif), Spider UK, Spider Woman, Spider Girl, le destroy Spider Punk, le Spider Man Jap’ et son robot géant Leopardon, Gwen (venue elle aussi d’un monde parallèle) et même l’indispensable Spider Cochon. Morlun et sa famille (des sortes de vampires tueurs « d’araignées ») se sont, en effet, lancé dans une entreprise de massacre systématique des différents spidermen. Spider Moon Man (le Parker de la lune) et Bruce Banner (Spiderman, pas Hulk) ont déjà succombés. Pour vaincre Morlun et les autres Héritiers, les spidermen ont besoin d’un Elu (« comme dans Matrix ») et celui-ci n’est autre, évidemment, que « notre » Spiderman, ce bon vieux copain du quartier de notre réalité (la Terre 616 de l’univers Marvel). Une armée se rassemble, comprenant notamment Ultimate Spider Man, Spider Man Noir, Spiderwoman, etc. Mais qui en sera le chef ? Parker ou Octavius, alias Superior Spider Man ?

Scénarisé par le très réputé Dan Slott, cet « event » bénéficie des dessins d’Olivier Coipel et de Giuseppe Camuncoli, lesquels livrent un boulot impeccable en proposant un grand nombre de Spider Men, certains connus, d’autres nettement moins et quelques-uns anecdotiques (de la chair à canon pour les Héritiers). Le grand moment d’émotion surgit lorsqu’apparait le vieillissant Spider-Ben ayant oublié ses fameux principes concernant les grands pouvoirs et les grandes responsabilités.

Le principal méchant de l’intrigue, Morlun, avait précédemment effectué un tour de piste contre Spider-Man (au tout début du XXIème siècle) durant le fameux run de Straczynski. Nous le retrouvons ici accompagné de sa famille et Dan Slott approfondi la mythologie jadis mise en place concernant les Totems. Ezekiel apparait d’ailleurs également.

En plongeant le lecteur directement dans l’action et en multipliant les sous-intrigues avec un tel nombre de protagonistes, SPIDER VERSE réussit parfaitement son pari de divertissement bien ficelé et inventif. Si le lecteur peut se contenter du copieux sommaire de cet épais recueil, les plus acharnés se tourneront sur les fascicules kiosque d’époque incluant les très nombreux épisodes de liaisons d’un intérêt variables (ceux de Spiderwoman et de Spiderman 2099 étant particulièrement réussis).

 

• Edge of Spider-Verse - Superior Spider-Man #32 (2014)
• Edge of Spider-Verse - Superior Spider-Man #33 (2014)
• Staging Ground-Free Comic Book Day (2014)
• Edge of Spider-Verse - Amazing Spider-Man #7 (2014)
• Edge of Spider-Verse - Amazing Spider-Man #8 (2014)
• Edge Of Spider-Verse - Spider-Man 2099 #5 (2014)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #9 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #10 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #11 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #12 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #13 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #14 (2015)
• Spider-Verse - Amazing Spider-Man #15 (2015)

SPIDERMAN: SPIDERVERSE de Dan Slott, Olivier Coipel et Giuseppe Camuncoli,

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Marvel Comics, #Spiderman, #Superhéros

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Publié le 22 Octobre 2019

Simon R. Green - Les jeux sont faits (Hawk & Fisher tome 2)

Simon Green poursuit sa saga de fantasy policière avec un deuxième tome dans lequel nous retrouvons nos gardes Hawk & Fisher, mari et femmes, bretteurs émérites et seuls guerriers incorruptibles dans cette ville pourrie de Haven. Ville d’ailleurs en ébullition puisque les élections approchent. Outre quelques candidats mineurs et folkloriques le duel semble se dessiner entre le Conservateur Hardcastle et les Réformateurs menés par James Adamant. Ce-dernier demande la protection de nos deux gardes tandis que les attaques, physiques et magiques, se multiplient à son encontre.

Après avoir vu mourir Blackstone, le précédent chef de l’opposition, Hawk & Fisher sont plus que jamais décidé à laisser les élections se dérouler sans encombre quoiqu’ils aient peu d’espoir de voir la situation réellement évolué à Haven. La politique ça reste quand même une affaire de magouilles, quelque soit le camp qui l’emporte.

Ecrivain britannique né en 1955, Simon R. Green s’est fait une spécialité du mélange des genres, notamment dans sa série de l’Histoire secrète parodiant les James Bond ou ses polars paranormaux du NightShade. Hawk & Fisher constitue une autre de ses sagas au long cours, entamée en 1990 et entretenant des liens étroits avec une autre série de l’auteur, la Lune Bleue.

Ce second volet des aventures de nos deux gardes de Haven est paru en 1991 et se veut une continuation directe du précédent dont on retrouve l’environnement, les protagonistes et plusieurs événements qui auront une grande importance dans ces JEUX SONT FAITS. Toutefois, si le premier volume constituait un pur récit d’enquête « cosy » dans un univers fantasy, celui-ci s’oriente davantage vers l’action et prend des allures de buddy-movie médiéval fantastique. L’intrigue est donc nettement plus simple mais reste plaisante à suivre : pas de temps à perdre, l’aventure avance à cent à l’heure entre complots, machinations, retournements de situation (attendus) et romance. Pas vraiment le temps de détailler les protagonistes ou de complexifier l’univers décrit (dans lequel se glisse des références à la cocaïne ou au christianisme quelque peu incongrues), l’important étant d’aller vite, avec un ton cynique et humoristique qui frôle souvent l’autoparodie. On peut préférer l’enquête complexe du premier volet mais ce roman façon polar hardboiled rigolard dans un contexte fantasy s’avère suffisamment divertissant pour ne jamais ennuyer le lecteur. Dommage que le combat final contre le sorcier maléfique soi-disant super puissant soit expédié en quelques lignes…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Polar

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Publié le 18 Octobre 2019

DOCTOR APHRA TOME 2: L'ENORME MAGOT

De toutes les créations du nouvel univers étendu, le Docteur Aphra reste la plus originale et intéressante, bien qu’elle s’apparente parfois à une sorte de mélange entre Han Solo et Indiana Jones version féminine (et lesbienne) en plus racaille avec son code moral fluctuent. Les Jedi, l’Empire, les bons, les méchants,…pour Aphra qu’importe du moment qu’on puisse gagner du pognon…

Créée par Kieron Gillen, Aphra tente ici de vendre un artefact renfermant l’essence d’un Jedi mais ce-dernier, bien que mort, ne semble pas décidé à reposer en paix. On retrouve la magouilleuse en pleine tentative d’arnaquer tout le monde, les droïdes psychopathes BT et Triple Zero toujours décidé à se libérer de leurs blocages « mentaux » pour, eux, exterminer tout ceux qu’ils rencontrent, des personnages secondaires truculents,…Dans ce micmac, Aphra tente de survivre. Evidemment, il n’est pas toujours facile de se sortir des embrouilles dans lesquelles elle s’est fourrée quelques minutes auparavant par appât du gain. La seule solution consiste à recourir à la bonne vieille méthode qui consiste à monter l’une contre l’autre les diverses factions rivales ou à nouer des alliances parfois très éphémères avec les uns ou les autres.

Servi par des dessins très corrects (quelques passages un peu bâclés mais globalement les graphismes se montrent très réussis), une narration intéressante avec du rythme, de l’humour et des rebondissements, ce deuxième tome confirme la réussite d’une série enthousiasmante, bien ficelée et agréable. En s’éloignant quelque peu des fondamentaux de Star Wars et de ses principaux protagonistes, le lecteur s’aventure sur des terres neuves avec le sourire. Sans doute la série la plus plaisante et rafraichissante que l’on puisse lire actuellement dans l’univers Star Wars. Conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Marvel Comics, #Space Opera, #Star Wars, #Comic Book

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Publié le 16 Octobre 2019

LE MYSTERE DE LA CLE de Patricia Wentworth

Huitième aventure pour l’infatigable Miss Silver, la très tranquille détective imaginée par Patricia Wentworth…quatre ans avant la très similaire Miss Marple. Comme souvent la vieille dame n’intervient qu’à mi-parcours et la première partie du roman nous montre la vie quotidienne des différents personnages alors que s’achève la Second Guerre Mondiale. Mais très vite un premier meurtre survient. Dans l’église d’un petit village, le réfugié juif Michael Harsch est découvert mort d’un coup de révolver après avoir terminé une invention révolutionnaire, un explosif capable d’accélérer la défaite nazie. L’enquête conclut au suicide : ayant achevé son œuvre et ayant perdu sa femme et sa fille, Harsch a décidé d’en finir. Cependant Sir George Rendel trouve cette mort suspecte et envoie le major Garth Albany investiguer. Sur place, les soupçons se portent rapidement sur Evan Madoc, un collègue scientifique du défunt doté d’un très sale caractère. Mais on compte également Medora Brown, une femme au comportement suspect, un Allemand naturalisé forcément soupçonné de sympathie envers l’ennemi et quelques autres protagonistes pas très net. L’inspecteur Lamb puis Miss Silver viendront résoudre le mystère…

Voici un « cosy mystery » anglais typique et d’un grand classicisme, mélange de whodunit et d’étude de caractères avec l’inévitable dose de romance (habituelle chez Wentworth) et un côté espionnage plus prononcé que de coutume puisque LE MYSTERE DE LA CLE se déroule à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le nombre de suspects relativement restreint rend la lecture aisée et évite de se perdre dans une multitude de protagonistes permettant de « noyer le poisson » du soupçon. Ici nous n’avons qu’une demi-douzaine de coupables potentiels mais l’enquête reste plaisante, la plume de Wentworth vive et non dénuée d’humour et le tout fonctionne parfaitement. Un divertissement gentiment suranné mais du meilleur tonneau à déguster au coin du feu avec un bon whisky.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit, #Patricia Wentworth

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Publié le 14 Octobre 2019

GUERILLA de Laurent Obertone

Entre roman catastrophe, thriller d’action, faux reportage, satire politico-sociale et anticipation, GUERILLA est le roman idéal pour hérisser la clique de Médiapart et consort. Bref, un bon coup de pied au cul du politiquement correct. Le bouquin débute par une intervention policière à la Courneuve. Tombé dans une embuscade, trois policiers sont pris à partie par une dizaine de « jeunes ». L’un des flics est tué, un autre riposte et utilise son arme pour se défendre alors que les politichiens appellent à ne surtout « pas faire de vague ». Notre gardien de la paix abat six des « jeunes ». Aussitôt, les événements se précipitent et le chaos se propage, relayé par des appels dans les quartiers à tuer les Français. Et la guerre civile ethnico-religieuse commence.

De part sa construction, GUERILLA rappelle les premiers romans de James Herbert sauf que l’auteur se passe de rats et d’autres êtres surnaturels pour s’intéresser à des nuisibles plus dangereux, de jeunes banlieusards assoiffés de sang. Et pourtant, en dépit du chaos, les « fragiles » s’attachent aux « sacro-saintes valeurs de la République » pour excuser l’inexcusable. Obertone présente ainsi une série de personnages tellement englués dans leur « très bien vivre ensemble » qu’ils refusent de nommer l’ennemi, y compris face aux hordes barbares venant mettre Paris à feu et à sang. Pour la « blogueuse féministe » (pléonasme) le coupable ne peut être que le « patriarcat colonialiste ». Le Black Block abruti (pléonasme encore) s’en prend aux « flics fachos ». Et la militante gauchiste aux cheveux verts (re pléonasme) englobe carrément tout ce « pays de merde » pour expliquer les exactions des voyous.

Au milieu de la grande déroute chacun cherche à tirer son épingle du jeu : le président se sent prêt à tous les compromis pour acheter la paix sociale, les médias jettent de l’huile sur le feu mais ne veulent surtout pas « faire le jeu de l’extrême droite » et le leader musulman, jusque là modéré de façade, propose à la France de payer un impôt pour continuer à exister.

Le roman, non dénué d’humour, se veut plausible sans chercher le réalisme à tout prix, il est aussi volontiers outranciers Son écriture se montre simple, trahissant le passé d’Obertone, journaliste bien connu qui narre les faits de façon souvent détachée, détaillant l’embrasement généralisé de la France durant trois jours. Sur le même thème, le SOUMISSION de Houellebeck parait plus probable mais les deux romans racontent la défaite de l’Occident et le triomphe de l’islamisme. Obertone jongle aussi avec une sorte de « novlange » à la Orwell puisque les clandestins sont devenus des « itinérants » et les terroristes des « déséquilibrés ». Et puis « surtout pas d’amalgame ! », refrain braillé par toute la clique politique alors que le pays s’effondre.

Sur trois jours, l’auteur reprend les conventions de différents genres littéraires. Dans la première partie on est en plein « roman de zombies » sauf que les morts vivants laissent la place aux barbares décérébrés armés de barre de fer. Ensuite, on arrive sur les terres du gros bouquin d’action : un avion, abattu par un missile terroriste, se crashe sur la capitale, les militaires musulmans prennent fait et cause pour les insurgés et Marseille se transforme en champ de bataille avec combats de chars dans les rues, des villages entiers sont massacrés, trente-cinq milles parisiennes violées,…Bref des centaines de milliers de barbus attaquent et Chuck Norris n’est pas là pour contre-attaquer, le seul héros étant un militant identitaire qui profite du chaos pour faire un peu de ménage, Punisher style. Enfin, la dernière partie du roman donne dans le post-apo et annonce une séquelle à la Mad Max.

Au final, GUERILLA constitue une lecture très plaisante qui plaira évidemment aux amateurs de littérature réactionnaire à la droite de la droite. Les autres se pinceront le nez d’un air dégoutté, tant pis pour eux.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #anticipation

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Publié le 10 Octobre 2019

LES AIGLES DE VISHAN LOUR de Pierre Bottero

Ce court roman (davantage une longue nouvelle en réalité) a été publié une première fois en 2005 dans un numéro « spécial Heroic Fantasy » du magazine « Je bouquine ». Après la mort de l’auteur et afin que l’ensemble de son œuvre « fantasy » soit facilement accessible, le texte a été réimprimé chez Rageot. C’est intéressant pour les fans de Bottero, les inconditionnels diraient-on, car la majorité du public risque de trouver ce petit bouquin un peu cher : 12 euros pour environ 80 pages. Ces considérations pécuniaires mises à part, l’ouvrage s’avère plaisant mais quelque peu décevant.

On y découvre deux jeunes héros attachants (Plume et Esteblan, l’une est une voleuse / aventurière, l’autre un apprenti chevalier au cœur pur), un univers prometteur mais encore peu développé (nous ne sommes qu’aux prémices d’une aventure plus grandiose), un récit rapide et efficace…et puis voilà, le lecteur parvient déjà au terme de ce récit qui annonçait probablement une suite. Or, forcément, celle-ci ne verra jamais le jour, nous laissant légitiment frustrés.

Cependant, l’ensemble demeure plaisant. Nous sommes dans de la fantasy « young adults » classique avec de belles valeurs, des rebondissements, des créatures fabuleuses et la promesse d’aventures ultérieures d’une toute autre ampleur que nous ne pouvons qu’imaginer. Le style est alerte, précis, rythmé, très abordable et cette petite histoire remplit son contrat de divertissement. Le tout se lit en une petite heure et pourrait servir d’introduction à la Fantasy pour les plus jeunes à qui on peut la lire dès le plus jeune âge, ou presque (à partir de six – sept ans sans doute).

Bref, LES AIGLES DE VISHAN LOUR constitue moins une œuvre réellement aboutie qu’une passerelle pour explorer le monde plus vaste de la littérature de l’imaginaire. C’était sans doute le but de l’auteur en 2015 et c’est toujours le but quinze ans plus tard : initier les plus jeunes à la Fantasy de qualité.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse, #Roman court (novella)

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Publié le 8 Octobre 2019

POSSESSION de Peter Tremblay

Peter Trembley, loué par Stephen King en personne (lequel affirme avoir « tremblé à sa lecture »), propose un roman qui se prétend (carrément!) le nouveau classique de l’horreur, à placer entre L’EXORCISTE et ROSEMARY’s BABY. Si il ne côtoie pas ces deux sommets, POSSESSION reste très recommandable et efficaces, les jury du Bram Stocker Award lui ayant d’ailleurs décerné leur grand prix en 2015.

Se voulant moderne, Trembley revisite donc le classique de William Peter Blatty à la mode « télé-réalité » et d’une manière quelque peu distancée. Ainsi, la sœur de la possédée nous offre la lecture de son blog consacrée à l’épouvante et revient sur les événements s’étend dérouler quelques années auparavant. Elle distille aussi de nombreux commentaires sur des films d’horreur plus ou moins récents. Avec une certaine ironie (cynique ?), l’auteur démontre également les nombreux points communs entre son récit (la possession de sa sœur ainée) et des classiques comme L’EXORCISTE ou EVIL DEAD.

Agée de huit ans au moment des faits, la gamine relate les événements subis par sa frangine, Marjorie, adolescente en pleine crise probablement possédée du démon et suivie par une équipe de téléréalité venue filmer l’exorcisme annoncé. Le roman s’attarde ainsi sur le voyeurisme d’une émission décidée à capturer les manifestations démoniaques pour le petit écran en exploitant la misère d’une famille frappée par la crise et le chômage. Peter Trembley confère ainsi un vernis social et un certain contexte politique à son récit qui repose également sur le traditionnel affrontement de la science et de la foi. Au final, le lecteur se fera sa propre opinion au sujet de Marjorie : gamine perturbée, simulatrice en quête d’un soutien familiale, jeune fille lançant un cri d’alarme, folle, possédée,…Le climax ouvre de nouvelles portes et propose un regard plus original et novateur sur le thème balisé de la possession. Au final, un roman plaisant qui procure un réel plaisir de lecture et qui, en ses temps de pavés, a le bon goût de limiter sa pagination à 330 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Fantastique, #Horreur

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