Publié le 29 Novembre 2019

LES FURIES DE BORAS d'Angers Fager

Petit recueil ayant retenu l’attention de la critique à sa sortie, LES FURIES DE BORAS s’apparente à une relecture des grands mythes du fantastiques de façon souvent très rentre-dedans. Le style de l’auteur (qualifié de « Lovecraft suédois sous acide ») s’avère simple et les phrases paraissent souvent éructées : courtes et hachées elles usent d’un vocabulaire volontiers familier pour plonger le lecteur au cœur d’une action frénétique. Si l’influence de Lovecraft se montre patente dans les intrigues, Fager s’éloigne cependant du reclus de Providence dans son traitement et se place à l’opposé du puritanisme de son inspirateur. Nous sommes davantage proche d’Edward Lee pour ce mélange d’horreur cosmique, de thématiques contemporaines, de gore, de drogues diverses et de sexe explicite.

La première nouvelle, « les furies de Boras », donne le ton avec cette bande de gonzesses excitées s’en allant baiser dans les bois avant d’offrir en sacrifice un jeune homme aux Grands Anciens. Tentacules phalliques, foutre et sang, Fager ne fait pas dans la dentelle mais le côté brut de son écriture compense la prévisibilité de l’intrigue.

La nouvelle suivante nous plonge en pleine guerre au XVIIIème siècle avec toute la violence attendue avant l’intervention d’une célèbre entité « qui marche sur le vent ». Encore une fois le côté outrancier et agressif de l’écriture compense un récit très classique.

« Trois semaines de bonheur » pourrait être la nouvelle la plus réussie du recueil, l’auteur dépeignant avec beaucoup de subtilité sa principale protagoniste dont il dévoile peu à peu la monstruosité. Comme les autres récits, celui-ci mélange horreur aquatique poisseuse et déviance sexuelle mais de manière moins frontale. Cette relative retenue rend le résultat plus convaincant et marquant avec une « héroïne » pathétique et attachante en dépit de sa différence.

En dépit d’une réelle originalité, plusieurs nouvelles laissent malheureusement une impression mitigée par leurs fins ouvertes qui semblent parfois inachevées. « Encore ! Plus fort ! » constitue ainsi un texte érotico-fantastique original dans lequel deux amants s’étranglent durant l’acte sexuel afin d’atteindre les contrées du rêve (ils ne devaient pas posséder la clé d’argent de Randolph Carter) mais le tout échoue à offrir une conclusion satisfaisante. « Un pont sur Vasterbron » décrit de façon très détachée une situation extraordinaire ayant mené au suicide de très nombreuses personnes âgées. L’auteur ouvre quelques hypothèses mais laisse au lecteur le soin de trancher. Le climat fantastique et la complète étrangeté de l’histoire s’avère toutefois intéressante. Même constat pour « L’escalier de service » qui nous ramène aux débuts de la psychothérapie, du temps où les médecins soignaient l’hystérie par le laudanum et les « massages » intimes afin de relâcher les tensions. Un récit très efficace jusqu’à une conclusion un peu trop attendue, pas à la hauteur de ce qui précède. Ce qui s’applique également au dernier récit de ce recueil.

Si LES FURIES DE BORAS déçoit parfois, nul doute que le recueil possède une véritable force accentuée par les « fragments », de très courtes nouvelles (plutôt des tranches de vie) amenant le lecteur à accepter la résurgence, dans la Suède du XXIème siècle, des manifestations des Grands Anciens. Au final, une lecture agréable qui offre un regard neuf sur les horreurs lovecraftiennes.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantastique, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Lovecraft

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Publié le 27 Novembre 2019

NEONOMICON d'Alan Moore

NEONOMICON constitue l’hommage d’Alan Moore (V POUR VENDETTA, WATCHMEN, FROM HELL,…) à Lovecraft. Le prologue, narré par l’agent spécial Aldo Sax, multiplie déjà les références : dans le nightclub Zothique, situé à Red Hook, se produit le groupe Les Chats d’Ulthar mené par la punkette Randolph Carter. Sax contacte Johnny Carcosa (en réalité l’avatar de Nyarlathotep) pour obtenir une nouvelle drogue. Mais Sax devient fou et mutile plusieurs jeunes femmes.

Cette première partie, évocatrice et mystérieuse, se compose de deux cases verticales par pages, ce qui permet au dessinateur Jacen Burrows de donner sa pleine mesure. L’histoire principale sera, pour sa part, essentiellement construite par l’utilisation de quatre cases horizontales par page, donnant là aussi l’ampleur nécessaire (façon cinémascope) au récit d’Alan Moore consacré à deux agents du FBI, Gordon Lampers et Merril Brears. Dans une volonté de pervertir l’univers de Lovecraft, Moore donne ainsi la vedette à un Noir et une nymphomane.

L’intrigue, linéaire, s’avère facile à suivre et ne ménage guère de surprise, ce qui n’empêche pas l’ensemble de posséder une grande force évocatrice. L’auteur n’hésite pas à plonger dans les tréfonds de l’horreur glauque et de la sexualité débridée avec des scènes d’orgies contre-nature dans lesquelles l’héroïne est violée à de nombreuses reprises par une créature des profondeurs.

Moore frôle souvent la parodie et se moque gentiment de l’exploitation outrancière du Mythe (« je n’ai jamais lu Lovecraft mais ces histoires sont partout aujourd’hui, ils font même des Cthulhu en peluche » déclare un enquêteur) tout en versant lui-même, par instant, dans ce travers de références multiples. On retient néanmoins quelques passages bien délirants comme ce sex-shop proposant des poupées gonflables au visage de Cthulhu ou ces godes tentaculaires, sans oublier une orgie dans une piscine souterraine abritant un Profond à l’appétit sexuel insatiable. Oui, tout ça donne parfois une impression de joyeux foutoir devant autant aux mangas pornos qu’à Lovecraft. Mais ce n’est pas désagréable à condition d’apprécier cette option « série B ».

Néanmoins, le final d’une portée réellement cosmique avec une utilisation adroite des théories sur le temps cyclique rachète les aspects parfois grand-guignolesques d’un récit globalement convaincant et original, pour amateurs avertis (comme on dit) de HPL.

NEONOMICON d'Alan Moore

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #Erotique

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Publié le 26 Novembre 2019

AU PETIT POIL d'A.A. Fair (Erle Stanley Gardner)

Erle Stanley Gardner, célèbre créateur de l’avocat Perry Mason, a également signé, sous le pseudo de A.A. Fair, une série de romans consacrés aux détectives privés Bertha Cool et Donald Lam. De plaisants petits bouquins de gare (comme on disait avant) entre énigme classique, polar coup de poing et roman « pulp ».

Ici, Lam seul accepte une affaire confiée par Clayton Dawson dont la fille est accusée d’avoir participé à un accident avec délit de fuite. Dawson demande à Lam de retrouver la victime et de lui proposer un arrangement monétaire à l’amiable afin d’éviter d’éventuelles poursuites judiciaires à l’encontre de sa fille. Bertha, de son côté, insiste sur le caractère très risqué de cette opération : quasiment illégale elle pourrait coûter sa licence à Lam. Mais, têtu, ce dernier prend néanmoins l’affaire en main. Bien sûr, rien ne s’avère conforme à ce qu’il parait de prime abord et Lam met à jour un panier de crabes dont il aura bien du mal à se dépêtrer.

Vingt-septième épisode de la série, AU PETIT POIL multiplie les twists quasiment jusqu’à l’absurde au risque de perdre le lecteur (ce qui, peut-être, est le but de l’auteur) : Dawnson n’est pas celui qu’il prétend être, sa fille n’est pas sa fille, la victime de l’accident est une arnaqueuse professionnelle, etc. Bref, ça « bouge »…

L’intrigue, complexe et même confuse, sera néanmoins expliquée de manière globalement satisfaisante durant le dernier chapitre au cours duquel notre détective résout l’affaire. Le tout avance à un rythme haletant, dans la grande tradition du pulp, en ménageant un rebondissement quasiment à chaque chapitre pour ne pas perdre l’intérêt du lecteur. Fair / Gardner remplit son bouquin au maximum et les fausses pistes sont légion mais l’ensemble fonctionne plaisamment et se montre même un peu instructif sur les mécanismes typiquement ricains d’arrangement avec la justice pour éviter les procès.

Le tout possède suffisamment d’action pour satisfaire les adeptes de la méthode « hard boiled » et une intrigue suffisamment tarabiscotée pour contenter les amateurs d’énigme. Si ce n’est pas « le meilleur des deux mondes », AU PETIT POIL reste un divertissement tout à fait correct pour une bonne soirée placée sous le signe du polar d’antan.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Roman court (novella), #Roman de gare

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Publié le 22 Novembre 2019

L'HORREUR DANS LE CIMETIERRE de H.P. Lovecraft et autres

Après L’HORREUR DANS LE MUSEE voici le deuxième tome de cette série reprenant les « révisions » et autres « collaborations » de Lovecraft. Le sujet est abordé par une préface d’August Derleth suivi d’un très intéressant article de Francis Lacassin : « H.P. Lovecraft : « nègre » littéraire ou accoucheur de talent ?. Le même Lacassin fournit d’ailleurs en fin de volume une bibliographie de ses revisions (aujourd’hui toutes disponibles en français)

Le corps du recueil se compose d’une sympathique nouvelle d’Hazel Heald qui lui donne son titre, « L’horreur dans le cimetière ». Pa la suite, Hazel Heald (1896 – 1961) a admis que Lovecraft « l’a aidée pour ses histoires et a véritablement réécrit des paragraphes entiers. Il critiquait les alinéas les uns après les autres, notait au crayon des remarques marginales et les faisait ensuite réécrire jusqu’à ce qu’ils lui plaisent ». Les « révisions » effectuées par Lovecraft se montrent d’ailleurs de plus en plus importantes : si les premières histoires nécessitent une révision moins radicales et peuvent se contenter des conseils de l’écrivain de Providence (par exemple dans « L’homme de pierre » et « L’Horreur dans le cimetière »), les suivantes (« L’horreur dans le musée » et « Surgi du fond des siècles ») constituent de véritables collaborations, Lovecraft y apportant ses thématiques familières et de nombreux emprunts au Mythe de Cthulhu. En ce qui concerne le très divertissant et quasi parodique « La mort ailée », dernière « collaboration » entre Heald et Lovecraft, ce-dernier avoue, dans une lettre à August Derleth, qu’il en a écrit au moins 90%. Nous sommes donc loin d’un simple travail de correction !

Zealia Bishop est une autre romancière aidée par Lovecraft : « j’avais appris de lui les principes fondamentaux de la technique de l’écriture. Ma dette à son égard est considérable. Je considère que cela a été un grand bonheur d’avoir été au nombre de ses corresponds amicaux et de ses élèves ». Quoique sa production personnelle relève de la littérature romantique, Zealia Bishop est aujourd’hui essentiellement connue pour les trois révisions effectuées par Lovecraft. Ce-dernier détaille la genèse du plutôt réussi « La malédiction de Yig » en affirmant qu’il s’agit pratiquement d’une « composition originale du fait que tout ce dont je disposais était un ensemble de notes ». Il ajoute « toute l’intrigue et les motivations sont de moi, j’ai inventé le dieu-serpent, la malédiction, le prologue et l’épilogue,… ». Lovecraft récidiva avec « La chevelure de la Méduse » (qui a pris un bon coup de vieux et dont les aspects racistes n’aident guère à la reconnaissance de HPL) et surtout le roman « Le Tertre » à l’indéniable efficacité dans sa description d’un  monde souterrain niché sous un tertre maudit. Lovecraft a d’ailleurs confié à Clark Ashton Smith (auquel il emprunte la divinité batracienne Tsathoggua) qu’il a composé « une histoire originale à partir d’un simple photographe, pas même le germe d’une intrigue ». Lovecraft ajoute que l’idée initiale (« une histoire de tertre hanté par une paire d’Indiens fantômes ») serait « insupportablement fade et plate », d’où son idée d’y inclure les expéditions espagnoles de Coronado, le monde souterrain et la présence de Tsathoggua. Le résultat se révèle une belle réussite pour les amateurs de mondes perdus.  

Alors qu’il tentait toujours de donner à ses révisions une réelle qualité, Lovecraft baisse les bras devant « Le dernier examen » d’Adolpho De Castro qu’il juge « illisible » et « détestable ». En dépit d’un mois de travail, rien ne peut sauver le texte. Lovecraft acceptera pourtant de réviser, en 1930, « L’Exécuteur des hautes œuvres ». Pas très palpitant non plus.

Toujours modeste, Lovecraft refusait souvent, parfois même devant l’évidence, la paternité des textes révisés. Ainsi, en dépit des nombreuses retouches, suggestions et corrections qu’il fait subir aux « Deux bouteilles noires » de Wilfrid Blanch Talman il n’estime pas « sa participation suffisante pour mériter le titre de co-auteur » et incite Talman à « publier l’histoire sous votre seul nom ».

August Derleth reconnaissait le caractère forcément inégal de ces « révisions » mais ajoutaient que les meilleures d’entre elles étaient « certainement d’assez bonne qualité pour figurer parmi les histoires de Lovecraft » avant de conclure avec logique que « Lovecraft était responsable de ce qu’il y avait de plus digne d’être retenu » dans ces contes. Nous pouvons d’ailleurs ajouter que tous les écrivains « aidés » par Lovecraft sont aujourd’hui tombés dans l’oubli et que « leurs » uniques nouvelles encore publiées sont justement celles sur lesquelles Lovecraft a posé le stylo. 

Un recueil plus intéressant et historique que réellement transcendant mais qui saura satisfaire les complétistes de Lovecraft.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 20 Novembre 2019

LES AVENTURIERS DU NIL de Christophe Lambert

1798. Les Français débarque en Egypte sous le commandement de El Kebir, autrement dit Bonaparte. Un jeune Egyptien, Omar, espère pouvoir approcher le plus grand conquérant depuis Alexandre. Il va rencontrer Hubert de Saint Vincent, un scientifique membre de l’expédition accompagnant l’armée française. Devenus amis, les deux hommes vont tenter de parvenir, avant les Anglais, au trésor enfoui d’Alexandre le Grand et ainsi empêcher les Britanniques de financer la guerre.  

Lecture plutôt orientée « jeunesse » (dès 10 ans à mon avis) mais parfaitement appréciable par les plus âges, LES AVENTURIERS DU NIL bénéficie d’un décor très original, celui de la campagne égyptienne de Napoléon. Christophe Lambert creuse donc le contexte historique d’une période post révolutionnaire troublée à travers les yeux d’un adolescent égyptien admiratif de Napoléon mais dont l’opinion à l’égard du « grand homme » sera modifiée par la réalité des massacres. Entre l’idolâtrie vouée au glorieux conquérant et la tuerie finale d’innombrables prisonniers dont Napoléon ne veut pas s’encombrer, Omar aura surtout vécu une grande aventure à une époque de découvertes scientifiques : utilisation des montgolfière, recherche d’un trésor légendaire (le final nous dire de quoi il s’agit), capture et évasion, combat, complot, trahison,…Il y a dans ce roman le parfum de l’aventure avec (au choix) un peu de Tintin, de Bob Morane ou d’Indiana Jones dans ce périple au cœur du désert. Très rythmé, LES AVENTURIERS DU NIL se lit d’une traite en une soirée et le seul reproche réside dans le côté parfois « à 100 à l’heure » du récit. Si les plus jeunes apprécieront la rapidité du voyage, les plus âgés pourront regretter que l’auteur n’ai pu davantage développer ses protagonistes et son background car le cadre est passionnant, comme en témoigne les quelques notes explicatives placées en fin de volume. Quoiqu’il en soit voici un excellent divertissement dépaysant à souhait.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Jeunesse

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Publié le 19 Novembre 2019

JLA - LA FIN DES TEMPS de Grant Morrison

Après les événements de NOUVEL ORDRE MONDIAL, Grant Morrison continue de réinventer la Justice League avec ce deuxième tome centré sur deux gros arcs. Le premier, en six parties, s’intitule « La fin des temps » (ou, en VO, « Rock of ages ») et conte les démêlées de la JLA avec des doubles maléfiques envoyés par le Gang de l’Injustice dirigé par Lex Luthor. A partir de là, le scénario part dans tous les sens et, comme souvent avec Morrison, le lecteur a souvent l’impression qu’il « manque des bouts » à cette intrigue. De plus, celle-ci avance à un rythme tellement soutenu que les rebondissements s’enchainent sans laisser le moindre répit : Darkseid devient maitre du monde, les héros voyagent dans le temps pour modifier des futurs catastrophiques hypothétiques, les Neo dieux se manifestent, Superman (version bleue) semble dépassé, Green Arrow tente de s’imposer, Batman reste le plus malin,…

Morrison n’épargne pas le lecteur et ce-dernier pourrait avoir l’impression de subir, au choix, un tir de barrage ou un mauvais trip aux hallucinogènes. Un scénariste moderne aurait sans doute étiré cette histoire sur une vingtaine de chapitres, Morrison, de son côté, condense le tout en six parties…ultra denses!. Bref, ce n’est pas toujours simple à suivre tant le lecteur a souvent l’impression que l’auteur cherche se surpasser dans le frénétique. Il lance un rebondissement toutes les deux pages et une nouvelle ligne narrative quasiment à chaque case mais, en dépit de son usage immodéré d’une sorte de charabia techno-philosophique, « la fin des temps » reste digeste (ce qui est loin d’être toujours le cas avec Morrison !). Pour les amateurs de blockbusters façon Michael Bay « La fin des temps » se lit avec plaisir mais le récit manque un peu de subtilité pour s’imposer comme un véritable classique.

Le second récit, « Prometheus », se montre plus posé, plus intimiste et s’avère reposant après la pyrotechnie précédente : un criminel investit la Tour de Garde en se faisant passer pour le gagnant d’un concours style « devenez un super héros ». Il affronte tous les membres de la JLA et parvient incroyablement à triompher de chacun d’eux. On a bien du mal à accepter les invraisemblances de l’histoire mais, pourtant, l’ensemble s’avère très plaisant et divertissant. Avec une bonne dose de « suspension d’incrédulité » on passe donc un bon moment devant ce comics fun et sans prétention.

Ce deuxième tome de la JLA selon Morrison se montre par conséquent efficace, bourrin et rentre-dedans. Au-delà de ses qualités et défauts, l’ensemble constitue surtout un témoignage sur la conception du comics à la fin des années ’90 : iconique (avec ses planches mettant chaque héros en valeur), explosif, ultra rythmé et constamment en mouvement.

JLA - LA FIN DES TEMPS de Grant Morrison

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Rédigé par hellrick

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Publié le 15 Novembre 2019

JAMES BOND: BROKENCLAW de John Gardner

L’écrivain britannique John Gardner se fait connaitre dans la seconde moitié des sixties avec sa série parodique du LIQUIDATEUR puis reprend le personnage de Moriarty dans trois romans (seul le premier fut traduit). Au début des années ’80, Gardner accepte de succéder à Ian Flemming pour relancer les aventures de James Bond avec le plaisant PERMIS RENOUVELLE. Prolifique, Gardner en écrira quatorze au total (seize si on y ajoute les novélisations de PERMIS DE TUER et GOLDENEYE) au rythme d’un par an mais seul sept seront traduits.

BROKENCLAW poursuit la saga de manière assez standard et tente, comme les autres « continuations » de combiner le héros littéraire et le héros cinématographique (lesquels sont, on le sait, relativement éloignés) en un tout harmonieux. John Gardner essaie aussi de prendre en marche le train du thriller technologico-politique à la Tom Clancy mais sans parvenir à convaincre. L’intrigue, tout d’abord, reste légère et peine à se mettre en place : il faudra au lecteur une solide dose de bonne volonté pour passer le premier tiers, aussi confus que languissant, voyant Bond rencontrer sa nouvelle alliée chinoise, Chi-Chi, afin de contrecarrer les plans du nouveau grand méchant, Brokenclaw. Comme toujours la demoiselle souhaite être traitée à l’égale des hommes mais lorsque le danger menace elle se précipite dans les bras virils de Bond. Rien de neuf.

Les romans Bond post-Flemming écrits par Gardner obéissent tous à une formule similaire (assez calquée sur le septième art au point de ressembler à des scénarios abandonnés plus qu’à des bouquins). Parfois cela fonctionne, parfois cela parait simplement plat et sans vie, avec un Bond ressemblant finalement si peu à Bond que l’on pourrait l’échanger contre SAS ou OSS117 sans guère modifier l’intrigue. Ici, le tout ressemble à un ersatz de GOLDFINGER avec son grand méchant voulant provoquer un écroulement généralisé du système monétaire. En gros…parce que tout ça n’est pas franchement limpide et on peine un peu à voir les motivations des différents protagonistes.

BROKENCLAW constitue donc un Bond « Canada Dry » qui a la couleur de Flemming, parfois le goût de Flemming mais qui ne possède décidément pas la qualité brute des meilleurs Flemming. On sauve cependant les derniers chapitres où, pour prouver leur virilité, Bond et Brokenclaw se lancent dans la version « coutumes tribales indiennes » du concours de bite façon « Un homme nommé cheval ». Suspendus par des crochets, condamnés à courir les jambes lacérées et à s’affronter au tir à l’arc, nos deux mâles plongent, et le bouquin avec eux, dans l’exploitation façon série B. Pas très crédible mais, au moins, cela sort le lecteur de sa torpeur.

Reconnaissons toutefois que le bouquin n’est pas trop ennuyeux…à condition de passer outre une traduction abominable et une présentation désastreuse de l’éditeur Lefrancq. Comment a-t-on pu passer un tel nombre de coquilles, de fautes de frappes, d’expressions traduites littéralement (et donc ne voulant rien dire), de phrases dont les mots semblent avoir été mélangés, de grammaire approximative et de néologismes comme « ils voyèrent »

De quoi couler n’importe quel roman, on se croirait presque devant une traduction pirate de THE KILLING ZONE des années 2000. Avec cette édition consternante, BROKENCLAW perd au moins un point et il faut beaucoup d’abnégation pour le lire jusqu’au bout. A quand une traduction révisée ?

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond

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Publié le 14 Novembre 2019

CEUX DES PROFONDEURS de Fritz Leiber

Georg Reuter Fischer, aidé d’Albert Wilmarth, expert de Lovecraft, découvre de nombreux liens entre son histoire personnelle et celle de l’écrivain de Providence. Il comprend aussi les liens existants entre ses rêves et les abominations cosmiques décrites par Lovecraft, quitte à sombrer à son tour dans les abimes.

Fritz Leiber a connu Lovecraft qui l’avait encouragé à poursuivre dans l’écriture après avoir lu ses premiers essais. En 1976, il décide de rendre hommage au maitre à travers un court roman, CEUX DES PROFONDEURS, dans lequel apparait Lovecraft lui-même. Comme plusieurs continuateurs du Mythe de Cthulhu, Leiber adopte en effet le point de vue voulant que Lovecraft ait été un initié dont les écrits, authentiques, étaient trop terrifiants pour se voir révélés autrement que sous la forme d’histoires de fiction.

Précédemment édité dans un gros recueil de nouvelles (accompagnées d’une autobiographie) chez Lefrancq, le texte réapparait chez Mnemos ce qui le rend, forcément, plus facile d’accès. Malheureusement l’éditeur n’a pas jugé opportun de revoir la traduction or celle de CEUX DES PRONFONDEURS aurait grandement gagné à une bonne révision tant elle parait pesante, voire boiteuse. La lecture s’avère donc peu aisée car les phrases ne « coulent » pas…Evidemment, Leiber adopte ici un style ampoulé et alambiqué, riche en épithètes, dans l’esprit de Lovecraft et la traduction se doit d’être irréprochable. Comme c’est loin d’être le cas, cela rend la lecture particulièrement difficile et gâche une bonne partie du plaisir.

L’intrigue en elle-même ne s’avère pas spécialement originale mais fonctionne plaisamment, à la manière de certains pastiches de Robert Bloch qui brodent sur les thématiques lovecraftienne avec un certain talent teinté de roublardise. Le récit suit ainsi la destinée d’un personnage non seulement complètement lovecraftien (il répond à tous les clichés en vigueur de l’érudit solitaire à la généalogie tortueuse) mais en outre fort proche du réel Lovecraft. De nombreuses situations semblent provenir des nouvelles antérieures de HPL et bien des protagonistes de ses fictions reviennent effectuer un petit tour de piste dans des lieux eux aussi coutumiers aux lecteurs de Lovecraft. L’ensemble se révèle donc agréable et bien mené mais sans dépasser l’aspect hommage prononcé. CEUX DES PRONFONDEURS ressemble donc souvent à une fan-fiction pour initiés qui se délecteront des références et autres clins d’œil disséminés par Leiber. Amusant mais un peu vain.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft

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Publié le 13 Novembre 2019

HISTOIRES DE MIRAGES

Ce recueil de nouvelles vient enrichir la fameuse « grande anthologie de la science-fiction » qui, mine de rien, a permis d’accéder à une foule de textes incontournables. Quatorze titres accompagnés d’une préface de Gérard Klein et d’un bien pratique dictionnaire des auteurs. Comme toujours, la sélection est forcément inégale mais la plupart des récits sont intéressants…sans les détailler tous, pointons en quelques-uns particulièrement réussis.

« Souvenirs garantis, prix raisonnable » de Philip K. Dick, un court texte mis en lumière par l’excellent film de Paul Vehroeven (« Total Recall ») dans lequel on retrouve certaines obsessions de Dick, notamment sa paranoïa non dénuée d’un humour grinçant (« à partir de maintenant tout ce que vous pensez pourra être utilisé contre vous »). Banal employé, Douglas Quail rêve de visiter Mars, ce que ses modestes revenus lui interdisent. Heureusement, le futur lui permet de réaliser ce désir en passant par une entreprise spécialisée dans l’implantation de faux souvenirs, Rekal. Le patron, McClane, lui explique que Rekal peut lui offrir le souvenir de deux semaines de voyage assortis d’une poignée d’accessoires (photos, etc.) lui « prouvant » la réalité de son voyage sur la Planète Rouge. Bien sûr, Quail oubliera également avoir sollicité les services de Rekal. Mais, au cours du traitement, McClane découvre que Quail a réellement été sur Mars en tant qu’agent secret travaillant pour les mystérieux et tout puissant Interplan…

La suite de la nouvelle dévie du scénario retenu pour le film mais garde la même interrogation de base : Quail est-il un espion ou tout cela fait-il partie d’une implantation de souvenirs réalisés par Rekal ? Au final, Quail sauve le monde (la Terre dans la nouvelle, Mars dans « Total Recall »)…à moins qu’il ne s’agisse d’un fantasme infantile ? Un classique et une superbe réussite de Dick.

Citons aussi « Je vois un homme assis dans un fauteuil, et le fauteuil lui mord la jambe” d’Ellison et Schekley. Les deux trublions de la science-fiction s’associent pour ce texte déjanté dont la dernière ligne constitue une explication logique (hum !) de son titre farfelu. Après une Troisième Guerre Mondiale dévastatrice l’Humanité s’est réfugiée dans des villes souterraines mais, heureusement, la surpopulation a été vaincue grâce à un étrange plancton mutant, surnommé « La Vase », recueillie au fond des océans radioactifs et transformé en nourriture providentielle. Joe Paretti, le héros, reçoit une forte « indemnité de danger » pour le récolter mais, malheureusement, chope une maladie inconnue, dite « d’Ashton », aux symptômes incertains et variables. La situation échappe rapidement à son contrôle tandis que les objets inanimés prennent vie sur son passage. Paretti décide de passer ses derniers jours dans une sorte de paradis de la perversion, un Las Vegas démentiel dans lequel des attrapes-touristes injectent aux demandeurs toutes les aberrations sexuelles envisageables.

Toutes les nouvelles d’Harlan Ellison n’ont pas bien vieilli, certaines ayant manifestement été écrites dans le (seul ?) but de choquer le lecteur de science-fiction « de papy ». Outre son titre imparable, celle-ci, écrite en collaboration avec Sheckley, a étonnamment bien traversé les années. Datée de janvier 1968, elle synthétise les craintes de l’époque (guerre mondiale, surpopulation, pollution, mutations) et aussi les envolées libertaires sixties (usage des drogues généralisé, sexualité débridée,…) en un tout harmonieux, entre satire sociale et SF décalée. Superbe !

Dans les autres réussites citons le court roman (120 pages) « le façonneur » de Roger Zelazny et le plaisant « un affreux pressentiment » de Kuttner & Moore sur le thème classique du « je rêve que je suis éveillé ou je suis éveillé réellement ? ».

Les autres nouvelles, sans doute moins marquantes (c’est évidemment subjectif) n’en reste pas moins plaisante et cette anthologie mérite donc, comme toutes les autres de cette prestigieuse collection, la lecture.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 8 Novembre 2019

SPIDER-GEDDON de Christos Gage & co.

Publié voici quelques années, l’event SPIDER-VERSE avait constitué un très plaisant récit mettant en scène une foultitude de « Spider Man » (Woman, Girls, Cochon,…) dans une lutte mortelle contre les Héritiers, une famille de vampires assoiffés de l’énergie vitale des Spiders. Devenu un petit classique récent de l’histoire de notre homme-araignée préféré du quartier et adapté avec une énergie démentielle sous la forme du film « Spider Man New Generation », ce récit devait recevoir une séquelle. La voici donc sous le titre de SPIDER GEDDON (dont se moque d’ailleurs Octavius en le jugeant ridicule).

Au programme ? La même chose que SPIDER VERSE, en plus explosif, séquelle oblige : encore plus de voyages dimensionnels, encore plus de Spiders et encore plus d’action. Tout ça afin de réparer une monumentale erreur d’Otto Octavius ayant permis aux Héritiers de s’emparer de la technologie de clonage du Chacal (l’event succède ainsi au fort discuté mais relativement décevant THE CLONE CONSPIRACY) et de s’échapper pour reprendre leur dévoration des Totems Araignées.

Evidemment, entre tous les mondes possibles, la Terre 616 (la nôtre) reste toujours fortement représentée : nous retrouvons Spider Man, Superior Spider Man (Otto), Miles Morales, Ben Reilly, Kaine, Jessica Drew…Et puis les favoris des fans sont de retour : Spider Cochon, Spider Punk, le Spider nippon et son robot géant Leopardon, le Spidey de Bombay, Spider Gwen…Sans oublier de nouveaux venus : Spider M’amm (Tante May), Spiders Man (une colonie d’araignées mutantes à forme humaine), un Osbourne spidérisé et le Spider Man PS4 (placement de produit oblige).

Bref, beaucoup de protagonistes et pas toujours la place pour les développer, d’autant que l’action avance à toute vitesse puisque l’intrigue principale est ramassée sur six épisodes. Superior Octopus, de plus en plus héroïque et sympa, tire donc la couverture à lui, Miles Morales est un peu en retrait, le Super Spiderman Japonais apparait de temps en temps et permet de belles bastons avec son robot géant.
 

SPIDER-GEDDON de Christos Gage & co.

Toutefois, le propos reste léger et le retour des Héritiers assez vite expédié, permettant surtout de présenter de nombreux Spiders. Ces derniers s’agitent beaucoup tandis que le scénariste, lui, s’éparpille avec des sous-intrigues à la pelle, notamment les très courts épisodes de « Vault of Spiders » qui présentent encore de nouveaux Parker alternatifs. Et, encore plus que pour SPIDER VERSE, le dénouement parait expédié avec une neutralisation des Héritiers (que l’on devine provisoire) arrivant comme un cheveu sur la soupe multidimensionnelle.

Au final, l’event reste néanmoins plaisant, l’intrigue s’avère agréable, quelques notes d’humour font mouche et le tout est servi par des graphismes globalement réussis. On devine cependant que le tout exercera peu de conséquences (excepté la mort de quelques Spidey secondaires dans les premières pages la plupart de nos amis arachnoïdes survivront à l’aventure). Lu d’une traite, avec les tie-in et autres séries annexes d’un intérêt variable (Spider Force, Spider Girls, Vault of Spiders) SPIDER GEDDON demeure une série sympathique dans laquelle on ne s’ennuie pas. Mais l’ensemble se situe néanmoins un bon cran en dessous de SPIDER VERSE. Le final laisse penser (espérer ?) que Marvel ne tentera pas une troisième mouture mais on a appris à se méfier de la Maison des (parfois mauvaises) Idées.

 

La version française, publiée sur trois "soft cover" comprends:

Spider-Geddon #0–5,

Spider-Geddon: Vault of Spiders #1–2

Spider-Force #1–3

Spider-Girls #1–3

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Marvel Comics, #Spiderman

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