Publié le 7 Novembre 2019

LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L'INCONNUE de Howard Philip Lovecraft

Cette novella (également connue, lors de sa première publication française, sous le titre de « A la recherche de Kadath ») constitue le point culminant du « cycle des rêves », un ensemble de textes écrits par Lovecraft entre sa première période (celle des « histoires macabres » proches de Poe) et la fin de sa vie, époque à laquelle il s’intéresse au Mythe de Cthulhu. Ici, ce texte énumère les périples conduisant Randolph Carter jusqu’au légendaire Plateau de Leng, à la recherche de la merveilleuse cité de Kadath. On retrouve ce protagoniste dans trois autres nouvelles : « Le témoignage de Randolph Carter », « La clé d’argent » et, finalement, « A travers les portes de la clé d’argent » écrit en collaboration avec E. Hoffman Price en 1933. Ces quatre nouvelles furent rassemblées dans l’indispensable recueil, sans équivalent en langue anglaise, « Démons et merveilles » publié en France en 1955. Ces récits, maintes fois réédités et retraduits par la suite, demeurent la porte d’entrée idéale pour découvrir le versant onirique de Lovecraft ; une sorte de réécriture de « l’Odyssée » d’Homère à laquelle se mêlent les contes orientaux des « Milles et une nuit ».

Publiée de manière posthume par Arkham House en 1943 et longtemps négligée, LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE constitue aujourd’hui un des récits les plus célébrés de l’auteur, réussissant à combiner une fantasy onirique et merveilleuse à un fantastique plus sombre et horrifique. Double littéraire de Lovecraft, Randolph Carter s’y enfonce dans les royaumes du rêve pour découvrir la légendaire Kadath. Mais Nyarlathotep, le Chaos rampant, multiplie les obstacles pour l’arrêter. Carter va ainsi croiser différentes peuplades, des êtres étranges comme des vampires ou les fameuses Maigres Bêtes de la nuit. La route est longue jusqu’à la ville merveilleuse, tout comme elle sera longue pour les Hobbits s’en allant au Mont du Destin, pour le Guerrier Eternel recherchant Tanelorn ou pour Roland désireux de trouver sa Tour Sombre. Bref, Lovecraft inaugure pratiquement la « dark fantasy à quête » dans ce court roman qui, au départ, peut sembler austère. Pas de dialogues, beaucoup de descriptions, voilà le programme de ce récit dans lequel le ressenti parait plus important que la narration proprement dite, parfois décousue. En effet, Lovecraft aura rarement été aussi hyperbolique dans l’utilisation des termes évocateurs. Dès les premières pages, l’écrivain nous convie « dans cet ultime abîme du plus grand désordre où les chimères et les blasphèmes sont le centre de toute infinité », là où « Azathoth se goinfre au milieu des battements sourds et insensés d’abominables tambours et des faibles lamentations monotones d’exécrables flutes ». L’écrivain multiplie les adjectifs : tout est « horrible », « monstrueux », « obscène », « blasphémateur », etc. Son style emphatique trouve ici son apogée, à la plus grande joie des laudateurs de l’écrivain et à la consternation de ses critiques. Quoiqu’il en soit, Lovecraft reprend des éléments de divers récits antérieurs : la ville d’Ulthar où les félidés sont sacrés, l’Anglais Kuranès régnant avec nostalgie sur la cité merveilleuse de Celephaïs, les divinités Nyarlatothep et Azathot, les Grands Anciens, les Manuscrits Pnakotiques et le Necronomicon, etc. Une véritable synthèse de ses thématiques revisitées durant une aventure épique, véritable Odyssée inspirée des grands auteurs mythologiques. Une réussite exceptionnelle, plus proche de la poésie en prose que d’un véritable roman. Parfois ardu mais doté d’une force d’évocation exceptionnelle LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE multiplie les images fulgurantes.

Le lecteur intéressé poursuivra son exploration des contrées du rêve avec quelques nouvelles très réussies comme « Les chats d’Ulthar », « Le témoignage de Randolph Carter » ou « La clé d’argent » qui nous conte les entreprises d’un Carter vieilli pour redécouvrir le chemin des univers oniriques. Les passionnés se procureront également le magnifique « Kadath, guide de la cité inconnue » dans lequel quatre nouvelles voisinent avec de nombreuses illustrations pour proposer une véritable cartographie de l’imaginaire lovecraftien. 

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Publié le 6 Novembre 2019

LE CONCLAVE DES OMBRES TOME 2: LE ROI DES RENARDS de Raymond E. Feist

Raymond Feist poursuit l’histoire du jeune Ser, devenu Serwin Fauconnier, un bretteur exceptionnel toujours décidé à venger le massacre de son peuple. Mais Serwin doit également obéissance au Conclave des Ombres: le voici donc obliger d’entrer au service du duc Kaspar d’Olasko, le responsable de la mort de sa famille. Un duc lui-même tombé sous l’influence du redoutable sorcier Leso Varen.

Après un premier tome aussi classique qu’efficace, la saga de Feist prend de l’ampleur en envoyant son jeune héros dans la Haute Société féodale. Là, évidemment, se joue la destinée du royaume, entre complots et trahisons, avec les manigances de nombreux personnages. Moins manichéen que le premier volet, ce deuxième tome prouve qu’il y a peu de place pour l’héroïsme dans cet univers : certains « gentils » usent de moyens discutables pour parvenir à leurs fins tandis que l’on se surprend à trouver quelques « méchants » honorables, voire attachants. Bien sûr, Ser reste peu crédible, étant passé de « gamin perdu » au début du premier épisode à un véritable homme de cour à l’habileté exceptionnelle après un entrainement assez bref. On pourrait presque rapprocher cette progression de ces films de kung-fu dans lesquels un gamin naïf et incapable de se battre devient, après quelques jours chez un grand maître, un combattant invincible.

La construction générale de l’intrigue reste, elle-aussi, très traditionnel, reprenant des fondamentaux bien connus de l’épopée de cape et épée à la façon du COMTE DE MONTE CHRISTO qui semble une inspiration majeure de ce deuxième volume. Néanmoins, les relations entre les personnages sont bien gérées, les dialogues sonnent souvent justes, la plume de Feist est professionnelle, parfaitement rodée et addictive, ménageant ses coups de théâtres aux bons moments et alternant avec adresse l’intimiste et le spectaculaire.

Sans rien inventer, ce ROI DES RENARDS s’avère particulièrement efficace et sa lecture, aisée, procure un vif plaisir. Alors certes les dédaigneux catégorisent ce roman dans la catégorie fourre-tout de la « Big Commercial Fantasy » mais qu’importe : lorsque c’est aussi bien ficelé il n’y a pas de mal à se faire du bien.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

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Publié le 5 Novembre 2019

LE MYSTERIEUX Dr XHATAN d'Henri Vernes

Ce personnage haut en couleurs (hum !) de Xhatan était apparu dans le précédent OPERATION WOLF à la tête d’étranges canidés « truqués ». On le retrouve régnant en despote dans une contrée perdue de Haute Birmanie avec l’aide de divers gadgets dont une étrange lumière verte mortelle qu’il manipule à sa guise. Bien évidemment notre mégalomane super vilain (pléonasme) va trouver sur sa route Bob et Bill qui, capturés, vont feindre de rejoindre les rangs du tyran.

Souvenir ému de Bob Morane, relecture toujours plaisante des années plus tard, il y a peu à ajouter à ce petit roman qui mélange adroitement aventures et science-fiction à la manière d’un serial d’antan. Super vilain, inventions maléfiques, poursuites, captures et évasions,…Sans oublier un Xathan assez bête pour penser pouvoir convertir Bob et Bill à ses plans de domination mondiale.

Rien de novateur mais Henri Vernes cuisine habilement ce récit divertissant à souhait qui s’inscrit sans nul doute parmi les classiques de Bob Morane.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Jeunesse, #science-fiction

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