Publié le 31 Mai 2021

CRUCIFAX de Ray Garton

Bien loin de l’horreur sexy et excessive de TAPINEUSES VAMPIRES, SEDUCTIONS ou EXTASE SANGLANTE, Ray Garton s’attaque ici aux sectes avec un roman bizarre, annoncé comme un récit de terreur mais qui, en réalité, prend beaucoup de temps à décoller.

Si l’inscription du roman dans la seconde moitié des eighties s’avère plaisante avec le contexte classique des groupes de hair metal, les mouvements anti-musique rock, la crainte du satanisme, etc., CRUCIFAX ne se montre pas aussi divertissant qu’il aurait pu l’être. En dépit de quelques scènes cradingues qui témoignent de son appartenance au mouvement splatterpunk, Ray Garton joue surtout la carte d’une épouvante plus mesurée et plus sérieuse. D’où un ton posé et une construction progressive de l’horreur malheureusement pas franchement passionnante tant l’intrigue semble linéaire et, surtout, déliée par de trop nombreuses digressions qui ralentissent l’action.

L’écrivain œuvre dans un genre plus social ou sociétal avec des thématiques liées à l’adolescence, l’appartenance quasi tribale, la sexualité, la drogue, etc. CRUCIFAX nous dépeint des individus qui tombent sous la coupe de personnes peu fréquentables. Nous sommes donc quasiment dans un « roman nécessaire » comme on dit. Sauf que l’amateur de fantastique pure et de terreur restera sur sa faim. Excepté quelques passages réussis le tout manque de punch pour convaincre et l’intérêt se dilue trop au fil des pages pour aboutir à autre chose qu’une déception. Un roman atypique pour Ray Garton que l’on a connu plus ramassé et plus inspiré.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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Publié le 28 Mai 2021

DEMON SLAVE TOME 1 de Takahiro & Takemura

Premier tome d’une nouvelle saga, ce manga séduit immédiatement par son scénario déjanté. Un fruit, la Pêche, donne des pouvoirs aux femmes qui le mange, les transformants en défenseurs de la planète contre des hordes de démons. Comme tous les hommes, le jeune, timide et un brin pervers Yûki Wakura n’a pas accès aux super-pouvoirs et doit donc se contenter d’un rôle subalterne dans cette nouvelle société séparée entre les sexes. Agressé par des démons dans la dimension après avoir plongé dans le monde parallèle démoniaque de Mato, Yûki est sauvé par Kyoka, une jeune fille membre d’une escouade anti-démon. Il se transforme alors en un être très puissant mais à l’unique condition de devenir esclave de la demoiselle. Celle-ci va donc l’utiliser dans sa croisade vengeresse (elle est l’unique survivante de son village et a jurer de détruire les démons) mais, en échange, elle doit exhausser les désirs de Yûki et lui offrir une récompense chaque fois qu’il l’aide.

DEMON SLAVE constitue une bonne surprise : un monde de fantasy urbaine, des créatures démoniaques, un côté comédie / romance adolescente plaisante, de l’humour un peu gras, une louche d’érotisme,…C’est original, fun, divertissant et bien rythmé. Cependant, en dépit du sujet, ce tome reste timoré, on aurait aimé que le scénariste aille plus loin dans les scènes de récompenses : celles-ci sont néanmoins sympathique, Kyoka étant contrainte par son système de pouvoir à s’offrir contre son gré à son esclave. L’idée est amusante mais assez peu exploitée, espérons que les volumes suivants développent tout ça de manière plus perverse et que notre timide adolescent exige des récompenses plus exotiques de sa maitresse.

Voici donc une lecture satisfaisante et rondement menée : l’univers est riche, l’auteur le met en place de manière fluide au fil des pages, les personnages se dévoilent peu à peu (au propre comme au figuré), l’action prend de l’ampleur dans le dernier chapitre qui se conclut par un cliffhanger intéressant laissant la porte ouverte pour une suite qu’on imagine encore plus énergique. Belle découverte !

DEMON SLAVE TOME 1 de Takahiro & Takemura

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantasy, #Fantastique, #Humour, #Manga

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Publié le 27 Mai 2021

LA CLAIRVOYANCE DU PERE BROWN de G.K. Chesterton

Le Père Brown reste un des premiers grands détectives modernes en compagnie de Sherlock Holmes et de Dupin. Ce recueil reprend ses faits d’armes pour démêler diverses énigmes, des enquêtes publiées dans des magazines en 1910 et 1911. Autrement dit nous sommes au tout début (et même un peu avant !) de cette période ensuite dénommée le « golden age » de l’histoire de détection. La première originalité reste, évidemment, la personnalité de ce petit prêtre rondouillard, débrouillard et sagace qui profite des énigmes rencontrées pour professer une philosophie d’ailleurs plus humaniste que simplement religieuse en dépit de la conversion de l’auteur au catholicisme.

Occupant la 57ème place du fameux « top 100 » des meilleurs livres policiers établi par la Mystery Writers of America, LA CLAIRVOYANCE DU PÈRE BROWN garde son intérêt historique et propose quelques mystères bien ficelés. On peut, par exemple, citer « Le jardin secret », prototype souvent réédité des meurtres en chambre close (ou en jardin clos ici), « L’Homme invisible » dont le thème (ce qui est visible et ce qui nous est devenu invisible tellement nous avons perdu l’habitude de nous y intéresser) sera fréquemment repris dans les problèmes de crimes impossibles, « Le marteau de dieu », sans doute la nouvelle la plus connue de Chesterton traitant, encore une fois, d’un assassinat apparemment insoluble ou encore « Les 3 instruments de la mort » à la résolution hautement improbable mais cependant astucieuse et non dénuée d’un plaisant humour. Enfin l’original « Œil d’Apollon » fonctionne de belle manière et se clôt sur une chute efficace qui en font un des meilleurs récits de ce recueil.

Cependant, à côté de ces récits efficaces et réussis, d’autres paraissent plus datés comme tous ceux où intervient le cambrioleur Hercule Flambeau. Le style volontiers excessif et archaïque de l’auteur peut également s’avérer rébarbatif sur la longueur et il est sans doute préférable de lire ces histoires à petite dose plutôt qu’en une fois, sous peine d’indigestion.

En résumé ce recueil comprend une série d’histoires plaisantes, à l’intérêt historique indéniable, mais quelques peu inégales…Cinq ou six récits divertissants et réussis compensent néanmoins les nouvelles moins convaincantes ou trop datées pour passionner. Une lecture intéressante, instructive et sans doute nécessaire pour les amateurs de policiers traditionnels.

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Publié le 25 Mai 2021

CA C'EST DU BILLARD d'Ed Lacy

Jadis publié dans la collection « Un mystère », ce roman d’Ed Lacy jette un pont entre le récit d’énigme, le polar « dur à cuir » et le « policier » plus porté sur les aspects psychologiques. Tout débute par la mort d’un type banal, Frank Andersun. Ce-dernier devait prochainement se rendre en Europe après avoir gagné à un concours. Un flic, Ed Turner, se fait descendre également. Sa veuve, Betsy, en appelle à un privé, Barney Harris, un colosse ancien garagiste et haltérophile reconverti dans la filature pour élever sa petite fille. L’enquête s’annonce tortueuse et Barney tombe sur un paquet de suspects, de types louches, de putes sympas et de mafieux peu fréquentables.

Leonard S. Zinberg (1911 – 1968) débute dans le métier en 1940. Après quelques romans signés de son nom il adopte le pseudo d’Ed Lacy et rédige de nombreux polars dont une quinzaine seront traduits, principalement chez « Un mystère » ou à la « Série Noire ». Il écrit également beaucoup de nouvelles, notamment pour la revue d’Alfred Hitchcock et gagne le Prix Edgar Poe pour A CORPS ET A CRIME.

Dans CA C’EST DU BILLARD, le lecteur retrouve toute l’ambiance du polar des fifties avec les quartiers new-yorkais miteux, les prostituées au grand cœur, les macs minables, les détectives sur le retour, les flics corrompus « mais pas trop », les malfrats ringards et les combines improbables. Le roman alterne donc entre l’enquête du privé, narrée à la première personne, et les considérations des deux truands contraints au meurtre pour protéger une géniale arnaque,…L’originalité de cette combine et les tuiles successives qui en découlent annoncent des séries à la « Fargo » pour donner une référence contemporaine. Bref, c’est l’escalade meurtrière, la boule de neige qui fait déborder le vase et toutes ces sortes de choses.

Rythmé, énergique, costaud comme son héros, CA C’EST DU BILLARD reste l’assurance d’une bonne soirée lecture. Plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier

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Publié le 23 Mai 2021

LA VAMP AUX YEUX VERTS de Erle Stanley Gardner

Publié en 1953 voici une des innombrables enquêtes policières de l’incorruptible avocat Perry Mason. Il doit aider une jeune femme qui, comme le titre l’indique, est une irrésistible beauté aux yeux vert, Sylvia Atwood, dont le père, Ned, a jadis amassé une fortune considérable. Or il semble qu’il ait ai emprunté cet argent à un type peu fréquentable, J.J. Fritch…un magot provenant, en réalité, d’un hold-up. Bien que Ned ait été de bonne foi l’origine douteuse de l’argent pourrait porter atteinte à sa réputation. Et Fritch menace de révéler toute l’histoire à la police à moins, bien sûr, que Ned paie le prix de son silence. L’histoire se complique, des meurtres se produisent et, encore une fois, Perry Mason va devoir se démener dans une intrigue tortueuse. Il sera même suspecté de meurtre mais résoudra l’affaire au tribunal.

Erle Stanley Gardner se trouve ici à son meilleur et a trouvé sa vitesse de croisière, le lecteur ne sera donc guère surpris du déroulement puisqu’il se conforme à la recette de tous les Perry Mason : une histoire complexe, des points juridiques obscurs, un chantage, un meurtre, un Mason combattif embarqué quasiment malgré lui dans le tourbillon des rebondissements et, forcément, un dernier acte au tribunal. Dans cette ultime partie le lecteur aura son content de révélations, surprises et « objection votre honneur ! » au cours d’une bataille de plaidoirie haletante. Le style de Gardner ne change pas : dégraissé au maximum, pratiquement dénué de descriptions, focalisé sur les dialogues,…Nous sommes presque dans une pièce de théâtre rythmée par les dialogues incisifs qui confèrent un côté haletant au récit. Le roman est ramassé à l’extrême, chaque scène étant pertinente, bien trouvée (quoique techniquement datée le long passage où Mason doit copier un enregistrement puis l’effacer afin de neutraliser le maitre-chanteur reste un bon moment de suspense) et efficace. Si Gardner mentionne un fait il sera utilisé dans la narration, que ce soit pour aider à la résolution de l’énigme ou, au contraire, pour embrouiller le lecteur en le conduisant sur une fausse piste.

Un solide whodunit bien emballé en moins de 200 pages : divertissant et plaisant, tout comme la plupart des Perry Mason. Les fans savent à quoi s’attendre et seront pleinement satisfaits.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 21 Mai 2021

MORBIUS THE LIVING VAMPIRE (Marvel Epic Collection)

Au cours des années ’70, Marvel se diversifie et lance de nouveaux personnages qui s’éloignent des clichés du bon et du méchant pour s’inscrire dans un intermédiaire plus ambigu. L’époque est propice à ce genre de héros avec l’Inspecteur Harry ou le Justicier dans la ville. L’occulte et le surnaturel constituent, eux aussi, un nouveau terrain pour la Maison des Idées. La firme va ainsi réactualiser Dracula (TOMB OF DRACULA), le Loup Garou (WEREWOLF BY NIGHT), la créature (MONSTER OF FRANKENSTEIN),…La période voit aussi Ghost Rider, Man Thing ou Man Wolf devenir populaires, sans oublier l’apparition de Blade le chasseur de vampires. Dans ce foisonnement apparait également Morbius, le Vampire Vivant. Ce-dernier n’est pas une véritable créature de la nuit mais bien un scientifique, atteint d’une maladie du sang, qui tente de survivre en se transformant en un monstre assoiffé de sang. Le personnage va évoluer au fil des scénaristes et ce recueil copieux permet de voir les changements qui s’opèrent entre 1971 et 1975.

L’histoire tragique de Morbius (qui nous sera rappelée à plusieurs fois au cours du bouquin) débute dans AMAZING SPIDER MAN 101 et 102. A cette époque Spidey vient d’acquérir quatre bras surnuméraires et sollicite l’aide de son ami Connors pour s’en défaire. L’Araignée du quartier croise la route de Morbius et réveille le Lézard. Une bonne entrée en matière pour Morbius que l’on retrouve dans deux Team Up opposé à la Torche et aux X-Men.

La suite diffère grandement avec une large portion dévolue à VAMPIRE TALES : le dessin (très réussi) passe au noir et blanc et le ton se veut plus mâture et sérieux, avec un long arc narratif davantage porté sur le fantastique et l’épouvante.

Morbius combat également un étrange culte satanique, rencontre une gamine qui peut devenir son moi future (une puissante sorcière) et affronte Man Wolf et le Werewolf by Night.

Dans l’ensemble cette collection définit parfaitement ce que les anglophones appellent un « mixed bag » : les parties en noir et blanc sont visuellement superbes mais l’intrigue parait confuse et recourt trop fréquemment aux scènes de combats pour résoudre les problèmes posés. Le reste est plus satisfaisant et témoigne d’une époque où Marvel se diversifiait avec des personnages originaux comme Man Wolf ou Blade.

Le tout se lit cependant davantage comme une curiosité et une tentative, louable mais pas vraiment aboutie, de faire évoluer le comic mainstream vers quelque chose de plus personnel, mâture et audacieux. Un témoignage historique pour une lecture mi-figue mi-raisin.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Fantastique, #Horreur, #Marvel Comics, #Spiderman, #Superhéros

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Publié le 20 Mai 2021

QUI A PEUR D'ED GARPO? de Fred Kassak

Sous ce titre en forme de clin d’œil à l’inventeur du roman policier se cache une série de dix nouvelles de longueur variée, certaine étant vraiment très courtes (3 ou 4 pages pour « Dédicace » et « L’âge des problèmes » qui misent tout sur leur chute), caractérisée par un humour noir prononcé, une ambiance macabre et une chute finale inattendue. Les sujets sont, eux, variés, et n’hésitent pas à plonger dans le fantastique afin de rendre davantage hommage à Edgar Poe. La nouvelle titre, en particuliers, s’inspire du « Cœur révélateur » de l’écrivain américain et suit un romancier français apprécié de la critique (mais guère lu) qui donne un petit coup de main à son neveu pour que celui-ci puisse publier une bande dessinée (horreur !) illustrant Poe (re-horreur !). Evidemment le jeune prodige reçoit tous les honneurs tandis que le grincheux écrivain sombre dans l’oubli. Jusque la chute.

On apprécie aussi « le bon motif » dans laquelle des agents d’assurances cherchent la petite bête afin, à chaque fois, de trouver une faille dans les contrats signés par leurs clients. Le but étant bien sûr de ne jamais payer les indemnités mais, à la manière des TALES FROM THE CRYPT, tel sera pris qui croyait prendre.

Dans ce recueil de 150 pages le lecteur croisera encore un homme capable de voir à travers les corps et découvrant donc les gens sous forme de squelettes en mouvement, un espion russe qui fait échouer le plan parfait d’une criminelle ayant apparemment pensé à tout, un spécialiste de l’envoutement, une femme qui fait un faux numéros et tombe à plusieurs reprises sur le même correspondant… et bien d’autres personnages originaux et bien brossés.

Les récits combinent donc joyeusement polar, fantastique, humour noir et comédie grinçante avec une prédilection pour les « bons moments » et les répliques qui fusent, sans s’interdire de verser dans l’absurde et en portant toujours un regard décalé sur des protagonistes le plus souvent malheureux voire pathétique. Kassak rappelle ici les maitres de la nouvelle très courte comme Robert Bloch ou Fredric Brown qui, eux aussi, donnaient volontiers dans un mélange d’ambiance « noire », de fantastique décalé et de comique acide. Un recueil très divertissant qui se déguste rapidement !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Humour, #Policier, #Recueil de nouvelles

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Publié le 18 Mai 2021

GRAND GUIGNOL 36 - 88 de Kurt Steiner

Kurt Steiner, alias André Ruellan…Un poids lourd de l’imaginaire francophone né en 1922 et décédé en 2016. Près d’un siècle au service du fantastique, de la science-fiction, de l’épouvante,…Une carrière débutée en 1953 au Fleuve Noir. Le bonhomme a également été scénariste, par exemple des « Chiens » de Jessua ou du « Seuil du vide » de Jean-François Davy…mais également du « Distrait » de Pierre Richard !

Il publie également un unique « Gore », un hommage au théâtre du Grand Guignol et aux années ’30 situé à Paris. L’intrigue rappelle vaguement « Wizard of Gore » d’Hershell Gordon Lewis, inventeur du gore cinématographique et héritier naturel du théâtre horrifique parisien. Bref, la boucle est bouclée avec ce Gorps, organisateur de pièces de théâtre sanglantes qui se terminent par d’authentiques mises à mort afin de contenter un public de cannibales. Du snuff avant la lettre qui inquiète Sophie, une jeune femme dont une amie à disparu après avoir été sélectionnée pour une tournée au Canada. Or elle n’a jamais embarqué sur le navire transatlantique. Son compagnon, Thierry, enquête tout en voyageant dans l’avenir, jusqu’en 1988…

GRAND GUIGNOL 36-88 constitue une curiosité qui aurait pu figurer dans les collections Angoisse ou Anticipation : Steiner bouscule les genres et les mélange avec un talent de vieux routier de l’imaginaire. La description historique des troubles années ’30 (avec l’accession au pouvoir de Franco et la montée d’Adolph) permet toutefois à l’auteur de réfléchir sur les vertus cathartiques du Grand Guignol, le théâtre permettant à tout un chacun d’évacuer ses pulsions violentes. Mais l’écrivain n’est pas complètement dupe et pointe le caractère répétitif et attendu des spectacles, l’alternance de pièces sanglantes et d’autres purement humoristiques à la façon du Vaudeville.

Quelque peu déstabilisant, le roman glisse peu à peu vers la science-fiction et les « mondes truqués », opérant un virage en forme de boucle temporelle guère explicable mais intéressante et adroitement négociée. Les scènes gore, de leur côté, sont rares et relativement timorées, manifestement elles n’intéressaient guère Steiner, ce qui change (agréablement) d’un Necrorian qui se vautrait dans la barbaque avec un BLOOD SEX utilisant déjà le principe de la mise en abime.

Intéressant par son contexte et sa localisation spatio-temporelle rarement usité dans le domaine du fantastique, ce GRAND GUIGNOL 36-88 constitue donc un bouquin atypique et globalement plaisant, à découvrir pour les curieux qui pensent que le gore francophone se limitait à la boucherie vomitive d’un Necrorian, au sadisme social d’un Corsélien ou à la dégueulasserie comico-porno d’un Vertueil.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Roman de gare, #science-fiction

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Publié le 16 Mai 2021

L'ESPIONNE D'HITLER de Gunther Hötzendorf

La collection « Les Soudards » se voulait une déclinaison trash des romans de guerre publiés par Gerfaut et ce bouquin en constitue la démonstration évidente. Le récit s’intéresse à une certaine Eva, « nymphomane asservie à ses passions » comme le précise la couverture, bien décidée à devenir, au sein du 3ème Reich, l’équivalent des anciennes courtisanes. Autrement dit une femme qui possède le véritable pouvoir tout en laissant ses nombreux amants penser qu’ils en tiennent les rennes. Cependant, Eva va pousser le bouchon trop loin en voulant carrément impressionner Hitler : pour cela elle tourne un petit film porno amateur qu’elle expédie à Adolf. Alors qu’elle pense s’attirer ses faveurs le Furher entre en fureur. Et voilà Eva expédiée chez un médecin décidé à la guérir de son addiction sexuelle et, accessoirement, lui rendre sa virginité (au sens propre et au figuré) pour la transformer en espionne docile.

Comme pour les naziexploitations cinématographiques, le roman reprend les thèmes classiques de l’érotisme et n’est véritablement choquant, pour les fragiles, que par son contexte. En effet, le récit de l’accession au pouvoir d’une jeune fille dévergondée et de sa chute constitue un lieu commun de l’érotisme, d’ailleurs traité à la manière d’un mélodrame épicé. Situé dans un autre contexte ou à une autre époque, le bouquin n’aura guère attiré l’attention (nous sommes dans le mélo polisson façon Marion, Caroline, Marie et même Angélique) mais, évidemment, la période nazie lui donne un côté sulfureux. Se voulant éducatif, l’auteur ponctue d’ailleurs l’intrigue de notes de bas de page historiques afin de resituer les personnages, les lieux, etc. Il précise les faits « authentiques » et accrédite la thèse des Etats-Unis ayant volontairement laissé se dérouler Pearl-Harbour pour mobiliser l’opinion. Laissons ces considérations aux historiens : vraie ou fausse l’idée n’est pas mauvaise et permet une seconde partie plus axée sur l’espionnage où le bouquin plonge, enfin, dans les intrigues guerrières. L’auteur utilise également l’allemand, ce qui permet d’enrichir son vocabulaire pour les prochaines vacances. Bon, le registre sexical, euh lexical, tourne surtout autour de « suce ma grosse bite salope », mais bon, ça peut toujours servir. L’indispensable passage choc intervient lorsque l’héroïne visite un camp de concentration : elle assiste au viol barbare d’une détenue par deux prisonniers juifs rendus fous par les privations. Puis elle les abat tandis qu’un dignitaire nazi la prend par derrière. Du pur « Ilsa ». Parmi les autres scènes complètement délirantes, citons celle où la belle espionne se venge d’un agent japonais en lui tirant dans les jambes, provoquant son basculement dans une déferlante de fourmis rouges (la fameuse Marabounta qui, parfois, gronde) qui le dévorent jusque l’os.

Pour les fragiles adeptes de la cancel culture, L’ESPIONNE D’HITLER provoquera surement poussée d’urticaire et envie d’un bain chaud aux huiles essentielles mais, pour les amateurs de roman de gare dégénéré, le tout reste divertissant et constitue l’équivalent littéraire d’un « Salon Kitty » de Tinto Brass (ou d’un « SS Girls » de Bruno Mattei). Enormément de passages pornos, pas mal de tortures sadiques, quelques scènes sanglantes et une intrigue certes ténues mais pas mal ficelées font de cette ESPIONNE D’HITLER une sympathique naziexploitation.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Roman de gare, #Guerre, #Soudards - Naziexploitation

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Publié le 14 Mai 2021

VAMPIRELLA - THE DYNAMITE YEARS OMNIBUS VOLUME 1

Personnage créé par le fameux Forest J. Ackerman et le non moins fameux dessinateur Frank Frazetta pour l’éditeur James Warren en 1969, Vampirella est, à l’origine, une extraterrestre provenant de la planète Drakulon. Ses habitants s’y nourrissent du sang qui y coule à la manière des rivières. Après qu’un vaisseau venu de la terre se soit écrasé sur Drakulon, Vampirella s’embarque pour notre planète dans l’espoir de sauver sa planète agonisante depuis l’explosion d’un de ses deux soleils. Elle découvre que sur Terre elle doit se nourrir du sang qui coule dans les veines des Humains.

Devenu rapidement populaire, le personnage connait une longue histoire chez différents éditeurs. Un projet de film est envisagé par la Hammer mais n’aboutira pas (Roger Corman produira cependant un tout petit budget durant les années ’90). Ses origines seront également plusieurs fois réécrites, faisant de Vampirella la fille de Lilith, la première femme d’Adam. Drakulon, au fil du temps, n’existe pas, existe (en tant qu’autre planète) ou existe… en tant que lieu de l’Enfer. Bref, l’histoire classique des personnages de comics populaires. Des personnages typiques de la mythologie vampirique apparaissent également au fil des cinq décennies d’existence de Vampirella : Dracula, les descendants de Van Helsing, etc.

Ce copieux omnibus (en anglais) reprend les 20 premiers chapitres (plus deux annuals) du relaunch effectué par l’éditeur Dynamite en 2010. Soit trois gros arcs narratifs : Crown of Worms (Vampirella #1-7) A Murder of Crows (Vampirella #8-11) et Throne of Skulls (Vampirella #12–20).

Les différentes intrigues sont efficaces, bien menées et disposent de suffisamment de pages pour se développer adéquatement, avec leur quota de rebondissements, retournements et révélations. L’humour est présent, tout comme les scènes d’actions énergiques et les passages plus horrifiques et sanglants qui ne lésinent pas sur les démembrements et autres éclaboussures écarlates. L’érotisme, pour sa part, se limite aux poses hyper sexuées de la principales protagonistes, laquelle porte les costumes les plus suggestifs de l’histoire du comics mainstream.

VAMPIRELLA - THE DYNAMITE YEARS OMNIBUS VOLUME 1

En outre, en dépit du ton sérieux et du respect porté à l’œuvre, une certaine folie se dégage de l’ensemble, ce qui rend cet Omnibus distrayant à souhait. Les clins d’oeils abondent : de ces cosplayeuses vêtues comme Vampirella à cette convention peuplée de fans de « Twilight » dans laquelle débarquent d’authentiques vampires. Au niveau des dessins, enfin, rien à redire : une excellence quasi parfaite à chacune des 500 et quelques pages de ce pavé.

Pour les néophytes ou les convaincus, cet Omnibus constitue donc un achat largement recommandé qui donne simplement envie de poursuivre la saga puisque Dynamite a publié trois autres copieux recueils. On espère simplement qu’ils soient aussi réussis que ce premier volume.

VAMPIRELLA - THE DYNAMITE YEARS OMNIBUS VOLUME 1

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Fantastique, #Horreur

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