La petite introduction de Vernes dans l’Intégrale nous apprend que le bouquin était une « excuse pour parler de plongée sous-marine ». Et, effectivement, le récit se montre fort linéaire après un départ intriguant et réussi : Bob Morane et son ami Frank Reeves, milliardaire américain, se languissent de nouvelles aventures. Reeves va, justement, se porter acquéreur d’un tableau (on apprendra plus tard qu’il se nomme « La belle Africaine ») au cours d’une vente aux enchères. Reeves l’achète pour 5 ou 6 fois sa valeur et, peu après, deux malandrins tentent de le dérober. Bob Morane, intrigué, flaire quelque chose de louche, parle de malédiction, et en fait même exécuter une copie. Quelques jours plus tard, une nouvelle tentative de vol a lieu, cette fois de la part d’un septuagénaire archéologue, le professeur Clairembart (qui deviendra un personnage récurent de la saga). Le vieil homme met les deux amis sur la piste d’un trésor qui reposerait dans une galère engloutie dont l’emplacement reste à découvrir. La course au trésor débute mais, bien sûr, Bob n’est pas le seul à vouloir s’en emparer.
Deuxième aventure pour Bob. Ce-dernier se révèle moins « parfait » qu’il ne le deviendra : il se montre impatient voire colérique, moins sympathique et un peu moins boy scout que par la suite. Mais Bob est déjà – et toujours - avide d’aventures. D’ailleurs notre commandant précise qu’il aime l’aventure pour elle-même, ni pour l’argent ni pour la gloire. Complètement désintéressé, sorte de Tintin toujours prêt à répondre à l’appel du mystère, Bob se rappelle ses exploits durant la seconde guerre mondiale en écrivant le récits de sa précédente expédition. Mais, pour parler clair, l’aventurier s’ennuie. Bob va donc apprendre la plongée pour retrouver le fameux trésor de la « Belle Africaine ». A partir de là, le roman se montre moins intéressant : toute la partie consacrée à l’apprentissage de la plongée, certes didactique et instructif, manque de souffle. Les péripéties sont également attendues : rencontre avec une raie, un requin, une pieuvre, des plongeurs mal intentionnés, capture par des « pirates / pilleurs de tombe ». Pas vraiment de surprise, plutôt lé déroulé classique des conventions et clichés de l’aventure maritime. Le bouquin aurait mérité davantage de développements, d’ailleurs Bob se lamente à la fin que « l’aventure ait été si courte », pour ne pas dire si facile.
La recette des « Bob », à cette époque, était en effet celle de la pure aventure destinée aux adolescents avec, en supplément, une certaine envie pédagogique typique de Marabout : on divertissait les jeunes tout en les instruisant sur la plongée, l’archéologie, l’histoire,…Ce qui inclut les notes supplémentaires placées à la fin des romans. Bref, les premiers « Bob Morane » ne possèdent pas encore le côté plus délirant des suivants qui incluront fréquemment des éléments science-fictionnels ou fantastiques plus typiquement « pulp » (voyages dans le temps, inventions étranges, savants fous,…). Des romans qui, aujourd’hui, apparaissent sans doute plus inventifs et attrayants aux lecteurs modernes.
LA GALERE ENGLOUTIE reste cependant un livre plaisant et distrayant, capable d’occuper avec bonheur deux heures de son temps, et qui, historiquement, s’avère important dans l’évolution du héros. En résumé : un sympathique récit, sans plus ni moins.