Publié le 29 Novembre 2017

BOB MORANE - LES SEMEURS DE FOUDRE d'Henri Vernes

Datant du tout début des sixties voici un « Bob Morane » complètement dédié à l’aventure et au dépaysement, le tout saupoudré d’une touche de science-fiction bienvenue. La recette magique de cette époque où l’imagination emporter le lecteur pour deux ou trois heures de complet divertissement.

Bob, Bill et le professeur Clairembart partent en expédition, à la recherche d’une ancienne cité perdue, dans les Monts Madidi, au-delà des redoutables Murailles Rouges. Pourtant, à Puerto dos Tigres, personne ne veut venir en aide à nos aventuriers. Tous tentent de les dissuader de se rendre dans cette région inhospitalière, hantée par de redoutables Indiens que l’on surnomme Los enemigos del Christiano. Après avoir échappé à une tentative de meurtre commises par deux indigènes de la tribu des Yorongas, Bill et Bob se rendent compte que ceux-ci ont la langue coupée afin de ne pouvoir trahir leur commanditaire. Aidé par un guide, Manca, les aventuriers décident toutefois de se rendre dans les Montagnes Rouges afin d’en percer le secret.

LES SEMEURS DE FOUDRE est un roman touffu, riche, qui brasse quantité de lieux communs de l’Aventure pour aboutir à une décoction toujours enthousiasmante : des passages secrets activés par la mélodie d’une flute, des Indiens fanatisés à la langue coupée, d’anciens Nazis décidés à conquérir le monde, une terrifiante arme secrète, une cité perdue,…

En 150 pages, Henri Vernes n’a pas de temps à perdre, il doit accrocher le lecteur et ne plus le lâcher. C’est finalement peut-être préférable à ces épais techno thrillers modernes qui usent de scénarios similaires mais étalés sur le triple de pages en se prenant terriblement au sérieux. Ici, pas de longues descriptions, juste quelques phrases bien choisies qui créent l’ambiance ou brossent un protagoniste. L’action reste privilégiée et les rebondissements nombreux quoique la trame générale demeure prévisible et que l’issue ne fasse aucun doute.

Pour les amateurs de Bob Morane, LES SEMEURS DE FOUDRE constitue sans nul doute un divertissement efficace à lire ou à relire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Jeunesse, #Bob Morane

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Publié le 27 Novembre 2017

AHRIMAN de Gwenn Aël

Voici un thriller ésotérique fantastico-horrifique de bonne tenue qui s’inscrit dans la tradition du cinéma d’épouvante « religieux » des seventies (on pense par exemple au formidable « La malédiction ») ainsi que dans la lignée des romanciers modernes mêlant ésotérisme, tueur en série, enquête tortueuse, etc. Cette « nébuleuse » comprend, en France, des auteurs comme Giacometti / Ravenne, Sire Cédric ou Maxime Chattam pour ne citer que les plus célèbres.

L’intrigue se déroule dans une Toulouse noyée sous un véritable déluge d’intempéries. Dans cette ambiance de fin du monde, un maçon apparemment très croyant est découvert dans une église, crucifié la tête en bas. Un enquêteur quelque peu dépassé, Eliot Benin, mène l’enquête et découvre rapidement que la victime semblait liée à des rituels sataniques. Peu après, le père Cosma est, à son tour, retrouvé démembré. Les soupçons de l’inspecteur se portent vers les sectes sataniques dont on a observé une recrudescence dans le midi de la France depuis la fin du XXème siècle…

Le style s’avère efficace, privilégiant le plaisir de lecture aux tournures alambiquées : Gwenn Ael se situe dans la continuité des auteurs qui considère le « page turning » comme une obligation afin de maintenir un rythme soutenu. Et, en dépit de quelques longueurs (conséquentes de la somme importante d’informations distillées), l’écrivaine normande parvient à son but : garder l’attention du lecteur sur plusieurs centaines de pages et lui donner envie de lire le prochain chapitre afin, peut-être, d’obtenir les réponses aux nombreuses questions posées par le récit.

Comme souvent dans ce genre de récit, la romancière de montre également didactique et reprend la fameuse affaire de l’abbé Saumière, curé de Rennes-le-château ayant acquis une immense fortune. Des dizaines d’œuvres de fiction (mais aussi de démystifications) furent consacrées à cette histoire, laquelle assura la notoriété de la petite commune du Limousin auprès des amateurs d’occultisme. Pour certains, l’abbé Saumière aurait découvert le trésor des templiers, pour d’autres il aurait conclu un pacte avec le Malin…quoiqu’il en soit, voici du « matériel » très intéressant pour un polar fantastique, tout comme la recrudescence du satanisme et le légendaire grimoire d’Ahriman qui aurait été écrit en 1424 à Milan avant de traverser les époques et de sombrer, avec le Titanic, en 1912.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Thriller, #Esotérique

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Publié le 24 Novembre 2017

GARTH ENNIS PRESENTE HELLBLAZER TOME 3 de Garth Ennis et Steve Dillon

Pour le dernier tome du run de Garth Ennis sur le sorcier anglais (qui compile les numéros 72 à 83 et 129 à 133 de la série Hellblazer ainsi que les épisodes Hearthland et Vertigo Winter’s Edge 2) direction les Etas-Unis où John tente d’oublier sa récente rupture avec Kit.

Ce premier arc, « les flammes du châtiment » confronte John Constantine, piégé par le sorcier Midnite, à un Kennedy zombifié se baladant avec la moitié de son crane éclaté. On comprend difficilement où Ennis veut en venir, du moins au point de vue narratif, puisque cette histoire très bizarre semble un prétexte à une critique des Etats-Unis, un mélange d’humour absurde, de contestations, de considérations politiques et d’horreur sanguinolente. Ce n’est pas déplaisant mais, honnêtement, ce n’est pas franchement transcendant non plus.

Le second arc démontre davantage d’attention envers l’intrigue même si l’ensemble (« Gratter aux portes de l’enfer ») reste toujours un brin bordélique. On y retrouve un Constantine essayant d’aider une de ses amies devenue prostituée et droguée, des affrontements divers qui tournent à la guéguerre ethnique entre racailles et flics aux méthodes expéditives sous l’œil de Satan. Encore une fois, le récit se lit sans déplaisir mais manque d’un petit quelque chose pour devenir une vraie réussite. La vision d’Ennis reste assez manichéenne, tant en ce qui concerne la critique sociale que la politique et la religion, peut-être pour rappeler les origines « punk » d’un Constantine quelque peu sous employé.

« Heartland » est un autre récit dans lequel l’intrigue passe au second plan, Ennis se focalisant sur l’existence de Kit à Belfast. On y retrouve les mêmes critiques socio-politiques mais avec cette fois plus de nuances et un côté minimaliste (à savoir que le scénariste s’intéresse à la vie quotidienne de quelques individus « ordinaires ») appréciable. Pas mal.

GARTH ENNIS PRESENTE HELLBLAZER TOME 3 de Garth Ennis et Steve Dillon

Jusque-là, ce troisième recueil s’avérait un peu décevant et, en tout cas, en deçà des deux précédents (où, malgré leur bonne tenue générale on trouvait déjà à boire et à manger) mais, heureusement, « Le fils de l’Homme » remonte grandement le niveau et se révèle un véritable incontournable de Constantine. On y trouve tout ce qui fait le charme du personnage : sa misanthropie (il n’aime pas les hommes et encore moins les bébés), sa causticité, sa manière de se débrouiller pour échapper au pire en recourant aux manigances les plus inconscientes. L’histoire, cette fois, est parfaitement maitrisée et adroitement racontée via des flashbacks qui montrent les liens entre Constantine et un chef mafieux, Harry Cooper, dont il a ramené le fils à la vie…A moins que le corps du gamin ne soit à présent habité par l’antéchrist ?

Un récit efficace, sanglant, délirant (une incantation ratée ramène à la vie un Sid Vicious toujours aussi mauvais bassiste), qui n’hésite pas à verser dans l’outrance avec son démon possédant un zob gigantesque,…bref ce n’est pas toujours très fin ni très intelligent mais « Le fils de l’Homme » combine néanmoins tous les éléments qui font aimer cet escroc de Constantine.

Rien que pour cette troisième histoire ce recueil inégal tant au niveau du scénario que des dessins (mais, sur les 550 pages, le positif l’emporte néanmoins sur le négatif) mérite l’achat.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #Horreur, #DC, #John Constantine Hellblazer

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Publié le 22 Novembre 2017

LE REPOS DE BACCHUS de Pierre Boileau

Avant de s’associer avec Thomas Narcejac pour devenir le plus célèbre duo du roman policer français, Pierre Boileau (1906 – 1989) avait déjà signé, dans la seconde moitié des années ’30, une poignée de romans d’énigme pure mettant en scène le limier André Brunel. La plupart relèvent du crime impossible et du meurtre en chambre close, citons ainsi LA PIERRE QUI TREMBLE et surtout son chef d’œuvre, SIX CRIMES SANS ASSASSIN, dont le titre résume l’ambition.

Plus modeste dans « l’impossible », LE REPOS DE BACCHUS propose néanmoins trois mystères apparemment insolubles. Monsieur le Comte de Moncelles, un vieil homme solitaire, a pour seule passion sa collection de peintures, exposées dans la galerie de son château. La plus belle de ses toiles est, sans conteste, « Le repos de Bacchus » de Leonard de Vinci. Le Comte ouvre parfois les portes de son antre pour que des visiteurs viennent admirer ses tableaux, sous la surveillance d’un guide bien entendu. Or, au cours d’une visite, le guide est assassiné et un criminel, surnommé Bras Roulé, s’échappe avec le « Bacchus ». Pourtant, l’alerte étant donnée, notre gredin est stoppé avant d’avoir pu quitter le domaine. Mais nulles traces du tableau, apparemment volatilisé ! Peu après un nouveau maraudeur s’introduit dans le château. Repéré, il gagne la grille d’entrée, un paquet de la taille du « Bacchus » à la main. Et, sous les yeux de témoins dignes de foi, s’échappe en passant à travers les barreaux. La confusion grimpe encore d’un cran lorsque le fourgon blindé transportant un Bras Roulé condamné à mort s’évanouit dans la nature ! André Brunel intervient alors pour dissiper le mystère.

Couronné par le Grand Prix du Roman d’Aventures, ce classique du « crime impossible » déroule son intrigue en 150 pages bien tassées. Dans la grande tradition du roman d’énigme à la John Dickson Carr, le romancier délaisse les personnages et les notations psychologiques (le Comte, néanmoins, se montre bien brossé avec un minimum de phrases) pour miser sur le mystère, captivant le lecteur par l’apparente impossibilité des faits énoncés.

Bien sûr, l’auteur expliquera tout durant le dernier chapitre, dissipant l’insolubilité des événements par un raisonnement logique et sans recourir à des passages secrets ou des explications tarabiscotés à outrance : en prenant l’affaire par le « bon bout de la raison » et en examinant les faits après avoir retranché l’impossible, son détective comprend comment le criminel a pu agir. Un roman très plaisant, à l’écriture fluide, admirablement rythmé et qui ne laisse aucun répit, bref un bouquin qui répond à la définition que l’auteur donna du « policier : une machine à lire ». Un page turner dirait-on aujourd’hui de cet incontournable ayant étonnamment bien vieilli malgré ses 80 ans ! A lire et à relire.

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Publié le 19 Novembre 2017

DEUIL EN ROUGE de Paul Gerrard

Ecrit en 1959 et couronné par le Grand Prix de Littérature Policière, DEUIL EN ROUGE rappelle le point de départ du roman de Nicolas Blake (adapté par la suite par Chabrol) QUE LA BETE MEURE. Un riche industriel rentre chez lui au volant de sa luxueuse Arion noire. Sa femme et ses deux filles se précipitent pour l’accueillir mais sont fauchées par un chauffard conduisant, lui aussi, une Arion noire. Décidé à se venger, notre homme voit l’enquête ne point aboutir. Il va alors demander à Steve Darras, son plus proche collaborateur (apparemment très proche de la défunte) de reprendre l’enquête avec l’aide de détective privé. Heureusement pour eux, l’Arion est une voiture peu courante et, rapidement, le nombre de suspects se restreint à trois.

Jean-Marie-Edmond Sabran (1908 – 1994), souvent caché sous le pseudonyme de Paul Berna, se dissimule cette fois sous le nom de Paul Gerrard. Il livre ici un roman court, rythmé et fort bien mené, en particulier durant sa première partie où l’homme de confiance Steve Darras enquête minutieusement afin de restreindre le nombre de coupables potentiels. « Est-ce vraiment un roman policier ? » se demandèrent les critiques de l’époque. Pas vraiment, en effet, plutôt un mélange de roman très noir, de drame psychologique et de suspense agrémenté d’une énigme sur l’identité du chauffard meurtrier. Ici, il n’y a pas de crime intentionnel, pas de complexe jeu d’alibi comme pouvait en présenter les romans d’énigme de l’âge d’or, seulement la conduite complètement imprudente d’une crapule voulant frimer dans sa voiture de luxe. On ne trouvera pas non plus de policier ni de détective dans ce DEUIL EN ROUGE : les héros sont des quidams dégouttés par l’inaction des forces de l’ordre et décidés à se venger.

Roman bien tassé n’ayant guère vieilli à l’exception de quelques tournures et vocabulaires argotiques (mais cela contribue également, quelque part, au charme de ces petits bouquins ancrés dans leur époque), DEUIL EN ROUGE propose 150 pages qui se lisent d’une traite et sans le moindre ennui. Du bon polar !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Polar

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Publié le 15 Novembre 2017

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 1 de Bryan Hitch, Tony S. Daniel, Jesus Merino

En ce jour où l'attente prend fin pour voir débarquer dans les salles de cinéma la plus célèbre équipe d'encapés de tous les temps penchons nous sur sa version dessinée issue du récent "rebirth" de l'univers DC.

D’emblée, Urban annonce que nous serons « dans la démesure » et « au-delà du spectaculaire » avec cette nouvelle mouture de la célèbre Ligue de Justice. Soit, il faut donc se résigner à ce que le titre « Justice League » ne propose plus que de la destruction massive à répétition. Après tout, si c’est bien fait, pourquoi pas ? Or, ce n’est pas vraiment le cas…

Le problème principal de la série réside dans son aspect réchauffé : une menace extraterrestre monstrueuse, des destructions colossales, les membres de la ligue qui agissent – du mieux qu’ils peuvent – en solo avant de se rassembler pour faire front commun, etc.

Du déjà lu et relu, tout comme l’intervention du « nouveau » Superman et la méfiance de Batman à son égard. On a l’impression de lire une version remaniée des premières aventures de la renaissance datant d’il y a (seulement !) six ans. Nous avons droit évidement à de nouveaux ennemis, les Semblables, qui dérobent les pouvoirs des héros et provoquent des séismes et autres tsunamis. Tout cela cause vraisemblablement des millions de morts mais, rassurez-vous, à la fin du récit la vie continue comme si de rien n’était.
 

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 1 de Bryan Hitch, Tony S. Daniel, Jesus Merino

Tout cela sent la fainéantise assumée, que ce soit au niveau du scénario (plus convenu tu meurs !), de sa résolution bâclée (parce que les vilains ont beau sembler hyper puissant au sixième épisode ils doivent perdre en deux temps trois mouvements), de ses dialogues bien pauvres, de son humour plaqué de ci de là pour rendre l’ensemble plus digeste.

Est-ce à dire que ce rebirth de la Justice League est totalement mauvais ? Non, pas vraiment. Les dessins se situent dans une bonne moyenne et l’action frénétique rend le tout aussi insignifiant que vaguement divertissement à condition de revoir son ambition à la baisse et de ne rien attendre de plus de cette équipe emblématique qu’une suite de combats dantesques.

Au final, le lecteur se retrouve avec l’équivalent dessiné d’un « Transformers » ou d’une autre super production de ce type : ça se laisse regarder (ou lire), ce n’est pas désagréable sur le moment mais, en y repensant, on se dit que tout cela vole quand même plus bas qu’un Superman fatigué.

Nous sommes donc loin d’un indispensable pour cette livraison aux enjeux inversement proportionnels aux destructions causées par les envahisseurs. A lire et à oublier.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Fantastique, #Comic Book, #DC, #Batman

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Publié le 13 Novembre 2017

CLONE CONNEXION de Christophe Lambert

Dans un futur proche seuls les déclassés de la technologie continueront à surfer sur l’Internet. Le vrai réseau c’est l’Intersphère, créé par la société Amalgam, un champ d’énergie invisible qui ceinture la terre et où circulent les données. Pour en bénéficier, il faut posséder une connexion cérébrale, autrement dit être un « plugged ». Cependant, l’accès à cette Intersphère nécessite l’intervention d’humains aux capacités spéciales, les connecteurs. L’un d’entre eux, Frédéric Lorca, se voit engager par Amalgam et mène rapidement la grande vie, passant son temps de travail dans un caisson d’isolement et son temps libre auprès de la Jet set. Mais Lorca découvre qu’Amagalm dissimule bien des secrets : contacté par une jeune femme appartenant à une brigade de contrôle éthique, notre héros réalise qu’il est peut-être un clone. Pour en avoir le cœur net, il s’enfuit vers l’Ecosse en compagnie d’une employée d’Amalgam, Sarah Klein. Son objectif ? Demander des comptes au grand patron, Willy Van der Braden, vivant reclus dans son castel des Highlands en véritable Maitre du Haut Château…

Christophe Lambert propose ici un avenir crédible où la fracture technologique s’est élargie au point qu’elle divise l’humanité en deux : d’un côté les « plugged » capables de surfer sur l’Intersphère, de l’autre les laisser pour compte « unplugged » condamnés à la lenteur exaspérante de l’Internet. Si les nantis semblent mener une vie agréable, le monde a poursuivi sa décrépitude : la pollution s’est accrue (les eaux de la Seine sont à ce point polluées qu’y plonger vous tue en quelques secondes), les animaux ont mutés, le tunnel sous la Manche a été détruit par un attentat,… Les véritables dirigeants ne sont plus les hommes politiques mais les patrons de multinationales, à l’image de Van der Braden, mélange (assumé) entre Bill Gates et Ozymandias (des Watchmen). Ce-dernier veut le bien du peuple mais à n’importe quel prix,  ce qui le conduit à transgresser les lois et à se lancer dans le clonage humain, pourtant interdit.

Voici une nouvelle réussite de Lambert dans le domaine de la littérature jeunesse (quoique les adultes y trouveront, eux aussi, largement leur compte) : un mélange de suspense, d’aventures et de questionnements éthiques et philosophiques. Ceux-ci sont dispensés avec efficacité, sans jamais ralentir le rythme de cette course poursuite dans les Highlands. L’auteur se permet également quelques clins d’œil envers son lectorat plus âgés, notamment à son homologue « qui fut acteur au siècle dernier ». Car, comme souvent, Lambert ponctue le récit de références discrètes (Star Wars, le cinéma de Spielberg, etc.). On sent aussi, plus nettement, l’influence de Philip K. Dick et cette intrigue renvoie aux questionnements du Blade Runner Rick Deckard sur sa propre humanité mais aussi, plus généralement, aux intrigues de Dick basées sur des faux semblants et une réalité toujours quelque peu fluctuante. L’interrogation finale du héros en témoigne d’ailleurs : à qui peut on se fier ?  Qui est réellement humain ?

Contrairement à de nombreux romans de SF très épais mais vides, CLONE CONNEXION est un roman aussi court (200 pages) que riche et passionnant. A lire ou relire d’urgence !

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Publié le 10 Novembre 2017

DETECTIVE COMICS REBIRTH - LA COLONIE de  James Tynion IV et Eddy Barrows

A l’occasion du rebirth, Detective Comics (qui a retrouvé sa numérotation historique) rassemble une nouvelle équipe de héros patronnés par l’inévitable Batman. Ce-dernier constate que les super-héros sont surveillés et, craignant une attaque à leur encontre, engage sa cousine Katy Kane, alias Batwoman, pour entrainer Red Robin (Tim Drake), Spoiler, Orphan et l’ancien vilain Gueule d’Argile. Le groupe nouvellement formé ne tarde pas à affronter une organisation paramilitaire aux méthodes expéditives inspirées de celles de Batman et dirigée par le propre père de Batwoman (et donc l’oncle de Bruce Wayne).

Ces épisodes introductifs servent surtout à justifier la réunion de personnages disparates sous l’autorité de Batman, figure tutélaire apparemment indispensable aux héros de Gotham. Cependant, officiellement, la direction de l’équipe échoit à Batwoman, personnage intéressant et cousine de Batman virée de l’armée en raison de son homosexualité. Malheureusement, le scénario ne creuse pas vraiment les différents protagonistes qui se voient rapidement plongés dans l’action. Celle-ci s’avère efficace et permet de belles scènes spectaculaires (notamment l’attaque des drones) bien servies par un dessin de qualité. Toutefois, la justification de la présence de Gueule d’Argile s’avère légère et le final, qui joue la carte de l’émotion, fonctionne adroitement…du moins jusqu’au coup de théâtre un peu trop attendu et, surtout, déjà vu et revu dans trop de comics.

DETECTIVE COMICS REBIRTH - LA COLONIE de  James Tynion IV et Eddy Barrows

Si ce climax intervient sans doute trop tôt, alors que l’équipe vient de se former, cela permettra peut-être de resserrer les liens entre les personnages afin de les contraindre à travailler davantage en tant qu’unité. Ici, en effet, ils restent essentiellement une addition de personnalités disparates pas vraiment creusées.

En dépit de ces bémols, ce premier tome se lit avec plaisir : l’intrigue, certes banale et quelque peu prévisible, reste suffisamment intéressante pour maintenir l’attention et les dessins de très bonne qualité rendent l’ensemble fort plaisant. Cela atténue, pour les vieux lecteurs de comics, l’impression d’assister à une énième redite, à savoir le rassemblement pour des raisons un brin vaseuses, de divers personnages  secondaires.

On attend à présent la suite pour se forger une opinion plus précise sur une série que l’on peut qualifier, pour l’instant, de prometteuse.

DETECTIVE COMICS REBIRTH - LA COLONIE de  James Tynion IV et Eddy Barrows

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #DC, #Batman

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Publié le 9 Novembre 2017

L’EPEE DE RHIANNON de Leight Brackett

Leigh Brackett (1915 – 1978) fut, avec son époux Edmond Hamilton, une des grandes romancières de la science-fiction de l’Age d’Or. Connue pour sa participation au scénario de classiques cinématographiques comme « Rio Bravo », « Le grand sommeil » ou « L’Empire contre-attaque »), Brackett commença à publier dans les pulp comme Astounding ou Planet Stories au début des années ’40. Elle se spécialisa rapidement dans une science-fantasy épique et lyrique inspirée par Edgar Rice Burrough, mélange de space-opéra, de planet opéra et d’heroic-fantasy. De nombreuses nouvelles datant de cette époque furent, par la suite, remaniée et allongées pour donner les romans formant le cycle de Mars.

L’EPEE DE RHIANNON se rattache à cette saga martienne mais nous emmène dans le passé de la planète rouge où l’archéologie Matt Carse pille les ressources de l’antique civilisation aujourd’hui disparue. Un jour, on lui propose la légendaire épée du dieu Rhiannon. Intéressé, Matt se rend avec son interlocuteur à l’emplacement de la tombe de Rhiannon, laquelle se révèle bourrée de trésors. Cependant, nos deux hommes se querellent et Matt est projeté dans un gouffre temporel qui le conduit dans un autre temps, alors que la civilisation martienne vit son apogée. Mais c’est également une période de conflit entre l’Empire de Sark et les redoutables Rois de la Mer. Armé de l’épée de Rhiannon et peut-être même habité par l’esprit du maléfique dieu en quête de rédemption, Matt affrontera mille périls en ces temps reculés afin, peut-être, de regagner son monde.

Ce récit d’aventures court et rythmé annonce le similaire LES ROIS DES ETOILES que rédigera son mari Edmond Hamilton en 1949 : un individu se retrouve déraciné, loin de son monde et de son temps, mais en possession d’une arme redoutable et « habité » par l’esprit d’un être supérieur, ici le dieu déchu Rhiannon.

Brackett propose ici un space / planet opéra à l’ancienne, loin de la complexité des grandes fresques actuelles (parfois indigestes) et qui recourt volontiers à une imagerie et un imaginaire proche de la fantasy à base de superbe reine, d’épée fabuleuse, de pirates, etc. En moins de 200 pages, l’écrivain emballe son récit sans laisser au lecteur le temps de souffler, avec une verve constante qui ne se retrouve que dans les meilleurs romans feuilletons ou les pulp les plus échevelés. Alors, évidemment, le lecteur d’aujourd’hui, à près de 80 ans de distance, peut trouver cela un peu « léger » ou prévisible : l’intrigue, quoique riche en rebondissement, reste linéaire et sans grande surprise, les protagonistes ne sont guère fouillés (mais ils demeurent joliment brossés en quelques lignes évocatrices) et le tout accuse le poids des ans. Mais qu’importe, L’EPEE DE RHIANNON n’en reste pas moins un roman d’aventures parfaitement rythmé et mené qui se dévore pratiquement d’une traite. Un vrai bon moment de lecture divertissante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Golden Age, #Fantasy

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Publié le 7 Novembre 2017

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Régulièrement, les deux éternels concurrents du comic-book américain, à savoir DC Comics et Marvel, se lancent dans d’énormes récits qui impliquent la plupart de leurs personnages et s’étalent sur des dizaines de numéros.  Ces crossovers impactent, forcément, toutes les séries phares de leurs éditeurs respectifs et, malgré des qualités souvent discutables, exercent sur les fans un pouvoir d’attraction non négligeables qui se traduit par conséquent par un accroissement des ventes. La recette fonctionne si bien (du moins commercialement) que Marvel vit à présent en état de crossover quasi permanent, proposant un ou deux « events » chaque année. DC Comics n’est pas en reste, évidemment comme en témoigne ce copieux DARKSEID WAR.

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Le dernier grand crossover en date (2014), FOREVER EVIL, s’était imposé comme une jolie réussite pour l’éditeur en proposant un concept solide et un récit haletant. Deux ans plus tard, la Ligue de Justice est au cœur d’un nouvel événement d’importance, la « Guerre de Darkseid », divisée en trois chapitres.

Le premier commence en France dans le N°1 du magazine « Justice League Universe » publié chez Urban et concerne la guerre que se livrent Darkseid et le tout puissant Anti Monitor. Ce premier chapitre se conclut par la défaite de Darkseid et l’accession au statut divin de la plupart des membres de la Ligue. Batman devient ainsi le dieu de la connaissance et s’empare du fauteuil de Moebius tandis que Flash, possédé, devient le dieu de la mort.

Un second chapitre présente les conséquences, pour nos héros, de ces nouveaux pouvoirs, ce qu’approfondissent six one shot sur les différents protagonistes déifiés. La fin épique de cette guerre s’étend sur une quarantaine de pages riches en action mais aussi en surprises et en révélations : l’identité du Joker dévoilée à Batman, l’accession au pouvoir de Lex Luthor, un secret lié à Wonder Woman, etc. 

LA GUERRE DE DARKSEID de Geoff Johns et Jay Fabok

Bien des crossovers sont inutilement complexes (pour ne pas dire incompréhensibles aux non-initiés) mais, en dépit de ses nombreux personnages et de sa longueur, DARKSEID WAR reste très digeste et étonnamment fluide. Servi par des dessins d’une constante (grande) qualité de Jay Fabok ce run est déjà un véritable plaisir visuel.

Nous sommes ici, en effet, dans l’aspect le plus destructeur de DC, dans le blockbuster dessiné qui ne recule devant aucune surenchère pour maintenir l’attention : révélations distillées à intervalles réguliers, cliffhangers, action frénétique,…La patte Geoff Johns pour un récit d’ampleur tout simplement gigantesque dans lequel tous les personnages principaux de l’éditeur viennent effectuer un petit tour de piste.

Une belle réussite pour DC Comics et à coup sûr un comic extrêmement bien ficelé et plaisant. Pour ceux qui ont raté sa publication kiosque et sa réédition sous forme de deux tomes cartonnés, Urban Comics ressort une nouvelle fois la bête à l’occasion de ses cinq ans sous la forme d’un omnibus grand format riche en bonus de près de 500 pages. Il vous en coutera 39 euros mais, franchement, ça les vaut !

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