LE REPOS DE BACCHUS de Pierre Boileau

Publié le 22 Novembre 2017

LE REPOS DE BACCHUS de Pierre Boileau

Avant de s’associer avec Thomas Narcejac pour devenir le plus célèbre duo du roman policer français, Pierre Boileau (1906 – 1989) avait déjà signé, dans la seconde moitié des années ’30, une poignée de romans d’énigme pure mettant en scène le limier André Brunel. La plupart relèvent du crime impossible et du meurtre en chambre close, citons ainsi LA PIERRE QUI TREMBLE et surtout son chef d’œuvre, SIX CRIMES SANS ASSASSIN, dont le titre résume l’ambition.

Plus modeste dans « l’impossible », LE REPOS DE BACCHUS propose néanmoins trois mystères apparemment insolubles. Monsieur le Comte de Moncelles, un vieil homme solitaire, a pour seule passion sa collection de peintures, exposées dans la galerie de son château. La plus belle de ses toiles est, sans conteste, « Le repos de Bacchus » de Leonard de Vinci. Le Comte ouvre parfois les portes de son antre pour que des visiteurs viennent admirer ses tableaux, sous la surveillance d’un guide bien entendu. Or, au cours d’une visite, le guide est assassiné et un criminel, surnommé Bras Roulé, s’échappe avec le « Bacchus ». Pourtant, l’alerte étant donnée, notre gredin est stoppé avant d’avoir pu quitter le domaine. Mais nulles traces du tableau, apparemment volatilisé ! Peu après un nouveau maraudeur s’introduit dans le château. Repéré, il gagne la grille d’entrée, un paquet de la taille du « Bacchus » à la main. Et, sous les yeux de témoins dignes de foi, s’échappe en passant à travers les barreaux. La confusion grimpe encore d’un cran lorsque le fourgon blindé transportant un Bras Roulé condamné à mort s’évanouit dans la nature ! André Brunel intervient alors pour dissiper le mystère.

Couronné par le Grand Prix du Roman d’Aventures, ce classique du « crime impossible » déroule son intrigue en 150 pages bien tassées. Dans la grande tradition du roman d’énigme à la John Dickson Carr, le romancier délaisse les personnages et les notations psychologiques (le Comte, néanmoins, se montre bien brossé avec un minimum de phrases) pour miser sur le mystère, captivant le lecteur par l’apparente impossibilité des faits énoncés.

Bien sûr, l’auteur expliquera tout durant le dernier chapitre, dissipant l’insolubilité des événements par un raisonnement logique et sans recourir à des passages secrets ou des explications tarabiscotés à outrance : en prenant l’affaire par le « bon bout de la raison » et en examinant les faits après avoir retranché l’impossible, son détective comprend comment le criminel a pu agir. Un roman très plaisant, à l’écriture fluide, admirablement rythmé et qui ne laisse aucun répit, bref un bouquin qui répond à la définition que l’auteur donna du « policier : une machine à lire ». Un page turner dirait-on aujourd’hui de cet incontournable ayant étonnamment bien vieilli malgré ses 80 ans ! A lire et à relire.

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article