L’EPEE DE RHIANNON de Leight Brackett
Publié le 9 Novembre 2017
Leigh Brackett (1915 – 1978) fut, avec son époux Edmond Hamilton, une des grandes romancières de la science-fiction de l’Age d’Or. Connue pour sa participation au scénario de classiques cinématographiques comme « Rio Bravo », « Le grand sommeil » ou « L’Empire contre-attaque »), Brackett commença à publier dans les pulp comme Astounding ou Planet Stories au début des années ’40. Elle se spécialisa rapidement dans une science-fantasy épique et lyrique inspirée par Edgar Rice Burrough, mélange de space-opéra, de planet opéra et d’heroic-fantasy. De nombreuses nouvelles datant de cette époque furent, par la suite, remaniée et allongées pour donner les romans formant le cycle de Mars.
L’EPEE DE RHIANNON se rattache à cette saga martienne mais nous emmène dans le passé de la planète rouge où l’archéologie Matt Carse pille les ressources de l’antique civilisation aujourd’hui disparue. Un jour, on lui propose la légendaire épée du dieu Rhiannon. Intéressé, Matt se rend avec son interlocuteur à l’emplacement de la tombe de Rhiannon, laquelle se révèle bourrée de trésors. Cependant, nos deux hommes se querellent et Matt est projeté dans un gouffre temporel qui le conduit dans un autre temps, alors que la civilisation martienne vit son apogée. Mais c’est également une période de conflit entre l’Empire de Sark et les redoutables Rois de la Mer. Armé de l’épée de Rhiannon et peut-être même habité par l’esprit du maléfique dieu en quête de rédemption, Matt affrontera mille périls en ces temps reculés afin, peut-être, de regagner son monde.
Ce récit d’aventures court et rythmé annonce le similaire LES ROIS DES ETOILES que rédigera son mari Edmond Hamilton en 1949 : un individu se retrouve déraciné, loin de son monde et de son temps, mais en possession d’une arme redoutable et « habité » par l’esprit d’un être supérieur, ici le dieu déchu Rhiannon.
Brackett propose ici un space / planet opéra à l’ancienne, loin de la complexité des grandes fresques actuelles (parfois indigestes) et qui recourt volontiers à une imagerie et un imaginaire proche de la fantasy à base de superbe reine, d’épée fabuleuse, de pirates, etc. En moins de 200 pages, l’écrivain emballe son récit sans laisser au lecteur le temps de souffler, avec une verve constante qui ne se retrouve que dans les meilleurs romans feuilletons ou les pulp les plus échevelés. Alors, évidemment, le lecteur d’aujourd’hui, à près de 80 ans de distance, peut trouver cela un peu « léger » ou prévisible : l’intrigue, quoique riche en rebondissement, reste linéaire et sans grande surprise, les protagonistes ne sont guère fouillés (mais ils demeurent joliment brossés en quelques lignes évocatrices) et le tout accuse le poids des ans. Mais qu’importe, L’EPEE DE RHIANNON n’en reste pas moins un roman d’aventures parfaitement rythmé et mené qui se dévore pratiquement d’une traite. Un vrai bon moment de lecture divertissante.