Publié le 3 Février 2021
Dix-huitième roman de la série d’enquêtes menées par l’inspecteur Roderick Alleyn, L’EMPREINTE DE LA JUSTICE, bien que publié en 1955, garde toute l’ambiance des whodunit du « golden age ».
L’intrigue nous conduit dans une petite communauté rurale, Swevenings, au sein d’un petit groupe de suspects. C’est là que le colonel Carterette, un fanatique de la pèche, a été assassiné. Alleyn va, bien sûr, mettre à jour une série de secrets enfouis et en particulier la possibilité d’un acte de trahison jadis commis par un notable et que le colonel s’apprêtait à dévoiler dans ses mémoires.
Les « usual suspects » sont donc de sortie : un ancien militaire de la Navy, une lady locale et son fils récemment élevé au rang de « Sir », une infirmière prenant de l’âge, un jeune couple romantique avec des problèmes familiaux à la Roméo et Juliette, un voisin bougon,…
« Scales of justice », le titre original à double sens, révèle davantage un des éléments clés de l’enquête, à savoir le fait que les écailles (« scales ») de poisson soient aussi dissemblables entre elles que les empreintes digitales. Car une truite d’une taille exceptionnelle, surnommée « La vieille », joue un rôle central dans l’histoire et dans la rivalité entre plusieurs villageois.
« Swevenings est décidément un très petit village », déclare un des personnages tandis que le livre nous apprend, à quelques pages de la fin, qu’il n’y a plus beaucoup de gentlemen et que les plus nantis sont souvent les plus décevants. Bref, L’EMPREINTE DE LA JUSTICE, datant de l’après Seconde Guerre Mondiale, illustre bien la fin du « Golden Age » de la littérature policière : les aristocrates bien sous tous les rapports d’hier ont laissé place à des arrivistes qui se déchirent pour grapiller les miettes d’une richesse s’en allant à vau l’eau.
Au final une lecture divertissante et plaisante qui manque peut-être un peu de rebondissements et souffre d’une enquête légèrement flegmatique mais qui parviendra certainement à satisfaire les amateurs de whodunit traditionnel et de « cosy murders » à l’anglaise. Classique et fun.