histoire vraie

Publié le 24 Novembre 2021

UNE FILLE COMME LES AUTRES de Jack Ketchum

Dans la préface, Stephen King répète tout le bien qu’il pense de Jack Ketchum, chantre de l’horreur extrême et, à ses yeux, un des plus grands écrivains américains vivants (Ketchum décède en 2018). Il le rapproche également de Thomas Harris ou Jim Thompson. La spécialité de l’auteur consistait à s’inspirer d’un faits divers horrible pour accoucher d’une œuvre de fiction brutale. Il se fait ainsi connaitre avec le très gore SAISON DE MORT (ou MORTE SAISON), un des romans fondateurs du splatter punk. Mais UNE FILLE COMME LES AUTRES se montre beaucoup, beaucoup plus dérangeant, prenant place à côté du AMERICAN PSYCHO de Brett Easton Ellis ou du CORPS EXQUIS de Poppy Z. Brite parmi les bouquins les plus insoutenables de la littérature.

David, un garçon de 12 ans, rencontre un jour Meg, une jolie fille qui vient d’emménager chez sa tante Ruth en compagnie de sa sœur Susan encore handicapée suite à un grave accident de voiture. Ruth est une trentenaire charmante, un peu aigrie, un peu misandre mais finalement sympa, qui vit avec ses enfants, Donny, Willie et Woofer et offre des bières aux gamins du quartier. David aime bien Ruth et est copain avec ses fils. Peu à peu Meg devient le souffre-douleur de sa tante. David est témoin de la dégradation de leurs rapports mais ne fait rien et n’en parle à personne. Les adultes pensent sans doute que Ruth à la main lourde mais nul n’interdira jamais à un adulte de corriger un enfant n’est-ce pas ? Lorsque la situation commence à déraper, Ruth attache l’adolescente dans un petit abris anti-atomique. Avec ses fils et la complicité d’autres enfants du quartier elle va s’employer à humilier, torturer et violer Meg à longueurs de journées (et de pages puisque ces scènes occupent la moitié du roman).

Lauréat du Grand Master Award au prix Bram Stocker pour sa contribution exceptionnelle à l’horreur, Jack Ketchum n’utilise pas les conventions habituelles du genre. Un seul de ses livres recourt au surnaturel. Les autres parlent des vrais monstres, ceux qui sourient à leur voisin et qui ont l’air si gentils. Il s’inspire ici du meurtre de Sylvia Likens, tuée en octobre 1965. Un crime décrit comme « le plus sadique de l’histoire des Etats-Unis après une série de dégradations inimaginables ». Pour ceux qui estiment que Ketchum va trop loin (et il va certainement très loin) dans sa description des humiliations, violences sexuelles et autres tortures il précise dans la postface qu’il a « atténué la réalité ». La véritable histoire de Sylvia Likens fut relatée dans le film « An American Crime » avec Ellen Page dans le rôle. UNE FILLE COMME LES AUTRES fut également porté à l’écran en 2007.

Le roman de Ketchum constitue donc un gros coup de poing, un direct à l’estomac qui sans sombrer dans l’excès (et le grand guignol) n’occulte rien des tortures infligées à cette jeune fille pas comme les autres. Ce n’est pas une lecture facile ni agréable ni plaisante. Ce n’est pas un roman d’horreur gentillet avec des vampires, des loups garous ou des zombies. Ce n’est pas un bouquin qu’on referme en souriant en se disant « tout ça n’existe pas, c’était sympa mais là ça va ». C’est une plongée dans ce que l’Humanité est capable, une plongée dans l’ignoble et la dégueulasserie la plus éprouvante. Quasiment de la première à la dernière page il n’y aura ni répit ni espoir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Thriller, #Histoire vraie, #Splatterpunk

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Publié le 25 Février 2021

FILS UNIQUE de Jack Ketchum

Jack Ketchum fut un spécialiste du roman d’horreur réaliste, la plupart de ses livres s’inspirant, de près ou de loin, de faits réels. Dans FILS UNIQUE il reprend fidèlement une authentique affaire criminelle, la postface nous apprenant qu’il s’est uniquement permis des altérations mineures (léger changement des noms et des lieux et, sans doute pour des questions de clarté, omission des autres membres de la fratrie). Mais le romancier relate fidèlement les faits ayant conduit Sherry Moore Nance en prison puisqu’elle fut condamnée, au final, à la prison à vie pour avoir abattu son mari violent. Aujourd’hui, elle purge toujours sa peine et cette injustice flagrante a poussé Ketchum à écrire ce livre, lequel s’apparente parfois à une charge virulent contre un système corrompu, des juges déconnectés de la réalité et une ordure d’avocat (pléonasme !) de l’accusation. FILS UNIQUE se base donc sur un documentaire visionné, quasiment par hasard, par l’auteur au sujet de femmes poussées à bout ayant été jusqu’au meurtre. Il relate l’histoire d’une femme, Lydia Dance, ayant épousé un type apparemment bien sous tous rapports, qu’elle soupçonne rapidement d’abuser de leur fils unique. Elle se lance dans un procès difficile pour faire éclater la vérité et se heurte à un système judiciaire pourri qui préfère défendre à tout prix l’accusé que la victime.

Ketchum souhaite provoquer l’indignation, voire la révolte du lecteur, il le plonge dans la fange, dans les sévices subis par le petit garçon et l’injustice vécue par la mère, les personnages sont réduits à leur statut de victime et de violeur / harceleur. En parallèle, un récit de serial killer (le mari, probablement) permet à l’auteur des descriptions additionnelles de viols, de tortures et de meurtres. Ketchum n’a jamais fait dans la dentelle et il livre ici un roman coup de poing et brutal à souhait, sans toutefois verser dans le craspec de ses « Gore ».

Dans les dernières lignes de la postface, Ketchum se demande cependant si la véritable Sherry Moore Nance a été 100% honnête dans ses déclarations et il avoue que certains éléments récents le chiffonnent mais que cela ne change pas fondamentalement les raisons pour lesquelles il a tenu à écrire ce livre, à savoir dénoncer un système inique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #Histoire vraie

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