Publié le 21 Juin 2019
Datée de 1967, cette longue nouvelle se base sur un postulat original très ingénieux (et typiquement Dickien) : la semi-vie. Autrement dit la prolongation de l’existence par une sorte d’hibernation permettant de ramener, pour un court moment, les défunts à la vie pendant des années. Enfin, tant que les héritiers paient les frais de cet « entretien ». Le riche Louis Sarapis, ancien businessman, vit ainsi une pseudo existence et continue à influencer son entourage qui aurait bien aimé en être débarrassé. Surtout que Louis prend des décisions surprenantes, souhaitent que sa fille droguée lui succède et que son ami Gam soit élu président. Or, de manière incompréhensible, Louis peut à présent utiliser tous les canaux de communication pour imposer ses vues : à la télé, au téléphone, partout, tout le temps, le monde entend sa voix. Mais doit-on toujours écouter ce que disent les morts ?
Si l’évolution politique et technologique peut sembler datée (télégramme, Union soviétique,…), les thématiques restent intéressantes et pertinentes. Dick les développera d’ailleurs peu après dans son chef d’œuvre, UBIK, dont cette novella apparait comme un brouillon plutôt réussi. L’écriture se montre efficace, l’univers (excepté les notes surannées déjà mentionnées) crédible et les personnages originaux. On aurait toutefois aimé que l’auteur creuse davantage leur personnalité mais, dans les limites d’un texte relativement court (une centaine de pages), l’ensemble tient la route. Finalement, le principal regret réside dans un final un peu trop explicatif et rationaliste qui revisite l’intrigue sous l’angle d’un complot certes en phase avec les théories conspirationnistes chères à Dick mais ici moins convaincant que les hypothèses précédemment évoquées dans le récit.
Malgré ce bémol, une très plaisante manière d’occuper une heure de son temps et de découvrir un auteur majeur de la science-fiction.