philip k. dick

Publié le 21 Juin 2019

CE QUE DISENT LES MORTS de Philip K. Dick

Datée de 1967, cette longue nouvelle se base sur un postulat original très ingénieux (et typiquement Dickien) : la semi-vie. Autrement dit la prolongation de l’existence par une sorte d’hibernation permettant de ramener, pour un court moment, les défunts à la vie pendant des années. Enfin, tant que les héritiers paient les frais de cet « entretien ». Le riche Louis Sarapis, ancien businessman, vit ainsi une pseudo existence et continue à influencer son entourage qui aurait bien aimé en être débarrassé. Surtout que Louis prend des décisions surprenantes, souhaitent que sa fille droguée lui succède et que son ami Gam soit élu président. Or, de manière incompréhensible, Louis peut à présent utiliser tous les canaux de communication pour imposer ses vues : à la télé, au téléphone, partout, tout le temps, le monde entend sa voix. Mais doit-on toujours écouter ce que disent les morts ?

Si l’évolution politique et technologique peut sembler datée (télégramme, Union soviétique,…), les thématiques restent intéressantes et pertinentes. Dick les développera d’ailleurs peu après dans son chef d’œuvre, UBIK, dont cette novella apparait comme un brouillon plutôt réussi. L’écriture se montre efficace, l’univers (excepté les notes surannées déjà mentionnées) crédible et les personnages originaux. On aurait toutefois aimé que l’auteur creuse davantage leur personnalité mais, dans les limites d’un texte relativement court (une centaine de pages), l’ensemble tient la route. Finalement, le principal regret réside dans un final un peu trop explicatif et rationaliste qui revisite l’intrigue sous l’angle d’un complot certes en phase avec les théories conspirationnistes chères à Dick mais ici moins convaincant que les hypothèses précédemment évoquées dans le récit.

Malgré ce bémol, une très plaisante manière d’occuper une heure de son temps et de découvrir un auteur majeur de la science-fiction.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #science-fiction, #Philip K. Dick

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Publié le 19 Juin 2019

L'HOMME VARIABLE de Philip K. Dick

Ce recueil spécifiquement français (l’édition américaine comprend des nouvelles supplémentaires) rassemble trois longues nouvelles ou romans courts. Nous débutons avec « L’homme variable », proche des thèmes développés par Van Vogt. L’intrigue débute au cœur d’une guerre larvée entre les Terriens et les Centauriens. Des ordinateurs calculent quasi en temps réel les chances de voir l’un des deux camps remportés le conflit. Mais un homme ramené accidentellement du passé introduit une variable imprévisible dans les calculs. Un thème assez fascinant mais pas très crédible dans lequel on retrouve bien les manières de Van Vogt dont Dick semble s’inspirer avec cet humain ordinaire qui change sans le vouloir l’avenir de l’humanité. Un peu long, pas très vraisemblable mais plaisant et plutôt convaincant dans sa construction jusqu’au dénouement final réussi.

« Seconde variété », pour sa part, s’avère très efficace en dépit d’un dénouement linéaire et d’un twist prévisible. Mais, encore une fois, les prémices sont excellentes : après une guerre totale entre la Russie et les Etats-Unis apparaissent des robots meurtriers à l’apparence anodine, soldat blessé ou gamin avec son nounours, qui massacrent les derniers survivants. Nous sommes en pleine SF parano cette fois typiquement dickienne pour un récit très prenant adapté avec plus de bonne volonté que de moyen dans le très sympathique « Planète hurlante »

Enfin, « Rapport minoritaire » est sans doute le plus connu de trois récits grâce à l’excellente adaptation signée par Spielberg. Encore une fois, du grand Dick, du pur Dick avec cette agence chargée, grâce aux prédictions de trois mutants télépathes, de prévenir les crimes avant qu’ils soient commis. Mais un jour Anderton, le préfet de cette police « pré crime », reçoit un rapport l’avertissant qu’il va assassiner un certain Kaplan. Anderton, persuadé d’être victime d’un complot, s’enfuit…

Un texte un peu daté mais plaisant et deux incontestables réussites, bref un recueil incontournable.

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