Publié le 12 Août 2022

CAPTAIN AMERICA : BLOOD AND GLORY

Mark Gruenwald continue son très long run sur Captain America avec les épisodes 398 à 410, rassemblés dans un nouveau épais volume des « Epic collection ». Les premiers épisodes proposés ici sont assez déstabilisants, ils participent au vaste crossover Marvel du début des années ’90, OPERATION GALACTIC STORM. Le lecteur ressent donc clairement les manques puisque les épisodes proposés sautent bien des éléments de l’histoire. En dépit de ce côté fragmenté, l’ensemble donne envie de se plonger davantage dans ce crossover (disponible en Epic, ça tombe bien !).

Comme le Captain est dans l’espace, les « remplaçants » gèrent les problèmes terrestres et US Agent et le Faucon partent délivrer Demolition Man. Pendant ce temps, Crossbones capture la petite amie du Cap’, Diamondback et tente de la retourner, au propre comme au figuré. Crâne Rouge, lui, rassemble toujours sa petite armée de super méchants. Les différentes lignes narratives sont assez éclatées et ne trouvent un aboutissement que dans les derniers chapitres.

Cependant, le gros du volume se consacre à la fameuse intrigue du « Cap Wolf ». En effet, parti à la recherche de John Jameson, la Sentinelle de la Liberté, aidé de Docteur Druid, tombe sur une ville peuplée de lycanthropes. Wolverine, Wolfsbane, Werewolf by Night et quelques autres se retrouvent embarqués dans ce récit qui culmine lorsque Cap’ lui-même devient un loup-garou ne s’exprimant plus que par des grognements bestiaux. Tout ça peut sembler ridicule (ça l’est un peu), quelque peu tiré en longueur (peu aidé par l’habitude de cette époque de répéter, par le texte, ce qu’on voit à l’image) mais l’ensemble reste divertissant et finalement mémorable… bien que pas toujours pour les bonnes raisons. Les intrigues de complément, plus courtes, autour de la relation qui se noue entre Crossbone et Diamondback fonctionnent elles aussi de manière efficace et se montrent plus mâtures et sérieuses. Le tout aurait mérité d’aller plus loin dans le côté violent / syndrome de Stockholm / malsain mais dans le cadre d’une production grand public cela reste crédible et bien mené.

La fin du volume se consacre à un crossover d’environ 160 pages entre Cap et le Punisher, forcément opposés sur la manière de rendre la justice. L’intrigue, assez classique, donne davantage dans le thriller d’espionnage que l’action super héroïque. Au fil du récit, le manichéisme initial s’efface et nous plongeons dans la zone grise de la politique fiction avec ses magouilles et autres combines gouvernementales. En parallèle les deux héros finissent par s’apprécier jusqu’à un final très convaincant dans sa simplicité. Les dessins, également plus sombres et adultes, sont adaptés à cette intrigue de bonne tenue.

BLOOD AND GLORY est donc un Epic en demi-teinte, alourdit par des « morceaux de crossovers » et une narration parfois bien lourde (toutes ces redondances fatiguent !) mais globalement plaisant. La saga du « Cap Wolf » reste fun, les sous-intrigues liées à Crossbones se montrent intéressantes et le crossover final avec Punisher confère au personnage une tonalité plus adulte et violente bienvenue.

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Publié le 10 Août 2022

M. JE SAIS TOUT: CONSEILS IMPURS D'UN VIEUX DEGUEULASSE de John Waters

Le vieux dégueulasse, Mr John Waters, se livre dans ce bouquin réjouissant. Il alterne souvenirs biographiques, anecdotes sur le tournage de ses films les plus récents et considérations diverses. A mi-chemin entre le dandy provocateur, le punk distingué et le pince sans rire, Waters se raconte et se met en scène, pas dupe de son statut d’icône et de pape du trash. Il évoque « Hairspray », « Serial Mom », etc. puis discute de la valeur monétaire des œuvres d’art réalisées par des singes ou effectue une sorte de guide touristique des sex shop et autre glory hole gay.

Waters travaille sa prose et sacrifie parfois l’autobiographie au bon mot ou à la punchline de (bon) mauvais goût. Ce qui rend l’ensemble amusant et divertissant vu qu’il passe d’un sujet à un autre avec vivacité. Waters livre presque son « guide du parfait gentleman » à lui. Mais, dans sa version du gentleman, il importe de péter, roter. Bref, son gentleman pue un peu la merde, à l’image des pastilles odorantes de « Polyester » mais, finalement, cette odeur ragaillardit en ces temps de trous du cul de la cancel culture et autres offusqués éveillés.

Toutefois, Waters oublie parfois de jouer au clown et s’accorde une pause tendresse. Mélancolique et nostalgique, sentant le temps qui passe et la mort qui s’approche, le dandy décadent se reprend in extrémis et se paie un trip au LSD pour fêter son entrée dans le troisième âge. Car, bon, Waters est aujourd’hui accepté par l’intelligentsia et voit ses films édités dans de prestigieuses éditions chez Criterion notamment, ce qui ne l’empêche pas de vouloir encore, de temps en temps, mettre un bon coup de bite dans le cul du politiquement correct.

Comme il le dit lui-même : « je suis devenu quelqu’un de respectable. Je me demande bien comment. Le dernier film que j’ai réalisé s’est fait descendre par la critique et a été interdit aux moins de dix-sept ans. Six de mes contacts personnels ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. Et puis j’ai produit une œuvre d’art intitulée Douze trous de balle et un pied sale, composée de gros plans extraits de films pornos, et un musée l’a acquise pour sa collection permanente sans que personne se fâche. Qu’est-ce qui a bien pu se passer, bordel ?”

Que l’on aime ou pas son oeuvre, difficile de ne pas trouver cette vraie / fausse autobiographie aussi drôle que necessaire (le mot est lâché) en cette période de censure de l’humour où certains illumines viennent decider de quoi on peut rire (ou pas).

Bref, un bon moment de divertissement (plus ou moins) intelligent servi aux petits oignons par cette vieille tarlouze détraquée de Waters! Long live the shit!

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Biographie, #Cinéma, #Chroniques, #Cinéma Bis, #Humour, #LGBT

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Publié le 9 Août 2022

PIRATES de Michael Crichton

1665, la Jamaïque. A Port Royal les pirates règnent en maitres. Lorsqu’arrive la rumeur de la présence, dans une île toute proche, d’un bateau aux cales remplies d’or, le capitaine Hunter rassemble les frères de la côte pour une petite razzia dans la tradition.

Dès la fin des 70’s, Crichton mentionne travailler sur un roman consacré aux Pirates des Caraïbes. A sa mort, en 2008, le « manuscrit » est découvert dans son ordinateur. PIRATES est un livre complet mais le romancier aurait probablement souhaité le retravailler et l’étoffer. Qu’importe ! En l’état il fonctionne très bien comme un pur récit d’aventures sur une trame de « film de commando », les pirates remplaçant ici les soldats.

Crichton livre une description haute en couleur de Port Royal, sans doute plus conforme à la réalité que celle, beaucoup plus enjouée, des « pirates des caraïbes » de Disney. Traitrises, violences, esclavages,…la vie ne vaut pas cher sous le soleil des tropiques. Bref, le romancier nous refait « Les canons de Navarone » version « Mission Impossible » ou « Ocean’s 11 » sur le mode classique de la poignée de baroudeurs possédant tous un « talent » particulier. L‘expert en explosifs, le froid tueur français, le spécialiste de la navigation,…

PIRATES c’est du divertissement estival en mode page-turner. De l’action, de l’action et encore de l’action. Crichton égrène tous les clichés attendus : abordages, batailles navales, duels à l’épée, opération suicide, etc. Les héros sont gentils, les filles sexy, les méchants sont d’ignobles crapules et, forcément, il y a un traitre dans l’équipe.

En dépit du réalisme et du contexte historique qui a nécessité pas mal de recherches, l’auteur ne peut s’empêcher de caser un petit kraken bien monstrueux pour donner dans la surenchère et saupoudrer le tout d’une touche fantastique.

Classique, linéaire, quelque peu prévisible (avec des rebondissements nombreux mais téléphonés), PIRATES reste un plaisant divertissement d’aventures exotiques même si le dernier tiers accuse un coup de mou quelque peu préjudiciable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Aventures, #Historique

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Publié le 6 Août 2022

FUTURS PAS POSSIBLES présenté par Isaac Asimov

Isaac Asimov présente…divers futurs possibles. Un nom porteur pour des anthologies d’intérêt variable mais qui eurent le mérite de présenter une poignée de nouvelles au grand public. Ce recueil comprend sept textes et quelques grands noms de la SF. Ils furent généralement publiés, en VO, dans le magazine d’Asimov, d’où la « caution » apportée par le Bon Docteur.

« Dilemme » joue ainsi la carte de l’humour et de l’hommage à Asimov. Signé Connie Willis, on le retrouvera également dans LES FILS DE FONDATION. Ce petit récit plein d’humour égratigne affectueusement le très prolifique Bon Docteur et propose un plaisant « name dropping » des géants de la SF de l’âge d’or.

En parlant de géant, Silverberg ne démérite pas avec « Jouvence », récit de la quête de la fontaine miraculeuse. Un mélange de SF et d’aventures historiques fort convaincant.

George Alec Effinger propose ensuite une nouvelle, « Le cyborg sur la montagne », situé dans son univers fétiche, celui d’un Moyen Orient futuriste et cyberpunk. Un texte entre anticipation et polar d’action typique de l’auteur mais rondement mené. Du bon boulot en peu de pages.

« Loterie macabre » de S.P. Somtow détonne dans ce recueil avec une intrigue entre fantastique et épouvante : deux jeunes ados, en Thaïlande, s’apprête à passer la nuit dans un cimetière afin qu’un fantôme leur donne les numéros gagnants de la loterie. Pas mal et indéniablement exotique, notamment en ce qui concerne les coutumes, superstitions et légendes locales.

Deux autres textes, plus longs, sont signés Tiptree et Charles Sheffield mais la pièce de résistance reste la courte et excellente « le jour où les ours ont découvert le feu » de Terry Bisson. Récompensé par le Hugo, le Nebula, le Locus, le Sturgeon et le Asimov (excusez du peu !), voici une nouvelle où la SF sert simplement de décor (à la suite de l’événement décrit dans le titre) pour un récit intimiste d’une grande originalité.

Comme toutes les anthologies de ce style, il y a donc à boire et à manger mais, dans l’ensemble, les textes rassemblés ici sont d’une grande qualité et méritent la lecture.

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Publié le 5 Août 2022

NOUS QUI N'EXISTONS PAS de Mélanie Fazi

Lorsque la fiction n’a plus suffi, Mélanie Fazi a d’abord signé un texte sur son blog, « Vivre sans étiquette » qui explique son cheminement personnel. Ce livre en constitue, en quelque sorte, le prolongement, plus personnel, plus intime. Il s’apparente à une confession de l’auteur qui annonce avoir renoncé aux relations amoureuses et leur préférer la solitude. Le cheminement a été long, avec l’aide d’une thérapeute bienveillante qui a mis la novelliste sur la « bonne piste ». L’acceptation de son asexualité et de son attirance pour les femmes, non suivie d’un passage à l’acte (d’où le terme de « lesbienne non pratiquante ») a pris du temps. L’auteur nous raconte ses difficultés à gérer cette absence de désir, son décalage avec ses amies qui parlent de garçons, son refus de la vie de couple, sa non envie d’enfant,…

En parallèle, elle nous propose également un voyage dans son imaginaire, au travers de différents récits éclairés par son parcours personnel. Qu’elles expriment une sexualité différente via la lycanthropie, un attrait sensuel pour la nature ou un refus « d’aimer le dragon », les nouvelles de l’auteur reflètent son questionnement.

Un parcours épuisant, marqué par la dépression et la fatigue qui prend plusieurs années et qui explique sans doute que l’auteur n’ait plus vraiment écrit de fictions depuis une dizaine d’années. Trop occupée aussi, peut-être par son métier de traductrice, l’auteur, qui a toujours privilégié la forme courte (en dépit de la publication de deux romans, ce qu’elle ne souhaite pas réitérer) ne nous a pas vraiment donné de ses nouvelles depuis le recueil LE JERDIN DES SILENCES.

Dommage, la qualité de ses récits fantastiques manque dans le paysage actuel. Alors souhaitons qu’après ce livre confession (et le suivant, L’ANNEE SUSPENDUE, sur les TSA), Mélanie Fazi nous revienne enfin avec un nouveau recueil aussi réussi que ses trois premiers !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Autobiographie, #LGBT

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Publié le 13 Juillet 2022

MARS LA ROUGE de Kim Stanley Robinson

Déjà un classique de la science-fiction, lauréat du prix Nebula, MARS LA ROUGE est une brique, 660 pages bien tassées…qui se poursuivent par deux autres tomes, lesquels, rassemblés, forment une trilogie de plus de 1600 pages. Autant dire que cette lecture demande du temps et de l’investissement : nous sommes, en effet, en présence de hard science, autrement dit d’une science-fiction spéculative rigoureuse et d’une anticipation crédible. Pas vraiment de la grosse fantasy commerciale ou du space opéra « easy reading ». Une première tentative m’avait d’ailleurs laissé dubitatif. Cette fois, en sachant davantage à quoi s’attendre, ce fut la bonne. Car MARS LA ROUGE est un roman touffu et exigeant, sans être rébarbatif ou illisibles comme certains textes qui se résument à de l’infodump bourré de jargon technique.

Ici Kim Stanley Robinson décrit la lente terraformation d’une planète. Il envisage ainsi toutes les conséquences de ce processus à très long court. En se focalisant sur une poignée de personnages, appartenant aux « 100 premiers colons », Robinson décrit l’évolution de Mars : problèmes psychologiques, sociologiques, religieux, économiques, écologiques,…L’auteur s’intéresse également à la politique de cette planète Mars et le roman mérite donc bien le qualificatif de « planète opéra ». De plus, cette intrigue s’étale sur des siècles mais le romancier recourt à un petit tour de passe-passe bien pensé : l’augmentation de la longévité humaine à plusieurs centaines d’années. Ce qui permet de suivre les mêmes personnages au fil des siècles. Bien évidemment, les personnages « principaux » sont nombreux et impose une lecture attentive pour ne pas s’égarer dans les différentes sous-intrigues. Selon les sensibilités de chacun certaines sont, d’ailleurs, plus ou moins intéressantes puisqu’elles abordent différentes problématiques ou thématiques.

Si le background est d’une grande richesse, l’action, en revanche, se voit réduite à la portion congrue. Elle est surtout concentrée dans les derniers chapitres et les lecteurs qui attendent du « pétaradant » peuvent, par conséquent, passer leur chemin.

En sachant dans quel type de SF on s’aventure, MARS LA ROUGE reste un modèle de SF « scientifique » rigoureuse et une lecture prenante et intelligente. Elle donne d’ailleurs envie d’enchainer avec le deuxième tome, MARS LA VERTE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Prix Nebula, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 8 Juillet 2022

DAREDEVIL TOME 2: AUCUN DIABLE, JUSTE UN DIEU de Chip Zdarsky

Matt Murdock ne veut plus être Daredevil. Il ne veut même plus être avocat. Le voilà, par conséquent, plongé dans une nouvelle crise de foi. Le Caïd, de son côté, renonce à son empire du crime et redevient Wilson Fisk, décidé à entrer dans la légalité et à s’occuper davantage de ses fonctions de maire de New York. De son côté, Cole, le flic intègre, se frotte à ses collègues, tant ceux qui trouvaient bien pratique de laisser Tête à cornes effectuer l’essentiel du boulot que ceux qui appréciaient les pots de vin.

Ce deuxième tome de Daredevil aurait dû s’appeler Matt Murdock puisque lui seul apparait le long de ces 112 pages. Le récit prend son temps, sorte de « Daredevil no more », étalé sur cinq épisodes. Car même si on sait que Daredevil finira par reprendre du service, pour l’instant il reste aux abonnés absents. Comme dans ces vieux kung-fu dans lesquels Bruce Lee ou Wang Yu attendaient la dernière bobine pour rendre coup pour coup, DD apprécie sa retraite. Et, bien évidemment, il part draguer une libraire malheureuse en ménage. Sans savoir qu’elle appartient à un « clan » mafieux.

Ce deuxième tome approfondit la mythologie du principal protagoniste avec une approche adulte et sérieuse. Pas de vilains costumés, pas de grosses bastons d’encapés,…Juste un type qui a décidé de raccrocher le pyjama et se pose des questions sur Dieu, la justice, la place de la police, la manière de résoudre des problèmes par la force ou non, etc.

Dès lors, l’intrigue évolue lentement avec un côté feuilletonesque, voire soap : le flirt de Matt avec Mindy la libraire, la reconversion légale de Fisk, les démêlées de l’intègre Cole avec ses collègues ripoux, etc. Murdock, bien présent mais en quelque sorte un peu en retrait, reste toujours perturbé par ses contradictions. Il continue de professer sa foi catholique tout en reconnaissant l’état déplorable du monde. Un constat à mettre en parallèle avec sa défense du système judiciaire dont il est pourtant forcé de reconnaitre les faiblesses. Et avec sa mission de justicier qui l’oblige à prendre cette même justice en main, devant ainsi recourir à des méthodes qu’il désapprouve.

Venu de l’Inde, Lalit Kumar Shama propose des dessins de bonne facture, certes en deçà de ceux de son prédécesseur mais néanmoins agréablement maitrisés, surtout au niveau des ambiances et des décors, les personnages étant un peu moins bien brossés. Rien de grave, nous sommes loin des horreurs d’un Ramos sur Spiderman ou du photo réalisme mal digéré d’un Larocca sur Star Wars.

Malgré quelques bouffées d’action, l’essentiel de ce tome se consacre donc à cette exploration des sentiments du héros et à ses interrogations théologiques, philosophiques et existentialistes. Daredevil a toujours été un des protagonistes les plus intéressant, attachant et « torturé » de la Maison des Idées. De plus, il a souvent eu la chance de bénéficier de scénaristes talentueux qui ont livrés des prestations remarquées. Dans cette tradition (établie par Frank Miller et sa révision définitive de DD), Chip Zdarsky poursuit un run pour le moment exemplaire. L’auteur démontre, si besoin était, que les comics ont sacrément évolués dans le bon sens depuis les petites histoires emballées en 20 pages où le héros se contentait de savater le « vilain de la semaine ». On attend la suite, annoncée par un cliffhanger en guise de dernière planche, avec impatience.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #BD, #Daredevil, #Marvel Comics, #Superhéros

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Publié le 5 Juillet 2022

LE VILLAGE DU BOUT DU MONDE (LOUIS LE GALOUP TOME 1) de Jean-Luc Marcastel

Premier volet de la saga du « gars loup » (ou galoup, ou garou), LE VILLAGE AU BOUT DU MONDE nous conduit dans la région d’Aurillac pour une uchronie fantastique. Une brèche est apparue au royaume de France : elle change les hommes et les bêtes, les transformant en Malbestes. A Mandaille, petit village isolé, vivent deux frères, Louis et Séverin, qui vont se confronter à la bête monstrueuse, découvrir la vérité sur leurs origines, rencontrer la sorcière la Roussote, etc.

Ecrit dans une langue très vivante, qui use des métaphores et des redondances volontaires, dans une sorte d’ancien français qui joue sur la sonorité des mots, le récit s’apparente à un conte qu’un troubadour aurait pu déclamer au coin du feu. L’intrigue, elle, reprend la formule de l’apprentissage chère à la Fantasy : découverte par le héros de sa marginalité et de ses véritables origines, obligation de quitter son havre de paix pour partir à l’aventure, etc. C’est classique, quelque peu linéaire parfois, mais réussi et fort agréable à lire.

En prenant son temps, Marcastel pose le décor de sa saga, à mi-chemin du roman historique (uchronique), du fantastique et de la Fantasy, le tout à destination d’un large public. Attention toutefois, si le roman se veut « jeunesse », le vocabulaire est soutenu et la langue riche. C’est travaillé, avec ce mélange d’ancien français (plus ou moins authentique), de patois, de termes inventés…tout cela est immersif et bien pensé, quelque peu déstabilisant au début mais rapidement prenant et convaincant. Le lecteur entre ainsi dans l’histoire et, en quelque sorte, « écoute » cette légende.

On retrouve aussi dans ce VILLAGE DU BOUT DU MONDE un côté régionaliste car l’auteur veut nous faire découvrir sa région (ce que les notes en fin d’ouvrage nous permettent d’ailleurs) à travers ses spécialités culinaires, etc. Cela change agréablement des Fantasy invariablement situées dans de grandes villes : nous sommes du côté des petits nobliaux et des curés, pas des rois et des évêques.

Bref, un premier tome réjouissant qui donne envie de poursuivre les aventures de ce sympathique Galoup.

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Publié le 1 Juillet 2022

DAREDEVIL: JAUNE de Jeff Loeb et Tim Sale

Au début du XXIème siècle, Jeff Loeb et le récemment décédé Tim Sale décident de revisiter des événements marquants de l’existence des super-héros emblématiques. Aux côtés de leur chef d’œuvre, SPIDERMAN : BLEU, sort donc ce DAREDEVIL : JAUNE. Nous en sommes au tout début de la carrière de Tête à cornes, alors qu’il porte encore son premier costume jaune (d’où le titre).

Le récit, auto-suffisant, s’affranchit de la continuité et déroule une histoire complète qui peut s’apprécier sans connaissance préalable du personnage. A cette époque, Matt Murdock est obsédé par sa nouvelle secrétaire, Karen Page. Dans la « continuité », Karen sera le premier grand amour de Matt, deviendra ensuite son associée puis rompra avec lui lorsque le justicier lui révélera son identité secrète. Par la suit, Karen deviendra actrice porno avant de tomber dans la drogue et de vendre l’identité secrète de Daredevil au Caïd. Atteinte du Sida elle sera tuée par le Tireur. Loeb ne retrace pas l’entièreté du parcours de Karen, préférant permettre à Matt de se souvenir de leurs premières années. Héros accessible, justicier urbain, Daredevil affronte ainsi le Hibou mais l’essentiel du récit reste focalisé sur son alter-ego. L’avocat aveugle tente de se faire un nom avec son associé, Foggy Nelson, lui aussi amoureux de Karen.

Ce ton tragique n’exclut pas quelques passages plus légers et donne un récit solide et bien charpenté auquel on reprochera seulement une fin un peu expédiée. Dommage que le duo n’ait pas bénéficié d’une cinquantaine de pages supplémentaires pour poursuivre leur exploration du personnage de Karen. Toutefois, ce bémol ne ternit guère un ensemble fort réussi avec des personnages attachants et bien brossés. Les dessins de Tim Sale possèdent, eux, un côté un peu « spécial » et s’éloignent avantageusement du tout-venant : parfois déstabilisants, ils sont, en tout cas, très réussis, détaillés et évocateurs.

En 150 pages, DAREDEVIL : JAUNE constitue donc une excellente introduction à l’univers du héros de Hell’s Kitchen : une histoire efficace, un rythme rapide, une narration parfois elliptique mais qui prend cependant le temps de détailler les interactions entre les protagonistes,… Pourquoi se priver ? Un grand classique et une des meilleures façons de découvrir un des super-héros les plus attachants de la maison des Idées.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Daredevil, #Marvel Comics, #Superhéros

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Publié le 29 Juin 2022

SAC D'OS de Stephen King

Quoique fréquemment cité parmi les réussites du King et lauréat du Bram Stoker et du Locus, SAC D’OS reste, pour ma part, une des plus grosses déceptions écrites par le romancier du Maine.

L’intrigue, tout d’abord, se développe avec une lenteur excessive. Ambiance, climat, épouvante, présentation, mise en place, etc. diront les laudateurs. Certes. Mais là, le King en pleine crise de sa fameuse « elephantiasis littéraire », dépasse peut-être les bornes. Les cent premières pages, quoique très lentes et sans réel lien avec la suite, fonctionnent pourtant agréablement. Elles présentent ce personnage, typiquement « Kingien », d’écrivain d’une quarantaine d’années, Mike, confronté à la page blanche à la suite de son récent veuvage. Après avoir exploité, au sens propre, ses fonds de tiroirs pendant plusieurs années, le voilà qui sèche complètement. Seule solution, retourner dans sa maison de vacances et renouer avec les rituels qui lui permettaient, jadis, d’écrire.

La suite, soit près de quatre cents pages (avant le dernier acte) entremêle plusieurs lignes narratives pas vraiment crédibles. Notre romancier vient par exemple en aide à une très jeune veuve de 20 ans dont il tombe rapidement amoureux. Celle-ci ne semble pas contre, que du contraire, mais l’écrivain tergiverse. Ca traine et ça traine… jusqu’à ce que la jeunette en vienne à (littéralement !) le supplier de la baiser.

Comme nous sommes chez King et en dépit de cette romance très envahissante, des phénomènes paranormaux se produisent. Mike mène l’enquête pour comprendre les raisons de cette hantise. Hélas, non seulement cela lui prend un temps fou mais le héros se comporte à la manière des protagonistes des séries B d’horreur les plus stupides : malgré toutes les manifestations et « avertissements » divers il s’obstine. Et, forcément, tout ce qui pouvait mal se passer va se produire.

Les personnages se montrent d’ailleurs assez unidimensionnels, ce qui étonne chez un écrivain capable de brosser des protagonistes en peu de traits. Ici, en dépit d’un background très (trop !) développé, les héros restent schématiquement décrits. Était-ce donc nécessaire de s’étendre sur des pages et des pages ? Probablement pas et nul doute que raboter d’un tiers le roman aurait grandement gagné en efficacité et en potentiel de frissons. Les explications surgissent dans les derniers chapitres de manière un peu hâtive (ce qui permet quand même de ne pas en rajouter dans les longueurs) et sont fort attendues.

SAC D’OS se situe donc dans la lignée des King de la fin des années ’90 / début 2000 comme DREAMCATCHER, DESOLATION, LES REGULATEURS, etc. Bref, pas la meilleure période du romancier.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Prix Locust, #Stephen King

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