fantasy

Publié le 25 Mai 2022

SILVERTHORN de Raymond Elias FEIST

Troisième volet de la « Guerre de la faille » (ou deuxième si on considère les deux tomes de MAGICIEN comme un tout), SILVERTHORN mélange la petite histoire des protagonistes à la grande Histoire de Midkemia. Cette fois, la princesse Anita, le jour de son mariage avec Arutha de Krondor, est atteinte par une flèche empoisonnée. Le seul remède connu, le Silverthorn, ne pousse que dans une contrée lointaine et inconnue. Mais Arutha est décidé à tenter le tout pour le tout : accompagné d’un mercenaire, d’un troubadour, d’un jeune voleur, il part en quête. Pendant ce temps les forces d’un ancien et terrible Ennemi se rassemblent…

Après un résumé d’une dizaine de pages de MAGICIEN, bien utile pour se remettre dans le bain, Raymond Feist reprend son périple sur les traces de Tolkien. Publié en 1983, SILVERTHORN se conforme, en effet, à toutes les conventions de la High Fantasy établies par LE SEIGNEUR DES ANNEAUX (et revisitées par « Donjons & Dragons ») : puissant magicien, petite compagnie en maraude, Ennemi tout puissant s’apprêtant à resurgir, créatures monstrueuses de toutes sortes, prophétie, poison mortel, Elfes, Nains, etc. Les mâles sont tous intelligents et rusés, les femelles toutes belles à tomber par terre. Quelques touches de romance sont incluses et l’une ou l’autre dispute de couples amusent, les dialogues entre Carline et son ménestrel notamment.

Nous restons dans la continuité de MAGICIEN mais l’histoire s’avère ici moins complexe et plus linéaire. Ce n’est pas nécessairement un mal : le récit « coule » bien et permet de s’intéresser davantage à un nombre plus restreint de personnages. SILVERTHORN reprend de nombreux personnages déjà croisés mais ceux-ci jouent un rôle plus secondaire, laissant la place au prince Arutha et à Jimmy le voleur. Dès lors, le roman possède un côté « stand alone » et peut s’apprécier de manière quasiment indépendante, bien que des événements plus importants surviennent également, pavant la route au tome suivant.

L’ensemble constitue donc une plaisante Fantasy traditionnelle, disons même « old school », qui aurait sans doute mérité un petit toilettage : certains passages paraissent bien longuets et certains dialogues ne fonctionnent pas vraiment, paraissent clichés et manquent de naturel. Mais le souffle de l’aventure et l’une ou l’autre notes d’humour permettent de passer un bon moment en dépit des longueurs quasi inhérentes au genre.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy

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Publié le 1 Avril 2022

CONAN EPIC COLLECTION: OUT OF THE DARKSOME HILLS de Kurt Busiek

Auteur de MARVELS pour laquelle il obtient un Eisner Award, Kurt Busiek s’empare du personnage de Robert Howard au début des années 2000. A cette époque, les droits appartiennent à Dark Horse (ils reviendront ensuite à Marvel) et Busiek raconte la vie du Barbare à la manière d’une biographie. Il prend des libertés avec l’œuvre littéraire pour proposer sa propre interprétation du personnage. Cependant, Busiek adapte certains des récits les plus populaires de Howard, en particulier le bref « La fille du géant du gel » situé au début de son existence, et « Le dieu dans le sarcophage », une aventure en deux parties qui transforme Conan en détective pour résoudre un meurtre mystérieux dans un temple. Les scénarios, dans l’ensemble, sont très bons : que ce soient les adaptations de nouvelles de Howard ou les apocryphes de Busiek, tout fonctionne de belle manière et la lecture en est fort agréable. L’alternance de passages musclés, de fantastique et d’intimiste se montrent excellement effective et les effets de suspense sont, dans l’ensemble, bien gérés, et donnent envie de dévorer ce gros volume.

Le dessin se révèle, lui aussi, de fort belle qualité et immédiatement évocateur de l’univers violent du Barbare : beaux décors, scènes sanglantes,… Le lecteur est plongé dans l’ambiance ! Et puis Conan rencontre pas mal de femmes et celles-ci sont toujours sexy avec peu (ou pas) de vêtements, ce qui n’est pas déplaisant. Le personnage principal reste cependant Conan et ceux qui l’accompagnent se divisent en peu de catégories : les nymphettes assurent le bien mérité repos du guerrier, les amis de rencontre offrent une aide ponctuelle (mais bon, une trahison est toujours possible) et les ennemis méritent un bon coup de hache. Un monde simple. Barbare quoi. Conan, lui, possède à peu près toutes les qualités : puissant, agile, intelligent, rusé, charmant, passionné,…Une force vive de la Nature.

Ces 20 épisodes très divertissants se montrent donc à la hauteur des attentes : « la légende est de retour ! ». A suivre !

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Conan, #Aventures, #Comic Book, #Fantasy, #Marvel Comics

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Publié le 18 Février 2022

NAMOR THE SUBMARINER - MARVEL EPIC COLLECTION - ENTER THE SUBMARINER

Comme tous les recueils consacrés à un personnage - au-départ - secondaire (Moon Knight, Venom, Punisher,…), cette première intégrale des aventures de Namor s’avère quelque peu fourre-tout. En effet, il apparait clairement que la Maison des Idées ne sait pas vraiment quoi faire du protagoniste durant ses premières apparitions. Souverain des Sept Mers, il philosophe sur son trône aquatique, se la joue tyran sympathique puis décide d’attaquer la surface pour des motifs souvent futils. Dès le quatrième épisode des Fantastic Four, notre homme-poisson vient semer la zizanie, d’autant que Jane n’est pas insensible à son charme et décèle, sous la brutalité du conquérant, la noblesse du prince. Il importe donc de le stopper mais en rappelant au lecteur que notre simili Aquaman n’est pas vraiment méchant. Ce scénario ressert, sans grandes modifications, dans plusieurs aventures : Namor s’ennuie, se prend d’une colère envers le monde de la surface, attaque avec ses troupes, les FF interviennent, le match tourne au nul, Jane s’en mêle, l’Atlante s’attendrit et repart chez lui. Du coup Jane s’interroge, ne l’aime t’elle pas davantage que Reed ? Rendez-vous au prochain épisode du soap pour découvrir la suite de ce triangle amoureux. « Il vit selon un code différent que nous ne pouvons comprendre. Ce qu’il a fait c’était par amour » déclare notre blondinette. Bon d’accord mais en attendant, Namor provoque pas mal de dégâts collatéraux. Lors du premier annual des FF, l’intrigue reste, à nouveau, inchangée mais prend de l’ampleur, l’épisode étant adéquatement nommé « Sub-mariner vs the human race ». Dans d’autres épisodes, Namor tombe sous la coupe du Puppet Master, s’associe à Hulk ou à Fatalis, rejoint la Confrérie de Magneto et affronte, alternativement, les Avengers, les X-Men ou Daredevil. Bref, pour un mutant très intelligent (qui intègrera, bien des années plus tard, les Illuminati), Namor se laisse quand même facilement manipuler. Pas grave : quoique daté et répétitif, l’ensemble se lit agréablement. On excusera les dialogues parfois redondants ou le trop plein d’informations écrites alors que, souvent, les dessins (fort réussis dans un style rétro) se suffisent à eux-mêmes.

La dernière partie du recueil reprend les premiers numéros de « Tales to astonish ». Cette fois Namor est un véritable héros. Il part en quête et recherche le trident de Neptune afin de regagner son trône, usurpé par le vilain tyran Krang. Très classique avec son récit typique de la Fantasy mais agréable.

En résumé, ENTER THE SUBMARINER constitue une lecture plaisante en dépit du côté très inégal des histoires proposées, de leur côté répétitif et d’une naïveté aujourd’hui surannée mais excusable vu l’âge vénérable de ces comics sortis au début des sixties.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Comic Book, #Fantasy, #Marvel Comics

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Publié le 4 Février 2022

LE MYSTERE DU TRAMWAY HANTE de P. Djeli Clark

A l’occasion de L’ETRANGE AFFAIRE DU DJINN DU CAIRE nous avions lié connaissance avec les agents du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Toujours en Egypte et plus précisément au Caire nous retrouvons, en 1912, ces mêmes agents qui tentent de résoudre une nouvelle affaire. Ainsi Hamed Nasr et Onsi Youssef ont, cette fois, pour tâche de résoudre le problème posé par la hantise d’un tramway. Ils devront recourir à différents spécialistes pour conjurer l’entité présente dans le wagon 15 tandis que, dans les rues du Caire, gronde la contestation des suffragettes qui réclament le droit de vote.

P. Djeli Clark approfondit ici l’univers d’urban fantasy uchronique mâtiné de steampunk (oui, tout ça !) débuté dans L’ETRANGE AFFAIRE DU DJINN DU CAIRE : l’Egypte est devenue une grande puissance depuis qu’un sorcier a ouvert un portail. Mais, au passage, il a libéré dans notre monde différentes créatures magiques, certaines bienveillantes et d’autres non. Des enquêteurs du surnaturel sont chargés de combattre les entités maléfiques. Le duo de « détectives de l’étrange », joliment typé, associe classiquement un individu chevronné à un débutant tandis que l’intrigue combine, elle, policier et fantastique. L’utilisation des magies et mythologies orientales change agréablement de la sorcellerie occidentale mais le cadre reste traditionnel : l’irruption du surnaturel opère un profond changement sociétal. Ici, globalement, l’évolution est positive puisque l’Egypte connait un nouvel âge d’or de libertés. Seuls certains désagréments, consécutifs à la présence des créatures magiques, demande l’intervention de spécialistes. L’auteur observe également les changements dans les mentalités et l’importance grandissante des femmes dans la destinée du pays. Bien sûr cela perturbe certains individus, notamment l’un des deux détectives qui éprouve quelques difficultés à s’adapter au « nouveau monde ».

En peu de pages, LE MYSTERE DU TRAMWAY HANTE fonctionne de manière très efficace : aventure, fantastique, considération sociale, touche d’humour, intrigue policière,…de la bel ouvrage !

Après trois novellas réussies et bardées de prix, espérons que P. Djeli Clark confirme avec son passage au roman, toujours dans le même univers, via MAITRE DES DJINNS.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Roman court (novella), #Uchronie

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Publié le 11 Janvier 2022

A LA POINTE DE L'EPEE d'Ellen Kushner

Catalogué dans la « Fantasy », ce roman s’ancre surtout dans le domaine du « cape et épée ». Si le cadre relève de l’imaginaire, il pourrait en effet se situer dans une quelconque nation européenne existante. Richard Saint-Vière, un célèbre épéiste, gagne sa vie comme mercenaire : il vend ses talents au plus offrant et se charge de tuer ses adversaires en duel. Cependant, dans cette époque troublée où les intrigues se multiplient entre factions rivales, Richard aura fort affaire pour rester vivant et protéger son compagnon, l’étudiant fauché Alec, toujours prompt à s’attirer des ennuis.

Entre romance (gay), mélodrame, cape et épée, aventure et une touche de fantasy, A LA POINTE DE L’EPEE semble prometteur et les critiques se montrent, dans l’ensemble dithyrambique. Et, en effet, le début captive par une écriture talentueuse, accrocheuse, précise et ciselée. Hélas, il y a un « mais » : le roman, malheureusement, n’est pas exempt de défauts. Or, les critiques laudatives reçues donnent au lecteur des attentes très élevées. Trop sans doute. Car, en premier lieu, l’ensemble parait bien longuet. L’intrigue, minimale, se perd ainsi dans des circonvolutions « politiques » avec des rivalités entre nobles rivaux qui occupent une (trop) large portion des conséquentes 400 pages du bouquin. La relation entre les deux principaux protagonistes est heureusement réussie, vivante et crédible, ce qui permet de maintenir un minimum d’intérêt. Mais le cadre est beaucoup moins intéressant. On apprécie donc la romance développée entre ce maitre d’épée légendaire et ce petit jeune impulsif qui semble attirer les ennuis par son comportement puéril.

Hélas, ça ne suffit pas à passionner sur la (trop longue) distance. Pourquoi d’ailleurs ce choix d’un cadre « fantasy » qui, au final, n’apporte rien ? Quel intérêt à situer son intrigue dans un monde imaginaire si ce-dernier sert simplement de décor sans jamais être réellement exploré. D’ailleurs, A LA POINTE DE L’EPEE ne relève pas de la Fantasy a proprement parlé, le lecteur n’y retrouvant aucune des conventions habituelles. Le roman prend simplement place dans une période post-Moyenâgeuse alternative, une Renaissance différente où s’appliquent des règles complexes d’affrontements organisés sous forme de duels entre champions de l’épée. Mais l’autrice n’approfondit guère cet univers et ne livre que des informations éparses sur le fonctionnement de ces combats. Pourquoi, alors, n’avoir pas opté pour le roman historique pur et dur ? Au moins le lecteur aurait appris sa leçon de manière ludique, à la manière de l’excellent film de Ridley Scott « Les duellistes ».

Apparemment la mention « livre d’Histoire » effraie tandis que l’étiquette Fantasy attire. Ce ne serait pas dramatique si A LA POINTE DE L’EPEE ne manquait cruellement de palpitant. Bref, en dépit de quelques (indéniables) qualité comme la relation entre les deux héros et l’écriture soignée, ce roman (trop) attendu déçoit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #LGBT

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Publié le 23 Décembre 2021

SUR L'EPAULE DU GRAND DRAGON d'Alain Paris

Alan Paris poursuit sa vaste saga de la Terre Creuse avec ce troisième tome toujours aussi réussi. Nous sommes en l’an 802 du Reich, dans l’attente du retour du Premier (autrement dit Adolf) en messie au terme des milles ans prédits. L’intrigue se complexifie encore : Arno Von Hagen, toujours décidé à se venger, est devenu Seigneur des Runes. Une nouvelle mission lui est confiée : récupérer auprès des agents du Vril des cartes du monde. Il part donc à Nuremberg, poursuivi par la police secrète de la Sainte-Vehme. En effets, cette organisation refuse la thèse officielle concernant la mort de Nepomuk (dans le tome précédent) et interroge, à sa manière brutale, quelques individus. Entre également dans la danse le Stern, groupe résistant secret qui combat le Reich depuis des siècles.

Alan Paris poursuit sa vaste fresque dans une Europe uchronique entre médiéval fantastique et steampunk. La Sainte-Vehme, un mouvement extrémiste tient le monde dans sa main de fer, à la manière de l’Inquisition. La Fraternité des Runes se complait dans la guerre, le Vril se compose de pseudo-scientifiques partagés entre sciences exactes et superstitions. Le roman va à l’essentiel en dépit des manigances de nombreuses forces antagonistes. La priorité reste le divertissement et l’auteur ne se perd pas (heureusement !) dans d’interminables description de son « système ». Au lecteur de combler les manques et de reconstituer l’évolution de cet univers ayant dévié de sa route voici huit siècles. Le romancier évoque brièvement la situation du reste du monde, partagé entre divers « empires » mais l’essentiel demeure les rebondissements, l’action, le souffle de la grande aventure avec un sens de l’épique indéniable. Nous sommes à la croisée de bien des genres « populaires » : aventure donc mais aussi cape et épées, fantasy, uchronie, steampunk, science-fiction,…agrémenté d’une bonne dose de roman feuilleton avec toutes les conventions indispensables (cliffhanger, protagonistes qui entrent et sortent de l’histoire pour croiser la route du héros, retournements de situation, poursuites, duels, bagarres, mystère,…). Le vaste tableau d’Alan Paris prend encore davantage d’ampleur et ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler. Un bouquin précis, haletant, qui avance rapidement et ne cherche qu’une chose : offrir trois heures d’évasion sans le moindre ennui. Ce que devrait toujours être la littérature. En des temps encombrés de cycles « fantasy » interminables plus soucieux de décrire un château sur un chapitre (ou de préciser la couleur de la culotte de l’héroïne), la concision d’Alan Paris fait un bien fou. Et une fois le tome 3 terminé on n’a qu’une envie : entamer le suivant !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #science-fiction, #Uchronie, #steampunk

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Publié le 12 Décembre 2021

VIEUX DEMONS de Simon R. Green

John Taylor est un détective privé spécialisé dans la recherche d’objets perdus, un don né de ses origines puisque Taylor est natif du Nightside, le côté obscur ignoré de tous de Londres. Comme tous les privés, Taylor connait des fins de mois difficiles et l’arrivée de la très riche Joanna Barrett lui apparait donc comme providentielle. Joanna, en effet, lui propose une forte somme pour retrouver sa fille, adolescente fugueuse partit s’encanailler dans le Nightside. Taylor accepte donc de retourner dans ce territoire incertain…à ses risques et perils.

Avec ce premier tome de la saga Nightside, Simon Green n’invente rien mais démontre son talent évident pour sublimer ses influences. Son John Taylor (un hommage au bassiste de Duran Duran?) ressemble à John Constantine et il déambule dans un univers d’urban fantasy inspiré à la foi par le NEVERWHERE de Nail Gaiman et les classiques du polar comme LE FAUCON MALTE. Personnages peu recommandables, femme fatale entreprenante, magouilles, trahisons et rebondissements s’invitent donc tout au long de ses 250 pages de littérature divertissante plutôt bien troussée.

Le Nightside lui-même, quoiqu’à peine effleuré(laissons d’autres découvertes pour les prochains tomes), se montre convaincant avec son obscurité perpétuelle (il y est toujours 3 heures du mat’) et sa galerie de “freaks” déambulant dans ses ruelles inquiétantes. Plusieurs époques et lieux se côtoient avec plus ou moins de Bonheur dans ce quartier magique niché au coeur de Londres. Simon Green parsème l’intrigue de références plus ou moins évidentes, d’emprunts à la culture anglaise (celle, plus fantasmée que réelle ancrée dans l’inconscient collectif depuis “Chapeau melon et botte de cuir” ou “James Bond”) et d’arguments rock & roll, son héros rencontrant notamment le Dieu Punk du Rasoir ou s’enfilant une bière dans un pub bloqué à jamais dans les swingin’ sixties.

Mélange de polar façon série noire retro, d’urban fantasy horrifique gluante et d’humour bien senti, VIEUX DEMONS constitue une plaisante découverte, une lecture “facile” mais très agréable qui donne envie de se plonger rapidement dans la suite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Polar

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Publié le 15 Novembre 2021

JARDINS DE POUSSIERE de Ken Liu

Nouvelle valeur montante de la SF (on peut même, déjà, parler de valeur sûre), Ken Liu choisit le plus souvent la forme courte pour s’exprimer, comme en témoignait son anthologie fort récompensée, LA MENAGERIE DE PAPIER. Ce second recueil, JARDINS DE POUSSIERE, rassemble 25 nouvelles, assorties d’un avant-propos et d’une bibliographie, pour 544 pages de lecture. Il s’agit ici des nouvelles courtes, allant de deux pages à une quarantaine, les « romans courts » de l’auteur (le plaisant LE REGARD et le formidable L’HOMME QUI MIT FIN A L’HISTOIRE) étant par ailleurs disponibles dans la collection Une Heure lumière.

Certains des textes ici rassemblés ont été précédemment publiés dans diverses anthologies (« La fille cachée » dans EPEES ET MAGIE, « Sept anniversaires » dans le hors-série de la collection précitée « Une Heure lumière ») ou revues (« Souvenir de ma mère », « le Fardeau », « Une brève histoire du tunnel transpacifique » dans Bifrost qui a toujours mis en avant Ken Liu, « Long courrier » et « Nœuds » dans Galaxies), les autres sont inédits.

Après le court et poétique « Jardin de poussière », nous embrayons avec « La fille cachée », récit de Fantasy proche de la « chevalerie » des films Wu Xia Pian de la Shaw Brothers. « Bonne chasse » reste dans le domaine de la fantasy chinoise avec le personnage de la Renarde (vu dans pas mal de films) dont le héros tombe amoureux, à la manière des « Histoires de fantômes chinois ». Un récit agrémenté d’une réflexion sur le temps qui passe et la mort de la magie dans une ambiance steampunk. Autre réussite, « Rester » traite du monde d’après la Singularité, alors que la majorité de l’humanité a choisi de laisser mourir son corps physique pour ne plus exister qu’à l’état de simulation dans le cyberspace »…Nouvelle illusion ou immortalité ? Le récit s’intéresse surtout à ceux qui, comme le titre l’indique, on choisit de « rester » et de continuer à vivre physiquement…mais jusqu’à quand pourront-ils maintenir un semblant de civilisation ? Le recueil se poursuit sur d’autres récits qui évoquent la Singularité et le post-humanisme, envisageant un monde dans lequel 300 milliards d’humains ont été digitalisé et stockés pour une nouvelle vie éternelle. Le très court « Souvenir de ma mère » joue de la relativité du temps pour permettre à une mère atteinte d’un mal incurable d’accompagner sa fille tout au long de sa vie.

Plus léger mais tout aussi réussi, « Le Fardeau » montre des archéologues étudier une vaste saga épique découverte dans les ruines d’une lointaine planète. Bien que ses habitants aient disparus depuis un million d’années, le poème philosophique continue d’inspirer les Terriens et suscite même l’émergence de nouvelles religions basées sur cette sagesse ancestrale. Mais une jeune femme découvrira la vérité sur ce récit. Un récit très « âge d’or » (on imagine très bien les Grands Anciens comme Asimov ou Clarke tentés par le sujet) à la chute savoureuse.

Dans « Nul ne possède les cieux », un homme commet un sacrilège en disséquant un faucon sacré, ce qui va entrainer le de développer les dirigeables et assurer à son pays la suprématie sur les airs et de nombreuses victoires militaires.

 

La nouvelle uchronique « Une brève histoire du tunnel transpacifique » constitue une autre indéniable réussite avec ce monde qui a choisi, pour échapper à la Grande Dépression, de creuser un tunnel sous le Pacifique, donnant ainsi un emploi aux nombreux chômeurs.

La suite reste globalement de très bon niveau (« Dolly ») avec des interrogations très actuelles, notamment sur la discrimination positive (« Vrais visages » qui prouve l’absurdité de vouloir gommer son genre et son ethnie) mais aussi sur le clonage et les manipulations génétiques dans le but d’engendrer des hybrides humains / animaux (« Animaux exotiques »,) dignes du docteur Moreau. L’auteur parle aussi réchauffement climatique (« Message du berceau » et sa visite d’une Boston engloutie sous les eaux), transhumanisme (« Sept anniversaires » et ses humains débarrassés de leur identité corporelle pour devenir des avatars numériques immortels).

Quoiqu’il utilise des thèmes classiques et n’hésite pas à proposer une SF exigeante et « hard », Ken Liu ne renonce pas, pour autant, à l’émotion et au « sense of wonder », quitte à parfois vouloir « faire pleurer dans les chaumières » (« Dolly », « Animaux exotiques », « La dernière semence »,…). Mais pourquoi y voir un défaut ? La SF ne doit pas être toujours aussi froide que celle de Stephen Baxter ! Avec Ken Liu le lecteur éprouvera un panel d’émotions et de réflexions qui confirment la place de l’auteur chinois au sommet de son art. Si on aime la science-fiction, impossible de ne pas aimer Ken Liu et ce recueil imparable en constitue une nouvelle preuve.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Hard Science, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 21 Octobre 2021

LE MARAIS AUX SCORPIONS (DEFI FANTASTIQUE) de Steve Jackson et Ian Livingstone

Un Défi Fantastique qui ne manque pas de qualité mais souffre également de défauts. Première qualité : l’originalité du postulat permet, en quelque sorte, de vivre trois aventures en une seule puisque le joueur / lecteur a le choix de se placer au service d’un sorcier bénéfique, maléfique ou « neutre ». La mission à accomplir sera différente, tout comme le degré de difficulté.

Dans les trois cas, l’exploration du marais est plaisante et pas trop répétitive bien qu’il s’agisse essentiellement de se déplacer d’une clairière à une autre. L’auteur conseille de dresser une carte et c’est totalement indispensable pour avoir une chance de se retrouver dans ce véritable labyrinthe où les choix des points cardinaux sont innombrables (vous voulez aller au sud, au nord, à l’ouest ou à l’est ?). Les clairières sont également numérotées, ce qui facilitera l’élaboration du plan. Malgré tout il est hautement probable que le lecteur retourne plusieurs fois au même endroit. Là encore l’auteur a prévu la situation : si on a déjà exploré la clairière nous sommes guidés dans une autre direction. Bien pensé !

Le choix des pierres magiques au début de l’aventure est important mais il ne semble pas y avoir d’objet véritablement indispensables pour réussir le périple.

Parmi les défauts, l’un est lié à l’intrigue, l’autre au mécanisme de jeu. En effet, niveau intrigue nous sommes censés explorer un marais mais en réalité tout ça ressemble surtout à une forêt avec ses sentiers, ses clairières, etc. Niveau ambiance, le bouquin propose donc le minimum syndical. Au niveau du mécanisme de jeu le défaut principal reste l’obligation, une fois la mission accomplie, de reparcourir le marais en retraversant beaucoup d’endroits déjà visités et donc vide. De plus, les choix se limitent souvent à se diriger dans une dimension où une autre. Par contre, l’utilisation des pierres à bon escient donne tout son sel à l’aventure.

LE MARAIS AUX SCORPIONS reste un plaisant livre jeu et une mission que l’on peut accomplir avec un enfant assez jeune. Celui-ci sera surement heureux de pouvoir choisir quelle pierre utiliser, quelle direction emprunter, quel sorcier servir, etc. La durée de vie est élevée sans devenir lassante et la difficulté s’avère raisonnable : avec des stats correctes, un peu de chance (toujours importante dans le système Défis fantastiques) et des décisions logiques selon les rencontres l’aventure est réalisable sans devoir la recommencer inlassablement.

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Publié le 6 Octobre 2021

AZAZEL d'Isaac Asimov

Pour une de ses dernières créations, peu avant son décès, Asimov nous propose le gentil démon de deux centimètres Azazel (à moins qu’il s’agisse d’un extraterrestre venu d’une autre dimension ? La question reste posée), petite créature facétieuse mais pas vraiment méchante, capable d’exaucer bien des vœux. Pas en échange d’une âme (il ignore ce que c’est), mais simplement pour montrer sa puissance et lui permettre de s’occuper depuis qu’il a quitté l’enfer (un endroit très bien, contrairement à ce que disent les mauvaises langues). Le hic c’est qu’il finit toujours par causer des soucis à ceux qui lui réclame un service. D’où 18 nouvelles humoristiques assez courtes (une douzaine de pages en moyenne) qui démontrent l’art de la chute d’Asimov, le principe immuable étant, évidemment, qu’il ne faut jamais souhaiter quelque chose car on pourrait bien l’obtenir. Une seule thématique donc mais beaucoup de variations possibles, d’ailleurs Asimov écrivit par la suite d’autres nouvelles sur ce petit démon, réunies dans le recueil LEGENDES

La jeune fille amoureuse d’un athlète qui souhaite à son élu de devenir un champion, la cantatrice désirant devenir la meilleure chanteuse du monde, la femme qui veut immortaliser sur une photo le sourire ravageur de son époux,…Tous obtiendront leur souhait mais sans que leur situation n’en soit améliorée pour autant. Bien au contraire ! Autre classique du vœu, surtout pour les mâles : devenir irrésistible pour la gent féminine. Ce qui peut rapidement devenir épuisant. Voici quelques exemples des facéties de notre Azazel.

Toutes les nouvelles ne sont pas d’égale qualité. Jouant la carte de l’humour et de la dérision de manière un brin systématiques, certains textes tombent un peu à plat : leurs références ont vieilli ou les récits tirent un peu à la ligne (« les méfaits de l’humanité », par exemple). Mais d’autres fonctionnent parfaitement et combinent érudition, humour et imagination (« On est logique ou on ne l’est pas »), sans oublier une certaine autodérision d’Asimov vis-à-vis de lui-même et de son métier, comme quoi il n’avait pas toujours l’égo surdimensionné que mentionne ses détracteurs.

Recueil de pur délassement, AZAZEL permet donc au bon docteur de s’essayer à la Fantasy humoristique « à chute » avec beaucoup de verve et d’inventivité. Le peu de pages de chacune des nouvelles oblige l’auteur à écrire de manière très ramassée et donc efficace afin que le « gag » final ne traine pas. Une lecture aisée, facile et pourtant très plaisante grâce à l’imagination toujours aussi enlevée d’Asimov. Nous sommes sans doute loin de ses nouvelles les plus mémorables (« Quand les ténèbres viendront », « la dernière question », « L’homme bicentenaire ») mais le tout demeure une agréable lecture à déguster à petite dose par temps morose.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Humour, #Recueil de nouvelles, #Asimov

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