science-fiction

Publié le 15 Février 2024

UNE OMBRE POUR L'OMBRE JAUNE

Et un nouvel affrontement entre Bob et Mr Ming dans ce roman rythmé très axé sur la science-fiction. D’ailleurs, le premier quart du roman ne ressemble pas à une aventure de Bob puisque nous sommes à l’époque médiévale. Pour gagner le cœur de sa belle, un chevalier relève le défi de lui cueillir une rose qui ne se fanera jamais. Un magicien juif, en réalité un extraterrestre ayant pris cette apparence, l’aiguille vers une telle fleur, ce qui entraine des événements contrariant l’Ombre Jaune. Car la rose est, en réalité, le réceptacle du Strenght, un très puissant extraterrestre qui, dans un lointain futur, sera idolâtré tel un dieu.

Supposé mort (une fois de plus), Mr Ming s’est à nouveau dupliqué et agit à travers l’Histoire, se rendant au Moyen-âge pour remédier à la situation. D’où l’intervention de la Patrouille du Temps, dont les chefs demandent à Bob et Bill de le contrer. Ceux-ci refusent d’abord, estimant avoir suffisamment risqué leur vie à combattre l’Ombre Jaune. Mais lorsqu’ils apprennent que Sophia Paramount est partie investiguer à l’époque de la chevalerie, le dynamique duo se jette à son tour dans le temps…

UNE ROSE POUR L’OMBRE JAUNE appartient au « Cycle du Temps », un ensemble romanesque d’une douzaine de livres (rassemblés chez Lefrancq dans deux épais Omnibus) voyant l’intervention de la Patrouille du Temps (pas celle de Poul Anderson mais une déclinaison). Nous sommes au milieu des seventies et dans la période la plus science-fictionnelle de Bob : voyage dans le temps et l’espace, extraterrestre tout puissant, Ming littéralement immortel grâce à son duplicateur,…UNE ROSE POUR L’OMBRE JAUNE constitue donc un plaisant divertissement qui rassemble nos personnages favoris pour une aventure temporelle certes basique mais agréable pour les jeunes lecteurs.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Bob Morane, #Aventures, #Jeunesse, #science-fiction

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Publié le 30 Novembre 2023

DOC SAVAGE: LA TERREUR DU POLE SUD de Kenneth Robeson

Un Doc Savage dans la bonne moyenne mais quelque peu languissant, en particulier durant sa seconde moitié. Le début du roman fonctionne plaisamment et introduit un mystère efficace d’autant que Doc est supposé décédé dans un piège diabolique. La suite propose des voyages autour du monde jusqu’au Pôle Sud où le bouquin plonge frontalement dans le pulp avec des méchants utilisant leur super-science pour conquérir le monde.

Doc Savage reste l’archétype du divertissement rétro, au charme certes suranné mais finalement plaisant : la galerie de héros, leurs animaux de compagnie et leurs différents QG, sans oublier la Forteresse de Solitude de Doc, ses armes non léthales et ses techniques de « conversion » des méchants,…Tout ça démontre une imagination foisonnante et un art certain du récit feuilletonnesque. En dépit de certaines faiblesses évidentes, ce roman, comme la plupart des Doc Savage, avance à bonne cadence façon serial avec suffisamment de rebondissements pour ne jamais ennuyer le lecteur.

Difficile de développer davantage tant la série est fermement placée sur ses (bons) rails : la plupart des romans proposent une intrigue quasi interchangeable où se multiplie les attendus. Les disputes entre les compagnons de Doc, les répliques fantaisistes (« je suis superamalgamé »), les descriptions de l’entrainement de Doc ou de ses inventions…Tout ça se répète certes d’un roman à l’autre et pourtant le tout demeure plaisant et énergique. Du bon divertissement nostalgique à déguster en 2 ou 3 heures avec un whisky.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Pulp, #Roman de gare, #science-fiction, #Doc Savage

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Publié le 13 Septembre 2023

CLASSE TOUS RISQUES de Stephen King & Bev Vincent

Mitonnée par Stephen King et Bev Vincent, cette anthologie rassemble des récits sur le thème de l'avion…Comme le titre original est "flight or fright", on se doute que les voyages proposés vont mal se passer. Bref une lecture pas vraiment conseillée pour les aérophobes…Comme toute (bonne) compilation thématique qui se respecte, le bouquin comprend des classiques, des incontournables et des textes plus méconnus, voire rédigés spécialement pour cette occasion.

On trouve ainsi "L'horreur des hauteurs", une nouvelle écrite aux tous débuts de l'aviation (en 1913) par Arthur Conan Doyle et l'inévitable "Cauchemar à 20 000 pieds" de Matheson. Un récit très connu, adapté pour la série télévisée "La quatrième dimension" (et son penchant cinéma réalisé par George Miller) mais toujours agréable à (re)lire. Autre classique, "Raid aérien", de John Varley (adapté à l'écran sous le titre "Millénium" reste une excellente dystopie à base de terre polluée et de voyages dans le temps. Ray Bradbury se montre lui aussi de la partie via « La machine volante », un classique de 1953.

Le vétéran E.C. Tubb livre également l'intéressant "Lucifer" tandis que, parmi les plus jeunes, on signale Tom Bissell. Sa longue et percutante "Cinquième catégorie" convoque le thème très actuel de la légitimité de la torture dans la lutte contre le terrorisme. Beaucoup plus courte mais néanmoins réussie, "Deux minutes quarante-cinq secondes" de Dan Simmons démontre que l'auteur, spécialisé dans les textes très (mais alors très!) longs est capable de briller en moins de dix pages. Joe Hill mérite lui-aussi sa place avec l’excellent et complètement nihiliste « Vous êtes libres » au sujet des passagers d’un avion rattrapés par une guerre nucléaire.

Au milieu de ces récits fantastiques et de science-fiction, les anthologistes glissent une variante du meurtre en chambre close concoctée par le spécialiste Peter Tremayne, le bien nomme « Meurtre dans les airs » sur le thème des « WC étaient fermés de l’intérieur ».

Les deux anthologistes proposent de leur côté deux textes efficaces, l’amusant « Des zombies dans l’avion » pour Vincent et le très parano « L’expert en turbulences » pour le King.

Au final, une excellente anthologie puisque la quasi-totalité des nouvelles proposées sont au pire simplement intéressantes (à titre historique) et, pour la plupart, très réussies et agréables à lire.

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Publié le 5 Septembre 2023

JAG LE FELIN - JAG LE MONDE FRACTURE - TOME 1 de Zeb Chillicothe

Sous le pseudonyme de Budy Matieson, Christian Mantey livre au Fleuve Noir, au début des années 80, deux romans de science-fiction dans un style post-apocalypse: SURVIVANCE et SHEA, inspiré par "Mad Max" et ses déclinaisons littéraires comme L'AUTOROUTE SAUVAGE ou la saga du SURVIVANT.

Mantey revient sur le sujet en 1985 avec une nouvelle série située dans un monde similaire, JAG LE FELIN, pour laquelle il s'associe au Belge Pierre Dubois, le spécialiste des Elfes. Signé Zeb Chillicothe, la série connaitre 34 numéros, certains cosignés par Serge Brussolo, Joel Houssin ou quelques autres. Elle s'interrompt en 1995, l'auteur passant alors au semblable BLADE.

JAG LE FELIN constitue donc un bon post-apocalypse ou plutôt pré-apocalypse puisque celle-ci n'a pas encore eu lieu…mais sera définitive. L'univers se rétracte et se voit condamné à brève échéance…La civilisation s'écroule et les humains régressent, ce qui permet de développer un monde entre la Fantasy barbare à la CONAN, le médiéval fantastique, le western spagh' et le post-nuke façon Mad Max. Pas toujours pleinement cohérent mais certainement divertissant.

Les péripéties sont quelques peu prévisibles et traditionnelles mais nombreuses et plaisantes: rencontre avec un mentor qui finira assassiné, enlèvement par des bandits qui le réduisent en esclavage puis le vendent à un paysan, prise de muscle, combats féroces, lutte pour la liberté, etc.

La série propose quelques touches de violence ou d'érotisme mais cela reste léger pour du Gérard De Villiers. Le style se montre, lui, travaillé, avec un vocabulaire recherché et des tournures littéraires soignées, provoquant un contraste efficace entre les thématiques (du pur roman pulp dans la tradition des années '30) et les aspirations des auteurs. Une volonté évidente d'élever le propos.

Bref, JAG LE FELIN constitue un bon début pour la saga et ce "monde fracturé" qui se précipite vers sa fin annoncée en sombrant dans la violence et la barbarie. Dans son genre ("roman de gare action / SF"), une bonne pioche!

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Publié le 9 Août 2023

LE TEMPS D'UN SOUFFLE, JE M'ATTARDE de Roger Zelazny

Ecrite en 1966, cette longue nouvelle / très court roman de Zelazny s'intéresse, avec 50 ans d'avance, au thème de l'intelligence artificielle. Ici, un ordinateur très puissant s'interroge sur ce qui définit l'humanité.

Tout comme le fameux HOMME BICENTENAIRE d'Asimov, Gel, le super calculateur désire devenir humain. Cette quête l'occupe durant des siècles. Car l'Homme a disparu et la Terre a été ravagée par une catastrophe. Dès lors, avant de disparaitre, l'Homme a inventé des machines pensantes chargées de rebâtir le monde. L'une d'elle, Gel, la plus puissante, se questionne et utilise une partie de son temps libre afin d'en savoir plus sur ses créateurs. Qu'est-ce qu'une émotion, se demande la machine? Ce qu'il voit est-il de l'art ou du cochon?

En une cinquantaine de pages, Zelazny livre une réflexion globalement toujours pertinente sur les questions de l'humanité et de l'intelligence artificielle. Comme le texte précité d'Asimov ou d'autres de Simak à la même époque, l'auteur cherche moins le côté scientifique / technique / prophétique que l'émerveillement poétique du récit. Finalement, il traite plus de l'Homme (pourtant absent) que du robot.

Cette novella, parait-il la préférée de l'auteur, fut publiée une première fois dans le LIVRE D'OR consacré à l'auteur en 1983. Jamais rééditée depuis, elle est ici republiée assortie d'une série de commentaires sur le contexte de l'histoire et ses implications pour la science-fiction. Une belle initiative de la part de la collection "dyschronique" du Passager Clandestin qui permet de redécouvrir des textes oubliés de façon intéressante et ludique accompagnés de « bonus » souvent plaisants.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Novella (roman court)

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Publié le 27 Juillet 2023

DARWINIA de Robert Charles Wilson

Robert Charles Wilson est un des meilleurs écrivains de SF de notre époque, grand spécialiste des récits vertigineux basés sur le "high concept". On lui doit ainsi d'incroyables réussites comme SPIN, BLIND LAKE ou LES CHRONOLITHES, entre hard science et sense of wonder. L'auteur part souvent d'une idée forte, susceptible de développements immenses et d'intrigues incroyablement surprenantes. Une fois encore DARWINIA démarre très fort: dans cette uchronie, l'Europe disparait complètement en 1912. Où sont passé les habitants, les villes, les bâtiments? Personne ne le sait. A la place du continent disparu existe à présent la Darwinie, une terre inexplorée que vont tenter d'explorer, puis de coloniser, les humains.

Avec DARWINIA, le romancier décloisonne les genres: aventures, roman historique, romance, uchronie, science-fiction, voire fantasy…Tout parait donc pour le mieux…oui mais, en fait, l'ensemble peine quelque peu à convaincre. Nous avons, d'un côté, les aventures d'un jeune candide, le photographe Guilford Law, partit découvrir ce nouveau monde avec sa faune dangereuse, sa flore étrange, ses mystères, etc. Un récit façon "monde perdu" dans la lignée de Burroughs (fréquemment mentionné dans le texte) ou même de Verne (idem). Mais, l'auteur s'intéresse également à l'épouse (qui se croit veuve) du héros, laquelle refait sa vie de son côté. Et à un étrange personnage habité par une sorte de dieu extraterrestre. Ces trois lignes narratives sont entrecoupées par une série d'interludes métaphysiques, philosophiques et, surtout, un peu abscons et inutiles.

DARWINIA n'est pas un mauvais roman, loin de là, et certaines idées sont mêmes brillantes avec des questionnements sur l'immortalité, la place de la religion (plus à même de pouvoir "expliquer" ce "miracle" que la science, totalement larguée) mais l'ensemble reste un brin boiteux. Le bouquin semble se perdre dans les différentes pistes évoquées et l'uchronie laisse à désirer: certes l'Europe a disparu et la Darwinie devient une sorte de colonie des Etats-Unis tout puissants mais que se passe t'il dans le reste du monde?

Le roman s'annonçait comme une "simple" aventure uchronique où une poignée d'explorateurs allaient découvrir un continent nouveau mystérieux. Wilson fait plus que ça et cette partie n'occupe, en réalité, qu'environ un tiers du récit. Hélas le reste n'est pas aussi intéressant que prévu: trop de digressions, une intrigue à base de dieu extraterrestre poussive et des interludes nourris de techno babillages épuisants. On en ressort donc plus déçu que convaincu même si le talent de l'auteur sauve globalement les meubles: à condition de survoler les insupportablement ennuyeux "interludes", DARWINIA reste un honnête roman de science-fiction. Mais, de la part de Robert Charles Wilson, on espérait mieux.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Uchronie

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Publié le 6 Juin 2023

L'ENFANT QUI GROGNAIT de John Coyne

Romancier spécialisé dans l'horreur, John Coyne a été peu traduit chez nous (quatre romans dont la novélisation de "Psychose Phase 3") mais L'ENFANT QUI GROGNAIT démontre une imagination assez délirante. L'intrigue se situe dans une typique petite ville de banlieue américaine dans laquelle, normalement, il ne se passe jamais rien. Or des meurtres d'enfants surviennent et une séduisante médecin célibataire, Sara, mène l'enquête. Par la suite, elle est attaquée par une force surnaturelle qui lui donne des orgasmes dévastateurs (!), lesquels deviennent de plus en plus violent au point de menacer de la tuer. Sara se rend compte que la plupart des femmes de la ville connaissent de semblables…expériences. Se pourrait-il que tout soit lié à la présence d'une jeune fille autiste qui "grogne" de manière menaçante?

John Coyne mêle ici plusieurs thématiques assez originales: outre les "orgasmes tueurs venus d'ailleurs", nous avons une autiste transformée en ordinateur vivant par des extra-terrestres, un temple druidique enterré et des théories pseudoscientifiques où intervient la télékinésie et les Anciens Astronautes. Le tout se montre plutôt plaisant et souvent divertissant. Bien sûr, l'auteur part dans tous les sens, ne semble pas toujours sûr de la manière dont il va retomber sur ses pattes (et parfois n'y arrive pas vraiment) mais avance tout de même sans se démonter, adoptant parfois une attitude "plus c'est gros plus ça passe" pour faire clopiner son récit, bon gré mal gré. Pressé par le temps (et les 250 pages reglementaires), il accélère pied au plancher dans les 50 dernières pages et fonce vers sa conclusion science-fictionnelle quasi apocalyptique. Pratiquement du X-Files avant l'heure et une classique fin ouverte sous forme de "watch the skies! Watch the skies!".

Avec L'ENFANT QUI GROGNAIT, Coyne ne cherche pas à pondre un chef d'œuvre mais simplement à livrer un divertissement rondement mené entre épouvante, science-fiction et thriller, sans oublier l'inévitable romance. Très agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #J'ai lu Epouvante, #Fantastique, #Horreur, #science-fiction

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Publié le 3 Juin 2023

Rédigé par hellrick

Publié dans #Novella (roman court), #science-fiction, #Humour, #Dystopie

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Publié le 22 Mai 2023

DARKFALL de Stephen Laws

Apparu sur la scène fantastique durant les glorieuses eighties, le Britannique Stephen Laws a publié de nombreux romans dont une demi-douzaine furent traduits chez nous. Des bouquins classiques mais efficaces et rondement menés, entre thèmes traditionnels et passages gore, tels LE VEUR ou TRAIN FANTOME. Situé durant la nuit de Noel, DARKFALL place une poignée de protagonistes dans un immeuble pour une soirée de festivités et de beuveries. Mais, suite à une étrange tempête, nos fêtards disparaissent. Que leur est-il donc arrivé ? C’est la question à laquelle une équipe de spécialistes des phénomènes paranormaux va tenter de répondre.

DARKFALL emprunte plusieurs chemins : polar, thriller parano-conspirationniste, action en huis clos, science-fiction et horreur indicible, sans oublier une pincée de romance. Une sorte de croisement entre X-Files et Lovecraft qui rappelle quelque peu le film « Philadelphia Experiment » ou les bouquins SPECTRES de Dean Koontz, BRUME de Stephen King et DEMENCES de Graham Masterton. Il y a pire références.

Malheureusement, si la première moitié fonctionne très plaisamment, la seconde partie du roman parait beaucoup plus routinière. Les réponses ne sont pas toujours à la hauteur des questionnements esquissés dans les précédents chapitres et les personnages semblent trop caricaturaux et clichés pour convaincre complètement.

DARKFALL est une belle réussite durant environ 200 pages puis le roman perd don énergie, son rythme et, pour tout dire, une bonne part de son intérêt. Ce qui avait débuté comme un récit d'épouvante angoissant et tendu devient une sorte de gloubi-boulga science-fictionnel aux frontières de la parodie. Stephen Laws a livré de bien meilleurs romans que ce DARKFALL au final décevant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Fantastique, #science-fiction, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 16 Avril 2023

L'OEUF DU DRAGON de Robert Forward

Originellement publié en 1980 aux Etats-Unis, ce roman fut par la suite édité en France chez Ailleurs et Demain en 1984 et en poche en 1990. Il est cette fois réédité chez Mnemos agrémenté d'une série d'indications techniques sur l'univers développé et d'une interview de la fille de l'auteur, décédé en 2002. Le récit se situant à l'origine en 2020, les dates ont été légèrement modifiées pour rester dans un "futur proche".

Ce roman est de la pure Hard Science avec les qualités et les défauts inhérents au genre. L'intrigue traite d'un corps céleste détecté dans le système solaire. Une expédition part à sa rencontre et découvre une civilisation intelligente. Jusque là pas de grande originalité, nous sommes dans le classique "premier contact" cher à le SF. Oui mais…sur ce corps céleste, en réalité une étoile à neutron de 20 km de diamètre à la densité inimaginable, une civilisation s'est développée. Ses minuscules habitants, les Cheelas, le temps s'écoule relativement un million de fois plus vite que sur Terre. Difficile, dès lors, de communiquer avec des êtres dont l'existence entière, pour un humain, semble ne durer que 30 minutes. Pourtant, il y aurait surement beaucoup de choses à tirer de cette civilisation qui progresse également un million de fois plus vite que la nôtre. Des tribus idolâtres peinant dans le désert à la propulsion supraluminique, les cheelas parcourent l'échelle de l'évolution… en quelques jours "terriens".

L'ŒUF DU DRAGON est un bouquin parfois passionnant et parfois rébarbatif. La moitié du récit se consacre à l'évolution des cheelas, ce qui se montre tour à tour intéressant et convenu, avec l'émergence d'une religion organisée, les expéditions d'exploration, etc. Les créatures fascinent avec leur douze yeux, leur apparence de crêpes aplaties de quelques millimètres, leurs nombreux pédoncules, leur sexualité active et leur découverte des bases mathématiques, sur une base douze. Malgré la différence radicale entre les Humains et les cheelas, Forward joue donc la carte d'un certain anthropomorphisme pour nous rendre acceptable son récit. L'Histoire des cheelas mimique ainsi la nôtre, avec ses tentations dictatoriales et sa religion monothéiste basée sur une étrange bénédiction (un balayage laser) et un prophète qui se déclare Elu de Dieu.

L'écriture de Forward est typiquement hard science: si les concepts sont ici abordables, la manière de les présenter n'est pas toujours évidente pour le lecteur "de base". Les dialogues s'avèrent rudimentaires, en particulier du côté des humains, pas spécialement attachants. Nous avons un équipage ultra éduqué, multiculturel et, autant le dire, interchangeable. Ils n'ont guère d'intérêt, les cheelas se révélant nettement plus intéressants.

Durant les trois quarts du roman, la lecture reste ardue, pas tellement en raison de la complexité scientifique (le bouquin demande de l'attention mais se suit sans difficulté particulière) mais de cette écriture sèche et exempte de poésie ou d'envolée littéraire. Le "sense of wonder" attendu se manifeste néanmoins dans les derniers chapitres, lors du premier contact entre les Humains et les cheelas. Le bouquin semble un brin longuet: le début est excellent, le dernier tiers formidable avec le dépassement de l'humanité par les cheelas mais Forward se perd souvent dans des détails superflus. Le récit aurait probablement mieux convenu à une novella qu'à un roman de plus de 300 pages…

Gros classique, L'ŒUF DU DRAGON possède surtout une idée géniale et bien développée, cette différence temporelle apparemment impossible à combler entre deux espèces en outre radicalement différentes. Si le lecteur pouvait espérer une intrigue plus prenante, le roman demeure, en dépit de ses longueurs, une pièce importante de la science-fiction.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #science-fiction, #Prix Locus

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