science-fiction

Publié le 4 Octobre 2022

L'AVENTURE DE LA CITE ULTIME de Sylvie Denis

Les pastiches de Sherlock se multiplient de manière exponentielle ces dernières années, le personnage étant tombé dans le domaine public. Il a également été « réactivé » de manière moderne par les deux très réussies séries télévisées « Sherlock » et « Elementary », sans oublier les films avec Robert Downey Jr.

Sylvie Denis y apporte sa touche avec ce récit science-fictionnel respectueux. En une cinquantaine de pages, l’autrice emmène Sherlock et Watson dans un très lointain futur. Un petit paradis, apparemment, où nul ne se presse et où tous flânent dans une complète nonchalance. La semaine de 12 heures laisse, effectivement, beaucoup de temps pour se divertir. De plus, tout le monde vit en paix, les meurtres ont disparus, la guerre également. Bref, nous sommes dans l’univers de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS de Wells à la différence que les Morlocks n’existent pas. Et pourtant, dans cet Eden, l’impensable s’est produit : des crimes sadiques l’ensanglantent et – horreur – les victimes sont de plus en plus jeunes. Une gamine vient d’être d’ailleurs découverte la gorge tranchée. Mais dans ce lointain futur où n’existent plus ni police ni détective qui pourra résoudre cette énigme ? La réponse semble évidente : Sherlock Holmes, tiré de son appartement londonien dans lequel il vivotait dans l’ennui et la cocaïne. Aidé de Watson, il va effectuer un grand bond dans le temps pour résoudre le mystère. Quitte à se montrer trop perspicace.

L’AVENTURE DE LA CITE ULTIME plonge le limier dans un univers différent et déstabilisant. Watson estime d’ailleurs que, dans ce monde futuriste, sa fameuse méthode sera inefficace. Bien sûr, le prince des détectives réussit à détromper le médecin débonnaire. Si la solution parait attendue, le dépaysement fonctionne et le rythme alerte empêche tout ennui. On eut aimé que Sylvie Dénis développe davantage le background de son « futur foutraque » (le titre du recueil dans lequel cette nouvelle – initialement publiée dans Bifrost – a ensuite été incluse) mais le lecteur passe un bon moment avec ce plaisant pastiche. Il y a certes de meilleurs « faux Sherlock » mais il y en a aussi beaucoup de bien moins réussis.

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Publié le 25 Septembre 2022

VERS LES ETOILES de Mary Robinette Kowal

Avec son triplet magique (Hugo, Nebula, Locus), VERS LES ETOILES titille l’amateur de SF. Le résultat se montre t’il à la hauteur des attentes ? Globalement… oui mais avec plusieurs réserves. Nous sommes en présence d’une uchronie proche de la série « For all manking » : la course à l’espace doit être accélérée. Si, dans la série précitée, il s’agit d’une simple rivalité entre les USA et les Russes, ici la motivation s’avère plus sérieuse : la survie de l’Humanité. Mais dans les deux cas, le récit se braque sur les femmes et montre leur contribution à la conquête spatiale, notamment via les « calculettes », déjà évoquées par le film « Les figures de l’ombre ».

En 1952, une météorite détruit Washington et dévaste une large portion des Etats-Unis. Des millions de morts, encore davantage de réfugiés. Elma York, génie des mathématiques juive, et son mari Nathaniel échappent à la mort et s’installent dans une base militaire. En étudiant le phénomène, ils se rendent compte que l’Humanité est condamnée à disparaitre : une élévation sans précédent des températures va envoyer les Hommes aux côtés des dinosaures en tant qu’espèce éteinte. Pour la Terre, il n’y a plus rien à faire si ce n’est limité les dégâts du réchauffement climatique pour gagner quelques années. La seule solution réside donc dans la course à l’espace : recruter et former des astronautes pour coloniser la galaxie. Bien sûr le projet nécessite des femmes. En dépit des réticences des autorités, Elma est décidée à participer ! Malgré son anxiété maladive dès qu’elle doit parler en public elle va élever la voix afin de devenir la première Lady Astronaute.

L’uchronie débute après la seconde guerre mondiale : Dewey est élu président à la place de Truman en 1948. Mais l’événement qui chamboule radicalement l’Histoire se produit quatre ans plus tard : la chute d’une météorite raye de la carte une large part des Etats-Unis. Dès lors, la course à l’espace s’accélère avec pour premier objectif d’installer, pour commencer, une base lunaire. Pas pour la gloire mais parce qu’il s’agit de l’étape nécessaire pour permettre à l’humanité d’essaimer dans le système solaire. Voire plus loin. Vers les étoiles.

Roman intéressant par sa reconstitution historique « alternée », VERS LES ETOILES souffre cependant de pas mal de longueurs. Les « problèmes personnels » de l’héroïne occupent une (trop ?) large place et mettent souvent au second plan la conquête spatiale proprement dite. L’opposé du très technique (et un peu ennuyeux) VOYAGE de Stephen Baxter. Cela dit, ici aussi on s’ennuie parfois. La seconde moitié du roman souffre d’un gros ventre mou…L’aspect post (et pré !) apocalypse semble oublié, les conséquences de la chute du météorite peu évoquées, si ce n’est par quelques brèves scènes (émeutes d’affamés) et de courts textes, en forme d’articles de journaux, introduisant les différents chapitres. Beaucoup de pages se consacrent aux problèmes d’Elma, de son agoraphobie / anxiété, des relations avec son époux (compréhensif), de sa fatigue, etc. Le tout est également très manichéen : la jeune et jolie Juive super intelligente doit s’imposer face aux mains baladeuses et à l’opposition systématique de l’inévitable homme blanc d’âge mûr fier de sa supériorité machiste. Ce centrisme sur le personnage d’Elma pose d’autres problèmes : que se passe t’il dans le reste du monde ? La catastrophe a forcément eu des conséquences dramatiques pour toute la planète mais l’auteur se cantonne presque uniquement aux USA. On apprend simplement que d’autres pays tentent également de conquérir les étoiles et, shocking !, que la France ne parvient plus à produire du bon vin. A part ça, rien.

Mary-Robinette Kowal court plusieurs lièvres à la fois. A l’aventure spatiale (façon « l’étoffe des héros ») s’ajoute de longues considérations notes sur la condition de la femme et des Noirs dans l’Amérique des années ’50. Nul doute que cela lui a permis de décrocher Hugo et compagnie. Cependant la science-fiction reste la portion congrue : si on se dirige vers les étoiles, on est loin d’y aller. Il faut attendre les derniers chapitres pour que le roman décolle réellement, au propre comme au figuré. Sur 560 pages, le tout patine et aurait facilement pu être allégé d’une centaine de pages pour lui donner davantage de rythme.

Pourtant, en dépit de tous ces défauts, VERS LES ETOILES reste un « bon bouquin » : si on bataille parfois en se disant qu’il faudrait accélérer cette course à l’espace, l’ampleur du récit possède suffisamment de « sense of wonder » pour soutenir l’intérêt quelque peu défaillant. Les 150 premières pages et les cinquante dernières sont suffisamment prenantes et réussies pour compenser les grosses faiblesses de la partie centrale. Du coup, on ressort de la lecture quelque peu déçu mais en se disant qu’on poursuivra éventuellement le voyage, VERS MARS ou SUR LA LUNE.

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Publié le 8 Septembre 2022

DOCTOR WHO - TIME LORD VICTORIOUS: ALL FLESH IS GRASS de Una Mc Cormack

Suite et fin du méga crossover « Time Lord Victorious ». Pour les lecteurs, les romans seuls ne peuvent donner qu’une fraction de l’intrigue mais suffisent à embrasser le tableau global de cette vaste histoire dans laquelle le Docteur défie la mort elle-même.

Le Huitième Docteur, embarqué dans un vaisseau Dalek, et son successeur, Neuf, à bord d’un navire cercueil plein de vampires tentent de stopper Dix, lequel veut arrêter les Kotturuh, autrement dit supprimer la Mort et devenir enfin le Seigneur du Temps Victorieux. Mais que deviendra le futur une fois cela accompli ?

ALL FLESH IS GRASS est un récit rapide, sans prétention, vite lu et plutôt agréable, dans la tradition de ces nombreux romans dérivés de séries à succès. Il succède au roman THE KNIGHT, THE FOOL AND THE DEAD (et à de nombreux produits dérivés : nouvelle, récits audio, escape game, etc.) et résout, en quelques pages, le cliffhanger des trois Docteurs en plein « mexican stand off » spatial. La suite nous montre nos héros tenter de réparer les dégâts antérieurs.

En 199 pages, l’auteur concentre un maximum de matière en un minimum d’espace : vampires, aliens destructeurs, Daleks, paradoxes temporels et pas moins de trois Docteurs. D’où un rythme quasi frénétique. On eut même apprécié que le bouquin se permette de ralentir un peu pour davantage « se poser ». Mais on se console par l’énergie du récit.

Si le crossover n’est pas complètement à la hauteur des attentes, le lecteur passe néanmoins un bon moment en suivant les aventures de nos trois Docteurs décidés à empêcher l’Apocalypse et à devenir, ni plus ni moins, les vainqueurs de la dernière grande guerre du temps. Un peu inconséquent mais plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Doctor Who, #Space Opera, #Voyage dans le temps, #science-fiction

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Publié le 7 Septembre 2022

LADY ASTRONAUTE de Mary Robinette Kowal

Mary Robinette Kowal, né en 1969, signe une première tétralogie (« Jane Ellsworth ») avant d’obtenir la reconnaissance grâce à sa série consacrée à la « Lady Astronaute ». Pour l’instant, le cycle se compose de trois romans (dont VERS LES ETOILES lauréat des Hugo, Nebula et Locus) et de ce court recueil de cinq nouvelles. En 128 pages, l’auteur nous propose donc cinq récits (dont un ultra bref), à commencer par « Nous interrompons cette émission » qui relate la destruction de Washington par un astéroïde détourné de sa course par un mégalomane. La suite, « L’expérience Phobos », s’intéresse à une expédition sur les lunes de Mars. « Le Rouge des fusées » traite de la tentative de proposer un feu d’artifice sur la planète rouge avec les clins d’œil attendus (le dôme protecteur Bradbury) et une thématique moins science-fictionnelle qu’émouvante : un homme retrouve sa mère et se rend compte du temps qui passe.

Elma York, alias la « lady astronaute », boucle le recueil dans une nouvelle récompensée par le Hugo. Sexagénaire, Elma veille sur son époux en train de mourir d’une longue maladie. De quoi la décourager d’accepter de partir, une dernière fois, vers les étoiles. L’intrigue science-fictionnelle, basée sur une conquête de l’espace uchronique, constitue une simple trame de fond pour un récit humaniste sur la fin de la vie et le renoncement à ses rêves. Encore une fois, le temps qui s’écoule, le renoncement et la vieillesse sont le cœur de l’œuvre mais l’emballage SF n’en est pas moins soignée.

Un recueil de nouvelles (vaguement liées entre elles par l’univers et les thèmes abordés, en particulier l’écoulement du temps et les difficultés d’y faire face) intéressante mais dont on retiendra surtout l’excellente histoire qui lui donne son titre, le reste étant plus dispensable sans être désagréable. Une bonne introduction à l’univers de la « lady astronaute ».  

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Publié le 25 Août 2022

BARRAYAR de Lois McMaster Bujold

La suite des aventures de Cordelia nous emmène sur Barrayar en compagnie de son époux, Aral Vorkosigan. Ce-dernier est nommé régent jusqu’à la majorité du jeune Empereur. A priori, l’existence semble sourire au jeune couple excepté les piques lancées par le père d’Aral. Mais un attentat blesse Cordelia, enceinte, mettant en péril son futur enfant. Et la guerre civile est déclarée par les opposants du régent.

Ce troisième tome, dans la continuité de CORDELIA VORKOSIGAN, reprend le schéma space opéra / planet opéra : intrigues de cours, romance, révolution de palais, affrontements entre factions rivales, etc. L’auteur mêle adroitement l’action, l’humour et le côté romantique sans trainer en route (contrairement à beaucoup de ses collègues de la Fantasy) et maintient un rythme enlevé sur près de 450 pages. Une première moitié centrée sur l’opposition entre Cordelia et son beau-père, une seconde plus mouvementée occupée par la révolution lancée par un noble prêt à tout pour accéder au pouvoir.

Récompensé par un prix Hugo mérité, ce nouveau volume rend ainsi accessible une science-fiction ambitieuse, de grande ampleur et politisée. Loin de la hard-science, Lois McMaster Bujold s’intéresse surtout à ses personnages, en particulier Cordelia, nouvelle arrivée sur Barrayar qui découvre, en même temps que le lecteur, les mœurs de cette planète. Mais le reste des protagonistes mérite également le détour et sont fort bien brossés.

Le style, pour sa part, reste fluide et agréable, privilégiant les dialogues pleins de réparties et de dynamisme, avec suffisamment de touches humoristiques pour rendre le roman facile à lire. Un véritable blockbuster de la SF, façon page-turner, qui se déguste avec bonheur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Hugo, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 23 Août 2022

LE TESTAMENT D'UN ENFANT MORT de Philippe Curval

Nouvelle assez réputée de Philippe Curval, originellement publiée en 1978, ce récit imagine le regard que porte un enfant encore à naitre sur le XXIème siècle. Or celui-ci n’est pas joyeux. Résultat, les fœtus ne veulent plus naitre. Ils vivent une maturation accélérée avant de mourir d’une sorte de « suicide ». Un chercheur veut découvrir les causes de ces morts mystérieuses afin de remédier au problème. Il entre dans les pensées d’un de ces bébés, surnommés hypermaturés, et la nouvelle nous donne ainsi à voir le point de vue du foetus.

Fin des années ’70, Curval succède à Pierre Pelot (et à son roman FŒTUS PARTY) pour livrer sa propre version du « bébé qui refuse de naitre ». L’enfant n’est plus roi, le bébé n’est plus sacré. Le cinéma nous avait déjà donné « Rosemary’s Baby » et « Le monstre est vivant », la littérature nous le confirme.

On entre ainsi dans les pensées du petit être en devenir pour explorer son rapport au monde. Le texte, court, convoque les sciences sociales et humaines tout autant que la science-fiction spéculative, pour un pamphlet assez déstabilisant.

Le tout donne une nouvelle marquante par son thème (qui pousse forcément à la réflexion) mais pas toujours passionnante à lire. En réalité, le tout est assez rébarbatif (à mon sens) et surtout entièrement dédié à « l’idée » (au contenu), bref c’est davantage un texte socio-politique qu’une intrigue vraiment développée. Un défaut assez récurent dans la SF française « engagée » des années 60 / 70.

Néanmoins, par sa brièveté, le tout se lit sans déplaisir et, comme d’habitude, la collection adjoint à la nouvelle proprement dite des informations contextuelles pertinentes. Autrement dit, un beau petit objet pour les amateurs de curiosités littéraires.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction

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Publié le 18 Août 2022

CORDELIA VORKOSIGAN de Lois McMaster Bujold

Lois McMaster Bujold entame réellement sa saga après le préquelle OPERATION CAY et délivre un space opéra bien mené, rythmé, efficace, qui a le bon goût de ne jamais se délayer dans d’inutiles digressions. 316 pages et basta ! Du coup, l’intrigue avance sans ralentir en nous présentant Cordélia Naismith de la colonie de Beta. La voilà propulsée au cœur d’une guerre absurde contre les forces de Barrayar menées par le terrible seigneur Aral Vorkosigan, surnommé le « Boucher de Komarr ». Mais Cordélia découvre que Vorkosigan n’est peut-être pas le militaire sadique et meurtrier qu’elle pensait. Se pourrait-il qu’elle en tombe amoureuse ?

CORDELIA VORKOSIGAN est un space opéra écrit par une femme et dont la principale protagoniste est une femme. Les fans de SF s’effraient déjà : ce sera mièvre et bourré de romance. En fait pas du tout ! Même si l’histoire d’amour entre les deux « ennemis » occupe une large portion du récit, le roman n’en oublie pas l’action, les combats spatiaux, les affrontements virils, etc.

Le bouquin se découpe en trois parties : la première raconte la première rencontre entre Cordélia et Aral sur une planète inhospitalière où ils vont devoir s’associer pour survivre. La seconde voit Cordélia accusée du crime d’une commandant barrayaran sadique tout en étant soupçonnée de trahison par les Bétans. Enfin, nos héros finissent encore par se retrouver alors qu’ils touchent tous les deux le fond avec dépression et addictions.

Lois McMaster Bujold développe ses personnages, tous bien brossés et attachants, son univers avec ses différentes planètes aux coutumes et mœurs parfois déstabilisantes. Elle oppose d’ailleurs les conceptions de Barrayar et de Beta sur les questions sociales, politiques, etc. sans prendre vraiment parti. La romancière critique les deux mais sans forcer le trait et en jouant souvent sur l’humour. Le tout avec une plume fluide et très agréable, quasiment dégraissée de toutes longueurs rébarbatives. Le lecteur s’imprègne de ce vaste univers en douceur, par petites touches intégrées au récit sans passer par de larges portions descriptives. « Show, don’t tell » !

A la fois hommage à la science-fiction d’antan par ses thématiques (conflits planétaires, intrigues de cour, complots et trahisons,…), roman d’amour gentiment féministe, étude de personnages impeccablement décrits et critique sociétale teintée d’humour, CORDELIA VORKOSIGAN constitue le début d’une très vaste saga. Un classique fort bien écrit et traduit avec des dialogues souvent alertes et qui « sonnent » vrais. Bref, un incontournable !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hautement recommandé, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 6 Août 2022

FUTURS PAS POSSIBLES présenté par Isaac Asimov

Isaac Asimov présente…divers futurs possibles. Un nom porteur pour des anthologies d’intérêt variable mais qui eurent le mérite de présenter une poignée de nouvelles au grand public. Ce recueil comprend sept textes et quelques grands noms de la SF. Ils furent généralement publiés, en VO, dans le magazine d’Asimov, d’où la « caution » apportée par le Bon Docteur.

« Dilemme » joue ainsi la carte de l’humour et de l’hommage à Asimov. Signé Connie Willis, on le retrouvera également dans LES FILS DE FONDATION. Ce petit récit plein d’humour égratigne affectueusement le très prolifique Bon Docteur et propose un plaisant « name dropping » des géants de la SF de l’âge d’or.

En parlant de géant, Silverberg ne démérite pas avec « Jouvence », récit de la quête de la fontaine miraculeuse. Un mélange de SF et d’aventures historiques fort convaincant.

George Alec Effinger propose ensuite une nouvelle, « Le cyborg sur la montagne », situé dans son univers fétiche, celui d’un Moyen Orient futuriste et cyberpunk. Un texte entre anticipation et polar d’action typique de l’auteur mais rondement mené. Du bon boulot en peu de pages.

« Loterie macabre » de S.P. Somtow détonne dans ce recueil avec une intrigue entre fantastique et épouvante : deux jeunes ados, en Thaïlande, s’apprête à passer la nuit dans un cimetière afin qu’un fantôme leur donne les numéros gagnants de la loterie. Pas mal et indéniablement exotique, notamment en ce qui concerne les coutumes, superstitions et légendes locales.

Deux autres textes, plus longs, sont signés Tiptree et Charles Sheffield mais la pièce de résistance reste la courte et excellente « le jour où les ours ont découvert le feu » de Terry Bisson. Récompensé par le Hugo, le Nebula, le Locus, le Sturgeon et le Asimov (excusez du peu !), voici une nouvelle où la SF sert simplement de décor (à la suite de l’événement décrit dans le titre) pour un récit intimiste d’une grande originalité.

Comme toutes les anthologies de ce style, il y a donc à boire et à manger mais, dans l’ensemble, les textes rassemblés ici sont d’une grande qualité et méritent la lecture.

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Publié le 13 Juillet 2022

MARS LA ROUGE de Kim Stanley Robinson

Déjà un classique de la science-fiction, lauréat du prix Nebula, MARS LA ROUGE est une brique, 660 pages bien tassées…qui se poursuivent par deux autres tomes, lesquels, rassemblés, forment une trilogie de plus de 1600 pages. Autant dire que cette lecture demande du temps et de l’investissement : nous sommes, en effet, en présence de hard science, autrement dit d’une science-fiction spéculative rigoureuse et d’une anticipation crédible. Pas vraiment de la grosse fantasy commerciale ou du space opéra « easy reading ». Une première tentative m’avait d’ailleurs laissé dubitatif. Cette fois, en sachant davantage à quoi s’attendre, ce fut la bonne. Car MARS LA ROUGE est un roman touffu et exigeant, sans être rébarbatif ou illisibles comme certains textes qui se résument à de l’infodump bourré de jargon technique.

Ici Kim Stanley Robinson décrit la lente terraformation d’une planète. Il envisage ainsi toutes les conséquences de ce processus à très long court. En se focalisant sur une poignée de personnages, appartenant aux « 100 premiers colons », Robinson décrit l’évolution de Mars : problèmes psychologiques, sociologiques, religieux, économiques, écologiques,…L’auteur s’intéresse également à la politique de cette planète Mars et le roman mérite donc bien le qualificatif de « planète opéra ». De plus, cette intrigue s’étale sur des siècles mais le romancier recourt à un petit tour de passe-passe bien pensé : l’augmentation de la longévité humaine à plusieurs centaines d’années. Ce qui permet de suivre les mêmes personnages au fil des siècles. Bien évidemment, les personnages « principaux » sont nombreux et impose une lecture attentive pour ne pas s’égarer dans les différentes sous-intrigues. Selon les sensibilités de chacun certaines sont, d’ailleurs, plus ou moins intéressantes puisqu’elles abordent différentes problématiques ou thématiques.

Si le background est d’une grande richesse, l’action, en revanche, se voit réduite à la portion congrue. Elle est surtout concentrée dans les derniers chapitres et les lecteurs qui attendent du « pétaradant » peuvent, par conséquent, passer leur chemin.

En sachant dans quel type de SF on s’aventure, MARS LA ROUGE reste un modèle de SF « scientifique » rigoureuse et une lecture prenante et intelligente. Elle donne d’ailleurs envie d’enchainer avec le deuxième tome, MARS LA VERTE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Prix Nebula, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 8 Juin 2022

TRAQUEMORT: TOME 1 - LE PROSCRIT de Simon R. Green

Golgotha, capitale de l’infâme Empire Galactique, sous le joug de Lionnepierre, dite la Garce de Fer. Les puissants écrasent toutes possibilités de révolte et se délectent des combats de gladiateurs dans les arènes. Owen Traquemort appartient aux privilégiées et se satisfait de son existence, partagée entre les plaisirs de la vie et l’étude de l’Histoire. Jusqu’au jour où, sur une lubie de Lionnepierre, il perd tout et devient un proscrit. Erudit peu concerné par les combats et la politique, Owen doit fuir vers l’unique planète qui échappe à l’Empire, Brumonde, repère des pires contrebandiers et crapules de la galaxie. De là, peut-être, pourra t’il lancer la rébellion.

Saga en huit tomes, chacun de 700 pages bien tassées, TRAQUEMORT débute rapidement par la chute de son héros, lequel passe de notable tranquille à proscrit. Déboussolé, il doit s’allier avec quelques personnages peu recommandables : une jeune criminelle, une chasseuse de primes, un révolutionnaire légendaire mais à bout de course, etc. Première étape dans le plan de révolte de Traquemort : ramené à la vie son ancêtre, le « Premier Guerrier » d’antan, placé en stase depuis près d’un millénaire. Et ensuite trouver une arme mythique. Et une armée. Oui, ça ne sera pas simple !

Traquemort (Deathstalker en VO, nom emprunté à une tétralogie de Conaneries à petit budget très sympathiques) ne cherche pas à réinventer la roue mais aligne aux contraires les conventions de la SF spectaculaire avec une bonne santé réjouissante. On y retrouve une bande de vauriens cools et d’aristocrates associés pour combattre un Empire tout puissant, un noble cinglé adepte de toutes les drogues possibles, des êtres modifiés dotés de pouvoirs psy (les Espis), des clones, des IA impertinentes, des combats dans l’Arène, un tout puissant Gladiateur Masqué à l’identité mystérieuse, un héros légendaire ramené à la vie après plus de neuf siècles, des intrigues de palais et des rivalités claniques qui se résolvent dans le sang, des combats à l’épée (car les pistolasers c’est efficace mais ils nécessitent deux minutes entre chaque tir pour redevenir opérationnels),…

Simon R. Green délivre un roman très feuilletonnant, mélange de science-fiction et de fantasy dans une ambiance proche du péplum décadent avec un gros parfum de cape et épée. Space et Planet Opera dominent le récit, avec les références attendues : « Star Wars » bien sûr, « Dune » évidemment et même les plus anciens « John Carter », « Flash Gordon », etc. Une touche d’Albator (parallèle accru par la couverture), une pincée des vénérables ROIS DES ETOILES et autres space op’ d’antan à la Leigh Brackett ou E.E. Doc Smith, des héros fatigués mais encore vaillants à la Gemmell pour lesquels ne restent que l’honneur. Green ratisse large et convoque aussi les grands ancêtres façon TROIS MOUSQUETAIRES, les intrigues du TRONE DE FER ou les rivalités familiales des PRINCES D’AMBRE, le tout dans une ambiance fiévreuse pleine de bruit et de fureur façon Robert E. Howard etc.

L’auteur ne se prive jamais de références parfaitement assumées, entre hommage, ré imagination et clins d’œil (« Nouvel Espoir ») et y ajoute des éléments fun, soit hérités de la SF d’antan soit tout aussi référentiels mais plus proches de la fantasy ou du fantastique. Ainsi des combattants assoiffés de sang sont nommés des Wampyres, des mutants féroces comme des loups sont, forcément, surnommés les Garous, etc. Green n’a pas peur de la surenchère ni de la grandiloquence. Vulgairement on pourrait même résumer ce tome 1 par un « plus épique tu meurs ». Les héros cherchent quand même une arme trop puissante…et quand on dit puissante c’est le niveau au-dessus de l’Etoile Noire, c’est plutôt du registre de l’Anéantisseur Ultime des Marvel Comics. Une arme capable d’anéantir des milliers d’étoiles d’un coup. Heureusement elle est cachée dans un dédale qui rend fou tous ceux qui osent s’y aventurer.

Avec TRAQUEMOT, Simon Green propose un livre-univers attrayant avec énormément de personnages, certains très sympas et d’autres vraiment très méchants. Beaucoup de péripéties, de voyages d’un bout à l’autre de galaxie, de duels à l’épée, de fantaisie et d’imagination. Certes il touille une tambouille connue mais le plat est si bien cuisiné qu’on le déguste et qu’on en redemande. Les 750 pages passent d’ailleurs comme une lettre à la poste, grâce également à l’humour de l’auteur, parfois noir et parfois absurde : « british » dirait-on pour simplifier (comme en témoigne aussi sa saga fantasy de HAVEN),… Quelques défauts bien sûr, l’une ou l’autre longueurs (vu la taille de la brique c’est quasi inévitable), un sentiment parfois de « trop plein »… mais un rythme soutenu et des péripéties prenantes. Bref une saga enthousiasmante et un premier tome qui donne envie de poursuivre rapidement avec le deuxième opus de la saga.

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