science-fiction

Publié le 13 Février 2023

LEGION: A FLEUR DE PEAU de Brandon Sanderson

Le retour de Stephen, détective souffrant d'un syndrome de personnalités multiples : il voit des "aspects", c'est-à-dire des personnes qui n'existent pas et qui sont autant de facettes de lui-même. Pourtant, ces "créations" aident Stephen dans ses enquêtes, chacune disposant de compétences exclusives: expertise en combat, psychologie, tir au révolver, etc.

Brandon Sanderson reprend le principal protagoniste de sa longue nouvelle LEGION pour une nouvelle enquête, cette fois d'un peu plus de 200 pages. Ce court roman peut néanmoins se lire de manière indépendante puisque l'auteur débute doucement son récit, rappelant subtilement au lecteur le concept.

L'énigme, de son côté, donne plus classiquement dans le policier mais revisité par la science-fiction tendance cyberpunk. Stephen recherche ici un homme transformé, après sa mort, en une sorte de disque dur géant où sont stockées des informations importantes.

A FLEUR DE PEAU ne traine pas en route: avec sa pagination restreinte, l'auteur, pourtant réputé pour ses pavés, doit aller vite et assurer un rythme enlevé. Le côté polar l'oblige à avancer sans trainer vers la résolution du mystère et les éléments science-fictionnels ou les questionnements plus philosophiques (au sens large) se greffent naturellement sur le récit.

L'exploration de la "maladie" du héros se fait par petites touches, permettant au lecteur de s'intéresser davantage à ce personnage attachant, voire fascinant par ses personnalités multiples bien trempées et parfois tentées par une certaine indépendance. Ces velléités d'émancipation ajoutent quelques notes d'humour qui allègent la lecture et la rendent très plaisante.

Avec ce deuxième tome plus consistant que le premier, Sanderson réussit un beau patchwork entre science-fiction, comédie, thriller et mystère policier traditionnel. Vivement conseillé!

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Novella (roman court), #Thriller, #Cyberpunk, #science-fiction

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Publié le 26 Janvier 2023

DOCTOR WHO: L'HORLOGE NUCLEAIRE d'Oli Smith

Le Docteur, Rory et Amy débarquent en 1981 dans un petit village tranquille perdu en plein désert. Un endroit qui va servir de test à une bombe nucléaire. Le Docteur se trouve ensuite séparé de ses compagnons et remonte le temps…au sens propre! Autrement dit il avance à contre-courant du temps et du reste des personnages. Et c'est parti pour du pur wibbly wobbly timey wimey! Est-ce qu'on comprend tout? Non! Est-ce que tout se tient niveau paradoxe temporal et pseudo-sciences? Non, probablement pas. Mais nous ne sommes pas dans de la SF hard science ou même sérieuse, nous sommes dans une aventure du Docteur. Et de la bonne période du Docteur, pas des versions récentes, à partir de son second cycle, avec les trop sérieux XII et XIII. Ici on est dans le fun, le léger, les théories abracadabrantes et l'humour british – absurde en guise d'excuse à un récit complètement zarbi.

Pas grand-chose à ajouter concernant cette lecture plaisante, rapide, rythmée, qui déroule son intrigue délirante à cent à l'heure et ne laisse pas le temps de souffler. Mieux vaut connaitre un peu le background et les personnages car le roman, qui aurait pu constituer un (bon) épisode supplémentaire de la série, plonge directement dans l'ambiance et l'action. Bref, de la pure détente, sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Cinéma et TV, #Humour, #Doctor Who

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Publié le 18 Janvier 2023

AZTEQUES de Vonda McIntyre

Née en 1948, Vonda McIntyre est une romancière américaine ayant récolté nombre de prix prestigieux comme le Nebula et le Hugo (pour LE SERPENT DU REVE). Elle reste pourtant assez méconnue en Europe. Son premier roman, LOUE SOIT L’EXIL, fut publié en 1975. Peu prolifique, McIntyre n’a écrit qu’une douzaine de romans originaux (dont deux situés dans l’univers Star Trek et un dans la galxie Star Wars) auxquels s’ajoutent trois novelisations (encore de la saga « Star Trek ») et un grand nombre de nouvelles, courtes ou longues. AZTEQUES appartient à cette dernière catégorie et, avec ses 70 et quelques pages, se rapproche de ce que les Anglo-Saxons appellent une novella. En France, AZTEQUES fut publiée dans une intéressante mais éphémère collection, « Etoile Double », sous la bannière de Denoel. Le principe était simple : publier deux longues nouvelles (ou courts romans) n’ayant souvent aucun lien entre eux exceptés leur longueur. AZTEQUES fut ainsi accolé à l’excellent LA FOSSE DES ETOILES de Delany.

L’œuvre de McIntyre s’inscrit, elle aussi, dans le cadre du space-opéra et débute par ses mots intriguant : « c’est de très bon cœur qu’elle abandonna son cœur ». Nous suivons Laenae, laquelle rêve d’aventures et souhaite rejoindre la classe des Pilotes. Pour cela elle doit sacrifier son cœur humain et subir une opération visant à lui implanter un organe artificiel afin de permettre à son corps de supporter les voyages dans l’espace. Elle devient rapidement fière de la nouvelle appartenance à cette caste mystérieuse, exhibant crânement la cicatrice qui témoigne de sa nouvelle vie.

En peu de pages et avec une belle économie de mots, McIntyre construit un space-opéra contemplatif, où l’action se fait rare. La psychologie de la principale protagoniste est ici plus importante que les voyages dans le vide stellaire. Une histoire d’amour contrariée avec un homme au patronyme étrange (Radu Dracul) fournit l’épaisseur nécessaire à un récit centré sur la perte d’humanité acceptée par l’héroïne. L’auteur nous permet donc de suivre la nouvelle vie (notamment sexuelle) de cette apprentie astronaute une fois qu’elle s’est intégrée aux pilotes.

Un texte court mais riche (comme quoi il n’est pas toujours nécessaire de pondre des centaines de pages pour réussir de la belle science-fiction) et réussi pour un bel exemple de cette nouvelle vague plus mature et humaniste (voire féministe) apparue durant les seventies. McIntyre en tira d’ailleurs quelques années plus tard un roman plus développé, SUPERLUMINAL.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (Novella), #science-fiction, #Space Opera

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Publié le 9 Janvier 2023

L'APPRENTISSAGE DU GUERRIER de Lois McMaster Bujold

Ecrit en 1986, voici, par ordre chronologique, la quatrième aventure de la famille Vorkosigan. Quelques années après la conclusion de BARRAYAR, Miles essaie, cette fois d’intégrer l’armée. Mais il échoue aux épreuves d’admission : en voulant montrer sa force, le nabot se casse les deux jambes. Des os fragiles ne pardonnent pas. Il se lance donc dans une autre aventure : aider Elena Bothari à retrouver sa maman. Pour cela, il engage un pilote, achète un vaisseau et le voilà parti à travers la galaxie, assumant l’identité d’un redoutable chef mercenaire. Or les guerriers en question, les Dendarii, n’existent pas. Il va donc falloir que Miles en engage pour donner le change. Problème! Le pauvre n’a plus un rond. Dès lors pourquoi ne pas voler aux mercenaires riches pour donner aux mercenaires pauvres?

Notre Miles, génial petit nabot toujours prêt à un bon coup, alterne coup de bol et grosse malchance, accusé d’un crime, pris en otage et menacé de toutes parts. A chaque fois, par la ruse et la gouaille, le nain renverse la vapeur et prend l’ascendant sur ses ennemis au point de devenir stratège d’une grosse bataille spatiale.

Véritable héros au grand cœur très affecté par ses décisions lorsqu’elles impliquent la mort de ses ennemis ou de ses amis, Miles est le protagoniste principal de ce « coming of age ». Un thème indémodable puisque nous allons suivre son apprentissage (comme le titre le promet) dans un univers militaire (une fois encore pas de tromperies) dans lequel il aimerait s’intégrer sans pourtant pouvoir réellement y trouver sa place.

Dans cette nouvelle histoire bien ficelé, le lecteur retrouve les nombreuses qualités et les quelques défauts coutumiers de la saga : ça se lit très vite, c’est agréable, la prose est de bonne tenue tout en restant abordable,…Bref de la bonne littérature d’évasion qui adopte les techniques habituelles du page-turner : aventures, humour, scènes parfois loufoques, romances, dialogues percutants, rebondissements, action, combats spatiaux et considérations plus profondes sans tomber dans la philosophie de comptoir.

Le genre de livre qui peut s’apprécier par les amateurs de SF mais aussi les réfractaires coutumiers de ce style tant sa lecture s’avère aisée et agréable. Ça n’a peut-être pas la profondeur des classiques les plus réputés du genre façon DUNE ou FONDATION mais la saga Vorkosigan demeure un des meilleurs exemples de divertissement soap / space opéra.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera

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Publié le 5 Janvier 2023

LEGION de Brandon Sanderson

Spécialiste des romans très (mais alors très) longs, Sanderson propose parfois des novellas comme ce LEGION qui se centre sur Stephen Ledds. Un personnage profondément atypique et dérangé qui vit entouré d’une troupe d’hallucinations générées par ses personnalités multiples. Ces « avatars » sont dotés, comme Ledds, de capacités incroyables qui amène ce / ces héros (« nous sommes plusieurs ») à enquêter sur une invention révolutionnaire capable de photographier le passé. Dès lors, Ledds voisine avec ces différents « aspects » de lui-même, passant du calme savant au déjanté adepte du flingue. Chaque hallucination lui apporte son aide, ce qui lui sera bien utile au cours d'un récit mené tambour battant.


L’intrigue, elle, fonctionne comme un techno-thriller en vogue avec son invention mystérieuse, ses questionnements philosophico-historico—religieux (que faire de cette découverte permettant de prouver l’exactitude, ou non, des faits historiques?), ses méchants terroristes, son énigme à l’américaine (Jésus qui es-tu ?) et son rythme enlevé. Mais là où Dan Brown, Clive Cussler ou Steve Berry se répandent souvent sur 500 pages bien tassées, Sanderson se contente de 100 pages pour emballer son récit. Une contrainte à la fois agréable (le court roman se lit en moins de deux heures) et frustrante car l'idée de départ aurait permis davantage de développements. Même si l'auteur reviendra ultérieurement à son protagoniste "multiple", on en ressort un peu frustré.


Victime de sa concision, LEGION n'en reste pas moins une lecture divertissante, dans l’esprit d’un pilote de série télé rondement menée, entre polar, aventure, énigme et science-fiction. Une agréable récréation à déguster d'une traite.
 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Novella (roman court), #Polar, #Thriller, #science-fiction

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Publié le 3 Janvier 2023

LA HACHE DE BRONZE de Jeffrey Lord

La saga de Richard Blade débute à la toute fin des sixties. Selon la légende le concept est inventé par Philip K. Dick: un super espion britannique à la James Bond, Richard Blade, a la capacité de voyager dans la dimension X grâce à une invention révolutionnaire. Il débarque donc sur différents mondes, le plus souvent d'inspiration médiévale fantastique, nu et sans arme mais avec la capacité de comprendre immédiatement tous les dialectes des gens qu'il rencontre. Pratique.

Dans ce premier opus, Blade atterit dans le rêve humide d'un adolescent biberonné aux jeux de rôles qui s'est endormi avec un œil sur son poster de Frank Frazetta et un autre sur celui de (insérer le nom d'une porn star en vogue).

Grand spécialiste du bouquin de gare type "men's adventure" comme NICK CARTER KILLMASTER, Manning Lee Stokes sous le pseudo collectif de Jeffrey Lord a écrit les 8 premiers volumes de cette franchise avant d'être remplacé par divers auteurs. S'il existe seulement 37 romans originaux publiés aux USA, la Russie a proposé ses propres séquelles et, en France, la saga a été reprise par différents auteurs (en particulier Richard D. Nolane) et a finalement atteint plus de 200 volumes!

LA HACHE DE BRONZE nous offre un bel exemple de littérature pulp. Qui n'a pas rêvé de voir James Bond se la jouer Conan le Barbare dans un monde peuplé de nymphettes peu farouches? Qui? Bref…Richard Blade surgit dans Alb, rencontre la Princesse Taleen et lui porte assistance. Dès lors vont s'enchainer les affrontements contre des cannibales, de méchantes sorcières et des despotes qu'il faudra vaincre. Accessoirement Blade aura régulièrement droit à un repos du guerrier bien mérité en dépit de son endurance surhumaine et d'un kiki à rendre jaloux Ron Jeremy. Car si Blade débarque dans ces différents mondes avec sa bite et sans couteau il se servira beaucoup de la première et gagnera une hache après quelques chapitres. Blade se bat dans une arène contre le meilleur guerrier du pays, castagne un ours, se frite avec les pirates de Barbe Rouge, etc. Pas le temps de s'ennuyer!

Notre homme, expédié dans la dimension X, oublie son identité terrienne (ce qui lui permet de se fondre dans la masse) excepté lorsque l'auteur estime que celle-ci lui est utile ("mais oui je me souviens que je fréquentais le club d'initiation aux armes médiévales ce qui me rend super balèze"…ne jamais sous-estimer la créativité d'un romancier de quai de gare pour se tirer d'une situation périlleuse). Dans ce premier volume on se demande quand même où l'auteur veut en venir et pourquoi il est si important d'expédier ainsi, en exploration, ce "voyageur de l'infini"?

Comme beaucoup de production Heroic Fantasy de consommation courante, le roman se montre quelque peu répétitif (Blade se ballade beaucoup et rencontre de nombreux personnages mais les structures des événements se ressemblent souvent) mais, dans le même temps, le rythme reste soutenu. L'auteur aurait manifestement aimé passer deux ou trois volumes dans l'univers d'Alb mais, au bout de 200 pages, il faut renvoyer Blade à Londres dans l'attente de sa prochaine aventure. Et, entre les bastons et les scènes de sexe gratuites, les possibilités de "world building" restent limitées. Le cadre tient donc du décorum assez classique, à la manière d'un manuel d'initiation à Donjons et Dragons. Mais on s'en contentera.

En résumé, LA HACHE DE BRONZE se révèle divertissant, servi par un style au-dessus de la moyenne du genre: un côté emphatique bienvenu et un usage satisfaisant d'un vocabulaire soutenu, voire précieux. Dans ses tentatives littéraires, Manning Lee Stokes imite avec bonheur Robert E. Howard tout comme Lin Carter ou Sprague de Camp et, dans l'ensemble, le lecteur passe un bon moment avec ce récit d'aventures trépidants gentiment sexy.

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Publié le 2 Janvier 2023

LA SURVIE DE MOLLY SOUTHBOURNE de Tade Thompson

Après l’excellente novella LES MEURTRES DE MOLLY SOUTHBOURNE, Tade Thompson en propose une suite. Exercice délicat mais celle-ci réussit l’exploit d’en prolonger habilement l’univers sans sombrer dans la simple redite.

L’étrange Molly Southbourne créait des clones agressifs d’elles-mêmes à partir de son sang, l’obligeant à prendre d’infinies précautions pour ne pas se laisser déborder par ses versions maléfiques qui cherchaient à la supprimer. Molly devait, par conséquent, lutter régulièrement contre les « molly », ses doubles aux intentions floues. Le premier opus aboutissait ainsi à une œuvre fascinante et déstabilisante, oscillant entre science-fiction et body horror bien sanglante. Le genre de roman (court) qu’aurait aimé adapter avec bonheur le David Cronenberg de « Videodrome » ou le Brian Yuzna de « Society ».

Dans ce second volet, la Molly originelle est morte, laissant à un de ses doppelgängers, bref à une de ses « molly » le soin de poursuivre son existence. La nouvelle Molly est en outre débarrassée de cette malédiction saignante puisque les doubles sont stériles et ne produisent pas de nouvelles déclinaisons. Toutefois, son existence n’est pas simple. La « molly » devenue « Molly » perçoit toujours les souvenirs de son original et, dans le même temps, rencontre une autre femme, Tamara, également affligée de la malédiction du sang. Mais les doubles de Tamara ne veulent nullement la tuer, dès lors quels sont les rapports de Tamara avec ses propres créations, avec ses "tamaras?".

Cette deuxième livraison reste dans la lignée de la précédente, l'effet de surprise en moins évidemment. Ce qui ne veut pas dire que Tade Thompson ne peut pas nous surprendre avec ce personnage troublé.

Le fantastique teinté de psychologie (et même de problèmes psychiatriques) de l'écrivain reste efficace et s'apparente à une métaphore avec cette héroïne qui tente de dépasser sa condition, d'échapper au traumatisme antérieur et d'enfin atteindre une certaine plénitude. Bref, notre Molly se reconstruit après un événement dramatique dans un processus de deuil abordé ici de manière allégorique.

Si le premier volet tenait surtout de l'horreur intimiste, cette suite développe une ampleur supplémentaire et s'apparente à un thriller mêlant science-fiction et action, le tout dans une ambiance très particulière illustrée par un vocabulaire soutenu et un emploi des termes médicaux précis (l'auteur étant psychiatre).

Une suite différente mais tout aussi réussie, à lire impérativement.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Horreur, #Novella (roman court)

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Publié le 26 Novembre 2022

LA MAISON DES JEUX TOME 2: LE VOLEUR de Claire North

Deuxième volet de la trilogie consacrée à la Haute Loge, une maison de jeux où tout peut être misé, y compris des connaissances ou des années d'existence. Le premier tome se situait à Venise au XVIIème siècle, celui-ci effectue un bond de 300 ans pour nous plonger dans la Thaïlande de 1938. Remy Burke accepte une partie de cache-cache contre le très retors Abhik Lee, prêt à tout pour l'emporter. Déjà, Remy s'est fait piéger dans les grandes largeurs par son adversaire: éméché, il a accepté de mettre en jeu toute sa mémoire dans une partie de cache-cache à travers la Thaïlande. Un pays où il ne connait personne et où son apparence occidentale l'empêche de se dissimuler. Abhik Lee, de son côté, joue sur son territoire et dispose d'importants moyens pour l'emporter. Ce qui implique que la partie est faussée dès le départ. Dès lors pourquoi la Maison des Jeux, réputée pour sa neutralité, l'a-t-elle acceptée?

Deuxième roman court de Claire North sur ces "casinos" d'un genre très particuliers, LE VOLEUR débute de manière quelque peu longuette tandis que le héros déboussolé essaye de se cacher de son adversaire. Une partie déstabilisante, façon "étranger en terre étrangère", qui pose les bases d'un récit comme toujours sibyllin. Néanmoins, l'intrigue se met en place progressivement, au fil des rencontres du principal protagoniste avec d'autres joueurs. Il doit, en effet, impérativement trouver de l'aide pour espérer l'emporter face à son très déterminé adversaire.

Avec cette deuxième livraison, le lecteur en apprend un peu plus sur la Haute Loge, organisation qui régit la destinée du monde depuis des lustres. Mais l'auteur ne distille les informations qu'au compte-gouttes, gardant une large part de mystères sur les mécanismes de fonctionnement de cette Maison des Jeux. Les joueurs disposent de "cartes" qu'ils peuvent jouer aux moments opportuns et qui, généralement, représentent des individus susceptibles de leur apporter leur aide. Dès lors, l'Histoire se revisite de manière complotiste puisque la Maison des Jeux existe de tout temps et en tout lieu, influençant les événements du monde dans un but secret. Le premier tome adoptait le principe classique du candide: il suivait une nouvelle joueuse découvrant les bases de ces parties épiques, le second tome, également classiquement, nous place aux côtés d'un joueur expérimenté mais ici dépouillé de ses avantages. D'où un affrontement à la façon de David contre Goliath tandis qu'en coulisse la Haute Loge, soi-disant neutre, tire les ficelles et avance ses pions en vue, probablement, d'un champ de bataille planétaire à venir. Réponses (?) aux nombreuses questions en suspens dans le dernier volet…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Roman court (Novella), #science-fiction

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Publié le 23 Octobre 2022

HOUSTON, HOUSTON, ME RECEVEZ-VOUS? de James Tiptree Jr

Cette célèbre novella (qui valut le Hugo et le Nebula à James Tiptree Jr) s’intéresse à trois astronautes mâles de retour vers la Terre. Alors qu’ils essaient de contacter Houston, nos voyageurs de l’espace entrent en communication avec quelques femmes et se rendent compte qu’ils ont effectué un bond dans le temps. Les voici projeté quelques trois cents ans dans l’avenir. Avec l’aide des femmes, nos astronautes entreprennent de modifier leur trajectoire pour se diriger, en toute sécurité, vers le plancher des vaches. Mais, rapidement, ils se rendent compte qu’on leur cache quelque chose…

James Tiptree Jr dissimule en réalité Alice Sheldon, témoignage d’une époque où la science-fiction comptait peu d’auteurs féminines. Tiptree / Sheldon se distingua surtout par de nombreuses nouvelles (« Comme des mouches » obtient par exemple le Hugo dans cette catégorie) et quelques novellas ou romans courts réputés comme UNE FILLE BRANCHEE (lui aussi gagnant du Hugo), LA SEULE CHOSE A FAIRE (Locus) ou ce HOUSTON, HOUSTON ME RECEVEZ-VOUS, sans doute son œuvre la plus célèbre qui remporta le Hugo, le Nebula et l’éphémère Prix Jupiter.

Le récit, mené à bon rythme par sa brièveté, n’est sans doute pas franchement surprenant (le lecteur devine assez rapidement les tenants et aboutissants de l’intrigue), mais se suit néanmoins avec intérêt et fonctionne avec une efficacité éprouvée. Assez précurseur, ce court roman présente une société matriarcale, traite de la violence masculine, évoque les problèmes environnementaux et questionne la place de la religion. Le tout en 150 pages. Comme quoi il n’est pas toujours nécessaire d’étirer une intrigue sur plusieurs tomes pour accoucher d’un bouquin à la fois divertissant et intelligent. Il est amusant de noter que le livre, d’abord taxé d’outrancièrement machiste (à l’époque où il était signé James Tiptree Jr) pour son discours voyant les Hommes comme des prédateurs sexuels insatiables, se trouve à présent encensé par les féministes qui font d’Alice Sheldon un fer de lance de l’anti-masculinisme radical. Qu’importe les interprétations ou le sous-texte du récit, l’ensemble constitue simplement du bel ouvrage devenu un classique de la science-fiction ! A redécouvrir.

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Publié le 12 Octobre 2022

DOCTOR WHO ET LE CERVEAU DE MORBIUS de Terrance Dicks

Cinquième épisode de la treizième saison de Doctor Who (période « classique »), LE CERVEAU DE MORBIUS devait s’inspirer des histoires de robots à la Asimov. Mais cette idée du producteur Philip Hinchcliffe, mal comprise, est reprise par un Terrance Dicks qui souhaite, pour sa part, une variation sur FRANKENSTEIN. Dicks et Robert Holmes écrivent donc un récit gothique dans la tradition de l’épouvante anglaise à la Hammer. Dicks souhaite mettre en scène un criminel, Morbius, dont le corps est reconstitué par son assistant à partir d’éléments extraterrestre. Holmes transforme cet assistant, au départ un robot, par un savant fou, Solon, et son serviteur Condo, dans l’esprit des films de la Universal. Désappointé, Dicks refuse de signer l’intrigue, crédité de « Robert Bland ». Novélisé en 1977, le roman est ensuite publié dans une collection éphémère parrainée par les Bogdnavov qui servent simplement de prête-noms, alors en pleine gloire grâce à Temps X.

Dans LE CERVEAU DE MORBIUS, le Quatrième Docteur et Sarah Jane se retrouvent sur une planète inhospitalière confrontée à un savant fou dans un hommage appuyé à la Hammer et la Universal, agrémenté de quelques clins d’œil à « Planète Interdite ». L’intrigue est très réussie et le romancier parvient à étendre l’ampleur du récit sans devoir se limiter par des contraintes budgétaires. Il ajoute donc divers éléments et remanie quelque peu l’histoire tout en restant globalement fidèle à l’épisode. Ceux qui ont visionné la version télévisée argueront sans doute que ce petit bouquin vite écrit et vite lu n’apporte pas grand-chose mais, parfois, se replonger durant deux heures dans le monde délirant de Doctor Who reste une occupation plaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma et TV, #Doctor Who, #science-fiction

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