aventures

Publié le 5 Juillet 2023

LA LEGENDE DE MARCHE MORT de David Gemmell

Druss, le vieux guerrier, voit les hordes de combattants s’approcher de Dros Delnoch. Les murailles sont tombées, la fin est proche. Mais Druss a toujours sa hache. Toujours vivant, toujours debout. Et la mort marche avec lui. Il discute avec un jeune soldat avant la bataille décisive (celle décrite dans LEGENDE) et il lui parle de sa jeunesse.

Trente ans plus tôt, Druss et son ami le poète Sieben participent aux jeux devant un roi foi. A la suite d’une querelle, l’adversaire de Druss tombe dans un guet-apens. Il sauve Druss mais, mortellement touché, ne peut espérer survivre. Sauf si Druss ramène des territoires Nadir les pierres de guérison.

Avec Gemmell c’est le retour de la fantasy héroïque comme on n’en avait plus lu depuis Howard. Muscles, sueurs, haches et épées. Des amitiés viriles, des combats désespérés, des sièges où une centaine de braves défendent un lieu clé contre des milliers d’adversaires. Druss, le héros récurent de Gemmell, traverse les époques et les romans. Une touche de magie, des dialogues emphatiques (auxquels seul un Schwarzy des 80’s pourrait rendre justice à l’écran), des intrigues riches en personnages mémorables et en scènes marquantes. Druss c’est un archétype, un héros pur et dur, avec un code de l’honneur inflexible, le genre à risquer sa vie pour honorer la parole donnée. Un Homme avec un grand H et une énorme hache pour fracasser la tête de ceux qui croisent sa route et ne respectent pas son code.

Le déroulé général est certes simple mais le roman n’en est pas moins d’une grande richesse et évite le manichéisme. Ici les ennemis s’apprécient parfois davantage que les amis. Ce qui n’empêche pas des combats sanglants qui laissent bien des protagonistes sur le carreau.

Cette troisième aventure de Druss constitue donc une autre réussite éclatante, dénué du gras pesant qui alourdit de trop nombreux récits de Fantasy. Et la plume de Gemmell, comme celle de Howard, est toujours aussi vive et alerte. Le cycle Drenaï de l’auteur reste un des plus important et réussi de la Fantasy et LA LEGENDE DE MARCHE MORT s’avère comme les précédents passionnant et enlevé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Aventures, #David Gemmell

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Publié le 5 Juin 2023

KLEOS - INTEGRALE de Mark Eacersall et Serge Latapy (scénario), Amélie Causse (dessin)

499 avant JC. Pécheur grec vivant dans une cite soumise régulièrement aux attaques des pirates, Philoklès rêve de gloire, bercé par les exploits des héros légendaires de l'Illiade et l'Odyssée…Se prenant pour Achille, notre jeune homme embarque pour l'aventure, décidé à trouver le repère des pirates. Mais le monde réel correspond rarement aux histoires racontées et le voici capturé par Monophtalmos, le plus terrible des pirates. Sa connaissance des récits d'Homère lui vaudra le salut: il sera le nouveau rhapsode (conteurs) des pirates. Mais Philoklès, en dépit de sa position enviable, veut s'évader.

Le premier volume se consacrait à l'aventure maritime du héros. Mais des retours de lecteurs ont changé les plans des auteurs: au lieu d'un second volume ils offrent une version intégrale du récit, permettant d'apprécier d'une traite ce "roman graphique". Notre héros, capturé, voit ses rêves de gloire s'effondrer. Il n'est plus rien, ni personne, au point que ses geôliers le surnomme Outis (= personne). Sa connaissance d'Homère lui vaudra de retrouver une place et une fonction dans cette société, devenant un rhapsode contant les exploits d'Achille. Philoklès ne peut compter que sur sa connaissance de conteur pour rester en vie, affrontant, de manière intellectuelle, le chef des pirates. Au final, il vivra bel et bien une vraie Odyssée mais connaitra un destin tragique, typique de ces récits antiques où rien ne se termine bien.

Très joliment dessiné, dans un style graphique singulier mais approprié, précis et pourtant quelque peu naïf, donc charmant, avec des couleurs bien rendues et une atmosphère ensoleillée, ce récit d'aventures tour à tour épique, intimiste et tragicomique constitue une bande dessinée de qualité. A découvrir donc dans une belle édition intégrale qui se lit d'une traite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #bande dessinée, #Aventures

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Publié le 26 Février 2023

L'ÎLE OUBLIEE - OPERATION NAUTILUS TOME 1 de Wolfgang Hohlbein

Le romancier allemand Wolfgang Hohlbein est un monstre de prolificité. Ses bouquins sont littéralement innombrables et ressortent des genres les plus divers : fantasy, historique, horreur, jeunesse,…et même des aventures de Barbie, d’Indiana Jones ou des Pirates des Caraïbes.

Toutefois peu ont été traduits chez nous. La saga du MAGE DE SALEM compte 24 tomes inspirés par Lovecraft mais nous avons seulement eu droit aux deux premiers. Les CHRONIQUES DES IMMORTELS, une Fantasy vampirique de seize tomes fut abandonnée à mi-parcours par son éditeur français. Pareil pour ces OPERATIONS NAUTILUS : il en existe douze volumes dont seuls six sont traduits chez nous. Il s’agit pourtant d’une plaisante relecture des thèmes jadis abordés par Jules Verne. Comme souvent dans la littérature jeunesse, l’intrigue de ce premier tome s’apparente à un apprentissage : le héros, Mike, se trouve embarqué dans une aventure fantastique quelques mois avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. Il est accompagné d’une poignée d’amis dont Paul, son meilleur pote. Mais ce-dernier est Allemand et, dès lors, suspecté de tous les maux. De plus, le père de Paul, le capitaine Winterfeld, kidnappe Mike et ses amis afin de découvrir le chemin vers une île oubliée. Au fil des pages, Mike apprendra sa véritable identité et découvrira un mythique submersible (bon, le titre de la série ne laisse guère de place au suspense) qui pourrait influer sur l'issue de la guerre.

Etant donné qu’il s’agit d’un premier tome, le récit met un peu de temps à démarrer et à présenter, même sommairement, ses divers protagonistes. Quelques longueurs atténuent l’enthousiasme mais, dans l’ensemble, le rythme reste soutenu et les rebondissements présents. Le dernier acte accélère grandement l'intrigue. La découverte du Nautilus entraine une transformation du récit, de l'aventure guerrière vers la science-fiction rétro teintée de fantasy. En effet, la fin ouverte annonce la suite au cours de laquelle le héros partira à la recherche de l’Atlantide.

Un bon roman jeunesse à l’écriture soignée qui ne prend pas ses lecteurs pour des idiots.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Jeunesse

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Publié le 22 Février 2023

L'HERITAGE DU LOCH NESS de Boyd Morrison

Après s’être fait les dents sur la série « Oregon » créée par Clive Cussler (à partir du tome 10), Boyd Morrison se lance, en solo, dans le roman d’aventures. Sans surprise, il donne dans le techno-thriller maritime teinté d’un zeste de fantastique. Bref, la continuité d’un Cussler ou Dan Brown. Son héros fétiche, Tyler Locke, revient ici dans une quatrième enquête sous forme de jeu de piste qui le conduit au Loch Ness.

Après un prologue historique « à la Cussler » qui confronte Charles Darwin à Nessie nous effectuons un bon de 200 ans pour atterrir à Paris, en plein sommet des pays du Moyen-Orient. Or, un attentat à lieu à la Tour Eiffel, déjoué de justesse par Tyler. Pourtant, les dirigeants commencent à mourir d’un vieillissement accéléré et le meilleur ami de Tyler, Grant, est lui aussi « empoisonné ». Les responsables sont un groupuscule terroriste en possession d’une ancienne arme nazie et le seul antidote semble être…les cellules du monstre du Loch Ness, capable de se régénérer miraculeusement. Alors que le monde arabe s’embrase et menace de plonger le monde dans une guerre totale, Tyler engage une course-poursuite avec un de ses pires ennemis pour sauver Grant…et peut-être l’Humanité entière.

Avec ses personnages bien typés, son inévitable romance, ses scènes d’action judicieusement positionnées et son rythme soutenu (chapitres courts et lecture aisée), Boyd Morrison s’est imposé comme un spécialiste du page-turner à l’américaine. Il livre ici une intrigue abracadabrantesque qui permet au lecteur de voyager de par le monde, de Paris à l’Ecosse en passant par Versailles et implique des éléments relevant à la fois du techno-thriller boom boom (une évasion rocambolesque à l’aide d’une troupe de drones volants) et de la littérature pulp (arme secrète nazie et monstre du Loch Ness en prime).

Sans prétention, L’HERITAGE DU LOCH NESS se lit avec beaucoup de plaisir et se révèle hautement divertissant. Pourquoi s’en priver ?

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Aventures, #Technothriller

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Publié le 29 Janvier 2023

LA CLE DE L'APOCALYPSE de James Rollins

Voilà du blockbuster littéraire qui pourrait même titiller la queue de Michael Bay si celui-ci daignait ouvrir un bouquin. Car James Rollins ne lésine pas sur l’action explosive durant près de 600 pages. Les aventures de la Sigma Force c’est du costaud, un mélange entre James Bond, Dan Brown, Clive Cussler et la Delta Force de Chuck Norris.

Au programme ? La fin du monde, l’apocalypse et tutti Chianti comme dirait Hannibal Lecter. Car nous ne sommes pas là pour rigoler : Saint Malachie l’a prédit, dans sa très douteuse prophétie des papes, Rome va bientôt être détruite. Extinction générale, le dernier qui meurt éteint les lampes en partant. Sur le terrain de la guerre totale nous avons d’un côté les gentils (l’agence américaine secrète de la Sigma Force venue donner une bonne branlée aux vilains) et de l’autre les méchants (La Guilde, une société tout aussi secrète mais pas cool) avec au milieu des sociétés agricoles bien intentionnées mais aux moyens légèrement radicaux. En gros on tue beaucoup de gens pour que ceux qui survivent n’aient plus de soucis d’alimentation. L'auteur ajoute à ce schéma le côté religieux et mystique devenu indispensable à tout gros thriller page turner digne de ce nom depuis le succès du Da Vinci Code. Donc manuscrit disparu depuis des années, eschatologie, prêtre louche sur les bords,…Nos héros, eux, partent à la chasse au trésor autour du monde : grottes inexplorées, pièges bien vicelards, cavernes cachées, armes super sophistiquées, etc. Le lecteur voyage, effectue un détour par l’abbaye de Clervaux puis part détruire une partie du Colisée. Finalement on se retrouve en Scandinavie, dans le « grenier de la planète », là où sont conservées des millions de graines pour relancer la vie en cas de catastrophe majeure. Et on case même Merlin et Avalon parce que c'est toujours sympa.

Bref, l’auteur reprend les recettes d’un Clive Cussler ou d’un Dan Brown en poussant davantage les curseurs de l’action pure. Mais les mécanismes restent d’une grande efficacité : exotisme, ésotérisme, une touche de romance, un mystère peu à peu dévoilé, de nombreux lieux visités, des anecdotes historiques habilement distillées et, surtout, beaucoup de poursuites, de fusillades et d’explosion. Ca avance vite, ça pétarade et le lecteur n’a jamais le temps de s’ennuyer devant ce déferlement de destructions massives. Si le roman n’évite pas les tics traditionnels de ce genre de « page turners » (en dépit des péripéties incessantes et des rebondissements nombreux l’intrigue demeure classique et linéaire, sans véritable surprise), le tout permet de passer un bon moment.

Du roman bien burné, qui sent la testostérone à cent mètres et donne envie de lire d’autres aventures de cette Sigma Force. Fun et sans prétention.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Aventures, #Thriller, #Technothriller, #James Rollins, #Sigma Force

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Publié le 11 Janvier 2023

LA TOUR SOMBRE TOME 3: TERRES PERDUES de Stephen King

Après LE PISTOLERO, agréable dans sa brièveté et son côté western, LES TROIS CARTES avait permis au lecteur d'en savoir un peu plus sur le monde de Roland. TERRES PERDUES, le troisième volume, débute par un combat entre nos héros et un gigantesque ours robot. La suite, sur 600 pages bien tassées, multiplie les péripéties sans que l'on comprenne très bien où le King veut en venir. Créatures bizarres, guerres claniques, train dirigé par un ordinateur fou adepte des devinettes,…La route est longue mais la Tour se rapproche. Cela dit il faudra encore beaucoup de patience pour l'atteindre.

Alors que LES TROIS CARTES parvenait à maintenir l'intérêt durant 500 pages, TERRES PERDUES adopte un rythme plus compliqué: des passages très lents, que l'on pourrait définir comme anecdotiques exceptés pour les plus accros à cet univers, voisinent avec des scènes plus mouvementées où l'action prédomine. Il faut donc accepter de se laisser emporter par l'imagination du King, laquelle semble parfois tourner à vide ou s'emballer en roue libre. Résultat, on sent les longueurs, les passages exagérément étirés et le gras. L'auteur aime ce monde, cette "pièce centrale de son univers", quitte à y passer un temps déraisonnable. Couper une bonne centaine de pages eut sans doute rendu le pavé plus digeste mais King aime s'attarder sur les détails. Dès lors les moments où l'ennuie pointe puis s'installe finissent par rendre la lecture laborieuse. Qu'est-ce que la Tour Sombre? Que cherche Roland et ses amis? Au terme de ces 600 pages le lecteur n'en apprendra pas beaucoup plus. Il faut donc un peu se forcer pour venir à bout de ce tome. Une précédente tentative de lecture de la saga s'était arrêtée là, au terme d'un troisième tome plus pesant que passionnant.

Malgré tout, TERRES PERDUES donne envie de poursuivre le récit, d'enfin atteindre cette mystérieuse Tour. Il y a de bonnes choses et de belles scènes. Des personnages attachants et des monstres étranges. Le monde reste riche, avec ce mélange improbable (est-ce vraiment cohérent? Peut-être pas mais ce n'est pas si important) entre fantasy, science-fiction, post-apocalypse, western et aventures. Une fusion d'épopée à grand spectacle et de considérations intimistes avec quelques hommages à Tolkien, notamment par le jeu des devinettes. La route se poursuit…la Tour se rapproche.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Stephen King

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Publié le 3 Janvier 2023

LA HACHE DE BRONZE de Jeffrey Lord

La saga de Richard Blade débute à la toute fin des sixties. Selon la légende le concept est inventé par Philip K. Dick: un super espion britannique à la James Bond, Richard Blade, a la capacité de voyager dans la dimension X grâce à une invention révolutionnaire. Il débarque donc sur différents mondes, le plus souvent d'inspiration médiévale fantastique, nu et sans arme mais avec la capacité de comprendre immédiatement tous les dialectes des gens qu'il rencontre. Pratique.

Dans ce premier opus, Blade atterit dans le rêve humide d'un adolescent biberonné aux jeux de rôles qui s'est endormi avec un œil sur son poster de Frank Frazetta et un autre sur celui de (insérer le nom d'une porn star en vogue).

Grand spécialiste du bouquin de gare type "men's adventure" comme NICK CARTER KILLMASTER, Manning Lee Stokes sous le pseudo collectif de Jeffrey Lord a écrit les 8 premiers volumes de cette franchise avant d'être remplacé par divers auteurs. S'il existe seulement 37 romans originaux publiés aux USA, la Russie a proposé ses propres séquelles et, en France, la saga a été reprise par différents auteurs (en particulier Richard D. Nolane) et a finalement atteint plus de 200 volumes!

LA HACHE DE BRONZE nous offre un bel exemple de littérature pulp. Qui n'a pas rêvé de voir James Bond se la jouer Conan le Barbare dans un monde peuplé de nymphettes peu farouches? Qui? Bref…Richard Blade surgit dans Alb, rencontre la Princesse Taleen et lui porte assistance. Dès lors vont s'enchainer les affrontements contre des cannibales, de méchantes sorcières et des despotes qu'il faudra vaincre. Accessoirement Blade aura régulièrement droit à un repos du guerrier bien mérité en dépit de son endurance surhumaine et d'un kiki à rendre jaloux Ron Jeremy. Car si Blade débarque dans ces différents mondes avec sa bite et sans couteau il se servira beaucoup de la première et gagnera une hache après quelques chapitres. Blade se bat dans une arène contre le meilleur guerrier du pays, castagne un ours, se frite avec les pirates de Barbe Rouge, etc. Pas le temps de s'ennuyer!

Notre homme, expédié dans la dimension X, oublie son identité terrienne (ce qui lui permet de se fondre dans la masse) excepté lorsque l'auteur estime que celle-ci lui est utile ("mais oui je me souviens que je fréquentais le club d'initiation aux armes médiévales ce qui me rend super balèze"…ne jamais sous-estimer la créativité d'un romancier de quai de gare pour se tirer d'une situation périlleuse). Dans ce premier volume on se demande quand même où l'auteur veut en venir et pourquoi il est si important d'expédier ainsi, en exploration, ce "voyageur de l'infini"?

Comme beaucoup de production Heroic Fantasy de consommation courante, le roman se montre quelque peu répétitif (Blade se ballade beaucoup et rencontre de nombreux personnages mais les structures des événements se ressemblent souvent) mais, dans le même temps, le rythme reste soutenu. L'auteur aurait manifestement aimé passer deux ou trois volumes dans l'univers d'Alb mais, au bout de 200 pages, il faut renvoyer Blade à Londres dans l'attente de sa prochaine aventure. Et, entre les bastons et les scènes de sexe gratuites, les possibilités de "world building" restent limitées. Le cadre tient donc du décorum assez classique, à la manière d'un manuel d'initiation à Donjons et Dragons. Mais on s'en contentera.

En résumé, LA HACHE DE BRONZE se révèle divertissant, servi par un style au-dessus de la moyenne du genre: un côté emphatique bienvenu et un usage satisfaisant d'un vocabulaire soutenu, voire précieux. Dans ses tentatives littéraires, Manning Lee Stokes imite avec bonheur Robert E. Howard tout comme Lin Carter ou Sprague de Camp et, dans l'ensemble, le lecteur passe un bon moment avec ce récit d'aventures trépidants gentiment sexy.

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Publié le 31 Décembre 2022

PAX AUTOMATA d'Ariel Holzl

Ariel Holzl édite en 2017 son premier roman, LES SŒURS CARMINES. Depuis il a déjà publié une dizaine de titres dans les domaines de l'imaginaire. PAX AUTOMATA, le petit dernier, s'inscrit dans le Steampunk, l'uchronie et l'Historic Fantasy.

XIXème siècle, en France. L'Empereur Napoléon III s'apprête à inaugurer l'exposition universelle de Paris. La science a beaucoup progressé et le monde fonctionne grâce à des automates qui s'acquittent de nombreuses tâches subalternes. La principale loi de la Pax Automata interdit cependant à ces robots de posséder des traits humains. Pendant ce temps, Philémon, élève de la prestigieuse école de Saint-Cyr, se voit choisi pour piloter un nouvel aéronef révolutionnaire, le Zéphir. À la suite d'un sabotage, l'engin s'écrase et Philémon découvre un enfant automate qui pourrait bien être une nouvelle arme destinée à abattre l'Empire. Allié à Zélie, une romanicielle, Philémon mène l'enquête.

Roman d'aventures "jeunesse" très dépaysant, PAX AUTOMATA s'appuie sur un monde steampunk uchronique original qui part de la réalité historique pour lancer des pistes divergentes intéressantes. Ainsi Ada Lovelace, mathématicienne authentique considérée comme la pionnière de la programmation informatique a supplanté la reine Victoria et règne sur une Grande-Bretagne automatisée. De son côté Napoléon III a triomphé à Sedan et domine la France. L'auteur joue donc avec l'Histoire à la manière d'un feuilletonniste et entraine le lecteur dans une suite d'aventures enlevées et plaisantes, ponctuées de rencontres diverses. Le héros, flanqué d'une romanicielle, de son meilleur ami et de sa rivale, la meilleure élève de l'école, va ainsi mettre à jour une vaste conspiration aux ramifications politiques complexes.

L'auteur avance à rythme élevé, parfois même trop: l'intrigue ne prend guère le temps de se poser mais multiplie les péripéties pour maintenir l'attention du lecteur. Du coup ce dernier n'a pas le temps de s'imprégner de toutes les trouvailles bienvenues, notamment une belle inventivité dans les termes argotiques et autres néologismes. Vu la richesse de l'univers il serait cependant dommage d'en rester là, espérons que l'auteur y reviendra pour un nouveau récit. La fin, d'ailleurs, laisse la porte ouverte à une séquelle bien que ce roman se suffise à lui-même. Les nombreuses illustrations et les touches d'humour ajoutent un côté attrayant à ce roman fort bien présenté qui, en plus d'être réussi, s'avère un bel objet.

Bref, si le déroulé reste un poil convenu et que le principal personnage manque de charisme ou de fantaisie pour totalement emporter l'adhésion, le riche décor, la langue inventive et les personnages secondaires bien typés font de PAX AUTOMATA un divertissement de qualité à déguster sans tarder.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Steampunk, #Uchronie, #Fantasy, #Historique, #Jeunesse

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Publié le 22 Décembre 2022

L'AGENCE LOVECRAFT TOME 1 : LE MAL PAR LE MAL de Jean-Luc Marcastel

Avec ce roman (destiné aux adolescents mais lisibles par les plus jeunes… et les plus vieux !), Marcastel s’inscrit dans la tradition du pulp. Par son thème lovecraftien mais aussi par le principe si plaisant d’intertextualité dont se servirent jadis Philip José Farmer ou, plus récemment, Alan Moore en comics. Car, dans ce roman, aux côtés d’une bande de jeunes héros, l’auteur fait intervenir l’Homme de Bronze en personne, le Doc Savage des années ’30, et la descendante du Capitaine Némo, aux commandes du Nautilus V. Sans oublier une certaine personne dont le nom commence par M durant l’épilogue.

Ce premier tome démarre sur les chapeaux de roue en présentant une poignée de personnages qui fuient une mystérieuse menace. L’auteur nous expose ainsi divers héros lors d’une succession de courts chapitres avec point de vue alterné. C’est rapide, énergique et sans temps morts, dans la tradition « young adults ». Le roman mélange ainsi fantastique, thriller / mystère et aventure inspiré par Jules Vernes (et, pour être plus actuel, le steampunk) avec une touche d’horreur venue, forcément, de Lovecraft.

Comme les lecteurs de HPL le savent, la Terre était jadis dominée par des créatures monstrueuses qui espèrent recouvrer leur suprématie perdue après l’extermination de l’espèce humaine. Trois adolescents dotés de pouvoirs, Marie, Ryan et Sergueï, vont ainsi se rencontrer par l’entremise d’une mystérieuse jeune fille. Cette dernière travaille pour l’Agence Lovecraft et lutte contre les forces maléfiques et autres adeptes des Grands Anciens.

Fort rythmé, ce premier opus n’arrête pratiquement jamais et, comme ses jeunes protagonistes, courent à toute allure. Toujours en mouvement, l’intrigue joue la carte de l’aventure saupoudré de mystères, de récit d’apprentissage (avec ces héros qui se découvrent progressivement) et de fantastique. L’écriture, elle, se montre toujours fluide et plaisante, avec un vocabulaire recherché et des tournures soignées. Le lecteur plus âgé peut d’ailleurs mesurer l’évolution de la littérature dite « jeunesse » puisque l’intrigue, les situations et le style peuvent s’apprécier par les adultes. Ils n’ont d’ailleurs rien à envier à des romans jadis classés « pour les grands ». Dans son mélange de genre et ces clins d’œil, le lecteur reconnait ainsi l’influence de LA LEAGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES tandis que l’option de traiter les mythes lovecraftiens à la sauce aventure / mystère rappelle les romans de Brian Lumley (longtemps dévalorisés mais aujourd’hui réévalués par beaucoup).

Si on regrette un final un brin expédié (mais c’est de bonne guerre, il faut préparer la suite et nous en saurons plus dans les tomes ultérieurs), on apprécie cette aventure très divertissante assortie d’une postface éclairante et joliment publiée (format, couverture, etc.). Une bonne pioche.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Jean-Luc Marcastel, #Jeunesse, #Lovecraft, #Steampunk

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Publié le 10 Décembre 2022

ICE LIMIT de Preston & Child

Le duo Preston & Child est surtout connu pour son long cycle consacré à Pendergast, une série de romans policiers teintés de surnaturel. Ils ont également livré quelques bouquins indépendants dont ce ICE LIMIT qui, après un début prometteur, s'embourbe…

L'intrigue, au départ, s'annonce pourtant intéressante: un collectionneur ultra-riche (ça aide!) décide de récupérer une gigantesque météorite tombée sur une ile au sud du Chili. Mais la masse du corps céleste nécessite une organisation sans faille et une fine équipe se propose d'effectuer le rapatriement contre une énorme somme d'argent. C'est le début d'une aventure maritime d'abord plaisante, dans un mélange d'action et de thriller saupoudré d'une touche de science-fiction et d'extrapolations scientifiques. ICE LIMIT évoque ainsi les premiers livres de Clive Cussler avec un défi apparemment impossible (style RENFLOUEZ LE TITANIC!) et un navire hyper sophistiqué camouflé en vieux raffiot (comme dans la saga de l'Oregon).

Malheureusement, tout ça ne tient pas la distance, d'autant que le duo cède à la mode si actuelle du délayage…500 pages pour une aventure assez simple qui eut été nettement plus palpitante en 300. Le rythme se montre donc défaillant ce qui, dans un bouquin estampillé "thriller d'action", s'avère problématique. Il n'est pas question ici de regretter de privilégier l'ambiance ou un climat posé, simplement de pointer un manque de péripéties rédhibitoire associé à des protagonistes souvent clichés. On n'échappe même pas à la capitaine de navire dont l'alcoolisme a ruiné la carrière mais qui cherche la rédemption. C'est toutefois la protagoniste la plus "humaine", les autres étant trop schématiques même si certains sont sympathiques ou intéressants, notamment le capitaine chilien érigé en grand méchant et qui, finalement, cherche seulement à défendre son pays contre les Américains très envahissants. Les romances inévitables permettent en outre de tirer davantage à la ligne et n'apportent pas grand-chose au récit. Ce-dernier se conclut par une (trop) longue bataille navale façon blockbuster hollywoodien mais sans réussir à maintenir l'intérêt. De plus, les termes maritimes et techniques alourdissent ce bouquin trop partagé entre une volonté "savante" et "instructive", voire didactique, façon techno-thriller et le pur divertissement d'aventures. Là encore, neuf romans sur dix de Clive Cussler (ou ses collaborateurs / nègres) se montrent plus convaincants.

Les dernières pages, elles, tentent d'élever le propos avec un petit côté philosophico-scientifique qui révèle la véritable nature de la météorite. Les auteurs annoncent ainsi la suite, A COMME APOCALYPSE qu'on espère plus palpitant. En résumé voici un roman décevant dont on pourra survoler quelques passages rébarbatifs pour en connaitre l'issue, plus intéressante mais un peu trop "ouverte" pour ne pas laisser, là aussi, une impression mitigée. Dommage car le début laissait espérer un bouquin plus palpitant et intéressant. Un coup dans l'eau.

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