jeunesse

Publié le 16 Août 2021

HALLOWEEN PARTY (FEAR STREET) de R.L. Stine

R.L. Stine, auteur de « Chair de poule », propose avec la série « Fear Street » des romans fantastiques et horrifiques dans un style similaire mais destinés à un public un peu plus âgé. Si « Chair de poule » se destine aux grands enfants, les « Fear Street » (publiés en France dans la collection « Peur Bleue ») sont davantage orientés vers les adolescents, pour des lecteurs de 13 ou 14 ans. On y rencontre donc les problématiques propres à cet âge : amourettes, rivalités, vie scolaire, etc. Ici, l’auteur présente un trio de personnages centraux : Cindy, la jolie malentendante, son amoureux Terry et son ex, le très arrogant Alex bien décidé à la reconquérir. Ce petit monde se voit perturbé par l’irruption d’une nouvelle venue, la trop séduisante Justine aux allures de sorcière sexy. Afin de mieux connaitre les gens de son école, Justine invite neuf d’entre eux (dont les précités Cindy, Terry et Alex) à une soirée d’Halloween qu’elle promet riche en surprise. Cette perspective accroit la rivalité entre Terry et Alex, lesquels prennent la tête de deux clans rivaux, surnommés les « poules mouillées » et les « sportifs ».

Surprises diverses, fausses morts et cadavres baladeurs, agression par les deux loubards du lycée,…la fête débute de manière mouvementée mais le Vaudeville prend rapidement un tour plus tragique, Cindy étant persuadée que cette invitation cache quelque chose de sinistre. Et si les intentions de Justine étaient moins innocentes qu’elle le prétend ?

R.L. Stine écrit pour un public qui n’est pas celui de Stephen King, encore moins celui de Clive Barker, Richard Laymon ou Jack Ketchum, il ne faut donc pas en attendre le même niveau de frissons. Mais, pour sa cible, HALLOWEEN PARTY offre exactement ce qui est attendu : un peu de romantisme, quelques touches humoristiques, un mystère prenant et quelques passages légèrement angoissants ou surprenants, beaucoup de chapitres (courts) se concluant par un petit cliffhanger sympathique. Les révélations finales, par contre, sont attendues et le motif de la soirée convenu. Mais ça ne détruit pas le plaisir ressenti. Pour une lecture distrayante à l’approche d’Halloween, ce roman s’avère donc plaisant : essentiellement destiné aux plus jeunes il saura également divertir les plus âgés par son écriture très fluide et son ambiance de la fête des morts bien rendue. Et puis, « à Fear Street c’est Halloween tous les jours ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Jeunesse

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Publié le 7 Juin 2021

SI LONGUE SOIT LA NUIT de Christophe Lambert

Le nouveau roman de Christophe Lambert débarque avec son pitch mystérieux et ses influences assumées (Stephen King) et la bande dessinée « Seuls ».

Le récit, mené sur un rythme alerte en 200 pages, alterne les points de vue entre cinq lycéens coincés durant la nuit dans leur école désertée. Ils ignorent ce qu’ils font là et comment ils sont arrivés en ce lieu. Dehors le ciel se teinte de couleurs étranges à la manière des aurores boréales, les eaux du fleuve montent et menacent de les submerger. Les portes sont bloquées et une créature proche de celle de « The Thing » rode dans les couloirs.

Les cinq jeunes gens ont évidemment des personnalités très différentes : d’abord l’adepte de jeux de rôle handicapé qui semble connaitre les tenants et aboutissants de l’histoire et semble adopter le profil de maitre du jeu bien que personne ne le remarque vraiment. Puis le bon élève timide et geek qui se rêve écrivain et lorgne sur une des demoiselles, la première de classe surdouée. Laquelle se dispute forcément avec la fille canon et populaire qui vient de rompre avec son mec et est à présent victime de revenge porn sur les réseaux sociaux. On note aussi le petit voyou plutôt grande gueule mais finalement pas si méchant et surtout perturbé par une hérédité pesante. Bref, des personnages assez classiques mais qui permettent une identification aisée pour les adolescents, cœur de cible du roman. Quoique très différents, ils vont néanmoins devoir s’unir pour résoudre le mystère qui les a conduit à cette école déserte. Et puis chacun cache un secret plus ou moins lourd qui les empêche d’avancer réellement et un fardeau duquel ils devront se défaire.

Peu à peu, le lecteur comprend où l’auteur veut nous conduire mais, en dépit de références évidentes et assumées (La bande dessinée « Seuls » comme déjà mentionné, John Carpenter, Stephen King, Lovecraft, Donjons & Dragons), le suspense fonctionne. Les plus âgés penseront certainement à des films des années ’80 comme « Stand by me », « Les Goonies », « Breakfast club », etc. Les plus jeunes citerons sans doute « Stranger Things » (qui recycle tous les titres précédemment cités) ou peut-être, pour les plus connaisseurs, l’excellent « Detention ».

Quoiqu’il en soit l’alternance des points de vue entre les protagonistes donne son rythme au récit et rend la lecture, divisée en chapitres relativement courts et ponctués de cliffhangers, très fluide.  L’énergie et le suspense développés sont d’ailleurs tels qu’il est bien difficile de ne pas terminer la lecture d’une traite.

SI LONGUE SOIT LA NUIT n’est sans doute pas le plus original ni le plus ambitieux des romans de Christophe Lambert (ce titre revenant probablement, dans le domaine de la littérature jeunesse en tout cas, à SOUL BREAKERS) mais il s’agit néanmoins d’un excellent divertissement young adult : du fantastique, du mystère, du thriller, une pointe d’épouvante, une bonne dose de considérations adolescentes et un suspense parfaitement maitrisé jusqu’au dénouement réussi. Une nouvelle fois vivement conseillé !

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Jeunesse, #Thriller

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Publié le 21 Avril 2021

L'OEIL D'EMERAUDE

Encore un Bob Morane ! Celui-ci développe une nouvelle portant le même titre écrite en 1957 par Henri Vernes. Bien sûr, le sujet (13 pages à l’origine), va être considérablement étoffé. Le bouquin est de la pure action / aventure avec un décor d’Extrême-Orient : sectes et sociétés secrètes, lieux mystérieux, quartiers malfamés,… Bob et Bill plongent dans les ennuis. Dès l’entame, nos héros sont d’ailleurs poursuivis par des pirates. Ils trouvent refuge dans une grotte où ils découvrent une légendaire pierre précieuse, un œil taillé dans l’émeraude, qui pourrait les conduire sur la piste d’un fabuleux trésor.

Sans prétention mais rythmé, L’ŒIL D’EMERAUDE constitue un bon « Bob » d’aventures. Alors, certes, les Bob sont souvent meilleurs et plus palpitants lorsqu’ils incluent un élément science-fictionnel ou fantastique mais ne boudons pas notre plaisir. Le dépaysement est assuré par la visite de Hong Kong et ses quartiers les plus mal fréquentés, le lecteur a son quota de rebondissements et le rythme ne faiblit pas.

Pas la peine de détailler davantage, le roman (le 65ème de la saga) se montre classique : pas de surprises (bonne ou mauvais), simplement l’assurance d’un divertissement légèrement suranné mais tout à fait plaisant à condition d’avoir gardé son âme d’enfant (ou d’adolescent).

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Jeunesse

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Publié le 15 Mars 2021

ALEX RIDER TOME 4: JEU DE TUEUR d'Anthony Horowitz

Le James Bond adolescent reprend la route pour une quatrième mission dans laquelle il hérite même d’un super vélo aussi blindé de gadgets que l’Aston Martin de son modèle. Pourtant, au départ, notre héros goûte des vacances bien méritées aux cotés de sa petite amie Sabina Pleasure (un nom typiquement « bondien » !) dans le sud de la France. Mais, rapidement, un attentat détruit la maison de sa copine et blesse gravement son père. Pour Alex, pas de doute, la personne visée c’était lui. Il va donc mener son enquête et, rapidement, soupçonner la pop star philanthrope Damian Cray d’être l’auteur de cette attaque. Or Cray s’apprête à lancer sur le marché une console de jeux vidéo révolutionnaire.

L’adversaire d’Alex est, cette fois, une pop star milliardaire, sorte de compromis entre Paul McCartney et Bono mâtiné de Sting et d’Elton John. Le genre de vedette qui serre la main de la reine, donne avec le sourire la moitié de ses gains et multiplie les actions caritatives. Insoupçonnable, même pour le MI6 qui refuse de croire Alex…lequel devra, par conséquent, agir seul. Notre héros, dans la tradition de l’espionnage, va donc voyager du Sud de la France à Paris, sans oublier Amsterdam et Londres.

Dans la droite ligne des précédents, ce quatrième tome constitue un divertissement bien calibré pour le public adolescent mais capable d’intéresser également les plus grands. Intrigue d’espionnage mâtiné de techno thriller et d’une pointe d’anticipation / science-fiction, passages d’action rondement menés, personnages bien typés dont un Alex que l’on connait de mieux en mieux, révélations faisant avancer l’histoire générale de notre héros et final efficace qui annone la suite, SCORPIA.

Plus sombre et plus « violent » que les trois premiers volumes, la saga Alex Rider, à l’image des Harry Potter, semble vieillir avec son public et délaisse le côté « aventure merveilleuse » pour rappeler que l’espionnage, au-delà des gadgets et des demoiselles en détresse, c’est également un monde de coups fourrés, de crimes pour raison d’état et de retournements de veste en fonction du vent soufflant sur les relations internationales.

Un bon cru.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Jeunesse, #Thriller, #Technothriller

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Publié le 16 Février 2021

LA SEPTIEME ETOILE (Les Chroniques pourpres tome 2) d'Alexandre Malagoli

Sans être très subtil ni original, SORCELAME constituait un divertissement de fantasy « young adult » plutôt plaisant. La suite reprend où le premier tome s’achevait mais sans parvenir à susciter le même enthousiasme (relatif). Nous sommes dans une intrigue balisée, très « old school » et jeu de rôle, avec sa petite compagnie de héros (l’élu d’une prophétie, un Troll, un magicien, une princesse,…) en route vers la ville de tous les vices, non pas Las Vegas mais bien Farnesa où chacun doit accomplir une tâche bien précise. A cela s’ajoute le classique réveil de la grande sorcière maléfique, les manipulations politiques, la révolte du camp du « bien » républicain contre les Rois, les chefs religieux mal intentionnés, l’épée magique, etc. Nous avons même quelques protagonistes tout droits tirés d’un antique « livre dont vous êtes le héros » à la manière des Templiers du Chaos ! Ne manque que les jets de dés !

L’ensemble avance donc de manière très linéaire, en laissant quelques interrogations en suspens pour maintenir l’intérêt (avec surtout un mystère sur l’identité de l’élu ici dénommé Ost-Hedan), au gré des pérégrinations des personnages qui se posent l’une ou l’autre questions vaguement philosophiques que l’on pourrait résumer par « La fin justifie-t’elle les moyens » ? » ou « tuer les méchants c’est pas vraiment mal, non ? ». Rendez-vous à l’examen de philo, vous avez deux heures.

Bref, LA SEPTIEME ETOILE peine à intéresser le lecteur même si on reste objectivement dans la « moyenne ». Le style est classique, pour ne pas dire facile, le vocabulaire pas toujours recherché (le monde est à peine esquissé), les dialogues sans grand intérêt, les péripéties attendues,…beaucoup de bémols mais le roman est, heureusement, court et raisonnablement rythmé. Un public adolescent peu exigeant et féru de jeux de rôle pourra probablement y trouver son compte mais, pour la majorité des lecteurs, l’ensemble risque d’être peu engageant. Bien évidemment, ne chargeons pas trop la mule, « il y a pire » et le roman se lit sans vrai déplaisir. Hélas, ce qui pouvait passer à une époque où le genre devait de contenter de quelques parutions par an et que l’amateur désespérait d’obtenir sa ration de High Fantasy parait anachronique aujourd’hui. Alors que le nombre effarant de sorties dans le domaine de la « grosse Fantasy épique avec prophéties et combats qui plaisent aux ados », ne cesse d’augmenter se contenter d’un bouquin juste « moyen » est-il raisonnable ? Surtout qu’il faudrait, pour connaitre la fin de l’histoire, se farcir encore un tome et qu’à l’issue de ce deuxième volet rien ne motive vraiment à poursuivre la saga…On en restera donc là pour ces « Chroniques pourpres » bien décevantes.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse

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Publié le 26 Janvier 2021

L'ORDRE DES RODEURS - L'APPRENTI D'ARALUEN de John Flanagan

Premier tome d’une longue saga de Fantasy destinée à tous les publics (mais estampillée « jeunesse »), voici un œuvre certes très classique mais fort bien menée et plaisante. Nous sommes donc devant le traditionnel roman d’apprentissage, passage obligé d’une saga de Fantasy qui se respecte, et nous suivons les aventures de Will, lequel rêve de devenir chevalier.

Né en Australie en 1944, John Flanagan se lance dans l’écriture de la saga d’Araluen à la fin des années ’90. Il envisage alors un recueil de nouvelles pour encourager son fils à lire. Dix ans plus tard, l’auteur reprend la vingtaine de récits écrits et les transforme en un roman d’environ 300 pages, premier tome d’une vaste saga qui s’étend à présent sur onze tomes, sans compter six volumes spin-off et encore huit autres situés dans le même univers.  L’histoire générale se veut dans la droite ligne de la Fantasy « à la Tolkien » : Morgarath, le seigneur des ténèbres, prépare depuis 15 ans sa revanche sur le royaume d’Araluen. Un jeune adolescent, Will, attend de son côté d’être choisi pour rejoindre un corps de métier et, bien sûr, il se rêve chevalier au service du roi. Pourtant un autre destin l’attend : Will intègre les Rodeurs, un corps d’espion d’élite.

Traditionnel, voire archétypal, L’ORDRE DES RODEURS puise largement dans les classiques de la Fantasy, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et HARRY POTTER en tête. Un jeune orphelin « sans histoire » mais doué, des comparses bienveillants, un maitre taciturne, des démêlées entre différents personnages avec histoire de filiation, d’amour ou d’amitié pour épaissir l’intrigue,…Du classique, tout comme le retour d’un Grand Méchant en guise de moteur à l’action. Mais l’ensemble fonctionne en dépit d’un manque d’originalité certain, y compris dans la description du sacro-saint monde médiéval à peine décalqué de l’Europe moyenâgeuse.

Le cœur de cible de l’auteur étant les adolescents, il prend soin de maintenir un rythme alerte, de donner quelques faiblesses à ses protagonistes, facilitant ainsi l’identification du lecteur, et de ponctuer son récit de touches d’humour bienvenues. Les chapitres s’enchainent pour maintenir en haleine et les nombreux dialogues sonnent vrais, augmentant encore le côté très vivant et enlevé de ce premier tome. Le style, fluide, simple sans être simpliste, rend le tout agréable.

Le résultat donne un bouquin plaisant et maitrisé, pas franchement novateur ni réellement transcendant mais qui remplit parfaitement son but : donner aux ados l’envie de poursuivre l’aventure et les divertir sans les ennuyer. On poursuivra probablement la lecture pour approfondir l’univers et retrouver ces attachants personnages sans nécessairement aller au terme du voyage (et des 10 tomes qui suivent) mais en étant satisfaits de ce petit bout de route à Araluen.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse

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Publié le 23 Novembre 2020

DRAGONLAND TOME 1: LE SECRET DE LA VALLEE DES DRAGONS de Johan Heliot

Johan Heliot, né en 1970, œuvre depuis longtemps dans les littératures de l’imaginaire et a signé de nombreuses réussites, tant en « adulte » qu’en « jeunesse » : sa trilogie de la lune, le très plaisant LA LEGION ECARLATE, le très fun FAERIE HACKERS ou encore LA GUERRE DES MONDES N’AURA PAS LIEU ont démontré son talent pour revisiter des thèmes classiques à travers différents genres (aventures, uchronie, cyberpunk). Très prolifique, l’auteur offre cette fois une Fantasy pour les plus jeunes lecteurs (disons à partir de 8 ans) dont les héros sont un gamin rêvant d’aventures, Artémus, et une fillette dotée de pouvoirs magiques, Iselle, ce qui permet une identification immédiate des lecteurs cibles. On rencontre également un chevalier peureux, une licorne et un dragon puisque ces animaux légendaires remplacent, dans l’univers proposé, les chevaux. Depuis LA BALLADE DE PERN les dragons sont des êtres incontournables de la Fantasy et, dans ce premier tome de DRAGON LAND, ce sont des montures dressées par l’Homme dont les colliers les empêchent de cracher le feu.

L’intrigue générale, pour sa part, reste classique et s’adresse à un lectorat relativement jeune avec cette lutte entre le Bien et le Mal assortie d’une quête de la demoiselle, Iselle, pour découvrir une mythique Vallée des Dragons.

Le tout se montre néanmoins divertissant et bien mené, avec de nombreux rebondissements qui enchanteront les amateurs : pirates, monstres, etc. Le vocabulaire est précis mais abordable, les chapitres fort courts et le rythme suffisamment alerte pour que le lecteur dévore rapidement cette aventure fort agréable et tout public.

Bien qu’il s’agisse du premier volume d’une série, le roman se suffit à lui-même et ne se termine pas en queue de poisson, ce qui s’avère appréciable à l’heure où les sagas de Fantasy se terminent systématiquement par un cliffhanger incitant à l’achat du tome suivant.

Les adultes apprécieront ce récit qui s’adresse cependant plus spécifiquement aux grands enfants et adolescents. Quoiqu’il en soit encore une jolie réussite de la part de Johan Heliot.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Jeunesse

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Publié le 19 Novembre 2020

SOUL BREAKERS de Christophe Lambert

Petit pavé (près de 600 pages !) qui se lit pourtant avec facilité tant le récit se montre fluide et bien mené, SOUL BREAKERS constitue une belle fresque historique teintée de fantastique. Les prémices font penser à LA FOIRE DES TENEBRES de Bradbury, le déroulé à TALISMAN du King mais SOUL BREAKERS trouve très vite son identité et prouve, à ceux qui en doutait, que la littérature « jeunesse » n’a plus rien à envier, en terme de qualités et d’ambitions, aux bouquins « adultes ».  

Le livre se situe en 1936, en pleine Grande Dépression, alors que de nombreux Américains sombrent dans la pauvreté et n’ont d’autre choix que de se déplacer sur les routes. Teddy, adolescent de 15 ans en route pour la Californie, voyage avec son père et sa sœur Amy ; or, en Arizona, les deux jeunes gens assistent à un spectacle donné par une troupe de forains menée par Sirius. Peu après, Amy tombe gravement malade. Pour Teddy, la seule explication est que Sirius a volé l’âme de l’enfant. Il décide de se lancer à la poursuite des saltimbanques pour inverser le sortilège.

Christophe Lambert nous offre une grande fresque, prenante et originale, qui nous permet de revisiter une période difficile : exploitation des mineurs, répression dans la violence, augmentation de la criminalité, misère, guerre mondiale à venir, détour par un hôpital psychiatrique avec thérapie aux électrochoc, ou dans un abattoir…L’écrivain ne ménage pas son lecteur, même si le roman peut être catalogué « young adult » : il ne lui épargne pas les difficultés de la vie, la mort omniprésente, les déceptions, les sentiments contrariés, les amours naissantes et les chagrins,…Nous sommes loin de Tintin ou de Bob Morane qui s’en sortaient sans une égratignure, asexués et toujours triomphant (sans jugement de valeur mais les temps ont changé !). Les personnages sont nombreux (le jeune Teddy, le fantasque apprenti écrivain Duca, le « Chef » indien, la jeune muette,…) et toujours bien campés avec des traits bien dessinés et des répliques bien senties, mention spéciale au Shérif un brin rentre-dedans tout droit sorti d’un film grindhouse / redneck.

Le style, lui, est toujours maitrisé et le vocabulaire bien choisi pour être compréhensible par un public adolescent sans sombrer dans la platitude ou la facilité. Un exercice difficile mais que Lambert maitrise depuis longtemps, ce qui rend ce grand « road-movie » américain aussi plaisant pour les adultes que pour les plus jeunes. Tout le fond historique et social s’avère, comme toujours, bien rendu et après quelques belles réussites situées durant la Seconde Guerre Mondiale comme LA BRECHE ou LE COMMANDO DES IMMORTELS, le romancier s’intéresse ici à la période immédiatement antérieure.

Fresque épique, fantasy historique et drame fantastique font ainsi bon ménage pour offrir au lecteur un vrai plaisir. Un des (nombreux !) sommets de l’auteur, à déguster sans modération.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Christophe Lambert, #Fantastique, #Fantasy, #Historique, #Jeunesse

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Publié le 4 Juin 2020

LA MOITIE D'UN ROI (LA MER ECLATEE TOME 1) de Joe Abercrombie

Récompensé du Locus dans la catégorie « Jeunesse », LA MOITIE D’UN ROI constitue le premier volet d’une trilogie de Joe Abercrombie, nouveau venu déjà fort célébré de la fantasy, option grimdark (une branche plus violente et réaliste recourant assez peu aux éléments magique). Le style d’Abercrombie se montre pour sa part très efficace avec un côté page turner prononcé : des chapitres courts (quelques pages) qui donnent envie de poursuivre la lecture, une pagination très raisonnable (environ 350 pages), des dialogues nombreux qui sonnent justes,…

Le prince Yarvi, affligé d’une main difforme, se destine au ministère…A la mort de son père et son frère il doit pourtant assumer la charge royale dont il n’a jamais voulu. L’estimant trop faible pour devenir roi, Yarvi sera trahi par son oncle. Laissé pour mort il se retrouve enchainer sur une galère mais, contre toutes attentes, survit à cette épreuve, se trouve de nouveaux amis et compagnons et jure de se venger.

Abercrombie n’est pas un grand styliste mais il est indéniablement efficace. On pourrait le rapprocher d’un Gemmell par sa capacité à offrir un divertissement rythmé et sans temps mort, ponctué de répliques qui font mouche et de quelques considérations « philosophiques » (au sens très large) sur le devoir, l’héroïsme et la destinée personnelle. L’univers développé dans cette nouvelle saga s’avère classique mais appréciable, sorte de décalque du notre agrémenté d’un soupçon de surnaturel (les Elfes) afin de proposer un roman historique « d’une époque n’ayant jamais existé » si j’ose dire. Les querelles religieuses entre le polythéisme et la Déesse Unique ajoutent un piment supplémentaire à cette toile de fond d’inspiration scandinave où l’on retrouve combats entre rois rivaux, marchands d’esclave, galériens, etc. En dépit de la violence et du côté tragique (à l’antique dirait on pour faire culturé) du récit, un certain humour noir sous-tend ce premier tome fort agréable qui se lit (et même se relit !) avec plaisir.

Si LA MOITIE D’UN ROI ne se montre guère surprenant durant la majorité de son déroulement, le rebondissement final est étonnant : sans doute un peu « gros » mais tout à fait réjouissant et plaisant. Cela relance le récit, jusque là assez linéaire (la vengeance d’un roi dépossédé de son trône), et le dirige dans une autre voie, donnant envie de poursuivre la trilogie pour découvrir où l’auteur va nous conduire. Une bonne pioche !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Jeunesse

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Publié le 27 Mai 2020

RIO DIABLO de Christophe Lambert

Sous le haut-patronage de ses maitres et modèles (« Rio Bravo » de Hawks, « La nuit des morts vivants » de Romero et « Assaut » de Carpenter), voici un réjouissant mélange de western et de fantastique horrifique. On pense également à l’excellent et plus méconnu « Quand les tambours s’arrêteront » avec ses attaques d’Indiens quasi surnaturelles.

Enquêteur fédéral, Martin Pawley débarque dans le territoire des Indiens Chiricahua pour s’entretenir avec le shaman Tu-Tanka au sujet d’événements mystérieux s’étant récemment déroulés dans la région. Pawley et Tu-Tanka partent donc vers le pays des Blancs mais, sur le chemin, effectuent une courte halte dans le petit bourg de Rio Diablo. Malheureusement, une dispute dégénère et le duo se retrouve emprisonné aux côtés d’un pilleur de banque surnommé Dynamite Jack. Le sorcier indien utilise alors ses pouvoirs pour quitter la prison mais l’opération réveille surtout les morts du cimetière local qui s’en viennent prendre d’assaut le village.

Roman d’horreur destiné aux adolescents mais appréciable pour les adultes, RIO DIABLO constitue le second hommage de l’auteur au western après SOUVIENS TOI D’ALAMO qui mêlait les conventions du genre à celle de la science-fiction. Ici, en 2005, il revisite le « film de siège » et le transforme en un savoureux cocktail de roman western et d’épouvante avant que les zombies ne deviennent à la mode et ne supplantent les vampires comme « personnages » cultes du fantastique.

On repère les clins d’œil aux classiques du genre, comme le scorpion dévoré par les fourmis de la « Horde sauvage », quelques ajouts renvoyant au steampunk (la montgolfière que le savant farfelu souhaite équiper d’un gouvernail pour la transformer en dirigeable) et on imagine très bien les trognes d’une poignée d’acteurs mal rasés (Américains ou Italiens) se démener dans ce bled cerné de morts-vivants. Si les Italiens avaient encore une industrie cinématographique digne de ce nom ils se seraient surement précipités sur le bouquin pour l’adapter…Tant pis, on se contentera de rêver à ce qu’aurait donné à l’écran cette aventure échevelée et sans temps morts. Un fort bon moment à savourer dès 12 ans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Christophe Lambert, #Fantastique, #Historique, #Horreur, #Jeunesse, #Western

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