horreur

Publié le 8 Février 2022

DJINN de Sam West

Sam West est un auteur britannique spécialisé dans le splatterpunk, l’extrême horreur et le porno-gore. Dans DJINN, le romancier nous présente Pam Wilkins, laquelle n’a pas gagné le grand prix au jeu du destin. Grosse, moche, sans ambition, elle se fait battre par son petit copain et nettoie les toilettes pour gagner son misérable salaire. Comme disait Kurt « elle se déteste et veut crever ». Toutefois, un jour, elle découvre une lampe magique. Et qui en sort ? Un génie bien sûr, ou plutôt un djinn, autrement dit un démon oriental qui lui promet tout ce qu’elle désire. Ou presque : il lui accorde six vœux à condition d’accomplir différentes tâches dégradantes. Le djinn lui demande ainsi de boire l’eau croupie des toilettes. Pam accepte. Ce n’est qu’un début, évidemment.

Splatterpunk et porno-gore ne sont pas réputé pour leur finesse et DJINN ne cherche pas à revitaliser le genre ni à se montrer particulièrement original. Le déroulement de l’intrigue se montre ainsi très prévisible et linéaire avec un développement quasi nul. Quoique le personnage principal occupe toutes les scènes, le lecteur n’aura pas beaucoup de précisions la concernant. Elle est juste vénale, détestable et immonde. Si Divine était encore de ce monde elle pourrait jouer son rôle dans une adaptation signée John Waters. Bref, si la première moitié du bouquin reste correcte et propose les passages classiques du genre (viols, tortures, etc.), la suite peine à convaincre. Ainsi, après une partie relativement sobre qui se montre distrayante et relativement bien menée, la suite se vautre dans la surenchère et la scatologie. Quitte à perdre toute crédibilité et à sombrer dans l’excès pour l’excès, l’auteur se fait plaisir et en rajoute dans le trash total. Notre héroïne se fait sauter par un clochard, est « gangbangée » par trois voyous, suce six kikis, boit des litres de sperme et permet à un chien de l’enculer. Pour les habitués de l’extrême, rien de très novateur, juste la routine du porno gore crasseux. Mais les descriptions sont très longues, au point que la narration – plutôt convaincante dans les soixante premières pages – se délie complètement et donne envie de survoler en diagonale l’énième dégueulasserie imaginée par le romancier.

DJINN possédait un certain potentiel et sa thématique, certes traditionnelle, laissant espérer une réelle originalité. Malheureusement le bouquin retombe dans les travers du splatterpunk et l’impression reste mitigée. Censé donner la nausée, le livre suscite surtout l’ennui. Parfois trop c’est juste…trop.

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Publié le 28 Janvier 2022

PORN de Matt Shaw

Nouvelle livraison dans le domaine de la littérature extrême, PORN mérite bien son titre. Matt Shaw, né en 1980, appartient à cette nouvelle génération d’auteurs qui semble écrire plus vite que son ombre. Fan de Freddy, il propose des kilos de bouquins, souvent courts, dans le genre splatter punk ou porno gore. Shaw se définit comme un auteur d’extrême horreur et se spécialise dans un mélange de sexe et de violences brutales. En dépit de son côté brutal, PORN se montre cependant réussi et construit, proposant une montée progressive dans la sauvagerie, une intrigue qui se tient et une fin surprenante.

L’auteur plonge dans l’industrie du X par l’intermédiaire d’une apprentie actrice qui, lassée de ne pas trouver de travail « traditionnel » atterrit sur les tournages hard. Le romancier nous raconte alors son itinéraire avec ses bons et ses mauvais côtés, ses questionnaires sur ses pratiques sexuelles acceptées ou non, ses partenaires sympas ou pas, ses réalisateurs plus ou moins bienveillants,…Néanmoins pour un roman « porno gore » la première partie de l’équation ne suffit pas : l’intrigue doit évoluer et, bien sûr, pas de manière positive. Car notre apprentie porn-star accepte un jour un contrat pour un tournage un peu louche. Elle s’y rend cependant accompagnée de son meilleur ami, estimant ainsi être suffisamment protégée contre toute mauvaise expérience. Elle s’étonne cependant des nombreux « extras » présents sur le plateau en plus de l’acteur principal et du réalisateur. Et, hélas, le copain est égorgé. Tant pis pour la protection. Les « extras » ont payés pour la violer, la torturer et la tuer devant la caméra. Heureusement, elle s’échappe et, logiquement, revient se venger et de manière bien sanglante. Raconté en flashbacks, l’intrigue fonctionne efficacement. Le lecteur s’attache à l’héroïne et prend évidemment son parti, comme dans tout bon « rape and revenge » qui se respecte. Car c’est bien à ce genre cinématographique aussi fun que décrié que Matt Shaw rend hommage bien qu’il le revisite façon torture porn en surfant sur le mythe des snuff movies. Ici les parties « rape » et « revenge » sont imbriquées, rendant la lecture plus plaisante et moins linéaires. Le méchant aura sa punition pour le plus grand plaisir du lecteur : Butt plug puis gode taillé en pointe inséré dans son fondement, testicules broyés à coup de marteau, blessures innombrables…Avec, cependant, l’envie de le maintenir en vie jusqu’à l’intervention d’une tronçonneuse…PORN donne au lecteur ce qu’il cherche, et même un peu plus : beaucoup de sexe, beaucoup de gore et, petit plus appréciable, une caractérisation travaillée de sa protagoniste principale, une construction habile et un twist étonnant. Une bonne surprise dans un genre qui en compte peu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Splatterpunk

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Publié le 16 Janvier 2022

THINGS HAVE GOTTEN WORSE SINCE THE LAST TIME WE SPOKE d'Eric LaRocca

Eric LaRocca est un auteur spécialisé dans l’extrême horreur et le porno avec une forte dominance gay. Ce récit est entièrement construit à partir de la correspondance entretenue en ligne par deux jeunes femmes, Zoe et Agnes, réunies suite à une banale vente sur Internet. Le prologue nous apprend pourtant que le Henley’s Edge Police Departement a collecté ces informations, certaines ayant été gommées pour ne pas interférer avec l’enquête. Cette introduction (fictionnelle) et le titre choisi annoncent immédiatement que la relation amicale puis amoureuse entre les deux demoiselles va prendre un tour tragique. Agnès désire vendre, pour environ 250 dollars, un éplucheur antique ayant appartenu à sa grand-mère et utilisé par le compositeur Charles Ives. Cette description attire Zoe qui se propose de l’offrir à son grand-père, un fan d’Ives. Après une série d’échanges innocents, la relation cordiale se transforme en amitié puis en attirance. Zoe suggère ainsi à Agnès d’assumer davantage sa féminité, par exemple en portant une robe rouge provocante au bureau. Rapidement, Agnès accepte les demandes de sa correspondance et « signe » un contrat instaurant entre elles une relation teintée de sadomasochisme. Sans jamais se voir, les deux femmes sont entrainées dans une spirale de perversions et Agnès devient la « chose » de Zoé. Jusqu’au final cradingue proche du David Cronenberg des débuts, au cours duquel Agnes s’intoxique volontairement pour porter un ténia qui la martyrise, substitut au bébé que Zoé ne peut lui donner.

Ramassé sur 102 pages, ce court roman se lit très vite, la forme « épistolaire » moderne en rend d’ailleurs la construction rythmée et addictive. Une plongée sans doute trop brève (l’acceptation du contrat par Agnès semble peu crédible après si peu de temps) mais indéniablement efficace dans les tourments de deux psychés sacrément perturbées. L’ensemble fonctionne bien, l’auteur parvenant à maintenir l’intérêt malgré une intrigue minimale et une fin attendue. Car si « tout a empiré depuis la dernière fois qu’on s’est parlé » la seule issue ne peut-être qu’une mort sanglante et brutale pour la principale protagoniste. Sans verser dans l’extrémisme de certains romans courts de « splatterpunk », le bouquin reste perturbant et malsain. Fragiles s’abstenir !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman court (novella), #Thriller, #LGBT, #Splatterpunk

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Publié le 9 Janvier 2022

BABY TRAP de Patrice Herr Sang

Troisième livraison pour Karnage, la collection qui succède à Gore, Maniac et Trash auprès des amateurs d’horreur pulp extrême. Patrice Herr Sang, alias Patrice Lamare, est une figure bien connue du milieu bis, rock et punk avec sa librairie parisienne Hors Circuit. Au milieu des années ’80, il livre pour la collection Gore un premier bouquin, LA GALERIE DES HORREURS, hommage au Grand Guignol façon Hershell Gordon Lewis. Par la suite il s’attaque aux agressions animales avec LES GRIFFES DE SANG et s’inspire du giallo à la Argento pour SIX CADAVRES DANS UN CERCLE. Guère étonnant de le retrouver au programme de la collection Karnage avec ce roman à l’humour noir prononcé. Après le très brutal SANCTIONS de Talion et le référentiel / porno / gore ACID COP de Zaroff, voici ici une nouvelle manière d’envisager la collection, dans un esprit beaucoup plus ludique. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que l’auteur ait renoncé aux scènes sanglantes et choquantes mais, dans l’ensemble, cette rafale de gore se veut plus amusante que scandaleuse. Le thème, cependant, reste sans concession avec ces bébés exécutés sans pitié. Des parents à bout ? L’enquête est confiée à un policier dur à cuir typique qui remonte la piste. Comme toujours, le tout est emballé en 160 pages bien serrées qui ne trainent pas en route mais offrent, à intervalles réguliers, un passage bien saignant.

BABY TRAP propose donc une intrigue solide, un côté déjanté par sa thématique originale, un peu de sexe et pas mal de violence, le tout saupoudré d’une large rasade d’humour noir. Cela se lit vite, sans ennui et avec le sourire (sans provoquer de hauts le cœur !). Bref, du bon Karnage qui pourrait ouvrir la collection à un public plus large et moins jusqu’au-boutiste que les deux premiers volumes. On appréciera cette troisième livraison qui démontre l’ouverture des titres proposés en attendant le suivant, plus axé science-fiction : COSMOS CANNIBALE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Humour, #Roman de gare

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Publié le 12 Décembre 2021

VIEUX DEMONS de Simon R. Green

John Taylor est un détective privé spécialisé dans la recherche d’objets perdus, un don né de ses origines puisque Taylor est natif du Nightside, le côté obscur ignoré de tous de Londres. Comme tous les privés, Taylor connait des fins de mois difficiles et l’arrivée de la très riche Joanna Barrett lui apparait donc comme providentielle. Joanna, en effet, lui propose une forte somme pour retrouver sa fille, adolescente fugueuse partit s’encanailler dans le Nightside. Taylor accepte donc de retourner dans ce territoire incertain…à ses risques et perils.

Avec ce premier tome de la saga Nightside, Simon Green n’invente rien mais démontre son talent évident pour sublimer ses influences. Son John Taylor (un hommage au bassiste de Duran Duran?) ressemble à John Constantine et il déambule dans un univers d’urban fantasy inspiré à la foi par le NEVERWHERE de Nail Gaiman et les classiques du polar comme LE FAUCON MALTE. Personnages peu recommandables, femme fatale entreprenante, magouilles, trahisons et rebondissements s’invitent donc tout au long de ses 250 pages de littérature divertissante plutôt bien troussée.

Le Nightside lui-même, quoiqu’à peine effleuré(laissons d’autres découvertes pour les prochains tomes), se montre convaincant avec son obscurité perpétuelle (il y est toujours 3 heures du mat’) et sa galerie de “freaks” déambulant dans ses ruelles inquiétantes. Plusieurs époques et lieux se côtoient avec plus ou moins de Bonheur dans ce quartier magique niché au coeur de Londres. Simon Green parsème l’intrigue de références plus ou moins évidentes, d’emprunts à la culture anglaise (celle, plus fantasmée que réelle ancrée dans l’inconscient collectif depuis “Chapeau melon et botte de cuir” ou “James Bond”) et d’arguments rock & roll, son héros rencontrant notamment le Dieu Punk du Rasoir ou s’enfilant une bière dans un pub bloqué à jamais dans les swingin’ sixties.

Mélange de polar façon série noire retro, d’urban fantasy horrifique gluante et d’humour bien senti, VIEUX DEMONS constitue une plaisante découverte, une lecture “facile” mais très agréable qui donne envie de se plonger rapidement dans la suite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Polar

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Publié le 6 Décembre 2021

THE HAUNTED VAGINA de Carlton Mellick III

Bon, avec un tel titre, l’amateur comprend immédiatement à quoi s’attendre. Nous sommes dans le genre littéraire « weird » ou, plus encore, le « Bizarro », un style initié à l’orée des années 2000 et qui se veut l’équivalent du cinéma culte ou grindhouse. Proche du splatter punk, le tout se vautre joyeusement dans le gore outrancier et le sexe tordu mais, alors que le splatter punk se veut réaliste (avec en référence moderne le torture porn), le Bizarro joue surtout la carte du surréalisme et l’imagination complètement délirante des auteurs ne s’autorise aucune limite. Les influences sont donc Philip K. Dick, William Burroughs, le Ero guro japonais, le surréalisme, le gore, le porno, la SF,…bref tout ce qui est de mauvais genre et hors du mainstream avec l’envie de proposer une littérature extrême, délirante mais aussi fun et surtout bizarre.

Ici, nous assistons aux aventures sexuelles de Steve et de sa copine, la très chaude Stacy. Problème, cette dernière a une chatte hantée. Oui oui, cette fois Satan l’habite pour de vrai. Ou presque. En réalité, le trou d’amour de Stacy est un tunnel donnant sur un autre monde. D’où la stupéfaction de Steve, on le comprend, lorsque sa compagne accouche d’un squelette qui finit par se désagréger. Stacy a la solution : faire entrer Steve en elle. Littéralement. A coup de lubrifiant et de branlette frénétique la demoiselle distant son vagin au-delà des limites physiques acceptables. Même dans le porno crade on n’a jamais vu pareil dilatation. Donc Steve s’y engouffre et découvre l’existence, dans la foufoune de Stacy, de tout un univers façon Fantasy.

La première partie de ce court roman (une centaine de pages) est la plus réussie avec ses prémices hallucinantes et ses scènes étrangement sexuelles plus « what the fuck ? » (c’est le cas de le dire) les unes que les autres. La seconde partie est plus classique, le héros se retrouvant dans un univers plus conventionnel qui cultive les tropes de la fantasy. Il reste toutefois de bons moments, notamment lorsque le héros manque d’être noyé par un torrent de spermes alors que sa copine s’offre un coup d’un soir. Ou lorsqu’une séance de masturbation de la demoiselle a des répercussions dignes d’un tremblement de terre (ou de chair) dans son intimité. Au final, le lecteur passe un bon moment et reçoit, grosso modo, ce qu’il attendait d’un court roman intitulé THE HAUNTED VAGINA. Pour les amateurs de romans romantiques ou philosophiques choisissez un autre bouquin.

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Publié le 29 Novembre 2021

LA PETITE SIRENE (Les contes interdits) de Sylvain Johnson

Disons-le d’emblée, ce roman s’avère meilleur que LE VILAIN PETIT CANARD ou LE PETIT CHAPERON ROUGE dans cette même collection de contes interdits, ne serait-ce que parce qu’il suit l’histoire originelle de manière plus fidèle. Mais précisons tout de suite que nous sommes loin d’une grande réussite.

Ici, nous suivons le destin d’Angie, jeune fille atteinte d’une véritable maladie, la sirénomélie, surnommée « le syndrome de la sirène », qui a transformé ses jambes en une sorte d’appendice caudale. A sa naissance, rejetée par son père alcoolique, l’enfant est confiée à des forains qui vont la transformer en phénomène de foire et tirer parti de sa condition. Là, Angie se lie d’amitié avec un « garçon homard » et subit des viols à répétition par des pervers qui paient pour coucher avec une « sirène ». Elle finit par s’enfuir et trouve refuge dans un étrange palais habité par des nains.

Comme les autres titres de la série, ce conte interdit se veut horrifique et riche en passages osés. L’auteur étale donc pas mal de scènes chocs qui mêlent sexe et sang de manière très frontale. C’est d’ailleurs la principale qualité du bouquin : plonger dans la fange et offrir au lecteur son quota de scènes de viols et de tortures. LA PETITE SIRENE parvient ainsi à divertir lorsque le romancier joue à fond la carte de la perversité (la sirène se fait violer avec un harpon planté dans sa « queue », l’homme homard ébouillanté vivant,…) ou du délire, en particulier grâce à une bande de nains. Ceux-ci vivent dans un « palais des nains » où ils se livrent à toutes les turpitudes possibles. Faut dire que le nain s’ennuie. A part jouer dans Game of Thrones, Fort Boyard ou du porno hard-crad les débouchés sont minces. Alors il faut bien s’amuser et comme le chantait les VRP tripoter les « nénés des nanas des nains ».

Bref, ces aspects outrés peuvent paraitre ridicules, ils n’en sont pas moins plaisants et permettent de sortir quelque peu des sentiers battus. L’hommage plus ou moins volontaire au classique « Freaks » rend plus digeste un roman qui aurait cependant été plus réussi en sombrant encore davantage dans le porno gore rigolo. Ceux qui ont visionné les perles de cinémathèques que sont « La Baby Sitter violée par un nain » ou « The Sinful Dwarf » me comprendront. Notons toutefois que le bouquin se distingue aussi par son vocabulaire canadien dépaysant avec quelques expressions sympas (« hostie » ou encore « Viens moi dedans ! ») qui donnent le sourire.

Roman totalement invraisemblable mais en partie sauvé, justement, par ses péripéties délirantes, LA PETITE SIRENE aligne viols, tortures, perversions sexuelles et passages cradingues pour le plaisir de l’amateur de littérature déviante. Dommage que le tout se prenne un peu trop au sérieux (couverture classieuse et présentation prestigieuse) sans oser assumer jusqu’au bout ses orientations malsaines. On préfèrera donc relire un bon Gore ou un petit Karnage mais, au niveau des Contes Interdits, voici sans doute le bouquin le plus fun (pour l’instant).

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur

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Publié le 25 Novembre 2021

GENITAL GRINDER de Ryan Harding

Empruntant son titre à un morceau instrumental de Carcass et adoubé par Edward Lee en personne qui nous avertit dans la préface du côté extrême du bouquin, ce recueil de nouvelles constitue une bonne surprise.

Le splatterpunk, genre littéraire totalement déjanté qui aligne à longueur de pages sadismes, tortures sexuelles et passages vomitifs, peut vite lasser, surtout dans la forme d’un roman. En optant pour le format court, l’auteur évite beaucoup d’écueils. Il prend d’abord le soin d’écrire de véritables nouvelles, avec une intrigue et des personnages, ne se contentant pas d’aligner les passages dégueulasses même si ceux-ci sont évidemment très nombreux. La première histoire donne le ton et parait de prime abord une variation sur une nouvelle jadis publiée dans le recueil HISTOIRES DE SEXE ET DE SANG : un homme ramène chez lui une obèse qui décède en pleine « action », s’écroulant sur son partenaire et le coinçant sur le lit. Ryan Harding dévie ensuite du scénario imaginé par le récit précité et propose une conclusion différente mais tout aussi crade. La deuxième histoire parait, elle, moins intéressante et sombre un peu trop dans le « full shocks ahead », impliquant un cinglé qui se sodomise avec une brosse de toilette tout en violant un cadavre en s’aspergeant de pisse. Ah oui j’avais oublié de mettre un avertissement. Bon tant pis. Comme disait l’autre « le lecteur est prévenu ». Nous retrouvons nos deux malades mentaux quelques pages plus loin pour un exercice de « snuff movie » avec viols et tortures à gogo.

La troisième histoire se révèle bien plus intéressante et plus proche de l’horreur mainstream (avec quelques détails « beurk » quand même) : un type découvre que son père était un tueur en série. Plutôt que le dénoncer, il imagine de tuer sa femme puis de faire porter le chapeau à papa. Mais tout ne se déroule pas comme prévu. Un très bon récit, enlevé, bien ficelé, aux twists nombreux et saupoudré d’une bonne dose d’humour noir qui oscille entre horreur et thriller. Rien que pour cette histoire, le recueil mérite la lecture !

Autre histoire d’humour noir : la relation qui se noue entre un jeune ado sexuellement frustré et un tueur en série qui garde un harem de proies féminines dans sa cave. Plutôt que de le dénoncer, le gamin décide de participer joyeusement à ses crimes. Un petit côté « Un élève doué » de Stephen King mais version courte et beurk à souhait avec les inévitables conventions du splatterpunk : viol, tortures sexuelles, cannibalisme et autres carnages.

La dernière nouvelle, qui tourne autour du bug de l’an 2000, des théories apocalyptiques et de l’art pouvant créer le réel se montre, elle aussi, efficace.

En résumé, un recueil plaisant pour découvrir le splatterpunk bien que, paradoxalement, la nouvelle titre soit la plus faible du lot.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Splatterpunk

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Publié le 24 Novembre 2021

UNE FILLE COMME LES AUTRES de Jack Ketchum

Dans la préface, Stephen King répète tout le bien qu’il pense de Jack Ketchum, chantre de l’horreur extrême et, à ses yeux, un des plus grands écrivains américains vivants (Ketchum décède en 2018). Il le rapproche également de Thomas Harris ou Jim Thompson. La spécialité de l’auteur consistait à s’inspirer d’un faits divers horrible pour accoucher d’une œuvre de fiction brutale. Il se fait ainsi connaitre avec le très gore SAISON DE MORT (ou MORTE SAISON), un des romans fondateurs du splatter punk. Mais UNE FILLE COMME LES AUTRES se montre beaucoup, beaucoup plus dérangeant, prenant place à côté du AMERICAN PSYCHO de Brett Easton Ellis ou du CORPS EXQUIS de Poppy Z. Brite parmi les bouquins les plus insoutenables de la littérature.

David, un garçon de 12 ans, rencontre un jour Meg, une jolie fille qui vient d’emménager chez sa tante Ruth en compagnie de sa sœur Susan encore handicapée suite à un grave accident de voiture. Ruth est une trentenaire charmante, un peu aigrie, un peu misandre mais finalement sympa, qui vit avec ses enfants, Donny, Willie et Woofer et offre des bières aux gamins du quartier. David aime bien Ruth et est copain avec ses fils. Peu à peu Meg devient le souffre-douleur de sa tante. David est témoin de la dégradation de leurs rapports mais ne fait rien et n’en parle à personne. Les adultes pensent sans doute que Ruth à la main lourde mais nul n’interdira jamais à un adulte de corriger un enfant n’est-ce pas ? Lorsque la situation commence à déraper, Ruth attache l’adolescente dans un petit abris anti-atomique. Avec ses fils et la complicité d’autres enfants du quartier elle va s’employer à humilier, torturer et violer Meg à longueurs de journées (et de pages puisque ces scènes occupent la moitié du roman).

Lauréat du Grand Master Award au prix Bram Stocker pour sa contribution exceptionnelle à l’horreur, Jack Ketchum n’utilise pas les conventions habituelles du genre. Un seul de ses livres recourt au surnaturel. Les autres parlent des vrais monstres, ceux qui sourient à leur voisin et qui ont l’air si gentils. Il s’inspire ici du meurtre de Sylvia Likens, tuée en octobre 1965. Un crime décrit comme « le plus sadique de l’histoire des Etats-Unis après une série de dégradations inimaginables ». Pour ceux qui estiment que Ketchum va trop loin (et il va certainement très loin) dans sa description des humiliations, violences sexuelles et autres tortures il précise dans la postface qu’il a « atténué la réalité ». La véritable histoire de Sylvia Likens fut relatée dans le film « An American Crime » avec Ellen Page dans le rôle. UNE FILLE COMME LES AUTRES fut également porté à l’écran en 2007.

Le roman de Ketchum constitue donc un gros coup de poing, un direct à l’estomac qui sans sombrer dans l’excès (et le grand guignol) n’occulte rien des tortures infligées à cette jeune fille pas comme les autres. Ce n’est pas une lecture facile ni agréable ni plaisante. Ce n’est pas un roman d’horreur gentillet avec des vampires, des loups garous ou des zombies. Ce n’est pas un bouquin qu’on referme en souriant en se disant « tout ça n’existe pas, c’était sympa mais là ça va ». C’est une plongée dans ce que l’Humanité est capable, une plongée dans l’ignoble et la dégueulasserie la plus éprouvante. Quasiment de la première à la dernière page il n’y aura ni répit ni espoir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Thriller, #Histoire vraie, #Splatterpunk

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Publié le 22 Novembre 2021

OFFSHORE CONNECTION de Gerald Montgomery

402ème roman « Exécuteur » publié, OFFSHORE CONNECTION (n’eut-il pas été plus simple de garder le titre original de « Leviathan » ? ) constitue une agréable diversion des routines de la série. Mack doit, cette fois, intervenir sur un important site de forage pétrolier dans l’Océan Atlantique. La station Cassiopée est même considérée comme un état indépendant hors des juridictions nationales. Or, le pétrole n’y est qu’une couverture : on y trafique également de la drogue et la mafia et la CIA en font un terrain d’affrontements. Mais ce n’est pas tout car, pour ne rien arranger, intervient dans l’équation une bande de cultistes vénérant les étranges calamars géants qui nagent dans ses eaux. Nous voici donc entrainé dans un bouquin particulièrement délirant qui reprend quelques tropes de la saga de Mack Bolan mais les intègrent dans un récit plus vaste et plus original. L’auteur propose ainsi des clins d’œil prononcés à l’aventure façon 20 000 LIEUES SOUS LES MERS ou aux séries de science-fiction rétro comme « Voyage aux fonds des mers ». Bien sûr, la présence de cultistes et de monstres marins, fait immédiatement songer à Lovecraft et OFFSHORE CONNECTION ne se prive pas de plonger dans les territoires des Grands Anciens ou d’orchestrer un combat homérique entre un sous-marin et un gigantesque calamar. Pas spécialement vraisemblable mais qu’importe, l’essentiel reste le plaisir du lecteur !

Atypique et déjanté, OFFSHORE CONNECTION s’éloigne radicalement des conventions habituelles de la saga de Mack Bolan, lequel aurait d’ailleurs pu ne pas être présent. Nous sommes bien davantage dans un mélange de science-fiction, de fantastique référentielle et d’aventures à l’ancienne que dans les classiques guérillas urbaines typiques de nombreux « Exécuteur ». Une certaine idée du roman pulp, certes modernisé, mais qui renvoie davantage aux bouquins style Doc Savage qu’aux productions actuelles des « romans de gare ». Et ce n’est pas plus mal tant tout cela s’avère, dans les limites de ses ambitions, plaisant.

OFFSHORE CONNECTION de Gerald Montgomery

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