horreur

Publié le 8 Décembre 2017

MASSACRES D’OUTRE TOMBE de Gary Brandner

Publié dans l’éphémère collection « Maniac » qui entendait occuper le terrain aux côtés de « Gore », ce roman fantastique est signé Gary Brandner, surtout connu des amateurs pour sa trilogie HURLEMENTS publiée chez Gore (et qui donna naissance à huit films d’intérêt…divers).

Pourtant, au-delà de cette saga consacrée aux lycanthropes, Brander (1930 – 2013) écrivit une bonne vingtaine de romans d’épouvante tel ce MASSACRES D’OUTRE TOMBE de bonne tenue et très professionnellement rédigé.

L’intrigue débute par la noyade, lors d’une fête, d’une jeune femme, Joanna Raitt. Celle-ci, considérée comme « morte » durant quelques instants est cependant sauvée par son petit copain Glen et se détourne du « tunnel de lumière » avant de réintègrer le monde des vivants. Suite à divers événements surnaturels, Joanna demande conseil auprès d’un medium charlatan, Peter Landau (lequel rappelle – sans doute un peu trop - le Harry Erskine des premiers bouquins de Graham Masterton). Peu après, une femme tente de la tuer avant de s’écrouler. Une mort apparemment naturelle. Pourtant, l’autopsie confirme l’incroyable soupçon de Joanna : son assaillante était déjà décédée lorsqu’elle l’a agressée. Peu à peu la vérité se dessine : il semble, en effet, que les défunts veuillent ramener la jeune femme dans l’au-delà avant la prochaine Saint-Jean. Joanna se voit, dès lors, confrontée à des morts vivants vindicatifs…

Adapté à la télévision sous le titre « Retour de l’au-delà », MASSACRES D’OUTRE TOMBE s’avère un petit bouquin à l’intrigue très resserrée (l’édition française compte 150 pages, contre 220 pour l’originale) qui anticipe quelque peu sur « Destination finale ». Une jeune femme ayant « trompé » la mort se voit ainsi poursuivie par des créatures zombifiées agressives. Pour s’en sortir, elle devra leur échapper à quatre reprises, une petite astuce pas vraiment expliquée (qu’importe, nous sommes ici dans le fantastique !) qui permet à l’écrivain de rythmer son récit, ponctué par ces quatre agressions surnaturelles. L’échéance de la Saint-Jean offre également une sorte de compte à rebours mortel susceptible d’accroitre le suspense tout en réservant une échappatoire à l’héroïne : si elle dépasse la date fatidique, elle survivra.

Brandner ne traine donc guère en route, proposant un récit alerte et rondement mené qui s’accélère dans son troisième acte pour foncer vers un final divertissant à souhait (quoique légèrement prévisible). Le bouquin ménage également quelques passages gentiment gore (moins que dans la collection homonyme cependant) et l’une ou l’autre scènes d’angoisse bien menées.

Bref, pour ceux qui cherchent un bon roman fantastico-horrifique à l’intrigue originale et solide, MASSACRES D’OUTRE TOMBE constitue un candidat tout à fait estimable. Cette lecture aussi rapide que distrayante remplit parfaitement son contrat : trois heures de délicieux frissons.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 6 Décembre 2017

HURLEMENTS 2 de Gary Brandner

Suite au succès du roman HURLEMENTS en 1977, Gary Brandner en propose une séquelle dès 1979 (peu avant la sortie de l’adaptation cinématographique du premier volet par Joe Dante) avec cet HURLEMENTS 2 se voulant une continuation de l’histoire précédemment contée. A noter d’ailleurs que le livre n’entretient aucun lien avec le film « Hurlements 2 » de 1985 (qui a dit « tant mieux » ?).

Nous retrouvons Karyn Beatty trois ans après les tragiques événements survenus dans le village de Drago. La jeune femme s’est remarié avec David Richter et vit avec celui-ci et son fils Joey à Seattle. Elle voit un psychothérapeute pour qui, bien sûr, les loups-garous de Drago n’ont jamais existé. Pourtant, après la mort de la gouvernante de la maison, Karyn se persuade que son ex-mari, Roy, et sa compagne Marcia ont survécus à l’incendie de Drago. La seule personne capable de croire Karyn demeure son ami et ancien amant Chris Halloran puisque celui-ci a assisté aux attaques des lycanthropes. Karyn le retrouve à Mexico aux côtés de sa nouvelle copine, la très jalouse Audrey. Mais Roy et Marcia sont également dans les parages…

HURLEMENTS 2 constitue une suite plaisante au premier opus : Brandner en reprend les principaux protagonistes et continue l’intrigue au lieu de se contenter d’en offrir un simple remake. Toutefois, les personnages ne sont pas toujours très développés. Quoique Karyn ait réussi à reconstruire sa vie après les événements de Drago, elle quitte rapidement son époux et son beau-fils pour retourner auprès de Chris, reproduisant le schéma de « demoiselle en détresse » du premier volet. Karyn semble guidée par la peur et ne peut imaginer qu’une seule manière d’agir : se précipiter dans les bras de Chris pour que ce-dernier la protège. N’a-t-elle plus une seule balle d’argent en réserve ? Ne serait-il pas moins risqué de rester auprès de son mari armée d’un révolver et de frapper les loups-garous lorsque ceux-ci se manifestent plutôt que fuir à l’autre bout du monde ? Roy, de son côté, se montre plus partagé : il aimerait laisser en paix son ancienne femme mais il reste totalement dominé par une Marcia plus sexualisée que jamais quoiqu’elle ne puisse plus se transformer en louve.

Bien sûr, contrairement au tome 1, ce roman ne peut plus créer d’atmosphère mystérieuse ni dévoiler peu à peu la vérité sur les agissements des habitants de Drago. L’intrigue, nettement plus simple et linéaire, s’attache donc aux pas de l’héroïne traquée par les deux loups-garous survivants et revanchards.

Largement en deçà de HURLEMENTS, cette nouvelle aventure demeure globalement satisfaisante, enchainant les passages d’action, les scènes légèrement sexy et les attaques des hommes loups (peu portées sur le gore en dépit de l’intitulé de la collection) sur un rythme haletant. L’édition originale faisant 284 pages, cette version raccourcie à 150 pages pour satisfaire aux critères de « Gore » a sans doute grandement gagné en efficacité et se lit donc avec plaisir. Un sympathique petit bouquin pour les amateurs d’horreur lycanthropique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 5 Décembre 2017

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt
THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Récit en 50 épisodes, THE SIXTH GUN se déroule dans un univers « western » fantastique, dans une réalité alternative située peu après la fin de la Guerre de Sécession. Un pistolero, Drake Sinclair, cherche à rassembler six révolvers aux pouvoirs magiques. Ces armes ont existés de tout temps, quoique sous des formes différentes. Elles exercent un attrait irrépressible sur le Général Hume, un militaire zombifié qui a légué quatre des armes à ses « cavaliers de l’apocalypse », et son épouse, laquelle possède l’un des six révolvers, celui qui confère l’immortalité.

Drake porte secours à une jeune femme, Betty Montcrief, en possession de la sixième arme, hérité de son père adoptif, un pasteur récemment abattu par les hommes de Hume. Le révolver de Betty lui permet d’entrevoir l’avenir et la jeune femme décide de se rendre vers un fort mystérieux surnommé le Maw. Accompagnée par Drake et quelques autres, Betty y apprend la véritable nature des six révolvers.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

THE SIXTH GUN constitue une excellente bande dessinée qui mélange adroitement western, fantasy et horreur en assumant complètement ses côtés « pulp ».  Nous sommes dans un univers riche, avec comme fil conducteur la quête de six artefacts maléfiques aux pouvoirs redoutables (ramener les morts à la vie, cracher une maladie mortelle, tirer avec la puissance d’un canon, etc.) et des personnages intéressants. La troupe disparate est menée par Drake Sinclair : ambigu, comme tout bon pistolero de l’Ouest, cet anti-héros en quête d’argent ou de rédemption (la suite nous éclairera sur ses motivations) appartenait jadis à la bande de Hume. Au terme de divers péripéties, le rapport de force s’inverse et Drake entre en possession de quatre des six révolvers bien qu’il n’ait guère envie de s’encombrer d’un tel fardeau. Betty, elle non plus, ne se montre pas enchantée à l’idée de garder son arme. Toutefois, tel Frodon et son Anneau, la jeune femme devra le garder hors de portée des forces ténébreuses qui souhaitent s’en emparer.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Le récit est alerte, fort rythmé, et ne perd pas de temps en route : plutôt qu’une longue présentation, l’auteur nous plonge directement au cœur de l’action . Il parsème l’intrigue de flashbacks ou d’explications, toujours brèves, qui ne ralentissent pas le déroulement de l’histoire mais approfondissent les relations entre les différents personnages. Quoique de nombreuses questions restent sans réponses, le récit se termine sur une conclusion provisoire mais satisfaisante qui boucle efficacement ce premier arc narratif de qualité.  

Le dessin, pour sa part, se montre classique, efficacement classique même, proche de l’école européenne dans le découpage, assez sobre, et la caractérisation des personnages, bien typés.

Une bande dessinée enthousiasmante qui supporte très bien la relecture. Hautement conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Comic Book, #Horreur, #Western

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Publié le 27 Novembre 2017

AHRIMAN de Gwenn Aël

Voici un thriller ésotérique fantastico-horrifique de bonne tenue qui s’inscrit dans la tradition du cinéma d’épouvante « religieux » des seventies (on pense par exemple au formidable « La malédiction ») ainsi que dans la lignée des romanciers modernes mêlant ésotérisme, tueur en série, enquête tortueuse, etc. Cette « nébuleuse » comprend, en France, des auteurs comme Giacometti / Ravenne, Sire Cédric ou Maxime Chattam pour ne citer que les plus célèbres.

L’intrigue se déroule dans une Toulouse noyée sous un véritable déluge d’intempéries. Dans cette ambiance de fin du monde, un maçon apparemment très croyant est découvert dans une église, crucifié la tête en bas. Un enquêteur quelque peu dépassé, Eliot Benin, mène l’enquête et découvre rapidement que la victime semblait liée à des rituels sataniques. Peu après, le père Cosma est, à son tour, retrouvé démembré. Les soupçons de l’inspecteur se portent vers les sectes sataniques dont on a observé une recrudescence dans le midi de la France depuis la fin du XXème siècle…

Le style s’avère efficace, privilégiant le plaisir de lecture aux tournures alambiquées : Gwenn Ael se situe dans la continuité des auteurs qui considère le « page turning » comme une obligation afin de maintenir un rythme soutenu. Et, en dépit de quelques longueurs (conséquentes de la somme importante d’informations distillées), l’écrivaine normande parvient à son but : garder l’attention du lecteur sur plusieurs centaines de pages et lui donner envie de lire le prochain chapitre afin, peut-être, d’obtenir les réponses aux nombreuses questions posées par le récit.

Comme souvent dans ce genre de récit, la romancière de montre également didactique et reprend la fameuse affaire de l’abbé Saumière, curé de Rennes-le-château ayant acquis une immense fortune. Des dizaines d’œuvres de fiction (mais aussi de démystifications) furent consacrées à cette histoire, laquelle assura la notoriété de la petite commune du Limousin auprès des amateurs d’occultisme. Pour certains, l’abbé Saumière aurait découvert le trésor des templiers, pour d’autres il aurait conclu un pacte avec le Malin…quoiqu’il en soit, voici du « matériel » très intéressant pour un polar fantastique, tout comme la recrudescence du satanisme et le légendaire grimoire d’Ahriman qui aurait été écrit en 1424 à Milan avant de traverser les époques et de sombrer, avec le Titanic, en 1912.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Thriller, #Esotérique

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Publié le 24 Novembre 2017

GARTH ENNIS PRESENTE HELLBLAZER TOME 3 de Garth Ennis et Steve Dillon

Pour le dernier tome du run de Garth Ennis sur le sorcier anglais (qui compile les numéros 72 à 83 et 129 à 133 de la série Hellblazer ainsi que les épisodes Hearthland et Vertigo Winter’s Edge 2) direction les Etas-Unis où John tente d’oublier sa récente rupture avec Kit.

Ce premier arc, « les flammes du châtiment » confronte John Constantine, piégé par le sorcier Midnite, à un Kennedy zombifié se baladant avec la moitié de son crane éclaté. On comprend difficilement où Ennis veut en venir, du moins au point de vue narratif, puisque cette histoire très bizarre semble un prétexte à une critique des Etats-Unis, un mélange d’humour absurde, de contestations, de considérations politiques et d’horreur sanguinolente. Ce n’est pas déplaisant mais, honnêtement, ce n’est pas franchement transcendant non plus.

Le second arc démontre davantage d’attention envers l’intrigue même si l’ensemble (« Gratter aux portes de l’enfer ») reste toujours un brin bordélique. On y retrouve un Constantine essayant d’aider une de ses amies devenue prostituée et droguée, des affrontements divers qui tournent à la guéguerre ethnique entre racailles et flics aux méthodes expéditives sous l’œil de Satan. Encore une fois, le récit se lit sans déplaisir mais manque d’un petit quelque chose pour devenir une vraie réussite. La vision d’Ennis reste assez manichéenne, tant en ce qui concerne la critique sociale que la politique et la religion, peut-être pour rappeler les origines « punk » d’un Constantine quelque peu sous employé.

« Heartland » est un autre récit dans lequel l’intrigue passe au second plan, Ennis se focalisant sur l’existence de Kit à Belfast. On y retrouve les mêmes critiques socio-politiques mais avec cette fois plus de nuances et un côté minimaliste (à savoir que le scénariste s’intéresse à la vie quotidienne de quelques individus « ordinaires ») appréciable. Pas mal.

GARTH ENNIS PRESENTE HELLBLAZER TOME 3 de Garth Ennis et Steve Dillon

Jusque-là, ce troisième recueil s’avérait un peu décevant et, en tout cas, en deçà des deux précédents (où, malgré leur bonne tenue générale on trouvait déjà à boire et à manger) mais, heureusement, « Le fils de l’Homme » remonte grandement le niveau et se révèle un véritable incontournable de Constantine. On y trouve tout ce qui fait le charme du personnage : sa misanthropie (il n’aime pas les hommes et encore moins les bébés), sa causticité, sa manière de se débrouiller pour échapper au pire en recourant aux manigances les plus inconscientes. L’histoire, cette fois, est parfaitement maitrisée et adroitement racontée via des flashbacks qui montrent les liens entre Constantine et un chef mafieux, Harry Cooper, dont il a ramené le fils à la vie…A moins que le corps du gamin ne soit à présent habité par l’antéchrist ?

Un récit efficace, sanglant, délirant (une incantation ratée ramène à la vie un Sid Vicious toujours aussi mauvais bassiste), qui n’hésite pas à verser dans l’outrance avec son démon possédant un zob gigantesque,…bref ce n’est pas toujours très fin ni très intelligent mais « Le fils de l’Homme » combine néanmoins tous les éléments qui font aimer cet escroc de Constantine.

Rien que pour cette troisième histoire ce recueil inégal tant au niveau du scénario que des dessins (mais, sur les 550 pages, le positif l’emporte néanmoins sur le négatif) mérite l’achat.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #Horreur, #DC, #John Constantine Hellblazer

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Publié le 30 Octobre 2017

LE SPECTRE INSATIABLE de Guy N. Smith

Né en 1939, Guy N. Smith est une institution du roman populaire horrifique anglais. Passionné par la chasse il se lance dans l’écriture au milieu des années ’70 et propose son premier roman, WEREWOLF BY MOONLIGHT bientôt suivi de son œuvre la plus réputée, NIGHT OF THE CRABS. Il s’agit d’un bouquin plaisant, très rythmé, court (150 pages) mélangeant érotisme, aventure et nombreuses scènes gore. Le titre résume l’ambition de ce sympathique récit (porté à l’écran en 1980 sous le titre « Island Claws ») qui aurait mérité, justement, d’être publié dans la collection « Gore ». Smith donna à cette œuvre pas moins de six séquelles, répétant à l’envie la formule et se spécialisant dans les « agressions animales » en variant la nature de la menace : mutant amphibien dans le très divertissant THE SLIME BEAST (hommage à peine voilé à « L’étrange créature du lac noir »), serpents dans SNAKES, fauve dans MANEATER et chiroptères meurtriers dans BATS OUT OF HELL, belle réussite du romancier qui rédigea également de nombreux guides destinés aux chasseurs, des romans pornos et, plus étonnant, des novelisations de quatre films Disney.

Malgré plus de 70 romans d’horreur publiés (dans un style – assumé – proche de la série B des années ’50 revisité avec davantage de sexe et de sang), Guy N. Smith reste quasiment inconnu en nos contrées. Seul « Gore » publia trois de ces romans, ce qui s’explique aisément puisqu’ils semblent tailler pour la collection, tant en termes de contenu que de longueur, les bouquins de l’auteur excédant rarement les 150 pages.  Nous eûmes ainsi droit à NEOPHITE, SABBAT N°1 (mais pas aux cinq séquelles) et à ce SPECTRE INSATIABLE combinant les qualités et les défauts habituels de l’écrivain.

Le récit débute de manière très classique par le meurtre d’une jeune fille, Isabelle Mainwaring, dans le petit village de Gabor, en 1775. Elle est noyée par le simplet local, Bémorra, dans une mare. Son assassin est ensuite pendu et, bien sûr, il lance une malédiction sur Gabor. L’histoire effectue alors un bond de deux siècles et se concentre sur un écrivain horrifique venu s’installer dans le village en compagnie de son épouse et de sa fille sourde, Amanda. Un autre vagabond, Béguildy, hante les bois mais, malgré ses braconnages, la police le considère comme inoffensif. Pourtant, il s’intéresse beaucoup à la jeune Amanda.

LE SPECTRE INSATIABLE se montre avare en scènes érotiques ou sanglantes et préfère soigner son atmosphère pesante faite de légendes locales, de superstitions et de suspicions, notamment envers une bande de gitans établis dans le village. La trame générale, basée sur un meurtre ancien, une malédiction et une hantise durable, n’est guère originale et rassemble la plupart des clichés inhérents à l’épouvante. Un défaut récurent de Guy N. Smith qui se contente souvent d’exploiter des recettes déjà cuisinées à maintes reprises. Mais, heureusement, on retrouve également dans LE SPECTRE INSATIABLE ses qualités de conteur : le récit avance sans temps mort, le climat est bien rendu et les personnages, quoique schématiques, sont habilement brossés. L’édition originale faisant 176 pages on peut supposer, en outre, que le livre n’a pas souffert de trop grosses coupes pour sa traduction française (de 150 pages comme tous les titres publiés chez Gore). Alors, certes, il ne s’agit pas de grande littérature mais simplement d’une honnête livraison d’un bon artisan (besogneux diraient sans doute les mauvaises langues) de l’horreur, soucieux de divertir son lecteur durant trois petites heures. Dans l’ensemble, le pari est rempli, ce qui n’est déjà pas si mal.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 6 Octobre 2017

LA TOUR DE FRANKENSTEIN de Jean-Claude Carrière

Ecrivain, scénariste, acteur, metteur en scène et homme de théâtre plusieurs fois nominé à l’Oscar ou au César, Jean-Claude Carrière (né en 1931) s’est également frotté au cinéma bis et à la littérature populaire. Il rédigea ainsi « Le diabolique Docteur Z » et « Cartes sur table » pour Jésus Franco et fit ses premières armes de littérateur en signant, sous le pseudonyme collectif de Benoit Becker, six suites au classique de Mary Shelley.

Originellement publiés à la fin des années ’50 et devenus introuvables, ces bouquins, considérés comme des fleurons de la mythique collection « Angoisse » furent réédités en deux volumes, agrémentés d’une préface et d’une postface explicatives, au Fleuve Noir en 1995.

LA TOUR DE FRANKENSTEIN débute en 1875. Une jeune étudiante en médecine, Helen Coostle, revient passer ses vacances auprès de sa grand-mère dans le petit village irlandais de Kanderley. L’ambiance est pesante dans la région : plusieurs personnes ont en effet été assassinées par une main inconnue. De plus, Helen découvre l’existence d’une tour, réputée hantée, non loin de chez elle. Là vit le vieux Blessed, lequel a jadis connu le docteur Frankenstein au point de lui consacrer un petit musée rempli d’objets hétéroclites. Bien évidemment, Blessed lui dévoile la fameuse Créature, endormie (morte ?) dans son sarcophage. Une Créature qui, bientôt, revient à la vie pour roder dans les campagnes environnantes.

Voici donc un hommage en six volumes au célèbre mythe créé par Mary Shelley. Peut-être pour souligner la rareté d’un récit horrifique écrit par une femme (du moins à l’époque), l’écrivain donne, dans ce premier tome, la vedette à une jeune femme qui de destine à des études de médecine. Elle croise la route du Monstre pour une intrigue quelque peu linéaire, voire prévisible, mais qui ressuscite avec un certain bonheur le fantastique rétro et l’épouvante gothique.

Contemporain de la remise au goût du jour du mythe de Frankenstein par Terence Fisher et la Hammer Films, ces romans se réfèrent cependant bien davantage aux classiques de la Universal. La réédition arbore d’ailleurs le faciès caractéristique de Boris Karloff.

LA TOUR DE FRANKENSTEIN pourra donc sembler aujourd’hui quelque peu anachronique (le roman l’était même probablement déjà à l’époque de sa sortie) mais il dégage justement un charme suranné fort appréciable qui en rend la lecture agréable. De quoi donner envie de poursuivre la saga…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Collection Angoisse Fleuve Noir

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Publié le 29 Septembre 2017

FLEURS D'EPOUVANTE de Lewis Mallory

Peu d’informations sont disponibles sur Lewis Mallory qui a publié trois romans chez Gore : LES PORTES DE L’EFFROI, CAUCHEMAR QUI TUE et ce FLEURS D’EPOUVANTE. Apparemment, il n’a rien écrit d’autre, étant venu et aussitôt réparti dans le petit monde de l’horreur sanglante. FLEURS D’EPOUVANTE appartient donc à cette vague du pulp horrifique anglais très vivace au début des années ’80. Plus porté sur le climat d’angoisse et l’atmosphère pesante que sur les scènes sanglantes et sexuelles ayant assurés la réputation de la collection « Gore », le bouquin comporte néanmoins une poignée de passages brutaux et se permet de martyriser des enfants, fait rare y compris dans le domaine de l’horreur transgressive.

Divertissant, FLEURS D’EPOUVANTE développe une intrigue intéressante, très série B dans l’esprit, et rappelle à la fois le film « La petite boutique des horreurs » et le cinéma catastrophe des années ’70 à base de révolte de la nature courroucée à la manière de DAY OF THE ANIMALS ou PROPHECY.

Le domaine de Kelsted Hall sert aux expériences d’un scientifique, le fou et génial professeur Durrant, qui crée des fleurs carnivores géantes. A sa mort, la propriété passe aux mains de ses héritiers, lesquels s’y installent et découvrent la vérité sur l’étrange nurserie. Nous suivons aussi la découverte progressive du secret de Kelsted Hall par une jeune femme qui y engagée, Belinda. Entre les nurses errant dans les couloirs, les nourrissons élevés pour des motifs inavouables l’horreur se dévoile peu à peu.

Tout cela avance sur un rythme posé (on peut dire lent mais ce serait trop péjoratif pour une œuvre misant surtout sur l’atmosphère d’angoisse) et de manière plutôt linéaire. Si les révélations se montrent assez attendues on prend néanmoins plaisir à suivre les péripéties de ce petit roman qui, tradition oblige, se termine de manière très ouverte en laissant supposer que le pire reste à venir.

L’œuvre étant courte (160 pages dans sa version originale anglaise), on peut supposer qu’elle n’a aucunement souffert de la traduction.

Pas grand-chose d’autres à ajouter sur ces FLEURS D’EPOUVANTE sympathique qui démontrent une fois de plus que la Collection Gore ne se limitait pas à des romans alignant à un rythme métronomique les scènes chaudes et sanglantes mais savait aussi proposer des bouquins d’épouvante plus classique et plus « noble ». A redécouvrir, le tout donne d’ailleurs envie de se pencher sur les deux autres livres de Lewis Mallory édité par le Fleuve.

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Rédigé par hellrick

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Publié le 28 Août 2017

OBSESSIONS de Christophe Bier

Afin de célébrer les 20 ans de l’émission Mauvais Genre (diffusée sur France Culture), l’indispensable Christophe Bier compile 132 chroniques enregistrées entre septembre 2003 et juin 2016.

Grand connaisseur du cinéma populaire, auteur d’un monumental DICTIONNAIRE DES LONGS MÉTRAGES FRANÇAIS PORNOGRAPHIQUES ET ÉROTIQUES, admirateur de comédiens typés (comme Daniel Emilfork), passionné par les nains, collaborateur sur de nombreux fanzines et magazines (dont, jadis, Mad Movies), réalisateur d’un documentaire sur Eurociné et acteur pour des cinéastes aussi divers que Jean-Pierre Mocky, Norbert Moutier, John B. Root ou Ovidie (il tient le rôle principal, celui d’un sexologue distingué, dans l’excellent « Pulsion »), Bier, en touche à tout enthousiaste, nous propose ici un véritable catalogue du « mauvais genre ».

OBSESSIONS de Christophe Bier

Que recouvre cette expression ? Difficile à dire. Disons simplement que tout ce qui n’a généralement pas droit de citer à la radio ou à la télévision, tout ce qui est ignoré du grand public et méprisé par l’intelligentsia (quoique cela soit, heureusement, en train d’évoluer) intéresse ce fin connaisseur. En empruntant les chemins de traverse de la culture « mainstream », Bier ne se cantonne pas dans un domaine mais, au contraire, brosse un large panorama du « mauvais goût » assumé. Avec, cependant, quelques points de repère, quelques jalons placés sur cet itinéraire insolite: la censure, l’érotisme (sans véritable distinction entre le soft et le hard), le fétichisme, la provocation, les freaks, les destins tragiques et les personnalités oubliées. Beaucoup de chroniques, forcément, prennent la forme d’un hommage, épitaphe gravée à la mémoire de seconds rôles disparus des écrans, de starlettes du X, de troisième couteau à la gueule immédiatement reconnaissable, de cinéastes besogneux négligés par la théorie des auteurs. Avec les années qui s’écoulent et la standardisation culturelle imposée disparaissent peu à peu, inéluctablement, les artisans ayant œuvrés dans le péplum fauché, le western spaghetti, le mondo movie crapoteux, l’érotisme bizarre, l’horreur excessive, l’exploitation non politiquement correcte, etc.

OBSESSIONS de Christophe Bier

Littérature, bande dessinée, peintures, films, expositions, etc. Bier brasse tout un pan de la sous-culture (quel vilain mot !) de ces cent dernières années : il s’intéresse aussi bien aux serials réputés « perdus » qu’à Alain Payet, chantre du hard crad français, à Mickey Hargitay, bodybuilder sadique du délirant « Vierges pour le bourreau », qu’à des bandes d’explotation comme « Super Nichons contre mafia ». Pour ne citer qu’une poignée d’exemples, la démarche de Bier étant de refuser le consensuel académisme des César pour leur préférer « l’imaginaire délirant » de l’horreur sanglante et de la pornographie.

Et, sur papier, notre érudit redécouvre les trésors du roman noir, du fumetti, invitant le curieux à fouiller les vide-greniers afin d’y dénicher du Erich von Götha, un livre de cul publié chez Media 1000 (« le cloaque de l’édition ») ou même à relire un BRIGADE MONDAINE, ces pseudo polars bardés de scènes chaudes aux titres ronflants et aux couvertures suggestives que l’on trouvait, voici une vingtaine d’années, dans les supermarchés et les relais d’autoroute. Avant qu’ils soient remplacés par des mamie porn consternants ou un énième Marc Levy.

OBSESSIONS de Christophe Bier

C’est la grande force de ces OBSESSIONS : le lecteur pourra piocher dans ces pages ce qui l’intéresse et, peut-être, poursuivre son exploration des recoins insalubres des cinémas de quartier ou des bibliothèques, se mettre à la recherche de « Drôles de zèbres », la comédie désolante de Guy Lux ("dans ce délire accablant mais frénétique, Sim se travestit bien sûr en Baronne de la Tronche en Biais, se balance à une liane et croise Coluche, Patrick Topaloff, Michel Leeb, Claude François et les Clodettes, Léon Zitrone, un nonce apostolique et un singe qui parle"), ou de « la doctoresse à des gros seins », mètre étalon (hum) de la démesure porno d’Alain Payet ("les physiques les plus variés dessinent les contours d’un univers baroque, entre Fellini et Mocky, peuplé de nains, de vieillards lubriques, de transsexuelles, de fat mamas comme celles de Miss Gélatine et ses copines"). Heureusement, certains films sortent aujourd’hui des limbes grâce au travail de passionnés comme Ecstasy of Films, Le Chat qui fume ou Bach Films, petits éditeurs dvd auxquels Bier rend également hommage.

A ces obsessions, sommes toutes attendues, on en ajoutera d’autres, plus curieuses, comme cet ode au magicien gaffeur Garcimore ou les références gay de la mythique série télévisée « Les Mystères de l’Ouest ».

Sans ordre (on devine que l’auteur lui préfère le chaos) autre que chronologique, ces 132 chroniques constituent une mine d’informations à dévorer !

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Publié le 25 Août 2017

L'ARBRE A SALIVE de Brian Aldiss

Brian Aldiss (1925 – 2017) nous a quitté ce 19 août, au lendemain de son anniversaire, à l’âge respectable de 92 ans. Sa carrière, fort riche, débute au milieu des années ’50. Il livre rapidement deux classiques, CROISIERES SANS ESCALES (qui renouvelle le thème des arches stellaires) et LE MONDE VERT pour lequel il obtient le Prix Hugo. Par la suite il va s’amuser à revisiter des thématiques classiques via divers pastiches (FRANKENSTEIN DELIVRE, adapté de manière potable à l’écran par Roger Corman, L’AUTRE ILE DU DOCTEUR MOREAU, DRACULA DELIVRE) et livrer une gigantesque trilogie de « planet opera » avec HELLICONIA. A l’origine de l’histoire (LES SUPERTOYS DURENT TOUT L’ÉTÉ) ayant abouti au superbe « Artificial Intelligence » de Steven Spielberg, bardé de prix (six British Science-Fiction, trois Hugo, deux Nébula, un Locus,…), ce « Grand Maitre » a aussi rédigé de nombreuses nouvelles et novella, dont L’ARBRE A SALIVE.

Longue d’environ 70 pages, cette novella fut d’abord publiée en revue (dans Fiction) puis rééditée dans la collection « double étoile » qui rassemblait, à chaque fois, deux romans courts. Une bonne initiative tant ces novellas, pourtant fort prisées des écrivains de science-fiction (L’ARBRE A SALIVE obtient d’ailleurs le Nébula) échappent, par leur format intermédiaire, à une publication classique.

Pour célébrer le centième anniversaire de la mort d’H.G. Wells, Brian Aldiss livre un récit inspiré par ses œuvres (LA GUERRE DES MONDES, LA NOURRITURE DES DIEUX) transformé en véritable histoire horrifique qui rappelle également Lovecraft et en particulier LA COULEUR TOMBEE DU CIEL.

Nous sommes à la fin du XIXème siècle. Gregory Rolles, amoureux d’une jeune fille de ferme prénommée Nancy, est un riche oisif qui se cherche un but dans l’existence, se rêve scientifique, correspond avec le renommé H.G.Wells et imagine des lendemains qui chantent où domineraient l’utopie socialiste (quelle horreur ! :-) ). Après la chute d’un astéroïde, il constate une croissance anormale des animaux et végétaux d’une ferme toute proche. Le goût des aliments se modifie également, comme si ceux-ci étaient peu à peu adapté à des palais différents. N’y aurait-il pas, au fond de l’étang, des créatures amphibies et invisibles, venues d’un autre monde pour se repaitre des humains ?

Voici un récit haletant et rondement mené qui privilégie l’action et le suspense mais ne néglige pas les considérations philosophiques et la réflexion. On peut ainsi se demander, avec le narrateur, si des visiteurs venus d’un autre monde seront des savants éclairés et bienveillants ou, au contraire, de terribles conquérants ne se souciant pas davantage du bien-être des humains que nous des bœufs destinés à l’abattoir.

Même sans être familier de l’œuvre de Wells, on peut apprécier cet hommage à ce Grand Ancien de la science-fiction et s’amuser d’une structure très lovecraftienne d’un récit se terminant par une confrontation attendue entre l’Homme et les Etrangers. Et, fidèle à la tradition, Aldiss achève ce court roman par une mise en garde implicite que l’on pourrait résumer par « watch the skies ».

Au final, une très plaisante lecture.

L'édition française "double étoile"

L'édition française "double étoile"

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #science-fiction, #Lovecraft

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