horreur

Publié le 23 Août 2017

L’HORREUR AUX MILLES VISAGES de Bill Garnett

Publié chez Gore, L’HORREUR AUX MILLES VISAGES est un roman efficace qui intéressera davantage les lecteurs friands d’une intrigue solide que les inconditionnels de la boucherie littéraire.

Peter Stone, le manager d’une agence de voyage en plein essor, aime engager des secrétaires ne craignant pas les heures supplémentaires, de préférence à l’horizontale. Il porte ainsi son dévolu sur la trop jolie Roszina Janosi avec laquelle il entame une liaison torride. Hélas, Peter se lasse et, décidé à reprendre son couple en main, annonce à la demoiselle qu’il met un terme à leur idylle. Pour se venger, Rosznisa absorbe une grande quantité de médicaments et lui adresse une lettre expliquant les raisons de son geste. Ce coup de bluff se termine mal puisque la jeune femme décède. Sa mère, Magda, a connu pour sa part son lot de souffrances sous la botte des Nazis puis des Communistes. Lorsque meurt Rosznisa, sa dernière joie dans l’existence disparait. Magda entame alors un rituel afin d’évoquer une « chose » sanguinaire qu’elle lance aux trousses de Peter.

Sympathique roman gore au rythme enlevé (sans doute involontairement aidé par une traduction qui sacrifie une cinquantaine de pages sur les 215), L’HORREUR AUX MILLES VISAGES se montre fort plaisant à suivre. Au passage, le titre ne craint pas l’hyperbole puisque le monstre en question se limitera à une dizaine de visages, la « chose » changeant de forme au fur et à mesure du récit. Dès lors, le « héros » infidèle va affronter, au cours d’une excursion touristique le menant du Moyen-Orient jusqu’au Kenya, une série de manifestations horrifiques : serpent, vautour aux ailes gigantesques, etc. Une belle manière de renouveler les périls qui le menacent et d’offrir au lecteur une variété de manifestations épouvantables.

Toutefois, l’intrigue prend son temps durant sa première partie afin de présenter des personnages relativement travaillés (dans les limites du peu de pages impartis, évidemment) : un sale type arriviste, son épouse résignée, sa maitresse qui rêve du grand amour et la mère de cette dernière, une sorcière assoiffée de vengeance victime d’un passé tragique. Tout cela reste réaliste, soigné et crédible, le roman parvenant à intéresser le lecteur avec des histoires sommes toute banale d’adultère et les coucheries d’un patron volage. Par la suite, l’épouvante se manifeste de manière plus frontale. Hélas, le voyage autour du monde du « héros », certes plaisant, s’avère un peu trop rapidement expédié (des coupes sombres dans le texte originel peut-être ?) pour pleinement passionner. Un léger bémol atténué par une fin ironique attendue mais joliment amenée, à l’humour noir efficace dans la tradition des récits « à chute » façon E.C. Comics. L’assurance de quitter le récit sur une note positive.

Bill Garnett fut l’un des nombreux écrivaillons s’étant lancé dans la mode juteuse de l’horreur dans les années ’70 et ’80 mais L’HORREUR AUX MILLES VISAGES est, à ce jour, le seul de ses romans à avoir eu l’honneur d’une traduction française. Dommage car ce bouquin, certes classique et linéaire, se montre divertissant : un fantastique traditionnel à base de monstre sanguinaire et de malédiction ancestrale saupoudré de quelques passages « chocs » réussis.

L’atmosphère, bien rendue et effective, prédomine largement sur le gore (fort rare) et l’érotisme (une longue scène chaude pour contenter l’amateur) mais le tout se lit d’une traite et sans le moindre ennuit.

Dissimulé sous une couverture peu attrayante, voici une belle réussite pour une collection à l’époque vilipendée et aujourd’hui enfin réhabilitée ! A découvrir !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 18 Août 2017

COMPARTIMENT TERREUR de Brian Lumley

A la fin des années ’80, Richard D. Nolane rassemble, pour le compte des Nouvelles éditions Oswald (Neo) une vingtaine de nouvelles de Brian Lumley, alors très peu connu du public français. Ceux qui le connaissent ne voit souvent en lui qu’un émule de Lovecraft comme en témoigne sa saga consacrée à Titus Crow. Nolane, pour sa part, désire démontrer la diversité d’un écrivain trop souvent cantonné à ce titre de « suiveur du reclus de Providence ». Il supervise ainsi trois anthologies : L’AVANT-POSTE DES GRANDS ANCIENS, LE SEIGNEUR DES VERS et ce COMPARTIMENT TERREUR qui, en dépit de la variété des thèmes abordés, assument néanmoins l’influence de Lovecraft et ce dès leur (magnifique) couverture et leur titre immédiatement évocateur.

COMPARTIMENT TERREUR se compose de sept nouvelles, agrémentées d’une courte préface de Nolan. Ces 152 pages de fantastique horrifique débutent par un long récit (plus de trente pages), « Fermentation », à l’évidente originalité en dépit d’une thématique assez classique. Nous sommes en présence d’une invasion à base de champignons venus ravager une tranquille bourgade côtière. Cette histoire, d’ailleurs récompensée par le British Fantasy de la meilleure nouvelle, se montre très efficace et prenante, un bon début pour cette anthologiqe.

Beaucoup plus courte, « Compartiment terreur » s’avère également plus traditionnelle et linéaire, avec un dénouement attendu. L’inspiration lovecraftienne se révèle lors du climax où se manifestent des créatures indicibles et tentaculaires venues, suite à une invocation dans un wagon de chemin de fer, dévorer un imprudent.

Autre récit sous l’influence du Maitre, « L’inspiration d’Ambler » nous présente un écrivain de terreur spécialisé dans les récits « à chute » abominables. Nous apprendrons, en une quinzaine de pages bien ficelées, d’où il tire son inspiration. Pas d’une originalité renversante mais rondement mené jusqu’au climax volontiers écœurant.

« La nuit où la Sea-Maid fut engloutie » et « Uzzi » reprennent également le principe des horreurs innommables chères à Lovecraft. La première traite de forages en mer du Nord qui n’atteignent pas le pétrole souhaité mais bien d’anciennes entités tapies dans les fonds océaniques. Les deux dernières histoires, « La cité sœur » et « Le rempart de béton » sont pour leur part construites sur le thème des cités disparues et des hybrides qui cherchent à regagner leur pays natal.

Les récits de Lumley reprennent les conventions de l’épouvante mythologique de Lovecraft et convoquent des entités cosmiques, des êtres mi-hommes mi poissons, des déités antiques et des créatures surgissant des flots océaniques ou rampant sous la terre pour déchiqueter leurs victimes. Nous avons aussi droit à de nombreux ouvrages cabalistiques aux noms plus ou moins imprononçables, connus ou pas (les classiques Culte des Ghoules, Histoire de la magie, etc.) et à une profusion d’adjectifs évocateurs (immonde, obscène, répugnant, etc.) qui rattachent indéniablement l’auteur à Lovecraft. Cette influence sera bien évidemment fort marquée dans LE REVEIL DE CTHULHU, le premier roman de Lumley (publié en 1974) et également le premier tome d’une saga en six volumes consacrés à Titus Crow. A noter que deux des nouvelles du recueil qui nous occupe (« La nuit où la Sea-Maid fut engloutie » et « Le rempart de béton » ) furent par la suite intégrées dans le texte de ce REVEIL DE CTHULHU tandis que Lumley démontra son originalité en renouvelant habilement le mythe du vampire avec la saga NECROSCOPE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft

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Publié le 17 Août 2017

LA CHAMBRE ROUGE d'Edogawa Rampo

Edogawa Rampo (un pseudonyme crée à partir de l’anagramme d’Edgar Allan Poe) est sans doute le plus célèbres des auteurs policiers japonais quoique son œuvre reste encore largement méconnue des Occidentaux. Ce court recueil, composé de cinq nouvelles, permet donc de découvrir la production diversifiée de Rampo (1894 – 1965), entre érotisme malsain, fantastique horrifique et intrigue policière.

On y découvre, notamment, le goût de l’écrivain pour la double « chute » : une fois parvenu à la conclusion du récit, le lecteur reçoit une surprise supplémentaire des plus déstabilisantes. Plusieurs nouvelles se révèlent ainsi, en réalité, des fumisteries organisées par le narrateur satisfait de sa bonne blague. Hélas, cette seconde chute, qui tient quelque peu du procédé, ne fonctionne pas toujours avec bonheur et tend plutôt à détruire la construction narrative précédemment élaborée. Heureusement celle-ci se montre souvent d’une grande qualité.

La première nouvelle, « La chenille » s’inscrit dans un style ero-guru (autrement dit dans l’érotisme grotesque) et traite des perversions d’un couple. Un militaire, Sunaga, revient de la guerre couvert de gloire mais complètement détruit et mutilé : amputé des quatre membres, sourd et muet, l’homme ressemble à une immonde chenille. Son épouse se sacrifie afin de pourvoir à ses besoins, qui se résument au sexe et à la nourriture. Peu à peu, la femme modèle verse dans la cruauté et comprend que l’infirme se trouve totalement à sa merci. Elle en fait une sorte d’instrument vivant capable de satisfaire ses penchants sadomasochistes. Une belle réussite et sans doute la nouvelle qui correspond le plus à ce qu’on imagine (à tort ou à raison, les lectures futures le confirmeront… ou non) du style de Rampo : un mélange de thriller, d’horreur quasi gore et d’érotisme fétichiste saupoudré d’une pincée de poésie morbide. Un style par la suite repris par de nombreux « pinku eiga » ou « roman pornos » cinématographiques. Mais ici la femme joue la tourmenteuse tandis que l’homme, plus entravé par son handicap que les demoiselles enchainées du bondage, souffre et jouit de sa souffrance.

« La chaise humaine » traite également de la perversion et d’une forme particulière de voyeurisme. Un talentueux ébéniste construit un imposant fauteuil à l’occidental destiné à prendre place dans le hall d’un luxueux hôtel. Il s’y aménage une cachette, d’abord pour commettre quelques larcins et disposer d’un point de replis, puis, simplement, pour le plaisir de sentir de jeunes femmes s’asseoir sur son « corps ». La chute se devine mais l’intrigue, bien menée, emporte l’adhésion par sa brièveté et son écriture soignée, entre frissons et érotisme allusif.

Plus axée sur le « policier », « la Chambre rouge » traite d’un oisif ayant décidé de commettre cent crimes parfaits. Ces derniers sont si habilement camouflés que les éventuels témoins louent sa prévenance et son apparente empathie. Avertir une femme âgée des dangers de la route n’est-il pas, par exemple, le meilleur moyen de la distraire afin qu’elle périsse dans un accident ? Pourtant, aux yeux des spectateurs, ne s’est-il pas admirablement comporté ? Notre esthète du crime avoue ainsi 99 assassinats avant d’avertir que le centième sera le dernier... De bonnes idées en pagaille (il fut d’ailleurs reproché à Rampo d’en avoir « gâchées » autant dans une seule histoire) pour un récit à la conclusion efficace.

Encore du suspense avec « deux vies cachées » qui traite d’un somnambule poursuivit par le remords d’avoir commis un crime durant son sommeil. A moins que la réalité ne soit plus complexe ? Si la chute semble évidente, la manière dont Rampo l’amène, au cours d’un dialogue, témoigne d’un talent certain pour les effets de surprise efficaces. Malgré son classicisme thématique, voici peut-être la nouvelle la plus réussie du recueil, empreinte de mélancolie et de regrets.

La dernière nouvelle s’avère, hélas, la moins intéressante et accuse sérieusement le poids des ans à l’image de certains récits Sherlock Holmes à présent ennuyeux. Novatrice à l’époque de sa rédaction, elle semble aujourd’hui laborieuse. Avec sa pièce de monnaie truquée comportant un improbable message code qui permet de retrouver 50 000 yens, magot dérobé par un génial « gentleman cambrioleur », le récit, franchement feuilletonnesque, annonce certains mangas (par exemple certains volumes de Détective Conan) basés sur un jeu de piste similaire. La chute tempère le peu de vraisemblance de l’histoire mais ne suffit pas à rendre l’ensemble passionnant, loin de là.  

En dépit de ce bémol et du caractère forcément inégal des récits, LA CHAMBRE ROUGE constitue une lecture plaisante pour quiconque souhaite découvrir ce monument de la littérature japonaise.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Golden Age, #Fantastique, #Horreur, #Erotique

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Publié le 16 Août 2017

HURLEMENTS de Gary Brandner

Réalisé par Joe Dante en 1980, « Hurlements » s’est imposé comme un des classiques modernes du film de loup-garou. Il est donc intéressant de se replonger dans le roman l’ayant inspiré. Si la trame générique se montre similaire, le roman et le long-métrage diffèrent cependant sur plusieurs points. Notons d’ailleurs que le film « Hurlements IV », entre séquelle et remake, suit plus fidèlement le premier roman. Quoique publié dans la collection Gore, le livre de Gary Brandner se montre avare en scènes horrifiques ou érotiques et se conforme davantage à la tradition du fantastique en proposant une angoisse feutrée et une épouvante allusive. Brander (1930 – 2013) écrivit environ vingt-cinq romans horrifiques mais, comme souvent, nous n’avons pu découvrir qu’une partie restreinte de sa production : outre la trilogie HURLEMENTS (publiée chez Gore) on citera CARRION et la novelisation du remake de « La Féline » (paru chez J’ai lu) et, enfin, MASSACRES D’OUTRE-TOMBE édité dans la collection Maniac.

Après avoir été violée dans sa maison de Los Angeles, Karyn ne supporte plus le contact de son mari, Roy. Pour tenter de surmonter le traumatisme, le couple déménage dans un petit village campagnard, Drago, où ils louent une maison isolée dans les bois. Roy doit effectuer de fréquents déplacements pour son travail et Karyn reste souvent seule à Drago. Elle constate différentes bizarreries comme l’absence d’enfants et le climat de méfiance des habitants à son égard. Diverses rumeurs circulent également concernant de mystérieuses disparitions de campeurs. De plus de sinistres hurlements, attribués à un coyote, retentissent chaque nuit et le petit chien du couple est tué par une bête mystérieuse. Une amie de Karyn évoque même la légende du loup-garou, créature maudite issue d’Europe qui se change en animal pour dévorer ses victimes. Roy ne prend guère toutes ces fadaises au sérieux mais se montre, par contre, fortement attirée par Marcia, la tenancière d’un petit magasin de Drago. Alors que les relations entre Karyn et son époux s’enveniment, la jeune femme se tourne vers son ami Chris afin qu’il vienne l’emmener loin de Drago.

L’intrigue, connue, suit grosso modo celle du long-métrage de Joe Dante. On pourrait, bien sûr, s’amuser à comparer ou à lister les différences mais cela n’aurait guère d’intérêt. Disons simplement que même en connaissant l’adaptation cinématographique on prend plaisir à lire ce petit bouquin agréablement troussé. L’écriture, sans fioriture, s’avère pourtant limpide et Brandner possède un certain talent pour les chapitres courts et les phrases accrocheuses. Nous sommes dans le « page turner » typique, aidé par le format ramassé de la collection (150 pages bien tassées au lieu des 215 de la version originale) : un prologue annonce immédiatement la couleur, une progression rapide des événements et un climax fort réussi sur le modèle habituel mais toujours efficace du « récit de siège ». Tout comme le film, le roman ne peut éviter un certain manque de crédibilité et, évidemment, ce qui passe relativement bien à l’image (lorsque le spectateur, pris par l’action, s’abandonne à la désormais célèbre suspension d’incrédulité) s’avère plus problématique sur papier. Ainsi les personnages, présentés comme rationnels et totalement ignorants des légendes consacrées à la lycanthropie (confondues avec le vampirismes), acceptent bien trop facilement l’existence des loup-garous. Le personnage de Chris, le bon copain qu’on appelle en cas de coup dur, en constitue l’exemple le plus frappant : après un coup de fil de l’héroïne (dépressive et traumatisée par son viol), il se précipite vers l’armurerie la plus proche, commande une douzaine de balles d’argent et se lance à la chasse au loup debout. Dur à avaler tout comme la transformation un peu trop brutale de Roy, lequel passe d’époux aimant à crétin agressif afin de consommer son adultère auprès d’une lycanthrope sexy.

Excepté ses scories finalement excusables (on peut même les considérer, à leur manière, comme charmantes et dans la tradition de la série B horrifique), HURLEMENTS demeure un roman prenant et hautement divertissant qui se dévore (hum !) en une soirée. De préférence de pleine lune. Brandner écrivit d’ailleurs deux séquelles, toutes deux publiées au Fleuve Noir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore, #Loup-garou

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Publié le 14 Août 2017

TAPINEUSES VAMPIRES de Ray Garton

Eclectisme, voici un mot qui convient admirablement au Californien Ray Garton. On pourrait également ajouter prolifique puisqu’il débuta sa carrière par le sympathique SEDUCTIONS (un mélange d’érotisme et d’horreur sanglante publié dans la collection « Gore ») avant d’embrayer avec une soixantaine de romans. A côté de récits d’épouvante (avec quelques rares publications françaises comme le très chaud EXTASE SANGLANTE, l’oppressif CRUCIFAX ou encore ALLIANCE MALEFIQUE), on le retrouve derrière de nombreuses novelisations (L’INVASION VIENT DE MARS, FREDDY 4 et 5, etc.) sans compter des bouquins inspirés de séries télévisées comme « Buffy » ou « Sabrina l’apprentie sorcière ». Bref, la quasi-totalité de son œuvre reste méconnue du public français alors qu’il a été couronné outre-Atlantique d’un Horror Grand Master Award.

Ecrit en 1990, TAPINEUSES VAMPIRES fut édité chez J’ai Lu dans leur collection « Epouvante » sous une couverture aussi attrayante que son titre, traduction assez racoleuse du « lot lizards » original. Cette expression argotique désigne les prostituées qui fréquentent les parkings pour routiers aux Etats-Unis.

Récemment séparé de son épouse A.J., le chauffeur de poids lourd Bill Ketter va rencontrer un de ses lézards nocturnes et passer la nuit avec elle. Malheureusement, au réveil, Bill n’est plus tout à fait le même…Il est devenu un vampire. Un an plus tard, désireux de se venger des créatures de la nuit, Bill retrouve sa femme, accompagnée de son nouveau compagnon Doug, et ses enfants, dans un relais routier. Un accident de la route et une tempête de neige oblige, en effet, la famille à s’y réfugier. Or, à l’extérieur, un mal mystérieux s’est libéré…

Classique, le roman de Garton évoque évidemment les classiques récits de sièges (les vampires remplacent ici les zombies de « La nuit des morts vivants » ou les Indiens des westerns à la « Quand les tambours s’arrêteront ») et avance à bon rythme, aidé par une pagination restreinte (250 pages). On pense aussi à des œuvres ultérieures comme « Une nuit en enfer » (pour le cadre) ou « 30 Jours de nuit » (pour l’environnement glacial). La publication chez Presse Pocket assure d’ailleurs une traduction intégrale, ce qui est appréciable, chez Gore (collection dans laquelle son mélange de sexe et de sang aurait pu le conduire), il eut fallu l’amputer d’un tiers.

Pour épaissir le récit, l’écrivain joue, classiquement, sur les rapports entre les membres d’une famille éclatée : d’un côté la mère et son nouvel amour, accompagné de ses enfants plus ou moins en crise, de l’autre le père qui aimerait renouer avec sa femme et regagner l’affection de sa progéniture. Rien d’original mais, au-delà des stéréotypes le tout demeure crédible et convaincant. Nous avons droit également à la petite fille malade qui « sent » que quelque chose de maléfique s’est libéré. Bien sûr, lorsqu’elle affirme qu’il faut « partir tout de suite » nul ne la croit et on lui rétorque d’un ton condescendant « mon poussin, ne sois pas ridicule ». On devine la suite…Avec une petite variation, sa maladie (laissons le suspense quoique l’on comprenne aisément la direction suivie par l’auteur) permettant finalement de vaincre la reine des vampires, créature monstrueuse et avide proche de la pondeuse de « Aliens ». Le dernier acte, ramassé et spectaculaire, emporte ainsi l’adhésion par son énergie en proposant un bel affrontement entre les humains et les vampires. Tradition oblige, la fin laisse la porte ouverte à une suite qui ne fut jamais écrite

Ecrit de manière efficace mais sans beaucoup de recherches ou de fioritures, plaisant à suivre mais moins sanglant ou sexy qu’on ne l’espérait, TAPINEUSES VAMPIRES ne prétend pas renouveler la littérature d’horreur ou marquer d’une pierre blanche l’histoire du vampirisme. Le livre assume son statut de divertissement, équivalent d’une bonne série B cinématographique qui se lit rapidement mais sans véritablement marquer les esprits.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Erotique, #Vampires

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Publié le 31 Juillet 2017

TERREUR DELIQUESCENTE de Harry Adam Knight

 

Harry Adam Knight était le pseudonyme de l’auteur australien John Brosnan (1947 – 2005) surtout connu pour son roman CARNOSAUR adapté au cinéma pour une trilogie horrifique à petit budget largement inspirée de « Jurassic Park » (notons cependant que le roman précédait de six ans celui de Michael Crichton). Prolifique, Brosnan écrivit également divers novelisations, des comics, de nombreux bouquins sur le cinéma (JAMES BOND IN THE CINEMA, THE STORY OF SPECIAL EFFECTS IN THE CINEMA, etc.).

Mais, chez nous, Brosnan fut surtout un auteur régulier de la collection Gore : on lui doit le sympathique VRILLES ! (publié sous le pseudo de Simon Ian Chiller tout comme LES PARASITES DE LA HAINE fut édité chez Maniac), le plaisant BRASIERS HUMAINS (sous le nom de James Blackstone) et L’IMMONDE INVASION (sous l’alias Harry Adam Knight). Bref, Brosnan fut un des romancier non francophones les mieux représenté par la collection aux côtés de Richard Laymon ou Shaun Hutson. Il faut d’ailleurs signaler que ces écrits, tous construits sur le thème d’une « immonde invasion » (hum !) semblaient tailler pour la collection par leur format restreint et leur nombreux passages horrifiques ou sexy.

Associé à l’auteur de fanzine anglais Leroy Kettle, Brosnan livre avec TERREUR DELIQUESCENTE (« slimer » en version originale, laquelle compte 156 pages, on peut donc supposer que la traduction fut, pour une fois, fidèle) une pure série B qui mélange concepts science-fictionnels, angoisse paranoïaque et horreur sanglante. Les mauvaises langues diront (avec raison) que le résultat ressemble beaucoup à un remake à peine déguisé de « The Thing » assorti de quelques scènes érotiques indissociables de la collection. « C’est pas faux » comme disait l’autre mais le bouquin s’avère cependant très plaisant.

L’originalité vient des protagonistes : trois couples de retour du Maroc où ils ont trafiqué de l’herbe (et également, pour l’un d’eux, de l’héroïne). Après le naufrage de leur bateau, nos survivants dérivent jusqu’à atteindre une station de forage pétrolière perdue en pleine mer du Nord. Sur place, les naufragés ne découvrent que des vêtements épars, la plateforme semblant déserte. Rapidement, ils se rendent compte que des scientifiques s’y livraient à diverses expériences sur les mutations. Et le produit de l’une d’elle, une sorte de monstre polymorphe créé à partir d’un grand requin blanc (!) erre à présent à la recherche de nourriture…

La caractérisation des personnages reste rudimentaire mais ne sombre pas dans la caricature : avec un drogué violent et obsédé sexuel en guise de principal protagoniste le roman évite la facilité et ne présente pas un héros traditionnel, fort et sûr de lui. A force de se serrer les coudes, l’un des couples réussira cependant à vaincre la créature en utilisant une méthode originale et bien trouvée. Toutefois, pour respecter la tradition, TERREUR DELIQUESCENTE s’achève sur une fin semi-ouverte. Elle laisse entendre que le monstre n’est pas vraiment mort et que, par conséquent, la menace peut ressurgir à tout moment. Habilement, les romanciers développent une atmosphère d’angoisse et de suspicion, chacun craignant que ses amis ne soient plus eux-mêmes mais de simples « marionnettes humaines » contrôlées par la créature mutante. Là encore, ils s’inspirent ouvertement de « The Thing » et « Alien » mais les déambulations de nos naufragés dans les couloirs désertés de la station offrent aux lecteurs réceptifs leur lot de frisson.

Dans l’ensemble et malgré quelques facilités dans la construction (assez linéaire et prévisible) du récit, TERREUR DELIQUESCENTE constitue un bon roman d’horreur. Simple, efficace et bien rythmé, avec suffisamment de passages horrifiques et sexy pour contenter les inconditionnels de la collection sans rebuter les lecteurs davantage friands d’épouvante classique que de boucheries pures, le tout donne une bonne lecture dans laquelle on peut même replonger sans déplaisir pour un second tour de piste.

Le livre fut, par la suite, adapté (certains disent massacré) au cinéma sous le titre « Protheus » par Bob Keen.

TERREUR DELIQUESCENTE de Harry Adam Knight

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Horreur, #Fantastique, #Gore

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Publié le 24 Juillet 2017

LES GRIFFES DE LA MORT de Michael Wolfitt

Ecrit par l’anglo-saxon Mike Fredman sous le pseudonyme de Michael Wolfitt, l’intrigue de ces GRIFFES DE LA MOT se concentre sur une jeune femme, Hilary, et son époux Roger. Victimes d’un accident de voiture, le couple est conduit à l’hôpital où Hilary perd son bébé, lequel n’était pas tout à fait normal. Le médecin Willis affirme même à Roger qu’il était sans doute préférable que l’enfant ne naisse pas. De plus, Hilary ne pourra plus avoir d’enfant, du moins est-ce l’opinion du monde médical car la jeune femme semble persuadée du contraire. Peu après, elle recueille également un chat, baptisé Râ, sur lequel elle reporte son affection. Dès lors le couple se trouve au centre d’une série de morts sanglantes liées à d’antiques malédictions égyptiennes.

Récit horrifique mélangeant divinités antiques, malédictions, meurtres sanglants et agressions animales commises par de petits chats, LES GRIFFES DE LA MORT combine des éléments classiques pour aboutir à une décoction relativement originale. On y retrouve quelques influences allant de « La Féline » aux premières œuvres de James Herbert, maitre tutélaire des apprentis romanciers anglais en mal d’horreur durant les années ‘80.

L’adjonction des références mythologiques égyptiennes et la place des félidés dans cette civilisation confèrent une réelle plus-value à ce petit bouquin pas toujours réussi mais indéniablement attachant. L’atmosphère prime ici sur les débordements sanglants, une constance dans la plupart des romans anglo-saxons publiés dans la collection « Gore ». Le déroulement, quelque peu prévisible, n’empêche pas de prendre plaisir à ce récit dont la conclusion s’avère étonnante. Notons cependant quelques défauts, en particuliers une caractérisation schématique des protagonistes, quelques incohérences et, surtout, l’une ou l’autre sous-intrigues qui tournent courts. Ainsi, le chat réveille la sexualité d’un couple lors d’une scène saugrenue : l’épouse découvre la collection de gadget érotique de son mari et, d’abord choquée, se décide ensuite à porter une tenue sexy et à l’accueillir de manière provocante avant de lui administrer une fessée. Un passage (très soft) qui remplit le cahier des charges (décharge ?) de l’épouvante mais n’aboutit finalement à rien. A moins qu’il s’agisse d’un problème de traduction ? Le livre n’a, apparemment, pas trop souffert de son adaptation aux standards de la collection (la version anglaise comporte 216 pages, la française 160 en petits caractères) mais peut-être que cette sous-intrigue était, à l’origine, plus étoffée. Quoiqu’il en soit, LES GRIFFES DE LA MORT démontre que les romans publiés chez Gore abordaient des sujets variés et ne se limitaient pas à une suite de séquences pornographiques ou sanguinaires. Sans être une grande réussite, ce bouquin sympathique se lit sans le moindre déplaisir, ce qui n’est déjà pas si mal pour ce genre de produit horrifique de consommation courante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 6 Juillet 2017

L'ETRANGE VIE DE NOBODY OWENS de Neil Gaiman

En 1985, Neil Gaiman a l’idée d’une sorte de démarquage macabre du LIVRE DE LA JUNGLE (« The Jungle book » devient dès lors logiquement « The Graveyard Book ») situé dans un cimetière où grandit un jeune garçon. Divisé en huit chapitres qui fonctionnent tels des nouvelles situées dans le même univers (la quatrième histoire fut d’ailleurs précédemment publiée dans une anthologie et récolta le Prix Locus de la meilleure nouvelle), celui de ce plaisant cimetière, le livre suit la vie de cet étrange Nobody Owens et ces démêlées avec le mystérieux Jack.

Un enfant de dix-huit mois échappe par miracle à la mort lorsque le Jack, un assassin membre d’une confrérie secrète, tue tout le reste de sa famille. Le garçonnet trouve refuge dans un cimetière où il est adopté par un couple de fantôme, Monsieur et Madame Owens, et confié  à la garde de son tuteur, le vampire Silas. Rebaptisé Nobody, l’enfant grandit en compagnie des spectres  et des lycanthropes, apprend à côtoyer les vivants et, parfois,  à les effrayer. Il se lie aussi d’amitié avec Scarlett qui aime bien discuter avec lui même si elle le considère comme son ami imaginaire. Mais le Jack, lui, cherche toujours à le tuer…

Après CORALINE, voici une nouvelle réussite éclatante de Neil Gaiman, aussi à l’aise dans le roman adulte (AMERICAN GODS), le comic book (SANDMAN, 1612), la nouvelle (comme en témoigne ses divers recueils) que dans la littérature « jeunesse ». Ici, comme souvent avec cet auteur,  nous sommes dans un univers gothique et macabre non dénué d’humour, proche du cinéma de Tim Burton (celui des « Noces Funèbres ») qui reprend également les codes du roman d’apprentissage. On peut aussi évoquer une version à la fois plus sombre et décalé d’un Harry Potter affrontant un nouvel adversaire qui ne peut être nommé,  un tueur sanguinaire rappelant Jack l’Eventreur et simplement baptisé le Jack. Chacun des chapitres propose une avancée de deux ans et marque ainsi une étape dans la vie de Nobody, dit Bod.

Neil Gaiman, en 300 pages qui se lisent très rapidement et rehaussées de belles illustrations en  noir et blanc évocateur, laisse libre cours à ses talents de conteur pour convier tout un bestiaire de morts, de vivants et de morts-vivants. Son joyeux cimetière est peuplé de sorcière défunte mélancolique (car nulle pierre ne marque l’emplacement de sa tombe), de goules affamées, des fantômes bavards, de tuteur vampire et de louve-garou autoritaire. Un mélange de fantasy, d’épouvante et d’humour destiné aussi bien aux adolescents qu’aux adultes et justement couronné par le Prix Hugo du meilleur roman et le Prix Locus du meilleur roman « jeunesse ».

L'ETRANGE VIE DE NOBODY OWENS de Neil Gaiman

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Jeunesse, #Prix Hugo, #Fantasy, #Neil Gaiman

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Publié le 28 Juin 2017

LE REFLUX DE LA NUIT de Jean-Pierre Andrevon

D’abord publié aux éditions Fleuve Noir (collection Angoisse) sous le pseudonyme d’Alfonse Brutsche puis réédité plusieurs fois sous le nom de Jean-Pierre Andrevon, LE REFLUX DE LA NUIT constitue un pur roman fantastique et d’épouvante sur le thème, à présent, balisé des morts-vivants. L’approche choisie ici demeure toutefois très différente des récits actuels puisque l’auteur opte pour l’intimiste avec une intrusion, lente et progressive, du surnaturel dans le quotidien banal de son principal protagoniste, Pierre Merlin. Veuf depuis un an, Merlin a perdu tout goût de communiquer avec ses semblables et préfère se rendre régulièrement au cimetière pour y dialoguer avec son épouse décédée. Un jour, Merlin rencontre un personnage étrange, sorte de magicien qui lui promet de ramener la morte à la vie. La suite, quelque peu prévisible, n’en est pas moins intéressante et mise sur une ambiance pesante d’épouvante à l’ancienne assortie de quelques clins d’œil (dont une référence lovecraftienne évidente avec la rue Auguste Derleth).

La progression du récit et la reconstitution d’une famille forcément dysfonctionnelle anticipe sur le SIMETIERRE de Stephen King mais, malgré un format restreint (180 pages), le livre parait parfois tirer quelque peu à la ligne lorsque le romancier délaie l’intrigue dans les considérations de son « héros ». La seconde partie du livre trahit d’ailleurs une accentuation de cet essoufflement par la linéarité de ce scénario dans lequel les rebondissements et surprises sont rares. Heureusement, l’ambiance lourde est bien rendue, tout comme la solitude de ce veuf confronté au surnaturel, ce qui évite de s’ennuyer jusqu’à la conclusion forcément dépourvue de happy end.

Une version plus courte, façon longue nouvelle, aurait peut-être davantage convenu à ce roman, ce que confirme une « chute » macabre attendue mais efficace. Toutefois, LE REFLUX DE LA NUIT reste une lecture agréable pour les amateurs d’un fantastique horrifique feutré comme la collection « Angoisse » nous en proposait jadis de nombreux exemples.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Collection Angoisse Fleuve Noir

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Publié le 7 Mai 2017

SAGA OF THE SWAMP THING - BOOK 3 d'Alan Moore

Créé par Lein Wein et le récemment disparu Bernard Albert Wrightson, Swamp Thing (ou la créature du marais pour les francophones) est d’abord apparu dans un récit isolé en juillet 1971 avant d’intégrer la continuité de l’univers DC. Sorte de monstre mi-homme mi-plante, Swamp Thing défend les marécages et, plus généralement, l’environnement, faisant de lui un des premiers « super héros » écolo. La créature, inspiré d’un ancien héros (The Heap) entretient d’évidentes similitudes avec Man Thing que venait de concevoir Marvel Comics.

La sortie du décevant long-métrage de Wes Craven, LA CREATURE DU MARAIS, amène en 1982 l’éditeur DC Comics à relancer une série régulière intitulée SAGA OF THE SWAMP THING notable pour être le premier titre grand public à se passer de l’approbation du Comic Code.

Ses origines seront quelques peu modifiées à l’arrivée d’Alan Moore qui va transformer Swamp Thing en une sorte d’entité élémentaire ayant absorbé une partie de la personnalité d’un scientifique décédé, Alec Holland.

Ce troisième recueil comprend les épisodes 35 à 42 de la série et revisite quelques monstres classiques du répertoire fantastique. A l’exception de l’épisode 40, les autres constituent des histoires en deux ou trois parties (nous sommes loin des scénarios actuels de comics pouvant s’étaler sur des dizaines d’épisodes !).

Les 35 et 36 se consacrent aux dangers du nucléaire avec l’apparition d’un antagoniste irradié, NukeFace, dans un récit plus proche de l’horreur que des conventions habituelles du comic super héroïque.

La suite (épisodes 37 à 39) introduit un personnage qui deviendra central dans l’univers « magique » de DC et qui connaitre par la suite une immense popularité : il s’agit du mystérieux mage (ou escroc) John Constantine. Swamp Thing, pour sa part, gagne la ville inondée de Rosewood où il se confronte à d’originaux vampires aquatiques.

Pour l’épisode 40, c’est un autre monstre traditionnel qui est convié, mais de manière intelligemment détournée puisque nous voyons apparaitre un lycanthrope femelle et que les auteurs lient menstruation et malédiction lunaire de manière novatrice.

Le recueil se conclut sur une intrigue encore une fois intéressante dans sa manière de recycler les conventions de l’épouvante : le tournage d’une série télévisée sur l’esclavage est perturbé par l’apparition d’anciens esclaves zombifiés.

En reprenant des motifs connus mais en les détournant avec intelligence, SAGA OF THE SWAMP THING BOOK 3 se révèle très réussi et satisfaisant, combinant des thématiques horrifiques traditionnels avec un commentaire socio-politique pertinent. Les dessins sont dans l’ensemble excellents avec un sens de l’encrage et des ombrages évidents quoique l’on puisse trouver les couleurs excessives et à présent un peu datées. Un modeste bémol pour ce recueil de grande qualité qui s’impose comme un incontournable du run d’Alan Moore sur le personnage.

SAGA OF THE SWAMP THING - BOOK 3 d'Alan Moore

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Fantastique, #Superhéros, #DC, #Comic Book

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