collection angoisse fleuve noir

Publié le 21 Août 2018

LE DOSSIER ATREE de GJ Arnaud

G.J. Arnaud signe son entrée dans la collection « Angoisse » avec ce roman qui traite du cannibalisme et des conséquences de la guerre d’Espagne.

Un journaliste, invité à goûter les plats succulents d’un restaurant secret, le House Bones, où se presse la bonne société, ne tarde pas, en effet, à comprendre la véritable nature de la viande servie dans l’établissement. Bien sûr, un secret absolu doit être gardé sur le restaurant mais il est si tentant de vouloir écrire un bel article…

Arnaud convoque ici une organisation étrange, le Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques, pour dénouer les fils d’une intrigue touffue. En peu de pages, le romancier évoque la guerre d’Espagne, les exactions d’anciens nazis et lie le tout par le biais d’un trafic d’enfants, enlevés puis gavés avant de finir dans les assiettes de riches adeptes de la chair humaine.

L’histoire générale, assez classique finalement, se voit joliment développée par ces différentes sous-intrigues et par un intéressant procédé stylistique : les narrateurs du récit changent fréquemment, transformant le roman en une sorte de mosaïque, voire de puzzle. Nous aurons ainsi le témoignage d’un infirmier espagnol, nous découvrirons l’existence d’un enfant mutilé et obèse, gavé comme une oie, etc. De quoi conférer une originalité certaine au récit et relancer l’intérêt d’un bouquin qui aurait pu n’être qu’un « roman de gare » horrifique assez quelconque sans la science (et le solide métier) d’Arnaud.

LE DOSSIER ATREE, comme l’indique la préface, constitue un précurseur aux « Gore » de la décennie suivante quoiqu’il mette davantage l’accent sur une horreur plus insidieuse, moins frontale mais tout aussi efficace, voire davantage car débarrassé des outrances du grand guignol, lesquelles auraient pu le faire sombrer dans une parodie plus ou moins volontaire.

Malheureusement le roman, en dépit de ses qualités, souffre d’un ventre mou (un comble vu le sujet !) dans sa seconde moitié. Les agents du Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques usent ainsi de tactiques risibles pour contrer les anciens nazis cannibales, entrainant LE DOSSIER ATREE dans certains travers des bouquins d’« espionnages » de consommation courante. Dommage car Arnaud avait soigné toute la première partie et les cent premières pages se montraient d’une efficacité exemplaire de part, justement, leur retenue et leur plausibilité.

En dépit de ce bémol, LE DOSSIER ATREE demeure un plaisant « Angoisse » qui se lit d’une traite et avec gourmandise. Pas indispensable mais fort agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Horreur, #Polar, #Collection Angoisse Fleuve Noir, #GJ Arnaud

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Publié le 19 Juin 2018

LE PAS DE FRANKENSTEIN de Jean-Claude Carrière (Benoit Becker)

Toujours écrit par Jean-Claude Carrière sous le pseudonyme collectif de Benoit Becker, voici un deuxième roman d’angoisse librement inspiré par le personnage de Mary Shelley. Car « Le monstre » rode toujours et continue de battre la campagne en terrorisant les paysans d’une petite île écossaise. Un nouveau scientifique, décidé à marcher dans le pas de Frankenstein, se propose de reprendre les expériences de son prédécesseur et de donner enfin à la créature la compagne qu’il désire.

Parallèlement on note la présence dans le village d’un mystérieux Haïtien. Les locaux l’appellent simplement « le nègre » et rappellent qu’à Haïti se dérouleraient des rites étranges…d’ailleurs depuis sa venue n’a-t-on pas connu diverses exhumations et autres sacrilèges ? De là à voir des morts qui marchent…

Nullement dupe de son récit, Carrière le traite toutefois avec sérieux et respect, reprenant quelques éléments du roman originel et brodant sur un fantastique à l’ancienne, typique de la Universal. Car, à une époque où la Hammer remettait les grands monstres au goût du jour, l’écrivain paie surtout son tribut aux productions ayant succédés aux classiques de James Whale. On retrouve ainsi le côté pesant et angoissant du FILS DE FRANKENSTEIN ou délirant des dernières productions de la UNIVERSAL comme LA MAISON DE FRANKENSTEIN avec cette intrigue où, dans un environnement noyé de brume, s’affronte un « faiseur de mirales » haïtien et un scientifique, jusqu’au combat attendu entre le Monstre et des zombies ressuscités par le Vaudou.

Quelque peu prévisible dans sa linéarité, légèrement daté (ou plus précisément délicieusement suranné pour les amateurs de ce type de récit), LE PAS DE FRANKENSTEIN constitue un plaisant divertissement, un roman d’angoisse et « de gare » peut-être encore plus charmant et rafraichissant aujourd’hui qu’à l’époque de sa première sortie. Devenu introuvable, le titre fut heureusement réédité au Fleuve Noir puis, encore plus récemment, par French Pulp.

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Publié le 6 Octobre 2017

LA TOUR DE FRANKENSTEIN de Jean-Claude Carrière

Ecrivain, scénariste, acteur, metteur en scène et homme de théâtre plusieurs fois nominé à l’Oscar ou au César, Jean-Claude Carrière (né en 1931) s’est également frotté au cinéma bis et à la littérature populaire. Il rédigea ainsi « Le diabolique Docteur Z » et « Cartes sur table » pour Jésus Franco et fit ses premières armes de littérateur en signant, sous le pseudonyme collectif de Benoit Becker, six suites au classique de Mary Shelley.

Originellement publiés à la fin des années ’50 et devenus introuvables, ces bouquins, considérés comme des fleurons de la mythique collection « Angoisse » furent réédités en deux volumes, agrémentés d’une préface et d’une postface explicatives, au Fleuve Noir en 1995.

LA TOUR DE FRANKENSTEIN débute en 1875. Une jeune étudiante en médecine, Helen Coostle, revient passer ses vacances auprès de sa grand-mère dans le petit village irlandais de Kanderley. L’ambiance est pesante dans la région : plusieurs personnes ont en effet été assassinées par une main inconnue. De plus, Helen découvre l’existence d’une tour, réputée hantée, non loin de chez elle. Là vit le vieux Blessed, lequel a jadis connu le docteur Frankenstein au point de lui consacrer un petit musée rempli d’objets hétéroclites. Bien évidemment, Blessed lui dévoile la fameuse Créature, endormie (morte ?) dans son sarcophage. Une Créature qui, bientôt, revient à la vie pour roder dans les campagnes environnantes.

Voici donc un hommage en six volumes au célèbre mythe créé par Mary Shelley. Peut-être pour souligner la rareté d’un récit horrifique écrit par une femme (du moins à l’époque), l’écrivain donne, dans ce premier tome, la vedette à une jeune femme qui de destine à des études de médecine. Elle croise la route du Monstre pour une intrigue quelque peu linéaire, voire prévisible, mais qui ressuscite avec un certain bonheur le fantastique rétro et l’épouvante gothique.

Contemporain de la remise au goût du jour du mythe de Frankenstein par Terence Fisher et la Hammer Films, ces romans se réfèrent cependant bien davantage aux classiques de la Universal. La réédition arbore d’ailleurs le faciès caractéristique de Boris Karloff.

LA TOUR DE FRANKENSTEIN pourra donc sembler aujourd’hui quelque peu anachronique (le roman l’était même probablement déjà à l’époque de sa sortie) mais il dégage justement un charme suranné fort appréciable qui en rend la lecture agréable. De quoi donner envie de poursuivre la saga…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Collection Angoisse Fleuve Noir

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Publié le 28 Juin 2017

LE REFLUX DE LA NUIT de Jean-Pierre Andrevon

D’abord publié aux éditions Fleuve Noir (collection Angoisse) sous le pseudonyme d’Alfonse Brutsche puis réédité plusieurs fois sous le nom de Jean-Pierre Andrevon, LE REFLUX DE LA NUIT constitue un pur roman fantastique et d’épouvante sur le thème, à présent, balisé des morts-vivants. L’approche choisie ici demeure toutefois très différente des récits actuels puisque l’auteur opte pour l’intimiste avec une intrusion, lente et progressive, du surnaturel dans le quotidien banal de son principal protagoniste, Pierre Merlin. Veuf depuis un an, Merlin a perdu tout goût de communiquer avec ses semblables et préfère se rendre régulièrement au cimetière pour y dialoguer avec son épouse décédée. Un jour, Merlin rencontre un personnage étrange, sorte de magicien qui lui promet de ramener la morte à la vie. La suite, quelque peu prévisible, n’en est pas moins intéressante et mise sur une ambiance pesante d’épouvante à l’ancienne assortie de quelques clins d’œil (dont une référence lovecraftienne évidente avec la rue Auguste Derleth).

La progression du récit et la reconstitution d’une famille forcément dysfonctionnelle anticipe sur le SIMETIERRE de Stephen King mais, malgré un format restreint (180 pages), le livre parait parfois tirer quelque peu à la ligne lorsque le romancier délaie l’intrigue dans les considérations de son « héros ». La seconde partie du livre trahit d’ailleurs une accentuation de cet essoufflement par la linéarité de ce scénario dans lequel les rebondissements et surprises sont rares. Heureusement, l’ambiance lourde est bien rendue, tout comme la solitude de ce veuf confronté au surnaturel, ce qui évite de s’ennuyer jusqu’à la conclusion forcément dépourvue de happy end.

Une version plus courte, façon longue nouvelle, aurait peut-être davantage convenu à ce roman, ce que confirme une « chute » macabre attendue mais efficace. Toutefois, LE REFLUX DE LA NUIT reste une lecture agréable pour les amateurs d’un fantastique horrifique feutré comme la collection « Angoisse » nous en proposait jadis de nombreux exemples.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Collection Angoisse Fleuve Noir

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