michel pagel

Publié le 8 Septembre 2018

DESIRS CRUELS de Michel Pagel

Michel Pagel, alors à ses débuts, signe ce roman dans la collection Anticipation du Fleuve Noir.

Roman ? Pas vraiment puisqu’il reprend le principe de Schéhérazade (ici rebaptisée Marilith et qu’on devine immédiatement maléfique) pour nous conter quatre récits liés par un fil conducteur quelque peu artificiel mais plaisant (et plus ou moins imposé par l’éditeur frileux sur les recueils de nouvelles, une « astuce » également utilisée par l’auteur pour son excellente uchronie ORAGES EN TERRE DE FRANCE).

Anticipation ? Absolument pas ! Nous sommes ici dans le pur fantastique horrifique. Marilith, une jeune voleuse, s’introduit (par hasard ?  Sans doute pas mais nous en saurons  davantage à la fin du livre) dans la propriété d’un écrivain agonisant qui souffre de la page blanche. Celui-ci demande à la demoiselle de lui conter des histoires afin qu’il puisse les écrire et, par ricochet, retrouver sa jeunesse et sa vigueur, notamment sexuelle.

Les récits sont de styles variés : le premier, « Rosie », est dédié à Richard Nolane et S.K. Sheldon et concerne une auto stoppeuse, le second traite d’une « île des révélations » où se joue un combat biblique entre le Bien et le Mal. « Les mains de Farah Yole », dédicacé à Clive Barker, montre l’enquête d’un journaliste voulant interviewer l’artiste peintre Farah Yole. Il découvrira le secret de ses créations…

Enfin, « La ballade du Luna Park », ultime nouvelle (la plus longue et la plus maitrisée) rappelle quelque peu Stephen King ou Ray Bradbury. Pagel imagine une véritable « foire des ténèbres » moderne où se croisent divers individus dont un dragueur invétéré épris d’une femme pouvant se changer en gorille. Une suite d’événements horribles vont, dès lors, se succéder. Une nouvelle dédicacée à Roland C. Wagner dans laquelle Pagel s’amuse à reprendre les divers pseudonymes de l’écrivain pour nommer ses protagonistes.

Proche des bandes dessinées horrifiques à la TALES FROM THE CRYPT et manifestement inspiré par les classiques LIVRES DE SANG de Barker, ce recueil (ensuite repris dans le plus vaste ensemble de la « Comédie inhumaine ») constitue une très agréable lecture, vivement conseillée aux amateurs de nouvelles fantastiques ne lésinant pas sur l’horreur et une dose d’érotisme parfois trouble.

Très réussi !

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Publié le 6 Septembre 2018

ORAGES EN TERRE DE FRANCE de Michel Pagel

Publié au Fleuve Noir cette uchronie se déroule dans un monde proche du notre mais dans lequel la Guerre de 100 ans s’est prolongée au point de devenir la Guerre de 1000 ans…

Les oppositions entre la France et l’Angleterre, essentiellement basées sur la religion, répercutent les positions divergentes du Pape et de l’archevêque de Canterbury. En dépit du véto religieux un jeune scientifique aide un vieil inventeur à fabriquer des machines volantes. Le télé évangéliste Frédéric d’Arles anime l’émission la plus regardée de la télévision, « Confessions directes », mais sa notoriété finit par devenir gênante pour les hautes instances qui délèguent une tentatrice pour le conduire au péché. Pendant ce temps, sur le front, des machines ressuscitent brièvement les morts pour alimenter en zombies les armées qui s’entretuent depuis un millénaire.

Si les quatre histoires proposées sont intéressantes, la dernière est sans doute la plus réussie. Elle aurait d’ailleurs pu se voir décliner en roman : on y croise des Français, des Anglais, une aristocrate zombifiée membre de l’Internationale Athée, deux psychopathes, des débrouillards du marché noir, etc.

En peu de pages, Michel Pagel propose quatre récits qui forment un tout cohérent mais, collection « anticipation » oblige, ne peuvent développer réellement un background pourtant très réussi. Ainsi, le lecteur apprend que si la seconde guerre mondiale a bien eu lieu, la révolution française a avorté et la monarchie s’est maintenue. De son côté, la technologie s’avère différente et pourtant proche de celle développée dans notre réalité. Certains choix sont d’ailleurs peu expliqués : si on admet l’interdit frappant les avions, difficile d’accepter que les chefs religieux autorisent le rappel des morts à la vie pour combattre. Mais ce ne sont que des broutilles, le roman (ou les quatre nouvelles imbriquées) étant très efficace et démontrant une réelle originalité, d’une part en raison de la « divergence historique » choisie (cela change des victoires nazies uchroniques) et d’autre part car l’auteur choisit de s’intéresser davantage aux petites gens (soldats, scientifiques, etc.) plutôt qu’aux puissants.

De la belle uchronie !

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