policier

Publié le 31 Janvier 2020

UNE POIGNEE DE SEIGLE d'Agatha Christie

Dans la villa du pavillon des Ifs, Mr Fortescue meurt empoisonné par son thé. L’inspecteur Neele découvre que le poison utilisé est la taxine, tiré des ifs. En outre le corps est retrouvé avec une mystérieuse poignée de seigle dans sa poche. Les soupçons se portent forcément sur l’épouse, beaucoup plus jeune, de Fortescue et Neele est déjà prêt à conclure l’affaire lorsque la jeune femme meurt empoisonnée à son tour, suivie par une domestique, Gladys. Miss Marple débarque pour venger la mort de cette domestique (issue de son village) et démêler le sac de nœuds…

Ecrit au début des années ’50, ce roman n’a pas la complexité et l’ingéniosité de ceux des années 30 mais n’en demeure pas moins un très réussi whodunit qui utilise, une fois de plus, une comptine enfantine pour rythmer les différents meurtres. Comptine utilisée ici de manière plus intéressante que dans d’autres livres de la romancière puisque la chansonnette (ou nursery rhyme) sert véritablement d’inspiration au criminel. Le plan du meurtrier, complexe, nécessite évidemment un peu de chance et de culot pour fonctionner, poussant quelque peu la crédibilité de l’ensemble, mais n’en reste pas moins bien élaboré. En dépit du grand nombre de fausses pistes, Christie joue franc-jeu ce qui permet au lecteur de deviner une grande partie de la solution aux trois quarts du roman. C’est loin d’être négatif puisque cela permet, au contraire, d’apprécier la méticulosité de la construction. Toutefois, il reste quelques zones d’ombre pour le lecteur, ce qui lui permet d’apprécier la démonstration finale d’une Marple toujours sagace. A noter que la vieille détective se montre peu présente : elle intervient tardivement et assez peu mais découvre évidemment les indices cruciaux menant à la solution.

Si le roman n’accède pas au podium des meilleurs Christie, il reste un whodunit fort rythmé, bien écrit, aux dialogues vifs et aux rebondissements nombreux qui le place dans le peloton de tête des Marple. Un très plaisant divertissement emballé en plus ou moins 200 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 22 Janvier 2020

SAFARI SANS RETOUR d'Elspeth Huxley

Inconnue chez nous, Elspeth Huxley vécu en Afrique entre 1912 et 1925, un cadre qui fournira la matière nécessaire à la plupart de ses œuvres, notamment la série consacrée au superintendant Vachell. Seul le second des quatre policiers écrit par Elspeth Huxley (Aldous Huxley, auteur du MEILLEUR DES MONDES, étant son cousin par alliance) sera traduit au Masque sous le titre de SAFARI SANS RETOUR.

Milieu des années ’30, en Afrique, Lady Lucy Barandale participe, avec son Chanel N°5 et ses bijoux, a un safari en compagnie de son mari, Lord Barandale, un fanatique de photographie et sa fille Cara. Cette dernière, fiancée au très palot (et peut-être gay) Sir Gordon Catchpole, multiplie les aventures, notamment avec le chauffeur de l’expédition. Une bonne, l’aviatrice Chris Davis et le légendaire chasseur de gros gibier Danny de Mare complètent le safari. Lorsque les pierres précieuses de Lady Lucy disparaissent, le superintendant Vachell décide d’enquêter incognito en prenant la place laissée vacante par l’assistant de Danny de Mare, Luke Englebrecht, renvoyé pour avoir couché avec cette chaudasse de Cara. Mais Vachell doit rapidement faire face à une situation plus dramatique lorsque lady Lucy est découverte assassinée…

Voici un très plaisant whodunit à l’ancienne qui se distingue par son environnement particulier, celui d’un safari africain. Les personnages, bien typés, sont présentés avec efficacité et, une fois le meurtre accompli, les suspects ne manquent pas. Les aspects plus dangereux du safari ne sont pas éludés avec quelques fauves et autres animaux sauvages venant rendre l’enquête plus palpitante. On note également des dialogues bien ciselés, très naturels et pourtant bien écrits, qui n’oublient pas un certain humour acide et satirique bienvenu.

Pour les amateurs de whodunit « golden age », à la fois classique (par son intrigue) et innovant par son cadre, SAFARI SANS RETOUR s’impose comme une belle réussite en outre bouclée en seulement 158 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 17 Janvier 2020

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

Le Detection Club est un authentique club anglais réunissant les principaux auteurs de romans policiers du Golden Age (club qui existe d’ailleurs toujours aujourd’hui). Or, voici que ses membres sont invités par le richissime Roderick Ghyll à une étonnante démonstration, dans sa vaste villa sur une île, d’un automate capable à coup sûr de deviner l’auteur d’un crime. De quoi mettre les membres du Detection Club dans l’embarras, si ce n’est au chômage. Mais Ghyll est assassiné dans sa chambre forcément close…Agatha Christie, Chesterton, Dorothy Sayers, John Dickson Carr et les autres vont devoir mettre leurs capacités de déduction à l’épreuve dans la vraie vie.

Dans cette bande dessinée, Chesterton et Christie sont évidemment les personnages principaux, à tel point que les autres romanciers du Club s’en trouvent réduits au statut d’acolytes ou de faire-valoir, John Dickson Carr restant le plus intéressant avec son obsession des cartes et autres plans. Les piques entre les différents romanciers, qui semblent se jalouser gentiment, fonctionnent plaisamment, l’auteur multipliant les remarques acides et autres vacheries des uns et des autres.

Le mystère, pour sa part, s’avère très classique, sorte de variation sur les DIX PETITS NEGRES agrémenté d’un meurtre en chambre close à la Carr. La présence d’un automate aux étonnantes capacités (il peut, notamment, deviner le coupable de tous les romans policiers au simple énoncé des faits) rend le tout un peu original et élève la BD au-delà du simple pastiche. L’explication, fantaisiste, reste toutefois cohérente et satisfaisante, terminant le récit sur une note positive. Dommage que le trait soit assez simple et échoue à retrouver l’ambiance coutumière des romans mystères de cette époque.

Dans l’ensemble ce roman graphique n’en reste pas moins agréable, sans être exceptionnel il permet de passer un bon moment avec une énigme sympathique, des références bien amenées et un humour efficace.

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

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Publié le 16 Janvier 2020

LE PROCES DE LA SORCIERE de Robert McCammon

Robert McCammon fut jadis un des principaux pourvoyeurs des collections « Terreur » et « J’ai lu épouvante » (MARIE TERREUR, L’HEURE DU LOUP, etc.), recevant notamment trois fois le prestigieux Prix Bram Stoker. Après LE MYSTERE DU LAC, considéré par beaucoup comme son chef d’œuvre, McCammon fit une pause de dix ans avant de revenir aux affaires avec le diptyque « le chant de l’oiseau de nuit », écrit en 2002 et traduit en 2008. Depuis McCammon a publié cinq autres romans mais aucun ne furent traduit en français.

Première partie de ce « chant de l’oiseau de nuit », LE PROCES DE LA SORCIERE a été décrit comme la rencontre de « Sleepy Hollow » et du « Nom de la Rose ». Il s’agit, comme le titre l’indique, d’un roman de procès, un « procedural » comme disent les Américains. Sauf que l’action se déroule à l’approche de l’an 1700 (qui comme toutes les fins de siècle annoncent, pour certain, l’Apocalypse), dans un village du Nouveaux Monde, Fount Royal. Rachel, une métisse trop belle pour sa propre sécurité, se voit accusée par les villageois de faire commerce avec Satan et d’avoir tué son mari ainsi que le révérend. Un juge, Isaac Woodward, est chargé d’un procès dont l’issue ne fait pas le moindre doute. Pourtant, son clerc, le jeune Matthews, croit à l’innocence de Rachel et va s’employer à la démontrer…quitte à fouiller un peu trop dans les secrets de la petite ville.

Epais roman, LE PROCES DE LA SORCIERE se prolonge avec LE VISAGE DU MAL, les deux livres constituant une seule histoire. Autrement dit, c’est du costaud, pratiquement mille pages au total, pour une enquête dans la droite ligne des « polars historiques ». Le fantastique y est discret. Est-il présent ou pas ? Le lecteur l’ignore à l’issue de ce premier tome. Rachel est-elle une sorcière ? Sans doute pas mais l’auteur laisse penser qu’un véritable sorcier (ou sorcière) se cache dans le village. Sinon comment expliquez certains événements ? Rationnel ou fantastique…la réponse (peut-être) dans le tome 2. Sinon McCammon a toujours un style bien huilé, il sait poser son ambiance, ne lésine pas sur les détails scabreux qui devaient être monnaie courante dans ce genre de patelin (adultère, commérage, trafic de relique et même zoophilie, l’inceste aussi sans doute). Tout ce côté historique, bien documenté, est fascinant. Cela dit il faut avouer que le roman comporte quelques longueurs préjudiciables. On aimerait, parfois, un peu plus de nervosité, davantage de retournements de situation dans cette enquête que seul le jeune Matthew semble vouloir faire aboutir. Près de 500 pages sans avoir véritablement avancé peut sembler décourageant…Mais, dans l’ensemble, le livre se lit agréablement et les derniers chapitres voient (enfin) une montée de la tension (et donc de l’attention du lecteur) qui encourage à lire rapidement la suite afin de recevoir (on l’espère !) les réponses aux nombreuses questions posées par cette longue (mais agréable) entrée en matière.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Policier, #Historique

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Publié le 14 Janvier 2020

QUI PRENDS LA MOUCHE? de M.C. Beaton

Voici l’autre série phare (après Agathe Raisin) de la récemment disparue M.C Beaton, les aventures du policier écossais Hamish Macbeth, lequel animera 35 enquêtes.

Daté de 1985, QUI PRENDS LA MOUCHE possède un indéniable parfum rétro…une époque dénuée de téléphone portable, d’Internet, de réseaux sociaux,…si loin, si proche. D’autant que les personnages agissent de manière très caricaturale, notamment les femmes qui parlent et se comportent à la manière des héroïnes des romans « golden age » les plus naïfs. La plupart ne rêvent que du prince charmant, de préférence riche. Alice aligne ainsi les stéréotypes : jeune secrétaire empotée, elle ne se sent pas à sa place parmi les « lady », ne porte pas de vêtements suffisamment beaux, essaie de prendre l’accent maniéré des nantis et se voit mariée à Jeremy, séduisant célibataire rencontré la veille. Un Jeremy qui n’a d’yeux que pour la poitrine opulente d’une Daphné passant tout le roman à minauder façon femme fatale.

Une partie de pêche à la mouche organisée dans un petit village écossais donne ainsi le cadre à un whodunit très cosy suite à la mort de Lady Jane Winters, spécialiste de la pique assassine et de la petite phrase blessante. Il apparait ensuite que notre Lady était en réalité une journaliste s’amusant à dévoiler les travers de ses contemporains dans des articles assassins. Bien sûr, chaque participant du stage de pêche cachait quelque secret plus ou moins inavouable et possédait, par conséquent, une bonne raison de mettre Lady Jane hors d’état de nuire. Hamish, le détective local, mène très mollement l’enquête mais son indolence à la Colombo mâtiné de Poirot pourrait bien cacher un esprit plus affuté que prévu.

Typique, QUI PRENDS LA MOUCHE ? présente son petit groupe de personnages typés enfermés dans un lieu bien défini pour une semaine. Rancoeurs à peine dissimulées et secrets variés occupent le quotidien de nos stagiaires de la pêche jusqu’au meurtre de l’horrible mégère Lady Jane pratiquement à mi-parcours. La seconde moitié du roman suivra donc l’enquête de notre Hamish, personnage amusant qui permet à M.C.Beaton d’orchestrer l’une ou l’autre séquence humoristique, pour ne pas dire bouffonnes (Hamish se retrouve tout nu dans la rivière) ou vaudeville (il se cache sous les draps d’une demoiselle pour échapper à son paternel très remonté).

Dans l’ensemble, QUI PRENDS LA MOUCHE ? n’invente rien mais se lit avec plaisir, l’enquête reste souvent anecdotique (Hamish avoue qu’il ne connait pas le coupable et lance souvent des suspicions au hasard pour observer les réactions) et il parait impossible au lecteur de deviner le fin mot de l’histoire (les indices menant à la résolution n’apparaissent que dans les dernières pages) mais le tout reste agréable. Nous sommes dans un mélange de whodunit « cosy », d’humour bon enfant et d’influences chick-lit pour un ensemble sans prétention mais divertissant, d’autant que le roman ne fait que 250 pages.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Whodunit, #Policier, #Humour

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Publié le 7 Janvier 2020

LE MONSTRE DE FLORENCE de Douglas Preston & Mario Spezi

« Le Monstre de Florence » est le plus célèbre tueur en série italien, une des sources d’inspiration pour le Hannibal Lecter de Thomas Harris (en particulier dans HANNIBAL). Jamais arrêté, il a tué quatorze personnes entre 1974 et 1985. A chaque fois des couples qui batifolaient dans leur voiture.

Auteur de polar, Douglas Preston s’intéresse à l’affaire alors qu’il s’est établi en Toscane pour écrire un roman (ce sera LE VIOLON DU DIABLE, lui aussi inspiré par l’affaire du Monstre) et devient ami avec le journaliste Mario Spezi. Les deux hommes vont mener une enquête de longue haleine, revenant sur les innombrables suspects, sur les différentes pistes suivies par la police (d’abord celle d’un clan sarde puis celle d’une secte satanique de nantis, thèse abracadabrante défendue bec et ongle par un inspecteur), sur la corruption généralisée, l’incompétence crasse de la police, les rumeurs délirantes, les procès médiatisés, etc. Bref, une pure enquête, aussi passionnante que les romans de Preston, sauf qu’il s’agit ici d’une histoire vraie, de « true crime » comme on dit. Et, fait particulièrement remarquable et inédit dans ce style, Spezi finit par être lui-même soupçonné d’être le Monstre. Ou un des Monstres. Ou un complice. Tout comme Preston. Qui vivront un acharnement de la justice peu désireuse que les thèses officielles ne soient remises en question.

Minutieuse, l’enquête se déploie sur des décennies, ponctuée de faits étranges, d’anecdotes incroyables (les Indiens, autrement dit les voyeurs des collines toscanes), de rebondissements,…Sans oublier le bâclage systématique de l’enquête (les scènes de crime sont ouvertes à tous les passants qui brouillent évidemment les preuves, les analyses sont oubliées ou perdues, etc.) alors qu’une unité spéciale de la police (La section anti Monstre) multiplie les arrestations ou les coups d’éclats, parfois guidé par les fumisteries d’une voyante…manifestement il faut un coupable, quel qu’il soit, pour calmer l’opinion. 

Preston n’aurait pas osé écrire un tel roman, on ne l’aurait pas cru, le lecteur aurait trouvé tout cela tiré par les cheveux ou complètement non crédible (le cale-porte de Spezi qu’un flic s’obstine à considérer comme un objet satanique, la douille miraculeusement découverte après des jours de recherches infructueuse, le contact qui met les journalistes sur la piste de la possible cachette du Monstre, l’arrestation arbitraire de Spezi, etc.)…comme quoi la réalité dépasse définitivement la fiction.

La fin du livre laisse peu d’espoir de connaitre un jour la vérité…depuis Spezi est mort et le Monstre court toujours…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Policier, #Thriller, #Serial Killer, #True Crime

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Publié le 4 Janvier 2020

SAVEZ-VOUS OU EST ROSE? de E.C.R. Lorac

Londres, au plus fort de la Seconde Guerre Mondiale, une époque où le blackout est de rigueur…Quelques individus, un peu artistes, plutôt bohèmes, se réunissent dans un modeste studio : deux jouent aux échecs, un peintre peint son modèle, déguisé en cardinal, et Rose, la sœur du peintre, vaque à ses occupations. Surgi alors un « constable spécial » en compagnie d’un militaire : l’habitant de l’appartement voisin, un vieil avare, vient d’être abattu et le soldat a été trouvé à côté du cadavre encore chaud. Bref, l’affaire parait simple et la culpabilité du bidasse évidente. Cependant l’inspecteur McDonald, dépêché sur les lieux, a encore des doutes. Il commence son enquête et découvre rapidement que le grigou vivait certes chichement mais était, en réalité, plein aux as…de quoi donner un motif sérieux de l’assassiner. Et si les alibis des quatre hommes paraissent increvables, nul ne sait exactement ce que faisait Rose à l’heure du meurtre.

Edith Caroline Rivett, dite E.C.R. Lorac (1894 – 1958) fut une des nombreuses écrivaines prolifiques de l’Age d’Or du roman policier anglais. Elle entra d’ailleurs en 1937  dans le fameux Detection Club et rédigea plusieurs dizaines d’enquêtes de l’inspecteur McDonald. SAVEZ-VOUS OU EST ROSE ? (ou SAVEZ VOUS OU EST ROSANNE ? selon les éditions) est un sympathique whodunit dont la principale originalité réside dans son utilisation du blackout londonien. L’intrigue, de son côté, se montre classique et l’identité du coupable relativement évidente en dépit d’une machination savamment élaborée (et qui, dans la réalité, aurait eu bien du mal à fonctionner). Des personnages intéressants bien qu’un peu clichés et une pagination réduite confère à ce petit roman un rythme suffisant pour éviter l’ennui. Rien de transcendant mais un honnête divertissement à l’ancienne.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 3 Janvier 2020

LA DECADE PRODIGIEUSE d'Ellery Queen

Les deux cousins, dissimulés derrière le pseudonyme collectif d’Ellery Queen, se surpassent à nouveau avec cette construction policière vertigineuse toute en fausses pistes et faux-semblants. Un critique prétendit d’ailleurs un jour qu’Ellery Queen n’écrivait pas de roman policier mais qu’il ETAIT le roman policier (sous-entendu américain) et cette assertion se vérifie encore une fois.

Un jeune sculpteur, Howard Van Horn, craint d’avoir commis des actes répréhensibles dont il n’a plus, aujourd’hui, de souvenir suite à des crises d’amnésie. Il sollicite l’aide d’Ellery Queen mais ce dernier se rend compte, rapidement, que la situation s’avère plus complexe que prévu. Howard entretient, en effet, une liaison avec sa jeune belle-mère, Sally. Bien sûr, un maitre chanteur s’en mêle et Ellery se voit chargé de la transaction, une mission qu’il accepte pour ménager le père de Howard, Diedrich. Aux abois, Howard est même forcé de cambrioler son paternel pour trouver la somme d’argent exigée par le criminel. Evidemment, le maitre-chanteur ne compte pas en rester là et réclame davantage d’argent au pauvre Howard…

Après une première partie de carrière consacrée à l’énigme pure, Ellery Queen (les auteurs) s’oriente vers un policier toujours complexe mais davantage porté sur l’aspect psychologique, notamment avec une série de bouquins se déroulant dans la ville imaginaire de Wrightville. LA DECADE PRODIGIEUSE en constitue une belle illustration avec un Ellery Queen (le détective) en grande forme mettant à jour une incroyable machination criminelle élaborée sur le modèle des Dix Commandements. Un édifice de déductions d’une grande logique et pourtant le lecteur aura droit à de nouvelles révélations surprenantes venant démontrer l’impossible : cette fois Ellery s’est trompé !

Un roman policier d’une grande originalité, à mi-chemin de l’énigme classique type whodunit et du thriller psychologique, servi par une belle plume et dont la patiente construction narrative (prodigieuse, osons le terme !) se dévoile lors des derniers chapitres tout simplement bluffant. Du grand art par les maitres du policer américain.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Ellery Queen, #Golden Age, #Policier, #Thriller

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Publié le 12 Décembre 2019

J'AURAI TA PEAU de Mickey Spillane

Ecrit juste après la Seconde Guerre Mondiale, ce roman a lancé la carrière de Mickey Spillane, à son époque le plus gros vendeur de bouquin des USA (« il n’avait d’autre concurrent que lui-même » a-t-on même dit). Après avoir scénarisé des comics pour Marvel (comme Captain America), Spillane se lance dans le pulp et, à même pas 30 ans, crée le personnage emblématique de Mike Hammer dont le patronyme laisse deviner les méthodes musclées. C’est d’ailleurs le grand intérêt des romans de Spillane tant Hammer incarne le stéréotype du héros viril, raciste, sexiste et macho comme on n’en fait plus (pratiquement un James Bond ou un SAS avant l’heure). L’oppose d’un héros politiquement correct d’aujourd’hui.

Mike méprise les gays (« pédales ») et les minorités (divisées entre les « bâtards jaunes » et les « nègres », mais les femmes adorent. D’ailleurs, elles se jettent toutes à ses pieds et Hammer les fait toutes craquer : sa secrétaire ultra canon se désespère de le mettre dans son lit (Miss Moneypenny ?), deux jumelles dont une nymphomane insatiable s’offrent à lui (mais devant cette avance « trop facile », Hammer passe son tour) et une psychiatre chaude comme la braise lui fait immédiatement des propositions indécentes. « Entourée d’homme sans virilité elle aspirait à un vrai homme ». Mike souhaite d’ailleurs l’épouser : elle devra bien sûr arrêter de travailler et rester à la maison pour qu’il sache toujours où la trouver et notre demoiselle qui n’en peut plus (Mike refuse de coucher avec elle avant le mariage !) réclame à grand cri sa bague ! Même lorsque Mike prend un raccourci par le parc, il croise des nurses qui lui adressent « un sourire plein d’espoir ». Son enquête s’interrompt donc régulièrement le temps de satisfaire ses dames.

Au rayon enquête et détection, Hammer ne la joue pas non plus Hercule ou Sherlock, préférant laisser parler ses poings et y aller franco niveau menaces, intimidations et coups et blessures. Pas question de chercher des indices et on le trouvera plus volontiers le 45 en main que la loupe.

Il faut dire que Mike a des raisons d’être en rogne car Jack, son meilleur copain, vient d’être assassiné. Un brave type ce Jack, il aurait même donné son bras pour Mike, d’ailleurs il l’avait fait au sens propre en s’embrochant sur une baïonnette destinée à notre héros durant la guerre. Ca forge une amitié, dur comme l’acier (ou la bite à Hammer). Du coup Mike veut coincer le meurtrier avant les flics, pas question que l’assassin se retrouve en cabane ou même sur la chaise, Mike veut le voir souffrir un maximum avant de l’abattre comme un chien. Mike est « le juge, le juré et l’exécuteur » et rien ni personne ne l’arrêtera dans sa mission. Pendant ce temps les morts s’accumulent…

J’AURAI TA PEAU (un titre presque aussi réussi que le « I, The Jury » original) constitue une bonne cure pour se laver du polar actuel à prétentions sociales. Ici le lecteur plonge dans le « pulp hard boiled » originel dans le style de Raymond Chandler mais en plus percutant, en plus série B avec tout ce que cela implique de machisme satisfait, de vulgarité assumée et de violences gratuites. Mike Hammer annonce à la fois James Bond, un justicier dans la ville, l’Exécuteur et l’Inspecteur Harry. Bref, comme disait l’autre « c’est du brutal ». Rafraichissant, plaisant et hautement divertissant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Roman de gare, #Polar, #Whodunit

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Publié le 3 Décembre 2019

CELUI QUI MURMURE de John Dickson Carr

Cette enquête de Gideon Fell se classe sans hésitation possible parmi les meilleurs romans de « meurtre impossible » écrits pas le spécialiste John Dickson Carr. En novembre 2019 il a été voté « meilleur livre de Carr » sur le site Classic Mystery Novel du Puzzle Doctor. Une bonne occasion de relire cet incontournable.

Le professeur Rigaud a jadis été témoin, près de Chartres, d’une scène impensable. Après avoir assisté à une violente dispute entre un père et son fils, Rigaud éloigne le jeune homme, Harry Brooks, et laisse son paternel au sommet d’une tour médiévale. Or celui-ci est retrouvé peu après tué par sa canne épée alors que personne n’a pu s’approcher de la victime. Après la seconde guerre mondiale l’affaire ressurgit lorsque Rigaud la raconte durant un diner. Gidéon Fell devra, des années après les faits, expliquer ce meurtre.

Environ 200 pages ! Carr ne traine pas en route mais développe néanmoins une atmosphère intéressante dans un climat de peur surnaturelle. La caractérisation des personnages se montre, elle aussi, de qualité, avec de beaux portraits, plus développés que de coutume. La période choisie est particulièrement charnière dans le roman policier puisque la Seconde Guerre Mondiale marque généralement la fin ou du moins le déclin du roman d’énigme classique. Carr n’élude pas la guerre et ses conséquences mais propose un crime mystérieux commis avant celle-ci mais résolu plusieurs années après, au lendemain de la fin du conflit.

L’énigme, pour sa part, s’avère rondement menée. Si l’identité de l’assassin et la méthode utilisée ne surprendront pas l’amateur de « crime impossible » (en appliquant la célèbre maxime de Sherlock il n’existe pratiquement qu’une seule solution possible), les détails s’emboitent admirablement et chaque point de détail se voit au final expliqué avec bonheur. De plus, le romancier garde un atout dans la manche sous la forme d’une révélation fracassante que peu de lecteur auront vu venir. Un classique incontournable qui mérite sa place dans toutes les listes recensant les meilleurs policiers d’énigme de l’âge d’or.

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