policier

Publié le 10 Août 2021

LE MONSTRE DU LOCH NESS de Christian Jacq

Christian Jacq emmène son inspecteur intemporel, Higgins, en Ecosse pour une nouvelle enquête dont le principal suspect n’est autre que Nessie, le fameux monstre du Loch Ness. Deux corps ont en effet été découverts, étrangement mutilés. Très vite, la rumeur enfle, les médias s’emparent de l’affaire et les touristes affluent. Higgins, lui, reste pragmatique et méthodique, interrogeant divers suspects et adoptant une attitude plus terre à terre. L’inspecteur flaire l’entourloupe. Mais si le meurtrier n’est pas Nessie, qui peut-il être ?

La saga des « Enquêtes de l’inspecteur Higgins » s’inscrit dans une tradition de whodunit à l’ancienne, gentiment surannée et souvent teintée d’un climat empreint de fantastique, de mystère ou d’étrange. L’auteur se lance donc fréquemment sur les traces de John Dickson Carr ou de Conan Doyle. Quoique située à note époque, l’enquête aurait pu se dérouler voici un siècle sans qu’elle nécessite de réelle réécriture. L’essentiel du roman propose donc différentes rencontres avec des personnages pittoresques : le chef de clan des Highlands qui rêve d’un soulèvement contre l’Anglais, la responsable d’un petit musée local dédié à Nessie, le vieux libraire bougon, la nymphette virginale un brin foldingue, le paléontologue qui veut prouver l’existence du monstre, une sorcière locale escortée de son chien nommé Lucifer, etc.

Christian Jacq (précédemment dissimulé sous le pseudo de J.B. Livingstone lorsque le bouquin s’intitulait LES DISPARUS DU LOCH NESS) soigne son atmosphère écossaise sans lésiner sur les clichés : plats bizarres, dégustation de whisky à la chaine, châteaux, légendes et hantises,…Les Ecossais y sont décrits de manière caricaturale mais avec un côté chaleureux qui fait pardonner les outrances de l’auteur. De toutes manières, l’ensemble vise surtout à amuser et à donner le sourire. L’enquête en elle-même s’avère par contre moins palpitante : elle se contente d’aligner les entrevues des différents suspects jusqu’à ce que l’inspecteur énonce la solution (un brin décevante) dans le dernier chapitre. Un épilogue légèrement attendu mais plaisant achève toutefois sur une note positive ce petit roman plus agréable que passionnant, suffisamment rythmé et court pour assurer au lecteur un bon moment de détente, que ce soit à la plage ou au coin du feu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Policier, #Whodunit

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Publié le 14 Juin 2021

LA RAIDE MORTE d'Eric Verteuil

Duo d’auteurs dissimulés sous le pseudo collectif d’Eric Verteuil, voici des vétérans du roman populaire ayant signé de nombreux bouquins dans les collections phares du Fleuve Noir. On les a croisé chez Angoisse, Special Police et enfin Gore où ils se signalèrent par des titres à la fois très sanglants, très sexe et très drôles (pour ne pas dire parodiques). Dans ce polar humoristique fort bien torché, le duo nous présente une mère de (bonne) famille, jadis riche mais aujourd’hui plutôt désargentée, du genre à devoir se restreindre sur le caviar et à ne plus pouvoir garder de domestiques. Bref, c’est la dèche, ou presque. Heureusement, la dame dispose d’un dernier atout mais important : une fille, pas vraiment futée mais très séduisante et pas vraiment timide. Du coup, un beau mariage arrangerait la situation et justement un riche propriétaire terrien ne semble pas insensible aux charmes de la nymphette. Bon, petit problème, le bonhomme a déjà fait un mariage, certes pas très heureux, mais dans ce genre de milieu le divorce est irréalisable. Le meurtre, par contre, n’est pas impossible. Evidemment, comme on dit un meurtre ça va mais plusieurs bonjour les problèmes. Et dans les petites villes de province en apparence bien tranquille les langues se délient un peu vite, entre femme de chambre trop prompte à bavarder, gigolo un peu trop sollicité, belle sœur trop portée sur la bagatelle et autres secrets cachés qui pourraient facilement dégénérer en scandale. Car tuer, passe encore, mais ruiner sa réputation pas question !

Les Verteuil livre ici un polar rondement mené, qui se lit rapidement, fertile en rebondissements pas toujours surprenants mais néanmoins amené avec professionnalisme. Le roman se montre donc solidement charpenté et l’intrigue possède un côté à la fois implacable et déconnant de bon aloi. Tandis que les crimes se multiplient chacun tente de résoudre l’énigme mais les policiers sont complètement à côté de la plaque et c’est un pauvre gigolo trop crédule qui sera finalement accusé de tous les maux.

LA RAIDE MORTE constitue donc une bonne surprise : c’est rythmé, enlevé, plein de bons mots et de considérations amusantes…l’assurance d’une soirée réussie et un roman qui donne le sourire tout en ne se fichant pas de construire une intrigue bien ficelée.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Polar, #Policier

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Publié le 27 Mai 2021

LA CLAIRVOYANCE DU PERE BROWN de G.K. Chesterton

Le Père Brown reste un des premiers grands détectives modernes en compagnie de Sherlock Holmes et de Dupin. Ce recueil reprend ses faits d’armes pour démêler diverses énigmes, des enquêtes publiées dans des magazines en 1910 et 1911. Autrement dit nous sommes au tout début (et même un peu avant !) de cette période ensuite dénommée le « golden age » de l’histoire de détection. La première originalité reste, évidemment, la personnalité de ce petit prêtre rondouillard, débrouillard et sagace qui profite des énigmes rencontrées pour professer une philosophie d’ailleurs plus humaniste que simplement religieuse en dépit de la conversion de l’auteur au catholicisme.

Occupant la 57ème place du fameux « top 100 » des meilleurs livres policiers établi par la Mystery Writers of America, LA CLAIRVOYANCE DU PÈRE BROWN garde son intérêt historique et propose quelques mystères bien ficelés. On peut, par exemple, citer « Le jardin secret », prototype souvent réédité des meurtres en chambre close (ou en jardin clos ici), « L’Homme invisible » dont le thème (ce qui est visible et ce qui nous est devenu invisible tellement nous avons perdu l’habitude de nous y intéresser) sera fréquemment repris dans les problèmes de crimes impossibles, « Le marteau de dieu », sans doute la nouvelle la plus connue de Chesterton traitant, encore une fois, d’un assassinat apparemment insoluble ou encore « Les 3 instruments de la mort » à la résolution hautement improbable mais cependant astucieuse et non dénuée d’un plaisant humour. Enfin l’original « Œil d’Apollon » fonctionne de belle manière et se clôt sur une chute efficace qui en font un des meilleurs récits de ce recueil.

Cependant, à côté de ces récits efficaces et réussis, d’autres paraissent plus datés comme tous ceux où intervient le cambrioleur Hercule Flambeau. Le style volontiers excessif et archaïque de l’auteur peut également s’avérer rébarbatif sur la longueur et il est sans doute préférable de lire ces histoires à petite dose plutôt qu’en une fois, sous peine d’indigestion.

En résumé ce recueil comprend une série d’histoires plaisantes, à l’intérêt historique indéniable, mais quelques peu inégales…Cinq ou six récits divertissants et réussis compensent néanmoins les nouvelles moins convaincantes ou trop datées pour passionner. Une lecture intéressante, instructive et sans doute nécessaire pour les amateurs de policiers traditionnels.

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Publié le 25 Mai 2021

CA C'EST DU BILLARD d'Ed Lacy

Jadis publié dans la collection « Un mystère », ce roman d’Ed Lacy jette un pont entre le récit d’énigme, le polar « dur à cuir » et le « policier » plus porté sur les aspects psychologiques. Tout débute par la mort d’un type banal, Frank Andersun. Ce-dernier devait prochainement se rendre en Europe après avoir gagné à un concours. Un flic, Ed Turner, se fait descendre également. Sa veuve, Betsy, en appelle à un privé, Barney Harris, un colosse ancien garagiste et haltérophile reconverti dans la filature pour élever sa petite fille. L’enquête s’annonce tortueuse et Barney tombe sur un paquet de suspects, de types louches, de putes sympas et de mafieux peu fréquentables.

Leonard S. Zinberg (1911 – 1968) débute dans le métier en 1940. Après quelques romans signés de son nom il adopte le pseudo d’Ed Lacy et rédige de nombreux polars dont une quinzaine seront traduits, principalement chez « Un mystère » ou à la « Série Noire ». Il écrit également beaucoup de nouvelles, notamment pour la revue d’Alfred Hitchcock et gagne le Prix Edgar Poe pour A CORPS ET A CRIME.

Dans CA C’EST DU BILLARD, le lecteur retrouve toute l’ambiance du polar des fifties avec les quartiers new-yorkais miteux, les prostituées au grand cœur, les macs minables, les détectives sur le retour, les flics corrompus « mais pas trop », les malfrats ringards et les combines improbables. Le roman alterne donc entre l’enquête du privé, narrée à la première personne, et les considérations des deux truands contraints au meurtre pour protéger une géniale arnaque,…L’originalité de cette combine et les tuiles successives qui en découlent annoncent des séries à la « Fargo » pour donner une référence contemporaine. Bref, c’est l’escalade meurtrière, la boule de neige qui fait déborder le vase et toutes ces sortes de choses.

Rythmé, énergique, costaud comme son héros, CA C’EST DU BILLARD reste l’assurance d’une bonne soirée lecture. Plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier

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Publié le 23 Mai 2021

LA VAMP AUX YEUX VERTS de Erle Stanley Gardner

Publié en 1953 voici une des innombrables enquêtes policières de l’incorruptible avocat Perry Mason. Il doit aider une jeune femme qui, comme le titre l’indique, est une irrésistible beauté aux yeux vert, Sylvia Atwood, dont le père, Ned, a jadis amassé une fortune considérable. Or il semble qu’il ait ai emprunté cet argent à un type peu fréquentable, J.J. Fritch…un magot provenant, en réalité, d’un hold-up. Bien que Ned ait été de bonne foi l’origine douteuse de l’argent pourrait porter atteinte à sa réputation. Et Fritch menace de révéler toute l’histoire à la police à moins, bien sûr, que Ned paie le prix de son silence. L’histoire se complique, des meurtres se produisent et, encore une fois, Perry Mason va devoir se démener dans une intrigue tortueuse. Il sera même suspecté de meurtre mais résoudra l’affaire au tribunal.

Erle Stanley Gardner se trouve ici à son meilleur et a trouvé sa vitesse de croisière, le lecteur ne sera donc guère surpris du déroulement puisqu’il se conforme à la recette de tous les Perry Mason : une histoire complexe, des points juridiques obscurs, un chantage, un meurtre, un Mason combattif embarqué quasiment malgré lui dans le tourbillon des rebondissements et, forcément, un dernier acte au tribunal. Dans cette ultime partie le lecteur aura son content de révélations, surprises et « objection votre honneur ! » au cours d’une bataille de plaidoirie haletante. Le style de Gardner ne change pas : dégraissé au maximum, pratiquement dénué de descriptions, focalisé sur les dialogues,…Nous sommes presque dans une pièce de théâtre rythmée par les dialogues incisifs qui confèrent un côté haletant au récit. Le roman est ramassé à l’extrême, chaque scène étant pertinente, bien trouvée (quoique techniquement datée le long passage où Mason doit copier un enregistrement puis l’effacer afin de neutraliser le maitre-chanteur reste un bon moment de suspense) et efficace. Si Gardner mentionne un fait il sera utilisé dans la narration, que ce soit pour aider à la résolution de l’énigme ou, au contraire, pour embrouiller le lecteur en le conduisant sur une fausse piste.

Un solide whodunit bien emballé en moins de 200 pages : divertissant et plaisant, tout comme la plupart des Perry Mason. Les fans savent à quoi s’attendre et seront pleinement satisfaits.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 20 Mai 2021

QUI A PEUR D'ED GARPO? de Fred Kassak

Sous ce titre en forme de clin d’œil à l’inventeur du roman policier se cache une série de dix nouvelles de longueur variée, certaine étant vraiment très courtes (3 ou 4 pages pour « Dédicace » et « L’âge des problèmes » qui misent tout sur leur chute), caractérisée par un humour noir prononcé, une ambiance macabre et une chute finale inattendue. Les sujets sont, eux, variés, et n’hésitent pas à plonger dans le fantastique afin de rendre davantage hommage à Edgar Poe. La nouvelle titre, en particuliers, s’inspire du « Cœur révélateur » de l’écrivain américain et suit un romancier français apprécié de la critique (mais guère lu) qui donne un petit coup de main à son neveu pour que celui-ci puisse publier une bande dessinée (horreur !) illustrant Poe (re-horreur !). Evidemment le jeune prodige reçoit tous les honneurs tandis que le grincheux écrivain sombre dans l’oubli. Jusque la chute.

On apprécie aussi « le bon motif » dans laquelle des agents d’assurances cherchent la petite bête afin, à chaque fois, de trouver une faille dans les contrats signés par leurs clients. Le but étant bien sûr de ne jamais payer les indemnités mais, à la manière des TALES FROM THE CRYPT, tel sera pris qui croyait prendre.

Dans ce recueil de 150 pages le lecteur croisera encore un homme capable de voir à travers les corps et découvrant donc les gens sous forme de squelettes en mouvement, un espion russe qui fait échouer le plan parfait d’une criminelle ayant apparemment pensé à tout, un spécialiste de l’envoutement, une femme qui fait un faux numéros et tombe à plusieurs reprises sur le même correspondant… et bien d’autres personnages originaux et bien brossés.

Les récits combinent donc joyeusement polar, fantastique, humour noir et comédie grinçante avec une prédilection pour les « bons moments » et les répliques qui fusent, sans s’interdire de verser dans l’absurde et en portant toujours un regard décalé sur des protagonistes le plus souvent malheureux voire pathétique. Kassak rappelle ici les maitres de la nouvelle très courte comme Robert Bloch ou Fredric Brown qui, eux aussi, donnaient volontiers dans un mélange d’ambiance « noire », de fantastique décalé et de comique acide. Un recueil très divertissant qui se déguste rapidement !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Humour, #Policier, #Recueil de nouvelles

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Publié le 12 Mai 2021

ELLE NOUS EMPOISONNE de Joanna Cannan

Née en 1896, Joanna Cannan débute sa carrière en 1922 et va livrer environ un roman par an jusqu’en 1961, année de son décès suite à la tuberculose. Dès 1929 elle rédige des romans policiers mais c’est la saga de l’inspecteur Ronald Price qui lui assure une certaine notoriété. ELLE NOUS EMPOISONNE constitue la première des cinq enquêtes de Price (la seule traduite en français).

Le personnage s’avère savoureux et original : il s’agit d’un horrible gauchiste amené à enquêter dans la grande demeure, reconvertie en pension, d’aristocrates désargentés suite à la Seconde Guerre Mondiale. Price ne peut, dès lors, s’empêcher de trouver ce petit monde affreux : des maitres et des serviteurs, des chatelains qui partent à la chasse à courre malgré la mort d’une de leur pensionnaire, des pièces si grandes qu’elles pourraient abriter des familles entières de travailleurs, des repas somptueux (que notre hypocrite détective désapprouve vigoureusement mais déguste avec plaisir),…Bref, un inspecteur absolument insupportable, bouffi de prétention, aveuglé par ses préjugés politiques, cataloguant immédiatement les suspects (le vieil aristocrate forcément à demi-sénile, la chatelaine qui l’a épousée pour son argent, etc.) et soucieux de faire cadrer les faits avec ses convictions (tout en se félicitant que certains puissent différencier les faits et les impressions). Le détective, gangréné par un gauchisme maladif, devient dès lors très drôle et le roman n’hésite pas à le ridiculiser pour amuser le lecteur.

Autre protagoniste original, Bunny, la paresseuse et sensuelle épouse qui porte des robes trop courtes, y compris en période de deuil, et prend son petit déjeuner au lit, habitude détestable qui s’explique par ses origines françaises et sa vie trop légère sur la Riviera.

Dans l’ensemble, ELLE NOUS EMPOISONNE constitue un roman policier plaisant et fort porté sur la satire, aucun intervenant ne semble recueillir les faveurs de l’auteur qui déroule donc joyeusement son petit jeu de massacre jusqu’à sa conclusion. Un cosy murder typique, ni particulièrement original ni franchement mémorable mais qui se distingue des nombreux bouquins similaires par son humour grinçant et ses commentaires socio-politiques acides.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 7 Avril 2021

FLETCH ET LES FEMMES MORTES de Gregory McDonald

Dans cette nouvelle aventure, Fletch s’invite dans une campagne politique. Une femme est tombée d’un immeuble où se trouvait Caxton Wheeler, candidat à la présidence des Etats-Unis. Fletch devient donc organisateur de campagne pour le compte de Wheeler tout en essayant de résoudre une série de meurtres. En effet, le détective découvre rapidement que l’équipe politique, en allant de villes en villes, laisse derrière elle une série de femmes mortes. Mais une équipe de campagne compte une bonne centaine de membres et la plupart paraissent suspects alors comment résoudre l’énigme sans compromettre les chances d’élections de Wheeler ?

Avec ce roman l’auteur nous plonge dans une campagne politique à l’ancienne mais déjà marquée par les travers qui deviendront de plus en plus prégnants, à savoir les coups bas des candidats pour détruire la réputation de leurs adversaires. Engagements et convictions n’ont, dès lors, que peu d’importance et McDonald décrit avec humour le cirque politique qui s’apparente à une sorte de show rock & roll démesuré…on trouve même des groupies de politiciens ! Les considérations sur la manière dont vont se gagner les élections futures et l’importance croissante de la technologie (le roman date de 1983) paraissent assez pertinentes et prémonitoires.

Et l’intrigue policière ? Disons qu’elle n’est pas la priorité de l’auteur. Cependant, elle reste satisfaisante et quoique menée en dilettante n’est pas traitée par-dessus la jambe. La recherche du coupable parait néanmoins presque superflue et McDonald prend surtout le temps de démonter les mécanismes politiques. Comme dans les précédentes aventures de Fletch, il use de bons mots, de situations amusantes et d’un humour volontiers caustique. Ceux qui recherchent uniquement le « whodunit » pourraient se sentir un brin floué mais les lecteurs désireux de lire une satire socio-politique enlevée et bien menée, additionnée d’une intrigue policière correcte rendue très vivante par la personnalité bien trempée des protagonistes, passeront un bon moment. Un divertissement intelligent, comme on dit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Policier, #Whodunit

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Publié le 5 Avril 2021

A L’HOTEL BERTRAM d'Agatha Christie

Roman tardif d’Agatha Christie, A L’HOTEL BERTRAM est publié en 1965 en Angleterre. Autant dire que l’époque a beaucoup changé depuis les whodunit du « Golden Age ». Cependant, l’hôtel Bertram demeure un lieu quasiment inchangé, un vestige du passé fréquenté par les ladies bien habillées, les ecclésiastiques, les anciens officiers de l’armée de sa majesté, les jeunes filles de bonne famille, etc. On y sert le thé accompagné de véritables muffins, on y déguste d’authentiques déjeuners anglais, bref tout y est « cosy ». C’est donc le décor idéal pour un « cosy murder mystery » et lorsque Miss Marple débarque dans cette capsule temporelle londonienne les événements mystérieux se multiplient : disparition d’un chanoine, jeune fille agressée, portier tué, bandits cachés parmi la clientèle supposée huppée,…

Intrigue classique avec son lot de rebondissements (pas toujours totalement vraisemblables mais ce n’est pas si important que ça, le livre étant clairement ludique et voulu comme un pur divertissement), présence comme souvent restreinte de Miss Marple (peu présente durant la majeure partie du roman), révélations finales légèrement alambiquées,… Le roman n’innove guère et ne peut prétendre au rand de classique mais s’avère toutefois fort plaisant.

En filigrane mais de manière sans doute plus intéressante et « historique » se dessine le portrait d’une Angleterre en pleine (r)évolution : jeunes gens aux cheveux longs, blousons de cuir et musique des Beatles. Le monde a changé : les vieilles ladies qui dégustent leur thé accompagné de muffin et les anciens militaires qui lisent leurs journaux en fumant un cigare n’y ont plus leur place. L’hôtel Bertram qui, trente ans plus tôt, aurait constitué le décor idéal d’un roman policier « golden age » se révèle n’être plus que ça : un décor ! D’ailleurs trop parfait pour être honnête ou réel. Les portiers stylés et les majordomes impeccables ne peuvent plus exister dans l’Angleterre des années ’60, ils sont donc, forcément, les acteurs d’une vaste machination policière. D’où un côté théâtral et presque autoparodique du récit.

Quelques personnages excentriques se retrouvent, eux aussi, en séjour à l’hôtel Bertram : une riche héritière plusieurs fois menacée de mort, sa mère, aventurière et coutumière du scandale, un chanoine constamment distrait, un coureur automobile (et de femmes !) et, forcément, Miss Marple. Laquelle, comme souvent, intervient finalement assez peu. Il faut dire que, durant les trois quarts de l’intrigue, peu d’événements marquants surviennent : l’ecclésiastique disparait, l’héritière tente de gagner l’Irlande après avoir volé un bijou,…Pendant ce temps, on apprend un nouveau vol spectaculaire d’un train postal. Bien sûr, tout est lié. Au final et après un meurtre apparemment commis au hasard, Miss Marple dénouera l’énigme.

En résumé, un roman à la fois très traditionnel et relativement original que l’on pourrait qualifier, à coup de mots modernes, de « méta » ou de « réflexif ». Pas renversant mais tout à fait agréable à lire et c’est bien l’essentiel.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 31 Mars 2021

LA NUIT DU 12 AU 13 de Stanislas André Steeman

Steeman propose, avec ce roman, une tentative d’humanisation du récit policier d’énigme : il veut donner de la consistance à ses personnages et s’éloigner du « simple » problème à la façon d’un puzzle. Une première version du bouquin date de 1931 mais Steeman le réécrit à la fin des années 40 en vue de son adaptation cinématographique sous le titre de « Mystère à Shanghai ». A l’époque il était impossible d’envisager un trafic de drogues à Anvers (hum !) et l’écrivain déplace donc l’action de son récit à Shanghai. Une bonne idée puisque l’atmosphère très « péril jaune / Fu Manchu » du livre constitue une de ses réussites.

Le début se montre par conséquent classique : un homme d’affaires, Herbert Aboody, établi à Shanghai, est menacé par le Dragon Vert, un maitre chanteur qui exige 50 000 dollars…sinon Aboody sera abattu durant la nuit du 12 au 13. Le secrétaire d’Aboody, Steve, requiert l’aide du fameux détective Mr Wens qui se propose d’exercer la fonction de garde du corps pendant la nuit fatidique. En parallèle, le commissaire Malaise essaie de démanteler un trafic d’opium…Diverses aventures trouveront leur résolution au fil des pages.

Avis mitigé concernant ce roman qui commence bien mais se perd un peu en route : si l’intrigue de base est assez simple, Steeman brouille ensuite les pistes en ajoutant au chantage des sous-intrigues concernant des bijoux volés, de l’opium, etc. L’auteur donne aussi dans le méli-mélo amoureux à base d’adultère et de trahisons diverses. Malheureusement tout cela accentue le côté daté des péripéties.

De son côté, Mr Wens occupe peu l’espace, il passe la majeure partie du roman hospitalisé après avoir été gravement blessé…Le roman est donc une curiosité, servi (ou desservi selon les opinions) par des dialogues travaillés et souvent amusants mais qui ne sonnent guère réalistes, avec souvent un argot ayant fatalement vieilli (« être poivre » veut donc dire être ivre !).

Très théâtral, LA NUIT DU 12 AU 13 ne retrouve pas le charme de L’ASSASSIN HABITE AU 21 ou la construction ingénieuse de SIX HOMMES MORTS. Cette lecture reste plaisante mais peut donc, également, décevoir ce qui, à mon humble avis, me conforte dans l’avis que Steeman peut, selon son inspiration, se montrer excellent, tout juste passable ou, comme ici, simplement moyen.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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