policier

Publié le 29 Avril 2020

LE VINGT-SIXIEME ROUND de Peter Lovesey

Deuxième enquête du sergent Cribb et deuxième roman pour Peter Lovesey, toujours dans la veine du policier historique « sportif ». Après les courses d’endurance de LA COURSE OU LA VIE, l’auteur nous emmène dans le milieu des pugilistes, autrement dit la boxe à poings nus. Notre détective, après avoir repêché un cadavre décapité bien bâti, se lance dans une enquête dans le cercle fermé des combats « sans gant », interdits depuis une vingtaine d’années en cette fin du XIXème siècle mais toujours prisés des amateurs qui n’hésitent pas à parier des fortunes sur ces lutteurs s’en prenant plein la gueule. Motivé par les dernières méthodes de la police française, Cribb envoie un de ses hommes, le champion de boxe Jago, en infiltration dans ce milieu étrange. Jago tombe sous la coupe et pratiquement sous le charme de l’organisatrice des combats clandestins qui se propose de le faire combattre contre un colosse noir surnommé l’Homme d’ébène.

Si le premier livre consacré à Cribb mélangé avec bonheur intrigue policière, whodunit, description des mœurs victoriennes et approfondissement d’un cercle sportif peu connu et dangereux, ce deuxième volet s’avère quelque peu différent. L’intrigue policière initiale sert surtout de prétexte à l’exploration de l’univers des combats à poings nus, ce qui reste intéressant bien que l’énigme soit reléguée à la portion congrue. A la page 125 (sur 156), Lovesey offre au lecteur un nouveau meurtre avec un petit whodunit classique mais franchement trop vite expédié pour convaincre, à croire qu’il s’agissait d’un passage obligé pour justifier ce qui demeure, essentiellement, un roman sur le sport (même illégal), avec également ses passages obligés comme ce match « truqué » devant rapporter un paquet d’argent à ses organisateurs.

Néanmoins, l’ensemble reste divertissant par son côté historique et ses aspects étonnants comme ces hordes d’amateurs de boxe illégale se rendant en masse à un combat clandestin pour assister à un interminable combat prévu en…26 rounds. Bref, un bouquin historico-sportif agréable mais un roman policier un brin décevant, à lire malgré tout pour les amateurs de Lovesey.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella)

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Publié le 17 Avril 2020

LA COURSE OU LA VIE de Peter Lovesey

Enseignant anglais, Peter Lovesey écrit ce premier roman pour un concours de livre policier, remportant d’ailleurs le premier prix. Il y invente un de ses personnages récurrents, le sergent Cribb, enquêteur à l’époque victorienne qui reviendra dans sept autres récits et sera adapté à la télévision britannique dans les années 80. Il écrira de nombreux autres « policiers » qui, tous, ressortent du whodunit traditionnel inspiré par le « golden age » du roman d’énigme. Lovesey va récolter, durant sa carrière, la quasi-totalité des distinctions « policières » : Silver Dagger (3 fois), Gold Dagger, Grand prix de littérature policière, Prix du roman d’aventures, etc. En 2018, il est intronisé Grand Master par la Mystery Writers of America.

LA COURSE OU LA VIE se déroule en 1879 dans le monde particuliers des courses d’endurances durant lesquelles les athlètes doivent courir durant six jours, quasiment jusqu’à l’épuisement, pour le plaisir des parieurs. On achève bien les chevaux, pourquoi pas les coureurs, se dit le sergent Cribb lorsque le favori meurt subitement. Accident ? Meurtre, évidemment. Le brave Cribb va dès lors enquêter dans le panier de crabes des coureurs professionnels, entre ringards rêvant de gloire, noble qui courent sur une piste réservée pour ne pas se mêler à la plèbe et, bien sûr, femme fatale délaissée par un sportif trop occupé à s’entrainer.

Le récit, très court (128 pages), égrène les six jours de la compétition pour multiplier fausses pistes, meurtres et faux semblants jusqu’à l’inévitable dénouement au cours duquel Cribb démasque le coupable. Bref, un whodunit de très bonne cuvée qui à le mérite de ne souffrir d’aucune longueurs et de se dérouler dans un milieu très particuliers (et authentique !), celui des courses d’endurance. Lancées dans années 1870 (avec des championnats du monde en 1879), les « courses de six jours » tombèrent en disgrâce dès 1890, remplacées par les courses cyclistes, avant qu’elles ne soient relancées un siècle plus tard. Un roman policier instructif, amusant et fort bien mené, avec un mystère solide, une très bonne entrée en matière pour Lovesey qui s’imposa rapidement comme un des maitres du whodunit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Whodunit

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Publié le 15 Avril 2020

LE TRAIN DE 16h50 d'Agatha Christie

Septième roman mettant en scène Miss Marple, celle-ci n’a plus, ici, qu’un rôle très secondaire. Devenue trop âgée pour participer pleinement à l’action, elle laisse le travail d’investigation à une certaine Lucy Eyelessbarrow.

Lorsqu’une connaissance de Marple, Elspeth McGillicuddy, est témoin du meurtre d’une femme dans un train, la plupart pense qu’il s’agit de l’hallucination d’une vieille toquée. Mais Marple, elle, est persuadée de la valeur de ce témoignage. Par recoupement, elle arrive à la conclusion que le crime n’a pu se produire que près de la propriété de Rutheford Hall. La détective délègue alors Lucy Eyelessbarrow pour mener l’enquête.

Situé en 1958, le roman traduit le passage du temps en Angleterre. La propriété de Rutheford Hall tombe quasiment en ruine, la famille Crackenthorpe qui y vit n’a plus beaucoup de fortune, la Seconde Guerre Mondiale a laissé des traces et chaque page ou presque montre que les temps changent. Par contre l’appât du gain reste présent, les petits (ou plus gros) secrets sont toujours légions dans ces familles aristocratiques à la dérive et, surtout, les Hommes sont bien partout les mêmes, ce qui permettra à Miss Marple de démêler une de ses énigmes les plus complexes. Sans beaucoup intervenir puisque si Lucy Eyelessbarrow se montre fort présente, Marple n’apparait que dans une poignée de chapitres, en particulier à la fin pour démasquer l’insoupçonnable coupable en lui tendant, comme toujours, un piège fort élaboré qui l’amène à se révéler.

Rythmé et fort plaisant, voici un excellent whodunit, à l’intrigue particulièrement retorse et alambiquée (un personnage s’exclame que « tout ça ressemble vraiment plus à un roman policier qu’à la vraie vie ») avec usurpation d’identité, disparition mystérieuse, empoisonnement en série, etc.

Le roman donna lieu à deux adaptations cinématographiques, toutes deux assez lointaines et tournées vers l’humour parodique : « Le train de 16h50 » et « Le crime est notre affaire ». Préférons malgré tout le bouquin, sans doute un des meilleurs « Marple ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 10 Avril 2020

LE MARI de Dean Koontz

Dean Koontz possède un métier solide, ayant débuté sa carrière littéraire à la fin des années ’60 et ayant multiplié les romans sous d’innombrables pseudonymes. Forcément, après quarante ans d’écriture, la formule est impeccablement rôdée bien qu’il n’échappe pas, parfois, à certains tics et facilités (tout comme son rival Graham Masterton à qui on le rapprochera davantage, pour son côté parfois jusqu’au-boutiste, que de King).

Koontz débute directement dans l’intrigue, sans perdre de temps à présenter ses personnages (ils le seront par la suite) ou à laisser souffler le lecteur. Pendant 400 pages qui se lisent très vite et très facilement (chapitres très courts, retournements de situation nombreux, cliffhangers quasi systématiques), le romancier mène son histoire à cent à l’heure, quitte à sacrifier la crédibilité générale (certains passages apparaissent ainsi assez peu vraisemblables), passant d’une première partie (la plus efficace) toute en mystère et suspense à une seconde plus portée sur l’action avec fusillades et courses poursuites. Le tout après un très gros « twist » à mi-parcours que le lecteur ne verra surement pas venir (quitte, ensuite, à se demander si tout cela est vraiment crédible).

La personnalité du personnage principal et les caractéristiques de son enfance sous l’autorité paternelle tyrannique (Koontz a vécu une enfance également problématique) viennent conférer l’originalité nécessaire à un récit sinon classique (le sujet a beaucoup inspiré le cinéma, encore dernièrement avec la saga « Taken ») qui souffre parfois de quelques digressions et descriptions inutiles. Mais c’est la loi du genre et d’une écriture parfois exagérément « feuilletonnesque ».

Bien sûr, il faut souligner certains bémols : un simple jardinier qui ne connait la violence « que par Hollywood » se transforme en simili John Matrix (celui de « Commando ») pour sauver son épouse, laquelle passe un temps fou à préparer son évasion à l’aide d’un clou qu’elle utilisera avec la dextérité d’un ninja,…La suspension d’incrédulité est requise, tout comme le coté très bras cassés des méchants, lesquels anticipent un peu sur une série comme « Fargo », ce qui donne parfois à l’ensemble un second degré plus ou moins volontaire. Par contre les élucubrations mystiques du chef des criminels se révèlent assez intéressantes et justifient sa réaction lors d’un final sachant ménager quelques surprises. On reste plus circonspect sur le personnage pourtant intéressant du flic fin limier dont Koontz ne semble finalement avoir que faire…dommage.

Enlevé, bien rythmé, tout à fait conforme aux standards du page turner à l’américaine, LE MARI constitue un bon thriller « à la Koontz » avec tous les défauts et qualités d’un bouquin que l’on peut qualifier, sans être le moins du monde péjoratif, de pur « pulp violence ». Pas le meilleur roman de l’auteur mais une très plaisante lecture si on accepte d’enclencher à plusieurs reprises la suspension d’incrédulité nécessaire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Thriller, #Dean Koontz

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Publié le 6 Avril 2020

FLETCH (FLETCH AUX TROUSSES) de Gregory McDonald

Second roman de Gregory McDonald (publié dix ans après son premier, RUNNING SCARED), FLETCH (ou FLETCH AUX TROUSSES) devint aussitôt un succès qui amena l’auteur a lui donner de nombreuses suites et dérivés (SON OF FLETCH et les « Flynn »).

Journaliste iconoclaste et très peace & love, Irwin Maurice Fletcher, dit Fletch, déjà deux fois divorcés à 30 ans, ne porte jamais de chaussures et boit beaucoup lorsqu’il ne fume pas des joints. Il est donc le candidat idéal pour une infiltration dans le milieu des drogués vivotant sur les plages américaines. Plus vrai que nature, Fletch se voit abordé par le millionnaire Alan Stanwyck qui le prend pour un vagabond sans le sou et, se disant atteint d’un cancer incurable, lui offre 50 000 dollars pour l’assassiner, ce qui permettrait à son épouse de toucher la prime d’assurances de trois millions de dollars. Mais Fletch soupçonne le coup fourré et décide d’enquêter sur Stanwyck.

Lauréat du Prix Edgar Poe du meilleur roman (tout comme sa suite), FLETCH AUX TROUSSES s’avère une excellente réussite, offrant un enquêteur particulièrement original évoluant dans un monde bien typé, celui du début des années ’70 aux Etats-Unis. L’auteur alterne donc la description du milieu bohème des drogués et autres prostituées bloqués sur les plages depuis la fin du rêve hippie avec l’exploration du monde des ultra-riches qui passent leur temps en mondanité, cocktails après le tennis et coucheries diverses. Etonnamment, Fletch parvient à se montrer aussi à l’aise dans les deux univers, deux enquêtes apparemment indépendantes (qui fournit la drogue sur la plage ? Que veut vraiment le supposé agonisant millionnaire ?) mais qui, bien sûr, se rejoindront pour une conclusion cynique et amorale typique de l’époque.

Truffé de moments décalés et humoristiques qui en font une plaisante comédie policière, le roman s’appuie cependant sur une énigme fort bien construite, à mi-chemin entre le « policier » classique et le polar « rentre-dedans ». Le meilleur des deux mondes ? Assurément ! Bref, vite…la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Polar, #Policier, #Whodunit

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Publié le 3 Avril 2020

LE TUEUR DE DIEUX de Simon R. Green

Troisième tome des aventures de Hawk & Fisher, membres de la garde de Haven, ville imaginaire dans un univers de fantasy médiéval. Nous faisons cette fois davantage connaissance avec la mystérieuse « rue des dieux » où se développent les cultes les plus saugrenus. Sauf que trois Êtres tout puissants (appelons les des dieux pour simplifier) viennent d’être tués. Et voici nos gardes sans peur et sans reproches (et surtout incorruptibles) lancés sur la pistes de cet assassin après avoir été rattachés à la Brigades des Dieux dont la principale mission est d’assurer un status quo entre les différentes croyances afin d’éviter l’apocalypse divine. Hawk & Fisher rejoignent donc les rangs d’un petit groupe composé du sorcier Tombe (!), de la voyante Rowan et du combattant émérite Buchnan. Qui peut être l’assassin ? Avec ce troisième tome Simon Green poursuit dans la veine des deux précédents, entre roman d’énigme façon whodunit, polar plus hard-boiled / noir au cœur des bas-fonds et, bien sûr, Fantasy avec tous les ingrédients attendus, voire détournés (les sorciers légistes remplacent les médecins légistes et les sortilèges sont utilisés pour avancer dans la résolution du mystère bien que celui-ci respectent les règles de l’énigme classique). Simon Green y ajoute une bonne pincée d’humour, de dérision et de critiques acerbes (une fois de plus la Haute Société médiévale en prend pour son grade, tout comme les religions saugrenues) à la manière d’un Pratchett qui revisiterait joyeusement le flegme british à la « Chapeau Melon ». Le cocktail reste donc tout aussi savoureusement réussi et efficace que dans les volumes précédents et le rythme nerveux fonctionne par une pagination restreinte.

Ecrivain populaire dans le bon sens du terme, Simon R. Green soigne son récit et réussit à ne jamais ennuyer le lecteur, LE TUEUR DE DIEUX montre, une nouvelle fois, l’étendue de son talent pour une aventure de Fantasy policière aussi distrayante qu’efficace.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Policier, #Whodunit

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Publié le 27 Mars 2020

LE MAJOR PARLAIT TROP d'Agatha Christie

Miss Marple, en voyage dans les Caraïbes au milieu d’une bande de vieux vacanciers (« entre 30 et 40 ans » pour la plupart !) écoute les confidences et autres histoires du vieux major Pulgrave. Ce-dernier aurait vécu bien des aventures et aurait même connu un meurtrier. Seulement, chez Agatha Christie, il n’est jamais bon de se montrer trop bavard. Et notre major parle trop, définitivement. Du coup quelqu’un le fait taire, là aussi définitivement. Au départ chacun pense à une mort naturelle, le major ayant des problèmes de tension selon la rumeur. Mais, en réalité, ce n’était que cela : une rumeur, et notre vieux militaire semblait en excellente santé. Pour la vieille détective, il y a là anguille sous roche, ce que confirme l’assassinat d’une femme de chambre…un coup de couteau ne peut décemment passer pour accidentel. Du coup, Miss Marple va devoir empêcher l’hécatombe de se poursuivre…

Changement de décor pour cette aventure, on quitte l’habituel petit village anglais de St Mary Mead pour un hôtel luxueux sous les tropiques (le cadre de ce « Caribbean Mystery » évoque quelque peu la série télévisée « Meurtres au Paradis », l’ile fictive de Saint Honoré de Christie étant proche de la Sainte Marie de la série télévisée). Mais comme le dit la vieille fille, « la nature humaine est partout la même » et Jane Marple a tôt fait de rapprocher les différents vacanciers des habitants de son petit bled. Le couple qui bat de l’aile, la femme fatale sur la pente descendante et tous les autres protagonistes cachant de petits (et plus graves) secrets.

Ce neuvième des douze romans consacrés à Marple (le dernier étant posthume), reprend la recette éprouvée de la galerie de personnages bien typés, des rebondissements nombreux, une pincée d’humour et des crimes multiples qui relancent régulièrement l’action. Comme souvent, Marple tend un piège à l’assassin en s’identifiant au final à la déesse de la vengeance Némésis. Sans être l’énigme la plus complexe de Christie, ce roman (dont la location exotique aurait très bien convenu à Poirot) reste cependant un divertissement policier tout à fait estimable qui se lit d’une traite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 18 Mars 2020

HISTOIRES MYSTERIEUSES d'Isaac Asimov

Réédité en un seul épais volume, les deux tomes des HISTOIRES MYSTERIEUSES d’Asimov rassemblent les textes du Docteur mêlant science-fiction et policier. Les plus intéressantes donnent la vedette à Wendell Urth, spécialiste des extraterrestres n’ayant jamais, par peur des moyens de transport, quitté son petit chez lui. Asimov pousse ici à son paroxysme le principe du « armchair detective » des romans whodunit de l’âge d’or puisque notre héros résout toutes les énigmes insolubles sans bouger de sa maison.

D’autres nouvelles fonctionnent sur l’humour et se moquent gentiment des milieux scientifiques (« La cane aux œufs d’or ») ou se basent sur des calembours (« Cache-cash »). « Le patronyme accusateur », histoire purement policière mais basée sur la science, annonce les solutions à la fois astucieuse, évidente (une fois la chute dévoilée) et amusante du Club des Veufs Noirs tandis que « A port Mars sans Hilda » se veut un pastiche gentiment coquin (ça reste ultra soft, Asimov oblige) de James Bond mais ne réussit pas à convaincre. Comme dans les classiques du policier, Asimov joue « fair play » et offre aux lecteurs la possibilité de résoudre les énigmes proposées…bien peu y arriveront évidemment !

On retrouve également une historie de pure sf, « Au large de Vesta », qui ne comporte pas d’élément policier (mais reste construite comme un puzzle à résoudre). Explication à cette inclusion ? Asimov reviendra en guise d’hommage à ce texte de jeunesse 20 ans plus tard avec « Anniversaire » dans lequel un trio d’astronautes (les survivants miraculés de la nouvelle précédente) se lance sur la piste d’un mystérieux objet de grande valeur disparu dans la destruction de leur vaisseau. Technologiquement bien daté (même si Asimov avait imaginé un Internet très primitif avec son omniscient ordinateur Multivac) mais plaisant. Deux nouvelles (Le très réussi « Mortelle est la nuit », le plaisant « La poussière qui tue ») traitent de sujets similaires : un individu pense commettre un crime parfait mais un détail révélateur accuse le criminel. Dans les deux cas ce sont les habitudes, liées aux voyages spatiaux, qui incriminent le coupable. Dans « Le carnet noir » un homme invente le voyage temporel et en profite pour « simuler » sa mort à des fins publicitaires en profitant de la création d’un « double » temporel. Amusant en dépit d’un côté très prévisible un peu gênant.

« La clé » donne à nouveau l’occasion à Wendell Urth de résoudre une énigme d’apparence insoluble (la localisation d’un artefact extraterrestre) tandis que la « Boule de billard » utilise les théories de la physique pour permettre à un chercheur revanchard de commettre le crime parfait.

Dans l’ensemble, ce recueil s’avère une très plaisante lecture avec des textes certes parfois un peu datés (dans leur construction), obsolètes par les progrès scientifiques (Asimov s’en excuse avec humour), peu convaincants (encore une fois, « A port Mars sans Hilda » s’impose comme le texte le moins réussi) ou quelque peu prévisibles mais, dans l’ensemble, voici une anthologie divertissante et astucieuse combinant policier d’énigme et science-fiction.

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Publié le 14 Février 2020

JUSTUS, MALONE & Co de Craig Rice

Holly Inglehart a découvert le corps de sa tante Alexandria dans une maison dont toutes les horloges indiquent 3 heures. Immédiatement suspecte, Holly reçoit l’aide de Jake Justus et Hélène Brand, bien décidés à la disculper. Pour cela, ils ont besoin d’un avocat de choc et ce sera la star du barreau de Chicago John Joseph Malone.

Le cul entre deux chaises, Craig Rice (une femme contrairement à ce que son nom laisse penser), écrit, à la fin du Golden Age et juste avant la Seconde Guerre Mondiale, ce bouquin situé entre le classique whodunit de l’école britannique et le polar musclé à l’américaine. L’intrigue débute ainsi par le traditionnel crime d’une personne pas vraiment sympathique et y ajoute diverses situations déroutantes (en particuliers l’arrêt de toutes les horloges à 3 heures du matin).

Les « usual suspects » sont bien présents : domestiques qui cachent quelque chose, héritiers en passe d’être déshérités, etc. On attend aussi l’arrivée de l’inévitable maitre chanteur qui finira en seconde victime pour avoir voulu monnayer ses renseignements. Mais, très vite, le bouquin emprunte également au polar à la Hammett / Chandler avec ses personnages truculents (ils passent toute l’enquête à se bourrer la gueule sous prétexte que l’ivresse les aide à mieux réfléchir), ses rebondissements improbables (une évasion rocambolesque), sa suspension d’incrédulité continuelle et assumée et ses réparties amusantes. Car le roman se veut également humoristiques et navigue entre Vaudeville et Screwball comedy en avançant à pleine vitesse. Craig Rice ayant l’habitude de travailler sans plan préalable, le lecteur ne doit pas s’attendre à une construction policière rigoureuse mais, dans l’ensemble, le divertissement fonctionne…du moins jusqu’à la moitié du livre. Car ensuite, tout cela commence à patiner, avec sa multiplication de situations improbables, d’indices découverts fort opportunément et d’informations soudainement découvertes (quoique d’importance capitale personne ne songeait à les révéler auparavant) tandis que les saouleries continuelles fatiguent les plus indulgents. Au final le détective joue les Sherlock Holmes inversé : si-ce dernier n’inventait rien et déduisait tout notre Malone ne déduit rien, il invente tout, fabrique une théorie de bric et de broc et découvre, satisfait, qu’elle tient la route (à condition de ne pas y regarder de trop près).

Débuté sur les chapeaux de roue et de manière amusante, JUSTUS, MALONE & CO finit par s’enliser et à perdre son intérêt au point que l’on termine ce livre avec plus de soulagement que de satisfaction. Les romans ultérieurs étant réputés meilleurs on réservera son avis sur une auteur souvent louée par les Américains.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Humour, #Policier, #Polar, #Whodunit

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Publié le 6 Février 2020

UNE BOUFFEE DE MORT d'Isaac Asimov

Si Asimov s’est rendu célèbre dans la SF (qui ne constituait pourtant qu’une infime partie de son œuvre titanesque en grande partie occupée par la vulgarisation scientifique), il a toujours aimé le roman policier traditionnel comme en témoigne ses très amusantes nouvelles consacrées aux Veufs Noirs. Après avoir infusé le whodunit dans la SF (ou vice versa) avec LES CAVERNES D’ACIER et FACE AUX FEUX DU SOLEIL, sans oublier le recueil HISTOIRES MYSTERIEUSES, il s’essaie ici à une très classique énigme.

Contrairement à la majorité des whodunit qui place leur premier meurtre à mi-parcours, Asimov plonge directement dans le récit en situant le crime dès le premier chapitre. Louis Brade, chercheur en chimie qui attend depuis 17 ans son hypothétique nomination à une chaire d’enseignement, découvre ainsi dans son laboratoire son élève, Ralph Neufeld, empoisonné par du cyanure. Pour le professeur il est impossible qu’un brillant étudiant comme Ralph ait pu confondre les produits et commettre l’erreur ayant conduit à sa mort. L’accident étant exclu, le suicide peu crédible, ne reste que le meurtre. Mais Louis va-t-il se mêler de cette histoire, au risque de ruiner sa déjà piètre réputation ?

Le roman nous plonge dans le monde, bien connu d’Asimov (cf. son autobiographie MOI, ASIMOV) de la compétition universitaire avec ses personnages bien typés. Le doyen, Littleby, considère ainsi la mort de l’étudiant comme « terrible, terrible, terrible » mais le plus important reste de préserver la réputation de la faculté. D’autant qu’il doit sa notoriété à un bouquin écrit voici 20 ans mais à présent épuisé et que notre brave doyen n’a pas accompli grand-chose depuis. On remarque aussi un professeur libidineux, surnommé « Mains Baladeuses » qui adore raconter des blagues scabreuses, flirter avec ses étudiantes et leur mettre la main au panier. Amusant lorsqu’on connait les accusations ensuite portées à l’égard d’Asimov lui-même.

L’auteur se délecte du panier de crabe universitaire où chacun s’intéresse surtout à sa sécurité matérielle à coup de publications régulières et routinières jusqu’à la titularisation permettant d’attendre tranquillement la retraite. Il n’est pas tendre avec tous ces professeurs insistant pour qu’on classe l’affaire en évoquant d’abord un accident puis un suicide mais surtout pas un meurtre, ça ne se fait pas dans le beau monde. Asimov ne ménage pas non plus son « héros », détective improvisé courbant l’échine depuis près de 20 ans pour se faire accepter dans les hautes sphères, ni son épouse qui menace de le quitter s’il n’est pas titulaire à la fin de l’année et qui lui demande avec insistance de laisser tomber l’enquête et de ne surtout pas faire de vagues.

La résolution de l’énigme est convaincante et le divertissement bien mené, sans être un incontournable d’Asimov ou du whodunit, UNE BOUFFEE DE MORT reste suffisamment efficace et amusant pour mériter la lecture.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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