LE MARI de Dean Koontz
Publié le 10 Avril 2020
Dean Koontz possède un métier solide, ayant débuté sa carrière littéraire à la fin des années ’60 et ayant multiplié les romans sous d’innombrables pseudonymes. Forcément, après quarante ans d’écriture, la formule est impeccablement rôdée bien qu’il n’échappe pas, parfois, à certains tics et facilités (tout comme son rival Graham Masterton à qui on le rapprochera davantage, pour son côté parfois jusqu’au-boutiste, que de King).
Koontz débute directement dans l’intrigue, sans perdre de temps à présenter ses personnages (ils le seront par la suite) ou à laisser souffler le lecteur. Pendant 400 pages qui se lisent très vite et très facilement (chapitres très courts, retournements de situation nombreux, cliffhangers quasi systématiques), le romancier mène son histoire à cent à l’heure, quitte à sacrifier la crédibilité générale (certains passages apparaissent ainsi assez peu vraisemblables), passant d’une première partie (la plus efficace) toute en mystère et suspense à une seconde plus portée sur l’action avec fusillades et courses poursuites. Le tout après un très gros « twist » à mi-parcours que le lecteur ne verra surement pas venir (quitte, ensuite, à se demander si tout cela est vraiment crédible).
La personnalité du personnage principal et les caractéristiques de son enfance sous l’autorité paternelle tyrannique (Koontz a vécu une enfance également problématique) viennent conférer l’originalité nécessaire à un récit sinon classique (le sujet a beaucoup inspiré le cinéma, encore dernièrement avec la saga « Taken ») qui souffre parfois de quelques digressions et descriptions inutiles. Mais c’est la loi du genre et d’une écriture parfois exagérément « feuilletonnesque ».
Bien sûr, il faut souligner certains bémols : un simple jardinier qui ne connait la violence « que par Hollywood » se transforme en simili John Matrix (celui de « Commando ») pour sauver son épouse, laquelle passe un temps fou à préparer son évasion à l’aide d’un clou qu’elle utilisera avec la dextérité d’un ninja,…La suspension d’incrédulité est requise, tout comme le coté très bras cassés des méchants, lesquels anticipent un peu sur une série comme « Fargo », ce qui donne parfois à l’ensemble un second degré plus ou moins volontaire. Par contre les élucubrations mystiques du chef des criminels se révèlent assez intéressantes et justifient sa réaction lors d’un final sachant ménager quelques surprises. On reste plus circonspect sur le personnage pourtant intéressant du flic fin limier dont Koontz ne semble finalement avoir que faire…dommage.
Enlevé, bien rythmé, tout à fait conforme aux standards du page turner à l’américaine, LE MARI constitue un bon thriller « à la Koontz » avec tous les défauts et qualités d’un bouquin que l’on peut qualifier, sans être le moins du monde péjoratif, de pur « pulp violence ». Pas le meilleur roman de l’auteur mais une très plaisante lecture si on accepte d’enclencher à plusieurs reprises la suspension d’incrédulité nécessaire.