UNE BOUFFEE DE MORT d'Isaac Asimov

Publié le 6 Février 2020

UNE BOUFFEE DE MORT d'Isaac Asimov

Si Asimov s’est rendu célèbre dans la SF (qui ne constituait pourtant qu’une infime partie de son œuvre titanesque en grande partie occupée par la vulgarisation scientifique), il a toujours aimé le roman policier traditionnel comme en témoigne ses très amusantes nouvelles consacrées aux Veufs Noirs. Après avoir infusé le whodunit dans la SF (ou vice versa) avec LES CAVERNES D’ACIER et FACE AUX FEUX DU SOLEIL, sans oublier le recueil HISTOIRES MYSTERIEUSES, il s’essaie ici à une très classique énigme.

Contrairement à la majorité des whodunit qui place leur premier meurtre à mi-parcours, Asimov plonge directement dans le récit en situant le crime dès le premier chapitre. Louis Brade, chercheur en chimie qui attend depuis 17 ans son hypothétique nomination à une chaire d’enseignement, découvre ainsi dans son laboratoire son élève, Ralph Neufeld, empoisonné par du cyanure. Pour le professeur il est impossible qu’un brillant étudiant comme Ralph ait pu confondre les produits et commettre l’erreur ayant conduit à sa mort. L’accident étant exclu, le suicide peu crédible, ne reste que le meurtre. Mais Louis va-t-il se mêler de cette histoire, au risque de ruiner sa déjà piètre réputation ?

Le roman nous plonge dans le monde, bien connu d’Asimov (cf. son autobiographie MOI, ASIMOV) de la compétition universitaire avec ses personnages bien typés. Le doyen, Littleby, considère ainsi la mort de l’étudiant comme « terrible, terrible, terrible » mais le plus important reste de préserver la réputation de la faculté. D’autant qu’il doit sa notoriété à un bouquin écrit voici 20 ans mais à présent épuisé et que notre brave doyen n’a pas accompli grand-chose depuis. On remarque aussi un professeur libidineux, surnommé « Mains Baladeuses » qui adore raconter des blagues scabreuses, flirter avec ses étudiantes et leur mettre la main au panier. Amusant lorsqu’on connait les accusations ensuite portées à l’égard d’Asimov lui-même.

L’auteur se délecte du panier de crabe universitaire où chacun s’intéresse surtout à sa sécurité matérielle à coup de publications régulières et routinières jusqu’à la titularisation permettant d’attendre tranquillement la retraite. Il n’est pas tendre avec tous ces professeurs insistant pour qu’on classe l’affaire en évoquant d’abord un accident puis un suicide mais surtout pas un meurtre, ça ne se fait pas dans le beau monde. Asimov ne ménage pas non plus son « héros », détective improvisé courbant l’échine depuis près de 20 ans pour se faire accepter dans les hautes sphères, ni son épouse qui menace de le quitter s’il n’est pas titulaire à la fin de l’année et qui lui demande avec insistance de laisser tomber l’enquête et de ne surtout pas faire de vagues.

La résolution de l’énigme est convaincante et le divertissement bien mené, sans être un incontournable d’Asimov ou du whodunit, UNE BOUFFEE DE MORT reste suffisamment efficace et amusant pour mériter la lecture.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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