historique

Publié le 13 Octobre 2021

ELEMENTAIRE MON CHER CONAN DOYLE

Quatre nouvelles, tirées et traduites d’une imposante anthologie anglo-saxonne consacrée aux pastiches, épigones et autres apocryphes du « canon » (THE BIG BOOK OF SHERLOCK HOLMES STORIES). La première est particulière puisque signée de Conan Doyle en personne. Elle revient sur les capacités de déductions exceptionnelles de Sherlock et la manière dont « Watson comprit le truc », autrement dit comment il tente de singer la fameuse méthode du détective. Une petite récréation, très courte, qui démontre surtout que Conan Doyle avait bien le droit de se moquer gentiment de ses personnages. D’autres le firent de manière moins réussie.

Leslie S. Kinger (un spécialiste de Sherlock) propose ensuite une bizarre « affaire de la caisse en bois » au sujet d’un bras tranché retrouvé… dans une caisse de bois (d’où le titre !). Holmes résoudra évidemment cette énigme surprenante sur fond de cannibalisme. Bien emballé et dans l’ensemble efficace et prenant, quoique le lecteur devine assez rapidement où l’auteur veut en venir.

Avec Barry Day et son « affaire du curieux canari », nous suivons le détective dans ses déductions afin de résoudre un étrange meurtre en chambre close assez joliment orchestré. L’auteur a écrit cinq autres romans pastiches dédiés à Holmes. L’histoire est habile, bien charpentée, la résolution quelque peu attendue (l’auteur ne triche pas avec le lecteur) et en dépit d’explications un rien bavarde bien menée. Cela se suit donc avec plaisir.

La dernière nouvelle (« L’énigme de la main invisible ») se montre la plus originale, la plus documentée et sans doute la plus passionnante, elle capture excellement l’ambiance des récits de Conan Doyle en confrontant Sherlock à Bertillon. Français pionnier de la police scientifique et de la rigueur dans les enquêtes, Bertillon s’oppose néanmoins à Sherlock au sujet des empreintes digitales, qu’il juge inutile pour découvrir un coupable. Le récit s’épanouit sur plusieurs années et permet au détective consultant d’œuvrer à l’innocence de Dreyfuss et même à résoudre l’énigme de l’assassinat du président français Félix Faure. Une longue nouvelle qui justifie à elle-seule la lecture de ce recueil de qualité. Une lecture rapide, fun et érudite qui plaira aux amateurs du détective.

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Publié le 29 Septembre 2021

LES TAMBOURS DU DIEU NOIR de Phenderson Djèlí Clark

Phenderson Djèlí Clark nouveau venu dans le domaine du fantastique, est un historien et professeur américain qui débute en littérature en 2011, publiant sa première nouvelle majeure, « L’étrange affaire du djinn du Caire » en 2016. On la retrouve dans ce recueil qui se compose également d’une novella, « les tambours du dieu noir ».

« Les tambours du dieu noir » se situe à la Nouvelle-Orléans, peu avant les célébrations du Mardi Gras, dans une Amérique dévastée par une guerre de Sécession interminable. La Nouvelle-Orléans, devenu territoire libre, abrite une arme magique mystérieuse, les fameux tambours divins, qui attisent les convoitisent de nombreux malandrins. La jeune voleuse adolescente Jacqueline LaVrille, aidée d’une capitaine pirate lesbienne, tentent de découvrir l’arme en question et se plongent dans une suite de complots et trahisons tandis qu’une apocalypse menace de détruire la cité. Voici un court roman enlevé et bien rythmé, dont on regrettera simplement une conclusion un rien hâtive. L’auteur aurait facilement pu développer sur quelques dizaines de pages supplémentaires son univers sans donner l’impression de tirer à la ligne. Quoiqu’il en soit, ce mélange de fantasy urbaine, de fantastique classique et d’uchronie dans un esprit steampunk reste très agréable à lire. On mettra quand même une réserve sur la traduction très « petit nègre » du parler créole, laquelle se montre parfois un peu pénible.

« L’étrange affaire du djinn du Caire » se révèle au moins aussi réussi avec son mélange d’enquête surnaturelle, de fantasy, d’uchronie et de fantastique oriental. Nous sommes en 1912, au Caire. Des êtres surnaturels se sont imposés, chassant l’Anglais et vivant en compagnie des humains. Djinn, Efrit, Anges,… Une jeune femme, membre du Ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, mène une investigation suite à la mort d’un Djinn, être normalement immortel qui se serait peut-être suicidé. Exploration d’un univers uchronique avec quelques touches Hellboy / Lovecraft dans cette confrontation entre des spécialistes du surnaturel et des créatures extra-dimensionnelles, le récit est conduit par une jeune femme habillée à l’occidentale devant faire face à l’hostilité des hommes musulmans qui doutent de ses compétences.

Deux textes efficaces, classiques dans leur thème mais originaux de part la nature de leurs protagoniste principaux et l’univers développé, en particulier dans la seconde novella qui explore un merveilleux très « mille et une nuits » convaincant. Conseillé !

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Publié le 24 Septembre 2021

VERSAILLES OF THE DEAD TOME 2 de Kumiko Suekane

Suite de ce manga uchronique situé dans une France prérévolutionnaire dans laquelle rôde les morts vivants. Le mélange des genres, plus présent que jamais, combine donc fantastique, horreur, histoire, aventures et considérations politiques. En 150 pages, l’autrice balance beaucoup d’idées, peut-être même un peu trop, tant il n’est pas toujours facile de comprendre où elle veut en venir. Les différentes pistes, lancées rapidement, peuvent laisser le lecteur sur sa faim : on suit d’un côté le futur Louis XVI embarqué dans une quête étrange dont on ne comprend pas vraiment la finalité, de l’autre les diverses apparitions de personnages historiques revisités (Napoléon, Jeanne d’Arc) et enfin les magouilles des principaux protagonistes. La Marie-Antoinette (remplacée par son frère dans le précédent volume) reste ici un peu en retrait et le rôle des pierres précieuses qui semblent attirer les zombies s’avère à peine clarifié.

Si l’intrigue principale avance à bon rythme, avec plusieurs scènes d’horreur et d’attaques de morts vivants placées à intervalles réguliers, les véritables raisons des événements décrits demeurent obscures. La suite du récit permettra t’il à la mangaka de retomber sur ses pattes ou continuera-t-elle dans la voie de l’outrance et du délire, avec apparition d’anges et démons en guise de guest-stars ?

D’une lecture rapide et globalement plaisante, servi par des dessins de qualité, ce deuxième tome 2 reste dans la lignée du précédent, les velléités sérieuses et les considérations politico-historiques s’effaçant rapidement au profit d’une sorte de délire bis sans doute inconséquent (nous sommes loin d’un chef d’œuvre ou même d’un incontournable) mais dans l’ensemble agréable et divertissant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Historique, #Manga

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Publié le 23 Juillet 2021

VERSAILLES OF THE DEAD - TOME 1 de Kumiko Suekane

Nouvelle série manga, VERSAILLES OF THE DEAD démarre de belle manière avec son thème uchronique (assez proche de la piteuse série Netflix « La révolution ») : quelque temps avant la Révolution, Marie Antoinette est conduite à Versailles pour devenir reine de France. Attaquée par des zombies, elle est décapitée et seul son frère jumeau, Albert, survit. Ce-dernier décide de prendre sa place et de vivre dans le luxe à la Cour. Toutefois, il apparait rapidement qu’Albert est plus qu’un homme : il ne peut mourir, comme en témoigne sa survie après une agression au cours de laquelle il est transpercé par une épée.

Mené tambour battant, ce premier tome ne nous laisse guère le temps de souffler : en dix pages le monde est défini, Albert prend la place de la Dauphine et l’histoire continue sur ses rails divergents. Pourquoi Albert joue-t-il ce rôle ? Qui est-il réellement ? Comment a pris naissance cette épidémie de non-morts ? Nous ne le saurons pas au terme de ces premiers chapitres qui proposent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.

En un peu moins de deux cents pages, l’auteur livre donc un récit touffu (presque trop !) qui mélange fantastique et histoire, avec magouilles politiques, jeux de pouvoir (notamment par Madame du Barry) et quelques touches plus légères, quasiment humoristiques, lorsque Albert voisine les belles dames de la Cour et découvre les fastes de Versailles.

Les zombies, eux, sont présents et confirment le côté uchronique de l’intrigue mais sans qu’ils deviennent envahissant. Un point positif à une époque où les morts vivants ont un peu trop tendance à être cuisinés à toutes les sauces.

Niveau dessin, ce manga est également très réussi avec des traits certes typiques du genre mais fins et précis. Les visages sont joliment dépeints, les proportions impeccables, les décors attrayants et montrent l’application de l’auteur qui ne s’est pas contenté d’arrière-plans hâtivement brossés mais a, au contraire, soigné la présentation et le décorum.

En résumé, ce premier volume très satisfaisant et intriguant donne envie de connaitre la suite, d’autant que la saga complète sera bouclée en cinq tomes, ce qui devrait éviter tout délayage inutile. Conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Historique, #Horreur, #Uchronie, #Manga

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Publié le 21 Juillet 2021

ATOMIC FILM de Vivianne Perret

Le tournage du « Conquérant » constitue la trame principale de ce récit. Le film, qui relate la vie de Gengis Khan (joué par John Wayne) est resté dans les mémoires, non par ses qualités cinématographiques, mais bien car son tournage va être responsable du décès prématuré de près de la moitié de son équipe : sur les 220 personnes, 91 développeront un cancer. De manière plus légère, « Le conquérant » est également cité comme un des exemples les plus marquants de casting improbable puisqu’aucun des comédiens jouant les Mongols ne sont asiatiques. En outre, ce fut un échec critique qui poussa le producteur Howard Hughes à vouloir en supprimer toutes les copies, rendant son visionnage quasiment impossible jusqu’à la fin des 70’s.

ATOMIC FILM relate cette histoire incroyable sous forme romancée. Au début des années ’50, la bombe atomique est une attraction : les touristes, à Las Vegas, assistent aux essais nucléaires et les enfants sont emmenés, par leur institutrice, observer les progrès des Etats-Unis dans le domaine des armes de destructions massives. On leur donne bien de petites pilules d’iode mais ça ne les empêchent pas d’avoir des symptômes bizarres et même de tomber malades. Les Amérindiens, eux, voient déjà les ravages de la pollution nucléaire. Et les fermiers, auxquels on répète que tout ça est inoffensif, commencent à douter lorsque le bétail meurt et qu’ils se mettent, eux aussi, à souffrir de diverses maladies. Le scandale sanitaire, organisé avec la complicité du gouvernement qui nie l’évidence des retombées, occupe environ la moitié du livre. L’autre partie étant consacrée à l’aventure du « Conquérant », deuxième réalisation de l’acteur Dick Powel et souhait de Wayne de s’attaquer au film épique, alors en vogue, mais de manière virile : Genghis Khan ne porte pas de jupette et son histoire aurait pu servir à un western.

Le roman relate donc ce tournage, dans un coin désertique de l’Utah qui frôle les 50°. John Wayne y apparait sympathique, honnête, bourru mais, finalement, droit et agréable. Il vient de tourner le western en 3D « Hondo », se trouve embarqué dans un divorce et une liaison qui, si elle était découverte, pourrait détruire sa carrière (un « scandale de mœurs » signifierait, en effet, la fin de son contrat). Cet homme simple regrette de s’être plié aux souhaits du studio et de n’avoir pas combattu durant la Seconde Guerre Mondiale. Conscient d’être un personnage, il souhaite parfois redevenir simplement Duke Morrison et non le héros américain John Wayne. Farouchement anticommuniste, il milite cependant, contrairement à Ward Bond, pour le pardon et souhaite engager les artistes de la « liste noire » ayant accompli leur peine. Bon vivant, il picole de la téquila avec les techniciens mexicains et insiste pour traiter tous les membres de l’équipe de manière égale, de la star au plus humble figurant, il aime également jouer aux échecs (il est même très bon) et s’avère plus cultivé et posé que son image de cowboy viril.

La dernière partie du livre nous montre l’évolution des personnages, rattrapés par la maladie, et tous ceux qui sont monté « dans le train des morts » après avoir rencontré « la sorcière rouge » comme dit John Wayne.

Le final, ironique, nous rappelle que les seules victimes des armes atomiques américaines après la défaite japonaise furent…américaine. Le gouvernement étant pleinement conscient des risques mais considérant les morts comme sans aucune utilité : Indiens, Mexicains, Mormons, fermiers, etc.

Une excellente lecture, divertissante et instructive, à conseiller aux amateurs de cinéma, d’histoire, de John Wayne et de récit incroyable mais vrai.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Historique

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Publié le 21 Juin 2021

L'EMPIRE DU GRAAL d'Eric Giacometti & Jacques Ravenne

Onzième aventure du flic franc-mac Antoine Marcas, ce roman se rapproche résolument des standards du thriller ésotérique à la Dan Brown. L’intrigue s’avère par conséquent immédiatement intrigante et mixe de nombreux éléments qui attirent l’amateur du genre : une sépulture mystérieuse abritant un vampire, un micmac de l’Eglise à la recherche d’une relique et d’un miracle capable de relancer la foi, un enlèvement, un protagoniste référentiel (un auteur de…thrillers ésotériques !) faisant équipe avec Marcas,…Où tout cela conduit-il le lecteur ? Sur la piste du Graal, pourtant déjà trouvé par Indiana Jones et réinterprété par le DAVINCI CODE. Avec l’Atlantide, le saint calice reste la valeur sûre de l’aventure et, depuis des siècles, un objet de quête évident.

Toutes les légendes au sujet de la célèbre coupe répondent présentes et les auteurs nous balladent dans les hauts-lieux arthuriens : Winchester et sa table ronde, Glastonbury, Stonehenge, Brocéliande, le château de Comper, l’île d’Aval (Avalon ?) en Bretagne,… Les deux héros cherchent donc la tombe d’Arthur, suivent les traces de Merlin, etc. tout au long d’un jeu de piste agréable et bien mené, quoique légèrement répétitif : direction le point A pour y découvrir l’indice nécessaire à poursuivre le chemin vers le point B et on recommence. Les références obligées sont également présentes : l’occultiste Aleister Crowley, la mort de Jean-Paul 1er (qui, depuis « Le Parrain », est au cœur de bien des théories complotistes), etc.

Les romanciers y ajoutent un côté quelque peu iconoclaste et irrévérencieux avec cette Eglise qui décide d’organiser des miracles et s’inspire des recettes de « Star Wars » pour relancer la machine économique en perte de vitesse (et de croyants). Sans oublier quelques passages actuels et amusants, notamment cet « attentat » mammaire d’une bande de Femens qui retirent leurs habits de bonnes sœurs pour exhiber leur poitrine devant les dignitaires du Christ. Bref, la lecture fonctionne impeccablement… Jusqu’à la troisième (trop) longue partie, récit « historique » attribué à Chrétien de Troyes et qui entraine un complet basculement du récit dans le fantastique et l’allégorique. L’idée n’est pas mauvaise et la pirouette sur le pouvoir du Graal et la manière miraculeuse (au sens propre) dont Marcas s’en sort ne se montre pas gênante dans ce type de récit où domine le merveilleux. Mais fallait-il vraiment étirer cette troisième partie sur près de deux cents pages ? Ce pesant dernier peut se survoler : le lecteur a, de toutes façons, compris où les auteurs voulaient en venir et la morale de l’histoire, convenue mais bien amenée. Les révélations finales (sur Merlin) sont, par contre, plaisantes et compensent les précédents twists du récits (celui concernant l’identité réelle des méchants étant, par exemple, téléphoné !).

Au final, L’EMPIRE DU GRAAL se compose de 400 et quelques pages très divertissantes dans un style maintenant bien rodé (polar + thriller ésotérique + considérations philosophiques + notations franc-maçonniques + une touche de fantastique + thèses conspirationnistes + petites leçons d’Histoire), dans une tradition allant de Dan Brown à Valerio Evangelisti en passant par Henri Loevenbruck. Une lecture détente efficace et enlevée. Malheureusement, les auteurs y ont ajoutés 200 pages beaucoup plus lourdes et en grande partie inutiles qui atténuent grandement le plaisir ressenti à cette nouvelle livraison. Avis mitigé mais globalement positif.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Thriller, #Historique, #Fantastique, #Esotérique

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Publié le 27 Avril 2021

PERVERSE MARION d'Ugo Solenza

Plus de 400 romans ! Voici ce que nous laisse Georges-Jean Arnaud (1928 – 2020)…avec, évidemment, la saga de LA COMPAGNIE DES GLACES (une centaine de tomes), les romans d’espionnage signés Gil Darcy, les Commander (76 bouquins), les Pascal, les Marion et autres romans érotiques (75 livres !), quelques Angoisse et Gore,…Bref, un héritage monumental ! Avec Marion, sous le pseudo de Ugo Solenza, l’écrivain propose de l’aventure historique et érotique dans la lignée des Angélique, Caroline Chérie, Marie Galante, etc. Quinze tomes seront nécessaires à Solenza pour conter le destin de Marion, jeune femme libérée, bisexuelle et très charmante, originaire d’Irlande et emporté par les tourments de l’Histoire en l’an 1700. Ses aventures ont, forcément, un parfum feuilletonnesque assumé, l’auteur rendant hommage aux grands écrivains du « cape et épée » d’antan. L’intrigue est donc foisonnante et le lecteur se trouve plongé, après un court résumé du tome précédent, dans cette nouvelle histoire qui voit Marion partir en France afin d’obtenir les fonds nécessaires au combat que mène les Irlandais contre les Anglais. La belle débarque sur le vieux continent après une traversée en compagnie de son soi-disant époux, échoue dans un lazaret alors que la variole fait rage, séduit un médecin, fuit vers Versailles,… Une célèbre courtisane tombe amoureuse de Marion puis la jeune femme parvient à lever des fonds pour la lutte irlandaise. Mais elle est enlevée, violée et torturée par des bohémiens malfaisants dont le chef a un vieux compte à régler avec elle…

Avec cette PERVERSE MARION, Arnaud / Solenza ressuscite le roman feuilleton populaire et fonce à bride abattue en multipliant les rebondissements, les trahisons, les complots et, bien sûr, les amours contrariées. En 186 pages, le bouquin ne perd guère de temps en route et ne se soucie pas toujours de vraisemblance mais qu’importe, l’action soutenue le rend très plaisant. Arnaud / Solenza possédant un solide métier son écriture se révèle fluide, plaisante, avec un vocabulaire recherché et un côté quelque peu suranné dans les termes choisis, permettant au lecteur de s’immerger dans cette période historique fort bien décrite. Le cahier des charges (décharge ?) se compose, pour sa part, des passages érotiques intervenant de manière régulière mais sans être envahissant. L’auteur opte, là aussi, pour un vocabulaire plutôt soutenu et se plie aux conventions de ce genre littéraire : scènes hétérosexuelles classiques, sodomie, sexe oral, viol, tortures, intermède saphique, flagellation,…Marion use de son corps pour parvenir à ses fins et le tout se lit très bien, le romancier atteignant un délicat équilibre entre les descriptions historiques, l’aventure proprement dite, la romance mélodramatique, l’érotisme et les pointes de violence distillées ça et là. Bref, voici de la très plaisante littérature populaire, bien écrite, efficace, divertissante, enlevée et énergique. A la fin de cette PERVERSE MARION la seule envie du lecteur est de poursuivre les aventures érotico-sentimentales de cette charmante aventurière…

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Historique, #Roman de gare

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Publié le 19 Avril 2021

L'HIVER DU MONDE de Ken Follett

Après LA CHUTE DES GEANTS, Ken Follett poursuit son Grand Œuvre, à savoir rédiger l’Histoire du XXème siècle en s’intéressant aux petites histoires d’une foule de personnages (le listing placé en début de roman compte quand même quatre pages !). Il reprend donc le même principe que dans le bouquin précédent, LA CHUTE DES GEANTS et permet à une poignée de protagonistes bien typés et développés de traverser la Seconde Guerre Mondiale. Tous ces personnages vont ainsi croiser des dizaines d’autres intervenants, quelques « grands hommes » historiques et assister aux événements les plus marquants d’une décennie charnière du XXème siècle, grosso modo du milieu des années ’30 à l’immédiat après-guerre.

Alors évidemment, Follett ne prétend pas écrire un traité historique mais bien un roman qui reprend les codes des feuilletons mélodramatiques. L’auteur survole certains faits, s’attarde sur d’autres et assume la subjectivité de ses choix et de ses points de vue. De plus, il recourt parfois à des coïncidences énormes pour permettre à ses héros de se rencontrer, de se quitter puis de se retrouver, souvent après plusieurs années et alors qu’ils se situaient à des milliers de kilomètres de distance. C’est un monde très très petit, semble dire Follett.

On a accusé, dans les années ’80, certains auteurs de pavés « page turner » (Stephen King, Tom Clancy, Dean Koontz et d’autres) d’abuser d’une écriture cinématographique. Ces écrivains attendaient simplement le bon cinéaste pour porter leurs œuvres sur l’écran, disait la critique médisante. Ken Follett, et ce n’est pas péjoratif, aurait plutôt dans cette saga une écriture de « série télévisée » : foisonnement, intrigues et sous-intrigues emberlificotées, retournements inattendus et cette impression de lire une histoire sans fin. Le lecteur retrouve en effet les mêmes personnages et les mêmes familles à différentes époques et il se doute que leurs destins ne s’achèvent pas à la fin de ce deuxième tome. Bref, il faudra voir la saison suivante (ou, dans le cas qui nous occupe ici, lire le roman suivant) pour boucler la plupart des intrigues. Ces dernières débutèrent, en effet, dans les premières années du siècle (et les premières pages de LA CHUTE DES GEANTS) mais ne connaitront leur aboutissement qu’avec le dernier volet, AUX CONFIND DE L’ETERNITE.

En dépit d’un côté parfois mécanique dans la narration (nos héros traversent absolument tous les événements marquants du siècle comme s’ils se trouvaient toujours au bon endroit et au bon moment), difficile de résister devant le souffle épique de ce récit. Si les grandes lignes sont évidemment connues (une petite révision historiques ne fait de toutes façon pas de mal), place à la « petite » histoire et aux aventures d’une foultitude de « héros » attachants.

En bref, L’’HIVER DU MONDE comporte quelques défauts, un manichéisme certain, une simplification assumée mais également – et c’est l’essentiel - un grand plaisir de lecture. Un roman à la fois divertissant, didactique et d’un abord aisé malgré une épaisseur affolante. Et puis l’auteur tape bien sur les communistes et, mine de rien, ça fait toujours plaisir. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Guerre, #Chronique

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Publié le 21 Mars 2021

TOMYRIS ET LE LABYRINTHE DE CRISTAL de Oksana & Gil Prou

Dans le vaste monde de la littérature de Fantasy, la Fantasy historique reste un sous genre assez rare dans les rayonnages. Entendons par ce terme de « fantasy historique » un livre historiquement précis mais agrémenté de passages plus axés sur l’imaginaire où interviennent la magie, des créatures fabuleuses, des divinités, etc. On pense à plusieurs cycles de David Gemmell (celui de TROIE ou du LION DE MACEDOINE consacré à Alexandre le Grand), à de nombreux romans de Guy Gavriel Kay et, pour la France, à plusieurs œuvres de Pierre Pevel ou Thomas Day. N’empêche, le genre s’avère nettement moins prolifique que, par exemple, la High Fantasy (d’inspiration Tolkien) ayant généré des centaines de sagas à base d’élu, de mage barbu fumeur de pipe et de seigneur des ténèbres en passe de se réveiller. TOMYRIS ET LE LABYRINTHE DE CRISTAL apporte donc une certaine fraicheur à la Fantasy par son ancrage historique rarement exploité : nous sommes au VIème siècle avant JC et la reine Tomyris décide de tenir tête aux armées de Cyrus le Grand, lequel dispose d’une troupe d’invincibles guerriers surnommés les Immortels.

Le roman se veut, tout d’abord, fidèle à l’Histoire. Il a certainement nécessité beaucoup de recherches ce qui reste appréciable quoique cet excès de détails s’effectue, parfois, au détriment de la fluidité de lecture. Les auteurs décrivent longuement cet univers peu connu (la Perse du VIème siècle avant JC n’a pas l’importance, dans l’inconscient collectif, du Moyen-âge européen ou de l’Empire romain), ce qui implique  de nombreux détails assortis de fréquentes notes de bas de page. Ce choix peut se comprendre et se défendre : comme déjà signalé les aspects historiques dominent largement sur les éléments de fantasy et il s’agit de construire un monde qui, pour le lecteur lambda, sera aussi dépaysant que la Terre du Milieu ou les Sept Royaumes. Les techniques militaires, les religions et leurs divinités, les lieux visités,… tout est explicité pour offrir le background le plus solide possible. Les personnages, eux aussi, sont nombreux : beaucoup ont réellement existé tandis que d’autres sont inventés pour les besoins de l’intrigue et de sa progression. Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver (noms complexes, multiplication des protagonistes) et le lecteur peut, là aussi, se sentir noyé sous les détails mais, à condition d’effectuer un petit effort, l’ensemble, finalement, passe bien. Car un des problèmes de la Fantasy, à l’heure actuelle, réside dans sa simplicité : le genre est, souvent, tellement « facile à lire » (avec cette fameuse branche dédaigneusement qualifiée de Big Commercial Fantasy) que le lecteur peut se sentir un peu perdu devant un texte plus exigeant. Pas de décor médiéval fantastique, pas de progression décidée à coup de dé20, pas de prophétie et d’élu armé d’une épée trop puissante pour défaire le grand méchant sorcier,… TOMYRIS ET LE LABYRINTHE DE CRISTAL demande un certain effort pour s’apprécier. Le roman use, en outre, d’un style très (trop ?) recherché qui permet d’enrichir son vocabulaire et ses nombreux termes rares lui donnent un côté littéraire le distinguant, là aussi, de la fantasy de consommation courante.

Bref, au risque d’à nouveau se répéter, la démarche des auteurs rappelle celle de Gemmell dans son cycle consacré au LION DE MACEDOINE : un récit historique rigoureux peu à peu contaminé par la magie et le fantastique même si ces éléments restent distillés avec parcimonie. Du moins dans les 300 premières pages car les cent dernières donnent bien davantage dans le fantastique et ne suivent plus Tomyris : cette rupture de ton, qui nous conduit au labyrinthe de cristal, peut déstabiliser. Personnellement il ne m’aurait pas déplu de rester dans un registre plus réaliste mais d’autres apprécieront sans doute ce final plus porté sur l’imaginaire. Question de point de vue. En tout cas voici un dépaysement appréciable en ces temps chagrins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Historique

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Publié le 17 Mars 2021

LA SOLUTION FINALE de Michael Chabon

Etrange roman (court) qui se veut un hommage à Conan Doyle dont on retrouve le personnage le plus célèbre (mais qui ne sera jamais nommé !) pour une dernière enquête au sujet d’un perroquet disparu doté d’une mémoire prodigieuse. Des codes secrets qui pourraient changer le cours de l’histoire interviennent mais, en dépit du sous-titre « roman d’énigme », l’aspect policier semble anecdotique. Nous sommes au début de la Seconde Guerre Mondiale. L’été est chaud et un homme fort âgé, lisant un journal consacré aux abeilles, remarque un enfant qui porte un beau perroquet sur son épaule. Notre homme a « bâti sa réputation grâce à une brillante série d’extrapolations à partir d’improbables associations de faits ». L’enfant, Linus Steinman, est un Juif et son perroquet se nomme Bruno. Il vaut dans la famille Panicker, dans une sorte de pension où un certain Shane est assassiné mystérieusement. Peu après Bruno disparait…

Le livre, pas désagréable et même plutôt plaisant, manque néanmoins de « peps » : jamais nous ne retrouvons le côté surprenant des véritables énigmes de Sherlock Holmes. L’enquête, en réalité, passe définitivement à l’arrière-plan, elle s’avère quasiment accessoire, pour ne pas dire traitée par-dessus la jambe. En guise de clin d’œil au PROBLEME FINAL de Conan Doyle, Chabon délivre une SOLUTION FINALE forcément imprégné de la judaïcité qui transparait dans toutes ces œuvres, des plus réussies (LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DE KAVALIER & CLAY) à celles qui tombent des mains (LE CLUB DES POLICIERS YIDDISH pourtant récompensé par le Hugo, le Locus et le Nebula).

L’auteur effectue le choix d’un roman court (150 pages), format ayant donné de belles réussites mais qui, ici, parait inapproprié : le récit semble trop étiré pour une bonne nouvelle policière ou, au contraire, trop ramassé pour un roman développé tant de nombreuses questions demeurent sans réponses. Le final, d’ailleurs, laisse le lecteur un brin perplexe avec un côté « tout ça pour ça » légèrement frustrant.

LA SOLUTION FINALE s’annonçait comme un hommage à Sherlock Holmes plongé, en pleine retraite, dans une énigme liée à la Seconde Guerre Mondiale mais tout cela reste décidément au niveau des intentions tant ce petit livre manque de clarté et laisse dubitatif. Selon son humeur on peut donc le considérer come une demi-réussite (ou un demi-échec)…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Sherlock Holmes

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