ATOMIC FILM de Vivianne Perret

Publié le 21 Juillet 2021

ATOMIC FILM de Vivianne Perret

Le tournage du « Conquérant » constitue la trame principale de ce récit. Le film, qui relate la vie de Gengis Khan (joué par John Wayne) est resté dans les mémoires, non par ses qualités cinématographiques, mais bien car son tournage va être responsable du décès prématuré de près de la moitié de son équipe : sur les 220 personnes, 91 développeront un cancer. De manière plus légère, « Le conquérant » est également cité comme un des exemples les plus marquants de casting improbable puisqu’aucun des comédiens jouant les Mongols ne sont asiatiques. En outre, ce fut un échec critique qui poussa le producteur Howard Hughes à vouloir en supprimer toutes les copies, rendant son visionnage quasiment impossible jusqu’à la fin des 70’s.

ATOMIC FILM relate cette histoire incroyable sous forme romancée. Au début des années ’50, la bombe atomique est une attraction : les touristes, à Las Vegas, assistent aux essais nucléaires et les enfants sont emmenés, par leur institutrice, observer les progrès des Etats-Unis dans le domaine des armes de destructions massives. On leur donne bien de petites pilules d’iode mais ça ne les empêchent pas d’avoir des symptômes bizarres et même de tomber malades. Les Amérindiens, eux, voient déjà les ravages de la pollution nucléaire. Et les fermiers, auxquels on répète que tout ça est inoffensif, commencent à douter lorsque le bétail meurt et qu’ils se mettent, eux aussi, à souffrir de diverses maladies. Le scandale sanitaire, organisé avec la complicité du gouvernement qui nie l’évidence des retombées, occupe environ la moitié du livre. L’autre partie étant consacrée à l’aventure du « Conquérant », deuxième réalisation de l’acteur Dick Powel et souhait de Wayne de s’attaquer au film épique, alors en vogue, mais de manière virile : Genghis Khan ne porte pas de jupette et son histoire aurait pu servir à un western.

Le roman relate donc ce tournage, dans un coin désertique de l’Utah qui frôle les 50°. John Wayne y apparait sympathique, honnête, bourru mais, finalement, droit et agréable. Il vient de tourner le western en 3D « Hondo », se trouve embarqué dans un divorce et une liaison qui, si elle était découverte, pourrait détruire sa carrière (un « scandale de mœurs » signifierait, en effet, la fin de son contrat). Cet homme simple regrette de s’être plié aux souhaits du studio et de n’avoir pas combattu durant la Seconde Guerre Mondiale. Conscient d’être un personnage, il souhaite parfois redevenir simplement Duke Morrison et non le héros américain John Wayne. Farouchement anticommuniste, il milite cependant, contrairement à Ward Bond, pour le pardon et souhaite engager les artistes de la « liste noire » ayant accompli leur peine. Bon vivant, il picole de la téquila avec les techniciens mexicains et insiste pour traiter tous les membres de l’équipe de manière égale, de la star au plus humble figurant, il aime également jouer aux échecs (il est même très bon) et s’avère plus cultivé et posé que son image de cowboy viril.

La dernière partie du livre nous montre l’évolution des personnages, rattrapés par la maladie, et tous ceux qui sont monté « dans le train des morts » après avoir rencontré « la sorcière rouge » comme dit John Wayne.

Le final, ironique, nous rappelle que les seules victimes des armes atomiques américaines après la défaite japonaise furent…américaine. Le gouvernement étant pleinement conscient des risques mais considérant les morts comme sans aucune utilité : Indiens, Mexicains, Mormons, fermiers, etc.

Une excellente lecture, divertissante et instructive, à conseiller aux amateurs de cinéma, d’histoire, de John Wayne et de récit incroyable mais vrai.  

Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Historique

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