A LA POINTE DE L'EPEE d'Ellen Kushner

Publié le 11 Janvier 2022

A LA POINTE DE L'EPEE d'Ellen Kushner

Catalogué dans la « Fantasy », ce roman s’ancre surtout dans le domaine du « cape et épée ». Si le cadre relève de l’imaginaire, il pourrait en effet se situer dans une quelconque nation européenne existante. Richard Saint-Vière, un célèbre épéiste, gagne sa vie comme mercenaire : il vend ses talents au plus offrant et se charge de tuer ses adversaires en duel. Cependant, dans cette époque troublée où les intrigues se multiplient entre factions rivales, Richard aura fort affaire pour rester vivant et protéger son compagnon, l’étudiant fauché Alec, toujours prompt à s’attirer des ennuis.

Entre romance (gay), mélodrame, cape et épée, aventure et une touche de fantasy, A LA POINTE DE L’EPEE semble prometteur et les critiques se montrent, dans l’ensemble dithyrambique. Et, en effet, le début captive par une écriture talentueuse, accrocheuse, précise et ciselée. Hélas, il y a un « mais » : le roman, malheureusement, n’est pas exempt de défauts. Or, les critiques laudatives reçues donnent au lecteur des attentes très élevées. Trop sans doute. Car, en premier lieu, l’ensemble parait bien longuet. L’intrigue, minimale, se perd ainsi dans des circonvolutions « politiques » avec des rivalités entre nobles rivaux qui occupent une (trop) large portion des conséquentes 400 pages du bouquin. La relation entre les deux principaux protagonistes est heureusement réussie, vivante et crédible, ce qui permet de maintenir un minimum d’intérêt. Mais le cadre est beaucoup moins intéressant. On apprécie donc la romance développée entre ce maitre d’épée légendaire et ce petit jeune impulsif qui semble attirer les ennuis par son comportement puéril.

Hélas, ça ne suffit pas à passionner sur la (trop longue) distance. Pourquoi d’ailleurs ce choix d’un cadre « fantasy » qui, au final, n’apporte rien ? Quel intérêt à situer son intrigue dans un monde imaginaire si ce-dernier sert simplement de décor sans jamais être réellement exploré. D’ailleurs, A LA POINTE DE L’EPEE ne relève pas de la Fantasy a proprement parlé, le lecteur n’y retrouvant aucune des conventions habituelles. Le roman prend simplement place dans une période post-Moyenâgeuse alternative, une Renaissance différente où s’appliquent des règles complexes d’affrontements organisés sous forme de duels entre champions de l’épée. Mais l’autrice n’approfondit guère cet univers et ne livre que des informations éparses sur le fonctionnement de ces combats. Pourquoi, alors, n’avoir pas opté pour le roman historique pur et dur ? Au moins le lecteur aurait appris sa leçon de manière ludique, à la manière de l’excellent film de Ridley Scott « Les duellistes ».

Apparemment la mention « livre d’Histoire » effraie tandis que l’étiquette Fantasy attire. Ce ne serait pas dramatique si A LA POINTE DE L’EPEE ne manquait cruellement de palpitant. Bref, en dépit de quelques (indéniables) qualité comme la relation entre les deux héros et l’écriture soignée, ce roman (trop) attendu déçoit.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #LGBT

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B
Même sentiment en lisant la version luxe rééditée récemment. Le plus de cette réédition est l'adjonction de plusieurs nouvelles creusant un peu plus le personnage de Saint-Vière (surtout un préquel relatant son enfance et son initiation à l'épée et un récit suivant immédiatement la fin du roman). Mais effectivement nulle magie (donc pas Fantasy) et on imagine plutôt un roman de cape et d'épée à la manière des Paul Feval par exemple. Seule précision: les relations homosexuelles qui sont dans cet univers communément admises à la différence du monde réel de l'époque évoquée.
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