espionnage

Publié le 10 Décembre 2020

CHINOISERIES POUR OSS 117 de Jean Bruce

Jean Bruce a régné sur l’espionnage « à la française » avec 88 romans écrit entre 1949 (avec ICI OSS 117) et 1963. Par la suite c’est son épouse puis ses enfants qui se chargèrent de faire perdurer OSS 117 jusqu’au début des années ’90 (jusqu’à OSS 117 PREND LE LARGE en 1992). Plus de quarante ans de succès, 265 romans et 75 millions d’exemplaires vendus. Alors évidemment nous sommes dans le pur bouquin de gare mais, dans le genre, l’ensemble possède son charme. Tout d’abord par le contexte : dans CHINOISERIES POUR 0SS 117 nous visitons Macao et Hong Kong au milieu des années ’50 avec ses zones de non-droits abandonnées par la Chine ou l’Angleterre, ses prostituées opérant sur des sampans, ses criminels minables qui s’imaginent rois du (tout petit bout de) monde, ses chefs de gangs voulant être califes à la place du calife et pactisant une fois à gauche (la Chine), une fois à droite (l’Occident) pour garder leurs misérables prérogatives. Bref, voilà un roman qui, par la grâce des soixante ans écoulés, s’est paré d’un charme certain au niveau de l’ambiance historique bien rendue et imprégnée, forcément, des fumées d’opiums et des parfums des dames légères. L’intrigue, comme souvent, reste excessivement simple dans ses grandes lignes mais bien compliquées dans les détails. Trahisons, agent double, agent triple, on s’y perd un peu et, à vrai dire, ce n’est guère important, c’est juste le bal des barbouzes entre les communistes et les Américains pour un petit bout de territoire stratégiquement important.

Alors, comme tous les autres de la série, le roman rappelle évidemment la parodie « Le Magnifique » avec Bebel mais c’est plutôt positif à condition que le lecteur s’amuse des excès de cette littérature de pur divertissement. Hubert Bonnissoeur a même droit à être comparé à un fauve à la manière de Bob Saint Clare. Pour les plus jeunes ce sera sans doute les versions humoristiques de l’agent secret, campé par Jean Dujardin, qui viendront à l’esprit. Car tout cela n’est pas toujours franchement crédible et les coïncidences s’accumulent pour permettre à notre espion de se sortir d’un panier de crabes en plein cœur de l’enfer du jeu. Clichés touristiques, violences, érotisme (frileux, époque oblige), rebondissements,…Jean Bruce assure cependant un réel plaisir de lecture avec son style très simple mais pas trop relâché pour autant. Disons qu’il possède une certaine efficacité, un sens du rythme et du rebondissement que n’ont pas toujours les besogneux de l’espionnage ou du polar. CHINOISERIES POUR OSS 117 emporte donc l’adhésion et se lit en une soirée tout comme on visionne un film d’espionnite des sixties : sans être dupe de la qualité réelle du produit proposé mais néanmoins avec plaisir et sans ennui. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Roman de gare

Repost0

Publié le 7 Juillet 2020

JACK REACHER: ELLE SAVAIT de Lee Child

Treizième aventure de l’infatigable Jack Reacher qui se retrouve, cette fois, au cœur d’une intrigue mêlant mystère, thriller et espionnage. Dans une rame de métro, notre ancien militaire repère une jeune femme dont le comportement laisse supposer, selon les manuels du Mossad, qu’elle désire commettre un attentat suicide. Reacher tente de la calmer mais la femme se suicide d’une balle dans la tête et voici notre héros entrainé dans un vaste complot d’état. Chacun cherche à savoir ce que la victime a bien pu confier à Reacher vu « qu’elle savait » bien des choses pouvant potentiellement menacer la sécurité des Etats-Unis. Problème, elle n’a rien dit à Reacher qui va devoir évoluer à l’aveugle…

Personnage intéressant, ancien soldat devenu une sorte de SDF justicier évoluant dans les combines politiques américaine, Jack Reacher est une homme d’une autre époque, incapable de se servir d’un ordinateur et dépourvu de téléphone portable. Heureusement, il dispose de capacité de déductions affutées et d’un physique de bagarreur de rue qui lui permet de balader sans (trop de) risques dans les quartiers les plus malfamés. Il a aussi le chic de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Et de s’attirer des ennuis.

ELLE SAVAIT (comme les autres Jack Reacher) fonctionne sur les principes bien rodés du « page turner » à l’américaine avec ses chapitres courts, ses rebondissements nombreux, ses dialogues qui s’enchaînent et son rythme enlevé. Le lecteur aime, par conséquent, avancer dans le récit pour en démêler les fils quitte à s’y perdre tant les personnages sont nombreux, sans oublier les agences gouvernementales plus ou moins clandestines qui se livrent à une véritable guerre secrète. Au programme on trouve CIA, FBI, Delta Force, Ousama Ben Ladden, Russes, Afghans, Américains,…La totale du roman d’action paranoïaque post-11 septembre.

Cependant, le roman souffre aussi de longueurs car l’auteur aime multiplier les descriptions (armes, lieux,…) pas toujours nécessaires. De même les manipulations politiques peuvent finir par lasser, le bouquin semblant parfois trop épais (près de 550 pages) et une version élaguée d’une bonne centaine de pages aurait probablement été plus efficace et percutante. Au final on se retrouve avec un plaisant mélange d’espionnage, de polar, de mystère, d’action et de thriller politique, le tout mené par un héros solitaire séduisant et burné. Le tout n’est pas si éloigné d’un bouquin de gare des années ’80 façon SAS ou Exécuteur…excepté que le tout est deux fois plus long. On en ressort donc quelque peu mitigé quoique l’ensemble s’avère relativement divertissant. Mais nous sommes largement en deçà d’UN VISITEUR POUR OPHELIE du même Lee Child.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Polar, #Thriller

Repost0

Publié le 30 Juin 2020

DON - CHROMOSOME Y de Jacques Colombo (Henri Vernes)

Avec son méchant Molok, cette aventure de Don se rapproche évidemment des récits de Bob Morane mettant en scène l’Ombre Jaune. Sauf que le ton, ici, se veut différent : nous sommes dans la littérature de gare « pour adultes » avec tout ce que le genre implique de sexe et de violences gratuites. Délaissant son pseudonyme le plus célèbre d’Henri Vernes, notre bon Charles-Henri Dewisme se dissimule, ici, sous l’identité de Jacques Colombo pour goûter aux plaisirs simples des halls de gare des années 80, époque où fleurissaient les collections dédiées à des héros comme SAS, l’Exécuteur, l’Implacable et d’autres aujourd’hui plus oubliés comme PDG, TNT, le Mercenaire, etc. Effectuant une pause dans sa saga des Bob Morane (entre 1982 et 1988), notre auteur se reconvertit dans le polar d’espionnage assorti d’éléments fantastique et science-fictionnel. Bref, des intrigues pas franchement différentes de celles de Bob Morane mais un personnage qui en est l’antithèse (macho, brutal, violent et tueur sans pitié), de nombreuses scènes érotiques et pas mal de violences bien saignantes. On retrouve cependant quelques tics de l’écrivain, comme sa manière de qualifier les jeunes femmes de « petites filles ». Par la suite, histoire de boucler la boucle, Henri Vernes recyclera d’ailleurs ce CHROMOSOME Y en « Bob » avec LA BETE A SIX DOIGTS. Rien ne se perd, rien ne se crée.

Quoiqu’il en soit, DON promettait du Danger, de l’érOtisme, de la violeNce. La recette a été appliquée durant 11 bouquins aux couvertures tapageuses elles-aussi typiques de ces belles années ’80. Dans CHROMOSOME Y, le lecteur suivra donc les aventures d’un aventurier surnommé Don (car il est le petit-fils d’un parrain de la Mafia), cette fois aux prises avec le criminel Molok dont la dernière invention agit sur les personnes ayant un chromosome Y surnuméraire (les poussant au crime) et les transforme en maniaque assassin.

Lire Don, c’est, un peu comme pour Bob Morane, effectuer un petit voyage nostalgique pour ceux qui se désolent de ne plus trouver leur livraison mensuelle d’Exécuteur ou de SAS. Comme disait l’autre, la littérature de gare n’existe plus : les voyages durent 3 heures maximum et on s’occupe plus souvent avec une tablette qu’avec un roman. En plus lire aujourd’hui en public ce genre de bouquin bariolé exhibant sur la couverture des mannequins les nichons à l’air ferait vite mauvais genre. Tant pis. En attendant on peut encore ouvrir un plaisant CHROMOSOME Y pour s’offrir 3 heures de détente sympathique et sans prise de tête. On est loin du chef d’œuvre (ça n’en a jamais eu la prétention) mais on en a pour son argent et c’est bien là l’essentiel.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Espionnage, #Polar, #Roman de gare

Repost0

Publié le 27 Avril 2020

JAMES BOND: MISSION PARTICULIERE de John Gardner

Pour son deuxième « James Bond », John Gardner ressuscite un des plus célèbres ennemis de 007 : Blofeld, toujours à la tête de l’organisation secrète Spectre visant, cette fois, à s’emparer des codes du programme de défense spatiale américain.

Gardner livre ici un pur roman de gare (ce qui n’est pas péjoratif mais quelque peu décevant pour un Bond) en reprenant le personnage sous sa forme plus cinématographique que littéraire. Tombeur séducteur, Bond endosse l’identité d’un expert en gravures rares afin d’infiltrer le quartier général d’un méchant mégalomane…Bien sûr Bond est aussitôt démasqué mais continue de converser en gentleman avec le criminel qui, de son côté, tente de le tuer à plusieurs reprises. Fourmis mangeuses d’homme, course de voiture,…Bond échappe à toutes les manigances du vilain qui aime également donner ses victimes à manger à ses pythons géants. Pour conquérir le Norad, les méchants élaborent d’ailleurs un plan complètement folklorique visant à transformer (par la drogue !) Bond en général destiné à s’infiltrer dans la base puis à trahir ses alliés américains… eux-mêmes sous l’emprise d’un psychotrope répandu par de la crème glacée ! Difficile d’en dire plus ou d’expliquer de manière plus claire ce stratagème aberrant mais, au final, plutôt amusant. Là encore nous sommes totalement dans le bis outrancier, entre les épisodes les plus déjantés des « Agents très spéciaux » et les romans d’espionnage de gare qui pullulaient dans les années ’70 façon Coplan, OSS 117 et autres.

Au cours de son enquête, Bond (qui, bien évidemment, n’a pas vieilli alors qu’il devrait approche des soixante ans bien sonnés !) fait équipe avec Sandra, la fille de son ami Felix Leiter (dont personne n’avait eu connaissance jusque-là). Sandra ne rêve évidemment que d’une chose : mettre l’agent secret dans son lit mais Bond s’y refuse par égard pour Felix, trouvant l’épouse du méchant plus à son goût. Bref, nous sommes en plein soap et les révélations finales peu crédibles, sans oublier la lettre de Leiter autorisant Bond à traiter sa fille comme bon lui semble, rapproche encore une fois toute l’histoire du plus pur roman de gare.

Evidemment, MISSION PARTICULIERE a le cul entre deux chaises, comme la plupart des romans post-Fleming, en essayant de combiner le Bond originel des bouquins et sa déclinaison des grands écrans, beaucoup plus aseptisée et codifiée : en gros, l’agent pas du tout secret (tout le monde semble le connaitre) boit comme un trou et drague tout ce qui bouge, confiant dans sa voiture ultra sophistiquée et sa valise bourrée de gadgets pour se tirer de toutes les situations dangereuses.

Le roman se termine par un « twist » qui réussit à être à la fois hautement prévisible et complètement improbable avant que le méchant (dont nous tairons l’identité même si elle semble évidente) ne périsse de manière bien horrible et excessive. Encore une fois, Gardner patauge dans le bis mais ce n’est pas désagréable, surtout que le roman est court et relativement rythmé par ses nombreux courts chapitres.

Nous sommes très loin de Fleming mais, pour les amateurs d’espionite rythmée et déjantée, avec méchant mégalomane décidé à conquérir le monde et demoiselle trop sexy pour être honnête, la lecture de MISSION PARTICULIERE reste plaisante et fun. Sans plus ni moins.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond, #Thriller

Repost0

Publié le 10 Mars 2020

VIVRE ET LAISSER MOURIR de Ian Fleming

Deuxième roman de la saga littéraire, VIVRE ET LAISSER MOURIR confronte le moins secret des agents secrets à un méchant mégalomane, Mr BIG, qui ambitionne carrément de devenir le premier grand criminel Noir en utilisant, notamment, les croyances vaudous pour asseoir sa domination. Porté à l’écran au début des 70’s, lors de la relance de la série cinématographique avec Roger Moore (en lieu et place de Sean Connery), le bouquin a été (comme l’ensemble de la saga littéraire d’ailleurs) fortement modifié et édulcoré, transformant un récit très brutal et sombre en une comédie légère et insignifiante (mais pas désagréable pour autant).

L’aventure passe ici par diverses villes américaines puis embraie vers la Jamaïque pour une chasse au trésor englouti du capitaine Morgan, le fameux pirate. Mais Mr Big n’apprécie guère que Bond et son ami Felix Leiter viennent mettre leur nez dans ses affaires. Le premier s’en tire relativement sans dommage, le second est en partie dévoré par un requin (cette sous-intrigue inspira, bien plus tard, le film « Permis de tuer »). D’autres passages volontiers cruels et sadiques jalonnent cette intrigue bien menée où planent (comme dans le film mais avec davantage de réalisme) l’ombre du Vaudou. Evidemment, et tout comme dans le précédent CASINO ROYALE, une romance débute entre Bond et une virginale prophétesse, sorte d’astrologue au service de Mr Big qui finit par trahir son patron.

Aujourd’hui chargé d’une patine plaisante (les romans témoignent ainsi d’une époque révolue et des premières années de l’après Seconde Guerre Mondiale), quelque peu désuet mais finalement divertissant, VIVRE ET LAISSER MOURIR s’impose comme un très bon roman qui, en 280 pages, mélange espionnage, thriller, aventure et même une touche de mystère teinté de surnaturel. Du tout bon !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #James Bond

Repost0

Publié le 21 Janvier 2020

CASINO ROYALE de Ian Fleming

Dans ce premier volet de la saga James Bond, le lecteur fait connaissance avec le moins secret des agents secrets, lequel est envoyé dans une petite ville française pour affronter Le Chiffre. Celui-ci a perdu d’importantes sommes d’argent et compte sur le casino de Royale-les-Eaux pour se refaire une santé aux tables de baccara. Comme Le Chiffre est lié à l’Union soviétique et alimente les caisses du parti communiste français, Bond est chargé de le plumer au jeu ce qui mettrait une bonne petite claque aux cocos.  

Nous sommes ici au début des années ’50, en pleine guerre froide qui n’attend qu’une occasion pour se réchauffer. Le contexte est donc très différent de celui de la récente version cinématographique avec Daniel Craig (laquelle reprend cependant une partie des péripéties du roman et se montre plus fidèles que bien d’autres long-métrages « Bond »), plus proche des origines de la saga cinéma, nous sommes dans une époque similaire à celle de « Bons baisers de Russie ».

L’intrigue, simple, se limite pratiquement à cette confrontation entre deux adversaires aux nerfs d’acier, le Chiffre, menacé de mort par l’organisation SMERSH (« Mort aux espions », qui deviendra dans les films le SPECTRE), et James Bond. L’occasion de mieux connaitre l’agent secret, bon vivant amateur de vin, de cocktails (dont le fameux et délicieux Vesper), de nourriture de luxe (caviar), de cigarette (avec un tabac composé spécialement pour lui), d’hôtel de grande classe et, bien sûr, de femmes fatales. Car Bond va rencontrer Vesper et nouer une rapide et brulante passion qui, forcément, finira mal. Bien qu’il semble jeune, Bond parait déjà revenu de tout dans ce premier roman, ce qui explique son cynisme et son côté presque « usé » par les manipulations politiques et les intrigues du monde moderne. Il parait bien seul dans ce monde en dépit de l’aide reçue par René Mathis, l’espion français, et surtout par son copain Felix Leiter de la CIA que l’on retrouvera dans plusieurs romans ultérieurs.

Roman relativement court (230 pages) divisé en nombreux courts chapitres, CASINO ROYALE bénéficie d’un style bien rêche, d’une efficacité exemplaire (que l’on pourrait rapprocher de celui de Mickey Spillane) et d’un tempo nerveux. Une bonne entrée en matière dans l’univers bondien.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #James Bond, #Espionnage, #Thriller

Repost0

Publié le 13 Décembre 2019

MEILLEURS VOEUX DE LA JAMAÏQUE de Ian Fleming

Recueil de trois nouvelles consacrées à James Bond publié à titre posthume en 1966, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE débute avec « Octopussy » (traduite, vu le jeu de mot intraduisible de l’original, par « Meilleur vœux de la Jamaïque »). James Bond y rend visite au Major Dexter Smythe, retiré à la Jamaïque depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Gros buveur, gros fumeur, passionné par les poissons mais n’ayant plus guère le goût de vivre, Smythe vit de sa fortune. En réalité celle-ci provient de deux lingots d’or nazi dérobé à la fin de la guerre après avoir abattu son guide, Hannes Oberhauser. Smythe les a fait fructifier en s’appuyant sur la pègre chinoise locale. Or, le cadavre d’Oberhauser vient d’être retrouvé. Et il était instructeur de ski et ami de Bond…

Une nouvelle très bien ficelée ou le style brut de Fleming fait merveille pour illustrer la célèbre maxime sur la vengeance, ici un plat qui se mange très froid pour Bond…et encore vivant pour la pieuvre qui donne son titre original à la nouvelle ayant servi de base, lointaine, pour certains passages du film « Octopussy ».

« The Property of a lady », la deuxième nouvelle du recueil, fut, elle aussi, remaniée pour s’intégrer au film « Octopussy ». Il s’agit d’un récit d’espionnage au sujet d’un Œuf de Fabergé servant de payement à une espionne russe. Un texte plaisant, avec la coolitude nécessaire, qui se déroule essentiellement lors d’une vente aux enchères devant permettre à Bon d’identifier ses adversaires.

« Bons Baisers de Berlin (The Living Daylight) » servit, pour sa part, de pitch à « Tuer n’est pas jouer » et constitue un jeu du chat et de la souris entre Bond et un sniper russe, le tout assorti d’un flirt à distance entre l’agent anglais et une musicienne berlinoise. Quelque peu prévisible mais fort bien mené.

Au total, MEILLEURS VŒUX DE LA JAMAIQUE rassemble trois récits efficaces qui se sont aujourd’hui parés d’une patine agréable. En effet (et forcément) les politiques-fictions d’actualité à l’époque de la sortie du bouquin sont aujourd’hui devenu des textes historiques au sujet d’une période à la fois très proche et déjà lointaine, celle de la guerre froide, de Berlin divisée, des chassés-croisés d’espions, etc.

Très divertissant !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #Recueil de nouvelles, #James Bond

Repost0

Publié le 15 Novembre 2019

JAMES BOND: BROKENCLAW de John Gardner

L’écrivain britannique John Gardner se fait connaitre dans la seconde moitié des sixties avec sa série parodique du LIQUIDATEUR puis reprend le personnage de Moriarty dans trois romans (seul le premier fut traduit). Au début des années ’80, Gardner accepte de succéder à Ian Flemming pour relancer les aventures de James Bond avec le plaisant PERMIS RENOUVELLE. Prolifique, Gardner en écrira quatorze au total (seize si on y ajoute les novélisations de PERMIS DE TUER et GOLDENEYE) au rythme d’un par an mais seul sept seront traduits.

BROKENCLAW poursuit la saga de manière assez standard et tente, comme les autres « continuations » de combiner le héros littéraire et le héros cinématographique (lesquels sont, on le sait, relativement éloignés) en un tout harmonieux. John Gardner essaie aussi de prendre en marche le train du thriller technologico-politique à la Tom Clancy mais sans parvenir à convaincre. L’intrigue, tout d’abord, reste légère et peine à se mettre en place : il faudra au lecteur une solide dose de bonne volonté pour passer le premier tiers, aussi confus que languissant, voyant Bond rencontrer sa nouvelle alliée chinoise, Chi-Chi, afin de contrecarrer les plans du nouveau grand méchant, Brokenclaw. Comme toujours la demoiselle souhaite être traitée à l’égale des hommes mais lorsque le danger menace elle se précipite dans les bras virils de Bond. Rien de neuf.

Les romans Bond post-Flemming écrits par Gardner obéissent tous à une formule similaire (assez calquée sur le septième art au point de ressembler à des scénarios abandonnés plus qu’à des bouquins). Parfois cela fonctionne, parfois cela parait simplement plat et sans vie, avec un Bond ressemblant finalement si peu à Bond que l’on pourrait l’échanger contre SAS ou OSS117 sans guère modifier l’intrigue. Ici, le tout ressemble à un ersatz de GOLDFINGER avec son grand méchant voulant provoquer un écroulement généralisé du système monétaire. En gros…parce que tout ça n’est pas franchement limpide et on peine un peu à voir les motivations des différents protagonistes.

BROKENCLAW constitue donc un Bond « Canada Dry » qui a la couleur de Flemming, parfois le goût de Flemming mais qui ne possède décidément pas la qualité brute des meilleurs Flemming. On sauve cependant les derniers chapitres où, pour prouver leur virilité, Bond et Brokenclaw se lancent dans la version « coutumes tribales indiennes » du concours de bite façon « Un homme nommé cheval ». Suspendus par des crochets, condamnés à courir les jambes lacérées et à s’affronter au tir à l’arc, nos deux mâles plongent, et le bouquin avec eux, dans l’exploitation façon série B. Pas très crédible mais, au moins, cela sort le lecteur de sa torpeur.

Reconnaissons toutefois que le bouquin n’est pas trop ennuyeux…à condition de passer outre une traduction abominable et une présentation désastreuse de l’éditeur Lefrancq. Comment a-t-on pu passer un tel nombre de coquilles, de fautes de frappes, d’expressions traduites littéralement (et donc ne voulant rien dire), de phrases dont les mots semblent avoir été mélangés, de grammaire approximative et de néologismes comme « ils voyèrent »

De quoi couler n’importe quel roman, on se croirait presque devant une traduction pirate de THE KILLING ZONE des années 2000. Avec cette édition consternante, BROKENCLAW perd au moins un point et il faut beaucoup d’abnégation pour le lire jusqu’au bout. A quand une traduction révisée ?

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond

Repost0

Publié le 30 Juillet 2019

IXYGRECZED de Jacques Colombo (Henri Vernes)

Au début des années ’80, Henri Vernes, sous pseudonyme, propose à la demande du Fleuve Noir une sorte de clone de Bob Morane (du moins physiquement) avec Giovanni Mazzini, petit fils et héritier potentiel de Don Mazzini, le capo di tutti capi, bref le grand maître de la Mafia. Giovanni Mazzini, également surnommé Don, vivra onze aventures dans lesquelles Vernes se permet ce qu’il ne pouvait écrire dans ses Bob Morane : « Danger. Erotisme. Violence ». Par contre, si Don ressemble physiquement à Bob, il en est plutôt l’antithèse dans son comportement puisqu’il recourt systématiquement à la brutalité et collectionne les aventures érotiques. En résumé, ce petit bouquin se complait donc joyeusement dans le sexe et la violence débridés.

L’intrigue, assez simple, consiste pour Don à identifier un mystérieux espion surnommé XYZ (ou Ixygreczed), ce qui suffit à aligner scènes d’action, bagarres et passage olé olé. En vieux routier de la littérature populaire, Vernes ménage toutefois un petit suspense concernant l’identité du fameux espion Ixygreczed et se permet un twist final légèrement prévisible mais bien amené et convaincant.

IXYGRECZED ne possède aucune prétentions littéraires (quoique l’on y retrouve le goût de l’auteur pour placer quelques mots recherchés et peu usités dans son texte) mais parvient à distraire le lecteur durant environ 200 pages. Nous sommes complètement dans la littérature de gare de consommation courante comme en proposait à la pelle le Fleuve Noir et Gérard de Villiers durant les années ’80, une sorte de synthèse de tous les héros machos de l’époque comme SAS, James Bond, l’Exécuteur, etc.

Pour tous les adolescents qui, ayant grandi, veulent retrouver les plaisirs simples d’une aventure « à la Bob Morane » mais additionnée d’une bonne dose de brutalités et d’une poignée de passages osés, ce bouquin sympathique constituera une lecture tout à fait plaisante.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Espionnage, #Roman de gare, #Bob Morane

Repost0

Publié le 25 Janvier 2019

LES MEURTRES DE L'EPOUVANTAIL de Joseph Commings

Joseph Commings (1913 – 1992) écrivit de nombreuses nouvelles policières assorties de chambres closes et autres crimes impossibles. Sa série la plus célèbre concerne le sénateur Brooks U. Banner, héros de 33 nouvelles publiées entre 1947 et 1984 (la 33ème le fut en 2004 de manière posthume). Roland Lacourbe en a sélectionné seize, réparties sur deux recueils : LES MEURTRES DE L’EPOUVANTAIL et LE VAMPIRE AU MASQUE DE FER.

Ce premier recueil débute par la toute première enquête du sénateur, « Meurtre sous cloche », une « chambre close » particulière puisqu’il s’agit d’un crime commis sous une énorme cloche de verre. Un bon début avec une fin ingénieuse quoique moyennement crédible.

Plus originale, « L’empreinte fantôme » illustre un meurtre commis au cours d’une séance de spiritisme dont tous les participants sont sanglés dans des camisoles de force. Or même Houdini pouvait certes s’en échapper mais surement pas en remettre une dans de telles conditions. Qui a donc pu tuer et comment ? Une solution originale (inédite ?) et ingénieuse, cette fois tout à fait plausible à condition de laisser parler son imagination. Et n’est-ce pas le propre des crimes impossibles de titiller la plausibilité pour le plaisir de suivre l’auteur dans les méandres de son cerveau ?

« Le spectre du lac », plus courte que de coutume (les nouvelles faisant en moyenne une trentaine de pages) fonctionne sur le principe de la malédiction et de l’atmosphère, la solution étant évidente (il ne peut y en avoir d’autre) en empruntant à une célèbre enquête de Sherlock Holmes, le « Problème du pont de Thor ». Agréable, sans plus.

« La légende du moine noir » tutoie l’excellence : situation insolite, décor macabre, personnages pittoresques, malédictions et légendes pesantes, disparition impossible d’un moine meurtrier dans une pièce close, solution à la simplicité déconcertante et à l’efficacité totale…Un classique de la « chambre close ».

Classique mais bien mené, « Les meurtres de l’épouvantail », qui donne son titre au recueil, constitue un fort bon récit à l’atmosphère bien développée. Après la mort de Beverly, son frère Hudson est à son tour assassiné. Les traces du meurtrier conduisent à un épouvantail isolé au milieu d’un champ. Devant cette menace apparemment surnaturelle, le sénateur Banner enferme tous les habitants d’une maison pour dissuader l’assassin de récidiver mais une jeune femme est agressée à nouveau…elle identifie le coupable comme un épouvantail ! Cette longue nouvelle (35 pages) capture joliment l’atmosphère de superstition et de suspicion jusqu’à une chute étonnante et bien amenée. Du grand art.

Plus courte et moins originale, « Feu sur le juge » se montre cependant efficace : après avoir manifesté son intention de fermer un théâtre présentant des spectacles « licencieux », le juge Hawthorne reçoit des menaces de mort. Il s’enferme dans un petit pavillon gardé par des policiers conduits par le sénateur Banner. Pourtant, le juge sera retrouvé abattu de trois balles de révolver…Une intrigue classique et un « truc » vieux comme le récit de chambre close mais l’art et la manière de Commings font la différence et rendent le tout agréable à lire.

« Meurtre au champagne », une autre courte nouvelle, voit une actrice découverte morte mystérieusement…la seule arme envisagée est une bouteille de champagne mais des analyses démontrent qu’elle n’était pas empoisonnée. Alors comment a pu procéder le meurtrier ? Ce récit plaisant mais mineur fonctionne sur la méthode originale utilisée par l’assassin pour commettre son crime en chambre close.

L’ultime récit, « Une dame de qualité », s’éloigne des crimes impossibles pour plonger dans le récit d’espionnage à base de documents volés et de séduisantes espionnes. Malheureusement, ce n’est pas une grande réussite et on peut penser que le sénateur Banner se montrait plus à son aise dans la résolution d’insolubles problèmes, ce que confirme d’ailleurs la postface. Une relative fausse note pour terminer cette anthologie sinon d’excellente tenue complétée par des résumés et de courts avis sur les 32 enquêtes du sénateur.

Voir les commentaires

Repost0