espionnage

Publié le 28 Novembre 2018

L'EXECUTEUR: SANG POUR SANG A SAN SALVADOR de Chuck Rogers

Mack Bolan part pour le San Salvador afin de stopper les agissements d’un redoutable gang mafieux. Mais la situation est encore pire que prévue puisque les criminels se sont associés avec des terroristes arabes d’Al Quaida afin d’infecter les Etats Unis avec le virus de la variole. La course contre la montre débute pour empêcher l’apocalypse bactériologique promise !

Datant de 2006, le roman, comme bien d’autres « EXECUTEUR » de cette époque illustre le changement de paradigme de la série (du moins en ce qui concerne les romans américains et non pas les « adaptations » françaises): Bolan n’est plus seulement le tueur de mafieux des premiers volumes, il est à présent un agent du gouvernement décidé à contribuer à la « guerre contre la terreur » en zigouillant du terroriste arabe à tour de bras.

Toujours emballé en environ deux cents pages, l’ensemble se veut un classique divertissement « pour hommes » focalisé sur une action toujours soutenue et souvent très violente. Le prolifique auteur Chuck Rogers, une fois de plus inspiré, déroule son intrigue à cent à l’heure et multiplie les passages explosifs à la manière d’un blockbuster hollywoodien (le roman donnerait certainement un film super excitant) qui ne laisse aucunement le temps de souffler au lecteur, lequel pardonne ainsi certaines invraisemblances ou passages un peu trop tirés par les cheveux. Mais qu’importe, n’est-ce pas une constance du genre depuis la glorieuse époque de la Cannon, compagnie qui eut surement rêvé de porter à l’écran les aventures de Bolan. Comme dans « Delta Force » ou « Invasion USA », notre invincible héros surgit toujours là où le terrorisme menace le mode de vie américain afin d’en découdre avec tous les ennemis du monde libre.

On note aussi quelques clins d’œil typiquement bis puisque le grand méchant se nomme Jess Franco et qu’il est aidé dans ses œuvres par la séduisante et dangereuse Soledad Miranda Korda. Les connaisseurs apprécieront le clin d’œil. Bref, du divertissement rondement mené et l’assurance d’une lecture tout à fait plaisante pour les fans de l’Exécuteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Gérard de Villiers, #Polar, #Thriller, #Espionnage

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Publié le 26 Octobre 2018

BIGGLES DANS LA BALTIQUE de William Earl Jones

L’aviateur James Bigglesworth, dit Biggles, et ses amis Ginger, Algy et Bertie ont vécus de très nombreuses aventures, durant la Première Guerre Mondiale puis la Seconde Guerre Mondiale, sans oublier des missions effectuées en temps de paix. Créé par William Earl Jones, Biggles vit ses premiers vols en 1932 et ne s’interrompt qu’avec la mort de son auteur en 1968. Entretemps, l’aviateur ne vieillira guère, traversant les bouleversements politiques en restant toujours jeune, tel Buck Danny. Il sera également adapté en bandes dessinées et aura les honneurs d’un long-métrage en 1986.

Typique d’une littérature « pulp » ou populaire, Biggles est un héros, un vrai, qui n’aime pas tuer (sauf en cas d’absolue nécessité) et qui ne souffre d’aucun défaut. Biggles n’aime pas la guerre mais, puisqu’il faut la mener, l’aviateur usera de tout son courage pour défaire l’ennemi. Dans cette aventure, pas beaucoup de subtilité, pas de place pour la réflexion, seule compte l’action et cette dernière s’avère frénétique : combats aériens, attaques diverses, destructions des engins ennemis,…Le roman ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler. Un univers forcément très manichéen quoique, parfois, William Earl Jones se laisse tenter par un soupçon d’humanisme en présentant des soldats allemands pas spécialement pressés d’aller mourir pour la patrie.

BIGGLES DANS LA BALTIQUE, en deux cent pages, synthétise tous les rebondissements possibles, toutes les péripéties attendues d’un roman de guerre et d’aventures : Biggles et ses amis défendent une petite île inhabitée, se lancent dans des missions périlleuses (pour ne pas dire suicides), détruisent des dépôts de munitions allemands, volent à l’ennemi son livre de codes secrets, s’emparent d’un avion et reviennent sains et saufs après avoir vaincu, une fois de plus, Von Stalhein, l’as des aviateurs germaniques et, accessoirement, l’éternelle Némésis de Biggles. Qui finira par devenir plus tard son ami. Mais ce sera pour plus tard, bien après la guerre.

A la fin du bouquin, le lecteur - pratiquement lessivé - se demande comment Biggles pourrait accomplir des exploits plus incroyables encore dans le prochain. Nul doute que, magie de la littérature, il y parvienne pourtant. Bref, BIGGLES DANS LA BALTIQUE reste l’assurance d’un divertissement viril des plus plaisants pour quiconque (et surtout les plus jeunes) apprécie un mélange de guerre, d’aventures aériennes et d’espionnage. Biggles c’est un peu l’ancêtre de Bob Morane, James Bond et Buck Danny en un seul personnage, l’archétype du héros invincible et immaculé de la littérature jeunesse militariste et propagandiste du début du XXème siècle. Une vraie « tête brûlée » comme papy toujours prêt à lancer son avion au milieu des coucous pilotés par les adversaires du monde libre. Et, étonnamment (ou pas ?), le tout tient encore très agréablement la route après 80 ans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Biggles, #Aventures, #Espionnage, #Jeunesse, #Guerre

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Publié le 9 Août 2018

PENNY S: FLASH GORGONE de Pau Kenyon

Dans cette septième et avant dernière aventure de la « Baroness », Paul Kenyon (Donald Moffitt) emmène notre héroïne au Maroc pour contrer un complot terroriste de grande ampleur. Il faut dire que des terroristes arabes se sont emparés, au SHAPE, dans une « petite ville belge », d’un missile nucléaire qui pourrait aider leur plan de domination mondiale. Toute une petite équipe d’espions sur entrainés, sur équipés et possédant des gadgets à rendre jaloux James Bond, se trouve convoquée pour juguler la menace. Le grand méchant, Don Alejandro, est un descendant des Inquisiteurs espagnols souhaitant rendre à sa famille le contrôle du Maroc. Pour cela il peut compter sur l’aide de son assistant, le sadique et simiesque Dr Funke, lequel a mis au point un appareil provoquant, par de subtiles lumières indiscernables à l’œil nu, une sorte de transe épileptique conduisant le sujet à une mort horrible. Penny S, notre héroïne de charmes, débarque au Maroc sous couverture (elle est censée poser pour des cosmétiques),…

PENNY S: FLASH GORGONE de Pau Kenyon

Penny S, sorte de version féminine de SAS et autres super espion, traverse l’intrigue en couchant avec tous les hommes qui croisent sa route, se fait capturer, dénuder et torturer par des islamistes, s’évade et combat des tas de méchants, le plus souvent à poil et avec ses seuls petits poings en guise d’arme.

Evidemment, il ne faut pas attendre de ce genre de bouquin un classique inoubliable de la littérature, simplement un mélange, plutôt bien dosé, d’espionnage, d’aventures et d’érotisme. Le romancier possède un certain métier et ne parait jamais bâcler son livre ni se foutre de son public. Le scénario, quoique classique, reste cohérent, efficace et bien mené (certains techno thrillers récents à gros tirage n’en ont pas de meilleur), l’action est plaisante, le rythme soutenu et les obligatoires scènes pornos, distillées à intervalles réguliers, ne sont ni envahissantes ni « plaquées » sur l’intrigue. Le tout possède également un côté pulp des plus réjouissants, l’équipe de choc de Penny rappelant quelque peu celle de Doc Savage, chacun possédant sa petite spécialité bien utile pour accomplir les « missions impossibles » demandées.

Le tout donne donc un plaisant divertissant pour les amateurs de sexpionnage, le personnage de Penny S, quoique schématique, étant plus intéressant et moins caricatural que ses consoeurs OSSEX ou Cherry O.

Rien de transcendant mais l’assurance d’un bon moment pour les amateurs de littératures de gare « pour hommes ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Erotique, #Espionnage

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Publié le 12 Juin 2018

OPERATION SATAN (S.C.U.M. Tome 3) de David Rome (Joël Houssin)

Troisième aventure des anti héros de l’anti terrorisme qui forment le commando de mercenaires du SCUM composé de Mark Ross, infatigable agent secret acteur porno, Laeticia Vecciune, nymphomane italienne, les frères Sig Sauer, deux jumeaux autrichiens complètement frappés du ciboulot et enfin un « nègre juif apatride » as de la conduite aérienne…Cette fine équipe rassemblée par Joel Houssin, prudemment caché sous le pseudo de David Rome, ne donne pas dans la dentelle, plutôt dans l’outrance généralisée.

Le but de l’auteur semble, en effet, de pousser le roman de gare dans ses derniers retranchements et d’augmenter tous les curseurs dans le rouge quitte à verser pratiquement dans l’auto parodie en multipliant la violence sadique, l’érotisme moite et les prises de position anarcho réactionnaires. Bref, Houssin mélange joyeusement les ingrédients principaux ayant cours dans le « pulp » des années ’80 en reprenant le meilleur des séries concurrentes (SAS, L’Exécuteur, Brigade Mondaine, L’Implacable…Nostalgie camarade !) et en assaisonnant le tout d’un maximum d’insultes, de vocabulaire ordurier et de racisme décomplexé.

La mission de nos mercenaires ? Récupérer une princesse jordanienne soi-disant kidnappée par le Hezbollah mais ayant, en réalité, pris cause pour les intégristes afin de faire échouer le processus de paix entamé par les modérés. Pour remplir leur contrat le SCUM ne recule devant rien, d’où des scènes assez savoureuses comme celle où une terroriste islamiste capturée se voit soumise à la question. Mais la fanatique ne moufte pas en dépit des tortures subies et il faudra lui introduire un saucisson (garanti 100% pur porc évidemment) pour la décider à parler.

La série SCUM n’est évidemment pas à mettre entre toutes les mains et fera s’étrangler les bien-pensants et autres adeptes de la modération et du bon goût. Tant pis pour eux. Car Joël Houssin se lâche complètement et le résultat s’avère complètement explosif, le genre de lecture « facile » de pure détente qui permet de passer une excellente soirée.

Au final, une fois de plus, le Scum empêchera l’apocalypse et sauvera le processus de paix du Moyen-Orient menacé par l’Opération Satan des barbus fanatiques. Nos « héros » se quittent satisfaits en espérant quand même que les bougnoules continuent de se flinguer un minimum, histoire de ne pas aller pointer au chômage. Vu la situation actuelle, pas de danger que les hommes du Scum se reposent avant un bout de temps. Un festival de violence, de cul et d’humour bien trash à recommander à tous ceux qui préfèrent le démastiquage à la défense des « valeurs de la République ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Aventures, #Roman de gare, #Thriller, #Espionnage

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Publié le 25 Avril 2018

COXMAN - LE COX SE DRESSE de Troy Conway (Michael Avallone )

Les romans de sexpionnage connurent une grande popularité durant les années 70. Suite au succès des James Bond (qui ont, en quelque sort, initié le genre) et de S.A.S on vit en effet paraitre de nombreux romans mettant en scène un espion (ou une espionne) de charme. Souvent, les séries étaient relativement interchangeables, tout comme leur auteur, qui alignaient du O.S.S.E.X., du Cherry O, du B.I.S., du P.D.G. au gré de leurs envies.

Michael Avallone (1924 – 1999), connu pour ses ED NOON traduits à la Série Noire, participe à cette vague après s’être fait la main sur diverses novélizations et une poignée de bouquins tirés de la série « Des agents très spéciaux ». Il crée ainsi le personnage de Rod Damon, alias Coxman, sexologue devenu contre son gré (on menace de révéler ses frasques avec une mineur) un agent secret pour l’organisation Cox. La série COXMAN, sorte de spin off du similaire THE MAN FROM O.R.G.Y va s’étendre de 1967 à 1973 et comptera 34 romans.

Dans cette première aventure, Coxman doit déjouer les plans d’une bande de Nazis d’opérette fomentant, dans un bordel allemand, des plans de conquêtes planétaires qui visent à monter les grandes puissances les unes contre les autres afin de détruire la majeure partie de la population terrestre.

Dans les limites de la littérature de gare et de sexpionnage, LE COX SE DRESSE se révèle plutôt plaisant, l’intrigue, farfelue, n’en reste pas moins correcte, dans la lignée des innombrables bouquins du même style sortis durant la grande époque du genre, avec ses vilains Nazis caricaturaux décidés à déclencher l’apocalypse. L’alternance entre les scènes pornos et l’action est bien gérée, les premières (nombreuses !) n’en sont pas envahissantes pour autant et l’auteur ne prend pas son récit très au sérieux, le ponctuant de nombreux clins d’œil amusants et de réflexions rigolotes.

Tout ça ne vole pas bien haut évidemment mais dans les bonnes dispositions et en sachant à quoi s’attendre (une sorte de parodie des James Bond qui en reprend tus les clichés en montant chaque curseur – érotisme, violence, invraisemblance – au maximum) il est possible de passer un bon moment avec ce super espion tout droit sorti d’un porno de l’âge d’or, patronyme et surnom compris.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Espionnage, #Erotique

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Publié le 13 Avril 2018

PERMIS RENOUVELE de John Gardner

Après la mort de Ian Fleming et le succès des films tirés de ses œuvres, l’envie de prolonger la carrière de James Bond semblait légitime. Ainsi, en 1968, fut écrit l’efficace COLONEL SUN qui ne rencontra pas le succès escompté. Il fallut attendre 1981 (et encore dix ans de plus pour la traduction) pour voir débarquer cette nouvelle aventure du moins secret des agents de sa majesté. Les temps ayant changés, la section « double zéro » a été dissoute et Bond a quelques cheveux blancs. M le charge cependant d’une nouvelle mission : enquêter sur les rapports entre le terroriste international Franco et le physicien nucléaire Anton Murik. Bien sûr, les services secrets craignent une alliance entre les deux qui pourraient mener à la construction d’armes atomiques. Bond se voit dès lors charger d’infiltrer l’entourage de Murik en se faisant passer pour un mercenaire. Après une habile prise de contact, 007 débarque dans le château écossais de Murki, Laird de Murcaldy, et rencontre sa maitresse, l’entreprenante Mary Jane Maskhin, sa séduisante pupille, Lavander « Lala » Peacock, et son homme à tout faire, le colosse Caber.

Avec PERMIS RENOUVELE, John Gardner prend la succession de Fleming pour quatorze romans (auxquels s’ajoutent deux novelizations) dont huit furent traduits en français. Par la suite Raymond Benson poursuivit la saga, avant de se voir remplacé par Jeffery Deaver, Sebastian Faulks, William Boyd, Anthony Horowitz, etc.

La position de Gardner n’était pas spécialement enviable : continuer l’œuvre de Fleming (dont les derniers écrits dataient de plus de 15 ans) tout en intégrant l’univers cinématographique de Bond, nettement plus « parlant » pour les lecteurs des années ’80. Son Bond constitue donc, logiquement, un compromis entre la version littéraire et son avatar des grands écrans. Une nouvelle Q, version féminine (Qute ou Qcote en français), offre à l’agent ses inévitables gadgets, et le scénario reprend les grandes lignes des longs-métrages période Roger Moore, à savoir l’infiltration de Bond dans le repaire d’un savant génial qui menace le monde de la destruction nucléaire. Cependant le bonhomme agit ainsi pour démontrer les dangers de l’énergie atomique, ce qui lui confère une certaine ambiguïté malheureusement peu creusée par Gardner qui se contente d’en faire un grand méchant mégalomane archétypal. Les autres personnages se révèlent encore plus schématiques : Caber est une brute stupide, Mary Jane une « vieille peau » qui tente de séduire un Bond évidemment plus intéressé par la potiche Lala au corps forcément « merveilleux ». Comme dans tous les films, le méchant explique longuement son plan à Bond (alors que ce-dernier est soi-disant un simple mercenaire). 007 n’agit pas de manière beaucoup plus intelligente puisqu’il tente de s’évader, échoue à prévenir les autorités (eh oui pas de portable en cette époque reculée) et se retrouve dans la salle de torture de Murik. Du déjà vu et revu, tout comme le final modérément spectaculaire au cours duquel Bond stoppe avec une facilité déconcertante le plan machiavélique du génie du mal.

En apparence, le bilan apparait donc fort négatif mais, en réalité, cette lecture n’est pas désagréable. En dépit de nombreuses longueurs, le roman garde un bon rythme et maintient l’intérêt par ses nombreux rebondissements. Pour les inconditionnels de James Bond, PERMIS RENOUVELE possède donc suffisamment d’attrait pour se lire sans déplaisir quoiqu’il ne dépasse pas véritablement la moyenne des « romans de gare » d’espionnage qui pullulaient au cours des années 70 et 80. Rien de déshonorant mais rien de vraiment mémorable non plus.

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Rédigé par hellrick

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Publié le 19 Février 2018

ICI OSS 117 de Jean Bruce

Ecrit en 1949 voici la première aventure de Hubert Bonisseur de la Bath ici chargé, pour le compte d’une grande banque américaine, de retrouver des documents volés relatifs à une vente d’armes compromettantes.

Le scénario reste d’ailleurs flou sur la nature exacte des documents ou les pays impliqués dans la magouille, tout ça n’est pas très précis ou documenté, volontairement ou pas nous sommes loin du côté fouillé d’un SAS par exemple. A la manière d’un MacGuffin cher à Hitchcock cette quête des documents perdus se révèle donc surtout un prétexte à une aventure échevelée dans la grande tradition du « pulp » : femmes fatales, nymphette nymphomane, méchant sadique, séance de torture, héros pur et dur se sortant de toutes les situations avec le sourire,…Bref, de l’écriture au kilomètre mais avec un certain sens du rythme et de la formule : un pays du Golfe, le Panama, la Suisse,…toutes ces nations sont mêlées à une vente d’armes bidouillées par divers organismes financiers et qui intéressent plusieurs services secrets, donc les Etats-Unis. Hubert lui-même semble encore peu défini, il navigue entre l’agent secret et le détective (il se présente comme tel), escorté de son copain Pierre Dru, tous deux vétérans de la Seconde Guerre Mondiale et capables d’infiltrer les milieux interlopes de Paris.

L’enquête avance donc sur un rythme rapide, dans la pure tradition du roman de gare, loin d’une politique fiction complexe. Pour les lecteurs néanmoins largués, Jean Bruce se permet, exactement au milieu du roman, de récapituler en quelques pages tous les événements précédents.

Le style de l’auteur reste de son côté  impersonnel mais pas désagréable. Bruce s’adapte à son sujet et ne perd pas son temps en digressions inutiles ou descriptions longuettes, exceptés lorsqu’il détaille les anatomies féminines forcément magnifiques croisées par Hubert. L’utilisation d’un argot aujourd’hui bien daté s’avère cependant quelque peu pénible, cette gouaille de voyou typique de son époque étant à présent passée de mode.

On peut également sourire devant le comportement d’un Hubert ultra séducteur capable de tomber toutes les jeunes (voir les très jeunes !) femmes croisant sa route mais capable, grand seigneur, d’en laisser quelques miettes à son pote Pierre Dru. Une amitié solide comme le roc à laquelle il serait malvenu de trouver des connotations homoérotiques refoulées.

Evidemment, le souvenir des deux dernières adaptations cinématographique en date (après celles, plus sérieuses, des sixties) accentue le côté parodique de la lecture : ces films ne faisaient finalement que grossir un trait déjà bien épais, comme en témoigne les remarques distillées par l’auteur : « Hubert pensait aux seins pointus de Sonia et d’un doigt distrait caressait l’acier froid de son colt » ou encore « Elle ferait mieux de s’allonger plutôt que de chanter, le client serait plus satisfait et elle gagnerait davantage ». On imagine très bien Jean Dujardin déclamer ce genre de répliques en arborant un sourire de macho satisfait.

Bref, tout cela semble aujourd’hui désuet mais, entre coucheries encore soft (l’érotisme prononcé viendra plus tard avec la libération des mœurs), action mouvementée, péripéties attendues (Hubert et son copain coincé dans un immeuble en feu, identité du coupable) et violences gratuites le lecteur peut encore prendre plaisir à cette aventure divertissante et sans prétention.

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Rédigé par hellrick

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Publié le 8 Janvier 2018

SAS A ISTANBUL de Gérard De Villiers

En ces temps frileux où la moindre parole sexiste prend des proportions effarantes il est rafraichissant de se plonger dans le machisme satisfait de la plus célèbre des sagas d’espionnage. Car si SAS c’est tout d’abord un personnage, le prince hongrois Malko Linge, autrement dit Son Altesse Sérénissime, SAS c’est également – et surtout - une institution du roman de gare francophone et de l’espionnage. Créé en 1965 par Gérard de Villiers qui écrivit deux cents aventures de son héros jusqu’en 2013, soit près de cinquante ans de bons et loyaux services à la cause d’une espionnite réactionnaire et globalement divertissante.  

Que l’on aime (ou pas) le héros ou son controversé auteur, SAS A ISTANBUL reste une œuvre historique puisqu’il s’agit de la première aventure de Malko, lequel se voit défini comme un aristocrate désargenté acceptant de dangereuses missions afin d’amasser suffisamment de ressources monétaires pour restaurer son château décrépi. L’aristocrate aventurier possède un charme indéniable dont il use abondamment, à la manière de James Bond (si Malko fait plusieurs conquête la série n’a pas encore sombré dans le porno envahissant des titres ultérieurs et demeure sobre au rayon de l’érotisme) et une mémoire fabuleuse qui lui permet de retrouver facilement une information lue bien des années auparavant. Cette aptitude originale, elle aussi, sera rarement mentionnée par la suite. Dans cette première aventure, Malko n’est d’ailleurs pas vraiment un homme d’action, plutôt un stratège qui enquête, rassemble des faits, et laisse ses hommes de main accomplir le sale boulot. La série, là aussi, évoluera pour se conformer davantage aux normes du roman d’action / espionnage durant les décennies ultérieures où le prince fera le coup de poing à intervalles réguliers.

Avec SAS A ISTANBUL nous sommes encore en pleine guerre froide : après la destruction d’un sous-marin américain dans le détroit du Bosphore, un submersible non identifié est coulé en représailles. Peu après, le corps d’un marin russe est découvert sur la plage d’Izmir. Les services secrets de divers pays vont alors tenter de récupérer des documents compromettants. Une poignée de personnages jouent double jeu tandis que d’autres sont simplement éliminés au fil des pages, abattus par des agents rivaux. SAS Malko Linge débarque en Turquie pour enquêter sur cette affaire qui pourrait compromettre la paix mondiale.

Avec ses clichés mais aussi son rythme enlevé et son intrigue relativement complexe, SAS A ISTANBUL (un titre qui évoque immédiatement les longs-métrages d’espionnite de la fin des sixties) constitue un bon moyen de passer trois ou quatre heures de son temps. Le héros s’y révèle plutôt sympathique et attachant, loin de l’image du surhomme « sex machine » qu’il deviendra quelques années plus tard. De Villiers, pour sa part, évite les conventions et n’a pas encore sombré dans sa propre caricature à la manière des romans ultérieurs, plaisants mais bien trop mécaniques pour passionner : un quart d’ultra violence, un quart de sexe, un quart de péripéties façon guide du routard et un quart de considérations géopolitiques que ses détracteurs trouveront toujours « nauséabondes ».

Dans les limites de la littérature de gare, SAS A ISTANBUL fonctionne agréablement et s’appuie sur une écriture simple mais fluide et efficace, soucieuse de ne pas générer de temps morts mais, au contraire, de proposer des rebondissements et quelques touches humoristiques au sein d’un récit bien balancé. De quoi donner envie de poursuivre la lecture des titres ultérieurs, du moins ceux parus jusqu’à la fin des sixties, avant le grand basculement dans le sexe balisé et la violence outrancière.

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Rédigé par hellrick

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Publié le 19 Mai 2017

CHERRY O CHEZ MAO de Glen Chase

La saga de CHERRY O, alias « Cherry Delight, Sexecutioner » (tout un programme) fut un classique des halls de gare durant les années ’70 au même titre que le similaire O.S.S.E.X. (autrement dit « The Lady from L.u.s.t ».) Ces deux séries étaient écrites respectivement par Glen Chase et Rod Gray. En réalité, un seul homme se dissimulait derrière ses deux pseudonymes : Gardner Fox, personnalité incontournable du comic-book américain.

Gardner Fox participa, en effet, à la conception de quelques-uns des plus célèbres super-héros de l’éditeur DC Comics, notamment Hawkman, The Flash, Doctor Fate, Batgirl ou encore Sandman, sans oublier la création de la Justice League. On lui doit aussi l’écriture, en 1961, de ce qui reste une des plus célèbres aventures du Flash avec l’excellent « Flash of two worlds » qui introduisait le concept du multivers devenu central au cours des décennies suivantes pour le monde DC. Fox rédigea aussi de nombreuses nouvelles pour les pulps, fut publié par Weird Tales et créa un musculeux émule de Conan en la personne du barbare Kothar.

Est-il donc étonnant de le retrouver à la tête de deux sagas de sexpionnage, autrement dit d’un mélange très roman de gare entre l’espionnage à la James Bond, l’érotisme exotique façon porno chic et une légère science-fiction ponctuée d’une violence décomplexée ? Pas vraiment tant ce sous-genre fut populaire durant les années ’70, résultat conjoint de la libération des mœurs, de l’arrivée du cinéma X et du succès de l’agent 007.

Dans cette nouvelle aventure, Cherry O, agent du SPASM (le Service Spécial anti maffia et anti stupéfiant, rien que ça !) doit retrouver les trois meurtriers d’un agent secret. Si les deux premiers sont facilement éliminés, le dernier se trouve en Chine communiste (horreur !) où il s’associe avec la secte Tongs pour tenter de mettre la main sur le fabuleux trésor du Khan (celui-là même que le Dirk Pitt finira par trouver bien des années plus tard sous la plume de Clive Cussler). Sur place, Cherry O retrouve un autre espion du SPASM, Derek Guyfford, afin de boucler sa mission et de déboucler sa ceinture.

Classique, CHERRY O CHEZ MAO déroule une histoire de traque déjà lue et relue dans le domaine de l’espionnage. Le récit s’avère donc sans surprise mais relativement plaisant dans sa narration très feuilletonesque. Si ce n’est pas vraiment de la grande littérature, on ne voit pas le temps passer et c’est le principal objectif de ce genre de bouquins aussi tassés qu’un bon café (moins de 200 pages) que l’on lisait auparavant le temps d’un trajet de train et aujourd’hui d’une soirée puisque « la littérature de gare n’existe plus : les plus longs voyages durent trois heures et les voyageurs regardent un film sur leur tablette plutôt que d’ouvrir un bouquin ».

Au fil des pages, la Rousse explosive et nymphomane détaille ses turpitudes sexuelles, lesquelles occupent un bon tiers du roman avec toutes les figures imposées : duo, scène saphique, orgie, etc. L’auteur y ajoute un certain humour pince sans rire, une pointe bienvenue d’anticommunisme, un soupçon d’exotisme façon guide touristique et une large rasade de tortures. Un ensemble plaisant, sans prise de tête et finalement assez amusant, beaucoup moins sérieux ou politisé qu’un SAS mais tout aussi divertissant pour les amateurs d’action virile. De là à lire toute la série qui compte trente-sept titres (dont certains ne furent d’ailleurs pas écrits par Fox mais par les « traducteurs » de l’édition française) il y a cependant un pas…

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Rédigé par hellrick

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