Publié le 14 Septembre 2021

LE TEMPS FUT de Ian McDonald

La collection « Une Heure Lumière » nous propose un nouveau court roman fort réussi. Le thème est intrigant : un bouquiniste, Emmett Leigh, entre en possession d’un recueil de poésie intitulé « Le temps fut ». Celui-ci est accompagné d’une lettre d’amour datant de la Seconde Guerre Mondiale écrite par Tom à un certain Ben. Emmett va tenter d’identifier les deux soldats amoureux : il finit par les localiser à différentes périodes de l’Histoire. Aurait-il découvert des voyageurs temporels ?

Bien ficelé, LE TEMPS FUT n’est pas – loin de là – d’une originalité renversante. Le thème du quidam découvrant un « secret » en fouillant des archives s’avère classique, le déroulement également, tout comme les références obligées à la pop culture science-fictionnelle. Expérience militaire délirante (à la « Philadelphia Experiment », fait divers supposé authentique adapté en film dans les 80’s), conspirationnisme et ufologie à la « X-Files »,…Même le dénouement se montre relativement attendu et prévisible, une logique « en boucle » déjà adoptée par des récits antérieurs (par exemple le fameux « Vous les zombies » de Heinlein).

Pourtant, le bouquin fonctionne de belle manière car l’auteur possède une science consommée de l’intrigue avec suffisamment de rythme et de rebondissements pour maintenir l’intérêt du lecteur. Les personnages sont, eux, bien typés, et le mélange de romance gay et de science-fiction, l’alternance entre passages épistolaires et enquête menée par le héros, tout cela est fort réussi. Le roman ne se perd pas en route, l’auteur se limitant à moins de 150 pages, ne livrant donc pas toutes les clés ni toutes les explications mais brossant un tableau général, légèrement incomplet (ou du moins qui laisse dans l’ombre certains événements), afin de captiver le lecteur tout en lui laissant la possibilité de gamberger sur le récit proposé.

Une novella de qualité supplémentaire à l’actif de cette collection incontournable !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #science-fiction, #LGBT

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Publié le 13 Septembre 2021

ACCURSED de Guy N. Smith

Guy N. Smith, spécialiste des agressions animales, s’attaque ici à la malédiction des pharaons. Un vieux prêtre anglais, ayant ramené deux momies d’Egypte, accompagnées par la maléfique amulette de Seth, les réenterre dans la campagne anglaise. Les années passent. Milieu des années ’80, la peur de l’holocauste nucléaire pousse George Brownlow a construire un abri antiatomique. En creusant, George découvre l’amulette et tombe en son pouvoir…

Si ACCURSED traite de momies et de malédictions égyptiennes, le principal focus reste la famille du principal protagoniste et la manière dont ses membres subissent l’influence maléfique de l’artefact exhumé. Les plaies d’Egypte frappent la région et la folie s’empare de ce petit coin tranquille d’Angleterre, l’intrigue rappelant quelque peu LA COULEUR TOMBEE DU CIEL dans sa manière d’envisager la lente progression du surnaturel. Le contexte de la Guerre Froide et l’escalade de la course à l’armement permet pour sa part de varier les événements. Cette période s’impose d’ailleurs comme un background intéressant, la descente dans la folie de la famille au centre du récit s’opérant en parallèle avec la possible apocalypse nucléaire annoncée.

Bref, Guy N. Smith propose ici un roman agréable, qui débute de manière très traditionnelle pour dévier ensuite vers une épouvante plus moderne et davantage psychologique. Moins outrancier que la majorité de ses romans (on se souvient des excès gore de NIGHT OF THE CRABS ou BATS OUT OF HELL), voici une facette plus mesurée du talent de l’auteur a concocter de petits romans bien emballés qui souffrent certes de faiblesses manifestes (le texte trahit parfois la précipitation d’un auteur peu enclin à se relire et surtout pressé de terminer un récit visant l’efficacité maximale) mais démontrant également son art de torcher de petits page-turners horrifiques efficaces. Plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur

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Publié le 10 Septembre 2021

HOBGOBLIN LIVES! de Roger Stern

Le Hobgoblin (ridiculement baptisé Super Bouffon chez nous) reste un des vilains majeurs du roaster de Spiderman et un des derniers grands adversaires (avec Venom évidemment) apparu après la période faste qui vit la naissance des Sinister Six et de la plupart des criminels « classiques ».

Plusieurs personnages ont portés le costume. Dans ce récit, Jason Macendale, alias Jack O Lantern, le deuxième Hobgoblin, révèle au public l’identité du premier, le décédé Ned Leeds. Mais Spiderman n’y croit pas. Il mène l’enquête et tente de protéger la veuve de Ned, Betty, tandis qu’un autre Hobgoblin refait surface. La guerre des Goblins est déclarée lorsque Norman Osborn s’invite dans la danse…

Bien ficelé (en dépit de quelques passages plus discutables ou moins inspirés), HOBGOBLIN LIVES ! se déploie sur trois chapitres denses et efficaces, à l’intrigue bien charpentée, qui culminent par la révélation finale de la véritable identité du Hobgoblin, un mystère qui a quand même perduré une quinzaine d’années dans la Maison des Idées et ouvert la porte à toutes les spéculations, des plus probables aux plus délirantes (genre Tante May).

Si ce récit est efficace au niveau de la narration, les dessins sont également fort jolis : réussis et quelque peu rétros, brefs typiques de leur époque mais sans les défauts les plus flagrants de cette période (musculature à la Schwarzy de tous les protagonistes mâles et nichons à la Pamela de toutes les femelles).

La seconde histoire, « Goblins at the gate » poursuit de manière sympathique la saga du Goblin en faisant intervenir, outre Hobgoblin, un nouveau Green Goblin et un Norman Osborn plus manipulateur que jamais. Là aussi, l’intrigue est globalement solide malgré quelques facilités. Le trait précis convient parfaitement et le comics assure le divertissement escompté, ce qui est le principal.

Bref, cette (double) très bonne histoire se savoure avec plaisir près d’un quart de siècle après sa première publication et rend nostalgique d’une époque imaginative et foisonnante de l’histoire de Marvel.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Spiderman, #Superhéros, #Marvel Comics

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Publié le 6 Septembre 2021

LA SORCIERE DES NEIGES (UN LIVRE DONT VOUS ETES LE HEROS) de Ian Livingstone

Le roman-jeu débute de manière simple : il faut trouver et tuer un Yéti. Ce qui ne nécessite qu’une poignée de pages. Ensuite, le gros de l’intrigue consiste à trouver la Sorcière des Neiges

La difficulté est importante. Il est nécessaire de posséder une haute habileté, une grande endurance et pas mal de chance. Cela se corse lorsqu’on se rend compte que tout cela diminue rapidement. Les ennemis sont, en effet, nombreux et relativement coriaces. Les pièges, avalanches, chute d’acide et autres embûches demandent, elles, de tenter la chance à de nombreuses reprises. Choisir la potion de bonne fortune semble donc un bon choix mais il faudra gérer ses provisions pour regagner l’endurance perdue et compter sur de bons jets de dés lors des combats. Bref, il faudra surement trois ou quatre tentatives (au minimum) pour espérer réussir. L’originalité est le combat contre la Sorcière qui, contrairement à la majorité des « Livres dont vous êtes le héros », ne signifie pas la fin de l’aventure : il faudra encore s’échapper de son repaire et survivre à un sortilège de mort. Le bouquin effectue de nombreux clins d’œil aux titres antérieurs, dont le premier « Défis fantastiques », le célèbre SORCIER DE LA MONTAGNE DE FEU. Pour espérer triompher plusieurs objets seront nécessaires (sans spoiler la Sorcière est une vampire), d’autres largement conseillés pour survivre aux différentes épreuves. Le lecteur / joueur trouvera des alliés au cours du périple. Certaines armes seront également bien utiles, de même que différents disques lors du combat contre la Sorcière revenue à la vie.

Le romancier étant grand cœur, il est conseillé de sauver ceux qui peuvent l’être, de donner de l’argent aux mendiants, de payer le passeur, d’écouter ce que les inconnus rencontrés ont à dire, etc.

Une fois la Sorcière battue, une certaine lassitude peut poindre : il s’agit encore de parcourir des souterrains, de trouver la sortie puis de retrouver un Guérisseur susceptible de sauver le lecteur avant qu’une malédiction ne le conduise au trépas.

L’aventure est intéressante, avec une première partie au climat glacial bien rendu (blizzard, risque de mourir gelé, etc.) mais la toute fin peut agacer par la répétition des scènes (choisir un chemin, explorer – ou pas – au risque de tomber sur un monstre bien difficile à battre ou un élément indispensable à sa survie) et son aspect très conventionnel, pour ne pas dire archétypal, des « Livres Jeux » médiéval fantastiques.

On passe un bon moment mais sans qu’une idée véritablement originale ne permette d’élever cette SORCIERE DES NEIGES au-dessus d’une bonne moyenne pour une longue après-midi de lecture / divertissement.

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Publié le 5 Septembre 2021

CHOOSING DEATH: L'HISTOIRE DU DEATH METAL ET DU GRINDCORE d'Albert Mudrian

Le sous-titre ne saurait être plus explicite : ce copieux bouquin retrace l’histoire du death-metal et du grindcore. Début des années 80, le heavy metal franchit un palier dans l’agressivité avec Slayer, Venom, Bathory, Mercyful Fate, etc. Leur musique, mais aussi leur imagerie sataniste et leurs paroles « choquantes » servent de terreau à des groupes de jeunes ados énervés qui écoutent également des tonnes de punk rentre-dedans à la Chaos UK, Exploited, G.B.H. et autres.

Ces jeunes montent à leur tour des groupes qui combinent ces deux tendances, souvent dans des morceaux très courts à la technique rudimentaire. Les vocaux grognés complètent la volonté d’extrémisme. Napalm Death, Siege, Extreme Noize Terror lancent la vague punk / death / hardcore / grind…L’effervescence s’empare de la scène metal extrême alors que le Hair / FM triomphe sur MTV. Chacun se lance dans la danse, à coup de nouveaux groupes au line-up fluctuent et au talent d’instrumentiste souvent peu concluant. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. 

Des labels se créent (Earache, Roadrunner,…), les fers de lance du mouvement apparaissent (et sont pour la plupart toujours là plus de trois décennies plus tard) : Morbid Angel, Obituary, Sepultura, Unleashed, Grave, Carcass,…Les majors courtisent même les groupes les plus prometteurs en espérant des ventes impossibles à atteindre vu la rugosité de leur musique. D’où des contrats absurdes pour que les cadors du vacarmes ne sortent des albums à la fois extrêmes et accessibles. La stagnation gagne. Beaucoup jettent l’éponge, se rendant compte qu’ils ne progressent pas, que du contraire : leur troisième ou quatrième album sont souvent moins réussis, moins efficaces et moins vendeurs que leur premier ! Certains teintent leur musique d’industriel, ralentissent le tempo, se laissent tenter par davantage de mélodies, de lourdeur gothique / doom, voire inventent le « death & roll » à la Entombed. La scène se scinde entre les tenants de l’agressivité punk qui rejettent toute innovation et les mastodontes comme Death qui choisissent la voie mélodique / progressive. Mais le soufflé retombe, balayé par le grunge et le black symphonique avant de connaitre une résurrection inespérée sous une forme plus aboutie et mélodique avec Paradise Lost, Arch Enemy, etc.

Le bouquin revient sur cette période bouillonnante faite de compétition amicale (qui allait jouer le plus vite et le plus fort ?), d’échange de cassettes introuvables, de line-up impossible à stabiliser et d’anecdotes rigolotes (le public de Napalm Death qui gueule « trop long » ou « arrêtez cette merde de prog rock » dès qu’un titre dépasse 30 secondes).

L’auteur revient longuement sur la montée en puissance du death dans la seconde moitié des 80’s, son apogée au début des 90’s et son déclin (avant, happy end, son retour plus fort que jamais !). Le tout est conté de manière très vivante avec des tonnes d’interviews et de citations. Une plaisante lecture si on apprécie un tant soit peu cette musique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Musique, #Heavy Metal, #Punk Rock

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Publié le 3 Septembre 2021

BATMAN REBIRTH TOME 12: LA CITE DE BANE

La conclusion de l’arc et du travail de Tom King entamé voici bien longtemps, plus précisément avec le lancement de « Rebirth » en 2016. Du coup, le lecteur a pu suivre le scénariste le long d’une bonne centaine d’épisodes variablement inspirés. Dire qu’il y a une trentaine d’années la norme était encore de conclure son récit au terme des 22 pages mensuelles.

Bruce Wayne a été abandonné à son triste sort par Thomas, son père venu d’un monde parallèle. Bane s’est imposé comme chef suprême de Gotham sans que cela ne perturbe vraiment les autorités : le super vilain, soutenu par Lex Luthor et épaulé par une petite armée de méchants, a rétabli l’ordre à Gotham, ce que Batman n’avait jamais réussi à accomplir. Du coup, Gotham est devenu « sa » cité. Tout a l’air tranquille et sécurisé mais, évidemment, en réalité rien ne fonctionne vraiment dans le nouveau monde de Bane. Du coup le Batman reprend les armes, accompagné de Catwoman, pour récupérer sa ville.

La conclusion se montre, cette fois, à la hauteur en dépit d’une certaine tendance à tirer en longueur (onze chapitres seront nécessaires à boucler cette CITE DE BANE qui propose la conclusion de toutes les sous-intrigues développées depuis plus de trois ans).

Le run de Tom King s’avère, au final, intéressant en dépit d’un début plutôt pataud (les 4 ou 5 premiers volumes sont inégaux, aux mieux potables, au pire sans grand intérêt) mais l’intrigue s’améliore au fil du temps et ouvre un vaste univers qui récapitule les événements marquants (la rencontre de Bruce et Sélina, le KNIGHTFALL et le FLASHPOINT) tout en préparant la suite. Le scénariste nous offre également la mort d’un personnage central ce qui donne toujours un bon coup de pied dans le statu quo (jusqu’à ce qu’il soit – on le suppose – rétabli).

Les dessins sont, eux, majoritairement grandioses avec de très beaux décors, des couleurs et une lumière parfaitement « eye candy » et une « iconisation » adéquate du duo Batman / Catwoman.

Si de menus bémols sont présents, ils n’entament guère la réussite d’un comics hautement réjouissante à savourer d’une traite pour bien en apprécier l’intrigue complexe et enchevêtrée qui joue avec la chronologie pour offrir une grande fresque qui fait honneur à des héros légendaires.

BATMAN REBIRTH TOME 12: LA CITE DE BANE
BATMAN REBIRTH TOME 12: LA CITE DE BANE

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Batman, #DC, #Superhéros

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Publié le 2 Septembre 2021

VOYEUR de Joel Houssin

Joel Houssin a toujours aimé ruer dans les brancards, que ce soit avec sa saga du DOBERMANN, celle (sous pseudo) des SCUM ou encore ses gore, parmi les plus crades de la collection (en particulier L’ECHO DES SUPPLICIES).

Avec ce roman, publié chez Anticipation, il se lance dans une étude de personnage, celui d’un voyeur obsédé sexuel qui fréquente les quartiers chauds parisiens et recourt aux services de prostituées. Pendant les deux premiers tiers, le livre donne surtout dans un érotisme assez malsain, avec quelques scènes bien senties, comme la visite du héros chez une dominatrice. Cette-dernière n’y va pas avec le dos de la cuillère (mais utilise adroitement une chaine). Le principal protagoniste évolue donc dans un univers très sexué et fétichiste : il évalue de manière quasiment scientifique la courbe des seins, l’écartement des cuisses, la forme d’un pied, achète des chaussures portées par une prostituée à la démarche excitante, etc.

Les aspects science-fictionnels, eux, sont d’abord présents en demi-teinte et le lecteur ne comprend que progressivement la réalité dévoilée avec cet extraterrestre métamorphe bien particulier doté de particularités étonnantes. Cette partie SF, plus restreinte, émerge par à coup, de manière quasiment poétique grâce à la faculté de la créature de prendre différentes formes, ce qui donne lieu à une poignée de passages surréalistes de bon aloi.

Original, VOYEUR infuse donc la science-fiction (tendance pré-X Files) avec un érotisme franc du collier pour aboutir à un cocktail pas toujours pleinement convaincant (l’auteur semble hésiter un peu trop sur la direction à emprunter et les contraintes de pagination l’oblige à accélérer le rythme dans la seconde moitié) mais globalement intéressant et agréable à savourer.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #science-fiction

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