whodunit

Publié le 17 Janvier 2021

UN MEURTRE EST-IL FACILE? d'Agatha Christie

Dans l’esprit des « Miss Marple » (il fut d’ailleurs adapté dans le cadre de la série Miss Marple de 2009), voici une plaisante enquête au cœur d’un petit village anglais, théâtre idéal pour un (ou plutôt des) cozy murder(s). Le début de l’intrigue se montre immédiatement original et intrigant. Le héros, Luke, rencontre une vieille demoiselle, la mal / bien nommée apprentie détective Pinkerton, laquelle se rend à Scotland Yard pour y raconter ses soupçons à l’encontre d’une personnalité bien connue de son village. La vieille dame affirme, en effet, qu’une série de morts supposées accidentelles cache, en réalité, des meurtres commis par la même personne qu’elle se refuse à nommer. Luke prend tout cela pour des fariboles mais, peu après, il apprend que miss Pinkerton a été renversée par un chauffard ayant pris la fuite…Et si elle avait eu raison ?

Roman typiquement british dans la tradition d’Agatha Christie, UN MEURTRE EST-IL FACILE aurait pu être la dernière enquête de Miss Marple tant la Pinkerton rappelle la vieille demoiselle. Mais, cette fois, celle-ci meurt avant d’avoir pu résoudre le mystère, laissant l’enquête à un homme rencontré, par hasard, dans un train.

L’ambiance campagnarde est, comme toujours, bien rendue, avec ce fond de superstitions qui trainent dans la région, permettant au héros, Luke, de venir enquêter incognito en prétextant l’écriture d’un livre sur le surnaturel, ce qui donne un petit cachet supplémentaire au récit imprégné des légendes locales. Le roman se base également sur une série de meurtres tous, au départ, considérés comme accidentels. Les suspects principaux sont le très maniéré Lord Whitfield, le major Horton dont l’épouse est morte d’une gastrite suspecte, le docteur Geoffrey Thomas, l’avoué Abbott, passionné de courses de chevaux et Ellsworthy, un antiquaire qui organise des cérémonies pas très catholiques au bien nomme Pré aux sorcières.

Comme toujours, l’enquête s’avère rondement menée, les pistes sont adroitement disséminées pour orienter le lecteur dans la bonne direction et, comme l’auteur joue franc-jeu, il est possible de deviner une grande partie de la solution juste avant le principal protagoniste. Mais quelques révélations supplémentaires viendront éclairer la résolution dans les dernières pages. Un très bon policier classique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 28 Décembre 2020

ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE de Marcel Lanteaume

Marcel Lanteaume reste un écrivain très mystérieux et aujourd’hui hélas oublié. Né en 1902 (et décédé en 1988), il écrira plusieurs romans policiers pour distraire ses compagnons de Stalag entre 1940 et 1942. Après-guerre, trois d’entre eux furent publiés dans la collection « Le Labyrinthe » mais souffrirent de ventes insuffisantes. Le romancier cessa alors d’écrire et, selon la légende (et son fils), détruisit alors au moins cinq manuscrits ! Des trois romans existants, l’un reste quasiment introuvable (LA 13ème BALLE), les deux autres ayant été réédités au Masque à la fin des années ’90.

ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE constitue un parfait exemple de « chambre close » : deux frères, Marc et Edgar Kuss, invitent quelques personnes, dont le détective privé Bob Slowman et son biographe Charles Termine à diner. Une amie des frères, l’actrice américaine Gertrud Ross, est également de la partie. Mais la jeune femme, enfermée dans la salle de bain, est brutalement assassinée alors que pièce ne comporte aucune issue excepté une porte constamment surveillée par les convives. Slowman mène l’enquête et découvre que la maison servait jadis à des cultes sataniques. De plus un ancien amant de Gertrud, « initié » aux arts noirs, voulait sa mort. Tout comme un mystérieux « club des 9 », un réseau d’espionnage à qui Gertrud a dérobé d’importants documents. Ou encore José Montero, un gangster que la belle avait doublé ! Si les suspects ne manquent pas, restent à déterminer qui est l’assassin, et surtout comme il a pu agir.

Après un excellent démarrage, l’enquête patine un peu et le lecteur peut se sentir quelque peu dérouté, voire perdu, devant la multiplication des personnages et de leurs mobiles. Heureusement Bob Slowman (avatar transparent de l’auteur Lenteaume) nous offrira quelques belles démonstrations de son talent, avec, en outre, l’explication d’un fameux numéro d’illusionniste. Si la partie centrale du roman reste en deçà de son entrée en matière fracassante et de sa conclusion, elle reste, toutefois, agréable à lire.

Le meurtre impossible en chambre – pardon, en salle de bain ! – close se verra finalement et logiquement expliqué dans les dernières pages. Beau joueur, l’écrivain avait offert, peu avant, un énorme indice afin d’orienter le lecteur vers l’explication. Mais le familier du genre avait probablement deviné l’essentiel assez rapidement : il est, en effet, vite évident qu’une seule solution est possible. Car, c’est le paradoxe (ou pas ?) du genre : plus la situation parait inextricable et moins il existe de possibilité réelle pour le criminel d’avoir procédé pour commettre son méfait. Lorsqu’une pièce est « simplement » close le problème se montre, au final, plus compliqué à résoudre que lorsque l’auteur multiplie les impossibilités : une pièce petite, sans cachette possible, sans fenêtre, dont l’unique porte d’entrée est surveillée par plusieurs témoins dignes de foi. En appliquant la méthode dite de « Sherlock Holmes » et en étant attentif aux indices dissimulés (mais relativement transparent) par l’auteur, le lecteur devrait parvenir à résoudre le mystère. L’écrivain prend d’ailleurs la peine d’inclure un de ses fameux défis, si cher à Ellery Queen, pour lui signaler le moment où, ayant tous les indices en sa possession, il peut découvrir le qui, le comment et le pourquoi.

Si ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE reste en deçà de TROMPE L’ŒIL, le 3ème roman de Lenteaume à la solution stupéfiante, il n’en demeure pas moins un classique francophone du crime en chambre close.

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Publié le 6 Décembre 2020

LES MAGICIENS DU CRIME de Roland Lacourbe

Roland Lacourbe, grand spécialiste des crimes impossibles, des meurtres en chambre close et des énigmes insolubles, propose une nouvelle anthologie de 20 nouvelles consacrées aux prestidigitateurs. Car quels personnages sont les plus à même de résoudre les assassinats étranges que ces spécialistes du détournement d’attention, du truc et astuce et des tours de passe-passe ? Le recueil se divise en trois sections : « magiciens criminels et magiciens détectives », « sur les traces d’Houdini » (autrement dit on va parler d’évasions impossibles) et « Occultisme et charlatans », à chaque fois précédées d’un article d’une dizaine de pages signé Lacourbe.

Le livre s’ouvre donc sur « le maitre du temps » de Rafael Sabatini (auteur de « L’aigle des mers » et « Scaramouche ») un récit historique intéressant consacré au célèbre Cagliostro. Plus classique, Clayton Rawson propose avec « Meurtre sans assassin » une enquête du magicien détective Merlini (par la suite reprise dans le recueil du Masque dédié à Merlini). Une histoire de soucoupes volantes et de petits hommes verts amusante avec un coupable évident mais un procédé particulièrement inventif et ingénieux. Joseph Commings, spécialiste du crime impossible, livre « la balle ensorcelée » et « la malédiction d’Othello », deux jolies réussites quoique le modus operandi soit un peu aléatoire et nécessite une bonne dose de chance pour fonctionner…qu’importe, l’amateur ne cherche pas la vraisemblance mais plutôt l’inventivité dans le procédé.

Parmi les autres nouvelles on signale, dans la partie consacrée aux évasions impossibles, le macabre « L’ultime évasion » que l’on imagine facilement transposé dans les pages des « Tales from the crypt » ou encore l’efficace « le moment de décision » et sa conclusion sous forme de point de suspension efficace.

Enfin, au rayon « occulte », c’est encore une fois John Dickson Carr qui emporte le morceau avec « la mort dans les ténèbres », crime impossible fort bien ficelé perpétré durant une séance de spiritisme. La narration, sous forme de pièce radiophonique, rend le récit très haletant et efficace.

Joseph Commings clôt cette anthologie avec sa troisième participation, « Le spectre sur la terrasse » dans lequel il se surpasse niveau impossibilité : apparition de fantôme, lévitation, double spectral, téléportation,…Les explications tiennent la route et démontrent l’ingéniosité de l’écrivain.

Trop inégal, LES MAGICIENS DU CRIME n’est sans doute pas la meilleure anthologie de Lacourbe mais le thème général de la magie et de la prestidigitation s’avère intéressant et finalement pas aussi souvent traité qu’on le pense dans la littérature d’énigme. Whodunit et tour de passe-passe ont pourtant beaucoup en commun dans l’art de la misdirection et dans la manière de cultiver une atmosphère de merveilleux et de fantastique. Ce recueil de nouvelles reste donc recommandable pour l’amateur de crime impossible et de délit mystérieux.

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Publié le 12 Novembre 2020

20 DEFIS A L'IMPOSSIBLE de Roland Lacourbe & Robert Adey

Roland Lacourbe a déjà proposé de nombreuses anthologies consacrées aux crimes parfaits, aux meurtres en chambre close et autres actes criminels impossibles. Avec l’aide du spécialiste Robert Adey il rassemble ici une série de nouvelles destinées « aux amateurs d’insolite ».

Le gros volume se divise en plusieurs sections aux titres accrocheurs : « chambres closes et crimes impossibles », « situations énigmatiques », « malédictions » « disparitions mystérieuses » et « crimes à distance ». Soit 20 récits étalés sur 450 pages et accompagnés d’un bien pratique dictionnaire des auteurs puisque les anthologistes ont compilés des écrivains bien connus mais aussi d’autres nettement plus obscurs.

A tout seigneur tout honneur, le maître incontesté du crime impossible, John Dickson Carr, s’illustre par « la malédiction de la lampe de bronze » et « la chose dans la piscine », deux pièces radiophoniques agréables. Joseph Commings et Edward D. Hoch, deux autres grands spécialistes, offrent également des nouvelles de bonne tenue, tout comme le maître français Paul Halter avec une histoire de voyance efficace, « la Hache », inspirée de faits réels. Autre grand nom francophone, le vénérable Pierre Boileau imagine un « crime en sursis » réussi.

Dans les noms connus (du moins des amateurs du genre) on retrouve encore John Lutz avec le plaisant mais prévisible « Un métier de chien » et C. Daly King avec « Le codex maudit » mettant en scène Travis Tarrant, détective spécialisé dans le surnaturel.

Au rayon des découvertes récentes (comme quoi le genre n’est pas mort en dépit de la prédominance du roman noir social !), Susanna Gregory livre avec « Terreur au pôle » un excellent récit que l’on pourrait situer entre DIX PETITS NEGRES et le film « The Thing ». Edward Marston, de son côté, propose une nouvelle fort amusante dans laquelle la statue de Nelson est remplacée par celle de Napoléon, un vrai « Coup de Trafalgar » à savourer.

Bien sûr, comme toute compilation de ce style, certaines nouvelles s’avèrent moins réussies, plus prévisibles ou tombent un peu à plat. Mais, dans ces 20 DEFIS A L’IMPOSSIBLE le lecteur friand de whodunit ou plutôt de howdunit picorera avec bonheur. Globalement satisfaisant et divertissant, comme toutes les anthologies de Lacourbe.

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Publié le 6 Novembre 2020

FER DE LANCE de Rex Stout

Publié en 1934, FER DE LANCE marque la première apparition du détective Nero Wolfe, quinquagénaire agoraphobe excentrique obèse et amateur d’orchidée, et de son homme de main, Archie Goodwin, narrateur de ses enquêtes. Vu le succès, la série se poursuivra au long de 33 romans et de nombreux recueils de nouvelles et novellas et ce jusqu’en 1975. Deux films (dans les années ’30) et quatre séries télé plus tard, Nero Wolfe est un des détectives majeurs du whodunit américain. Une de ses investigations, ON SONNE A LA PORTE, occupe même la 66ème place de la liste des meilleurs romans policiers établie par les Mystery Writers of America. La série entière reçue également la distinction de « meilleure série policière de tous les temps ».

Cette première énigme, en pleine prohibition, voit Nero recevoir une cliente, Maria Maffei, qui lui demande de retrouver Carlo, son frère disparu. Celui-ci a été poignardé et sa mort parait liée à celle d’un riche recteur d’université, Peter Oliver Barstow, mort mystérieusement sur un terrain de golf.

Vu la réputation de la série, la déception domine à la lecture de FER DE LANCE. Le roman, beaucoup trop long pour son propre bien (et pour le peu qu’il raconte), avance à un rythme paresseux et l’intrigue, alambiquée (mais dans le mauvais sens du mot pour un policier classique !), peine à passionner. Les personnages sont certes typés et mémorables mais, là aussi, Nero Wolfe apparait comme outré, sorte d’assemblages d’excentricités visant à le rendre le plus étrange possible. Les échanges verbaux entre Nero et son assistant font, parait-il, le véritable sel de leurs enquêtes. Admettons. Dans FER DE LANCE le lecteur a surtout l’impression de recevoir un tas de passages verbeux et souvent soporifiques conduisant, au final, à une série de révélations qui paraissent surtout sorties du chapeau de l’énorme détective.

En dépit de tous les défauts de cette mixture indigeste de « détection en fauteuil » et de polar « hardboiled », FER DE LANCE donne cependant envie de poursuivre la saga afin de se forger une opinion plus définitive sur ce « monument » du policier US. Mais ce premier roman s’avère trop médiocre et languissant pour emporter l’adhésion. Pas franchement recommandé donc…

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Polar, #Policier, #Whodunit

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Publié le 2 Novembre 2020

UN BEL ENDROIT PRIVE de Ellery Queen

Pour sa dernière enquête et le dernier roman piloté par les deux cousins derrière le pseudonyme, Ellery Queen quitte la scène avec les honneurs bien que le livre ne soit pas à la hauteur des grands classiques des années ’30.

Nino Importuna, très riche et superstitieux vieillard obsédé par le chiffre 9, est assassiné lors du cinquième anniversaire de son mariage avec Virginia Whyte, très jeune et très belle demoiselle sur laquelle les soupçons se portent immédiatement, d’autant qu’on murmure qu’elle a une aventure avec Peter Ennis, le secrétaire de son époux décédé. Cependant Ellery Queen pense que la solution de l’énigme est plus complexe et qu’il pourra la trouver en résolvant différents indices liés au fameux « 9 ». Pour Ellery, comme pour le lecteur, il importe d’isoler le véritable indice dissimulé dans une floppée d’informations bizarres qui confèrent au roman son côté quelque peu déjanté et outrancier.

Assez amusante, l’intrigue parait néanmoins « capilotractée » à plaisir, transformant un scénario basique en une succession de saynètes étranges liées au chiffre 9. Ellery Queen renoue avec la manière de procéder de ses romans des années ’30 construits autour d’un puzzle en apparence fantastique mais que le détective finit par rendre logique. Ici, avouons-le, la construction reste habile mais nécessite une bonne dose de suspension d’incrédulité et les mécanismes coincent parfois sur les détails assemblés de manière un peu trop artificiels pour convaincre. Le casting de protagonistes se montre, heureusement, intéressant et ils sont tous « vivants » et bien typés, ce qui compense leur nombre restreint. D’où un whodunit finalement rudimentaire puisque le nombre de suspects se limite à 2 ou 3.

Pas grave, en dépit de ses bémols, le tout reste divertissant, la pagination restreinte permettant un rythme soutenu aidé par des dialogues agréables. Quelques notes humoristiques frisent l’autoparodie, les auteurs affirmant à demi-mot, mais à plusieurs reprises, que les indices et autres trucs utilisés par l’assassin auraient fonctionné dans un roman policier des années ’30 mais n’ont plus leur place à la fin des sixties.

Quoiqu’il en soit, UN BEL ENDROIT PRIVE demeure très sympathique et se lit pratiquement d’une traite, sans ennui et parfois avec une relative jubilation qui rappelle les hauts faits d’arme du duo. Si la transposition des principes du whodunit de la fin des 30’s en plein Summer of Love 30 ans plus tard parait quelque peu anachronique, le roman reste certainement plus réussi que les œuvres de fin de carrière de ses rivaux Agatha Christie et John Dickson Carr. Plaisant et distrayant, ce qui est l’essentiel pour ce genre de romans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 25 Septembre 2020

UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE de John Dickson Carr

Carr semble ici s’offrir une petite récréation, loin de ses puzzles policiers les plus élaborés, en optant pour un point de départ saugrenu. Un homme, Clarke, achète une maison réputée hantée dans le seul but d’y organiser des « fantômes party ». Il convoque ainsi plusieurs personnes, convaincus ou sceptiques, à le rejoindre dans sa demeure. Mais le divertissement apparemment inoffensif dérape lorsqu’un révolver bondit du mur où il était accroché et tire sur un invité. Le Dr Fell devra résoudre l’énigme…

Ce whodunit écrit en 1940 est léger et s’apparente à une sorte de comédie macabre dans l’esprit de très vieux films comme THE BAT : on y trouve des cachettes secrètes, des inventions diaboliques pour supprimer d’innocentes victimes, des (faux) fantômes et de vrais crimes. Le tout dans une ambiance plaisamment désuète que l’auteur lui-même semble aborder avec un mélange de respect et de second degré, comme s’il n’était pas dupe de son intrigue et de ses mécanismes peu vraisemblables mais qu’il cherchait, malgré tout, à l’aborder avec sérieux et professionnalisme.

Les personnages sont, pour la plupart, seulement esquissés et seul le Dr Fell lui-même (déjà vu dans une dizaine d’aventures) sort réellement du lot. Comme souvent avec Carr, le suspense est parfois entretenu de manière un peu artificielle par des interruptions durant les explications ou des secrets gardés par l’un ou l’autre protagoniste et qui empêchent l’avancée de l’enquête.

Le crime impossible en lui-même est habile même si la résolution très « gadget » peut décevoir ; l’élaboration de la méthode reste toutefois crédible et moins « capilotractée » que dans bien des « meurtres en chambre close ».

Dans l’ensemble, UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE s’avère un petit whodunit (il est court et se lit vite !) divertissant que peu de lecteurs risquent d’inclure dans leur « best of » ce Carr ou du « Crime impossible » mais qui procure néanmoins une distraction bienvenue aux amateurs de policiers à l’ancienne.

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Publié le 14 Août 2020

POISON VIOLENT de Dorothy Sayers

Publié en 1930, au début de la carrière de Sayers, POISON VIOLENT voit le raffiné détective occasionnel Lord Peter tombait amoureux d’une certaine Harriet Vane, une écrivaine de 29 ans spécialisée dans le roman policier. Or, cette dernière est accusée d’avoir empoisonné son amant à l’arsenic et risque la peine capitale. Lord Peter décide donc d’enquêter afin d’innocenter la suspecte bien que tout la désigne comme la seule coupable possible.

Si l’intrigue s’avère quelque peu légère (l’identité du meurtrier et ses motivations sont transparentes, la méthode pour commettre le crime est plus ingénieuse par contre même si, aujourd’hui, le monde médical réfuterait probablement le procédé), le roman reste très plaisant et pétillant.

Lord Peter est un enquêteur plein d’entrain et de vitalité, un aristocrate dandy quelque peu décadent bien aidé dans ses enquêtes par son inséparable et sagace domestique. Le récit avance donc à bon rythme, avec un humour anglais des plus appréciable, en dépit d’une certaine baisse de rythme dans sa partie centrale. Heureusement ce « ventre mou » n’atténue guère le plaisir ressenti à la lecture de ce whodunit de bonne cuvée où brille surtout la caractérisation réussie des principaux protagonistes. Sayers s’est inspirée de sa propre expérience de « l’amour libre » (hors mariage donc) pour dépeindre la relation entre Vane et son amant empoisonné, un sujet évidemment tabou à l’époque et qui ajoute un côté social intéressant à l’intrigue en l’inscrivant clairement dans son époque, à savoir l’entre deux guerres.

Ce cinquième roman de la série « Lord Peter » constitue donc un agréable divertissement et possède, grâce à l’arrivée de Harriet Vane qui deviendra un personnage incontournable de la série, un côté historique indéniable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 6 Août 2020

L'EPOUSE MAL REVEILLEE de Erle Stanley Gardner

Et voici de nouveau Perry Mason occupait sur une complexe affaire ! Les bases juridiques sont d’ailleurs assez complexes à appréhender (bon, le droit c’est jamais facile) mais l’intrigue, elle, reste basique : Scott Shelby a décidé de réaliser une bonne affaire immobilière au détriment d’un millionnaire. Ce-dernier l’invite cependant sur son bateau afin d’en discuter. Perry Mason, intéressé à l’affaire, se retrouve également présent à cette petite ballade fluviale normalement sans histoire. Or Shelby tombe à l’eau, apparemment abattu d’une balle de révolver. Son corps disparait dans l’eau tandis que son épouse est surprise une arme à la main. Perry Mason flaire une entourloupe : pour lui Shelby a maquillé sa mort dans le but de disparaitre avec sa maitresse. Il enquête avec sa secrétaire Della Street et son ami le détective Paul Drake. Le trio semble sur une bonne piste mais celle-ci, au final, ne mène nulle part, si ce n’est à accuser une jeune femme d’être la maitresse et complice de Shelby. Cette dernière contre-attaque et réclame à Mason 250 000 dollars de dommages et intérêts…

Encore un récit plaisant concocté par un romancier étiqueté « de gare » et qui, pourtant, s’était attiré les louanges de Raymond Chandler en son temps. Et c’est vrai que Gardner possède une forme de génie, celle de toujours donner envie de continuer la lecture : chapitres ultra courts, prédominance des dialogues, format resserré (moins de 200 pages), rebondissements nombreux,… la forme ne change guère d’un bouquin à l’autre : une première partie consacrée à présenter l’affaire, une deuxième à l’enquête et un troisième acte au tribunal où notre détective / avocat favori se lance dans ses effets de manche coutumiers interrompus de vigoureuses « objection votre honneur ! ».

Gardner se sert de sa propre expérience juridique pour cuisiner ses récits et livre une nouvelle fois un roman divertissant, facile, bien rythmé et efficace, avec suffisamment de twists pour maintenir l’intérêt jusqu’à sa conclusion. Bref, de la bonne vieille littérature estivale à savourer sur la plage ou dans son jardin.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Roman de gare, #Whodunit

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Publié le 12 Juin 2020

LE CAS DE L'INSPECTEUR QUEEN d'Ellery Queen

Agé de 63 ans, l’inspecteur Richard Queen a atteint l’âge de la retraite et son célèbre fiston, Ellery, effectue un tour du monde. Pourtant, difficile de lâcher les enquêtes et il est bien temps que le vénérable flic bénéficie, après toutes ces années, d’une enquête bien à lui et rien qu’à lui ! Alors qu’il séjourne chez un de ses amis, chef de la police d’une petite localité, il est amené à l’aider sur une sale histoire survenue dans la petite ile privée de Nair Island où réside la riche famille Humphrey. Ces derniers viennent d’adopter un bébé souvent confié aux bons soins de Jessie Sherwood, leur nurse. Or, de retour dans la maison après une journée de congé, Jessie découvre le petit mort étouffé dans son lit. Un accident en apparence. Mais Jessie affirme avoir vu, sur le coussin ayant causé le décès, l’empreinte d’une main…Il ne s’agirait donc pas d’un accident mais bien d’un meurtre. Personne ne croit la nurse, excepté Richard Queen qui va mener l’enquête.

Situé dans les années ’50, juste après la guerre de Corée, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN se situe à la croisée des genres, entre les romans d’énigme très complexes élaborés par les cousins cachés sous le pseudo collectif d’Ellery Queen au début des années ’30 et le polar plus moderne et musclé (relativement bien sûr, nous ne sommes pas chez Mickey Spillane) de leur seconde partie de carrière. Nous suivons donc les investigations de l’inspecteur retraité qui noue, en prime, une romance avec la seule témoin. L’improbable couple remonte donc la piste des criminels jusqu’à un dénouement quelque peu attendu en dépit des nombreuses circonvolutions qui y mènent et de plusieurs retournement de situation.

Bien ancré dans son époque, celle des fifties américaines, riche de rebondissements et servi par un style fluide et prenant, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN constitue un bon whodunit qui a tout du classique dans le bon sens du terme.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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